:
Bienvenue, mesdames et messieurs.
[Français]
M. Brassard est ici avec nous aujourd'hui; il remplace M. Shipley.
[Traduction]
Bienvenue à tous les autres membres. Je pense que nous sommes tous là. Je tiens également à souhaiter la bienvenue à nos invités, que nous entendrons presque immédiatement.
Je veux m'occuper brièvement de deux budgets que nous devons approuver: l'un pour nos voyages et l'autre pour l'étude que nous effectuons.
Vous en avez tous reçu un exemplaire. Je vous demanderais d'examiner d'abord le budget de voyage en premier. Je dois obtenir un consensus afin de l'adopter, car je dois le présenter jeudi au Comité de liaison. J'ignore si vous avez eu l'occasion d'y jeter un coup d'oeil. Ce budget, qui totalise 46 841,60 $, correspond essentiellement à ce dont nous avons discuté.
Avez-vous des questions sur le budget lui-même? Pouvons-nous nous entendre pour que je le présente jeudi au Comité de liaison?
Des députés:Oui.
Le président: Parfait.
[Français]
Madame Brosseau, vous êtes d'accord?
[Traduction]
Merci.
Nous avons le consensus sur ce budget.
L'autre budget, qui est pour notre étude, s'élève à 17 000 $, mais nous ne l'utiliserons peut-être pas au complet. Il servira à couvrir les dépenses relatives à la comparution des témoins, aux vidéoconférences, aux repas de travail et à tout cela. Avez-vous des questions à ce sujet?
Des députés: Non, nous sommes d'accord.
Le président: Excellent. Nous avons le consensus pour les deux budgets. Merci beaucoup.
Revenons à notre étude d'aujourd'hui. Nous tenons notre première séance sur l'étude des pesticides néonicotinoïdes. Je veux souhaiter la bienvenue aux témoins qui comparaîtront au cours de la première heure. Nous recevons Scott Kirby, directeur général à la Direction de l'évaluation environnementale de l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire, qui représente le ministère de la Santé, ainsi qu'Andrea Johnston, directrice générale à la Direction du développement et analyse du secteur de la Direction générale des services à l'industrie et aux marchés, qui parlera au nom du ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire.
Veuillez m'excuser, monsieur Aucoin. J'ai oublié de vous présenter à titre de témoin du ministère de la Santé.
Nous recevons aussi M. Richard Aucoin, directeur exécutif à l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire.
Bienvenue à tous. Vous disposez de 10 minutes chacun pour faire un exposé.
Monsieur Aucoin, vous avez la parole pour 10 minutes.
:
Bonjour, monsieur le président.
Bonjour, honorables membres du Comité.
Je vous remercie de nous avoir invités aujourd'hui pour vous parler. Je suis Richard Aucoin, directeur exécutif de l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire de Santé Canada, l'ARLA. Je suis accompagné de M. Scott Kirby, directeur général de la Direction de l'évaluation environnementale.
Comme vous le savez, l'ARLA est responsable de la réglementation des pesticides au Canada. Notre rôle est de nous assurer que les pesticides dont l'utilisation est autorisée au Canada ne posent pas de risques inacceptables pour la santé humaine ou pour l'environnement.
Nous accomplissons cette tâche au moyen d'un processus rigoureux et exhaustif d'examens scientifiques qui, d'une part, a lieu avant que les pesticides puissent être vendus et utilisés au Canada et qui, d'autre part, prend la forme de réévaluations périodiques pour nous assurer que les pesticides continuent de respecter les normes en vigueur.
[Traduction]
Nos réévaluations et nos activités post-commercialisation permettent à l'ARLA de surveiller les nouveaux risques et d'y réagir, et d'étudier les renseignements scientifiques modernes. Elle peut notamment utiliser les nouvelles données scientifiques pour réévaluer les pesticides tous les 15 ans, réaliser des examens spéciaux en réaction aux nouvelles préoccupations relatives à la santé ou à l'environnement, et recueillir et analyser des renseignements sur des incidents mettant en jeu des pesticides au Canada et à l'étranger.
Toutes ces activités post-commercialisation ont joué un rôle dans l'examen scientifique continu auquel l'ARLA soumet les pesticides néonicotinoïdes. Il s'agit d'une activité très complexe qui exige un haut degré de collaboration avec des partenaires fédéraux et provinciaux, des scientifiques universitaires, des experts internationaux, des organismes de réglementation des quatre coins du monde, des fabricants et le secteur agricole.
Comme vous le savez certainement, la population et la communauté internationale s'intéressent fortement à la relation entre les pesticides néonicotinoïdes et les problèmes de santé des pollinisateurs depuis un certain temps. Nous effectuons notre évaluation scientifique continue alors même que la population exerce des pressions substantielles afin de faire révoquer l'homologation de ces pesticides.
Après qu'on eût établi un lien entre la mort d'abeilles et l'utilisation de semences traitées aux néonicotinoïdes en 2012 et 2013, l'ARLA a travaillé en étroite collaboration avec les parties prenantes au lieu de restreindre ou de révoquer l'homologation. Par exemple, nous avons collaboré avec des producteurs céréaliers, l'industrie des semences, les provinces et l'industrie apicole pour comprendre la situation et élaborer des approches permettant d'ensemencer les champs en exposant moins les abeilles aux produits. Grâce à ces mesures d'atténuation, le nombre d'incidents a diminué d'environ 80 %, une tendance qui se maintient depuis quelques années. Voilà qui montre que l'importance que l'ARLA accorde aux données scientifiques joue un rôle crucial dans le cadre de son processus de prise de décision, et qui témoigne du rôle important que le secteur agricole peut jouer dans la gestion du risque.
Nous considérons actuellement que le risque que l'utilisation d'un des néonicotinoïdes, l'imidaclopride, représente pour les abeilles domestiques est gérable, même s'il reste encore beaucoup de travail à accomplir à cet égard, notamment pour s'assurer que cette utilisation ne pose pas de risques inacceptables pour les abeilles sauvages et d'autres pollinisateurs. Il importe de souligner que le volet initial de notre évaluation portait sur les abeilles domestiques, s'intéressant notamment aux services de pollinisation et aux activités apicoles commerciales. Nous avons encore du travail à faire pour déterminer si les abeilles sauvages et les autres pollinisateurs sont exposés à des risques inacceptables.
Dans le cadre de notre réévaluation cyclique globale des trois principaux néonicotinoïdes, nous procédons à un examen de toutes les données scientifiques — tant publiées qu'exclusives — sur les risques que ces produits posent pour le milieu aquatique. Ces risques sont évalués en tenant compte de la manière dont ces produits sont utilisés au Canada et de tous les renseignements existants, notamment les niveaux de concentration dans l'eau détectés par les gouvernements fédéral et provinciaux et les sources universitaires du Canada. Nous avons terminé notre examen des risques que pose l'imidaclopride, un des trois néonicotinoïdes, pour le milieu aquatique, alors que les examens des deux autres néonicotinoïdes sont en cours.
La réévaluation que l'ARLA a effectuée du néonicotinoïde imidaclopride lui a permis de conclure que l'utilisation de ce produit au Canada est néfaste pour les milieux aquatiques. On ne peut établir de lien entre les niveaux élevés d'imidaclopride détectés et une utilisation précise dans une culture donnée, et le seul instrument réglementaire dont nous disposons pour résoudre efficacement une question de cette ampleur consiste à révoquer l'autorisation. L'ARLA consulte la population canadienne jusqu'au 23 mars quant à sa proposition d'interdire graduellement, au cours des trois à cinq prochaines années, toutes les utilisations agricoles de l'imidaclopride qui posent, selon nous, un risque. Avant de présenter cette proposition, nous avons étudié d'autres mesures d'atténuation du risque qui pourrait nous permettre d'atteindre le même objectif dans le même délai. Nous avons également beaucoup consulté certains collègues d'Environnement Canada, de l'Environmental Protection Agency des États-Unis et de l'Europe au sujet de nos conclusions.
L'ARLA admet l'importance que revêtent l'imidaclopride et les autres néonicotinoïdes pour l'agriculture canadienne. Voilà pourquoi, en plus de mener une consultation publique d'envergure, elle mobilise les parties prenantes au moyen de séances d'information techniques, de webinaires et de forums multilatéraux mensuels présidés par nos collègues du ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire. Elle tiendra compte de tous les renseignements recueillis dans le cadre de ce processus lorsqu'elle prendra sa décision finale. En outre, si de nouvelles informations scientifiques probantes se font jour à court terme, nous les prendrons en compte. Cependant, nous ne retarderons pas indûment notre décision.
Sachez que si nous décidons finalement de révoquer l'homologation de l'imidaclopride ou de tout autre néonicotinoïde ou pesticide, un fabricant pourrait inclure tous les nouveaux renseignements prouvant l'utilisation sécuritaire de ces produits dans une nouvelle demande d'homologation. Nous avons l'intention de continuer de collaborer avec les parties prenantes pour réduire les répercussions potentielles du résultat de la réévaluation.
[Français]
En terminant, monsieur le président et honorables membres du Comité, je vous invite à nous faire part de vos commentaires et de vos questions.
Merci beaucoup.
:
Bonjour et merci, monsieur le président.
Je suis enchantée de comparaître devant votre comité pour traiter des activités du ministère dans le cadre du forum multilatéral suivant la publication par Santé Canada de la décision proposée concernant la réévaluation de l'imidaclopride.
[Français]
Le ministère joue habituellement un rôle de facilitateur pour aider les principaux intervenants à acquérir une compréhension commune de l'enjeu et à élaborer une marche à suivre.
[Traduction]
Les néonicotinoïdes, y compris l'imidaclopride, sont des insecticides importants pour les agriculteurs canadiens. Ils ont remplacé de nombreux ingrédients actifs de générations précédentes au cours des deux dernières décennies et ils sont utilisés couramment par nos partenaires commerciaux.
Les néonicotinoïdes sont utilisés dans de nombreuses cultures, y compris le canola, le soya, le maïs, les légumineuses et les cultures horticoles comme la pomme de terre et la carotte, ainsi que le blé et l'orge dans une moindre mesure. Pour un grand nombre de ces cultures, les néonicotinoïdes sont utilisés comme traitement des semences. Autrement dit, des enrobages sont appliqués aux semences avant la plantation, ce qui permet de contenir et d'isoler l'ingrédient actif. Les néonicotinoïdes sont également pulvérisés sur les feuilles des plantes, alors que les pesticides le sont sur les feuilles et les fruits; ils sont également déposés sur le sol, alors que les pesticides le sont dans les sillons du sol.
Compte tenu de l'utilisation répandue et de l'importance des pesticides dans le secteur agricole, Agriculture et Agroalimentaire Canada a contribué à la mise sur pied du forum multilatéral sur les néonicotinoïdes, qui rassemble des représentants de l'industrie agricole, des intervenants du secteur environnemental, des universitaires et des fonctionnaires de ministères fédéraux et provinciaux. Trois groupes de travail ont été établis. Ils ont pour mandat la surveillance environnementale, l'atténuation des risques et la détermination de produits de remplacement.
Le groupe de travail sur la surveillance environnementale examine les données de surveillance de l'eau qui ont trait aux concentrations de néonicotinoïdes dans l'environnement. Le groupe de travail a recueilli toutes les données utilisées par I'ARLA pour le projet d'évaluation des risques associés à l'imidaclopride, ainsi que toute autre donnée trouvée après la publication du rapport provisoire. Les données recueillies par ce groupe de travail visent à cerner les méthodes d'application, les utilisations ou les autres facteurs susceptibles d'augmenter ou de diminuer les concentrations dans l'eau.
Le groupe de travail sur l'atténuation des risques étudie les mesures d'atténuation qui pourraient faire baisser les concentrations de substances actives de néonicotinoïdes dans l'environnement à des valeurs inférieures aux seuils de risque causant des effets nocifs pour les insectes aquatiques, selon l'ARLA.
Le groupe de travail sur les produits de remplacement examine les produits qui pourraient remplacer l'imidaclopride pour une variété de cultures et divers d'organismes nuisibles. Le groupe de travail cherche à déterminer s'il existe des produits de remplacement et s'ils offrent une résistance aux maladies et aux insectes, et à faire évaluer leur viabilité par les producteurs.
Les groupes de travail prévoient présenter leurs données et leurs plans de travail à l'ARLA pendant la période de consultation.
[Français]
Le ministère reconnaît que le retrait proposé pourrait avoir des répercussions sur les agriculteurs et le secteur agricole. Le ministère continuera de travailler avec tous les intervenants et avec Santé Canada dans le cadre de discussions et de consultations ouvertes, afin de trouver les meilleures solutions possible.
[Traduction]
Merci beaucoup.
:
Merci, monsieur le président
Je tiens à remercier nos invités de témoigner aujourd'hui.
Je pense que nombre d'entre nous se préoccupent grandement de la décision dont il est question ici aujourd'hui. Nous voulons essayer de comprendre ce qu'il s'est passé. Un certain nombre d'études scientifiques ont été réalisées, et j'ai passé quelque temps à les examiner. Ce qui est intéressant, d'après ce que je peux voir, c'est que presque tous les usages respectaient les directives qui étaient proposées quand ces études ont été menées. Les chercheurs n'ont pas trouvé... Sauf dans quelques cas particuliers, dont un relevé dans l'étude Morrissey, tout semble respecter les directives recommandées.
Il est intéressant que quelques études semblent conclure qu'un problème pourrait se poser dans l'avenir, mais nous ne savons pas vraiment de quel problème il s'agit. Ces études scientifiques n'ont apparemment pas été réalisées aussi bien qu'elles auraient pu l'être. Je sais que le débat à ce sujet a commencé quand des colonies d'abeilles ont été décimées et qu'on a eu l'impression générale que les pesticides y étaient pour quelque chose. Cependant, les études scientifiques ont essentiellement prouvé qu'il n'existe pas de corrélation directe actuellement.
Le gouvernement de l'Ontario a réagi. Vous avez fait allusion aux pressions de la population. Selon moi, ce gouvernement n'a pas tant réagi aux études scientifiques qu'aux pressions exercées par la population. Je crains maintenant que certains de ceux qui ont influencé le gouvernement de l'Ontario exercent les mêmes pressions ici, à Ottawa, et qu'on y réagisse de la même manière.
Je veux poser quelques questions, dont une concerne le fait qu'il existe des données pertinentes de surveillance des eaux. J'ai examiné l'étude Morrissey, et cette chercheuse n'a essentiellement détecté aucune trace d'imidaclopride dans la moindre de ses recherches. Ce produit chimique semble absent de son étude. Un grand nombre de données pertinentes de surveillance des eaux, dont certaines ont été publiées par le gouvernement du Canada, n'ont pas été prises en compte dans le cadre de l'évaluation.
Pouvez-nous nous expliquer pourquoi? Pour quelle raison ne s'est-on pas appuyé sur un éventail plus large de données pour prendre une décision?
:
En ce qui concerne les homologations conditionnelles, certaines d'entre elles demeurent en fait conditionnelles, comme c'est le cas pour certains néonicotinoïdes. Quand ces homologations conditionnelles ont été accordées, les risques réels que posaient les nouveaux pesticides ont été jugés acceptables. Nous avons donc autorisé leur utilisation du Canada, mais nous attendions encore de recevoir des données, habituellement aux fins de confirmation. Nous devions être certains que l'utilisation continue de ces produits chimiques demeurerait sûre à long terme.
À l'époque, nous avons accordé des homologations conditionnelles. Le ministère a depuis signalé son intention, et nous avons proposé un nouveau règlement pour abroger les dispositions relatives aux homologations conditionnelles. Nous avons récemment entamé un processus à cette fin dans la partie 1 de la Gazette du Canada. Nous prévoyons que ce règlement entrera en vigueur d'ici la fin de l'année, et nous n'accorderons plus d'homologation conditionnelle.
Je tiens à souligner que les risquent ont été jugés acceptables, que le pesticide ait reçu une homologation conditionnelle ou complète. Simplement, dans un cas, nous avons réalisé que nous souhaitions obtenir des renseignements supplémentaires aux fins de confirmation. Pour accorder l'homologation complète, nous devions demander aux fabricants de fournir ces renseignements.
Dans le cas des néonicotinoïdes, nous voulons depuis longtemps nous assurer qu'ils n'ont pas de répercussion sur les pollinisateurs et les abeilles, par exemple. Nous avons travaillé avec les fabricants pour nous assurer que c'était le cas et que les données fournies continueraient d'appuyer l'utilisation des néonicotinoïdes.
:
Merci, madame la présidente et mesdames et messieurs les membres du Comité.
Au nom de CropLife Canada et de ses entreprises membres, nous sommes ravis d'avoir l'occasion de contribuer à votre étude de la décision récemment proposée de l'ARLA sur l'imidaclopride.
Je suis accompagné aujourd'hui de ma collègue, Maria Trainer.
[Français]
CropLife Canada est l'association commerciale qui représente les fabricants, développeurs et distributeurs des innovations de phytologie, y compris les produits de protection des cultures et ceux issus de la biotechnologie végétale, destinées à une utilisation agricole, urbaine et en santé publique. Nous nous sommes engagés à protéger la santé humaine et l'environnement, et nous croyons qu'il faut stimuler l'innovation par la recherche continue.
Notre mission est de permettre à l'industrie de la phytologie de mettre les bienfaits de ses technologies à la disposition des agriculteurs et du public. Ces bienfaits se manifestent de nombreuses façons, notamment par la disponibilité d'outils sûrs et efficaces qui aident les producteurs agricoles du Canada à nourrir le monde ce qui, en retour, stimule les exportations agricoles et la création d'emplois, renforce l'économie rurale et fait croître les recettes fiscales de l'État.
[Traduction]
L'agriculture, comme Dominic Barton le dit dans son récent rapport qu'il a présenté au gouvernement, est un secteur qui présente un énorme potentiel pour le pays, mais il faut un environnement favorable pour qu'il puisse prospérer. CropLife Canada croit qu'un système prévisible fondé sur des données scientifiques et les risques pour les pesticides au Canada est la clé du succès du secteur agricole. La protection de la santé humaine et de l'environnement est une priorité absolue pour notre industrie, et nous croyons que notre bilan le démontre clairement. Les percées qui ont été faites en phytologie ont contribué à améliorer considérablement la santé des êtres humains, ainsi qu'à réduire les risques pour les agriculteurs et les répercussions environnementales.
En tant qu'industrie, nous sommes d'ardents défenseurs du processus de réévaluation des pesticides, qui veille à ce que les décisions réglementaires soient toujours fondées sur les données scientifiques disponibles les plus récentes. Ce processus protège les Canadiens, processus que nous appuyons sans réserve. Des mécanismes de protection comme la Loi sur les produits antiparasitaires font partie de la raison pour laquelle l'ARLA est perçue comme étant un chef de file dans les évaluations des pesticides fondées sur les risques qui sont menées par des organismes de réglementation partout dans le monde.
Toutefois, l'ARLA s'est éloignée de son processus normal en prenant une série de décisions de réévaluation au cours de la dernière année, ce qui est une source de préoccupation. Bon nombre de ces décisions proposées, l'imidaclopride étant la plus récente, ont manqué de transparence et de prévisibilité pour les intervenants dans le secteur agricole dont nous nous attendons de la part de l'ARLA. Nous craignons que ces éléments essentiels fassent défaut alors que l'Agence s'empresse de respecter des délais imposés arbitrairement. À notre avis, certains de ces aspects sont des retombées du rapport de janvier 2016 du commissaire à l'environnement et au développement durable ou une réaction exagérée aux critiques qu'il renferme.
Nous craignons plus précisément qu'il n'y ait pas de dialogue avec le titulaire du produit après qu'une réévaluation a été effectuée et que des inquiétudes ont été relevées. Si l'ARLA avait entamé un dialogue plus tôt avec le titulaire du produit et d'autres intervenants dans sa réévaluation de l'imidaclopride, nous croyons que nous ne serions pas assis devant vous aujourd'hui.
Pour réaliser des progrès concernant cet ingrédient actif, il faut s'assurer que l'organisme de réglementation démontre et maintient une ouverture d'esprit face aux nouvelles données et au dialogue scientifique avec tous les intervenants, y compris, bien entendu, le titulaire du produit. Il peut y avoir des désaccords concernant l'interprétation des données scientifiques, ce qui rend la nécessité de tenir un dialogue ouvert spécialement urgente. Récemment, nous percevons beaucoup moins cette ouverture et cette volonté de dialoguer de la part de l'ARLA.
Il vaut la peine de comparer les plans stratégiques antérieurs de l'ARLA avec celui en place à l'heure actuelle pour mettre en relief quelques-unes de nos préoccupations. Les plans stratégiques précédents de 2003 et de 2008 renfermaient, en plus du principal mandat qui est évidemment de protéger la santé humaine et l'environnement, des expressions claires telles que « accès aux outils de lutte antiparasitaire », « accès opportun et prévisible » et « soutenir la compétitivité canadienne », pour n'en nommer que quelques-unes. Ces expressions n'ont pas minimisé l'importance de la protection de la santé humaine et de l'environnement, mais elles ont rappelé aux évaluateurs et aux gestionnaires de l'ARLA que leurs décisions ont une incidence profonde sur l'agriculture et que des efforts doivent être déployés pour considérer cette incidence dans le cadre de leurs délibérations.
Le plan stratégique de 2016-2021 le plus récent pour l'ARLA ne renferme pas ces expressions. C'est une source de préoccupation pour nous, particulièrement en raison du type de décisions de réévaluation qui sont proposées, dont celle que vous étudiez sur l'imidaclopride. Comme on l'a mentionné, le rapport de vérification du commissaire à l'environnement et au développement durable a vivement critiqué l'ARLA pour certains des retards pour effectuer les réévaluations. Nous estimons que, dans sa hâte de régler cet arriéré, l'Agence sacrifie la tenue de dialogues scientifiques constructifs. Nous croyons que l'Agence a besoin de recevoir des consignes claires de la part du gouvernement sur l'interprétation de la vérification du commissaire à l'environnement et au développement durable pour veiller à ce que des décisions qui ont des répercussions clairement négatives sur un secteur important de notre économie ne soient pas prises à la hâte.
En plus des pressions issues de la vérification auxquelles l'Agence est confrontée, il y a des pressions accrues de la part de militants depuis quelques années. Par exemple, il y a une augmentation des lettres types soumises par des sites « cliquer et soumettre » créés par des groupes de militants, une attention médiatique accrue et même des poursuites à l'américaine intentées par des groupes de militants. Cela a certes une incidence sur la charge de travail, sans compter sur le moral.
Cela crée-t-il un climat où l'on a peur de prendre des risques à l'agence? Nous n'en sommes pas certains, mais les mesures prises récemment par l'agence donnent à penser que ce pourrait être le cas.
Le Canada est et devrait continuer d'être un chef de file dans un secteur agricole durable. C'était certainement le but du récent rapport du Conseil en matière de croissance économique présidé par Dominic Barton. M. Barton voit l'énorme potentiel que le Canada a pour continuer à accroître sa productivité et ses exportations dans le secteur agricole, améliorer sa production agroalimentaire et tirer vraiment parti des possibilités qui s'offrent à nous à l'échelle mondiale.
Avec l'excellent travail qu'elle fait à l'échelle internationale, l'ARLA est un chef de file, ce qui a donné lieu à la création de nouvelles technologies pour les producteurs canadiens de même que pour leurs concurrents aux États-Unis et ailleurs. Nous craignons que cette initiative louable à l'égard des nouveaux produits soit compromise par l'approche et les décisions en matière de réévaluation de l'agence, au moment où le gouvernement du Canada examine l'agriculture en tant que solution pour contribuer à la croissance économique.
Nos membres, dont quelques-uns sont ici à mes côtés, ont besoin de prévisibilité pour pouvoir investir au Canada. Des propositions de réévaluation récentes ont provoqué une onde de choc parmi nos membres. Notre crainte est que, si le Canada devient un marché imprévisible ou à risque élevé, nous raterons de nouvelles occasions.
Ce n'est certainement pas le climat que Dominic Barton et ses collègues envisageaient lorsqu'ils ont rédigé le rapport, et nous ne croyons pas que c'est l'objectif stratégique du gouvernement du Canada. C'est pourquoi nous exhortons ce comité, le et la à jouer un rôle de chef de file et à veiller à ce que le programme de réévaluation de l'ARLA ne détruise pas tout le travail qui a été fait pour enregistrer les nouveaux produits en ternissant la réputation de produits approuvés sans avoir procédé à un examen approfondi et transparent de toutes les données.
Nous devons éviter de nuire à la compétitivité des producteurs canadiens en prenant des décisions qui offrent une protection douteuse de la santé et de l'environnement. Plus précisément, les intervenants du secteur agricole veulent que l'ARLA tienne des discussions scientifiques justes dans le cadre desquelles elle pourrait solliciter l'avis des experts externes sur l'imidaclopride.
Il faut faire preuve de souplesse quant aux délais pour obtenir de nouvelles données sur ce produit pour que l'ARLA puisse avoir la certitude que les décisions sont fondées sur les meilleurs renseignements possible. Nous aimerions que des améliorations à apporter au processus de réévaluation soient envisagées, comme on l'a souligné plus tôt. Nous espérons incorporer à nouveau l'expression « favoriser l'accès » ou un énoncé sur la compétitivité dans le plan stratégique de l'ARLA.
Enfin, nous aimerions que l'ARLA tienne compte de la stratégie agricole globale du Canada dans sa prise de décisions, comme le rapport Barton le suggère.
Merci du temps que vous m'avez accordé. Nous avons hâte de répondre à vos questions.
:
Madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du Comité, merci de me recevoir aujourd'hui afin d’entendre l'opinion de Bayer sur le projet de règlement relatif à l’imidaclopride et à la sécurité des invertébrés aquatiques et sur les conséquences potentielles de ce projet sur certains segments de la production agricole canadienne.
Bayer est l'un des chefs de file en matière d’innovations scientifiques pour les cultures dans le domaine des semences, de la protection des cultures et de la lutte contre les ravageurs non agricoles. Notre entreprise offre une gamme remarquable de produits: des semences de grande qualité, des solutions novatrices pour la protection des cultures fondées sur la chimie et la biologie et des services d’assistance complets pour une industrie agricole moderne et durable. Bayer Crop Science, qui a son siège social à Calgary, emploie plus de 450 personnes de partout au pays ainsi que 200 étudiants pendant l’été.
Plus de 60 000 producteurs ont choisi notre technologie pour répondre à leurs divers besoins en matière de production agricole, qu’il s’agisse de nos produits de protection des cultures, de nos semences ou de notre biotechnologie végétale.
Le Comité a entendu beaucoup de points de vue concernant ce projet de règlement sur l’imidaclopride, et j’aimerais saisir cette occasion pour prendre part à cette importante discussion. L’imidaclopride fait partie de la famille des insecticides à base de néonicotinoïdes. Ces insecticides constituent une importante avancée technologique agricole qui a permis aux producteurs canadiens d’accroître leur productivité, leur compétitivité et leur viabilité. Ces produits présentent des avantages clairs en matière d’efficacité et d’environnement par rapport aux insecticides qu’ils remplacent, offrent un meilleur rendement grâce à un contrôle adéquat des ravageurs, sont adaptés aux systèmes de lutte antiparasitaire intégrée et présentent moins de risques pour les utilisateurs.
L’imidaclopride a été homologué au Canada en 1994 après une première demande d’homologation d’urgence pour utiliser ce produit contre le doryphore de la pomme de terre, un insecte qui résistait à la plupart des insecticides homologués. Depuis cette première approbation, l’utilisation de l’imidaclopride s’est propagée afin de combler le vide laissé par d’anciens pesticides retirés du marché parce qu’ils présentaient des risques pour la santé humaine ou l’environnement. De plus, l’imidaclopride était la première génération de produits novateurs de traitement des semences dont l’activité systémique assurait la protection contre les insectes s’attaquant aux semences et aux semis. Il est aussi utilisé pour le contrôle des parasites de structures comme les punaises de lit et le contrôle des puces et des tiques sur les animaux de compagnie.
L’année dernière, l'ARLA a indiqué, dans son analyse du dossier de l’imidaclopride, que le produit ne présentait aucun risque pour la santé humaine. Or, dans son projet de décision de réévaluation de l’imidaclopride, l’ARLA a découvert qu'en milieux aquatiques, l’exposition à l’imidaclopride découlant de la dérive de pulvérisation et du ruissellement peut entraîner des effets toxiques chez les insectes aquatiques. C’est sur cette base que l’ARLA propose d’éliminer graduellement, sur une période de trois à cinq ans, l’utilisation du produit à des fins agricoles et la majorité de ses autres utilisations extérieures.
Bayer n'appuie pas ce projet de règlement qui se fonde sur les risques potentiels pour les invertébrés aquatiques. Bayer croit que le projet ne fait pas la distinction entre les différences régionales ni les pratiques de production visées, n’examine pas adéquatement les solutions d’atténuation et ne tient pas compte des évaluations de risque de niveau élevé, ce qui a fait en sorte qu’il a fixé, en s’appuyant sur une seule espèce, des limites trop strictes.
Pour en arriver à ce projet de règlement, plus de 11 000 échantillons d’eau ont été prélevés d’un océan à l’autre. Seule une poignée de programmes d’échantillonnage ont été considérés comme assez fiables, soit trois zones de prélèvements dans le Sud de l’Ontario et une au Québec où le niveau d’imidaclopride était supérieur à la nouvelle limite proposée de 41 parties par billion. Les autres échantillons, dont le niveau de produit était inférieur à cette limite, ont été écartés en raison d’un manque d’information supplémentaire.
Dans son analyse des données fournies par le détenteur d’homologation des données publiées, l’ARLA s’est fondée exclusivement sur des données de laboratoire pour générer ces valeurs limites et a utilisé l’éphémère commune comme espèce représentative la plus sensible au produit. Bayer a soumis 22 études sur le mésocosme au dossier d’homologation de l’imidaclopride. Ce sont des études de niveau supérieur qui représentent mieux la communauté des invertébrés aquatiques dans un milieu naturel plutôt que dans le milieu artificiel des laboratoires. L’ARLA a toutefois rejeté toutes ces études sur le mésocosme dans le cadre de son évaluation de l’imidaclopride. Il y a de nombreuses années, notre industrie a opté pour ce type d’études afin de mieux définir les risques dans les milieux naturels. Or, cette évaluation nous fait revenir en arrière pour s’appuyer sur des données en laboratoire plus conservatrices.
Bayer et l’ARLA ont, depuis des années, une relation basée sur la collaboration. Chaque partie comprend et accepte le rôle de l’ARLA comme organe de réglementation et le nôtre en tant que détenteur d’homologation. Dans le cas qui nous concerne, le projet a été publié sans débat préalable et sans que l’ARLA tienne compte des étapes d’atténuation potentielle qui auraient peut-être pu apaiser les craintes. Le projet d’éliminer graduellement l’utilisation, dans de nombreux cas, de l’imidaclopride n’est étayé par aucune donnée de surveillance de la communauté d’invertébrés aquatiques ni aucune donnée prouvant que le projet leur a porté atteinte.
De plus, soulignons qu’il s’agit d’un projet national alors qu’il bénéficie de données limitées et même qu’il n’a eu l’apport d’aucun renseignement concernant de nombreuses régions du Canada. Si aucun produit de rechange efficace n’est proposé, ce projet de règlement pourrait mener à une hausse du travail du sol afin de lutter contre les insectes endogés, comme les taupins, engendrant ainsi une érosion accrue des sols, une perte de recettes et une diminution des paramètres de viabilité.
À titre de chef de file dans l’industrie agricole canadienne, nous comprenons la valeur de la biodiversité et le rôle que jouent les invertébrés aquatiques dans la chaîne alimentaire. Nous avons aussi la certitude que l’imidaclopride, quand il est utilisé selon son mode d’emploi, ne présente aucun risque injustifié à la communauté des invertébrés aquatiques ni à la nature qui se sert de ces organismes comme source de nourriture. Nous croyons que les produits que nous concevons et mettons en marché et dont nous sommes responsables représentent les plus récentes innovations en matière de protection des cultures et ont aidé l’agriculture canadienne à devenir productive, viable et compétitive sur le marché international. Ce sera un plaisir de répondre à vos questions.
Merci.
:
Tout d'abord, permettez-moi de remercier la présidente, les vice-présidents et les membres du Comité de me donner l'occasion de les rencontrer aujourd'hui.
Pour vous fournir un peu de contexte, Syngenta est une entreprise chef de file dans le secteur de l'agriculture qui contribue à améliorer la sécurité alimentaire dans le monde en permettant à des millions d'agriculteurs de faire un meilleur usage des ressources naturelles disponibles. Par l'entremise de nos capacités scientifiques de calibre mondial et de nos solutions novatrices pour les cultures, nos 28 000 collaborateurs oeuvrent dans plus de 90 pays pour transformer la manière de cultiver les plantes. L'équipe de Syngenta Canada est composée d'environ 300 personnes qui appuient les produits et les services pour les principales cultures du pays, ce qui comprend le blé, l'orge, le canola, le maïs, les pommes de terre, les légumineuses, le soja et les cultures spécialisées.
Bien que votre séance d'aujourd'hui porte plus précisément sur la décision proposée de l'ARLA concernant le néonicotinoïde imidaclopride, qui est fabriqué et commercialisé par Bayer, comme on vient de le mentionner, le sujet a une importance cruciale également pour nous à Syngenta, puisque nous sommes les fabricants et les distributeurs de l'un des autres néonicotinoïdes, le thiaméthoxame. De plus, la décision de l'ARLA concernant l'imidaclopride a donné lieu à un autre examen d'autres néonicotinoïdes, dont le thiaméthoxame, qui s'est penché plus précisément sur les invertébrés aquatiques. Il convient de noter qu'il y a actuellement quatre réévaluations différentes et des examens spéciaux en cours qui incluent le thiamethoxame.
Nous appuyons le système de réglementation rigoureux et strict du Canada et en vantons les mérites régulièrement. Notre système protège la santé et la sécurité des Canadiens en veillant à ce qu'aucun produit qui poserait un risque inacceptable à la santé humaine et à l'environnement ne soit homologué. Notre système s'assure également que les produits sont régulièrement réévalués et réexaminés pour veiller à ce qu'ils continuent de respecter les plus récentes normes scientifiques. Cela dit, nous avons des préoccupations concernant quelques-unes des activités menées actuellement, auxquelles je vais revenir dans quelques instants.
Nous sommes également conscients du fait que ce comité et d'autres entités du gouvernement ont consacré énormément de temps à étudier le sujet des néonicotinoïdes, si bien que nous utiliserons la majorité de notre temps avec vous aujourd'hui pour discuter des facteurs à considérer et des répercussions que pourraient avoir les mesures réglementaires les plus récentes qui ont été adoptées concernant les néonicotinoïdes.
L'ARLA fait clairement savoir qu'avant que des pesticides puissent être homologués au pays, Santé Canada doit passer en revue les données scientifiques pour s'assurer qu'elles sont fiables et qu'il n'y a pas de préoccupations inacceptables relatives à la santé et à l'environnement associées à son utilisation. Nous accordons clairement la priorité à la fiabilité des données, à la santé et à l'environnement, priorité que nous partageons également en tant que titulaires de ces produits.
En ce qui concerne le thiaméthoxame plus particulièrement, c'est un produit extrêmement important et utile pour lutter contre les ravageurs qui s'attaquent à diverses cultures. À l'instar d'autres néonicotinoïdes, ce produit est arrivé sur le marché dans une nouvelle ère de contrôle et de gestion des insectes.
Le thiaméthoxame est homologué pour différentes utilisations pour différentes cultures en tant qu'insecticide foliaire pour le traitement des semences appliqué sur le sol. Il est majoritairement utilisé au Canada comme traitement des semences, ce qui en accroît la valeur et les avantages, notamment pour protéger les semences et les semis qui émergent contre les dommages causés par les insectes durant les premières semaines critiques de développement.
D'un point de vue de l'environnement, les avantages d'un traitement des semences comprennent l'utilisation d'une quantité beaucoup moindre d'ingrédients actifs par acre, comparativement aux pesticides foliaires appliqués sur le sol, une application directe sur les semences, une incidence réduite sur les organismes non visés et une protection contre la pression des ravageurs associée à un éventail de pratiques agronomiques, ce qui comprend des conditions de travail réduit du sol ou sans travail du sol.
D'un point de vue de l'agronomie et de la production, il y a également un certain nombre d'autres avantages, y compris l'optimisation du taux d'ensemencement en raison d'une densité de peuplement améliorée, une réduction de la nécessité de replanter les semis, une prolongation de la période d'application des pesticides durant la saison, au besoin, un appui aux pratiques de plantation précoce, ce qui contribue à maximiser la main-d'oeuvre et l'efficacité de la production, et des progrès dans les technologies liées aux caractéristiques des semences pour lutter contre les insectes ravageurs.
Au cours des dernières années, divers gouvernements, l'industrie et d'autres intervenants ont entrepris des travaux pour quantifier ces avantages pour le secteur agricole canadien, et bien qu'ils aient tous utilisé différents critères et que leurs analyses avaient différentes portées, ils ont tous confirmé la valeur ajoutée à la ferme de cette catégorie de produits chimiques.
Par ailleurs, l'incidence de la perte de l'utilisation ou de restrictions imposées à l'utilisation de ces technologies a également été documentée, et on s'attend à ce qu'elle influe sur la production de trois principales façons: une perte ou une baisse de rendement, une baisse de la qualité et une nécessité accrue de procéder à des applications foliaires d'insecticides, dont la majorité exigerait des produits chimiques plus vieux et moins favorables.
La plus récente initiative prise par l'ARLA concernant le thiaméthoxame, comme on l'a mentionné plus tôt, est l'examen spécial concernant le risque environnemental éventuel pour les invertébrés aquatiques. Cet examen spécial a été annoncé par l'ARLA le 23 novembre et a été entrepris à la suite de la décision proposée de réévaluer l'imidaclopride, qui a été annoncée le jour même. Pour vous parler de ce sujet, je vais céder la parole à mon collègue, Paul Hoekstra.
Madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie de me donner l'occasion de prendre la parole aujourd'hui.
L'étude la plus récente porte essentiellement sur les insectes aquatiques. Ceci étant dit, je pense qu'il est important de commencer par de brèves observations au sujet du thiaméthoxame et de l'eau.
Premièrement, le thiaméthoxame est un produit systémique qui est en soi hydrosoluble. Essentiellement, le thiaméthoxame, dans l'eau, se décompose en métabolites. Cela ne signifie pas que vous ne pouvez pas le détecter dans l'eau. Cependant, il se dégrade rapidement par l'action microbienne et la lumière du soleil.
Il faut souligner que la capacité de le détecter ne signifie pas qu'il présente un risque. La présence de pesticide, thiaméthoxame ou autre, n'équivaut pas automatiquement à un risque pour la sécurité. Il faut placer cela dans le bon contexte, compte tenu d'information scientifique rigoureuse concernant les diverses composantes de l'écosystème. On étudie les pesticides dans l'eau, on les évalue et on en tient compte dans le cadre du processus d'homologation et d'approbation auquel sont soumises l'approbation et l'utilisation de ces produits.
Dans cette optique, nous examinons le projet de décision de réévaluation de l'imidaclopride et en particulier la méthodologie appliquée afin de déterminer les incidences possibles pour l'examen spécial du thiaméthoxame. Le travail n'est pas terminé, mais nous pouvons quand même vous donner une idée de quelques aspects qui retiennent notre attention.
En ce qui concerne la qualité des données, les études jugées utiles pour l'évaluation des risques pour l'environnement doivent d'abord faire l'objet d'une évaluation visant à déterminer si leurs conclusions — les observations faites dans les études — ont été tirées avec toute la rigueur scientifique requise avant de servir à caractériser le risque potentiel. Il ne nous semble pas évident pour le moment que cette approche a été utilisée pour évaluer toutes les données scientifiques intégrées dans l'évaluation de l'imidaclopride.
Le deuxième aspect qui retient notre attention est le critère de vie aquatique chronique. C'est la valeur proposée qui sert à évaluer l'effet à long terme du pesticide. Étant donné l'ensemble de données limité qui a servi à l'évaluation de l'imidaclopride, on ne peut pas dire clairement si le résultat obtenu pour la vie aquatique chronique est étayé scientifiquement.
Plus généralement, il faut extrapoler les résultats avec prudence au pays tout entier les données relatives à un bassin hydrographique ou un secteur géographique en particulier. Il est essentiel de tenir compte des différences sur les plans des pratiques agricoles, des systèmes de culture, de l'utilisation du produit et des caractéristiques de l'utilisation du sol.
Il va sans dire que nous profiterons de cette étude spéciale pour démontrer encore une fois au moyen de toutes les données scientifiques nécessaires que le thiaméthoxame est sécuritaire. Comme il le faut pour l'examen spécial, toutes les données demandées ont été fournies à l'ARLA, pour examen.
En plus de tout cela, je peux vous dire que d'autres parties ont évalué, et continuent d'évaluer les données qui existent sur les effets possibles du thiaméthoxame sur la vie aquatique; cela englobe nos propres données et d'autres données publiées dans des ouvrages scientifiques. Nous estimons que ce travail constitue un élément important de toute approche complète fondée sur le poids de la preuve visant les néonicotinoïdes et les invertébrés aquatiques, et ces renseignements seront du domaine public dès qu'ils seront prêts.
Pour terminer, je pense qu'il est important de situer les mesures réglementaires canadiennes en général, et les mesures qui sont envisagées pour les néonicotinoïdes en particulier, dans un contexte plus vaste et général. À cette fin, je soumets les observations suivantes à votre réflexion.
Des observations ont déjà été faites au sujet du rapport de Dominic Barton et des possibilités qui s'offrent au secteur agroalimentaire du Canada. Il faut, pour réaliser cela, le soutien d'un secteur axé sur la recherche et l'innovation, ce qui inclut les avancées importantes en phytologie qui contribueront à garantir que nous continuons d'accomplir de grands progrès dans la production végétale pour des années à venir. Les néonicotinoïdes en général et la thiaméthoxane en particulier sont d'excellents exemples de tels progrès, et ce sont des progrès que nous voulons encourager et continuer d'apporter à l'agriculture canadienne et aux agriculteurs canadiens, afin de soutenir leur productivité et leur compétitivité dans une économie mondialisée.
Deuxièmement, les diverses évaluations et études spéciales ainsi que les diverses mesures qui pourraient en découler suscitent bien des questions, et on nous interroge sur les solutions de rechange aux néonicotinoïdes, si l'usage d'au moins un de ces produits devait être restreint ou retiré du marché.
À notre connaissance, il n'y a pas de solution de rechange exacte pour cette technologie. Il existe d'autres ingrédients actifs qui contrôlent certains des organismes nuisibles s'attaquant à certaines des cultures, et qui sont utilisés dans certains cas comme les néonicotinoïdes, mais aucun ne couvre un aussi large spectre, n'est homologué pour autant de cultures et d'usages ou n'est aussi efficace.
De plus, si on en restreignait ou interdisait l'usage, il faudrait compter sur moins de modes d'action, ce qui augmenterait le risque de résistance et, surtout, ferait grimper le recours aux engrais foliaires fondés sur d'anciens produits chimiques affichant des profils de risque moins favorables que les néonicotinoïdes.
Il ne faut absolument pas perdre de vue non plus que les décisions sur l'élaboration de nouveaux produits ou de solutions de rechange ne seront pas prises au Canada, ou compte tenu uniquement de la situation canadienne. Les innovations en phytologie, comme on l'a dit précédemment, sont généralement conçues et homologuées à l'échelle mondiale. Penser qu'une personne ou une organisation concevrait une solution spécialement pour le Canada ne correspond pas à la réalité, compte tenu des années de travail intensif de recherche, de développement, d'homologation et de commercialisation, ainsi que des ressources financières qui sont nécessaires à cette fin.
Enfin, étant donné que la majorité de la production agricole du Canada est destinée à l'exportation, il est essentiel que le Canada soit à l'avant-garde de l'innovation et de la courbe d'adoption, de sorte que nos cultivateurs demeurent concurrentiels et que nous restions l'un des plus importants exportateurs de produits agricoles dans le monde. Cela ne doit pas se faire au détriment de la santé humaine et de l'environnement — et ce n'est pas nécessaire non plus —, mais plutôt de concert avec cela. Nous devrions veiller à ce que notre système réglementaire trouve le juste équilibre qu'il faut.
Merci.
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C'est le cas de tout le monde.
Je trouve que M. Hoekstra a dit quelque chose de très pertinent qui ne ressort pas dans les études, en fait, et c'est que la détection n'équivaut pas à un risque. À la lecture de certaines des études, vous pourriez croire que la simple présence d'un produit signifie qu'il y a un problème. Il semble que des gens croient que cela justifie de bannir ces produits.
Une étude qui a été réalisée à Guelph parle de directives normatives — d'une utilisation plus normative des produits chimiques. Verriez-vous cela comme étant une solution de rechange à l'interdiction, une solution utile, ou pensez-vous que les normes actuelles sont déjà pertinentes?
C'est votre produit.
Cela m'amène à mon autre question: pourquoi pensez-vous que les autres produits chimiques seront traités différemment?
Premièrement, pouvez-vous répondre à la question à savoir s'il nous faut des directives plus normatives concernant l'utilisation de produits chimiques — un peu plus de contrôle? Est-ce que ce serait alors acceptable? Pensez-vous plutôt que les choses sont bien telles qu'elles sont actuellement?
:
Merci, monsieur Longfield, et merci aux témoins.
J’ai droit, moi aussi, à une intervention. Je vais donc retirer mon chapeau de présidente et mettre mon chapeau de députée néodémocrate. Vous pouvez également me chronométrer. Je serai juste et j’ai […]
[Français]
le greffier, qui va m'aider.
[Traduction]
J’aimerais remercier les témoins de leur participation à cette étude. C’est un début. Plus tôt aujourd’hui, nous avons accueilli des représentants de Santé Canada et du ministère de l’Agriculture.
C’est une question complexe que nous débattons depuis quelques années. Si je ne m’abuse, les néonicotinoïdes ont été approuvés dans les années 1980 ou 1990. Depuis quelques années, les agriculteurs utilisent ces pesticides et d’autres produits. Des études ont été menées. Des citoyens et groupes environnementaux ont soulevé beaucoup de questions et celles-ci ont été mises à l’avant-plan hier. Je fais référence ici à l’étude que mène le Comité de l’agriculture et à l’intérêt manifesté à la fois par les citoyens et les groupes environnementaux.
Nous venons d’amorcer cette étude; nous en sommes à la deuxième heure de celle-ci et une autre séance est déjà prévue. Si les parties souhaitent étudier cette question plus en détail, nous devrons nous assurer de mener une étude approfondie, bien qu’il sera impossible d’entendre tout le monde.
On a souligné que vous n’avez pas une grande confiance en l’ARLA et en l’évaluation. Aussi, beaucoup d’hypothèses ont été avancées quant aux problèmes de souplesse et de transparence.
Monsieur Thiel, vous avez parlé des échantillons d’eau et des 22 études remises à l’ARLA. J’ai posé la question suivante aux témoins précédents: Environnement Canada fait-il preuve de leadership dans l’analyse de l’eau et des données concrètes? Il ne se passe rien. Quels sont vos souhaits? Je sais qu’il est question que la science puisse renforcer les mesures d’atténuation adoptées, mais qu’espérez-vous de cette période de consultation qui se terminera le 23 mars?
:
Si vous me le permettez, j’aimerais répondre à votre question en trois parties.
D’abord, nous examinons constamment les innovations sur le marché. Nous tentons toujours d’introduire de nouvelles technologies pour aider l’agriculture de production au Canada, que ce soit des produits chimiques ou biologiques ou le développement de trait.
Concernant les conséquences financières pour notre entreprise, l’imidaclopride est utilisé à plusieurs sauces, par exemple, pour lutter contre les puces et les tiques sur les chiens et chats et contrôler le taupin dans la production de blé en Saskatchewan. Il est utilisé de façon générique. Il y a plusieurs fournisseurs de ce produit sur le marché, ce qui est avantageux pour les agriculteurs. Il s’agit d’un produit très abordable. Donc, il a une bonne valeur économique pour les agriculteurs.
Quel serait l’impact, pour nous, si ce produit était progressivement retiré du marché? Comme le soulignait Pierre, la question plus importante qu’il faut se poser, c’est quel sera l’impact sur la réputation du Canada si le gouvernement décide de retirer progressivement un produit très sécuritaire et efficace utilisé depuis 20 ans sans conséquence environnementale négative connue. Quel impact cela aurait-il sur la compétitivité de l’agriculture canadienne et la réputation de l’ARLA en tant qu’organisme de réglementation?