Bienvenue à la 143e réunion du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités.
Avant de commencer la réunion, je tiens à rappeler à tous les participants en personne de lire les consignes sur les pratiques exemplaires qui figurent sur les cartes qui sont sur la table. Ces mesures visent à protéger la santé et la sécurité de tous les participants.
La réunion d’aujourd’hui se déroule selon une formule hybride.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le jeudi 21 novembre 2024, le Comité entreprend son étude sur la sécurité communautaire et la préparation aux situations d'urgence en ce qui concerne le transport ferroviaire de marchandises dangereuses.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à nos témoins d'aujourd'hui. Chers collègues, nous accueillons, du ministère des Transports, Michel Béland, directeur général par intérim, Transport des marchandises dangereuses, et Stephen Scott, directeur général, Sécurité ferroviaire. Bienvenue à vous deux.
Du Bureau canadien d'enquête sur les accidents de transport et de la sécurité des transports, nous accueillons Yoan Marier, président, et Vincenzo De Angelis, directeur des enquêtes ferroviaires et pipelinières. Bienvenue.
Nous allons commencer par les déclarations liminaires. Je vous cède d'abord la parole, monsieur Scott. Vous avez cinq minutes.
:
Bonjour, monsieur le président et membres du Comité.
Je vous remercie de nous recevoir, aujourd'hui.
[Traduction]
Je m'appelle Stephen Scott. Je suis directeur général de la sécurité et de la sûreté ferroviaires à Transports Canada. Je suis accompagné aujourd'hui de mon collègue Michel Béland, qui est le directeur général par intérim du programme de transport des marchandises dangereuses.
J'aimerais commencer par reconnaître que le territoire sur lequel nous sommes réunis aujourd'hui est le territoire traditionnel non cédé des peuples algonquin et anishinabe.
Je vous remercie encore une fois de me donner l'occasion de vous parler aujourd'hui du transport ferroviaire de marchandises dangereuses.
En tant qu'organisme de réglementation, Transports Canada est responsable de l'administration et de la surveillance de la sécurité dans le secteur ferroviaire sous réglementation fédérale. Le programme de sécurité et de sûreté ferroviaires compte environ 175 inspecteurs, qui effectuent environ 40 000 inspections et 20 vérifications de la sécurité chaque année dans le secteur ferroviaire. De plus, le programme de transport des marchandises dangereuses supervise le transport sécuritaire des marchandises dangereuses par tous les modes de transport, y compris le transport ferroviaire. Ce programme compte 112 inspecteurs, qui effectuent environ 4 000 inspections chaque année.
Depuis la tragédie de Lac‑Mégantic en 2013, les régimes de sécurité ferroviaire et de transport des marchandises dangereuses du Canada ont subi des changements fondamentaux. En plus d'une surveillance renforcée grâce à un nombre accru d'inspections, à une planification axée sur les données et les risques et à de meilleurs outils d'application de la loi, comme les sanctions administratives pécuniaires, Transports Canada a mis de l'avant un cycle continu de modernisation de ses politiques et de sa réglementation. Cela comprend des exigences plus strictes liées à l'immobilisation des trains, aux normes sur les voies, aux wagons-citernes et aux plans d'intervention en cas d'urgence; des restrictions de vitesse pour les trains transportant des marchandises dangereuses; de nouvelles règles concernant le temps de travail et de repos pour atténuer les risques de fatigue des employés occupant des postes essentiels à la sécurité; des normes de sécurité élevées pour l'essai et l'entretien des freins de train; de nouveaux règlements sur les passages à niveau, qui améliorent la sécurité aux passages à niveau; et l'aide à l'avancement de nouvelles technologies qui peuvent améliorer la sécurité.
En mai 2022, le Comité a publié un rapport contenant 33 recommandations visant à améliorer la sécurité ferroviaire au Canada. Je suis heureux d'annoncer aujourd'hui que 31 de ces 33 recommandations ont été mises en œuvre ou font l'objet de mesures visant leur mise en œuvre. Le ministère déploie ces efforts au moyen des pouvoirs législatifs et réglementaires existants qui sont déjà à sa disposition.
Au cours des dernières années, des indications positives ont pointé vers une tendance à la baisse des taux d'accidents. Par exemple, les rapports du Bureau de la sécurité des transports du Canada indiquent qu'en 2023, il y a eu 914 accidents ferroviaires au pays, ce qui représente une diminution de 12 % par rapport à la moyenne sur 10 ans. Cependant, nous savons que les risques et l'environnement opérationnel sont en constante évolution et qu'il reste des défis à relever. Nous attendons avec impatience les recommandations du Comité dans le cadre de l'étude en cours afin d'éclairer nos orientations stratégiques futures.
[Français]
J'aimerais revenir sur le récent déraillement de train qui s'est produit à Longueuil, au Québec.
Le 14 novembre, huit wagons d'un train du Canadien National ont déraillé dans une gare de triage. Parmi ces wagons, six transportaient des marchandises dangereuses. Un wagon-citerne qui transportait du peroxyde d'hydrogène a été perforé.
Lorsqu'un déraillement se produit, les compagnies ferroviaires sont tenues, suivant la réglementation, de prendre immédiatement des mesures d'atténuation.
[Traduction]
Il s'agit notamment d'aviser et de soutenir les premiers intervenants locaux en cas d'urgence, de déployer des ressources pour aider à la gestion des situations d'urgence et aux mesures correctives, et de conseiller le Bureau de la sécurité des transports et Transports Canada. Dans ce cas, conformément aux procédures de fonctionnement normalisées, Transports Canada a communiqué immédiatement avec la compagnie de chemin de fer concernée pour vérifier que le plan d'intervention d'urgence était mis en œuvre et fournir des conseils techniques sur les mesures correctives à prendre.
Je terminerai par quelques observations sur les restrictions d'exploitation actuelles imposées par le Canadien National qui ont une incidence sur les nouveaux trains de VIA dans le corridor Québec-Toronto, car je crois comprendre que c'est également un domaine d'étude pour le Comité. Par souci de clarté, cette question n'a rien à voir avec les marchandises dangereuses.
Transports Canada sait que le Canadien National impose des restrictions à environ 300 passages à niveau pour les trains de VIA Venture. D'après les renseignements fournis par le CN, nous comprenons que l'objectif est d'assurer l'activation uniforme des systèmes d'avertissement de passage à niveau à ces endroits. Le résultat net est que les trains de VIA Rail sont tenus de réduire leur vitesse lorsqu'ils s'approchent de ces passages à niveau, ce qui ajoute du temps de déplacement aux itinéraires de VIA dans le corridor.
Transports Canada surveille de près la situation et procède à son propre examen de diligence raisonnable pour s'assurer qu'il n'y a pas de menace à la sécurité. S'il y a des mesures supplémentaires du point de vue de la sécurité que nous pouvons prendre en tant qu'organisme de réglementation, nous disposons des outils nécessaires pour le faire.
[Français]
Je vous remercie de votre attention.
Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du Comité.
:
Monsieur le président, membres du Comité, bonjour. Je vous remercie d'avoir invité le Bureau canadien d'enquête sur les accidents de transport et de la sécurité des transports, ou BST, à discuter de l'important sujet de la sécurité ferroviaire.
Le BST est indépendant des autres ministères et organismes gouvernementaux. Nous rendons des comptes au Parlement par l'entremise du président du Conseil privé du Roi pour le Canada. Cela nous permet d'être impartiaux et libres de toute influence externe, réelle ou perçue.
[Français]
Comme vous le savez peut-être, notre mandat, et notre seul but, c'est de promouvoir la sécurité du transport aérien, ferroviaire, maritime et pipelinier dans les modes de transport qui relèvent du gouvernement fédéral. Pour ce faire, nous procédons à des enquêtes indépendantes, nous constatons les lacunes en matière de sécurité, les causes et les facteurs contributifs, nous faisons des recommandations et nous publions des rapports.
Il est également important de préciser ce que le BST ne fait pas. Nous ne sommes pas habilités à attribuer ni à déterminer les responsabilités civiles ou pénales. Même si le BST est souvent parmi les premiers à arriver sur le lieu d'un accident, nous n'agissons pas à titre de premiers intervenants.
[Traduction]
La sécurité ferroviaire demeure une priorité pour le BST. J'aimerais vous faire part de quelques statistiques sur la sécurité ferroviaire.
En 2023, 1 235 événements ferroviaires ont été signalés au BST. Cela comprend 321 incidents et 914 accidents, dont six ont entraîné le déversement de marchandises dangereuses. Ces chiffres représentent une diminution de 9 % du nombre d'accidents par rapport à 2022 et une diminution de 12 % par rapport à la moyenne sur 10 ans.
En 2023, il y a eu un total de 67 décès liés au transport, dont 53 ont été causés par des intrusions et 13 par des accidents aux passages à niveau. Aucun décès n'était lié à un déversement de marchandises dangereuses.
Depuis sa création en 1990, le BST a formulé 154 recommandations à l'intention de l'organisme de réglementation et de l'industrie ferroviaire. En mars 2024, le Bureau de régie interne avait jugé « entièrement satisfaisantes » — la cote la plus élevée — 89,6 % des réponses à ces recommandations sur le transport ferroviaire.
[Français]
Nous examinons actuellement les progrès réalisés par l'organisme de réglementation et par l'industrie en ce qui a trait à la Liste de surveillance du Bureau de la sécurité des transports du Canada. Il s'agit de notre programme qui souligne les principaux problèmes de sécurité auxquels il faut remédier pour rendre le système de transport canadien encore plus sécuritaire.
Les mesures de sécurité inadéquates posent des risques non seulement pour l'industrie ferroviaire, mais aussi pour le public, pour les collectivités et pour l'environnement.
[Traduction]
Il y a cinq enjeux de sécurité sur la liste de surveillance qui touchent le secteur ferroviaire, dont trois enjeux multimodaux. Les enjeux multimodaux sont la gestion de la fatigue dans l'opération des trains de marchandises, la gestion de la sécurité et la surveillance réglementaire. Les deux enjeux propres aux chemins de fer sont liés au respect des signaux et au mouvement non planifié ou non contrôlé du matériel ferroviaire.
En ce qui concerne le respect des signaux, les équipages des trains sont tenus de repérer les signaux et de communiquer leur existence entre eux, puis de prendre les mesures appropriées quant à la façon dont ils opèrent le train. Cependant, lorsque des équipages manquent un signal ou ne le respectent pas, en l'absence de méthodes de contrôle physiques des trains à sécurité intrinsèque, cela peut entraîner une collision ou un déraillement. De 2004 à 2021, il y a eu en moyenne 35 incidents signalés chaque année, où un équipage de train n'a pas réagi de manière appropriée à un signal affiché sur le terrain. Nous avons relevé un certain nombre d'événements préoccupants ces derniers temps.
Le BST demande depuis des décennies la mise en place de méthodes de contrôle physiques des trains à sécurité intrinsèque. En 2022, le BST a recommandé que Transports Canada exige des grandes compagnies de chemin de fer canadiennes qu'elles accélèrent la mise en œuvre de contrôles ferroviaires à sécurité intrinsèque dans les corridors de train à grande vitesse du Canada et sur tous les itinéraires clés. Jusqu'à présent, l'échéancier le plus optimiste mentionné par Transports Canada pour la mise en œuvre d'un tel système au Canada, qui s'appellera « système de commande des trains améliorée », est 2030. D'ici là, le système de transport ferroviaire repose principalement sur des défenses administratives pour se protéger contre de tels événements.
[Français]
Les mouvements non contrôlés sont des événements dont la probabilité de réalisation est faible. Toutefois, lorsqu'ils se produisent, ils peuvent avoir des conséquences catastrophiques, en particulier si des marchandises dangereuses sont en cause, comme c'était le cas lors du déraillement survenu en 2013 à Lac‑Mégantic. Ce déraillement a entraîné la mort de 47 personnes et a détruit une grande partie du centre-ville.
À la suite de cette enquête, le BST a formulé cinq recommandations. Deux de ces recommandations sont toujours actives, et elles figurent sur la Liste de surveillance du Bureau de la sécurité des transports du Canada.
[Traduction]
Au fil des ans, des progrès importants ont été réalisés pour corriger les lacunes en matière de sécurité et mettre en œuvre les recommandations du BST. Cependant, il y a encore beaucoup de travail à faire afin d'améliorer la sécurité ferroviaire et d'atténuer les répercussions potentielles sur les gens, les collectivités et l'environnement.
Merci. Nous sommes prêts à répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier tous les témoins qui sont avec nous, aujourd'hui.
Monsieur Scott, vous nous avez parlé de l'avancée des nouvelles technologies qui pourraient améliorer la sécurité ferroviaire.
Pourriez-vous nous parler des technologies qui sont déjà en cours, ou de celles à venir, qui pourraient aider à améliorer la sécurité aux passages à niveau, notamment en ce qui a trait aux limitations de vitesse, ainsi qu'à améliorer l'expérience des passagers?
:
Merci beaucoup de la question. C'est un sujet très important.
[Traduction]
Les technologies contribueront largement à la sécurité. Nous le savons. Il a été question des technologies de commande des trains, et c'est un domaine dans lequel nous progressons. Il s'agirait de règlements qui obligeraient les compagnies ferroviaires à équiper les trains de technologies intelligentes d'aide à la conduite. Nous avançons sur ce point.
Le ministère mise aussi sur l'avancement d'une autre technologie: le frein d'immobilisation en stationnement. Il s'agirait d'un frein de secours automatique pour les trains. C'est une autre chose sur laquelle nous nous penchons.
À titre d'organisme de réglementation, notre rôle est de veiller à ce que toutes les technologies mises en œuvre soient sûres et améliorent la sécurité. Nous pouvons donner une assurance que les technologies introduites et développées par l'industrie et d'autres acteurs améliorent la sécurité ferroviaire.
:
Si vous faites allusion aux observations que j'ai faites un peu plus tôt sur la commande des trains améliorée, il faut garder à l'esprit que les trains de passagers et les trains de marchandises empruntent très souvent les mêmes voies. Il est donc important que les équipes de train soient en mesure de reconnaître les signaux et de réagir lorsqu'ils sont déclenchés.
Il arrive que, pour une raison ou pour une autre, un membre d'une équipe de train ne voie pas un signal, parce qu'il a la tête baissée, ou encore parce qu'il est en train de discuter avec quelqu'un. Lorsque cela se produit, il peut y avoir un risque de collision entre deux trains de marchandises ou entre un train de marchandises et un train de passagers, étant donné qu'ils empruntent souvent les mêmes voies.
Selon nous, c'est pour cette raison qu'il faut mettre en place des moyens de protection supplémentaires qui vont plus loin que des mesures administratives, comme des règlements.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie encore une fois les témoins d'être avec nous aujourd'hui.
Je vais d'abord m'adresser à M. Marier, du Bureau de la sécurité des transports.
Le 14 novembre dernier, il s'est produit à Longueuil un déraillement de train qui mettait en cause des wagons de peroxyde d'hydrogène. Cela a provoqué, dans un rayon de 800 mètres, le confinement de milliers de personnes et des élèves de trois écoles, ainsi que l'arrêt des trains et de la circulation routière, entre autres choses. Le déraillement a été très médiatisé. Un tel événement, qui survient dans un centre aussi densément peuplé et qui met en cause une marchandise aussi dangereuse, reste quand même majeur.
À ma connaissance, le Bureau de la sécurité des transports a décidé de faire enquête. D'après ce que j'ai compris, vous avez déployé une équipe sur place le 16 novembre.
Dans votre allocution d'ouverture, vous avez mentionné que, lors de tels événements, vous étiez souvent les premiers à arriver sur place. Dans ce cas-là, ça a pris deux jours avant que vous vous rendiez au lieu de l'accident.
Pourquoi cela a-t-il pris autant de temps?
:
D'abord, en ce qui concerne le déraillement qui a eu lieu à Longueuil, nos enquêteurs sont encore en train d'enquêter sur l'accident.
Comme vous le dites, nous avons déployé des enquêteurs sur le lieu de l'accident. Ils sont encore en train d'évaluer l'événement. Ils ont parlé à des gens, examiné les wagons et étudié ce qui s'est passé. Ils sont actuellement en train de déterminer si nous mènerons ou non une enquête complète et, dans l'affirmative, la classification dont fera l'objet cette enquête. La portée de l'enquête peut s'étendre de limitée à complexe, et le processus peut prendre de quelques jours à quelques semaines.
Nous nous attendons à ce que l'équipe de Vincenzo De Angelis nous disent dans les prochains jours ce qui sera décidé exactement quant à ce dossier.
Je demanderais à M. De Angelis de fournir des précisions en ce qui a trait au délai écoulé avant le déploiement.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Bienvenue, messieurs.
J'ai proposé de tenir ces réunions en tant que représentant d'une région qui a connu une augmentation spectaculaire du transport ferroviaire de marchandises dangereuses. Même si ce développement a apporté d'incroyables avantages économiques pour les collectivités, il a également soulevé de nombreuses questions chez les personnes qui vivent le long des corridors ferroviaires. Je pense que les gens méritent de recevoir des réponses à leurs questions. Ils méritent d'avoir l'assurance que le transport des marchandises dangereuses ne met pas en danger leur vie et leurs biens. Plus important encore peut-être, les premiers intervenants chargés de réagir en cas d'incident lorsque les choses tournent mal, qui mettent leur vie en jeu et consacrent leur temps à la protection de leurs voisins, se posent également des questions. Je pense qu'ils méritent des réponses.
J'espérais que ces réunions portent principalement sur les plans d'intervention d'urgence des collectivités. Je comprends qu'il y a beaucoup de renseignements sur la réduction des risques. C'est évidemment important, mais je ne pense pas que cela réduise la nécessité pour les collectivités de mettre en place des plans adéquats qui les protègent en cas d'incident.
Je vous vois tous hocher la tête, je suppose donc que vous êtes d'accord sur ce point.
Je vais commencer par des questions sur certains des scénarios les plus lourds de conséquences qui peuvent toucher une collectivité, par rapport aux trains-blocs transportant des marchandises dangereuses qui sont stationnés dans des gares de triage ou qui traversent le territoire à proximité immédiate de lieux où vivent et travaillent les gens.
Je pense que ma première question s'adresse à vous, monsieur Béland. Un incendie majeur impliquant des wagons-citernes remplis de marchandises dangereuses est‑il le genre de situation pour laquelle les collectivités situées le long des corridors ferroviaires devraient avoir un plan d'intervention?
:
Si je peux me le permettre, je vais vous interrompre parce que je voudrais poser six ou sept questions. Je n'ai que six minutes. Je vous remercie de ces renseignements.
Avant la réunion, je vous ai envoyé une page d'un guide des mesures d'urgence auquel Transports Canada contribue. Le tableau à la page 345 porte sur les cas de détente explosive des vapeurs d'un liquide en ébullition, ou BLEVE. Comme vous êtes directeur général du transport des marchandises dangereuses, je suis certain que vous êtes familier avec ce genre d'événements. Ce sont des événements aux conséquences extrêmement graves, avec une force destructrice massive.
Je me demande si vous pouvez, en vous appuyant sur le tableau — selon l'interprétation que j'en fais —, dire au Comité le délai minimal jusqu'à la défaillance menant à ce type de catastrophe pour un wagon-citerne qui est exposé à la flamme intense d'un chalumeau. Je parle d'un wagon-citerne contenant 140 000 litres de marchandises dangereuses, comme du propane.
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Monsieur Bachrach, c'est une question phénoménale, et je suis sûr que nous allons obtenir une réponse au prochain tour.
Je vais également fournir un miroir à tous nos témoins pour qu'ils voient mon carton rouge signalant les deux dernières minutes.
Des voix: Oh, oh!
Un député: Vous pourriez faire cui-cui, monsieur le président.
Le président: Je pourrais.
Merci, monsieur Bachrach.
Nous passons maintenant à M. Muys.
Monsieur Muys, vous avez la parole pendant cinq minutes.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les fonctionnaires qui sont avec nous aujourd'hui.
Le train qui a été impliqué dans la tragédie de Lac-Mégantic avait aussi traversé, si je ne m'abuse, Windsor, Detroit, Toronto et Montréal.
J'aimerais revenir sur les questions de mon collègue, M. Lawrence.
On peut parler de long en large de l'élimination progressive des wagons, de la préparation d'un guide ou d'un document après une tragédie afin, je suppose, de tenir compte des nombreuses recommandations qui ont été mises en œuvre. Toutefois, il est évident que la réponse à plus long terme est d'utiliser les pipelines et non les trains pour transporter le pétrole et le gaz, en particulier. Je suis conscient que la capacité en matière de pipelines pose problème, et ce, parce que le gouvernement actuel a horreur de construire des pipelines, mais, à plus long terme, c'est la meilleure réponse si l'on ne veut pas perpétuer tous les risques actuels.
Je me demande si le ministère a fait part de cette préoccupation à d'autres ministères fédéraux ou aux ministres des Transports d'un bout à l'autre du pays, à savoir qu'il y a une meilleure façon de faire les choses et que nous devons nous éloigner de ce qui se fait à l'heure actuelle.
:
Merci de cette question.
[Traduction]
Le programme du transport des marchandises dangereuses vise à promouvoir la sécurité publique lors du transport de marchandises dangereuses par tous les modes de transport.
[Français]
Donc, ce n'est pas seulement pour le transport ferroviaire.
[Traduction]
Nous le faisons au moyen d'un régime de réglementation et de surveillance qui soutient la sécurité publique, la croissance économique et l'innovation. Nous assurons une surveillance du transport des marchandises dangereuses pour nous assurer que les entités respectent la Loi sur le transport des marchandises dangereuses et le Règlement sur le transport des marchandises dangereuses. Nous menons également des recherches sur divers types de wagons-citernes et sur la réaction des différentes marchandises dangereuses.
C'est une organisation agile, orientée sur les données et responsable par rapport aux risques. Nos inspections tiennent compte des risques. Nous avons 118 inspecteurs d'un bout à l'autre du pays et ils travaillent sur tous les modes de transport. L'an dernier, nous avons effectué plus de 4 000 inspections, tous les modes confondus.
[Français]
Nous avons aussi fait appliquer la Loi près de 6 000 fois.
:
Si j'ai bien compris la question, vous voulez savoir pourquoi les trains de voyageurs n'ont pas la priorité sur les trains de marchandises.
[Traduction]
Comme je l'ai mentionné plus tôt dans mes observations, nous reconnaissons que dans les corridors, surtout le corridor Québec-Toronto, il y a un réel besoin pour une ligne réservée aux passagers et que cela se justifie par rapport à l'économie et à la sécurité. Le projet de train à grande fréquence est proposé à cette fin, car il corrigerait la situation dans ce corridor.
À l'extérieur du corridor, l'infrastructure appartient aux sociétés de chemins de fer, les principales étant Canadien National et Canadien Pacifique Kansas City. Ce sont des compagnies hôtes, et elles ont des ententes avec des compagnies de chemins de fer locataires, entre autres VIA Rail, pour qu'elles utilisent leur infrastructure, sous réserve des ententes et des conditions convenues.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Marier, je vais revenir sur l'accident survenu à Longueuil parce que j'ai posé des questions auxquelles, à mon avis, on n'a pas tout à fait répondu. Vous m'avez dit qu'on était encore en train de déterminer s'il y aura une enquête ou pas. Vous avez aussi mentionné que, pour qu'on sache quelle a été la cause de l'incident, il fallait qu'il y ait une enquête. Par conséquent, je n'ai pas compris s'il existait un processus, un mécanisme ou une façon d'obliger les compagnies ferroviaires à dévoiler ce qui s'est passé, pour que les gens le sachent.
En effet, s'il n'y a pas d'enquête, comment les gens vont-ils faire pour savoir ce qui s'est passé à Longueuil et connaître les causes de ce qui a entravé la circulation en ville pendant toute une journée?
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais presque poursuivre dans la même veine que M. Bachrach en ce qui concerne les itinéraires clés et l'évaluation des risques. Comme certains d'entre vous le savent, je représente Mission—Matsqui—Fraser Canyon, la meilleure circonscription du Canada, mais elle a connu la pire catastrophe de l'histoire de notre pays, c'est-à-dire les inondations massives en 2021 durant lesquelles les voies ferrées du Canadien National et du Canadien Pacifique ont été emportées par les eaux.
De manière plus précise, dans le cadre de cette étude, j'aimerais demander que Transports Canada fournisse les renseignements qu'il a reçus du Canadien National et du Canadien Pacifique dans l'évaluation des risques du canyon du Fraser. Je fais précisément référence au canyon du Fraser parce qu'il compte des régions rurales et éloignées avec de petites communautés autochtones, mais aussi des parties parmi les plus dangereuses de tout le réseau de transport du Canada — pour faire la liaison avec le port du Grand Vancouver, par exemple.
Par simple curiosité, en ce qui concerne le canyon du Fraser, quels sont les facteurs de risque examinés pour déterminer les répercussions potentielles sur nos stocks de l'emblématique saumon de la Colombie‑Britannique dans ces régions rurales et éloignées?
Vous avez également répondu à ma deuxième question dans cette réponse, et je vous en remercie.
En ce qui concerne la préparation aux situations d'urgence, comment le Bureau de la sécurité des transports collabore-t‑il avec les organismes d'intervention d'urgence provinciaux et municipaux pour se préparer aux incidents ferroviaires impliquant des marchandises dangereuses?
J'ai été maire pendant 14 ans. Nous avons souvent eu des exercices dont le thème était la préparation aux situations d'urgence, non seulement pour la collectivité en général, mais aussi au sein de notre équipe. Les équipes variaient en fonction des circonstances.
Suivez-vous les mêmes processus directement avec les municipalités pour vous assurer que, si quelque chose se produit, vous êtes prêts à y faire face dès l'incident lui-même jusqu'aux effets de cet incident sur la collectivité et parfois même sur les collectivités voisines?
:
J'ai une question plus générale qui s'adresse à la fois au Bureau de la sécurité des transports et à Transports Canada.
On y a fait allusion plus tôt, quand il a été question des recommandations du Bureau de la sécurité des transports pour améliorer la sécurité communautaire et la préparation aux situations d'urgence en ce qui concerne le transport de marchandises dangereuses par train, surtout dans les régions urbaines et rurales où l'accès aux ressources d'intervention d'urgence peut être très variable. C'est là où je veux en venir. Partout au pays, il y a des régions qui sont peu pourvues.
Vous incluez-vous dans les recommandations, non seulement en ce qui concerne la capacité en capital pour atténuer le risque lui-même, mais aussi en ce qui concerne la façon et les moyens de faire face au risque, surtout dans les régions plus éloignées?
:
En fait, nous avons deux recommandations sur notre liste de surveillance.
Premièrement, nous devons nous assurer que les membres de l'équipe suivent les indications des signaux. Si ce n'est pas fait, cela peut mener à des collisions entre deux trains.
Deuxièmement, il faut surveiller les mouvements non contrôlés, qui peuvent mener à des déraillements catastrophiques, comme nous l'avons vu lors de l'accident à Lac‑Mégantic.
Je dirais que ces deux éléments posent un risque assez élevé, de notre point de vue.
Je vais revenir sur certaines des questions de mon collègue néo-démocrate.
Dans ma circonscription, les villes de Newcastle, Cobourg, Port Hope, Brighton et Colborne, entre autres, sont situées le long de la voie ferrée. Comme je l'ai dit, vous passez en voiture et vous pouvez voir régulièrement des wagons-citernes passer les uns après les autres.
Dans un témoignage précédent, vous avez dit qu'il faudrait parcourir 1,7 kilomètre, et ce en neuf minutes, pour se trouver à une distance sécuritaire d'une BLEVE.
Avez-vous la certitude qu'il existe un plan d'évacuation dans la ville de Cobourg ou pourriez-vous présenter des preuves que la ville de Cobourg dispose d'un plan d'évacuation en cas de BLEVE?