Bienvenue à la 144e réunion du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités.
Avant de commencer la réunion, je rappelle à tous les participants dans la salle de lire les directives et les fiches sur les pratiques exemplaires qui se trouvent sur la table. Ces mesures sont en place pour protéger la santé et la sécurité de tous les participants.
La réunion d’aujourd’hui se déroule sous forme hybride.
Conformément à l’article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le jeudi 7 novembre 2024, le Comité reprend son étude sur la sécurité communautaire et la préparation aux situations d'urgence dans le transport de marchandises dangereuses par chemin de fer.
Chers collègues, nous recevons aujourd'hui Chris Case, chef de service d'incendie, et Tina Saryeddine, directrice générale de l'Association canadienne des chefs de pompiers. Soyez tous les deux les bienvenus.
Nous recevons également M. Bob Masterson, président-directeur général de l'Association canadienne de l'industrie de la chimie, qui est des nôtres par vidéoconférence. Soyez le bienvenu, monsieur. C'est un plaisir de vous revoir.
Enfin, nous recevons M. Yves Lessard, maire de la ville de Saint-Basile-le-Grand. Soyez le bienvenu.
C'est tout, je crois. Est-ce que c'est tout, madame la greffière?
[Français]
Bienvenue à vous toutes et tous.
[Traduction]
Avant de commencer, je cède la parole à M. Bachrach afin de reprendre la discussion sur la motion présentée à la dernière réunion.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je suis heureux de revoir tout le monde ce soir.
À la fin de la dernière réunion, nous nous sommes quittés sur une motion que j'avais présentée concernant la communication de certains documents relatifs aux plans d’intervention d’urgence et aux évaluations des risques applicables aux itinéraires clés. Bien que ces évaluations et ces plans soient exigés par Transports Canada, ils sont dans les deux cas rédigés et compilés par les expéditeurs de marchandises dangereuses et par les compagnies ferroviaires.
L'étude que nous avons entreprise vise à déterminer si les collectivités disposent de moyens suffisants pour assurer leur sécurité et si les plans d'intervention d'urgence qui sont en place — et qui sont exigés par Transports Canada — permettent de sauver des vies humaines et d'empêcher la destruction de nos collectivités en cas de catastrophe ferroviaire.
Je ne pense pas que nous puissions aller bien loin dans cette étude sans voir le contenu des plans d'intervention existants et les évaluations des risques, sans mieux comprendre quels sont ces risques et sans connaître le degré de détail et l'examen minutieux que Transports Canada exige des entreprises qui opèrent dans cet espace.
J'ai eu quelques conversations non officielles avec des députés ministériels qui ont exprimé des inquiétudes quant à la sensibilité de certains renseignements contenus dans ces plans d'intervention, et je ne veux en aucun cas exposer nos collectivités ou le pays à un risque supplémentaire par la divulgation de documents. Je tiens à ce que cela soit très clair. Si ces plans d'intervention contiennent des renseignements susceptibles de mettre en danger nos collectivités ou de les exposer à un risque supplémentaire, ce n'est certainement pas mon intention. Cependant, nous avons la possibilité, en tant que comité, de demander des documents, de les tenir confidentiels et d'utiliser leur contenu pour éclairer notre travail et la portée de notre enquête. C'est tout à fait l'intention de ma motion.
J'ai rédigé la motion à la hâte à la dernière réunion. Parfois, la nuit porte conseil et, au bout de quelques jours, on a d'autres idées sur la façon de mieux servir l'objet de la motion. Je sais que je ne peux pas modifier ma propre motion, mais j'aimerais proposer une version révisée qui, peut-être, répond à certaines des préoccupations que nous avons entendues de la part du gouvernement.
Voici le nouveau libellé de la motion qui me conviendrait:
Que Transports Canada fournisse au Comité, d'ici le 15 janvier 2025, [dans leur version non expurgée] les plans d'intervention d'urgence et les évaluations des risques applicables aux itinéraires ferroviaires clés suivants: Prince George-Prince Rupert, Fraser Canyon, Montréal-Sorel, Toronto-Windsor; que les documents en question soient communiqués dans les deux langues officielles et examinés lors d'une réunion à huis clos du Comité qui aura lieu avant le 15 février 2025; et que les documents soient tenus confidentiels par le Comité et ses membres.
Certains de mes collègues m'ont dit que je ne sais pas ce que contiennent ces plans, que ce n'est pas leur contenu que je veux voir en premier lieu et que je ne devrais pas y mettre le nez. C'est tout à fait possible. Je pense que la meilleure façon de le savoir est de voir les documents. Ces documents ne sont peut-être pas utiles à notre enquête, mais ils font encore partie des plans clés qui protègent nos collectivités.
J'ai profité des quelques jours écoulés depuis notre dernière réunion pour consulter le site Web de Transports Canada afin d'en savoir plus sur les plans d'intervention d'urgence. Le site Web explique en détail ce qui est exigé dans ces plans. Je me contenterai de lire, pour la gouverne du Comité, quelques-unes des exigences. Il s'agit notamment de créer une analyse des incidents possibles, ou AIP. Les AIP des entreprises « doivent inclure, au minimum, les quatre scénarios suivants »:
Scénario 1: Rejet appréhendé de marchandises dangereuses
Par exemple, un wagon-citerne [...] transportant de l'acide chlorhydrique a subi un chavirement [...] il n'y a aucune fuite de contenu apparente.
Scénario 2: Rejet de moins de 1 % des marchandises dangereuses d'un contenant
Par exemple, un wagon-citerne DOT105J500W plein inspecté dans une gare de triage dégage une odeur de chlore au niveau de son enceinte protectrice.
Scénario 3: Rejet de plus de 50 % des marchandises dangereuses d'un contenant
Par exemple, de nombreux grands récipients en vrac [...] ont été perforés et fuient dans une remorque routière qui a été impliquée dans une collision avec d'autres véhicules.
Une fois de plus, cela ne concerne pas expressément les chemins de fer. Ces PIU s'appliquent à l'ensemble du secteur des marchandises dangereuses. Ceux que nous cherchons concernent plus particulièrement le transport ferroviaire.
Je poursuis:
Scénario 4: Exposition d'un contenant qui contient des marchandises dangereuses à un incendie
Je pense que ce scénario en particulier est intéressant lorsque nous parlons de la protection de nos collectivités contre les incendies industriels liés à des marchandises dangereuses transportées par voie ferrée.
En ce qui concerne « Ce qu'il faut inclure pour chaque scénario », les entreprises qui expédient ces marchandises doivent préciser ce qui suit:
les conséquences possibles du rejet ou rejet appréhendé;
pour chaque scénario, les mesures à prendre, organisées par niveaux, pour réagir à un rejet ou rejet appréhendé;
les personnes responsables de prendre ces mesures;
en plus des personnes qui interviendront en votre nom, vous pouvez inclure des personnes chargées de prendre des mesures qui ne sont pas mentionnées dans le PIU. Par exemple, vous pouvez indiquer les premiers intervenants municipaux dans [l']AIP.
Ensuite, dans la section « Équipement d'interventions du PIU », elles doivent énumérer l'équipement disponible et préciser le type et la quantité d'équipement qui sera utilisé en cas d'urgence liée à des marchandises dangereuses.
Pour ce qui est de la « Disponibilité de l'équipement », l'entreprise doit montrer si elle possède et entretient elle-même l'équipement. Elle doit « identifier les fournisseurs auprès de qui l'équipement d'intervention peut être obtenu et livré sur le site ».
Voici ce qui est dit:
Certains scénarios d'incidents peuvent nécessiter plus d'équipement par rapport à ce qui était prévu ou planifié. Si vous possédez, entretenez et réapprovisionnez vous-même l'équipement, mentionnez une liste de tierces parties alternatives dans le PIU, telles que d'autres intervenants ou fournisseurs qui pourraient fournir de l'équipement supplémentaire.
Et ainsi de suite, monsieur le président. Je ne veux pas insister sur ce point, mais si vous allez plus loin, il est question des « Connaissances et compétences en matière d'intervention en cas d'incendie ». Les entreprises sont tenues d'exposer les connaissances et compétences de leurs équipes.
Il leur est également demandé de dresser la liste des lieux où se trouvent ces équipes, et elles doivent préciser les délais d'intervention. Elles doivent indiquer si elles prévoient de déployer du personnel par voie aérienne pour respecter les délais d'intervention. Le déploiement d'équipes par voie aérienne est soumis à toutes sortes de critères.
Il s'agit d'une question importante pour les collectivités que je représente, car, à ma connaissance, l'équipe la plus proche se trouve, au plus, à quatre heures de route des collectivités où elle interviendrait. Ce sont les équipes spécialisées dans les matières dangereuses qui seraient nécessaires. Les services de pompiers volontaires locaux restent donc la première ligne de défense.
En ce qui concerne les services de pompiers municipaux et les autres premiers intervenants, toute une section de ces PIU porte sur les intervenants tiers. Les entreprises sont tenues de dresser la liste des intervenants avec lesquels elles ont conclu des accords et de préciser les capacités de ces intervenants. Il s'agit d'un plan d'intervention d'urgence détaillé.
Hier, j'ai eu une conversation avec un chef des pompiers local qui m'a décrit un scénario concernant un accident de la route où un camion-citerne avait eu une collision et où un produit dangereux s'était déversé. Son service a réagi très vaillamment et a réussi à circonscrire la situation et à arrêter la fuite de produit dangereux. Avec le plan d'intervention d'urgence, on se retrouve dans une situation où vous avez l'entreprise de transport et l'expéditeur de la marchandise dangereuse et où, dans certains cas, ils ne s'entendent pas sur la responsabilité de la situation. Il a fallu deux jours pour que la partie responsable puisse se rendre sur les lieux et s'acquitter de ses obligations.
Ce sont les éléments que nous devons déterminer en tant que comité. Il s'agit de savoir si ces plans d'intervention d'urgence sont adéquats, s'ils sont suffisants pour protéger nos collectivités et si les ressources annoncées dans ces plans se trouvent assez près pour arriver rapidement sur place.
À notre dernière réunion, nous avons entendu un témoignage assez alarmant de Transports Canada sur certains des scénarios aux conséquences graves. Le ministère nous a rappelé que les premiers intervenants ont très peu de temps pour évacuer la population en cas d'incident grave concernant des marchandises dangereuses dans une gare de triage. Ils ont neuf minutes pour un rayon d'évacuation de 1,7 kilomètre.
Quand nous parlons d'équipes spécialisées qui se trouvent jusqu'à quatre heures de route et qui doivent se rendre sur place par mauvais temps en hiver, je pense que les membres de nos collectivités devraient se demander très sérieusement si ces plans suffisent. Il se peut que nous constations, quand nous verrons les plans, qu'ils sont beaucoup plus détaillés et beaucoup plus efficaces que nous le pensons ou que je ne le pense, et je trouverais cela très réconfortant.
Il me semble que la seule façon de savoir, c'est de voir les plans.
Nous voulons protéger tout renseignement sensible qui se trouverait dans les plans, et c'est la raison de la version modifiée de la motion. Je pense qu'elle le permet en prévoyant leur examen lors d'une réunion à huis clos du Comité et en les tenant confidentiels. Si nous les examinons et décidons qu'il est dans l'intérêt général de les rendre publics, nous pouvons choisir de le faire en totalité ou en partie.
Notre responsabilité, en tant que Comité au service des Canadiens et des collectivités que nous représentons, est de veiller à aller au fond des choses sur cette question, qui est de savoir si le gouvernement s'acquitte de sa responsabilité fondamentale d'assurer leur sécurité et de réglementer un secteur qui transporte des marchandises dangereuses en traversant le cœur de nos villes et de nos villages.
Je m'arrêterai là, monsieur le président. J'espère que mes collègues accepteront d'examiner rapidement cette motion afin que nous puissions entendre les excellents témoins que nous recevons aujourd'hui. J'ai vraiment envie de les entendre.
Je sais que j'ai été un peu long — je vois que M. Badawey rit —, mais il s'agit de quelque chose de très sérieux et je pense que nous devons voir les documents.
Je vous remercie.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je trouvais cela comique, monsieur Bachrach, parce que vous vouliez que nous examinions rapidement cette motion, et vous venez de... mais je comprends votre passion à ce sujet, et je vous en remercie.
Je tiens à faire quelques observations.
Il ne fait aucun doute que nous soutenons, en principe, la direction prise ici par M. Bachrach. Je crains que ces renseignements deviennent publics. Je le crains en raison de leur sensibilité par rapport au risque que présentent certaines des matières transportées, que ce soit par train ou par bateau, et au fait que la disponibilité de ces renseignements augmente la possibilité de voir se produire des incidents que nous ne voulons pas voir se produire, étant donné ce que transportent ces wagons ou ces bateaux. Surtout dans le climat actuel, c'est parfois une arme à double tranchant. Je pense que vous savez tous de quoi je parle.
Dans l'ensemble, en ce qui concerne nos ECIU, nos équipes communautaires d'intervention d'urgence, en tant qu'ancien maire, j'étais satisfait du processus. Ce n'est pas au maire de le faciliter. C'est à l'équipe d'intervention d'urgence, généralement dirigée par le chef des pompiers dans les petites municipalités, qu'il revient de le faire. Dans les municipalités plus importantes, il peut s'agir d'une personne qui occupe ce seul poste. Un chef des pompiers est présent aujourd'hui et j'ai hâte d'entendre ses commentaires sur ce point en particulier, car ils font le lien entre le « comment » et le « quoi ».
Comment réagiriez-vous au « quoi », c'est-à-dire à toute situation pouvant survenir sur votre territoire?
Nous examinons le PIU, le plan d'intervention d'urgence. Je suppose que tous les détails du PIU, qui est ce que le député demande, sont déjà bien connus des chefs de pompiers dans tout le pays. En fait, c'est ce qu'ils mettent en place lorsqu'ils élaborent leurs plans de préparation aux situations d'urgence, ainsi que la réponse à ces plans lorsque le maire déclare un état d'urgence dans leur circonscription. Une fois l'état d'urgence déclaré, le chef réunit l'équipe. Celle-ci comprend tous les intervenants d'urgence, qu'il s'agisse des pompiers, des ambulanciers ou de la police. La liste continue avec ceux qui veillent sur les infrastructures et sur tous les aspects d'une situation d'urgence.
Évidemment, l'intervenant d'urgence qui dirige l'équipe met alors en place les protocoles contenus dans son plan d'urgence. Il s'agit généralement d'un gros livre rouge, bleu, blanc ou noir qu'il met en place en fonction de ce qu'on lui a enseigné, de ce sur quoi il a été formé et de ce qu'il est prêt à mettre en place en fonction de la déclaration d'urgence.
Quant à la motion dont nous sommes saisis — et je vais mettre ma casquette de secrétaire parlementaire du ministre des Transports —, ce qui me préoccupe, c'est le temps. Nous parlons de documents qui peuvent compter 30 000 pages et qui doivent être traduits. Franchement, cela ne se fera pas avant le 15 janvier. Soyons réalistes.
En même temps, je veux que le député, ainsi que le Comité, obtienne l'information qu'il souhaite examiner. Cela nous donne également le temps de l'afficher et de demander aux personnes qui comptent vraiment, les personnes qui dirigent les ECIU et les équipes d'urgence, leur avis sur ce que le député recherche dans ces documents.
Monsieur le président, je demande un amendement à la motion qui supprime la date limite, afin que nous puissions accorder un délai raisonnable pour réunir et traduire les documents. Nous ne savons même pas encore combien de pages ils peuvent compter, mais nous estimons qu'il s'agit au minimum de 30 000 pages. Cela fera de bonnes nuits de lecture pour tous les membres, et je suis sûr que vous allez tous lire les 30 000 pages. Sinon, il est inutile de préparer ces documents pour le Comité.
Par conséquent, je souhaite que la motion dise, et je peux la transmettre à la greffière, que Transports Canada les fournisse au Comité d'ici le 15 février 2025, ce qui donne:
que les documents en question soient communiqués dans les deux langues officielles et examinés lors d'une réunion à huis clos du Comité qui aura lieu avant le 15 février 2025; et que les documents soient tenus confidentiels par le Comité et ses membres.
Je pense donc que les documents peuvent nous être présentés dans les deux langues officielles. Bien sûr, à partir de là, le Comité disposera d'un peu de temps pour lire les quelque 30 000 pages que vous demandez.
Je dirai en conclusion, monsieur le président, que j'étais l'une des personnes dont M. Bachrach disait qu'elles lui ont demandé de permettre que cette étude se fasse, mais il s'agissait plus de lui demander de s'asseoir d'abord avec Transports Canada pour en savoir un peu plus sur le contenu des pages exigées, afin de ne pas demander au Comité de lire 30 000 pages, dont seulement 3 000 peut-être répondent à ce que M. Bachrach cherche. La tâche des membres du Comité en serait facilitée, mais je ne l'ai pas obtenu.
Encore une fois, nous aurons besoin d'un peu de temps pour permettre à notre équipe de rassembler ces 30 000 pages et, bien sûr, pour permettre aux membres du Comité d'en digérer le contenu, puis d'y apporter des réponses raisonnables. Ensuite, nous devrons évidemment communiquer nos réponses aux analystes pour qu'ils les ajoutent au rapport final et, bien sûr, formuler les recommandations du Comité en fonction de ce rapport.
Je vous remercie, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie mon collègue M. Bachrach de sa motion.
Pour commencer, j'aimerais tout simplement rappeler l'importance de notre étude sur la sécurité ferroviaire et le transport des marchandises dangereuses. Dans ce contexte, je pense que les citoyens et les citoyennes de nos circonscriptions s'attendent à ce que nous fassions un travail sérieux et que nous ne nous limitions pas à la surface des choses.
Obtenir ces fameux plans d'intervention d'urgence nous permettrait de voir ce que font le gouvernement et les compagnies ferroviaires. Cela nous permettrait aussi de voir comment les choses fonctionnent, concrètement. Enfin, cela nous permettrait de mieux comprendre leur travail et les risques sur le terrain.
Admettons que j'ai l'occasion d'obtenir les plans d'intervention en cas d'urgence dans ma circonscription, je ne dois pas la laisser passer. En tant que député, j'ai la responsabilité de saisir cette occasion, parce qu'il est important que je défende les intérêts des citoyens de ma circonscription; c'est le cas pour tout le monde ici. En théorie, je veux bien que ces données soient disponibles pour les chefs pompiers des municipalités, mais je pense que c'est aussi un travail d'équipe. À mon avis, c'est le travail du Comité d'aller chercher toute l'information nécessaire.
Pour ce qui est de l'amendement de M. Badawey, je tiens à dire que je suis totalement ouvert à l'idée que le Comité reçoive les documents. Par la suite, nous allons pouvoir faire des demandes plus précises. Cependant, je pense qu'il est important que ces documents soient présentés au Comité et que nous ayons l'occasion de les examiner. Cela ne poserait pas de risque pour la sécurité, puisque ce serait présenté de façon confidentielle.
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Merci, monsieur le président. Bonjour à tous.
Je m'appelle Chris Case. Je suis le chef des pompiers de la municipalité de Chatham-Kent, en Ontario, et le coprésident du Comité des marchandises dangereuses de l'Association canadienne des chefs de pompiers, ou ACCP, qui représente les 3 200 services d'incendie du pays.
Je suis accompagné par Mme Tina Saryeddine, Ph. D., directrice générale de l'ACCP. Nous apprécions l'invitation à traiter du transport de marchandises dangereuses par rail.
L'an dernier, à l'occasion du 10e anniversaire de la tragédie de Lac-Mégantic, l'Association, en collaboration avec Transports Canada, a publié un résumé de l'état des recommandations formulées à la suite de la plus importante tragédie ferroviaire au Canada. Nous avons fourni à la greffière une copie de cet article.
Je soulignerai certaines des mesures prises, puis je parlerai de quelques-unes des vulnérabilités restantes et de nos recommandations en faveur d’une administration nationale des incendies et du renouvellement de l'équipement de préparation aux situations d'urgence.
Tout d'abord, l'ACCP tient à exprimer sa solidarité avec les habitants de Lac-Mégantic, les personnes décédées, les 1 000 pompiers qui sont venus les aider et toutes les collectivités qui ont vécu une tragédie d'une telle ampleur. Nous ne les oublions pas. Ils nous inspirent pour un avenir meilleur.
À cet égard, après Lac-Mégantic, le Bureau de la sécurité des transports, le BST, a formulé cinq recommandations. En 2023, trois d'entre elles ont été mises en œuvre et deux sont en cours de mise en œuvre en ce qui concerne la surveillance réglementaire et la gestion de la sécurité.
Le gouvernement a interdit les équipes composées d'une seule personne dans les trains transportant des marchandises dangereuses et il a établi de nouvelles normes pour rendre plus robustes les wagons-citernes transportant des liquides inflammables. Il a établi des règles plus strictes en matière de responsabilité en cas d'accident, abaissé les limites de vitesse dans les zones rurales et urbaines, et donné à Transports Canada des pouvoirs d'exécution plus importants.
L’ACCP a, de son côté, participé à l'élaboration du programme de formation intitulé « Intervention d'urgence canadienne lors d'incidents impliquant des liquides inflammables en transport », qui est disponible gratuitement. Les sociétés ferroviaires ont quant à elle mis au point des produits comme l'application AskRail, d'une grande utilité pour les premiers répondants.
Transports Canada a augmenté le nombre d'inspecteurs de la sécurité ferroviaire de 107 en 2013 à 155 en 2022, et quadruplé le nombre d'inspecteurs des marchandises dangereuses en le portant de 30 à 188. Le ministère a adopté l'ordre no 36 pour s'assurer que les autorités compétentes ont accès à l'information sur les marchandises dangereuses qui traversent leurs collectivités.
Le Centre canadien d'urgence transport, CANUTEC, effectue un travail important et nous le félicitons.
Les leçons de Lac-Mégantic ne sont donc pas restées lettre morte. Cependant, c'est une chose d'évaluer les problèmes du passé, c'en est une autre d'être proactif et de demeurer très vigilants en toute circonstance. Comme le BST l'a conclu à juste titre, la tragédie de Lac-Mégantic n'est pas attribuable à un seul problème, à une seule personne ou à une seule organisation, mais à une convergence de facteurs. Aujourd'hui, nous faisons face à la confluence de nouveaux défis.
La semaine dernière, près de 50 de mes collègues chefs des pompiers étaient à Ottawa. Ils ne sont pas venus ici pour parler de sécurité ferroviaire, mais ils auraient pu le faire. Ils ont évoqué des questions de protection-incendie et de sécurité des personnes dans les codes du bâtiment, l’utilisation d’explosifs, les feux de forêt et le changement climatique, les véhicules électriques et la construction rapide de logements comme autant d'exemples de la raison pour laquelle le Canada a besoin de mettre en place une administration nationale des incendies. Non seulement chacune de ces questions comporte des risques, mais leur convergence pourrait constituer un désastre aux proportions tragiques dans les angles morts des décideurs politiques.
Le transport ferroviaire de marchandises dangereuses ne fait pas exception à la règle. Une autre tragédie ferroviaire impliquant des marchandises dangereuses peut-elle se produire aujourd'hui et comment pouvons-nous l'éviter ? Nous avons besoin à la fois d'une coordination nationale et d'un renforcement des capacités locales.
Dans ma région de Chatham-Kent, l'équipe de lutte contre les matières dangereuses la plus proche se trouve à Windsor, à 90 minutes de route. Des plans d'intervention d'urgence sont peut-être en place, mais je ne les ai pas encore vus. Dans d'autres villes et villages — jusqu'à 56 % d'entre eux —, l'équipement doit être mis à jour. C'est pourquoi nous demandons au gouvernement fédéral de relancer l'investissement dans les équipements de secours et de lutte contre les incendies par le biais d'un programme à frais partagés avec d'autres paliers de gouvernement. Il n’incombe pas au gouvernement fédéral d'acheter de l'équipement, mais c'est à lui de veiller à ce que le Canada soit bien équipé et bien préparé.
Au niveau national, les nouveaux risques doivent être coordonnés pour éviter les catastrophes de demain. Ils ne peuvent pas être étudiés en vase clos, par comité ou par département. Ils ne peuvent être étudiés uniquement à Ottawa ou de manière isolée. Il faut une approche globale, nationale et systématique et une supervision des questions de protection-incendie et de sécurité des personnes en coordination avec les experts des services d'incendie.
C'est ce qu'une administration nationale des incendies pourrait fournir. C'est ce que font d'autres pays. C'est ce dont nous avons besoin dans les circonstances. Ce n'est pas une question de compétence ou d'argent. Il s'agit de relier l'expertise en la matière et la coordination des politiques de manière proactive, et non rétrospective. C'est la recommandation la plus importante que nous vous adressons.
Nous vous remercions à l'avance d'en tenir compte. Nous vous remercions de votre attention et de votre temps.
Nous répondrons volontiers à vos questions.
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Merci, monsieur le président. Je suis heureux de prendre la parole devant le Comité au nom de l'Association canadienne de l'industrie de la chimie.
Notre industrie des produits chimiques et du plastique est la troisième en importance dans le secteur manufacturier canadien, et le deuxième plus important expéditeur par rail. Environ 80 % de notre production canadienne est expédiée par rail, et nous prenons très à cœur les responsabilités qui nous incombent d'assurer la sécurité de la production, de la manutention et du transport de nos produits.
Nous ne nous contentons pas de respecter les exigences réglementaires. Nous les dépassons largement. Nous pourrons répondre à certaines de vos questions précédentes si vous jugez que c'est à propos.
Il y a 40 ans ce mois‑ci, en réaction au déraillement de train survenu à Mississauga et à d'autres incidents, notre Association a lancé l'initiative Gestion responsable pour améliorer le rendement en matière de sûreté, certes, mais surtout pour bâtir la confiance des collectivités où nous exerçons nos activités et à travers lesquelles nos produits sont transportés. Actuellement, l'adhésion à notre Association est conditionnelle à la participation au programme Gestion responsable. Ce programme comporte une longue liste d'engagements en matière de sécurité du transport et, tous les trois ans, la conformité des entreprises membres à ces engagements fait l'objet d'un contrôle, y compris celui qui concerne la gestion des urgences dans les transports.
Deux éléments du programme Gestion responsable touchent plus particulièrement le transport des marchandises dangereuses.
Le premier, très clairement, est notre engagement à l'égard du droit du public de connaître et de comprendre les risques et les avantages associés aux produits transportés à travers leurs collectivités par train, par camion, par bateau ou par pipeline. En partenariat avec l'Association des chemins de fer du Canada, nous dirigeons le programme TRANSCAER, axé sur la sensibilisation des collectivités aux risques du transport et l'intervention en cas d'urgence. Les membres de TRANSCAER collaborent avec des fonctionnaires municipaux, des intervenants d'urgence, salariés ou bénévoles, ainsi que des riverains des voies de transport. Nous leur prêtons assistance pour la mise au point et l'évaluation de leurs propres plans communautaires d'intervention d'urgence.
Un des moments forts, ou si vous préférez une des cartes maîtresses des séances de sensibilisation et d'éducation est le train de sécurité, une voiture convertie en salle de classe roulante. Ce train parcourt le Canada entre le printemps et l'automne et, dans les nombreuses collectivités où il s'arrête, il devient un point de convergence où les expéditeurs, les sociétés ferroviaires et les entrepreneurs en intervention d'urgence, les premiers répondants et les élus tissent des liens, échangent sur les marchandises transportées et réfléchissent ensemble aux mesures à prendre pour assurer leur gestion en toute sécurité. Des formations pratiques sont offertes aux premiers répondants et aux membres de la collectivité, de même que des activités de sensibilisation sur les produits transportés à travers la collectivité et les risques associés. Du soutien à la préparation est aussi donné aux premiers répondants appelés à intervenir en cas d'urgences impliquant les marchandises de nos membres.
Le plus important, et ce dont on nous parle constamment, est l'effet bénéfique du programme TRANSCAER sur le climat de confiance et l'établissement de liens entre les premiers répondants au sein des collectivités et de l'industrie. Qu'il s'agisse des transporteurs, des sociétés ferroviaires ou des entrepreneurs en intervention d'urgence, chacun connaît son rôle et celui des autres une fois qu'ils arrivent sur les lieux. Ils se sentent en confiance et ils savent que l'information qui leur est transmise est pertinente et juste.
Dans les dernières années, comme M. Case l'a dit tout à l'heure, le transport des marchandises dangereuses a beaucoup retenu l'attention. Une série de réformes réglementaires ont été apportées et c'est avec grand bonheur que nous et l'Association des chemins de fer du Canada avons constaté que plusieurs organismes étaient disposés à nous prêter main-forte pour poursuivre nos efforts de sensibilisation dans le cadre du programme TRANSCAER en s'engageant à mobiliser et à former les premiers répondants. Les organismes qui nous ont emboîté le pas sont notamment Assistance d'intervention d'urgence du Canada, l'Association canadienne des chefs de pompiers, l'Alliance canadienne des entrepreneurs en interventions d’urgence, l'Association canadienne des carburants et Distribution responsable Canada.
Le second élément est l'obligation pour nos membres de faire appel uniquement à des professionnels agréés — un thème qui a été évoqué dans vos questions tout à l'heure —, dont le personnel est dûment formé et qui utilisent du matériel de manutention adapté aux marchandises expédiées par nos membres.
Le personnel d'intervention d'urgence n'est pas un groupe uniforme. Il existe des disparités sur les plans de la formation ou de l'accès au matériel requis pour intervenir en situation d'urgence mettant en cause les produits de nos membres.
Ces questions relèvent d'une autre initiative, le Programme de secours d'urgence-transport, ou TEAP. Nous en sommes en fait à la troisième version, appelée TEAP III. Grâce au TEAP et à nos partenaires, nous avons établi et maintenu un réseau national d'intervention d'urgence qui peut atténuer les impacts d'un incident de transport de produits chimiques de manière sûre et efficace partout au pays. Des normes s'appliquent et des contrôles de conformité sont effectués périodiquement. Les entrepreneurs en intervention d'urgence doivent être agréés. Le processus d'agrément permet d'assurer la pertinence et la qualité de la formation des personnes qui interviennent dans ce genre de situations d'urgence.
Nous collaborons avec beaucoup d'autres groupes, dont l'Association des chemins de fer du Canada, les deux sociétés ferroviaires de catégorie 1 et bien d'autres dans le cadre de ce processus.
Je suis très fier du travail que nous accomplissons pour assurer la sécurité du transport. Le nombre et la gravité des incidents rapportés par nos membres ont grandement diminué, mais la sécurité des transports, et particulièrement quand des marchandises dangereuses sont en cause, exige une vigilance et une volonté d'amélioration de tout instant. Nous tenons à souligner le travail du Comité et nous lui sommes reconnaissants de se pencher sur les activités de ce secteur.
Le transport des marchandises dangereuses est sans contredit le domaine où les politiques publiques ont subi le plus de changements et de réformes depuis une douzaine d'années. C'était nécessaire. L'esprit dans lequel Transports Canada, le gouvernement du Canada et les intervenants abordent cette transformation ne se retrouve dans aucun autre des domaines de politique publique avec lesquels nous sommes appelés à collaborer. Même la participation à cette discussion et les interactions au sein du Comité sont des expériences uniques pour nous. Vous devez garder à l'esprit que tous les intervenants concernés sont déterminés à faire progresser ce travail.
Nos activités bénévoles dans le cadre du programme Gestion responsable ne remplacent pas le processus réglementaire. Jamais vous ne nous entendrez prétendre le contraire. Toutefois, elles montrent très clairement qu'une industrie engagée peut établir et exiger des normes de rendement qui vont bien au‑delà d'une réglementation qui répond aux attentes des Canadiens.
Merci de me donner l'occasion de participer à vos travaux. Je suis impatient de répondre à vos questions, et surtout à celles qui porteront sur les nombreuses améliorations de la sécurité ferroviaire et de la sensibilisation de la collectivité à cet égard.
Merci beaucoup de m'avoir accordé votre temps.
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Merci, monsieur le président.
D'abord, je veux remercier et féliciter les membres du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités d'avoir entamé cette consultation. Je réalise aussi que le fait d'avoir entendu MM. Masterson et Case me permet de me situer entre les deux, puisque l'un produit les produits dangereux, tandis que l'autre intervient en cas d'incident ou d'accident.
J'aborderai trois points: la sécurité de notre communauté, la préparation aux situations d'urgence et l'importance d'accorder une attention particulière aux communautés rurales. Toutefois, je vais d'abord faire une mise en contexte.
Saint‑Basile‑le‑Grand est une ville semi-urbaine qui compte 17 500 habitants et dont 78 % du territoire est agricole et protégé. Plusieurs convois de marchandises traversent chaque jour notre cœur villageois ainsi que l'ensemble de notre territoire, et ce, sans s'y arrêter. Plus de 500 villes et villages du Québec vivent la même situation.
Chez nous, les principales sources de danger résident dans l'absence d'information préventive sur les matières dangereuses transportées par train, ainsi que dans l'appréhension d'un déraillement de convoi en milieu urbain. Je pense que vous en avez la liste en main, mais voici quelques-uns des dangers qui guettent notre municipalité: la vitesse des convois de marchandises qui traversent notre municipalité; le nombre de wagons par convoi; les erreurs de signalisation, comme les barrières abaissées sans présence de train; les trains immobilisés sur la voie ferrée, scindant la ville en deux; et le transfert de matières dangereuses inconnues de la municipalité, alors que c'est elle qui doit intervenir en cas d'accident ou d'incident.
Depuis deux ou trois ans, la situation s'est aggravée. Il y a maintenant plus de vibrations causées par le passage de trains, et ce, jour et nuit. Il y a aussi le bruit lié aux claquements, qui est extrêmement dérangeant. Même l'hiver, lorsque les fenêtres sont fermées, ce bruit est perceptible.
Aujourd'hui, il arrive fréquemment que l'on puisse compter plus de 200 wagons par convoi, et ce, sans connaître les matières dangereuses qu'ils contiennent, alors que ce sont les villes qui doivent intervenir d'urgence lorsqu'il y a un accident provoqué par l'activité ferroviaire sur leur territoire.
Outre les dommages possibles à long terme causés au solage et aux structures des maisons et des édifices publics, le territoire de Saint‑Basile‑le‑Grand est littéralement scindé en deux par la voie ferrée. Le passage d'un long train peut rapidement créer un effet de cloisonnement et augmenter considérablement la congestion automobile, bloquant ainsi complètement la voie d'entrée et de sortie de la partie sud de la ville lorsqu'il y a une urgence médicale ou un incendie. Il devient donc impossible de sortir de la ville.
Le pire est aussi appréhendé, soit un déraillement exposant nos populations à des matières toxiques ou inflammables. La présence d'une voie ferrée en plein cœur d'une ville comme Saint‑Basile‑le‑Grand entraîne des problèmes considérables, tant sur le plan de la sécurité et du bien-être des citoyens que sur celui de la fluidité du déplacement automobile et piétonnier.
Au cours des dernières années, un consensus s'est dégagé quant à la nécessité d'amener les entreprises ferroviaires à tenter d'éliminer le danger à la source. C'est notamment la volonté de l'Union des municipalités du Québec. Ce n'est pas simple, on doit le reconnaître, mais il y a sûrement des solutions. Pour ce faire, on doit prendre acte maintenant d'une réalité à laquelle nous nous heurtons quotidiennement et à laquelle il faut s'adapter: le train est le meilleur moyen de transport de masse des personnes. Le transport collectif est aussi un des meilleurs moyens de contrer les émissions de gaz à effet de serre.
Par ailleurs, il y a une incompatibilité d'usage entre les trains de passagers et les trains de marchandises. Pour répondre à votre question principale, je dirais aussi que nous devons nécessairement envisager des tronçons de voie ferroviaire exclusifs dans certains lieux pour chacun des usages, c'est-à-dire pour le transport de marchandises et le transport de personnes.
En conclusion, de nos jours, il n'y a plus d'obligation à ce que les convois de marchandises traversent les villes. Il fut une époque où le commerce agricole rendait nécessaire l'arrêt des convois dans toutes les municipalités, ou presque. Cette époque est maintenant révolue. Pourquoi ne pas élargir le spectre de possibilités qui pourraient rendre plus sécuritaire le transport des marchandises et, par le fait même, éliminer les dangers à la source? Nous pourrons vous faire certaines suggestions en répondant à vos questions.
Nous vous remercions de votre attention.
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C'est difficile de remonter jusque‑là. C'est assez loin en arrière. Ce serait plus facile pour moi de parler de la situation actuelle et de ce qui s'en vient.
Quel était l'objectif? L'objectif général de Gestion responsable était de bâtir la confiance. L'adage veut que les gens ne s'intéressent pas à ce que vous savez tant qu'ils ne savent pas à quel point vous vous sentez concernés. Notre objectif est de faire comprendre aux collectivités où nous exerçons nos activités et à travers lesquelles nos produits sont transportés que nous nous sentons vraiment concernés, que nous savons ce qu'il faut faire ou non, que nous voulons avoir leur point de vue à ce sujet et que c'est possible d'y arriver. Et comme je l'ai dit, cela comprend le transport.
Les collectivités manquent de ressources, c'est clair. Ce n'est pas toujours au haut de leur liste de priorités parce qu'elles ont énormément de défis à relever. Notre devoir est de les aider à se préparer du mieux possible.
Ces dernières années, il a été particulièrement intéressant de constater l'attention accrue qui a été accordée aux collectivités où les premiers répondants sont des bénévoles. Une de nos initiatives récentes — le programme Gestion responsable évolue sans cesse, tout comme TRANSCAER — a été d'intégrer, avec le soutien du gouvernement du Canada, la réalité virtuelle au programme TRANSCAER. Quand ils mettent le casque de réalité virtuelle, les participants peuvent faire la visite et passer d'un module de formation à l'autre comme s'ils étaient réellement dans la voiture de train.
Le plus souvent, quand nous tenons un événement TRANSCAER dans une grande collectivité comme Sarnia ou London en Ontario, ou Medicine Hat en Alberta, l'objectif est de rassembler tous les premiers répondants pendant deux ou trois jours. Ils font des simulations de déraillement. Ils discutent avec les expéditeurs et les sociétés ferroviaires. Le programme est très chargé et les personnes qui cumulent un emploi à temps plein et leurs fonctions de pompiers volontaires n'ont pas de temps pour ces activités.
Nous essayons de nous adapter aux réalités du monde moderne et de faire en sorte que ces collectivités aient aussi accès à ces programmes. C'est un exemple.
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Je dirai tout d'abord que la réponse est oui. Une des principales mesures adoptées après la tragédie de Lac-Mégantic a été ce qu'on appelle « l'ordre n
o 36 », qui oblige les sociétés ferroviaires à informer, deux fois par année, les municipalités inscrites relativement aux marchandises dangereuses transportées sur leur territoire.
Est‑ce qu'elles reçoivent cette information pour chaque envoi? Non, pas toujours en avance… Je vais y revenir. M. Case en a aussi parlé. C'est le premier élément. Chaque collectivité peut consulter la liste des marchandises qui traversent son territoire, et c'est elle qui décide comment cette information sera transmise à ses citoyens.
Le deuxième élément que M. Case a mentionné, qui a une grande importance, est l'application AskRail. Elle permet aux premiers répondants, ou à quiconque y est inscrit, de se renseigner sur un wagon-citerne. Par exemple, le maire qui se plaint qu'il ne sait pas ce que contiennent les wagons-citernes à une intersection… Il suffit d'entrer le numéro du wagon-citerne pour savoir ce qu'il transporte. Cette information est donc accessible.
Il a aussi été question de CANUTEC, qui fournit de l'information après le fait. Après un incident, on peut obtenir de l'information instantanée auprès du service CANUTEC, 24 heures sur 24, sept jours sur sept.
Les premiers répondants, surtout ceux qui ont des compétences, et les gens… Je rappelle que des contrôles sont effectués sur une base régulière dans le cadre des plans d'intervention d'urgence. C'est une des exigences. En règle générale, les entreprises, ou quiconque est responsable du plan d'intervention d'urgence — ce peut être l'expéditeur, la société ferroviaire ou une entreprise de camionnage —, les entrepreneurs en intervention d'urgence et les premiers répondants qui interviennent sur les itinéraires de transport d'un produit en particulier se réunissent tous les ans pour rafraîchir leurs connaissances concernant ce produit ou cette substance chimique, ce qui est transporté et les méthodes d'intervention en cas d'incident.
Il y a beaucoup d'éléments, mais ce sont les principaux pour ce qui concerne l'accès à ce genre d'information.
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Entre vous et M. Lessard, vous avez abordé la plupart des problèmes en cause.
Si vous parlez de votre propre région, ce sont des volontaires qui assurent le service.
Comme vous l'avez vu dans notre recensement, 56 % des services d'incendie sondés ont du mal à maintenir un équipement élémentaire de lutte contre les incendies, et ce, en raison de l'augmentation massive du coût des camions de pompiers au cours des deux dernières années et de l'augmentation du coût de la formation et de l'équipement de protection individuelle.
Ce dont nous parlons aujourd'hui, c'est d'une intervention hautement technique dans le cadre d'un incident très complexe portant sur des matières dangereuses, une situation qui mettrait à l'épreuve n'importe quel chef de pompiers.
En ce qui concerne les risques, vous avez tout à fait raison. Nous avons beaucoup parlé de préparation, de renforcement des wagons et de prévention des incidents, mais nous parlons aussi maintenant de l'inconnu.
Notre métier, c'est l'imprévisible. Nous sommes les personnes que l'on appelle en cas d'incident imprévisible, et il est vraiment difficile de maintenir un niveau de réaction de cette envergure sur une zone aussi étendue. Il serait également très difficile pour votre municipalité locale de financer l'échelle de réponse qui pourrait être nécessaire pour faire face à un incident aussi catastrophique.
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Merci, monsieur le président.
Chef, j'aimerais approfondir un peu plus le sujet de la planification globale et des protocoles dont vous êtes partie. Très franchement, lorsque vous voyez le groupe ici aujourd'hui, il s'agit pour la plupart de personnes qui seraient autrement autour de la table lors de situations de ce genre.
La prévention est primordiale, et avec elle vient l'atténuation de l'effet des catastrophes, chose dans laquelle ce gouvernement a investi au cours des trois ou quatre dernières années, tant du point de vue opérationnel que de celui des capitaux, ce qui est extrêmement important.
Sur le plan opérationnel, les équipes d'intervention en cas d'urgence chimique sont également importantes; elles évaluent les risques au sein de la municipalité, ce sur quoi je reviendrai dans un instant, et reconnaissent, comme on vient de le dire, les secteurs bien équipés — chemins de fer, industrie, etc. — du point de vue de l'équipement ou de la planification générale avec les équipes d'intervention en cas d'urgence chimique qui font partie de la collectivité.
Ce qui est également important, c'est le capital, et quand je dis le capital, je veux dire qu'il faut vraiment prendre en considération la planification secondaire et reconnaître que si un train fuit, le produit peut s'infiltrer dans le réseau d'aqueduc, et donc reconnaître à quel point il est important que les ingénieurs de la ville, les services publics et autres fassent également partie du processus, en ce qui concerne la coordination, la formation et la communication.
Comment informez-vous le public? En général, tout est calme à trois heures du matin, alors comment le public est-il informé qu'il ne doit pas boire l'eau le lendemain? Bien sûr, il y a des plans et des protocoles qui s'y rattachent.
Cela dit, je vous demande, monsieur le chef, de nous expliquer le processus. Premièrement, qui devrait être à cette table? Deuxièmement, donnez-nous un exemple des modèles de prévention auxquels vous participez avec ces personnes. Troisièmement, jusqu'où allez-vous avec les personnes que vous incluriez autrement à cette table, y compris non seulement les intervenants d'urgence évidents, mais d'autres aussi dans les opérations de la ville, les secteurs de compétence et autres qui sont particulièrement pertinents dans ces situations précises? Et d'ailleurs, qu'en est-il du capital nécessaire pour payer tout cela?
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Nous entrons ici dans deux domaines très différents. Il y a l'intervention d'urgence et la gestion des urgences. Dans de nombreuses régions, le chef des pompiers est à la fois coordonnateur de la gestion des urgences et chef des pompiers.
En cas d'incident, l'intervention d'urgence est immédiate. Le niveau d'intervention est déterminé par le conseil, que ce soit la lutte contre les matières dangereuses, des opérations techniques ou simplement la conscientisation. Par conscientisation, on entend déterminer ce qui est en feu, ce qui est en cause et appeler de l'aide. C'est à peu près tout ce qu'ils peuvent faire, et ils peuvent ensuite procéder à des évacuations, etc.
Si le feu commence à toucher un grand nombre de personnes, comme vous le savez, le maire peut déclarer une situation d'urgence. Un centre d'opérations d'urgence est créé, et c'est à ce moment-là que l'on fait appel aux partenaires de l'industrie. Tous les partenaires de la collectivité, comme le directeur des personnes sous contrôle, la police, les services médicaux d'urgence, les pompiers et tous les services municipaux. Même certains organismes de charité se retrouvent à la table pour essayer de gérer l'incident et de soutenir les opérations en cours.
C'est énorme, et je parle en tant que personne qui a eu trois urgences en cours simultanément, cela paralyse pratiquement la municipalité, et tout le monde ne travaille que pour faire face à une urgence. Cela prend énormément de temps et a un impact considérable sur tout le personnel, sans parler du traumatisme réel que cela entraîne pour la collectivité.
Pour répondre à votre question, cela dépend beaucoup de ce à quoi nous avons affaire.
Je dirai une chose. Lorsque la tragédie de Lac-Mégantic s'est produite, j'étais encore au Royaume-Uni. Nous l'avons étudiée en tant que pompiers et je me souviens avoir vu un pompier dire qu'il était arrivé devant un mur de feu et qu'il n'y avait rien à faire. Il n'y a rien qui provoque plus un sentiment d'impuissance dans l'esprit d'un pompier que d'arriver sur les lieux d'un incident sans pouvoir faire quoi que ce soit.
C'est le problème auquel on est confronté. Nous pouvons avoir toutes les questions de sécurité que nous voulons et nous pouvons avoir tous les plans de sécurité, mais dans le laps de temps qui s'écoule entre le moment où l'incident se produit et celui où nous prenons le contrôle de la situation, c'est là que le temps appartient à la collectivité.
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Merci, monsieur le président.
Je vais poursuivre un peu sur les commentaires de M. Masterson, de l'Association canadienne de l'industrie de la chimie. Il a dit que des faussetés auraient été véhiculées, voulant que l'entièreté de la responsabilité concernant les risques et les coûts repose sur les municipalités.
Monsieur Lessard, je vais peut-être poser ma question différemment.
À votre connaissance, la compagnie ferroviaire dans votre région, qui fait le transport de marchandises dangereuses, a-t-elle déjà assumé les coûts de casernes de pompiers? A-t-elle déjà assumé des coûts pour de l'équipement? Est-ce qu'elle paie pour les pompiers qui sont en fonction?
Je ne sais pas s'il s'agit du Canadien National ou du Canadien Pacifique dans votre région. Je présume qu'il s'agit du Canadien National.
Je ne suis pas spécialiste de la façon dont cela fonctionne, en général. Toutefois, à ma connaissance, les compagnies ferroviaires contribuent peut-être à la formation ou à l'information qui vous est donnée. Cependant, votre municipalité assume-t-elle tous ces autres coûts, ou est-ce que les compagnies ferroviaires y participent également?
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J'ai trois réponses rapides à faire.
Tout d'abord, il y a eu une erreur tout à l'heure. Ce ne sont pas les chemins de fer qui préparent les plans d'intervention d'urgence, les PIU. Ce sont les producteurs ou les importateurs de la substance réglementée qui préparent les PIU et la manière dont ils doivent être appliqués. C'est là un renseignement important à connaître pour bien comprendre.
Encore une fois, le PIU mentionnera les moyens de confinement, qui varieront en fonction de la marchandise en question. Il est certain que vous souhaiterez peut-être vous pencher un peu plus sur les risques d'inhalation des substances toxiques et sur quelques substances — que ce soit l'ammoniac, le chlore ou l'oxyde d'éthylène — et sur la manière de les gérer.
Une des choses à retenir, lorsqu'il s'agit de prévention — et c'est également très important —, c'est que, lorsque l'industrie a le choix, elle n'expédie pas ces produits. Si vous fabriquez de l'oxyde d'éthylène et que vous avez un client qui veut le transformer en un autre produit, devinez quoi? Vous allez vous installer sur le site en question, de sorte qu'il n'est pas nécessaire de l'acheminer sur les voies ferrées.
En revanche, lorsqu'il s'agit d'agriculture et qu'il faut déplacer de l'ammoniac anhydre, ou de traitement de l'eau pour les municipalités, ces marchandises doivent être déplacées. Il y a des risques résiduels qui ne peuvent être surmontés, mais les questions sont les suivantes. Prenons-nous davantage de mesures de prévention et sommes-nous mieux préparés à réagir? Ce sont deux questions différentes, et elles sont toutes deux très importantes pour les travaux de ce comité.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Case et monsieur le maire, je voudrais vous offrir l'occasion d'approfondir un peu l'idée d'une administration nationale des incendies. Il semble que ce soit le sujet qui vous passionne en ce qui concerne la mise en place de cette administration. À dire vrai, je suis d'accord avec vous. Un point de contact unique est très utile pour simplifier la concertation des partenaires concernés dans une situation donnée.
Encore une fois, j'ai vécu des situations où, à trois heures du matin, un navire entrait dans le canal Welland et tous ses occupants étaient malades, sans que nous en connaissions la cause. Le problème était confié à mon chef des pompiers plutôt qu'à Santé Canada. C'était très frustrant. Le simple fait d'avoir ce protocole en place avant le fait, plutôt que d'essayer de le gérer pendant ou même après le fait, serait bénéfique.
Puis-je d'abord vous demander de nous soumettre le rapport dont vous êtes l'auteure, Mme Saryeddine — pas vous, mais votre association — afin que nous puissions l'inclure dans le témoignage? Il serait versé au dossier et inclus dans les recommandations finales ou le rapport final et, par conséquent, dans les recommandations que les analystes nous fourniront.
Cela dit, j'aimerais que vous nous fassiez part de vos observations sur la gestion des urgences selon les priorités locales, provinciales et nationales et sur l'harmonisation de ces priorités. Je sais que c'est l'une de vos priorités dans le plan de mise en oeuvre de l'administration nationale des incendies. J'aimerais que vous nous en parliez un peu plus en détail et que vous nous disiez comment, en particulier dans notre cas, cela cadre avec notre compétence en matière de priorités nationales.
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À ce sujet, comme je l'ai dit, il y a une réalité liée aux coûts, avec laquelle je suis sûr que vous composez tous les jours. Vous avez raison, le maintien de l'ordre est davantage lié aux ressources humaines. Je pense que 95 à 96 % du budget de la police est consacré aux ressources humaines — par une convention collective — et environ 4 ou 5 % aux immobilisations, pour l'équipement, etc.
Les services médicaux d'urgence, comme vous l'avez mentionné à juste titre, sont couverts à moitié par les provinces, tandis que vous êtes simplement couverts par les contribuables locaux. Cela inclut vos ressources humaines ainsi que votre équipement de suppression, vos véhicules, et la liste est longue — totalement tributaire des coûts supportés par les contribuables. Lorsque nous sommes confrontés à des situations telles que les incendies de forêt, les changements climatiques et l'atténuation des catastrophes, les coûts sont à nouveau supportés par les contribuables qui paient l'impôt foncier et les taxes pour l'eau et les égouts, ce qui peut constituer un fardeau pour eux.
Dans ce contexte, pensez-vous qu'avec les nombreux mécanismes que nous mettons en place à tous les ordres de gouvernement — à l'échelle fédérale, nous avons la taxe sur le carbone — une partie devrait aller aux municipalités pour couvrir certains de ces coûts qui, autrement, seraient à la charge des contribuables?
Nous avons le Fonds d'atténuation et d'adaptation en matière de catastrophes. Nous avons le Fonds pour le développement des collectivités du Canada et la liste des contributions fédérales ne s'arrête pas là.
Nous nous attendons à ce que les provinces fassent de même et, bien sûr, à ce que d'autres partenaires, comme le secteur privé, au sein de leurs propres organisations et secteurs, fassent de même. Pensez-vous que d'autres mécanismes de financement pourraient être mis à disposition pour couvrir une partie de ces coûts?
Madame Saryeddine?
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Merci, monsieur le président.
D'entrée de jeu, je voudrais remercier monsieur Case de son témoignage. Je n'ai pas eu l'occasion de lui poser des questions jusqu'à présent, mais j'aurai peut-être l'occasion de le faire plus tard, en fonction du temps de parole que j'aurai.
Je voulais réagir à quelque chose qui a été soulevé par un de mes collègues, soit la question du transport de batteries, qui est une nouvelle technologie. Je trouve cela pertinent et intéressant. Comment pourrait-on intervenir là-dessus? Néanmoins, je m'interroge à savoir si c'était une question intéressée ou désintéressée.
On parle de transport de marchandises dangereuses en général. Quand je parle aux citoyens dans ma circonscription, cette préoccupation ressort. Ce qui s'est passé à Lac-Mégantic est en lien avec le transport de marchandises dangereuses. Comme l'a dit le maire de Saint‑Basile‑le‑Grand, la préoccupation est la même dans son secteur.
En général, les gens nous parlent principalement du transport de ces fameux produits pétroliers, parce que c'est la marchandise dangereuse qui circule le plus sur nos rails. Dans le cas de la tragédie de Lac-Mégantic, des produits pétroliers ont explosé et ont causé la destruction de la ville et la mort de 47 personnes. Dans ma circonscription, les gens craignent les effets du transport de ces mêmes produits pétroliers, surtout depuis la construction des installations de Kildair à Sorel.
Monsieur Lessard, vous disiez plus tôt que la meilleure stratégie pour prévenir ce genre de catastrophe était d'éliminer le risque à la source. Pour éliminer le risque à la source, il faut que moins de produits pétroliers circulent sur nos rails. Présentement, au Québec, mais ailleurs dans le monde aussi, on travaille à la transition énergétique, on travaille à se sortir du pétrole en éliminant ces produits de la circulation, ou du moins en limitant grandement leur quantité. Croyez-vous que cela fait partie de la solution?