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Je vous remercie, monsieur le président et membres du comité, de nous avoir invités à comparaître devant vous aujourd'hui pour contribuer à votre étude sur l'élaboration d'un plan de conservation national.
Pour vous aider à comprendre notre point de vue, nous avons cru bon de vous donner d'abord un aperçu d'Earth Rangers et de nos programmes.
Earth Rangers est une ONG nationale qui s'est fixé pour but de transmettre aux enfants un message positif à base scientifique sur l'importance de protéger la biodiversité. Grâce à nos programmes interactifs dans les écoles et les centres communautaires, à notre vaste communauté en ligne et à notre présence quasi quotidienne à la télévision, nous sensibilisons plus d'un million d'enfants canadiens chaque année et leur inspirons le goût de participer directement à la protection des animaux et de leur habitat, notamment grâce à notre programme Bring Back the Wild.
Dans notre réflexion sur la portée et les objectifs d'un plan de conservation national, nous avons tenté d'imaginer ce qui tient à coeur à notre principal public cible, les enfants.
Il y a quelques années, nous avons mené une vaste étude partout en Amérique du Nord sur les questions environnementales auxquelles les enfants s'intéressent et sur les éléments qui les inciteraient à s'occuper davantage de la protection des animaux. Les résultats de cette étude ne laissaient planer aucun doute: la principale préoccupation des enfants est de protéger les animaux sauvages et leur habitat. Les enfants estiment également que, pour s'engager davantage, ils ont besoin de savoir que leurs actions ont une incidence positive directe sur la vie des animaux sauvages. Pour bien vous faire comprendre leur dévouement, j'aimerais vous lire des extraits de deux des milliers de lettres d'enfants que nous recevons chaque année.
La première est de Jill, 7 ans:
J'ai toujours aimé les animaux et, lorsque j'ai donné 50 $ pour le faucon pèlerin, j'étais tellement heureuse d'avoir pu finalement faire quelque chose pour un animal. Toute ma vie, j'ai voulu aider les animaux. La façon dont vous permettez aux gens d'aider les animaux est incroyable.
La seconde est d'Alex, 9 ans:
Je m'appelle Alex et je suis un Earth Ranger. J'aime les animaux, tous les animaux. C'est pour cela que je suis devenu un Earth Ranger. Quand je serai grand, je voudrai être vétérinaire. J'ai choisi d'aider à protéger le caribou des bois parce que c'était Noël et que le père Noël avait besoin de ses rennes. Le Canada a tellement d'animaux fantastiques. Je ne veux pas qu'ils disparaissent tous avant que je sois grand. Je crois que plus d'enfants devraient devenir des Earth Rangers parce que c'est à nous de sauver les animaux sauvages du Canada. Je m'appelle Alex et j'aime les animaux.
À Earth Rangers, nous avons une vision très ambitieuse: protéger suffisamment d'habitats pour assurer la survie à long terme de toutes les espèces du Canada. Les enfants et nous-mêmes croyons que le plan de conservation national devrait avoir pour but et principe directeur de rassembler et de mobiliser les Canadiens pour protéger la biodiversité.
À notre avis, pour qu'un plan de conservation national soit efficace, il doit aller au-delà de la création de zones protégées et de l'adoption de pratiques exemplaires sur l'utilisation des terres et des zones aquatiques. Les choix que nous faisons dans la vie de tous les jours ont également un impact important sur la biodiversité. En effet, nos choix en matière de transport, d'alimentation, de biens de consommation et d'énergie influent tous sur la préservation de la biodiversité.
L'aspect positif dans tout ceci, c'est que nous possédons déjà la technologie et les connaissances nécessaires pour vivre de façon plus durable. Notre centre Earth Rangers pour la technologie durable en est un bon exemple puisqu'il consomme moins du quart de l'énergie qu'il faut en moyenne pour alimenter les édifices commerciaux canadiens. Et ce n'est pas tout: nous continuons de réduire notre consommation d'énergie de plus de 10 p. 100 par an grâce à de nouvelles technologies et de meilleures pratiques.
De ce fait, nous croyons fermement qu'un plan de conservation national devrait inclure une solide stratégie de rayonnement et de sensibilisation qui, à notre avis, devrait être axée sur le meilleur public cible possible, les enfants. Les enfants se préoccupent grandement des questions d'environnement et sont prêts à agir. Nous sommes à même de le constater grâce à notre programme Bring Back the Wild.
Ce programme permet aux enfants de recueillir des fonds pour appuyer l'un des quatre projets relatifs à la protection et à la restauration d'habitats d'animaux sauvages du pays ainsi qu'à la recherche dans ce domaine. Depuis le lancement du programme en avril 2010, nous avons obtenu des résultats incroyables. Plus de 200 000 enfants, partout dans le pays, ont participé de différentes manières, en organisant des ventes d'objets d'art, de gâteaux, de biscuits et de limonade, en faisant don de leurs cadeaux de Noël et d'anniversaire, en vendant des badges et en faisant du porte-à-porte pour recueillir des fonds et sensibiliser le public au sort des animaux sauvages.
Non seulement les enfants s'intéressent grandement aux animaux sauvages, mais ils ont également une influence extraordinaire sur leurs parents et d'autres adultes. Nos Earth Rangers peuvent être un puissant moteur de changement et ils souhaitent le devenir.
Je voudrais vous raconter une petite histoire drôle qui s'est passée le week-end dernier et qui montre bien le pouvoir des enfants.
L'une de nos Earth Rangers, Winter Slade, 7 ans, a décidé d'organiser une fête d'anniversaire sur le thème Bring Back the Wild et a demandé à ses amis de faire des dons pour sa campagne au lieu de lui offrir des cadeaux. Un jour, après l'école, alors qu'elle parlait de son idée de fête à des amis, Winter a entendu des parents se moquer de son projet. L'une des mères lui a même demandé: « Mais pourquoi fais-tu ça? C'est stupide! » Winter et sa mère ont alors décidé de passer à l'action. Elles ont publié cette histoire en ligne. Au cours des deux jours suivants, Winter a reçu des milliers de courriels et de commentaires d'adultes de partout dans le monde. L'histoire a même fait la une du Huffington Post. Des centaines de personnes ont fait des dons pour sa campagne, lui permettant de dépasser largement son objectif de 500 $. Elle en est actuellement à bien plus de 5 000 $.
Je voudrais vous lire un des commentaires envoyés à Winter parce que je crois qu'il montre à quel point les enfants peuvent influencer les grands. Ce message vient d'un adulte vivant quelque part dans le monde, qui a omis de donner son nom:
Winter, ça ne m'arrive pas souvent d'entendre parler d'une personne si jeune qui souhaite réaliser un monde meilleur. Lorsque j'avais ton âge, je voulais des cadeaux, mais, maintenant que j'ai vieilli, tout ce que je souhaite pour Noël et pour mes anniversaires est de rendre les autres heureux et de faire du monde un endroit sûr. Je te félicite de protéger la martre d'Amérique. J'ai appris aujourd'hui, tandis que je faisais un don sur ta page, que les humains sont la plus grande menace à laquelle elle est confrontée (encore plus grande que les aigles et les renards!). Tu n'amasses pas seulement de l'argent pour une bonne cause, mais tu sensibilises également les gens. Quelle façon extraordinaire de célébrer un anniversaire!
Finalement, nous croyons que le plan de conservation national devrait servir à renforcer notre fierté nationale. Ici, au Canada, nous avons vraiment de quoi être fiers. Le Canada a mis sur pied le premier réseau de parcs nationaux du monde, ce qui lui a permis de protéger 12,4 millions d'hectares et de devenir le gardien de la plus grande partie des espaces sauvages qui restent dans le monde. À lui seul, le gouvernement actuel a fait plusieurs annonces importantes, concernant notamment l'agrandissement du parc national Nahanni et l'établissement d'une aire marine nationale de conservation d'un million d'hectares dans la partie ouest du lac Supérieur.
Dans le cadre du plan, les gouvernements, l'industrie et les ONG doivent célébrer ensemble ces succès. Les réunions de votre comité démontrent votre volonté de faire participer tous les Canadiens à la discussion du plan de conservation national.
Nous vous remercions de nous y inclure. Sachez que nous tous, chez Earth Rangers, sommes heureux de contribuer de quelque façon que ce soit à l'élaboration de ce plan.
Merci, monsieur le président.
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Merci beaucoup, monsieur le président et membres du comité. Je m'appelle Len Ugarenko. Je suis le président d'Habitat faunique Canada. Je tiens à vous remercier de m'avoir donné l'occasion de vous présenter quelques idées au sujet de l'élaboration d'un plan de conservation national.
Habitat faunique Canada est un organisme caritatif national sans but lucratif qui a été mis sur pied en 1984 par Environnement Canada, des gouvernements provinciaux et territoriaux et des organismes de conservation. Nous nous efforçons de protéger, de restaurer et d'améliorer les habitats fauniques du Canada en finançant des projets de conservation, en faisant la promotion de l'action en faveur de la conservation et en encourageant la coordination entre les organisations de conservation.
Habitat faunique Canada reçoit la plus grande partie de son financement d'Environnement Canada, grâce à la vente du Timbre sur la conservation des habitats fauniques du Canada. Ce sont principalement les chasseurs à la sauvagine qui achètent le timbre afin de valider leur permis fédéral de chasse aux oiseaux migrateurs. Depuis 1985, Habitat faunique Canada a investi plus de 60 millions de dollars dans plus de 1 500 projets de conservation réalisés sur des terres privées et publiques partout au Canada.
En ce qui me concerne, j'ai plus de 25 ans d'expérience dans la réalisation de projets de gestion de la faune, des pêches et des ressources naturelles au Canada, aux États-Unis, au Mexique et dans les Caraïbes. J'ai ainsi été appelé à travailler de concert avec tous les ordres de gouvernement, des organismes de conservation non gouvernementaux, le secteur des entreprises, l'industrie, les Autochtones et un grand nombre de fondations de tous les coins de l'Amérique du Nord. Je suis l'un des administrateurs fondateurs du Conseil canadien pour les entreprises et la biodiversité, membre du Conseil de la biodiversité de l'Ontario ainsi que du Conseil nord-américain de conservation des terres humides et de l'Initiative de conservation des oiseaux de l'Amérique du Nord. Je me suis donc occupé de conservation pendant toute ma vie, à titre aussi bien personnel que professionnel.
Pour ce qui est de l'objet d'un plan de conservation national, il devrait viser à conserver le capital naturel du Canada afin d'assurer un avenir sûr pour les générations futures. Les ressources naturelles et écosystémiques sont essentielles à la santé de l'environnement et de l'économie. Il devrait également promouvoir la biodiversité et le développement durable, favoriser les partenariats entre le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux et territoriaux, les organismes de conservation et l'industrie afin de progresser vers l'atteinte des buts communs du plan de conservation national.
Le plan devrait avoir pour objectif de conserver et de restaurer les habitats fauniques et de sensibiliser les Canadiens à la conservation des richesses naturelles et de la faune, en mettant l'accent sur les jeunes et les néo-Canadiens. Il faut que le public participe à l'élaboration du plan et contribue à sa mise en oeuvre, si l'on veut qu'il soit couronné de succès. Le gouvernement et le milieu de la conservation ne peuvent pas réussir seuls. Le plan devrait également viser à promouvoir le développement durable en mobilisant différents secteurs, comme ceux de l'agriculture, de l'exploitation minière, de la foresterie et du pétrole et du gaz. Ces secteurs devraient tous être inclus dans un plan de conservation national.
Pour ce qui est des principes directeurs devant orienter le plan de conservation national, il devrait s'agir d'un effort de collaboration avec le milieu de la conservation, les peuples autochtones, l'industrie et tous les ordres de gouvernement. D'autres ministères fédéraux devraient aussi participer, notamment Pêches et Océans, Santé, Agriculture, Affaires autochtones, Ressources naturelles et Immigration.
Le plan de conservation national doit prévoir des mécanismes d'exécution réalistes en ce qui concerne les activités de conservation sur le terrain, sans toutefois devenir trop ambitieux. On ne pourra jamais satisfaire tout le monde.
Les progrès et les réalisations attribuables au plan de conservation national doivent être mesurés afin de s'assurer qu'il continue d'évoluer. Le plan de conservation national doit constituer un document évolutif assez souple pour permettre des ajouts et des modifications à mesure qu'évolue la situation, par exemple, en raison du réchauffement de la planète et des changements climatiques. Nous devrions constamment chercher des occasions de générer des revenus et d'épargner, tout en continuant à agir en faveur de l'environnement.
L'une des suggestions à cet égard est de conclure des accords de contribution pluriannuels. Le gouvernement pourrait ainsi financer les organisations en réduisant les frais administratifs élevés qui découlent de négociations annuelles.
Il y a des moyens de s'appuyer sur les mécanismes de financement de la conservation qui sont déjà en place, comme le Programme de subventions d'Habitat faunique Canada. Les recettes générées par la vente du Timbre sur la conservation des habitats fauniques du Canada servent à financer les projets appuyant d'autres initiatives nationales et internationales telles que le Plan nord-américain de gestion de la sauvagine et d'autres projets concernant les oiseaux migrateurs considérés comme gibier. Les activités de conservation déployées dans le cadre de ce programme peuvent directement appuyer les buts et les objectifs du plan de conservation national. En recourant à des programmes qui existent déjà, nous n'aurions pas à réinventer la roue. Nous pouvons en tirer parti pour mieux soutenir et compléter le plan de conservation national.
Nous pouvons en outre utiliser les mécanismes de mise en oeuvre existants, comme les projets conjoints découlant du Plan nord-américain de gestion de la sauvagine et d'autres organisations qui ont mis au point des plans de conservation à long terme basés sur les réalités géographiques locales. Nous avons déjà des structures, telles que les conseils autochtones et le Comité des directeurs canadiens de la faune, qui peuvent le faire.
J'ai déjà parlé du timbre sur le permis de chasse aux oiseaux migrateurs considérés comme gibier. Le prix du timbre n'a pas changé depuis 1991. Une légère augmentation générerait plus de fonds à consacrer aux projets de conservation de la faune sans rien coûter au gouvernement. De plus, ces projets pourraient servir à mettre en oeuvre certains volets du plan de conservation national.
Un habitat sain du poisson est essentiel au maintien de la santé humaine car nous dépendons tous de la qualité de l'eau. Si l'approche est adéquate, les fonds consacrés à l'habitat du poisson réduiront les frais liés à la lutte contre l'érosion, aux inondations, au maintien de la quantité et de la qualité de l'eau ainsi que les coûts de purification et de transport de l'eau.
Les priorités en matière de conservation d'un plan national devraient viser à conserver, restaurer et protéger les habitats essentiels connus qui favorisent la biodiversité, à préserver l'intégrité des écosystèmes et des bassins hydrologiques, à stabiliser et rétablir la situation des espèces en péril, à définir des zones protégées réservées grâce, par exemple, au développement du réseau des parcs nationaux, et particulièrement les parcs urbains. Les priorités pourraient également s'étendre à la planification et à la gestion de l'adaptation aux changements climatiques ainsi qu'à la sensibilisation du public.
Les priorités en matière de mise en oeuvre d'un plan de conservation national pourraient comprendre ce qui suit.
Un plan de conservation national doit être élaboré et mis en oeuvre assez rapidement. Il faut éviter que le plan ne s'empêtre dans l'écheveau administratif des études et des processus à répétition. Il faut désigner un champion du plan de conservation national pour s'assurer qu'il progresse.
Il faut en outre communiquer avec les responsables du milieu de la conservation pour concentrer les efforts sur les objectifs communs et réduire les chevauchements.
La sensibilisation du public est nécessaire pour favoriser une participation et un engagement actifs des gens. Il faut renforcer la sensibilisation, inciter le public à participer aux activités de conservation et offrir plus de possibilités de contact avec la nature. Il conviendrait de créer un lien unissant les jeunes aux ressources naturelles, puisqu'ils seront les gardiens et les décideurs de demain et de faire valoir les avantages tant immédiats qu'à long terme, particulièrement dans les domaines de la santé et de l'éducation. Les néo-Canadiens doivent être sensibilisés à l'importance de prendre soin de la nature et doivent activement œuvrer en ce sens.
Il faudrait collaborer avec les responsables des projets conjoints du Plan nord-américain de gestion de la sauvagine, comme le Conseil nord-américain de conservation des terres humides, l'Initiative de conservation des oiseaux de l'Amérique du Nord et le Comité des directeurs canadiens de la faune, afin de tirer parti des projets qui en sont à l'étape de la mise en oeuvre ou qui sont déjà en cours de réalisation.
Pour ce qui est du processus de consultation, le ministre devrait envisager un processus de collaboration s'appuyant sur l'expertise des personnes et des organisations qui ont les connaissances et les ressources nécessaires pour faciliter l'élaboration et la mise en oeuvre d'un bon plan de conservation national. Toutefois, le processus ne devrait pas être ralenti par la participation d'un trop grand nombre d'intérêts.
Je voudrais vous dire enfin que nous ne sommes pas venus aujourd'hui pour vous présenter des statistiques sur la perte des terres humides, la pollution de l'air et de l'eau, le déclin des espèces sauvages, le réchauffement de la planète ou les changements climatiques. Nous savons tous qu'il y a des problèmes et que l'environnement est soumis à des contraintes qui auront inévitablement des incidences sur la société dans les domaines de la santé, de la qualité de vie et de l'économie.
Le gouvernement a assumé un rôle de leadership en prenant l'initiative d'élaborer un plan national destiné à conserver, restaurer et protéger. Les organismes tels qu'Habitat faunique Canada ont à la fois l'occasion et la responsabilité de participer à cette entreprise.
Si ce travail est fait adéquatement, nous n'aboutirons pas au plan de conservation habituel qu'établissent les organismes habituels de conservation. Nous pouvons élaborer un plan conservation national qui s'étend à tous les aspects de la société, y compris les éléments urbains, ruraux et sauvages. Il s'agirait alors d'un plan qui aurait une influence sur la vie de tous les Canadiens en prenant soin du patrimoine naturel que nous possédons et en veillant à son maintien pour les générations futures.
Je vous remercie.
Tout d'abord, je tiens à remercier le président et les membre du comité de nous avoir invités à soumettre une présentation en ce qui a trait à l'élaboration du Plan de conservation national.
Pour commencer, je vais dire quelques mots sur notre organisme. Nature Québec est une organisation provinciale à but non lucratif qui existe depuis 1981 et qui souscrit aux objectifs de la Stratégie mondiale de la conservation de l'Union internationale pour la conservation de la nature. Plus particulièrement, nos objectifs sont de maintenir les processus écologiques essentiels à la vie, de préserver la diversité biologique et de favoriser l'utilisation durable des espèces, des écosystèmes et des ressources naturelles.
Je tiens à mentionner que la brève présentation que je vais faire résume quelques-unes de nos recommandations. Toutefois, nous gardons la possibilité de soumettre un mémoire ultérieurement afin de compléter ce travail préliminaire.
Premièrement, selon Nature Québec, il serait important que le Plan de conservation national, le PCN, ait une assise solide et se fixe des objectifs de conservation de stature internationale. En ce sens, on recommande de s'inspirer de l'Union internationale pour la conservation de la nature. Selon nous, la finalité d'un tel plan de conservation devrait se définir comme étant la conservation de la biodiversité des espèces, des populations et des écosystèmes, tant au niveau local que national, et la garantie d'une utilisation écologiquement durable des ressources naturelles.
Concernant les objectifs d'un plan de conservation national, là encore, il est important de respecter les obligations qu'on s'est fixés, notamment à Nagoya. À ce titre, je tiens à mentionner qu'en octobre 2010, les différents gouvernements ont convenu du plan stratégique 2011-2020 pour la diversité biologique et ont adopté les objectifs d'Aichi. Selon nous, ces 20 objectifs devraient être la base du Plan de conservation national. Je ne vais pas énumérer en 10 minutes les 20 objectifs d'Aichi, mais je vais mentionner les catégories dans lesquelles ils s'inscrivent.
Le but stratégique A est de gérer les causes sous-jacentes de l'appauvrissement de la diversité biologique en intégrant la diversité biologique dans l'ensemble des activités du gouvernement et de la société. Le but stratégique B est de réduire les pressions directes exercées sur la diversité biologique et d'encourager l'utilisation durable. Le but stratégique C est d'améliorer l'état de la diversité biologique en sauvegardant les écosystèmes, les espèces et la diversité génétique. Le but stratégique D est de renforcer les avantages qu'on retire tous de la diversité biologique et des services fournis par les écosystèmes. Enfin, le but stratégique E est de renforcer la mise en oeuvre au moyen d'une planification participative, de la gestion des connaissances et du renforcement des capacités.
Selon nous, ces objectifs d'Aichi auxquels le Canada a adhéré seraient une bonne base pour élaborer le Plan de conservation national et permettraient de respecter les objectifs en les ciblant plus précisément dans une adaptation nationale.
Quelles devraient être les lignes directrices du Plan de conservation national? Pour atteindre ces objectifs, les lignes directrices du Plan de conservation national doivent être axées sur différentes mesures. Premièrement, il est important de passer à l'action et de poser des gestes concrets pour préserver la biodiversité. J'en énumérerai quelques-uns tout à l'heure. Il est important que des investissements soient toujours mis en avant pour promouvoir la recherche scientifique au Canada, tant par les différents ministères fédéraux et provinciaux que par les universitaires. Le Canada doit se doter d'une réglementation environnementale solide qui contribue au maintien de la biodiversité, et qu'il la maintienne. Enfin, il faut soutenir les initiatives de conservation.
Selon nous, pour atteindre l'ensemble des objectifs fixés, il est évident que des partenariats sont essentiels. Une synergie est essentielle entre les actions gouvernementales, les actions issues de la société civile et de différentes ONG ainsi que les actions du secteur industriel. Donc, en ce sens, il est essentiel de soutenir ces actions de conservation.
En ce qui a trait aux priorités en matière de conservation, nous recommandons de s'inspirer des différents programmes qui existent au sein de l'Union internationale pour la conservation de la nature. En ce sens, il y a le Programme de conservation des espèces. Nous vivons une crise de la biodiversité. Selon nous, il est essentiel d'aborder ce problème au plus haut point, de renforcer nos actions pour le maintien de la biodiversité, tant au niveau des espèces en péril avec la Loi sur les espèces en péril ainsi que de la Loi sur l'habitat du poisson, qui revêt aussi un intérêt particulier pour préserver la biodiversité.
La conservation du milieu marin est aussi pour nous une priorité en matière de conservation. Il y a des objectifs de 10 p. 100 d'aires protégées en milieu marin qui sont fixés notamment avec les objectifs d'Aichi. Pour nous, il est essentiel de considérer cette priorité et de travailler activement à renforcer notre réseau d'aires marines protégées.
En ce qui a trait à la conservation de l'eau, nous croyons que la gestion de la quantité et de la qualité et les enjeux transfrontaliers de l'eau sont importants au Canada. En ce sens, il est important de promouvoir une gestion intégrée de l'eau par bassin versant. Ce mode de gestion de l'eau peut nous permettre d'atteindre les résultats escomptés pour maintenir les biens et services environnementaux que nous rendent les milieux aquatiques.
La conservation des forêts est un enjeu très important pour nous, au plan canadien. La forêt boréale est un écosystème unique qui relie l'est à l'ouest du Canada. Selon nous, il est important de s'assurer qu'il y a, là aussi, un réseau solide d'aires protégées en milieu boréal et une utilisation durable des ressources du milieu forestier et des autres ressources naturelles présentes dans ce biome.
Plus largement, il est important de regarder l'ensemble des écosystèmes, tant en milieu rural qu'en milieu urbain, ainsi que les milieux humides et de poser des actions concrètes pour favoriser la conservation de ces milieux.
Je reviens aux aires protégées. Selon nous, ce point est essentiel. Il est important de se doter d'un mécanisme nous permettant d'avoir des aires protégées en quantité suffisante, tant pour le maintien de la biodiversité, mais aussi pour le bénéfice des populations qui vivent à proximité et qui peuvent profiter de ces territoires.
En ce qui a trait aux priorités, la conservation va au-delà de ces enjeux plus tangibles de la biodiversité. Par ailleurs, on doit aussi considérer les enjeux concernant les changements climatiques, les énergies renouvelables et une économie plus verte. Ce sont tous des enjeux qui sont importants à considérer quand on aura élaboré ce plan de conservation national.
Relativement aux priorités du PCN en matière de mise en oeuvre, les différents paliers de gouvernement doivent passer à l'action, notamment en ce qui concerne le réseau d'aires protégées. Il est essentiel de considérer cet enjeu et de contribuer à atteindre les objectifs qu'on s'est fixés à Nagoya, donc les objectifs d'Aichi, soit 10 p. 100 du milieu marin et 17 p. 100 du milieu terrestre à protéger, d'ici 2020. On souhaite que cette priorité sera véhiculée dans le Plan de conservation national.
La réglementation est aussi une priorité, qu'il s'agisse des mécanismes d'évaluation environnementale ou du maintien de la Loi sur l'habitat du poisson et de la Loi sur les espèces en péril. Ce sont selon nous des enjeux essentiels.
Comme je l'ai mentionné, une autre priorité est le soutien aux initiatives de conservation. Il est essentiel de travailler en partenariat, en collaboration, pour que nos différentes actions aient un effet synergique et qu'on puisse enfin réaliser des avancées concrètes en matière de conservation. Donc, le maintien des différents programmes de financement fédéral est essentiel, que ce soit le Programme d'intendance de l'habitat pour les espèces en péril, le Programme Interactions communautaires, le Programme de financement communautaire ÉcoAction d'Environnement Canada ou le Programme de partenariat sur les espèces exotiques envahissantes. Cela représente pour nous un soutien essentiel pour les différents organismes qui oeuvrent sur le terrain.
Pour terminer, en ce qui a trait au processus de consultation que le ministre devrait envisager pour élaborer le Plan de conservation national, il est important de consulter différents organismes, tant au niveau national et provincial que local. Certes, on ne peut pas entendre tout le monde, mais un échantillon représentatif de ces différents paliers nous permettrait de connaître les besoins et les différentes préoccupations des gens sur le terrain, tant à l'échelle provinciale que nationale. Il est essentiel que la consultation permette d'intégrer ces préoccupations à différents niveaux.
Les communautés autochtones constituent un enjeu particulier et on doit mener des consultations auprès de ces populations. Au-delà de nos consultations, leurs priorités devraient ressortir dans le Plan de conservation national.
Cela résume les différents points que j'avais à vous présenter.
Je tiens encore une fois à vous remercier de votre écoute. Je vais laisse maintenant la parole. Merci beaucoup.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je voudrais remercier tous les témoins de leur présence au comité aujourd'hui et de leurs excellents exposés. Je suis sûr que nous pourrions passer bien plus que le temps que nous n'en avons à vous poser des questions au sujet de vos suggestions.
Je vais commencer par les Earth Rangers. Vous concentrez vos efforts sur les enfants. Vos objectifs comprennent la conservation et la sensibilisation des gens à l'environnement. Vous affrontez un grand défi au Canada à cause de l'étendue de notre territoire et de l'immensité des zones côtières qui nous entourent. Toutefois, notre population est de plus en plus concentrée dans les régions urbaines. De plus, nous avons énormément de jeunes qui ont grandi sans connaître le lien avec la nature que notre génération avait établi.
Nous trois avons grandi au Manitoba. En discutant tout à l'heure, nous avons découvert que nous allions tous les trois camper le long du bassin de la rivière Winnipeg et à Otter Falls. Nous fréquentions les mêmes secteurs, nous connaissions le même vieux garde forestier, etc. Le camping et cette expérience du plein air nous ont permis de mener une vie vraiment très saine, mais beaucoup de Canadiens grandissent maintenant sans vraiment connaître le plein air. Je trouve donc très intéressant votre programme de sensibilisation des gens.
Je voudrais savoir combien d'enfants votre organisation touche actuellement. Depuis combien de temps votre programme existe-t-il?
Vos deux groupes ont mentionné les néo-Canadiens. C'est une question qui nous intéresse et nous préoccupe. Beaucoup d'immigrants arrivent au Canada, venant de régions où ils n'ont pas pu profiter du riche patrimoine naturel que nous avons la chance de posséder. Voilà une question intéressante qui découle d'une discussion des moyens d'intéresser les néo-Canadiens aux objectifs de conservation et de leur permettre d'apprécier la nature qui nous entoure.
Ce sont quelques réflexions que je vous présente, ainsi qu'à Sophie Gallais, pour vous inviter à nous faire part de vos observations concernant les moyens de toucher les jeunes. Comment faire pour les intéresser? Comment pouvons-nous étendre nos programmes pour les amener à participer à des activités de plein air?
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Oui. J'ai peut-être tort, mais je dis que nous faisons tous partie de la nature, comme elle fait partie de nous. Nous avons perdu la faculté d'y penser et de communier avec la nature.
J'ai emmené à la chasse des enfants qui ne l'avaient jamais fait auparavant — par exemple, mes deux filles, il y a bien des années de cela — dans les prairies de l'Alberta et dans les contreforts des Rocheuses. Par la suite, mes filles me disaient chaque année: « Papa, je veux y aller de nouveau. » Et elles ne faisaient que marcher.
L'association de Long Point n'était qu'un exemple. Ducks Unlimited, Delta Waterfowl et d'autres groupes provinciaux de pêche et de chasse ont également des programmes destinés à faire connaître le plein air aux enfants. Je trouve encourageant que les programmes de ce genre commencent à s'étendre.
Habitat faunique Canada organise un concours artistique annuel pour le timbre de l'habitat. Nous en avons commencé à un pour le timbre de l'habitat des jeunes. Nous espérons recueillir ainsi suffisamment d'argent, à part le financement gouvernemental, pour organiser de notre propre initiative des visites en autobus scolaire à l'intention des enfants des quartiers défavorisés et d'autres projets du même ordre.
Nous le faisons depuis trois ans. Les trois jeunes qui ont gagné nous ont dit que l'expérience avait changé leur vie parce qu'ils devaient produire une peinture fondée sur leur observation de la nature. Aujourd'hui, ce sont des chefs. Ils ont 14 ans, mais ils parlent à leurs amis de l'importance de la nature.
Par conséquent, oui, je crois que la nature est en nous. Elle est sans doute profondément enfouie à cause de notre vie essentiellement urbaine. Le contact est rompu, mais il est possible de le rétablir et de le renforcer. Lorsque nous ouvrons un robinet, combien d'entre nous s'interrogent sur la source de l'eau et sur sa destination, une fois que nous l'avons utilisée? Pas grand monde, j'en suis sûr.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie également les témoins de leur présence au comité aujourd'hui et des exposés très intéressants qu'ils ont présentés.
Ma question porte sur les liens dont vous avez parlé tout à l'heure. Je m'intéresse à la possibilité d'inciter les Canadiens des villes et des banlieues à renouer avec la nature, ce qui fait partie — ou devrait faire partie — de l'objectif d'un plan de conservation national.
J'ai eu la chance de visiter le centre des Earth Rangers, il y a deux ans, pour en apprendre davantage sur les caractéristiques primées d'une maison verte. Si j'ai bien compris, c'est l'un des bâtiments les plus écoénergétiques de l'Amérique du Nord. J'ai été vraiment impressionnée.
J'aimerais savoir ce que nous devrions faire, à votre avis, pour intéresser les Canadiens des villes et des banlieues qui veulent écologiser leur maison et protéger la planète, mais qui n'ont aucun lien avec la nature et avec votre plan conservation national. Que pouvons-nous faire pour que ce plan ait vraiment un sens pour eux?
Ma question s'adresse à vous, monsieur Ugarenko, mais j'aimerais aussi avoir l'avis des Earth Rangers.
C'est une bonne question. Il y a, dans les régions urbaines, beaucoup d'espaces verts sous-utilisés.
J'ai parlé à un certain nombre d'enseignants et de directeurs d'école d'Ottawa parce qu'on voit beaucoup d'espaces verts lorsqu'on visite les établissements scolaires, mais il n'y a pas grand-chose qui se passe. J'ai pensé à un moyen d'intégrer la nature dans les programmes d'études. C'est peut-être un élément que vous pourriez inclure dans le premier point du plan: les écoles pourraient s'entendre avec des pépinières ou des entreprises de ce genre pour établir une végétation pouvant attirer des abeilles, des papillons et d'autres agents de pollinisation. Les élèves pourraient s'occuper de planter les végétaux. Les écoles pourraient en engager quelques-uns pour surveiller la croissance pendant l'été, puis suivre l'évolution de la végétation et les insectes qui s'y établissent pendant l'année.
Il serait également possible de développer ce qu'on appelle un transect biologique en commençant par de petits buissons pouvant attirer des sauterelles, peut-être quelques crapauds, pour en arriver à des arbres où des oiseaux s'établiront. On pourrait alors déterminer quelles espèces ont construit des nids et comment la végétation est utilisée.
Je crois que c'est une ressource extraordinaire qui ne sert actuellement à rien.
L'Ontario a adopté des lois interdisant de répandre des pesticides sur les pelouses, mais la plupart des villes ont des règlements concernant les mauvaises herbes nuisibles. Par conséquent, si je veux transformer ma pelouse pour faire un coin de nature avec des papillons et toutes sortes d'autres espèces, il est probable que la municipalité interviendra pour me dire que je ne peux pas le faire. J'aimerais beaucoup avoir un coin de nature à l'avant de ma maison, mais je dois me limiter à la cour arrière, qui est clôturée et que personne ne peut voir. Bref, nous avons énormément d'espaces verts auxquels les gens ont accès, mais qu'ils n'utilisent pas.
Pour ceux qui vivent dans des appartements, des maisons en rangée, etc., il serait possible d'utiliser les toits des bâtiments. On l'a déjà fait. On pourrait avoir ainsi des potagers tout en sensibilisant les gens à la nature. On pourrait par exemple dire aux gens d'éteindre les lumières la nuit pour éviter que les oiseaux migrateurs ne s'écrasent contre les vitres des bâtiments.
Bref, on peut faire toutes sortes de choses et établir toutes sortes de liens.