:
Merci, monsieur le président. C'est toujours un plaisir de vous rendre visite.
Permettez-moi de commencer en disant à quel point j'apprécie cette occasion de parler de la version préliminaire 2013-2016 de la Stratégie fédérale de développement durable.
Comme vous l'avez dit, je commencerai par un bref exposé. J'aimerais vous présenter Andrea Lyon, qui est ma sous-ministre déléguée et, avec elle, Tony Young, directeur général de la Direction de la politique en matière de durabilité stratégique et chef du Bureau du développement durable.
Après ma déclaration préliminaire, nous répondrons avec plaisir à vos questions.
Monsieur le président, je commencerai en mentionnant l'origine et l'évolution de la Loi fédérale sur le développement durable, à l'époque où le bureau du Commissaire à l'environnement et au développement durable a été créé, en 1995, et des modifications à la Loi sur le vérificateur général ont obligé le gouvernement fédéral à établir et à déposer des stratégies de développement durable propres à chaque ministère. Le premier système n'a pas fonctionné. Il n'a pas produit les résultats attendus. Des vérifications successives effectuées entre 1997 et 2008 ont examiné diverses stratégies et leurs résultats, mais en l'absence d'une stratégie pangouvernementale, les questions de durabilité environnementale étaient souvent reléguées aux marges de la planification et des rapports fédéraux. Il n'y avait aucun but ou objectif commun, et aucun moyen de mesurer les réalisations fédérales.
En 2008, notre gouvernement est passé à l'action et, appuyée par tous les partis, la Loi fédérale sur le développement durable a été adoptée. Deux années plus tard, nous avons produit la Stratégie fédérale de développement durable. La LFDD qui est, jusqu'à présent, un travail toujours en évolution, réalise son objet initial: une stratégie qui rend le processus décisionnel en matière d'environnement plus transparent et fait en sorte qu'on soit tenu d'en rendre compte. La LFDD présente pour la première fois aux Canadiens un portrait pangouvernemental intégré des mesures visant à atteindre la durabilité environnementale. Ce portrait pangouvernemental se présente, comme vous le savez, selon quatre thèmes: les changements climatiques et la qualité de l'air, l'eau, la nature et, bien sûr, l'écologisation des opérations de notre gouvernement.
La LFDD améliore la façon dont le gouvernement fédéral planifie le développement durable, et règle les lacunes de l'ancien système qui avaient été signalées à plusieurs reprises par le commissaire à l'environnement et au développement durable. La stratégie fait en sorte que les objectifs environnementaux sont un élément fondamental des processus de prise de décisions du gouvernement. Elle le fait en intégrant la planification et la production de rapports en matière de développement durable dans le système de planification des dépenses de base et de production de rapports du gouvernement, ainsi que dans le processus d'évaluation environnementale stratégique.
Il est crucial qu'une mesure, une surveillance et des rapports soient effectués, non seulement pour suivre nos progrès, mais aussi pour veiller à ce que les Canadiens puissent suivre et observer ces changements. La Stratégie fédérale de développement durable a été bien accueillie par le commissaire à l'environnement et au développement durable, par les organismes environnementaux et par les entreprises. Je suis heureux d'annoncer que de grands progrès ont été observés au cours des trois années, de 2010 à 2013. Les ministères et agences produisent des stratégies de développement durable annuelles qui sont intégrées dans leurs processus de planification et de rapports, et sont reliées à la stratégie fédérale globale. Dans le cadre de notre engagement continu à l'endroit des mesures, de la surveillance et des rapports, nous avons produit deux rapports d'étape, comme vous le savez, et avons augmenté notre liste des indicateurs environnementaux à l'appui des rapports de la Stratégie fédérale de développement durable.
Je vais vous citer certains des domaines que le rapport d'étape de 2012 énumère comme étant, ce que je pense, des progrès impressionnants. Nous réduisons les émissions de gaz à effet de serre, nous conservons notre environnement naturel et nous garantissons la qualité de notre air et de notre eau. Comme vous le savez, nous avons adopté une approche efficace de réglementation par secteur pour la réduction des émissions de GES, et nous avons déjà agi au niveau de deux des plus importantes sources d'émissions au Canada: le transport et l'électricité. Quand les automobiles de l'année-modèle 2025 rouleront sur nos routes, on estime qu'elles consommeront 50 p. 100 moins de carburant et produiront 50 p. 100 moins d'émissions par rapport à celles de l'année-modèle 2008.
Dans le secteur de la production d'électricité au charbon, le Canada est le premier pays du monde à interdire la construction de centrales fondées sur la technologie traditionnelle du charbon. On s'attend à ce que les émissions provenant du secteur de l'électricité diminueront d'un tiers d'ici 2020, par rapport aux niveaux de 2005. Les trois quarts de notre électricité sont maintenant générés sans émission de GES. Le Canada a un système d'électricité qui est l'un des plus propres au monde, et il deviendra encore plus propre.
Notre gouvernement a aussi démontré que la croissance économique et l'intendance environnementale peuvent avancer la main dans la main et qu'elles ne sont pas mutuellement exclusives. Notre rapport d'étape de 2012 démontre aussi que nous faisons des progrès au niveau des sites contaminés de la région des Grands Lacs, les zones de préoccupation, et des aires protégées, tant marines que terrestres, dans tout le Canada. Avec cela, la proportion des aires protégées totales au Canada s'élève à 10 p. 100, soit l'équivalent d'un territoire aussi grand que la France, l'Allemagne et l'Autriche réunies.
Ce ne sont là que quelques-unes de nos réalisations jusqu'à présent. J'aimerais maintenant me tourner vers les étapes que nous entreprendrons pour faire avancer la durabilité environnementale de la façon indiquée dans la version préliminaire 2013-2016 de la Stratégie fédérale de développement durable que nous avons publiée en février en vue de consultations publiques.
La nouvelle stratégie présente un meilleur cadre de travail pour la planification et les rapports liés au développement durable. Elle part des améliorations clés que nous avons prévues dans la Stratégie fédérale de développement durable de 2010 et, de plus, elle souligne notre engagement continu envers la transparence. Partant des buts et cibles déjà en place, cette nouvelle version élargit le portrait pangouvernemental des activités fédérales visant à atteindre la durabilité environnementale.
Nous avons élargi la portée des mesures fédérales en incluant des nouvelles cibles et stratégies de mise en oeuvre de mesures d'adaptation au changement climatique. Nous avons fait de grands progrès dans le renforcement des cibles existantes, surtout en ce qui concerne la charge en éléments nutritifs dans les Grands Lacs, le lac Simcoe et le lac Winnipeg, ainsi que les mesures visant la pollution des mers.
Parallèlement, il est important de noter que des nouvelles cibles plus précises seront ajoutées en fonction des décisions prises depuis l'élaboration de la version préliminaire de la stratégie en février. Par exemple, les nouvelles normes canadiennes de qualité de l'air ambiant publiées par Environnement Canada et Santé Canada sont plus rigoureuses que les normes américaines actuelles portant sur la matière particulaire et l'ozone troposphérique, deux polluants inquiétants pour la santé humaine et, bien sûr, les principaux composants du smog.
Nous aborderons ensuite la qualité de l'air avec l'élaboration du nouveau règlement en matière d'émissions atmosphériques industrielles de polluants comme les oxydes d'azote et de soufre, de concert avec les provinces et les territoires dans le cadre du nouveau système de gestion de la qualité de l'air. Bien sûr, les données produites dans le cadre de notre partenariat avec l'Alberta concernant la surveillance des sables bitumineux continueront à être recueillies et publiées sur notre nouveau portail Web.
Nous avons aussi élargi la gamme des indicateurs servant à suivre les progrès des stratégies, des buts et des cibles. De fait, depuis notre première stratégie, nous avons augmenté le nombre des indicateurs à 36 cibles dans le rapport d'étape de 2012. Nous travaillons actuellement à augmenter à plus de 40 le nombre des indicateurs afin de produire de meilleures mesures et de meilleurs rapports dans le cadre de la stratégie de 2013-2016. En outre, cela concorde avec les engagements de développement durable qui se trouvent dans divers rapports de rendement ministériels.
Par ailleurs, la stratégie met à profit les progrès que nous avons réalisés dans l'écologisation des opérations gouvernementales sur le plan des biens immobiliers, du parc, des acquisitions et des activités générales de bureau. Cette nouvelle stratégie a aussi été augmentée de sorte qu'elle englobe des engagements en matière de rapports dans le cadre du programme de la qualité de l'air, des protocoles d'entente sur l'eau avec l'Ontario et le Manitoba, l'accord relatif à la qualité de l'eau dans les Grands Lacs, notre engagement à l'égard d'un plan de conservation national, bien sûr, et la réponse nationale du Canada à la Convention sur la diversité biologique.
Parallèlement, elle continue à appuyer l'intégration du développement durable dans notre processus décisionnel par le truchement des évaluations environnementales stratégiques et de l'approvisionnement écologique.
Et maintenant, nous demandons l'opinion du public, y compris celle de votre comité.
Comme vous le savez, nous avons entrepris le processus de consultations publiques au sujet de la version préliminaire de la Stratégie fédérale de développement durable. Nous communiquons également avec un grand éventail d'intéressés, y compris le Comité consultatif sur le développement durable, ainsi que le commissaire intérimaire à l'environnement qui vous présentera certaines de ses observations sur la version préliminaire de la stratégie un peu plus tard ce matin. Comme dans le cas de la stratégie de 2010, les observations du commissaire ainsi que le produit des autres consultations seront intégrés dans la version définitive de la stratégie qui sera publiée cet automne.
En réponse, nous avons reçu plus de 40 000 visites dans le site Web de la LFDD, et nous nous attendons à un apport important de la part des Canadiens d'ici à ce que la période de consultation tire à sa fin à la mi-juin. La version définitive de la stratégie, comme vous le savez, sera déposée au Parlement à l'automne, grandement enrichie de la rétroaction que nous recevons de votre comité et d'autres interventions.
Monsieur le président, j'aimerais terminer en soulignant le fait que le Canada a de quoi être très fier des efforts que nous avons consacrés à la promotion du développement durable tant à l'échelle nationale qu'à l'échelle internationale.
Nous faisons des progrès concrets dans toute une gamme de priorités environnementales précisées dans la stratégie. L'approche novatrice du gouvernement fédéral intègre un plus haut niveau de transparence et d'obligation de rendre compte dans le processus décisionnel environnemental. Nous renforçons également le développement durable, ce qui est à l'avantage des Canadiens tant aujourd'hui que dans le futur.
Monsieur le président, je vous remercie de m'avoir accordé cette occasion de prendre la parole. Je répondrai maintenant aux questions avec plaisir.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, monsieur le ministre, d'être présent parmi nous ce matin.
Vous avez beaucoup parlé de l'empreinte environnementale. En fait, le chapitre 4 ne parle que de cela. Pourtant, un rapport récent indique qu'en 2011, une mégatonne de plus de GES a été émise dans l'atmosphère par rapport à 2010. Vous savez très bien que le précédent commissaire à l'environnement et le rapport de la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie avaient émis de sérieux doutes quant à la diminution des émissions et l'atteinte des objectifs pour 2020.
De plus, l'industrie canadienne des hydrocarbures prévoit le développement de 14 nouveaux projets d'extraction de charbon, de gaz et de pétrole pour les prochaines années. D'ici 2020, cela produirait une quantité d'émissions de Co2 équivalente à celle des États-Unis. On parle de 300 milliards de tonnes de nouvelles émissions d'ici 2050. Les sables bitumineux vont émettre jusqu'à 420 millions de tonnes de GES par année, mais il n'y a toujours pas de réglementation, secteur par secteur, dans ce domaine en matière de GES.
Le 16 mai dernier, sur son site Web, la Banque mondiale a parlé de l'importance d'établir un prix sur le carbone pour lutter contre les changements climatiques. De plus, sauf votre respect, ce sont les provinces qui ont déployé tous les efforts visant à réduire les gaz à effet de serre. Le Québec et la Californie ont établi un marché du carbone.
En ce qui concerne tout ce qui est gaz à effet de serre, je veux savoir sur quelle science se base votre approche secteur par secteur et quels en sont les coûts.
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En ce qui concerne votre question et la question qui l'a précédée, la méthodologie que le Canada utilise pour mesurer les réalisations anticipées de nos cibles de réduction des émissions de 2020 est acceptée par la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Les chiffres sont vérifiés et les changements...
Une fois de plus, c'était une erreur de la part de l'auteur de la question que de supposer que nous ne mesurions pas les chiffres d'inventaire annuel déclarés au sujet des émissions. Nous examinerons les retombées positives que notre approche réglementaire et les mesures prises par les provinces, les territoires, l'industrie et les particuliers canadiens auront produites dans l'atteinte des résultats d'ici 2020.
Pour ce qui est des sables bitumineux, il y a d'excellentes nouvelles qui, une fois de plus, n'ont pas fait couler beaucoup d'encre dans nos journaux. Une grande installation en Alberta, l'installation Kearl de la Compagnie pétrolière Imperial, a aménagé et ouvert une mine qui est maintenant en service. La nouvelle technologie qu'elle utilise est une technique de mousse, que je n'ai pas vue moi-même. Nous n'avons pas vu la preuve de leurs attentes, mais elle dit que dans cette installation particulière, elle réduira l'intensité de ses émissions au niveau de l'exploitation pétrolière classique ou presque une fois que l'installation sera entièrement opérationnelle.
Nous devons reconnaître le fait que, depuis 1990 par exemple, l'intensité des émissions dans le secteur du pétrole et du gaz, y compris les sables bitumineux, a baissé de 26 p. 100. On a l'intention... L'industrie est déterminée à réduire l'intensité des émissions davantage et à respecter le règlement, auquel nous mettons présentement la dernière main. Les exploitants des sables bitumineux eux-mêmes ont pris l'engagement de réduire l'intensité de leurs émissions jusqu'au niveau de l'exploitation pétrolière classique aussi tôt que possible, là encore en ayant recours à la technologie et à de meilleures pratiques.
Je crois que les nouvelles sont bonnes, tant dans notre approche par secteur que dans la coopération de l'industrie, ce qui fera en sorte que nous poursuivrons la reprise économique qui est encore fragile pour ce qui est de certaines des incertitudes à l'échelle mondiale, tout en faisant notre part sur le plan du changement climatique.
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Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Monsieur le président, je suis heureux de vous faire part de nos observations sur la version préliminaire de la Stratégie fédérale de développement durable. Je suis accompagné de Jim McKenzie, un collègue d'expérience du Bureau.
En vertu de la Loi fédérale sur le développement durable, je suis tenu d'examiner la version préliminaire de la stratégie et de formuler des observations à ce sujet au ministre de l'Environnement avant le 14 juin. Nous finalisons présentement notre examen de la stratégie. Je veux vous présenter aujourd'hui nos premières constatations.
Nous croyons fermement à la nécessité de disposer d'une stratégie fédérale de développement durable. Cette dernière fait d'ailleurs suite à notre rapport de 2007, dans lequel nous avions conclu que le processus alors en place n'était pas efficace. Nous avions recommandé que le gouvernement établisse des objectifs fédéraux de développement durable.
[Français]
Nous estimons que la stratégie est un outil essentiel pour permettre au gouvernement d'expliquer son plan en matière d'environnement et de développement durable. Nous avons constaté à ce jour que la stratégie s'attaque à des questions environnementales pertinentes et importantes pour la population canadienne. Toutefois, un certain nombre d'améliorations sont nécessaires pour l'optimiser. La stratégie doit être plus claire et plus exhaustive.
La stratégie vise à présenter un portrait à l'échelle gouvernementale en abordant des défis et des problèmes d'importance. Cependant, nous avons constaté qu'elle est incomplète à certains égards. D'abord, certaines initiatives clés du gouvernement n'y sont pas présentées. Je pense, par exemple, au programme fédéral de développement responsable des ressources et au Plan de mise en oeuvre conjoint du Canada et de l’Alberta pour la surveillance visant les sables bitumineux. Ce plan améliorera la surveillance de l’eau, de l’air, du sol et de la biodiversité dans la région des sables bitumineux.
De même, la stratégie n'indique pas les ressources qui seront touchées pour atteindre les cibles et réaliser les stratégies de mise en oeuvre.
[Traduction]
Pour que la Stratégie fédérale soit claire, ses cibles et ses stratégies de mise en oeuvre doivent être claires et mesurables. Elles servent en effet de fondement à l'évaluation des objectifs de la stratégie et à la communication de ses résultats. Elles sont également un élément important d'une saine reddition de comptes et de la transparence. À cet égard, la plupart des 34 cibles manquent de clarté, ce qui rendra difficile l'évaluation des progrès à court et à long terme.
Prenons la cible 2.3 en exemple: « réduire les risques pour les Canadiens et les incidences sur l'environnement et la santé humaine que peuvent avoir des substances toxiques émises dans l'air ». Pour cette cible, l'étendue de la réduction visée n'est pas précisée et aucun calendrier n'est présenté. Ce sont là pourtant des éléments essentiels pour évaluer les progrès.
[Français]
D'autres cibles sont suffisamment claires. Par exemple, la cible 1.1 vise à réduire de 17 %, d'ici 2020, les émissions totales de gaz à effet de serre du Canada par rapport aux niveaux d'émission de 2005. En outre, la cible 4.4 vise à améliorer la condition d'au moins un indicateur d'intégrité écologique dans 20 parcs nationaux d'ici 2015.
Nous avons constaté que presque toutes les stratégies de mise en oeuvre sont directement liées à leurs cibles respectives. Toutefois, il reste encore beaucoup de travail à faire pour les rendre claires et mesurables. En raison du grand nombre de stratégies de mise en oeuvre, soit plus de 200 stratégies, il est difficile de déterminer lesquelles sont les plus cruciales. Par exemple, une des cibles comprend 50 stratégies de mise en oeuvre. L'identification des plus importantes stratégies de mise en oeuvre permettrait de communiquer les priorités du gouvernement en matière de développement durable.
[Traduction]
Je peux faire état d'un certain nombre d'améliorations clés par rapport à la stratégie précédente, qui portait sur la période 2010-2013. Ainsi, la partie traitant de la réduction de l'empreinte environnementale du gouvernement (thème IV), est plus stratégique et mieux ciblée. Nous croyons que cette section pourra servir de modèle pour d'autres sections de la stratégie. Des indicateurs ont été en outre ajoutés, ce qui devrait aider à mesurer les progrès par rapport aux objectifs et aux cibles.
Disons, pour terminer, que la stratégie traite de questions environnementales qui sont pertinentes et qui revêtent une grande importance pour la population canadienne. Cette stratégie n'est toutefois pas suffisamment claire ou complète, et son potentiel de diffusion du plan élaboré par le gouvernement en matière d'environnement et de développement durable n'est pas pleinement réalisé. Avec quelques améliorations, dont certaines pourraient facilement se concrétiser, la stratégie permettra de montrer à la population canadienne comment le gouvernement envisage les questions qui se posent en matière d'environnement et de développement durable.
Monsieur le président, votre comité a un rôle important à jouer dans ces travaux d'amélioration. Je vous félicite de l'attention que vous portez aujourd'hui à cette version préliminaire de la stratégie. Il serait bon que les membres du comité étudient également le rapport d'étape, produit en février, qui permet de voir les progrès accomplis dans le cadre de la toute première stratégie.
La stratégie et le rapport d'étape sont, pour votre comité, d'importants documents de référence puisqu'on y trouve tout ce qui concerne l'action du gouvernement fédéral dans les domaines de l'environnement et du développement durable. La consultation régulière de ces documents crée un climat intellectuel propice aux progrès.
Nous espérons que notre examen se révélera utile pour élaborer la stratégie.
Monsieur le président, je conclus ainsi ma déclaration d'ouverture. Nous répondrons avec plaisir aux questions du comité.
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Merci, monsieur le président.
Mesdames et messieurs les membres du comité, c'est avec plaisir que je prends la parole devant vous au sujet de la version préliminaire de la stratégie fédérale de développement durable. Notre PDG, Scott Vaughan, regrette de ne pas pouvoir participer à cette séance. Il se trouve actuellement en Chine où il s'entretient, avec les décideurs, de nouveaux programmes destinés à aider la Chine à améliorer ses pratiques en matière de développement durable.
Depuis 20 ans, l'Institut international du développement durable facilite la transition vers un mode de développement durable. Nous dirigeons une réflexion non partisane en ce domaine, et à partir de notre base au Canada, nous contribuons, tant ici qu'à l'étranger, à la création de partenariats par un dialogue actif avec les décideurs au sein des gouvernements, des entreprises et des organismes de la société civile.
Nos activités s'étendent actuellement à environ 45 pays. Nous nous sommes récemment penchés sur les stratégies de développement durable de 15 pays. Ces travaux ont alimenté les réflexions que nous vous livrons aujourd'hui.
L'IIDD a vu la notion de développement durable accéder au rang de concept unificateur, mais nous avons également constaté sa calcification sous la seule rubrique de l'environnement, au point où la notion de développement durable est presque entièrement cantonnée dans ce domaine. On risque ainsi de voir cette idée rassembleuse perdre ce rôle et ne plus pouvoir, comme elle le pouvait à une certaine époque, contribuer à la réalisation des plans de développement national. On assiste, cependant, depuis un certain temps, à un renouveau de la réflexion et l'on commence à reconnaître les liens étroits existant entre le social, l'économique et l'environnemental, trois domaines qui doivent être pris en compte lors de l'élaboration de nos politiques.
Nous constatons, au Canada, une nouvelle tendance qui met davantage en lumière la valeur économique des biens et services nécessaires aux écosystèmes. Cela renforce les efforts de gestion des terres humides, des prairies et des bassins hydrographiques, ce qui aide, tout à la fois, les communautés agricoles, les écologistes et les utilisateurs. On semble avoir bouclé la boucle, car les pratiques actuelles en matière de développement durable sont davantage conformes à l'idée qui avait, il y a plus de 25 ans, inspiré les travaux de la Commission Brundtland.
Le gouvernement fédéral se retrouve d'ailleurs en bonne compagnie puisqu'une centaine de pays ont adopté une stratégie nationale de développement durable. Il est clair que, pour les gouvernements, l'adoption d'une telle stratégie est le meilleur moyen de mettre en pratique les politiques publiques élaborées en ce domaine. Comme je l'ai dit, nous avons, en 2012, procédé à l'examen de 32 de cette centaine de stratégies de développement durable afin de cerner les enseignements qui peuvent en être tirés et évaluer sur ce point la situation mondiale. Les résultats de ces travaux ont influé sur notre réflexion et, partant, sur cet exposé.
Nos travaux montrent que le succès dépend d'un grand nombre de facteurs, puisque le développement durable est un domaine d'une grande complexité, mais, dans le contexte de la version préliminaire de la stratégie fédérale de développement durable, il y a deux choses qu'il convient de souligner. D'abord, le fait qu'une stratégie de développement durable doit idéalement insister sur la bonne gouvernance et être susceptible d'être mise en oeuvre. C'est dire qu'en matière de développement durable, les stratégies doivent définir un programme de réforme du mode de gouvernance et fixer le cap de nos objectifs tant à l'intérieur du gouvernement qu'aux yeux de la population. Pour avoir une chance de réussir, une stratégie de développement durable doit s'aligner sur les principes d'une bonne gouvernance et être notamment caractérisée par la transparence, la responsabilité, des mécanismes d'évaluation et des rapports périodiques sur le rendement. Des ressources suffisantes doivent être affectées à la réalisation des objectifs définis dans le cadre de la stratégie, et cela en toute transparence, avec des priorités nettement fixées et une feuille de route qui signale clairement les mesures de mise en oeuvre pour atteindre les objectifs.
Le succès dépend d'une intégration horizontale des buts et des moyens, et d'une conception dynamique de la voie vers l'avenir. Il s'agit là de quelque chose de très important sur lequel je reviendrai un peu plus tard. Il ne fait aucun doute qu'une insuffisante intégration des institutions, tant gouvernementales qu'autres, et une vision à courte vue qui ne prend en compte que l'environnement nuira au succès de la stratégie. Les efforts d'intégration doivent dépasser le seul environnement et, afin d'élargir l'éventail des intervenants, agir sur un fond plus large, tant au niveau du gouvernement qu'à celui de la société civile. Les principaux organismes centraux doivent jouer pleinement leur rôle si l'on veut obtenir les résultats voulus, et inciter continuellement à davantage d'intégration et de coordination.
Il s'agit par ailleurs d'une optique stratégique et prospective qui va au-delà des plans et des priorités à court terme d'un ministère et prend en compte les risques et les incertitudes qui se profilent à long terme. Il s'agit, essentiellement, de réfléchir à ce que l'on fait, aux objectifs que l'on entend atteindre et aux risques qu'il nous faut cerner.
J'en viens, après ces observations de caractère général, à six remarques, ou recommandations concernant cette version préliminaire de la stratégie de développement durable.
On n'est pas surpris de voir que la SDD fédérale est actuellement conçue comme un point de convergence des programmes environnementaux. La SDD repose donc sur une longue liste de programmes. Il y a lieu par conséquent de repenser le socle essentiel de la stratégie et d'en élargir l'angle de focalisation afin de l'aligner sur une vision plus équilibrée des choses, vision à l'origine du concept de développement durable.
Il est logique de confier la SDD à Environnement Canada afin que ce ministère puisse consolider et centraliser ce qui a été jusqu'ici une fonction quelque peu éparpillée entre divers ministères, mais cela risque de renforcer l'idée convenue selon laquelle le développement durable intéresse uniquement l'environnement. Selon nous, ce risque est réel.
En tant que point d'échange et d'analyse, cette SDD perd une partie de son utilité d'outil prospectif. Selon nous, la version préliminaire de la SDD est au mieux un instantané de la feuille de route qui limite son angle stratégique et ses chances de succès. Une vue plus intégrée et à plus long terme donnerait au document davantage de force.
D'après nous, il conviendrait de mieux faire ressortir les liens et rapports avec les autres aspects de la question. Les éléments prioritaires définis dans la version préliminaire de la SDD sont en effet appelés à avoir d'importantes incidences économiques et sociales, et contribuer à la protection de l'environnement.
Nous savons, par exemple, qu'en raison de ses énormes conséquences économiques, il y a longtemps que le climat a cessé d'être un problème purement environnemental. Cela explique d'ailleurs pourquoi nous n'avons pas beaucoup progressé sur ce plan. La chef du FMI a, cette année même, à Davos, insisté sur le fait que les changements climatiques vont être, pour les économies, l'enjeu majeur du XXIe siècle. Cela sera certainement vrai du Canada, où la réglementation concernant les émissions de GES applicables aux divers secteurs d'activité va vraisemblablement entraîner des coûts considérables. Ces coûts, qui figurent à la partie II de la Gazette du Canada, devraient, d'ici 2030, s'élever à quelque 30 milliards de dollars.
Ce chiffre ne provient pas de nos calculs à nous, mais du résumé de l'étude impact de la réglementation. Il est clair que cela va avoir, sur les consommateurs et les ménages, des incidences considérables. Il va nous falloir mieux expliquer et mieux communiquer les liens existant entre les divers aspects du problème, et expliquer plus clairement les choix et arbitrages auxquels il va falloir procéder au niveau des politiques nationales.
La SDD pourrait être marquée par une plus grande transparence. On trouve, à l'arrière du document, une foule d'indicateurs de priorité, et de stratégies de mise en oeuvre qui est déroutante pour les parlementaires, pour le public, et même pour nous. Il convient donc de simplifier les indicateurs de priorité, de les regrouper en quelques grandes rubriques, et de les approfondir. Il va falloir en outre définir des feuilles de route, exposer clairement les coûts des mesures à prendre et prévoir, dans chaque domaine prioritaire, des mesures de rendement.
Je voudrais à cela ajouter très rapidement deux choses.
La première est le besoin d'améliorer les rapports financiers. Dans le document tel qu'il se présente actuellement, il est difficile, voire impossible, de comprendre quelles sont les priorités et quels seront les coûts. Pour connaître le montant des crédits accordés aux divers programmes, les priorités et l'étendue des activités envisagées, il faut procéder à un examen approfondi des plans et des priorités et de divers autres documents. En prévoyant de meilleures mesures du rendement et des dépenses, on donnera davantage de force au document, et on le rendra plus réaliste.
Je précise, en outre que, dans les plans, un écart subsiste entre les ambitions et les moyens mis en oeuvre. C'est invariablement le cas. En se montrant moins ambitieux et plus réaliste, on pourrait corriger cela et retenir des objectifs plus pragmatiques. Il serait bon, selon nous, d'injecter davantage de réalisme dans notre stratégie.
C'est pourquoi nous estimons qu'afin de nous axer davantage sur ce qui se situe au coeur même du concept du développement durable, il va falloir retravailler la version préliminaire de la SFDD, et lui donner davantage de transparence, lui assurer un meilleur équilibre et renforcer sa dimension stratégique.
Je vous remercie de votre attention. C'est très volontiers que je répondrai à vos questions s'il y a des points que vous souhaitez approfondir.
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Merci, monsieur le président, et merci mesdames et messieurs membres du comité.
Je suis heureuse de cette occasion de prendre la parole devant vous sur un sujet qui me passionne et qui passionne toute l'équipe de TDDC.
Permettez-moi d'attirer votre attention sur la documentation que nous avons distribuée. Je voudrais aborder la question dans l'optique d'un organisme qui a intégré à ses processus décisionnels tous les aspects du développement durable.
C'est en vertu d'une loi que le gouvernement du Canada a créé notre fondation. Notre mission essentielle consiste à développer des technologies propres et à les commercialiser, car ce n'est que lorsqu'elles trouvent place sur le marché qu'elles peuvent avoir une incidence sur l'environnement. Nous gérons deux fonds complémentaires au moyen desquels nous soutenons la création d'entreprises et la commercialisation de leurs technologies.
Permettez-moi d'attirer votre attention sur la diapositive numéro 3 qui montre comment nous sommes parvenus à lier notre action à celle d'entreprises et de technologies sur l'ensemble du territoire. Vous constaterez aisément l'apport qu'elles peuvent faire à notre économie, tant en zone urbaine qu'en régions rurales.
On relèvera que l'accent mis sur telle et telle activité varie selon la région. En Colombie-Britannique, vous pouvez voir qu'il s'agit essentiellement de production énergétique, en Alberta, de recherche d'énergie et, au Québec, de gestion des déchets. En Ontario, avec son énorme base industrielle, l'effort porte sur la recherche de technologies propres améliorant l'efficacité énergétique de l'industrie, certes, mais aussi des immeubles commerciaux et des magasins.
Dans la ligne de ce que M. Sawyer disait tout à l'heure, je précise que ces entreprises sont rentables. Nous avons réussi à mettre sur pied des compagnies qui ont permis de créer 7 000 emplois. En 2012, leurs revenus se situent aux environs de 400 millions de dollars.
Et ce n'est que le résultat de 22 des 245 compagnies regroupées au sein de notre portefeuille. Nous suivons leurs résultats de très près. Nous nous entretenons avec leurs dirigeants. Ces chiffres n'ont rien d'imaginaire. Vous pouvez voir que nous prévoyons, d'ici 2015, des revenus de plus de 5 milliards de dollars et la création de 24 000 emplois. Et ce n'est qu'un début.
Au plan de l'environnement, nous pouvons faire état d'une réduction de 7 à 17 mégatonnes des émissions de GES attribuable aux entreprises de notre portefeuille. J'attire votre attention sur le soin que nous apportons à ces calculs puisque nos chiffres contiennent une marge d'incertitude correspondant, à entre 80 et 94 p. 100 des risques susceptibles de surgir. Cela a une incidence considérable, mais c'est par prudence que nous avons intégré cette marge. C'est un indicateur puissant de la manière dont il nous faut agir à l'avenir.
La diapositive suivante concerne la pureté de l'air, et vous voyez que les émissions sont en fait... Vous apercevez les avantages que cela présente, essentiellement, dans les zones les plus exposées au smog, c'est-à-dire, essentiellement, les zones urbaines les plus densément peuplées avec une forte concentration de moyens de transport. Nous nous sommes penchés sur les concentrations de smog et avons analysé le coût de mise en oeuvre des technologies par rapport aux économies que cela peut procurer au niveau des soins de santé. Comme vous pouvez le voir, d'ici 2025, l'activité de 81 de nos compagnies qui oeuvrent dans le domaine du transport et de la production énergétique, devrait nous permettre d'économiser environ 1,5 milliard de dollars en dépenses de santé.
Je passe maintenant à un domaine où nous sommes à la pointe de ce qui se fait au niveau de la quantification des impacts sur les sols et sur l'eau. C'est extrêmement difficile à calculer, selon le bassin hydrologique en cause, le genre de produits chimiques que l'on souhaite éliminer, ou les économies d'eau que l'on entend réaliser. D'ici 2025, les activités en question devraient nous permettre d'économiser environ 60 millions de dollars en dépenses de santé.
Le marché canadien étant limité, et l'impact des GES constituant un phénomène mondial, nous tentons actuellement, dans le domaine des technologies propres, d'accroître la part du marché mondial qui revient au Canada. Cette part est en effet appelée à augmenter sensiblement. D'ici 2020, si nous doublons notre part de marché — qui est actuellement de 1 p. 100, nous allons atteindre un revenu de 60 milliards de dollars et créer 126 000 emplois.
Je précise qu'il s'agit d'entreprises effectivement capables d'y parvenir et nous ne parlons donc pas simplement d'une espérance. Nous nous basons sur un taux de croissance composé annuel et sur les revenus de certaines de nos entreprises pour dire que le Canada assure actuellement le développement d'entreprises en mesure d'affronter la concurrence des autres pays.
Voyons maintenant ce que cela veut dire dans certains secteurs précis d'activité. Comme le montre la diapositive intitulée « Aider à rendre le secteur pétrolier et gazier plus 'vert' », nous avons retenu deux approches. La première concerne l'extraction plus efficace du pétrole et du gaz en raison de l'emploi de diverses technologies permettant de réduire la consommation d'eau et d'énergie. Plusieurs cas démontrent que ces objectifs sont réalistes. L'autre domaine concerne la construction de pipelines, certaines méthodes permettant en effet de déceler les failles avant qu'elles n'entraînent une défaillance. Il s'agit d'offrir aux entreprises les moyens de mieux gérer la sécurité des pipelines et d'assurer les réparations en temps utile. Là aussi, notre activité a été couronnée de succès.
Il y a, par ailleurs, les immeubles. La diapositive suivante concerne notre portfolio très important de technologies liées à l'efficacité énergétique, qu'il s'agisse de ballasts fluorescents graduables ou de systèmes de stockage de glace permettant de réduire la consommation énergétique et d'équilibrer la charge -- de nombreux systèmes d'éclairage comptent, en effet, pour environ 20 p. 100 de la consommation énergétique d'un immeuble commercial. Il y a, en outre, les systèmes de contrôle.
Passons maintenant aux transports, une des principales sources de pollution au Canada, mais aussi dans le reste du monde. Vous pouvez voir que, dans le portefeuille de TDDC, les véhicules pris dans leur ensemble sont considérés comme formant un système. Nous étudions les matériaux les plus perfectionnés et les plus légers, car une baisse de 10 p. 100 du poids entraîne une baisse de 7 p. 100 de la consommation énergétique. Il y a par ailleurs les cellules à carburant et les nouvelles batteries pour véhicules hybrides.
Je voudrais maintenant évoquer en quelques mots les solutions destinées aux industries soumises à réglementation. TDDC est un excellent exemple de coopération avec les industries réglementées dans la recherche de solutions devant éventuellement leur permettre de conjuguer réglementation et efficacité.
Sur ce point, nos activités s'exercent dans de nombreux domaines, dont naturellement, les services d'électricité, la gestion des déchets, les secteurs pétroliers et gaziers. Nous participons également à l'étude de la réglementation sur l'eau potable. Nous sommes une sorte de force d'appui, si vous voulez, et dans les divers secteurs d'activité, nous aidons les entreprises à s'adapter aux politiques réglementaires instaurées par le gouvernement.
Comment faire pour donner à notre action une dimension pangouvernementale? La diapositive numéro 15 nous donne une idée de ce que nous faisons pour assurer la continuité de l'action qui est menée. Nous avons, avec Exportation et Développement Canada conclu un accord de partenariat dans le cadre duquel nous repérons les entreprises prometteuses et faisons en sorte qu'elles puissent accéder au marché international. EDC procède à l'analyse des marchés auxquels nous pouvons prétendre nous attaquer, et apporte un soutien aux politiques et aux moyens de gestion des risques auxquels s'exposent les entreprises qui se lancent sur les marchés internationaux.
Nous collaborons étroitement avec le ministère des Ressources naturelles, notamment dans le cadre de son initiative Mines vertes. Nous travaillons beaucoup avec ce ministère. Nous travaillons, en outre, avec Environnement Canada, dans le cadre de son initiative de vérification des technologies environnementales. Nous collaborons au PARI-CNRC afin d'assurer la continuité des efforts de développement de technologies propres destinées à l'écosystème. Nous avons orienté plusieurs des entreprises de TDDC vers le programme canadien de commercialisation des innovations mis en place par le ministère des Travaux publics, pour leur donner la possibilité d'être adoptées par le gouvernement. Nous collaborons naturellement aussi avec le Comité consultatif des technologies propres du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international afin d'assurer que, sur les marchés internationaux, le Canada met toutes les chances de son côté. C'est dire qu'il existe, entre tous les organismes fédéraux, une collaboration assez poussée.
En ce qui concerne les provinces, maintenant, TDDC a participé à la conception et au développement d'un certain nombre de fonds provinciaux. Nous sommes directement impliqués dans le processus de diligence raisonnable et dans des investissements conjoints en Colombie-Britannique, en Alberta, en Ontario, au Québec et en Nouvelle-Écosse. Ces partenariats provinciaux ont assuré aux entreprises du portefeuille de TDDC, 132 millions de dollars en crédits provinciaux.
Au plan international, je peux dire que nous collaborons avec le gouvernement, notamment dans le cadre de la Société financière internationale afin de donner aux entreprises canadiennes accès au financement accéléré qu'a instauré le gouvernement.
Je vous remercie.
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Vous me demandez de retourner à l'université. Je vais donc essayer de remonter un peu le temps et de vous dire comment ce terme était défini par la Commission Brundtland.
Le développement durable est une idée simple qui, pourtant, est rarement appliquée. Le concept, qui correspond à l'idée d'un équilibre entre environnement, économie et société auquel on parvient en procédant, en toute clarté, aux choix et aux arbitrages qui permettent d'obtenir de bons résultats dans les trois domaines, semble difficile à mettre en oeuvre. On y parvient au niveau de l'analyse réglementaire, et si vous consultez, en ligne, la partie I de la Gazette, où se trouvent les résumés de l'étude d'impact de la réglementation, on voit, très bien exposés, les résultats recherchés, les coûts, les personnes touchées et la portée de l'impact. Mais, on constate par la suite un écart par rapport à la SDD, et cette optique, fermement ancrée cependant dans la bureaucratie, ne semble pas se retrouver dans les déclarations sur la SDD faites aux échelons supérieurs.
Il s'agit donc, pour conclure, de parvenir à un équilibre entre l'environnement, l'économie et la société, de faire ressortir clairement les choix et les compromis nécessaires et, ce qui me paraît encore plus important, de franchir l'étape de la mise en oeuvre. C'est là, d'après moi, où se situe vraiment le problème.
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Merci, monsieur le président. Je tiens aussi à remercier nos invités dont la présence ici nous est extrêmement profitable.
Nous avons, je crois, discuté très utilement aujourd'hui de l'efficacité énergétique et de son impact sur le développement durable. Nous en avons également parlé beaucoup au cours de la première heure.
En réponse à M. Sopuck, M. Sawyer a notamment dit que nous avons du mal à assurer la mise en marché de technologies du développement durable et que c'est une des difficultés que nous allons devoir résoudre. J'aurais à cet égard quelques questions à poser à Mme Sharpe car, justement, Technologies du développement durable du Canada s'attache en particulier à assurer dans de bonnes conditions la commercialisation du fruit des travaux menés dans ce domaine.
Le ministre Kent a évoqué l'approche du gouvernement en matière de réduction des émissions de GES dans le secteur des transports, puisque cela fait partie de l'approche sectorielle qui a été retenue. TDDC a en cela joué un rôle important et je souhaitais évoquer un projet qui me paraît passionnant et auquel je m'intéresse particulièrement en tant que membre du comité des transports.
Nous avons récemment achevé une étude sur les innovations technologiques en matière de transports. Nous avons naturellement longuement parlé de l'électrification et des véhicules alimentés par des piles. Je relève que de nombreux témoins nous ont dit « Nous n'y parvenons pas encore. Nous allons devoir attendre longtemps avant de pouvoir commercialiser de tels véhicules ». Pourtant, peu de temps après, à l'automne dernier, dans ma circonscription d'Elmwood — Transcona, TDDC et New Flyer Industries ont pu faire état des progrès accomplis en ce domaine.
Pourriez-vous, Mme Sharpe, nous dire quelque chose du rôle que TDDC a joué dans le cadre de ce projet, des bons résultats environnementaux que ces travaux vont produire dans l'immédiat, et des possibilités que cela ouvre à l'échelle internationale?
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Merci. Nous assurons, effectivement, de diverses manières, la mise en marché de ces technologies.
En ce qui concerne plus précisément les batteries et autres technologies de pointe en matière de transport, on peut s'attendre à voir les parcs de véhicules, les autobus, par exemple, les adopter avant même de voir ces nouvelles technologies intégrées à la production automobile. TDDC s'est donc initialement concentrée sur les parcs de véhicules, qu'il s'agisse d'entreprises de messageries, ou, en l'occurrence, de réseaux d'autobus.
La compagnie New Flyer construit beaucoup des autobus destinés au marché nord-américain et nous avons, par conséquent, vu l'intérêt de collaborer avec elle. Nous avons pensé que si cette technologie fait ses preuves, cela nous ouvrira de vastes perspectives. Nous procédons actuellement à une évaluation d'un petit parc d'autobus de la Winnipeg Transit qui, depuis quatre ans, exploite des véhicules à batterie. Nous nous penchons actuellement sur le système de charge, sur la capacité des batteries, la longévité des composants et la fiabilité de ses équipements. Si cela donne les résultats que nous espérons, nous allons pouvoir à la fois réduire les émissions de gaz à effet de serre et les principaux contaminants atmosphériques, les véhicules pouvant alors abandonner le carburant diesel en faveur de l'électricité produite par des centrales.
Je crois pouvoir dire que par rapport aux véhicules hybrides, un tel autobus entraîne, chaque année, une baisse d'environ 90 tonnes des émissions de CO2. Cela devrait démontrer la fiabilité de cette technologie et, compte tenu des faibles coûts du cycle de vie, favoriser son adoption.
J'espère en cela avoir répondu à votre question.