Je suis ravi qu'on m'ait donné l'occasion de comparaître devant vous. Je m'appelle Owen Vanstone et je représente le secteur de l'horticulture ornementale, plus précisément l'Association canadienne des pépiniéristes et des paysagistes, ou l'ACPP. J'en suis membre grâce à Landscape Manitoba, car ma famille possède et gère une pépinière grossiste à Portage la Prairie au Manitoba depuis 30 ans. J'ai grandi dans le milieu des plantes et j'y suis resté. Je suis également membre du conseil d'administration de l'ACPP en tant que président de Growers Canada.
L'ACPP est une fédération sans but lucratif regroupant neuf associations d'industries vertes et qui représente plus de 3 700 entreprises membres du secteur de l'horticulture ornementale: des pépiniéristes-grossistes; des gens du domaine de la construction des espaces verts; des entrepreneurs concepteurs-paysagistes et des entrepreneurs en entretien paysager; des centres de jardinage de détail; et d'autres industries connexes. De concert avec les associations provinciales, l'ACPP crée des programmes, prend des initiatives et forme des alliances afin de favoriser une prospérité durable pour les membres et les intervenants qui travaillent dans l'industrie verte.
Voici la vision de l'ACPP pour notre secteur: une industrie prospère fondée sur le professionnalisme et l'éthique que le public apprécie et utilise en raison des avantages économiques, des avantages pour l'environnement et pour le mode de vie qu'il tire des produits et des services offerts par nos membres.
En tant que professionnels de notre industrie, nous nous considérons comme des gardiens de l'environnement, et nous encourageons et promouvons la durabilité et l'environnementalisme sur le terrain.
Selon une récente étude sur le secteur de l'horticulture ornementale, qui inclut également l'industrie de la floriculture en serre, menée par Deloitte en 2009, on estime qu'en tout, les retombées économiques du secteur sont de 14,48 milliards de dollars: 6,98 milliards de dollars pour la production et 7,5 milliards de dollars pour les effets de valeur ajoutée. Au total, le secteur des plantes ornementales génère 3,8 milliards de dollars en revenu d'emploi et 1 milliard en taxes. J'ajouterais que c'est le seul secteur de l'agriculture qui paie la TPS.
Le perfectionnement professionnel des ressources humaines et le renforcement des capacités sont des priorités. L'horticulture ornementale procure plus de 136 000 emplois à temps plein aux Canadiens. On estime que pour deux emplois dans l'industrie, un emploi est créé dans l'économie en général. Les espèces envahissantes qui ont des répercussions sur la réussite globale des membres de l'ACPP peuvent avoir des effets sur notre secteur, ce qui a des conséquences directes très réelles sur le maintien de la prospérité et la croissance de l'emploi dans l'industrie.
Je comparais devant le comité permanent aujourd'hui après avoir reçu une invitation à la toute dernière minute; pour cette raison, nous n'avons pas eu tout le temps voulu pour nous préparer. Je suis donc venu ici peut-être davantage pour poser des questions que pour répondre aux vôtres.
En tant qu'association, nous souhaitons comprendre, par exemple, les objectifs précis de l'étude proposée par le comité. De quelle façon les résultats seront-ils liés au travail sur la prévention et la gestion réalisé par l'ACIA qui fait partie intégrante de son mandat? Quel est le rôle du comité et quels sont les liens avec les efforts de gestion fournis par les différentes agences provinciales, comme les ministères de l'Environnement et des Ressources naturelles? Quels seront les liens avec les conseils provinciaux sur les plantes ou les espèces envahissantes de chaque province pour gérer bon nombre de questions complexes liées à la lutte contre les espèces exotiques envahissantes et à la gestion de ces espèces?
La Stratégie nationale sur les espèces exotiques envahissantes d'Environnement Canada, qui a été publiée en 2005, comporte une approche de la gestion des espèces exotiques envahissantes en quatre étapes: la prévention, la détection précoce, l'intervention rapide et la gestion des espèces envahissantes déjà établies et qui se propagent, qui inclut des mesures de confinement, d'éradication et de lutte.
L'objectif du comité permanent est d'étudier le quatrième élément — la gestion des envahisseurs déjà établis et qui se propagent — pour neuf plantes et insectes envahissants très précis. Il s'agit clairement de l'élément le plus coûteux. Bon nombre d'études montrent clairement les millions, voire les milliards de dollars qu'ont dépensés différents ordres de gouvernement des deux côtés de la frontière pour tenter de gérer les espèces exotiques envahissantes déjà établies. La réussite des programmes de gestion varie beaucoup selon les espèces.
L'ACPP partage l'avis d'Environnement Canada dans le cadre de sa stratégie: l'objectif premier devrait toujours être la prévention. En effet, notre association, les pépiniéristes-grossistes en particulier, continue de collaborer très étroitement avec l'Agence canadienne d'inspection des aliments.
En 2004, lorsque l'encre des chênes rouges — une autre espèce envahissante que l'ACIA et l'USDA ont classée dans la catégorie des ravageurs justiciables de quarantaine — a été détectée sur la côte ouest de l'Amérique du Nord, l'industrie a pris des mesures préventives. On a mis en place un programme de pratiques exemplaires de gestion pour les pépiniéristes de la Colombie-Britannique. Bien que c'était une initiative de l'industrie, elle a collaboré étroitement avec l'ACIA tout au long du processus. En étant conscients qu'un accroissement de l'activité économique avec d'autres régions dans le monde, surtout l'Asie, pouvait bien mener à des situations similaires, les membres de l'ACPP ont pris l'initiative de mettre au point une approche fondée sur des systèmes phytosanitaires pour gérer la propagation possible d'autres ravageurs, que l'on appelle maintenant le clean plants program.
Le problème avec la prévention, c'est l'incapacité de dire de façon concluante quels en sont les bénéfices. Les millions de dollars qui sont dépensés pour une initiative permettent-ils à notre gouvernement d'économiser des milliers, des millions ou même des milliards de dollars liés à la gestion et aux coûts de la lutte contre les ravageurs? Nous ne pouvons que spéculer.
L'ACPP représente des entreprises de toute la chaîne de valeur de l'industrie de l'horticulture ornementale, du producteur au consommateur ultime, dont les propriétaires, les promoteurs, les municipalités et d'autres organismes publics, en passant par nos membres des centres de jardinage de détail et nos entrepreneurs en entretien paysager. En effet, nous sommes capables d'établir le contact avec des milliers de Canadiens, qui doivent tous prendre part à n'importe quel programme de gestion proposé. Par exemple, bon nombre de membres de centres jardiniers partout au Canada participent déjà aux initiatives Grow Me Instead.
De même, les entrepreneurs paysagistes peuvent sensibiliser les consommateurs. Nos associations provinciales sont désireuses de travailler avec des organismes provinciaux et des conseils sur les plantes envahissantes des provinces ou des organismes similaires.
En terminant, nous souhaitons remercier le comité de nous avoir donné la possibilité de participer à l'étude, et nous voulons vous exprimer notre engagement, en tant qu'industrie, à maintenir une industrie durable et rentable et à faire tout notre possible pour atténuer la menace constante des espèces envahissantes.
Je suis prêt à répondre à toutes vos questions au sujet des plantes et des insectes qui font partie de la liste, et je vous remercie encore une fois de m'avoir donné l'occasion de comparaître devant vous aujourd'hui.
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Merci. Je vous remercie de m'accueillir aujourd'hui.
Je suis directrice générale de l'un des plus anciens conseils du Canada. Les plantes envahissantes terrestres ont de grandes répercussions sur l'environnement et l'économie. On l'a démontré partout dans le monde. Il est donc crucial que le gouvernement du Canada adopte une approche préventive.
Lorsque nous examinons les répercussions des plantes ou des espèces envahissantes sur le Canada, l'une des choses que notre conseil constate, c'est que ce ne sont pas les plantes qui posent problème, mais bien les gens qui favorisent la propagation des plantes ou des espèces envahissantes. C'est vraiment un problème. Lorsque nous nous penchons sur la façon dont les plantes ou les espèces se propagent, nous parlons souvent des voies d'entrée ou des vecteurs par lesquels elles le font. Une bonne partie des espèces se trouvaient dans le milieu horticole et des jardiniers en ont planté à un moment donné. Donc, plutôt que de nous concentrer sur les espèces, nous parlerons des voies d'entrée et de la façon de fermer les frontières de sorte qu'aucune plante n'entre au pays.
Au Canada, plus de 60 p. 100 de toutes les espèces envahissantes sont introduites de façon intentionnelle. Nous les plantons ou les mettons dans nos aquariums, par exemple. Donc, si nous examinons comment en réduire le nombre, nous savons qu'il nous faut nous pencher sur les voies d'entrée.
Nous avons examiné les remarques sur votre liste de neuf espèces, et nous avons réfléchi à ce qui devrait être prioritaire. Nous réagissons à vos recommandations et à votre cadre de référence. Nous incitons fortement le gouvernement fédéral à être un partenaire clé et un organisme responsable actif pour ce qui est des terres fédérales partout au pays, qu'il s'agisse des terres de réserve, des terres du ministère de la Défense nationale ou des couloirs de transport. Les plantes qui se trouvent sur les terres fédérales se propageront à l'extérieur. Il est donc crucial de resserrer l'application des règlements à la frontière et le long des terres gérées par le gouvernement fédéral.
Vous proposez de mettre la priorité sur huit ou neuf espèces. Je viens de la côte Ouest, et les espèces qui nous posent problème ne sont pas du tout les mêmes que celles que l'on trouve dans les Maritimes. Nous savons qu'il y a des politiques partout au pays, comme c'est le cas pour la berce du Caucase, dont on a beaucoup parlé dans les médias, partout au pays. Grâce au travail de notre conseil et à ce que d'autres ont fait, nous savons que c'est beaucoup plus établi au Canada que nous le pensions il y a trois ans.
Lorsque nous regardons à l'échelle du Canada, nous savons que les priorités dans les Maritimes ne seront pas les mêmes que celles de la Colombie-Britannique et qu'il n'y en a pas présentement en Alberta, dans les territoires ou au Yukon. Pour pouvoir établir la liste des espèces prioritaires à l'échelle nationale, il faut connaître les priorités des différentes régions, car elles varient d'une région à l'autre. Notre conseil est d'avis qu'il est difficile d'établir des priorités pour des espèces qui sont déjà au pays, car la géographie varie tellement d'un endroit à l'autre.
À notre avis, il faut se concentrer sur la prévention, la détection précoce et l'intervention rapide, ce qui vient appuyer la stratégie nationale sur les espèces exotiques envahissantes. Les priorités doivent être établies à l'échelle locale et régionale pour les espèces une fois qu'elles sont là. Toutefois, il est essentiel de fermer les frontières et de chercher comment empêcher des espèces exotiques d'entrer. Axer les efforts sur la prévention fera certainement une différence. Une fois que les espèces sont entrées au pays, si nous les trouvons et réagissons très rapidement, nous sauverons l'environnement et économiserons de l'argent.
L'une des façons de faire consiste à cibler les espèces les plus dangereuses qui ne se trouvent pas au Canada, et à apprendre comment nous pouvons les empêcher de s'établir. Par exemple, il y a différentes façons de faire participer les citoyens. Divers ministères pourraient signaler des plantes ou des espèces lorsqu'elles entrent et agir rapidement. Tous les organismes fédéraux pourraient jouer un rôle.
L’une des diapositives que vous voyez représente un réseau d’observateurs, quelque chose que l’on réclamait pour l'ensemble du pays. Il s’agit de mobiliser des citoyens sur le terrain, que ce soit en Colombie-Britannique, à Terre-Neuve ou au Yukon, pour surveiller les espèces envahissantes et signaler leur première apparition. Si nous pouvions avoir beaucoup plus de citoyens et de groupes qui travailleraient ensemble, nous aurions de plus grandes chances de savoir ce qui se trouve dans le paysage.
J’en ai parlé un peu plus tôt, mais je le répète, le pourcentage des terres fédérales varie d’une province à l’autre. Ces terres sont souvent considérées comme des lits de germination ou des points d’origine de la propagation des espèces envahissantes vers les terres avoisinantes. Il est donc essentiel, lorsque les espèces traversent les limites administratives, que les terres gérées par le gouvernement fédéral, y compris les terres de réserve — et nous savons qu’il y a un débat en cours visant à déterminer à qui elles appartiennent — fassent l’objet d’une gestion puisque des espèces envahissantes s’y seront déjà développées. Parfois ces terres abritent des espèces en péril, or, les espèces envahissantes sont une menace pour les espèces en péril. Rappelons que les seuls organismes responsables de ces terres sont des organismes fédéraux. Nous sommes donc en faveur d'une telle mesure.
Il est intéressant de noter que tout un éventail d’organismes fédéraux s’occupent de la question des espèces envahissantes qui touche un certain nombre de facteurs économiques, environnementaux et sociaux. Par le passé, Environnement Canada a joué un rôle de coordination et notre conseil demande que ce rôle soit encore plus important et plus coordonné. Les rôles que doivent jouer Environnement Canada et Parcs Canada étaient l’un des premiers points que vous avez soulevés. Notre conseil estime que la priorité devrait être accordée au rôle de coordination au Canada.
Autre chose qui nous semble essentielle: si Environnement Canada est au premier plan de la coordination et s’il y a un processus interministériel ou autre dans le cadre duquel les organismes fédéraux traiteraient ensemble de la question des espèces envahissantes, il y aurait alors toute une série d’autres partenaires à travers le pays. Aucun organisme ne peut attaquer tout seul ce problème. Il faut mobiliser provinces et territoires de tout le pays car ce sont eux qui connaissent le mieux les données particulières à ces terres.
Des conseils sur les espèces envahissantes existent ou sont en cours de création — je crois qu’il y a actuellement deux conseils sur les plantes — pour tout le pays. Le Nunavut est le seul endroit qui pourrait ne pas en avoir, mais des discussions se poursuivent à ce sujet. Les gouvernements participent aux conseils sur les espèces envahissantes qui existent au Canada car ils peuvent vraiment aider à diffuser ces connaissances et ces informations aux citoyens.
En conclusion, nous pensons que les listes des plantes et des insectes sont importantes au Canada. Elles sont plus importantes dans certaines régions que dans d’autres, mais elles ne soulignent pas le rôle capital de la prévention et de l’intervention rapide. La plupart des listes sont bien établies. La berce du Caucase, pour parler de plantes, a été probablement l'espèce la plus délicate sur le plan politique au pays durant ces trois dernières années. La SRC lui a consacré deux émissions radiophoniques à l’échelon national. Je ne sais pas avec combien de personnes nous avons eu affaire, des parents dont les enfants étaient hospitalisés à cause de la berce du Caucase. Cette plante a une dimension très politique, même si elle n’a peut-être pas le plus important effet sur le plan environnemental au Canada.
Il s’agit de trouver le juste équilibre de gestion entre la politique et les besoins sur le plan de l’environnement. Notre conseil estime que les gestionnaires de terres et les gouvernements provinciaux et territoriaux doivent collaborer pour trouver un tel mode de gestion dans notre pays. Mais pour que l’approche soit coordonnée, il est essentiel de fermer les frontières du pays ou de résoudre le problème et gérer les espèces sur les terres fédérales. Nous savons tous que même si nous pouvons tous avoir des limites administratives qui séparent la Colombie-Britannique de l’Alberta, par exemple, que ces limites n’arrêtent pas la propagation des espèces envahissantes. Par conséquent, notre conseil ne cesse de souligner qu’il faut améliorer la collaboration. Nous croyons fermement qu’il faut absolument travailler ensemble pour changer les choses. Depuis la semaine dernière, notre conseil s'apprête à passer du statut de conseil sur les plantes à celui de conseil sur les espèces pour une raison particulière; et cette raison particulière est la prévention.
Peu importe que les gens en provenance des États-Unis apportent avec leurs bateaux des moules zébrées, des spartines ou des myriophylles au Canada. Ce que nous voulons, c’est que les bateaux des gens qui entrent au Canada ne contiennent aucune espèce envahissante. Ce qui va principalement changer au niveau de la prévention et des vérifications faites à la frontière et que nous préparons avec les agences fédérales et provinciales, c’est le comportement et la collaboration — que ce soit pour des plantes ou des espèces. C’est pour cette raison que la semaine prochaine notre organisation rejoindra la famille nationale des conseils sur les espèces.
Merci pour votre temps.
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Bonjour, mesdames et messieurs.
Je m'appelle Terry Quinney, je suis le directeur provincial du Service des pêches et de la faune à la Fédération des pêcheurs et chasseurs de l'Ontario. Je suis accompagné de Rachel Gagnon. Rachel est coordinatrice des programmes de Ontario Invasive Plant Council qui fonctionne sous l'ombrelle de la Fédération des pêcheurs et chasseurs de l'Ontario.
Tout d'abord, Je vous remercie de nous avoir invités à parler du sujet important des efforts que déploie le Canada pour contrôler les espèces terrestres envahissantes dangereuses. Je fais cet exposé au nom du ministère des Richesses naturelles de l'Ontario, du Programme de sensibilisation aux espèces envahissantes établi en partenariat en 1992 par la Fédération des pêcheurs et chasseurs de l'Ontario, et au nom de Ontario Invasive Plant Council qui comme je l'ai dit fonctionne sous l'ombrelle de la FPCO. Pour en savoir plus, veuillez consulter les sites www.invadingspecies.com et www.ontarioinvasiveplants.ca.
L’environnement et les écosystèmes améliorent considérablement la qualité de vie et la prospérité des Canadiens. Par exemple, environ trois millions de Canadiens vont à la pêche chaque année, et, selon les statistiques fédérales, la pêche sportive injecte chaque année dans l'économie canadienne plus de sept milliards de dollars. Un million de citoyens s'adonnent à la chasse, ce qui ajoute plus de trois milliards à notre économie chaque année. En raison de ces activités, le Canada reçoit donc plus de 10 milliards de dollars en avantages économiques dont profitent surtout les collectivités rurales et du Nord.
Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux et les administrations municipales se doivent donc de favoriser cet apport, et non de lui faire obstacle ou de le réduire.
L'introduction et la propagation d'espèces exotiques envahissantes dangereuses au Canada nuit à l'environnement, à l'économie et à notre société. Le danger s'accroît à un taux alarmant. Les espèces déjà arrivées se multiplient et il faut les gérer et les contrôler en disposant de peu de ressources. De nouvelles espèces continuent d'arriver en raison du manque de prévention et de détection. Il a été indiqué dans l'exposé précédent que le coût annuel de la présence de seulement 16 espèces allogènes se situerait entre 13 et 34 milliards de dollars pour l'économie canadienne.
En collaboration avec ses partenaires, le gouvernement du Canada tente de faire face à la menace des espèces envahissantes en élaborant des stratégies, des cadres, des recommandations et des plans d'action tels que la Stratégie nationale sur les espèces exotiques envahissantes élaborée par Environnement Canada en 2004. On y a déjà fait référence ce matin.
Ajoutons le Plan d'action pour les plantes terrestres et les phytoravageurs étrangers envahissants dressé par l'Agence canadienne d'inspection des aliments en 2008; Planifier un avenir durable - Stratégie fédérale de développement durable pour le Canada, document rédigé par Environnement Canada en 2010, et le Cadre de travail contre les plantes envahissantes de 2011 de l'Agence canadienne d'inspection des aliments.
Ce ne sont là que quelques exemples de documents, de cadres de travail et de plans d'action stratégiques formulés par le gouvernement fédéral ces dernières années.
II nous semble apparent qu'en rédigeant ces documents, le gouvernement fédéral a décrit et compris les étapes nécessaires pour trouver une méthode efficace de contrôle des espèces envahissantes, soit la prévention, la détection précoce, l'intervention rapide et la gestion des espèces établies et en voie de propagation. Ces éléments constituent les principaux thèmes soulevés ce matin dans les exposés.
La FPCO reconnaît depuis longtemps que ces espèces envahissantes constituent une menace et a donc établi, il y a près de 20 ans, le Programme de sensibilisation aux espèces envahissantes en partenariat avec le ministère des Richesses naturelles de l'Ontario. Ce programme cherche à informer directement les citoyens des problèmes liés à la présence des espèces envahissantes et à les mobiliser pour prévenir I'introduction de nouvelles espèces en Ontario et contrôler la propagation de celles qui s'y trouvent déjà.
L'OFAH a contribué à fonder en 2007 l'Ontario Invasive Plant Council, l'OIPC, organisme dont elle est actuellement l'hôte. L'OIPC est la coalition d'établissements gouvernementaux, non gouvernementaux, autochtones et universitaires travaillant ensemble pour contrer la menace croissante que représente la présence d'espèces végétales exotiques envahissantes en Ontario.
Le Programme de sensibilisation aux espèces envahissantes et l'OIPC font en sorte que les objectifs et les approches de chaque programme respectent les objectifs énoncés dans la stratégie et le plan d’action nationaux du Canada dont j'ai parlé un peu plus tôt.
La prévention de l’introduction et de la propagation d’espèces envahissantes est l’un des objectifs de la Stratégie nationale sur les espèces exotiques envahissantes. L'OFAH et l'OIPC se sont activement engagés à favoriser la prévention en éduquant et en sensibilisant le public. Beaucoup de nos programmes portent sur la façon dont sont introduites ces espèces.
La stratégie dont je viens de parler fait état d'environ neuf types de menaces, et les deux programmes que nous parrainons et dont j'ai déjà parlé s'attaquent à certaines d'entre elles. Nous tentons à l’heure actuelle d’élargir notre approche de sensibilisation et d'éducation sur les espèces terrestres. Nous nous concentrerons sur les méthodes d’introduction comme l’horticulture plutôt que de procéder espèce par espèce. En nous concentrant sur une méthode d’introduction, nous pouvons prévenir l’introduction et la propagation de multiples espèces introduites de cette manière, ce qui est plus économique que de procéder espèce par espèce.
De plus, l'un des autres objectifs de la Stratégie nationale sur les espèces exotiques envahissantes est la détection précoce et l'intervention rapide. Le Programme de sensibilisation aux espèces envahissantes et l'OIPC se sont activement engagés à lancer des initiatives de surveillance et de détection rapide. Nous voudrions établir un protocole de coordination et de collaboration dans le cadre duquel les organisations se partageraient une base de données nationale où elles verseraient les données sur les plantes envahissantes et signaleraient leur arrivée au pays. Cela permettrait aux organisations et à certaines personnes ayant les compétences nécessaires de fournir des données et d'indiquer où poussent les végétaux en question. L'OFAH et l'OIPC ont fondé un système de repérage des espèces envahissantes et en font la promotion. C'est un outil Internet destiné aux profanes et aux spécialistes, qui peuvent ainsi signaler la présence de ces espèces et obtenir l'information dont ils ont besoin à ce sujet.
Le Programme de sensibilisation aux espèces envahissantes reçoit du Programme de partenariat sur les espèces exotiques envahissantes d'Environnement Canada les subventions dont il a besoin pour créer un réseau de détection précoce. Ce projet cherche, en collaboration avec des organismes comme l'OIPC, à mettre sur pied un réseau de bénévoles des secteurs public et privé qui surveilleront sur le terrain l'introduction d'espèces envahissantes le long des voies d'entrées habituelles.
Des préposés du Programme de sensibilisation aux espèces envahissantes répondent aux appels sur la ligne sans frais sur les espèces envahissantes. Cette ligne permet aux citoyens d'appeler et de signaler la présence d'espèces envahissantes en Ontario. De plus, l'OIPC collabore avec le National Invasive Species Council afin de créer un réseau national d'observateurs. Le programme de l'OIPC parrainé par l'OFAH et le Programme de sensibilisation aux espèces envahissantes ont mis sur pied un réseau, encore en pleine évolution, d'inspecteurs des mauvaises herbes et de bénévoles les aidant à exécuter ces programmes.
Nous sommes en train de créer un réseau actif et efficace de surveillance et de partage de l'information permettant de repérer les espèces fraîchement introduites et particulièrement dangereuses.
Ces programmes ont pour but ultime de détecter les envahisseurs dès que possible, afin d'aider les organismes gouvernementaux responsables à réagir sans délai. Bien que ce soit la détection précoce et l'intervention rapide qui sont considérées comme les principaux objectifs de la stratégie nationale, nous croyons qu'il faudrait consacrer plus d'énergie à la création et à la mise en oeuvre de plans d'intervention rapide.
J'ai trouvé les exposés très intéressants.
Mes premières questions seront pour M. Quinney.
Je vais d'abord faire un commentaire. Je suis vraiment enchanté de voir la Fédération des pêcheurs et des chasseurs de l'Ontario témoigner devant le comité, et j'aimerais que la communauté des pêcheurs et des chasseurs nous communique plus souvent son expertise.
Monsieur Quinney, non seulement je suis heureux de votre exposé aujourd'hui, mais j'aimerais que vos collègues de la communauté et vous preniez part à nos délibérations plus souvent.
En parlant des espèces envahissantes, vous avez pris la peine de préciser les espèces envahissantes dangereuses. Est-ce que cela veut dire que vous faites une distinction entre les espèces envahissantes dangereuses et celles qui sont sans danger ou bénéfiques?
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Il existe absolument un rôle important pour Agriculture Canada et les ministères provinciaux de l'agriculture, mais ce n'est pas du tout celui de coordination générale. Les lois les plus anciennes en vigueur au Canada sont celles qui concernent les mauvaises herbes, dans chaque province. Traditionnellement, le problème des mauvaises herbes semblait se poser en agriculture, mais ces plantes posent un problème de taille à la biodiversité, aux parcs aussi.
Vu le nombre si élevé d'organismes concernés, il est logique, pour la gestion de l'environnement, la biodiversité, la santé des écosystèmes, qu'Environnement Canada tienne le premier rôle. Les autres organismes doivent s'engager totalement. Mais en privilégiant le secteur agricole, on écarte la plus grande partie de la Colombie-Britannique.
Autre exemple, que vous avez demandé à connaître, de plante qui envahit les écosystèmes, le genêt à balais, qui infeste les écosystèmes naturels et qui étouffe beaucoup de cultures forestières. Donc, certainement, on ne voit pas le ministère de l'Agriculture aux commandes dans l'Ouest.
Le public a absolument un rôle, il le faut. Tous les conseils constitués d'un bout à l'autre du pays comportent diverses commissions. Elles ne peuvent pas être uniquement gouvernementales.
En Colombie-Britannique, par exemple, notre commission est constituée de représentants fédéraux, provinciaux et autochtones ainsi que de toute une gamme de groupes de citoyens, de groupes s'occupant de gérance ou d'intendance, etc. Ils participent tous à notre travail. La province et le gouvernement fédéral, en Colombie-Britannique et dans d'autres provinces, affirment la nécessité d'une participation du public. Le public a donc un rôle de premier plan. C'est lui qui peut faire beaucoup plus. La jeunesse est partie prenante, et il faut pouvoir travailler avec elle pour rejoindre les parents. Nous savons ce qui se passe. Voilà les principales réponses.
J'espère que j'ai bien répondu à votre question.
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Merci, monsieur le président.
Merci à vous tous. Nous sommes très reconnaissants des compétences dont vous nous faites profiter.
Comme vous, je suis intéressée à la prévention. Je m'étonne que, aujourd'hui, il n'ait pas encore été question de changement climatique. D'après le Programme mondial sur les espèces envahissantes, financé par la Banque mondiale, dans un monde plus chaud, la météo plus extrême et les concentrations plus élevées de gaz carbonique donneront l'avantage à certaines espèces, aux dépens d'écosystèmes marins et terrestres qui seront dévastés. Nous savons que les espèces qui ont déjà envahi l'Amérique du Nord sont susceptibles de trouver de nouveaux habitats convenables à envahir, ce qui leur permettra d'agrandir leur aire d'extension. En outre, les habitats convenables du Canada et les régions d'où viennent ces espèces risquent davantage de correspondre entre eux. On risque donc d'être envahi par de nouvelles espèces exotiques, tandis que les concentrations de gaz carbonique risquent de favoriser certaines espèces, indépendamment du réchauffement.
Madame Wallin, pourriez-vous nous dire quelles seraient les répercussions économiques possibles d'un changement climatique sur les espèces envahissantes, étant bien sûr entendu que vous ne savez pas desquelles il s'agit?
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Je ne peux pas parler des répercussions économiques des changements climatiques. Notre conseil a constaté que les changements climatiques permettent à des espèces… Même en horticulture, on regroupe les zones de culture dans l'Est. La même tendance s'observera pour les écosystèmes naturels et les plantes envahissantes. Par conséquent, la capacité des plantes envahissantes de proliférer plus rapidement…
Je viens d'une localité de l'arrière-pays. L'hiver, il y fait moins 30. Le lierre et la berce du Caucase n'y poussent pas, mais dans 20 ans, il y a de fortes chances que ces plantes puissent s'y multiplier. La prévention devient donc d'autant plus importante que les plantes envahissantes du Sud de la province peuvent maintenant facilement… Les températures pourraient s'élever à un niveau susceptible de permettre aux plantes envahissantes agressives de proliférer dans ma région.
La rigueur de nos hivers n'est pas propice à bien des espèces. C'est pourquoi à peine 12 ou 15 espèces figurent sur la liste des plantes envahissantes du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest. Dans la foulée du relèvement des températures et des changements climatiques, davantage d'espèces envahissantes risquent d'avoir un impact environnemental qui entraînera des répercussions économiques sur l'habitat de la faune, comme vous l'avez évoqué.
Je voudrais aborder un autre aspect sur les répercussions des plantes envahissantes: la séquestration du carbone, qui revêt une importance cruciale au Canada et en Colombie-Britannique. La recherche a débouché sur une constatation importante: les écosystèmes sains, les pâturages sains notamment, séquestrent davantage de carbone que les endroits où pousse rapidement la centaurée entre autres. Les recherches américaines vont dans le même sens. Déjà qu'elles ont l'avantage d'être agressives et de proliférer rapidement avec ou sans l'aide de l'homme, les plantes envahissantes feraient augmenter le coût des changements climatiques et même de la séquestration du carbone. Tout cela risque davantage d'exacerber le problème que de l'atténuer.
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C'était très pertinent. On a besoin de vos commentaires pour mieux se préparer, mieux vous accueillir et pouvoir vous poser des questions adéquates. C'est très important que vous puissiez être en mesure de bien répondre.
On a parlé de l'importance de la lutte contre les espèces envahissantes, mais aussi du fait qu'on doit se préparer aux impacts économiques et environnementaux que cela va entraîner. Cependant, il faut penser que la prévention demeure la meilleure arme de lutte aux espèces envahissantes.
Bien sûr, une des façons de se protéger des espèces envahissantes est toujours par la lutte aux changements climatiques. Quand il y a des changements, il y en a aussi pour toutes les espèces et il y en a sur l'environnement.
D'après vous, monsieur Vanstone, quels efforts du gouvernement pour lutter contre les espèces envahissantes portent fruits? Êtes-vous au courant de ce que le gouvernement fédéral fait actuellement?
Je sais que vous avez mentionné que vous aimeriez qu'il y ait un réseau national. Pourriez-vous nous en dire plus sur cette idée?
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Je ne nierai pas que notre industrie a contribué à la prolifération des espèces envahissantes, mais cela remonte à fort longtemps, et si vous me regardez bien, vous constaterez que c'était peut-être avant ma naissance.
Ce que j'ai observé ces dernières années dans le cadre de mes activités, c'est que notre industrie n'est pas à l'origine de la prolifération des insectes ravageurs et des maladies, particulièrement. Si vous cherchez un coupable, c'est plutôt l'industrie du transport maritime, avec ses cargaisons en provenance de l'Asie. Notre industrie a dû composer avec les conséquences.
Je vous donne quelques exemples. Ce n'est pas nous qui avons introduit le longicorne asiatique qu'on retrouve ici. Il s'attaque aux arbres de l'ensemble de la province et pourrait envahir d'autres provinces.
L'agrile du frêne est le pire insecte ravageur que j'ai vu ces dernières années. Lui aussi, il a été introduit par l'industrie du transport maritime. Il a considérablement nui aux arboriculteurs canadiens. On le retrouve près des habitations. Comme il n'y a plus de marché pour le frêne, une grande quantité de magnifiques arbres matures sont abattus et déchiquetés à la pépinière, lorsqu'ils n'ont pas déjà été ravagés. Les répercussions économiques sont énormes. Les arboriculteurs cherchent des solutions de rechange. Quelles espèces vont-ils cultiver?
Est-ce que je dois prendre ma défense et celle de notre industrie? Je l'ignore. Nous devons, je pense, être très proactifs et miser sur la prévention.
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Très bien. Je répondrai d'une façon assez générale. Au fait, un conseil national sur les espèces envahissantes est en voie de création au Canada, essentiellement parce que de tels conseils existent dans les provinces et territoires.
En règle générale, les répercussions économiques auxquelles M. Quinney a fait allusion sont assez importantes. Si vous examinez les provinces les plus touchées, la Colombie-Britannique est aux prises avec beaucoup d'espèces envahissantes, mais c'est Ontario qui vient au premier rang. Les répercussions sont importantes dans ces deux provinces, probablement en raison des échanges commerciaux, des ports et des activités agricoles.
Dans les régions froides, les espèces envahissantes sont moins présentes. Moins une région est peuplée, moins il y a d'espèces envahissantes. Ce n'est pas simplement une question de climat. Dans les régions froides, il y a donc moins de gens qui transportent des espèces envahissantes.
Nous ne considérons pas que les changements climatiques sont le principal facteur. C'est davantage le déplacement des personnes qui est à la source du problème, car 60, 66 p. 100 des espèces envahissantes sont transportées intentionnellement.
Les changements climatiques sont une cause, mais ce n'est pas la principale. Ils modifieront l'aire de répartition de bien des espèces, dont les espèces indigènes. Les deux seront donc touchées. C'est plutôt le déplacement des personnes qui constitue le principal facteur. Les gens voyagent davantage. Vous avez parlé de la Chine. Il y a 13 espèces de centaurée au Canada, contre plus de 300 en Chine.
Quels sont nos partenaires commerciaux? Faut-il fermer nos ports? Ce n'est pas la solution.
Tels sont les problèmes avec lesquels nous sommes aux prises. Je pourrais vous donner d'autres exemples, mais vous ne disposez que de cinq minutes.
Cette discussion est fascinante. Nous aimerions tous avoir plus de temps.
Puisque je représente une circonscription de la Colombie-Britannique, sur la côte Ouest, je vais commencer par parler d'une espèce problématique que l'on y trouve, notamment sur l'île de Vancouver, soit le genêt à balais. Nous avons des équipes de bénévoles qui tentent de lutter contre cette espèce, et je suis convaincu, Gail, qu'une de vos principales responsabilités consiste à solliciter la participation de bénévoles.
Nous menons des campagnes de sensibilisation, comme Cut Broom in Bloom, car il faut informer la population sur la meilleure façon d'éliminer cette espèce nuisible. Ces plantes sont difficiles à arracher une fois qu'elles ont pris racine.
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C'est l'examen prévu par la LCEE qui est au programme de nos réunions du mardi et du jeudi la semaine prochaine. Puis, le 13 décembre, nous allons entendre le témoignage de Karen Dodds. Nous verrons ensuite ce qui va se passer le 15 décembre.
J'ai eu vent que la Chambre allait peut-être suspendre ses travaux d'ici là. Il revient au comité de décider s'il veut se réunir après cette date. C'est vers quoi on se dirige. Je présume qu'on ne voudra pas tenir de séance si la Chambre ne siège pas, mais ce sera au comité d'en décider.
Je crois comprendre que non. Je pense que nous avons un consensus.
Donc, pour l'instant, je vous confirme que nos réunions des 6, 8 et 13 décembre seront bien remplies.
Je remercie nos analystes, qui travaillent très fort.
Des voix: Bravo!
Le président: Y a-t-il d'autres points à l'ordre du jour? Sinon, j'accueillerais une motion proposant de lever la séance.
Une voix: J'en fais la proposition.
Le président: Le député en fait la proposition.
C'est fait. La séance est levée.