:
Merci, monsieur le président.
M. David m'accompagne ici aujourd'hui.
Avant de me lancer dans le vif du sujet ici, le chef national souhaitait que je félicite en son nom tous les membres du comité permanent, d'abord d'avoir été élus, puis d'avoir été nommés au comité. Il aurait, bien sûr, souhaité être des nôtres ici aujourd'hui, mais ses engagements ne le lui ont malheureusement pas permis.
L'environnement et le développement durable sont d'une importance primordiale pour les Premières nations, et c'est ainsi que nous sommes ravis de comparaître aujourd'hui pour la première fois devant vous.
La Loi canadienne sur l'évaluation environnementale est importante pour tous les Canadiens car elle est le principal véhicule législatif utilisé par le Canada pour concilier les considérations environnementales et économiques dans le contexte du développement. Un fait moins bien connu est que la loi est également le principal véhicule législatif en vue de la conciliation des droits autochtones et issus des traités relativement aux projets de développement. C'est souvent par le biais du processus d'évaluation environnementale que les Premières nations s'intéressent, pour la première fois, aux développements proposés. Cela est tout particulièrement le cas lorsque les développements sont proposés ou menés en l'absence d'un partenariat établi avec les Premières nations.
L'APN tient à établir très clairement que les Premières nations ne sont pas opposées au développement. Les Premières nations sont nombreuses à travailler en partenariat avec l'industrie, voire même à diriger des initiatives de développement des ressources d'envergure. Plusieurs belles réussites du genre ont été mises en exergue lors d'un sommet international sur les secteurs minier et énergétique que l'APN a tenu plus tôt cette année à Niagara Falls. Dans le cadre de tels projets, il a déjà été établi par les Premières nations que le développement doit cadrer avec nos obligations envers la Terre et nos peuples.
Nombre de ces Premières nations ont à coeur une loi qui respecte le savoir environnemental et les intérêts économiques des Premières nations. La loi doit être simplifiée pour permettre aux Premières nations de développer nos propres territoires. Or, dans la plupart des cas, le développement est proposé par des entreprises qui n'ont pas forgé de relation avec les Premières nations, élément qui est pourtant primordial. Ces entreprises doivent le faire dans le contexte du processus d'évaluation environnementale.
Il arrive que soient proposés des projets qui viendraient menacer des ressources essentielles ou d'importants lieux culturels. C'est ce qui rend difficile le processus d'engagement et de dialogue, car les Premières nations peuvent entamer cette relation sous la menace d'effets inconnus sur leurs terres, leurs territoires et leurs ressources. Dans de tels cas, les Premières nations ont besoin d'une LCEE qui puisse assurer la conciliation des droits des Premières nations et des intérêts des promoteurs. Ces droits et intérêts peuvent parfois être aisément conciliés, mais pas toujours. Les Premières nations craignent que l'actuel cadre offert par la LCEE ne cerne pas suffisamment bien les questions de savoir si nos droits peuvent être conciliés avec les intérêts de l'industrie, et comment.
La principale recommandation de l'APN est que le comité recommande au gouvernement d'établir un processus mixte Couronne-Premières nations en vue de réformer la LCEE, ce de manière à honorer les engagements de la Couronne et à rendre la loi efficace sur le plan de la consultation et des accommodements. Le temps et les ressources que cela exigera devraient être perçus comme un investissement pour que le tir soit juste pour l'ensemble des intervenants, et non pas simplement comme un exercice d'engagement des Premières nations.
En 2004, suite au dernier examen de la LCEE, la Cour suprême du Canada a rendu de nombreuses décisions énonçant que la réconciliation était un impératif en droit canadien en ce qui concerne les relations entre la Couronne et les peuples des Premières nations et entre l'industrie et les peuples des Premières nations. Cet impératif de réconciliation se trouve également reflété dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des populations autochtones, qu'appuie bien sûr aujourd'hui le Canada. Nous sommes très désireux d'oeuvrer avec le gouvernement du Canada à la concrétisation des droits énoncés dans la déclaration.
Je soulignerais par ailleurs qu'il est très important que le Canada réussisse le pari, étant donné la récente annonce faite par le premier ministre du Canada de la création de l'Institut canadien international pour les industries extractives et le développement. Cette annonce a été faite à la rencontre des dirigeants des pays membres du Commonwealth. Il a en effet été annoncé que ce nouvel institut mènera des travaux de recherche en politique pour déterminer les meilleures pratiques de gestion dans le secteur de l'extraction pour chaque pays et organisera l'aide technique destinée aux gouvernements et aux communautés dans les pays en développement, grâce à un partenariat entre le secteur privé canadien et des organisations de la société civile du Canada.
Il est important que le Canada s'assure que son tir soit juste avant qu'il ne commence à exporter des politiques et des pratiques à d'autres pays, tout particulièrement dans les cas où des peuples autochtones pourraient être touchés par le développement.
Nous vous recommandons de consulter le rapport du rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones, James Anaya. Il est rapporteur spécial pour les Nations Unies. Il a publié un rapport plus tôt cette année, soit en juillet 2011. L'une de ses entrées, sous la rubrique conclusions et recommandations, se lit comme suit:
S'appuyant sur l'expérience acquise pendant son premier mandat, le rapporteur spécial a identifié l'extraction de ressources naturelles et d'autres projets de développement d'envergure menés à l'intérieur des territoires de peuples autochtones, ou dans leur périphérie, comme étant les plus importantes sources d'abus des droits des peuples autochtones dans le monde. Dans sa forme prévalente, le modèle d'avancement de l'extraction de ressources naturelles à l'intérieur des territoires de populations autochtones paraît aller à l'encontre de l'autodétermination des peuples autochtones et des sphères politiques, sociales et économiques.
Il existe quantité de précédents juridiques, ici au Canada et ailleurs dans le monde, établissant que les États et les peuples autochtones doivent réaliser la réconciliation dans leurs relations, sous toutes leurs formes: politiques, économiques, sociales et culturelles.
De l'avis de l'Assemblée des Premières nations, la loi doit être mise à jour aux fins du respect des obligations de la Couronne par rapport à cet impératif de réconciliation.
Mesdames et messieurs les membres du comité permanent, je dois vous informer que les Premières nations ont peut-être, plus que tout autre groupe, entamé des poursuites relativement à la LCEE. Des études scientifiques et légales coûteuses, ajoutées aux litiges, sont autant de sources de retards. Je dois également vous informer qu'en dépit de l'avalanche de litiges et de retards, il n'a été entrepris presque aucun travail politique auprès des Premières nations en vue de résoudre les problèmes de consultation et d'accommodement, ou, plus généralement, de réconciliation.
Désireux que je suis de respecter la période de 10 minutes dont je dispose, je vais tout de suite passer à nos recommandations.
Faute de temps et de financement pour explorer des améliorations possibles à la LCEE avec les Premières nations, voire même pour analyser la loi actuelle, l'Assemblée des Premières Nations recommande que le comité permanent recommande que le gouvernement engage les Premières nations dans sa réponse au rapport du comité permanent. Les Premières nations demandent un processus mixte Couronne-Premières nations pour déterminer comment la réconciliation pourrait être reflétée dans la loi. Un tel processus devrait inclure, entre autres, ce qui suit: une reconnaissance de la nécessité d'un consentement libre, préalable et éclairé dans le préambule de la loi, ainsi qu'une explication des circonstances dans lesquelles le consentement libre, préalable et éclairé des Premières nations doit être obtenu avant le début de travaux; un élargissement des déclencheurs pour englober les titres ancestraux, les droits issus des traités et les droits autochtones, ce qui cadre avec les décisions de la Cour suprême du Canada, plus particulièrement en ce qui concerne les peuples Haïda et Taku; l'établissement d'un cadre à l'intérieur duquel la Couronne travaillera avec les gouvernements des Premières nations relativement aux examens préalables et aux évaluations environnementales stratégiques; une exigence que la Couronne communique aux Premières nations les évaluations de la force des réclamations et leur offre l'occasion d'y réagir; le dépôt par les promoteurs d'évaluations des impacts environnementaux en langage clair, afin que les membres de notre communauté puissent mieux les comprendre; et la participation des Premières nations à toutes les étapes de prise de décisions dans le processus d'évaluation environnementale, y compris celle de l'élaboration de politiques, en ce qui concerne, notamment, des décisions en matière de cadrage.
Je vais m'arrêter là, monsieur le président. Merci.
:
Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité. Je m'appelle Dave Collyer et je suis président de l'Association canadienne des producteurs pétroliers, ou ACPP. Je suis heureux de l'occasion qui nous est offerte de présenter le point de vue de notre association sur la LCEE, qui est un texte de loi certainement important. Toutefois, j'aimerais commencer par situer la LCEE dans un contexte plus large, en vous encourageant à voir cette révision de la LCEE comme une occasion de procéder à une réforme réglementaire plus fondamentale.
Premièrement, pourquoi donc une réforme réglementaire plus vaste est-elle importante? Parce qu'elle est cruciale pour la compétitivité du Canada — pour attirer et soutenir les investissements, qui créent des emplois, font croître l'économie et apportent la prospérité aux Canadiens. Notre industrie est celle qui, de tout le secteur privé, réalise les investissements les plus importants au Canada. Nous investissons plus de 50 milliards de dollars chaque année et nous employons plus d'un demi-million de Canadiens. La compétitivité de l'industrie et la capacité d'attirer l'investissement sont donc d'une importance primordiale pour nous.
Il est plutôt troublant, de notre point de vue, que diverses instances canadiennes et internationales aient dépeint le système réglementaire exagérément complexe, redondant et variable du Canada comme étant une menace à notre capacité d'attirer des capitaux pour développer nos abondantes ressources naturelles.
Et, disons-le très clairement, cela entraîne non seulement des retards dans l'approbation des projets, mais aussi d'éventuelles annulations de projets, ou des reports importants, et cela paralyse les investissements au Canada et l'attrait qu'exerce le pays sur les investisseurs.
Souvent, pendant que nous laissons le processus réglementaire poursuivre son lent cheminement, des développements s'opèrent sur les marchés, des options concurrentielles se concrétisent, et les fenêtres du marché s'ouvrent et se ferment. Je pense donc qu'il est très important de réfléchir à cela dans le contexte non seulement des retards, qui peuvent être perçus par certains comme étant un simple inconvénient, mais également des effets beaucoup plus directs quant aux capitaux d'investissement à destination du Canada.
Nous proposons trois principes clés pour guider cette réforme réglementaire élargie, et je considère qu'ils sont tous d'importance égale dans le contexte de votre examen de la LCEE. Premièrement, nous croyons que le système réglementaire doit soutenir la croissance économique, la performance environnementale et la sécurité et la fiabilité énergétiques. Ces trois éléments sont tous importants. Il va sans dire que la qualité supérieure de notre performance environnementale doit être maintenue. Tous les Canadiens s'y attendent. Mais nous soutenons que notre croissance économique et que notre sécurité et notre fiabilité énergétiques sont elles aussi d'une importance cruciale, et qu'il importe d'en tenir compte comme il se doit.
Deuxièmement, la réforme réglementaire doit se préoccuper de la coordination tant intergouvernementale qu'intragouvernementale. Nous devons supprimer les chevauchements et les redondances réglementaires entre les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, et nous devons aussi corriger, le cas échéant, le manque d'harmonisation et les recoupements de responsabilités entre les ministères à vocation réglementaire à l'intérieur de chaque palier de gouvernement.
Troisièmement, la réforme réglementaire doit améliorer la rapidité et l'efficacité des processus, avec des résultats basés sur de solides données scientifiques.
Nous tenons également à souligner qu'en l'absence d'améliorations simultanées des processus de consultation des Autochtones, nous ne pourrons pas réaliser pleinement les avantages potentiels d'améliorations au processus réglementaire.
Nous vous demanderions, au fil de votre examen de la LCEE, de garder à l'esprit ces principes, et l'occasion qu'offre cette révision de cerner et de régler des enjeux systémiques du processus réglementaire.
Comme je l'ai déjà mentionné, la LCEE doit être clairement ancrée dans le système d'ensemble, dont elle n'est qu'un élément soutenant la prise de décisions. La réglementation doit être encadrée par les décisions générales d'orientation qui sont prises au niveau politique ou dans le cadre de processus régionaux de planification, et qui reposent, dans les deux cas, sur une grande diversité de facteurs. Par exemple, c'est généralement au niveau politique, et souvent en fonction d'une planification régionale, dirions-nous, que l'on décide, à juste titre, s'il y a lieu ou non de développer une ressource particulière. Ces décisions se fondent sur un très large éventail d'éléments, incluant à la fois des facteurs économiques, environnementaux et sociaux.
Ce n'est pas à la LCEE, au processus d'évaluation environnementale ou à d'autres processus de réglementation ou de délivrance de permis qu'il revient de produire ces décisions stratégiques de grande portée; ces processus doivent plutôt aider à déterminer de quelle façon la ressource devrait être mise en valeur et notamment signaler tout obstacle d'ordre environnemental.
À notre avis, la distinction entre « s'il y a lieu » et « de quelle façon » est extrêmement importante, et c'est un aspect sur lequel le comité devrait se pencher dans ses délibérations.
Cette toile de fond étant dressée, permettez-moi maintenant d'aborder la question particulière de la révision de la LCEE. Je commencerai par faire quelques observations sur ce qu'est la LCEE et, chose qui est importante de notre point de vue, sur ce qu'elle n'est pas.
Voyons d'abord ce qu'elle est. La LCEE est une loi fédérale, de portée relativement étroite, qui vise à éclairer le processus décisionnel aux stades initiaux de l'évaluation d'un projet. Elle oblige les autorités réglementaires à amorcer une évaluation environnementale si, et seulement si, un déclencheur de l'intervention fédérale est présent.
Si tel est le cas, la LCEE exige que l'autorité réglementaire détermine si le projet est susceptible d'avoir des effets environnementaux négatifs importants, et qu'elle évalue les impacts connexes de nature socioéconomique et touchant les peuples autochtones. C'est tout.
Voyons maintenant ce qu'elle n'est pas. La LCEE soutient solidement le développement durable, mais l'évaluation environnementale n'est pas un outil pour déterminer si un projet répond à des critères de développement durable ou examiner de vastes impacts socioéconomiques. Elle ne vise pas à évaluer de lointaines répercussions du projet. Elle ne fait pas partie de la planification régionale. Elle n'est pas un outil pour s'interposer dans l'exécution légitime d'évaluations environnementales à d'autres niveaux de compétence. Elle n'est pas un processus de délivrance de permis, elle n'est pas non plus un outil pour réviser ou tenter d'invalider des décisions de développement des ressources, ou des orientations connexes, qui relèvent de la compétence générale des responsables des politiques. Enfin, elle ne devrait pas être utilisée comme moyen de freiner, de retarder ou d'arrêter déraisonnablement le développement.
En bref la LCEE doit selon nous être clairement centrée sur l'objectif qui lui est propre: permettre une prise de décisions éclairée aux premiers stades de l'évaluation de certains projets, pour lesquels il existe un déclencheur de l'intervention fédérale.
La portée de la LCEE peut, et de notre point de vue devrait, être limitée à cet objectif de base. Je pense que certains intervenants devant le comité soutiendront que la LCEE a une portée beaucoup plus vaste, ou que cette portée devrait être élargie davantage. J'exhorte le comité à ne pas souscrire à de telles argumentations.
Passant maintenant à nos recommandations relatives à la LCEE, je mentionnerai brièvement quelques points, qui seront exposés plus en détail dans notre mémoire.
Premièrement, nous devons tendre vers l'application de la démarche « un projet, une évaluation », sous la gouverne de l'instance de réglementation la mieux placée, et selon une approche fondée sur le risque, consistant à diriger les ressources vers les projets dont le risque est le plus élevé. Pour ce faire, nous devons nous attaquer aux problèmes de longue date en matière d'accords de substitution et d'équivalence et veiller à progresser de manière uniforme sur ce plan. Je tiens également à souligner que l'absence d'un déclencheur de l'intervention fédérale ne signifie pas l'absence d'une évaluation environnementale. L'examen des projets d'extraction in situ des sables bitumineux en Alberta en est, je pense, un bon exemple. Ces projets font l'objet d'une évaluation réglementaire exhaustive menée par les autorités provinciales.
Deuxièmement, il nous faut établir des échéanciers formels et accroître la reddition de comptes en vue de la livraison de résultats.
Troisièmement, il nous faut nous assurer de revenir, pour la prise de décisions, à l'approche fondée sur les faits et les données scientifiques, suivant l'objet original de la loi.
Quatrièmement, il nous faut améliorer le processus de consultation des Autochtones, dans l'intérêt de toutes les parties. Il y aurait notamment lieu, selon nous, d'établir des limites de durée et de mieux définir les responsabilités du gouvernement en matière de consultation. Je tiens à être très clair. Notre industrie est un ferme défenseur de la consultation des Autochtones, pour toutes les raisons évidentes, et cette consultation est menée tout au long du cycle de vie de la plupart des projets.
Cinquièmement, il est, de notre point de vue, très important que le comité, dans ses délibérations, indique très clairement où s'inscrit la LCEE dans le cadre général des politiques et de la réglementation, et qu'il veille à ce que l'objet et la portée de la LCEE soient définis en conséquence.
Permettez que je termine en soulignant quelques points clés.
Je pense que le comité dispose ici d'une merveilleuse occasion d'améliorer la compétitivité du système de réglementation canadien, ce qui, à notre avis, aurait une incidence très réelle et tangible sur les emplois et la croissance économique.
Je pense que nous convenons tous que cet effort doit continuer de livrer des résultats environnementaux responsables. C'est ce que nous souhaitons; c'est, je crois, ce que vous souhaitez; et c'est aussi ce que souhaitent, je pense, les Canadiens.
La mise en oeuvre en temps opportun des recommandations que nous avons faites relativement à la LCEE et au processus d'évaluation environnementale permettra à la fois d'améliorer les évaluations environnementales et d'établir une base servant d'appui à l'amélioration du système de réglementation dans son ensemble au Canada.
Nous encourageons vivement le comité à procéder à son examen de la LCEE en inscrivant la loi dans un contexte plus large et en ayant conscience de l'occasion qui s'offre à lui de procéder à une réforme réglementaire de portée plus générale.
Merci. J'envisage avec plaisir de répondre à vos questions.
:
Bonjour. Je m'appelle Chantal Otter Tétreault et je suis membre du Comité consultatif pour l'environnement de la Baie-James. Je siège à ce comité à titre de membre nommée par l'Administration régionale crie. Je suis accompagnée aujourd'hui par l'analyste du comité, Graeme Morin.
J'aimerais commencer par dire que le Comité consultatif pour l'environnement de la Baie-James a été créé à la suite de la signature de la Convention de la Baie James et du Nord québécois, en 1975, convention protégée par l'article 35 de la Loi constitutionnelle. Le comité est composé de représentants des trois gouvernements: le gouvernement du Canada, le gouvernement du Québec et l'Administration régionale crie.
Avant d'exposer nos recommandations au sujet de la loi, j'aimerais préciser que nous avons pour mandat de surveiller l'administration du régime de protection de l'environnement et du milieu social établi par l'article 22 de la convention et d'agir comme tribune officielle et privilégiée pour conseiller les gouvernements responsables et être consultés par eux au sujet de questions, de lois, de politiques ou de règlements ayant une incidence sur le régime de protection, les mesures d'affectation des terres, les collectivités ou l'environnement du territoire de la baie James. Ces enjeux englobent, naturellement, toutes les questions liées au processus d'évaluation et d'examen des répercussions sur l'environnement qui s'appliquent au territoire, comme cela est décrit à l'article 22 de la convention.
Dans le contexte de notre mandat, j'offre aujourd'hui au comité permanent nos recommandations au sujet de l'examen de la loi, formulées selon deux objectifs implicites: améliorer les processus d'évaluation et d'examen des répercussions sur l'environnement et le milieu social; et protéger le territoire de la baie James, ses habitants et les droits et mécanismes de représentation de la population crie, conformément aux articles 22 et 24 de la convention.
Avant de poursuivre, je tiens à souligner qu'une carte du territoire et d'autres renseignements sur certains droits accordés aux Cris aux termes des articles 22 et 24 de la convention figurent dans les annexes à notre mémoire. Ces annexes contiennent de l'information détaillée et des exemples. Nous devons également affirmer que nous comprenons clairement que la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale est fondée sur des règles d'application, des objectifs et des institutions qui diffèrent sensiblement des règles d'application, objectifs et institutions énumérés à l'article 22 de la convention.
Compte tenu de ces différences, notre message d'aujourd'hui est très simple et il est axé sur deux thèmes centraux: la clarté et la coordination.
En ce qui concerne la clarté, nous faisons remarquer que le régime de protection de l'environnement et du milieu social, prévu à l'article 22, accorde un statut spécial pour la participation et la représentation des Cris à tous les comités et à chaque étape du processus d'évaluation et d'examen des répercussions sur l'environnement et le milieu social qui s'applique au territoire de la baie James. Ce statut spécial est bien plus important que celui qui est accordé dans les processus qui font appel à la participation de la population générale et il constitue un élément fondamental de la convention.
De plus, le régime et les processus d'évaluation et d'examen prévus à l'article 22 sont fondés sur un ensemble particulier de neuf principes directeurs, et ils sont expressément conçus et adaptés pour protéger le mode de vie des Cris, y compris les droits et garanties d'exploitation des ressources fauniques décrits à l'article 24 de la convention.
Si l'on reconnaît que ces dispositions, principes directeurs, droits et garanties ne sont pas couverts par la loi et qu'ils ne peuvent être modifiés sans le consentement des parties signataires, on convient qu'il faut de la clarté dans les dispositions de cette loi. Il s'impose d'apporter des modifications pertinentes à la loi, de sorte que celle-ci couvre clairement la question du statut spécial des Cris, les principes directeurs de la convention et les droits et garanties d'exploitation des ressources fauniques, dans les cas où le processus d'évaluation et d'examen prévu par la loi est déclenché sur le territoire de la baie James.
En ce qui concerne la coordination, nous soulignons que l'article 22 décrit les procédures d'évaluation et d'examen pour les projets qui touchent le territoire de la baie James. Ces processus sont particuliers aux terres visées par la Convention de la Baie James et du Nord québécois et ils sont reconnus tels quels dans la loi québécoise, à un point tel que les processus utilisés dans le sud du Québec ne s'appliquent pas à ces terres.
Les processus prévus à l'article 22 sont donc adaptés au territoire de la baie James et ils décrivent le mécanisme de l'évaluation ou de l'examen des projets selon la nature de la juridiction, soit la juridiction fédérale, la juridiction provinciale ou la juridiction liée aux terres de la catégorie I des Cris. Le processus d'évaluation et d'examen de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale est appliqué concurremment avec les processus de l'article 22. Certains projets sont donc visés par trois différents processus, malgré les ambiguïtés, les coûts additionnels et les retards que cette situation entraîne.
Le comité reconnaît respectueusement les devoirs et responsabilités des autorités fédérales aux termes de la loi, mais estime que les projets de développement devraient idéalement ne faire l'objet que d'une seule évaluation ou d'un seul examen, étant donné que cela permettrait de maximiser l'efficacité du processus. Nous recommandons que la loi soit modifiée de manière à contenir une définition de protocoles de coordination systématiques pour la tenue d'une évaluation ou d'un examen, dans les cas où les processus d'évaluation et d'examen prévus dans la loi et à l'article 22 ont lieu simultanément sur le territoire de la baie James.
À tout le moins, une telle modification devrait couvrir les situations où les deux processus fédéraux, soit les processus prévus dans la loi et à l'article 22, sont déclenchés simultanément. Nous reconnaissons que l'examen de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale et la coordination de ses dispositions avec le régime de protection de l'environnement établi à l'article 22 constituent un exercice très important.
Conformément à notre mandat, nous demeurons très ouverts quant à la poursuite de discussions avec le comité permanent et les ministères concernés.
Merci.
:
Merci de l'occasion qui nous est ici donnée de comparaître devant vous aujourd'hui. Je suis accompagné de ma collègue, Justyna Laurie-Lean, qui s'occupe d'évaluations environnementales fédérales depuis l'entrée en vigueur de la loi.
L'AMC représente la majorité des grosses sociétés minières du Canada. Nos membres produisent toute une gamme de minéraux et de métaux, dont les métaux communs, l'or et les métaux précieux, le charbon métallurgique, les diamants, le minerai de fer, l'uranium et le bitume des sables pétrolifères.
Tous nos membres souscrivent à l'initiative de responsabilité d'entreprise de l'AMC, appelée Vers le développement minier durable, qui a été récompensée par un prix. Le respect de VDMD, qui est une condition d'adhésion à l'AMC, requiert le dépôt de rapports sur un éventail exhaustif de mesures de rendement, et qui sont assujettis à une vérification externe au site minier. Il s'agit du seul système du genre au monde pour le secteur minier, et il a été reconnu comme étant le meilleur dans sa catégorie par Canadian Business for Social Responsibility.
Comme l'agence vous l'aura déjà dit, le secteur minier est son plus important client, comptant pour la part du lion de sa charge de travail. Même si cela est le cas depuis longtemps, il l'est encore davantage aujourd'hui, étant donné la croissance que connaît notre secteur. La hausse des prix des marchandises, engendrée par la Chine, crée des possibilités que nous n'avions pas vues depuis des décennies. Nous estimons que jusqu'à 137 milliards de dollars en nouveaux investissements privés dans le secteur minier pourront être consentis au Canada au cours de la prochaine décennie ou moins. Une part importante de ces investissements fera l'objet d'évaluations environnementales fédérales, et c'est ainsi que nous nous intéressons de très près à vos délibérations.
Mon premier message pour vous est le suivant: dans le cas de projets d'envergure faisant l'objet d'études exhaustives, comme c'est le cas des mines, la LCEE n'est plus brisée, alors ne la réparez pas. Cela étant dit, avec les modifications de 2010, nous avons enfin un processus d'évaluation environnementale fédéral qui est bien géré. Les pires retards injustifiés ont été éliminés et l'agence fait un bon travail en effectuant des évaluations efficaces et efficientes. Tel n'était pas le cas avant 2010.
Qu'ont apporté de si bénéfique les modifications? Elles ont mis en place un responsable.
Pendant près de 20 ans, le Canada a eu une Agence canadienne d'évaluation environnementale qui n'avait aucune responsabilité en matière d'évaluations environnementales. Elle n'effectuait pas les évaluations et elle n'était guère plus qu'un organe de formulation de politiques. Les évaluations environnementales relevaient plutôt de différents ministères dont la loi habilitante déclenchait une évaluation environnementale. Dans le cas du secteur minier, c'était souvent le fait du ministère des Pêches et des Océans, mais ce pouvait également être Environnement Canada ou RNCan.
Ces ministères n'étant dotés ni de la formation ni des ressources nécessaires pour effectuer des évaluations environnementales, dans la pratique, ils résistaient à l'idée d'en assumer la responsabilité. L'une des plus grosses sources de retards intervenait dès les formalités initiales. Les promoteurs tambourinaient sur les portes à Ottawa, demandant qu'une évaluation environnementale soit entamée, attendant parfois jusqu'à 18 mois pour que le processus soit enclenché. Dans l'intervalle, les provinces étaient déjà bien engagées dans leurs propres évaluations respectives, et l'harmonisation était donc impossible.
En 2010, l'agence s'est vu chargée de la responsabilité de mener les études approfondies et de décider de la nécessité de l'établissement de commissions d'évaluation environnementale. L'agence a très bien mis en oeuvre les modifications, et nous l'en félicitons.
Il en résulte que les EE pour projets miniers, qui donnent presque toujours lieu à des études approfondies ou à des commissions d'évaluation, commencent dans les temps. Comme je l'ai dis, l'agence les mène très bien. Ottawa et les provinces travaillent en conséquence ensemble maintenant. Les rapports de nos membres sur le terrain sont unanimes: l'agence fait un bon travail.
Je vais faire une pause ici pour souligner ce que nous avons dit au comité des ressources naturelles, au comité des finances et à quiconque voulait bien nous écouter: le financement pour l'Agence canadienne d'évaluation environnementale et pour le Bureau de gestion des grands projets expire à la fin de l'exercice financier en cours et doit être renouvelé. Sans ce financement, vous ne pourrez pas faire face au volume, et nous risquons de perdre les gains réalisés.
Les modifications de 2010 ont très peu fait d'autre pour nous. Elles n'ont pas changé la nature des EE, rien n'a été rendu plus facile, et aucune exigence n'a été allégée. Tout ce que nous avons jamais demandé est un processus bien géré, et c'est ce qui est en place à l'heure actuelle. C'est pourquoi nous vous implorons aujourd'hui de ne rien faire qui puisse mettre en péril les gains d'efficience que nous avons enfin réalisés.
Nous avons cependant quelques suggestions quant à ce que vous pourriez faire de plus. Nous soulignons que les modifications de 2010 ont surtout bénéficié à notre secteur, mais les secteurs faisant l'objet d'examens préalables limités non administrés par l'agence n'ont pas bénéficié d'améliorations conséquentes du fait des modifications de 2010.
Premièrement, vous devriez envisager de modifier la loi pour permettre l'équivalence. Notre mémoire renferme un libellé possible de modification. Une telle modification permettrait au gouvernement fédéral d'accepter, au cas par cas, l'évaluation environnementale d'un autre palier comme équivalente de celle d'Ottawa. En cette époque de ressources rares et de déficits qui est la nôtre, cela signifie simplement laisser l'argent des contribuables appuyer une seule bonne EE au lieu de deux — un processus, et non pas deux; une équipe de fonctionnaires, et non pas deux. Ces fonctionnaires sont parfois fédéraux, parfois pas.
Deuxièmement, le comité devrait examiner la possibilité d'habiliter l'ACEE à oeuvrer, sur demande, aux évaluations environnementales stratégiques d'autres paliers de gouvernement. En 2003, l'AMC a fait la promotion de cette idée, conjointement avec des groupes environnementaux et l'Assemblée des Premières Nations. L'idée avait à l'époque été rejetée. Aujourd'hui, l'idée serait peut-être plus séduisante. Cela permettrait au gouvernement fédéral et aux provinces d'évaluer conjointement la capacité limite d'une région, dans le contexte de questions environnementales plus larges. Cela permettrait d'éviter d'imposer au promoteur de projet le fardeau indu de devoir répondre de développements futurs qui ne se réaliseront peut-être jamais. Cela servirait de base de référence environnementale utile que les promoteurs pourraient utiliser et augmenter encore. C'est une idée qui apaiserait peut-être les craintes entourant les activités potentielles à l'intérieur de la Ceinture de feu.
Troisièmement, nous aimerions nous prononcer sur certaines idées mises de l'avant à ce jour par d'autres. Nous adhérons à l'idée générale que la liaison fédérale devrait se concentrer sur les grands projets. Réserver des ressources rares à l'évaluation de l'impact d'un nouveau banc public dans un parc national ne paraît pas être une utilisation sage des ressources disponibles. Et je n'utilise pas cet exemple de manière frivole. Ces bancs publics dans les parcs font l'objet d'EE. Cependant, cela nous inquiéterait si l'on abandonnait tout le concept de décisions fédérales en tant que déclencheurs de liaison fédérale. Les EE fédérales devraient reposer sur des lois fédérales. L'adoption d'une approche de type liste de projets, sans déclencheur, mènerait à un empiétement sensible sur la compétence des provinces et imposerait davantage encore de complexité et de défis aux secteurs qui reposent sur les ressources naturelles, dont la principale instance de réglementation est la province.
Je soulignerais qu'Arlene Kwasniak, qui a comparu devant le comité il y a quelques jours, et qui fait beaucoup de travail pour le Réseau canadien de l'environnement, partage notre opinion sur ce point. Il existe des moyens pour le gouvernement fédéral de s'immiscer, au besoin, dans des projets d'importance nationale, mais nous nous opposons fermement à l'idée qu'Ottawa puisse intervenir dans des questions de compétence provinciale du simple fait que cette possibilité existe. Il faudrait qu'il y ait de meilleures raisons que cela. N'oubliez pas non plus qu'en ce qui concerne les questions environnementales, le gouvernement fédéral dispose de nombreux autres textes de loi.
Enfin, nous aimerions nous prononcer sur l'idée de conférer des pouvoirs de contrainte à l'ACEE. Pour nous, cela revient à renvoyer la balle à autrui. Nous exhortons aujourd'hui le gouvernement fédéral à mettre en oeuvre des mécanismes de conformité pour plusieurs lois, dont la Loi sur la Convention concernant les oiseaux migrateurs, la Loi sur les espèces en péril et la Loi sur les pêches. Des mécanismes de conformité amèneraient en même temps l'application de la loi. Le meilleur moyen de veiller à la conformité en ce qui concerne la liaison fédérale est d'avoir des lois fédérales qui puissent être appliquées de manière claire et prévisible. Ce n'est pas le cas à l'heure actuelle. Plutôt que de modifier la LCEE pour y inclure une disposition en matière d'application, nous recommandons que le gouvernement fédéral fasse en sorte que les autres lois fonctionnent comme elles le devraient.
Merci, et nous envisageons avec plaisir de répondre à vos questions.
:
Tout d'abord, en réponse à votre premier point, j'aimerais ajouter que, bien que l'économie canadienne soit en ce moment en train de perdre des emplois, nous ne parvenons jamais à embaucher suffisamment de gens. Nous nous trouvons confrontés à une pénurie de ressources humaines et avons besoin de gens pour combler aussi rapidement que possible des postes dans quantités de disciplines. Et ce phénomène ne va faire que s'accentuer dans les années à venir, vu les chiffres que je vous ai donnés concernant les nouveaux projets qui sont prévus. Cette pénurie de travailleurs est un phénomène mondial auquel nous aussi sommes confrontés.
L'investissement de 140 milliards de dollars représente également des dizaines de milliers d'emplois directs, et un nombre encore supérieur d'emplois indirects, alors des possibilités énormes se présentent à nous.
Je vais vous donner deux exemples qui me viennent à l'esprit. L'un d'entre eux date peut-être un peu, mais je vais malgré tout l'utiliser.
Il y a deux importants gisements de taille semblable qui ont été découverts à peu près en même temps. L'un était le gisement de Voisey's Bay, dont vous avez sans doute entendu parler. L'autre gisement, dont le nom m'échappe, était en Australie. Le projet minier australien a été examiné et la mine construite avant même que le processus visant la mine ici au Canada ne soit enclenché. Voilà donc un exemple.
L'autre exemple, plus récent, qui me vient à l'esprit, et qui est, je pense, une triste histoire — mais il faut espérer qu'elle aura une fin heureuse —, c'est le projet Red Chris, dans le nord-ouest de la Colombie-Britannique. Il s'agit d'un projet qui a fait l'objet d'une évaluation provinciale approfondie. Le gouvernement fédéral, encore une fois, en vertu des anciennes règles, accusait un retard considérable et a, en bout de ligne, décidé, à l'époque, d'effectuer une étude préalable simple au lieu d'une évaluation environnementale exhaustive. Des poursuites ont été intentées contre le gouvernement fédéral. L'affaire est restée bloquée pendant trois ans à différents échelons du système judiciaire. Au bout du compte, la Cour suprême a tranché en disant que le gouvernement fédéral s'était trompé en revoyant à la baisse ses exigences en matière d'évaluation environnementale et qu'il aurait dû effectuer une étude approfondie, bien qu'il ait, malgré tout, en un sens, pris en pitié le promoteur. Et le promoteur a été autorisé à aller de l'avant avec son projet du fait que ce n'était pas de sa faute que le gouvernement fédéral avait fait le mauvais choix.
Les nouvelles modifications ont, depuis, clarifié tout cela, et nous avons aujourd'hui des études approfondies et des commissions d'examen. Cela ne nous pose aucun problème. Nous tenons simplement à ce que les règles soient claires et à ce que nous sachions à quoi nous attendre.
Le projet dont je vous ai parlé en est donc maintenant au stade final du processus d'approbation, et le travail, nous l'espérons, devrait probablement pouvoir débuter au printemps, ce qui créera alors des emplois pour les Britanno-Colombiens et les Canadiens. Mais l'attente a été longue, et c'est juste un exemple de ce qui peut arriver lorsque les règles ne sont pas claires.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie moi aussi les témoins de leur présence aujourd'hui. Nous traitons d'un enjeu extrêmement important. Je vais commencer avec nos amis de l'APN qui sont venus nous rencontrer. J'ai remarqué que vous avez commencé votre allocution en nous apportant les salutations de votre chef national et ses félicitations pour notre élection. Nous apprécions. Je lui retourne ses salutations.
Le chef national, Shawn A-in-chut Atleo, vient d'Ahousaht, et Ahousaht fait partie de ma circonscription. Je suis donc dans son territoire traditionnel, du moins une partie de ma circonscription l'est, et nous avons eu l'occasion de travailler ensemble.
Vous avez mentionné la réconciliation. L'un des anciens qui nous conseille est également de votre région. Le chef Barney Williams, un voisin, collabore très étroitement sur les questions de réconciliation.
M'adressant à nos amis, les Cris de la baie James, nous voulons vous donner acte du leadership dont a fait preuve votre collectivité. L'année 1975 a marqué une étape très importante de l'ère moderne avec l'accord que vous avez conclu, et votre ancien grand chef Matthew Coon Come et de votre ancien grand chef adjoint Kenny Blacksmith sont réputés chez nous pour leur dialogue et leur contribution ayant permis de surmonter quelques défis considérables. Cela étant dit, nous sommes heureux que vous soyez venus ici ensemble car nous recherchons un moyen d'avancer.
Monsieur Collyer, dans votre mémoire vous avez écrit:
Autre aspect à souligner: s'il n'y a pas en même temps une amélioration des processus de consultation des groupes autochtones, nous ne pourrons pas retirer pleinement les avantages des améliorations du processus réglementaire.
Nous admettons que ce processus de consultation fonctionne mieux dans certaines situations que dans d'autres et qu'il faut remédier aux déficiences. C'est là l'objectif de nos discussions aujourd'hui.
M'adressant à l'ACPP, vous employez quelque 500 000 personnes et représentez 3,5 p. 100 de notre PIB. C'est une contribution énorme au PIB du Canada. La plus grande partie de vos installations ne sont pas situées en zones urbaines, mais dans les régions rurales. Des populations autochtones vivent là, ce qui engendre non seulement des problèmes relatifs à la consultation mais crée également des possibilités de développement économique, de partenariats et d'emploi des Autochtones.
Je pense que cela vaut également pour l'industrie minière, qui emploie, je crois, environ 350 000 Canadiens, dont beaucoup d'Autochtones.
Premièrement, pouvez-vous me dire, ou avez-vous idée, du pourcentage d'Autochtones dans la main-d'oeuvre de l'industrie pétrolière, et je pose la même question à l'association minière, si vous pouvez me donner une réponse rapide? En avez-vous idée?
:
Évidemment, la différence entre l'Australie et le Canada est la Constitution. On est d'accord pour dire que ce n'est pas la même chose. Il faut prendre cela en considération. Au Québec, on est confrontés à une réalité québécoise qu'on doit considérer.
J'essaie de comprendre. Je suis favorable à une bonne évaluation environnementale. J'essaie de couper la bureaucratie, parce que c'est le problème. Il faudra aussi arriver à adopter, dans une fonction où on doit respecter les traités déjà existants et la consultation avec les Autochtones, un genre de règlement différent pour ne pas que ça prenne ad vitam aeternam. Car un des problèmes, c'est que
[Traduction]
... il faut avoir un échéancier. Il faut veiller à respecter une contrainte de temps, mais en même temps il faut protéger l'environnement et mener les consultations. Les Autochtones sont des intervenants. À mon avis, c'est primordial. Ce n'est pas pour rien que cette convention a été signée en 1975, et ce n'est pas sans raison qu'elle figure dans la Constitution de 1982.
Mais en même temps, David, lorsque nous avons parlé des sables bitumineux dans le passé, la question est la même.
Je veux protéger les ressources stratégiques, veiller à ce que tout le monde en bénéficie, mais il faut tout de même un processus, car il y a eu des discussions à certaines tables concernant la surveillance de la pollution de l'eau et ce genre de choses. Parfois moins d'intervention gouvernementale peut être intéressant, mais le gouvernement a quand même un rôle indispensable. C'est donc la différence avec une réglementation intelligente où l'on réduit les lourdeurs administratives tout en visant des résultats et en protégeant l'environnement, ainsi que les populations qui vivent dans cet environnement.
Que faut-il faire? Faut-il consacrer davantage d'argent à l'évaluation environnementale en cette période de compression budgétaire? On aura beau avancer des principes, mais si nous n'avons pas les ressources, ils ne signifient rien. Nous pourrons avoir une jolie loi avec de beaux règlements, mais si nous n'avons pas les ressources pour les appliquer, cela va engendrer d'autres problèmes. On finira par se retrouver en tribunal, et nous savons tous que les avocats s'enrichiront.
Si je pouvais avoir une recommandation de vous tous — comment puis-je réduire les lourdeurs administratives tout en respectant la Constitution? Ce n'est pas sans raison qu'il existe...
[Français]
une protection partagée. Quand le Plan Nord deviendra réalité, cela va nous frapper en pleine face. Ce sera l'occasion de nous montrer comment on peut faire fonctionner ensemble le gouvernement fédéral, le gouvernement des provinces, le gouvernement autochtone et l'industrie.
[Traduction]
Comment gérer cela? Est-ce juste une affaire de ressources, suffit-il de dire: « Bon, nous avons inscrit cela dans telle loi. Vous devez respecter les Premières nations. Vous devez travailler avec elles — consultations, crédits, et c'est tout — selon un échéancier ». Serait-ce la chose appropriée à faire?
:
C'est le but du travail que nous faisons ici.
Pour en revenir à nos amis de l'APN, vous avez dit, monsieur Jones, quelque chose de très voisin de la citation que j'ai ici du chef Atleo. Il dit: « Pour être clair, les Premières nations ne sont pas opposées au développement mais celui-ci doit être responsable, durable et fondé sur le partenariat ». Je pense que vos remarques liminaires étaient similaires. C'était là les propos du chef national Shawn A-in-chut Atleo.
Le seul mot qui me pose problème, c'est « durabilité ». Les projets d'extraction ont une durée de vie d'une trentaine d'années. Un projet particulier peut donc ne pas être durable. Je ne sais pas trop dans quel contexte il inscrivait ce mot, car les projets extractifs ne sont pas éternels. Ils ont une durée de vie limitée. Dans ce contexte, comment surmonter les divergences d'opinions entre les Premières nations, l'industrie, et le gouvernement? Comment régler cela?
Un problème particulièrement épineux qui a surgi en Colombie-Britannique — le seul fait que je l'évoque peut rendre d'aucuns nerveux — est la nouvelle mine Prosperity. Nous avons toute une région en Colombie-Britannique ravagée par le dendroctone du pin. De fait, notre caucus de la Colombie-Britannique a écouté tout juste hier une présentation de l'Agence spatiale canadienne. Elle montrait des images du RADARSAT. Lorsqu'il survolait la C.-B., on pouvait voir depuis l'espace la mort rouge de ces pins. Ces forêts mettront des décennies à repousser. Alors que ces dernières années l'industrie forestière connaît un boom, avec l'abattage des pins infestés dont il fallait absolument récolter le bois, il va y avoir une pénurie d'activités économiques pendant des décennies en attendant que ce secteur de l'économie reparte.
Nous avons ce projet minier de Prosperity. Je n'ai pas les chiffres sous les yeux, mais sa durée de vie devrait être d'une trentaine d'années, et il apporterait des milliards de dollars de revenu économique et des perspectives d'emploi pour les Premières nations. Je ne connais pas tous les détails, mais je crois savoir que la société concernée a essayé de négocier avec les Premières nations, mais a abouti à une impasse au sujet du partenariat, de la collaboration, et des perspectives économiques, éducatives et d'avenir. Le chef régional de l'APN Jody Wilson-Raybould dit qu'il « est difficile de comprendre pourquoi l'ACEE n'a pas rejeté ce que l'on appelle le projet de nouvelle mine Prosperity, qui est essentiellement l'une des options de la première proposition que l'ACEE a déjà rejetée ». Elle ajoute: « Il ne peut y avoir qu'un seul résultat légitime du deuxième processus d'examen, et c'est le rejet ».
Donc, si l'on commence avec un non comme point de départ, comment peut-on régler des problèmes de cette sorte et y a-t-il un processus? Existe-t-il le moindre espoir de régler le problème au moyen de ce processus, sans aller jusqu'en Cour suprême?
:
J'essaierai d'être bref. À cet égard, je pense qu'il serait très productif pour vous de dialoguer avec les Premières nations qui ont vécu des expériences tant positives que négatives avec la LCPE. Il serait bon d'entendre des avis différents.
L'APN a pour position que le gouvernement doit agir, et nous pensons que c'est aussi un moment approprié pour les Premières nations de jouer un rôle. Il y a donc des points d'entrée multiples pour cela.
Pour revenir à la question de M. Coderre, s'il est une modification de la loi qui serait bénéfique, ce serait d'y inscrire le financement des participants, car il serait réellement pernicieux que cette enveloppe de financement disparaisse, comme c'est prévu. Et je pense que ce serait totalement anti-productif à ce stade. Même si le financement va être probablement renouvelé sous une autre forme, les Premières nations ne peuvent pas planifier d'activités au-delà du 31 mars, ce qui va ralentir de toute façon les choses, que le nuage d'incertitude soit levé ou non.
En ce qui concerne le financement des participants, je dirais que les niveaux offerts dans le passé étaient grossièrement inadéquats, du moins à mon avis. J'ai eu le privilège d'aider quelques Premières nations avec des évaluations environnementales. Je suis un scientifique de l'environnement diplômé du MIT. J'éprouve bien du mal à déchiffrer les hypothèses qui alimentent les modèles produisant certains de ces résultats, comme on dit. Dans certains cas, il y a absence totale de données. Si donc l'on va postuler que l'on a un terrain sus-jacent ou sur-jacent fait d'argile dès lors que l'on est en présence de limon, cela conduit à une projection entièrement différente.
Ce sont là des cas isolés, mais mon argument est que les Premières nations ne savent même pas ce que l'on met dans ces modèles car le financement des participants est tellement maigre. Pour régler les différends lors de la consultation et parvenir à un accommodement, il faut faire appel à des experts scientifiques. Il faut engager des juristes pour négocier avec la Couronne, qui possède toutes les ressources voulues pour traiter de ces questions.
Je ne sais pas quoi faire car cela impose aux Premières nations et aux promoteurs tout le fardeau de la recherche de solutions qui devraient plutôt être apportées par la Couronne, et le principal véhicule qu'était le programme de financement des participants risque de disparaître.