:
Ce que j'aime de Calgary, c'est que c'est un microcosme représentatif de toutes les collectivités, c'est-à-dire de toutes les circonscriptions que vous représentez. J'ai vérifié d'où vient chacun des membres du comité. J'ai fait partie des forces armées pendant 20 ans et j'ai vécu d'un bout à l'autre du Canada, de sorte que j'ai déjà habité près ou dans chacun des lieux que vous représentez. Calgary est tout à fait unique du point de vue de...
En 1962, j'ai participé à une conférence nationale des jeunes dans le cadre d'une formation estivale. J'ai dû prononcer une allocution sur Calgary et ce qui fait en sorte que la ville est unique. Tout le monde sait qu'il y a un zoo, et l'on connaît le stampede et les montagnes, mais personne ne sait qu'à Calgary, lorsque j'étais enfant, il y avait quatre arbres. Chacun de ces arbres est devenu un parc. Calgary est au beau milieu des Prairies, et il n'y a pas d'arbre qui se trouve naturellement aux environs de Calgary, sauf pour quelques broussailles. La ville de Calgary compte maintenant de nombreux arbres, mais chacun d'entre eux a été planté par quelqu'un au cours des 100 dernières années.
Je suis donc très préoccupé que les gens aient le droit d'abattre des arbres. Dans mon enfance, la population de Calgary s'élevait à un peu plus de 100 000 habitants. La ville compte maintenant plus de un million de personnes, par conséquent il n'y a pas de culture commune comme celle que la plupart d'entre vous connaissent dans votre coin de pays. Notre culture n'est pas en grande partie homogène; c'est un amalgame. C'est-à-dire un regroupement de personnes venant de diverses régions. C'est une partie du problème.
Les gens viennent s'y installer et ne se gênent pas pour abattre des arbres puisqu'ils ne se rendent pas compte que l'arbre qu'ils viennent de couper a nécessité de 80 à 100 ans pour pousser et que l'arbre qu'il plante en remplacement nécessitera encore 100 ans avant d'atteindre cette taille. Et c'est à cause des chinooks, et je pense que vous connaissez tous les chinooks. Ils changent le climat de Calgary si rapidement que les arbres se croient au printemps et entament leur cycle de croissance. Et du jour au lendemain, le mercure chute à 30 sous zéro ce qui fait mourir les arbres.
J'ai entrepris diverses initiatives, mais la plus importante c'est celle-ci, dont j'ai déjà parlé à Michelle. Dans mon quartier, il y a des jardins. Je suppose qu'initialement ils étaient des jardins communautaires. Ils ont été aménagés au début des années 1900. Pour obtenir des légumes, les Calgariens devaient en acheter du chemin de fer Canadien Pacifique. La principale raison d'être de Calgary c'est que le chemin de fer passait par là. Les légumes étaient très chers. Ils étaient difficiles à trouver et n'étaient pas habituellement de bonne qualité.
En 1912, une dame du nom d'Annie Gale, qui est devenue par la suite l'une des premières femmes conseillères municipales dans le Commonwealth britannique, a eu une bonne idée... Calgary était toujours soit en expansion soit en récession et il y a eu un gros ralentissement économique en 1912. L'économie s'est effondrée. Et comme il y avait tous ces terrains vacants dans la ville elle s'est dit, « Pourquoi ne pas les transformer en jardins potagers et permettre aux gens qui habitent ces quartiers de faire pousser des légumes? Cela pourrait les aider et tout le monde en sortirait gagnant. Ils pourraient ainsi embellir la ville et veiller à l'entretien de ces parcelles. »
Cela remonte à 1912. Pour ce qui est du terrain qui m'intéressait, on pouvait retracer son origine jusque dans les années 1920. On a pu en retracer les origines parce qu'un des jardiniers était déménagé dans ce quartier à l'âge de 10 ans et qu'il y poursuivait ses activités de sorte que 80 ans plus tard — il a maintenant 90 ans — il continue d'y jardiner.
Un jour, les autorités municipales ont collé une affiche indiquant qu'il n'y aurait plus de jardin puisqu'on allait y construire des condominiums. Ça m'a embêté et j'en ai fait un défi personnel. Au bout d'un an et demi, le jardin a été déclaré site patrimonial et par la suite il a été transformé en parc municipal, de sorte qu'il existera à tout jamais.
C'est un trop beau parc qui se situe à 10 minutes à pied du centre de Calgary. Lorsque c'est devenu un parc municipal, nous y avons installé des bancs. Les gens peuvent venir s'y asseoir et admirer le jardin. Les gens sont vraiment admiratifs.
Une autre statistique. Je vous ai déjà parlé de la diversité des habitants de Calgary. Lorsqu'on fréquente le jardin, on obtient une très bonne image de la composition de la ville. Les gens viennent de partout, et le seul qui soit véritablement né à Calgary s'appelle Marsh Libids, qui est arrivé là dans les années 1930. Tous les autres habitants viennent d'Angleterre, de Hollande, d'Afghanistan ou du Vietnam. J'essaie de voir quels sont les autres pays d'origine des personnes autour de la table. De toute façon le jardin compte 12 jardiniers qui viennent tous de l'étranger sauf pour Marsh.
Cet endroit est très beau. C'est une excellente façon de rassembler les gens de discuter avec eux et de rencontrer d'autres personnes.
De nombreuses personnes demandent de cultiver une partie du jardin, mais, malheureusement, il faut le conserver comme site historique. Il doit conserver son apparence d'origine, de sorte que nous ne pouvons pas accepter de nouveaux membres, sinon, il se transformerait en petites parcelles de jardin potager communautaire. J'essaie maintenant d'obtenir davantage de terrain pour en faire des jardins communautaires.
Dans ce quartier, une partie du problème auquel nous faisons face c'est que la ville veut accroître la densité afin que davantage de personnes y habitent. La ville a accaparé tous les terrains récréatifs pour le centre communautaire et les a transformés en sites pour de grandes tours d'habitations qui accueilleront de nouveaux résidants.
C'est pourquoi j'ai commencé à réfléchir à ce que nous pourrions faire. La ville ne se rend pas compte qu'en augmentant la densité de population du quartier elle élimine tous les terrains récréatifs. Les jeunes gens du quartier n'ont rien à faire pour se divertir. Je pense qu'il y a un lien avec ce que le Dr Reeves vous parlera un peu plus tard. Tous ces jeunes gens sont désoeuvrés, de sorte qu'ils doivent trouver quelque chose pour s'occuper.
Je protège également les régions de prairies naturelles où il semble y avoir un incendie une ou deux fois par année. Je sais que quelques-uns d'entre eux ont été allumés par des jeunes, tandis que d'autres l'ont été par des sans-abri qui passent par ce quartier puisqu'il est si près du centre-ville.
C'est une question complexe, mais en résumé, j'aimerais que le gouvernement fédéral établisse une vision d'ensemble sur les espaces verts urbains et ce à quoi ils devraient servir.
Je pense qu'une bonne part des problèmes que nous avons découlent du manque de vision des urbanistes qui ne songent qu'aux problèmes immédiats qu'ils ont à résoudre, et du fait qu'il faut changer de conseiller municipal tous les trois ans, de sorte que ces derniers ne savent pas non plus ce qui se passe véritablement. Bien souvent, ils prennent des décisions en fonction des promoteurs immobiliers. Pour une raison quelconque, lorsqu'un promoteur immobilier voit un espace vert au beau milieu d'une ville, il pense à des milliers de choses qu'il pourrait en faire. Ça cause de nombreux embêtements lorsqu'on essaie de faire de la conservation.
:
Je vous remercie du privilège que vous m'accordez en m'invitant à comparaître. Pour une raison de temps, étant donné que je n'ai que 10 minutes, je ferai mon exposé en français. C'est tout simplement parce que j'y suis plus à l'aise.
[Français]
Je suis cardiologue d'intervention. J'ai été chef du laboratoire de cathétérisme cardiaque de l'hôpital Notre-Dame, du Centre hospitalier de l'Université de Montréal et de la Cité-de-la-Santé. J'ai réalisé 42 protocoles de recherche. Je suis agrégé de médecine et j'ai eu des étudiants. Donc, pour ce qui est d'une carrière universitaire en cardiologie d'intervention,
[Traduction]
Je veux dire une endoprothèse pour dilater les artères,
[Français]
c'est ma vie.
Il y a cinq ans, j'ai été appelé à écrire un livre de vulgarisation scientifique qui s'intitule Prévenir l'infractus ou y survivre. Ce livre m'a amené à lire de la documentation qu'un cardiologue d'intervention ne lirait pas normalement, que ce soit sur la santé publique ou la santé environnementale.
Évidemment, lorsqu'une personne fait un infarctus, elle nous demande toujours pourquoi ça lui est arrivé. C'est le cas depuis longtemps. C'est ce qui est démontré ici. Pourquoi sommes-nous atteints de maladies cardiaques ou de maladies cardiaques athérosclérotiques? L'étude Framingham, qui a débuté aux États-Unis en 1948 et qui est toujours en cours aujourd'hui, nous a démontré ce qui suit.
[Traduction]
Les principaux facteurs de risque sont le tabagisme, l'hérédité, le diabète, un taux élevé de cholestérol, l'hypertension, la sédentarité, l'obésité et le stress. À la lumière des données récentes, on peut se demander si Framingham a dit tout ce qu'il avait à dire sur cette situation?
Il y a certains faits que j'aimerais mentionner. C'était au début de ma recherche il y a cinq ans, et en fait je compte établir une chaire en cardiologie environnementale à l'Université de Montréal et cela semble pouvoir se réaliser.
Les maladies du coeur sont rares chez les animaux et elles étaient rares chez les humains avant l'ère industrielle. Il suffit d'en parler aux anthropologues: il existe de nombreuses études à cet égard. Les maladies du coeur sont également rares chez les personnes ne vivant pas dans des pays industrialisés.
Toutefois, on peut provoquer des maladies cardiaques chez les animaux, ce qui constitue en fait un très bon point de repère pour la mise à l'essai de tous nos appareils: stimulateurs cardiaques, médicaments, valvules cardiaques, etc. On voit toujours une augmentation dramatique de la morbidité cardiaque à la suite d'une révolution industrielle traditionnelle.
[Français]
Pour le livre Planète Coeur, que j'ai apporté, j'ai obtenu les chiffres de Statistique Canada. Je sais que nous devons déposer les documents dans les deux langues, mais pour ceux qui sont intéressés, j'aimerais préciser que les 500 études que je vais résumer ici en 10 minutes sont condensées dans Planète Coeur. Ce livre a été publié par les Éditions du CHU Sainte-Justine. J'en ai apporté des exemplaires. Il est en français, mais une entente a été signée pour sa publication en anglais et la traduction est en cours. Je sais que je déroge aux règles en ne déposant pas dès maintenant les documents en français et en anglais, mais pour ceux qui sont intéressés, la version française est disponible immédiatement et la version anglaise le sera d'ici un an.
D'un point de vue historique, au début du siècle au Canada, la mortalité cardiovasculaire était faible. C'était le cas également aux États-Unis. Or elle a connu un pic en 1950, exactement en même temps qu'aux États-Unis. Est advenu alors ce qu'on a appelé une épidémie américaine. Au cours de cette période, un Américain sur trois faisait un infarctus aigu à l'âge de 50 ans.
[Traduction]
C'est l'une des principales raisons pourquoi les Américains ont mené l'étude Framingham: parce qu'un Américain sur trois avait des crises cardiaques avant d'atteindre 50 ans. Si on pense aux personnes autour de cette table, on constate ce que cela représente. On distingue également une énorme différence entre les pays.
[Français]
Sur cette diapositive de l'Organisation mondiale de la santé, on peut observer les taux de mortalité cardiovasculaire en Europe. Ils varient entre 60 et 700 par 100 000 habitants. Prenons le cas des principaux pays, soit la Suisse, l'Autriche, la Pologne et la Russie. En Suisse et en France, le taux de mortalité cardiovasculaire est de l'ordre de 60 par 100 000 habitants. En Ukraine ou en Russie, ce taux est multiplié par 10. On parle donc d'une différence de 1 000 p. 100 en matière de mortalité cardiovasculaire, ce qui est énorme en médecine. C'est un indice de plus qui nous permet de voir que ce ne sont pas uniquement les facteurs de risque classiques qui constituent ces différences.
Sur la planète, certains groupes vivent à l'écart du monde industriel. C'est le cas, par exemple, des Tsimanes, qui vivent en Bolivie, aux abords de l'Amazonie. Or jusqu'à un âge très avancé, ils n'ont pratiquement pas de maladies cardiaques athérosclérotiques. Il semble bien que la cardiologie soit une spécialité environnementale. C'est la déduction à laquelle nous sommes arrivés il y a quatre ou cinq ans. Selon l'époque et l'endroit où vous vivez, le risque de faire un infarctus aigu varie.
[Traduction]
Il en va de même pour les AVC. C'est la même maladie, c'est-à-dire une maladie vasculaire. Les risques de faire un AVC ou une crise cardiaque sont tout à fait différents en fonction de l'endroit où vous vivez.
[Français]
Allons d'emblée à la conclusion. Si on parle d'une cité cardioprotectrice, quelles seraient les prescriptions environnementales d'un expert en cardiologie environnementale?
Premièrement, il faudrait éliminer les nanoagresseurs alimentaires.
Deuxièmement, il faudrait éliminer les nanoagresseurs aériens.
Troisièmement, il faudrait éliminer les combustibles fossiles, rétablir le lien avec la nature grâce aux énergies renouvelables et atteindre, en milieu urbain, 25 p. 100 de canopée urbaine, c'est-à-dire d'arbres.
Il faut donc redéfinir l'artériosclérose, la raison principale de la maladie cardiaque, par trois triades: ce que je suis, c'est-à-dire le cholestérol, l'hypertension et le diabète; ce que fais, c'est-à-dire la sédentarité, l'obésité et le tabac; où je suis, ce qui veut dire le milieu, l'alimentation et l'urbanisme. Cette dernière triade est quelque chose d'important. Pourtant, cela a été complètement sous-estimé jusqu'à il y a 10 ou 20 ans, et c'est surtout de ça que je vais parler.
Pour bien comprendre l'importance des échanges avec l'environnement, il faut savoir les choses suivantes. Dans une journée, je mange 1 kg de nourriture, je bois l'équivalent de 2 kg et je respire 20 000 l d'air. C'est donc 20 kg d'air qui passe dans nos poumons tous les jours. Il y a un échange constant. Vous savez que le cerveau ne peut pas se passer d'oxygène plus de cinq secondes, sinon c'est la perte de conscience immédiate. Ce sont ces échanges, par le milieu, qui ont été sous-estimés jusqu'à présent.
Voyons ce qu'il faudrait pour qu'une cité soit cardioprotectrice. Je vais vous donner le point de vue d'un cardiologue.
Dans une ville, qu'est-ce qui est bon, qu'est-ce qui ne l'est pas? Il faut éliminer les nanoagresseurs alimentaires, car je crois que cela fait partie de l'environnement. En effet, le pain que vous mangez n'est pas le même que celui qui est mangé au Japon ou en France. Sans trop parler d'alimentation, je vous dirais que trois choses sont importantes: il faut éviter à tout prix les gras trans, diminuer et réglementer l'excès de sel et, enfin, éliminer les sucres industriels, c'est-à-dire le sirop de glucose-fructose. Si un Canadien élimine l'excès de sel, les gras trans et le sirop de glucose-fructose, il fera diminuer de beaucoup les risques. Les chiffres sont considérables: on parle de 50 p. 100 de moins de risques de diabète et de risques cardiométaboliques. Pour moi, l'alimentation industrielle, telle qu'elle est servie, fait partie de l'environnement.
Ensuite, il faut éliminer les nanoagresseurs aériens et éliminer les combustibles fossiles. L'histoire de l'humanité nous enseigne beaucoup de leçons. Pensons au grand smog de Londres, en décembre 1952. Tout cela nous montre que chaque fois qu'il y a un pic de pollution, il y a une hausse vertigineuse du taux de mortalité. Le grand smog de Londres, en trois jours, a causé à lui seul 12 000 décès. C'était en 1952.
Plus récemment, on a continué à mesurer les taux de polluants et à faire le lien entre les taux de polluants et les taux de mortalité cardiovasculaire. En fait, quand on regarde sur cette diapositive — qui a été présentée dans Circulation, une de nos bibles —, on voit qu'il suffisait de dire quel était le taux de pollution du jour pour prédire quel serait le taux de mortalité. En fait, de plus en plus, on se rend compte que c'est directement lié.
Cela passe par les combustibles fossiles et par les particules fines. Chaque fois qu'on fait brûler du mazout, de l'huile, du pétrole, du charbon ou n'importe quel combustible fossile, on émet des particules dans l'air. On respire cette fumée, qui a deux propriétés. C'est pourquoi on appelle cela des ultrafines ou des poussières fines: ces particules sont tellement fines qu'elles passent directement dans nos poumons et dans notre circulation artérielle. Par ailleurs, elles sont si toxiques qu'elles déclenchent une cascade inflammatoire enzymatique et provoquent des thromboses, des arythmies, d'où infarctus, AVC et morts subites.
Je vais vous donner un exemple très simple, soit celui d'une des études recensées. Des groupes de rats ont été soumis à un régime normal et d'autres à un régime gras. Les aortes des rats sont sacrifiées. En bleu, c'est l'aorte. La plaque rouge, au milieu, est la plaque d'artériosclérose. C'est ce qui bouche les artères, qu'on débouche tous les jours avec nos équipes par des pontages par greffe, notamment. On voit qu'un rat avec un régime gras a une plaque d'artériosclérose plus grosse qu'un rat qui a un régime normal. Personne n'est surpris. Une chose, cependant, est intéressante dans ces expériences de Valentin Fuster, faites au Mount Sinai Hospital à New York. Valentin Fuster est une des plus grandes étoiles en cardiologie fondamentale. Avec l'air pollué, on potentialise cet effet de plaques. Par conséquent, si on mange de la malbouffe dans un centre-ville pollué, cela donne de très belles plaques artériosclérotiques, ce qui entraîne des AVC et des infarctus.
Beaucoup d'études ont recensé les liens. On se rend compte que chaque fois qu'on augmente de 10 microgrammes par m3 des particules émises par les combustibles fossiles, il y a une augmentation de 10 à 25 p. 100 des infarctus et des morts subites.
C'est un bref résumé des études qui ont été colligées en ce sens. Cela a beaucoup été étudié sur les plans mécaniste et physiologique. C'est maintenant une branche de la physiologie qu'on pourrait appeler l'écophysiologie, l'influence cardiovasculaire de la pollution atmosphérique sur notre milieu.
On se demandait si c'était si important que ça comparativement à d'autres facteurs. Oui, il s'agit d'un facteur important sur le plan cardiovasculaire. En 2008, on a publié au Canada de l'information révélant que les conséquences de la pollution représentaient 20 000 décès excédentaires, de 5 000 à 11 000 décès cardiovasculaires, de 33 000 à 67 000 hospitalisations cardiaques, 1,5 million de journées d'hospitalisation et 9,1 milliards de dollars. On parle ici des décès dits excédentaires, à la suite de pics de pollution. Ça va au-delà de la pollution chronique où l'on parle d'un milieu qui est en effet continuellement pollué.
Renouer avec la nature, utiliser l'énergie renouvelable à titre de solution de rechange et atteindre 25 p. 100 de la canopée urbaine, est-ce que ça représente des avantages? Aux États-Unis, une étude de très grande envergure qui a été publiée dans le New England Journal of Medicine a démontré que pour 500 000 Américains suivis pendant 14 ans, le fait de diminuer le taux de particules fines de polluants améliorait l'espérance de vie. Il y a même des quartiers où l'espérance de vie a augmenté de 4 ou 5 ans du fait que les polluants avaient été réduits. Cette étude est en béton: on parle de 500 000 patients qui ont été suivis.
Je dirai quelques mots maintenant sur les îlots de chaleur urbains et sur le reverdissement.
Au Québec, on a fait des études dans le cadre desquelles on a eu recours à l'Agence spatiale canadienne et à des images provenant des satellites RADARSAT et Landsat 5. Celles-ci ont servi à documenter des températures au sol très élevées, en l'occurrence des îlots de chaleur urbains. Le plus important, je crois, est de comprendre non seulement que les îlots de chaleur urbains apparaissent là où l'on déboise, mais également que la hausse de la température augmente la toxicité des polluants. Une étude à ce sujet a été réalisée à Atlanta et à New York.
Une très belle étude a été publiée dans The Lancet. Cette étude britannique, qui incluait 40 millions de sujets, montrait le lien entre le fait de vivre dans un milieu vert et la santé cardiovasculaire. Ça se résume à ceci: si vous vivez dans un milieu vert plutôt que dans un milieu minéralisé et pollué, vous diminuez de moitié la différence de mortalité qui existe entre les pauvres et les riches.
Si une cité élimine les nanoagresseurs alimentaires, c'est-à-dire les gras trans, les excès de sel, le glucose-fructose et l'acide phosphorique, ainsi que les nanoagresseurs aériens, soit le monoxyde de carbone, le dioxyde de soufre, le dioxyde d'azote, les particules fines, les particules ultrafines et les composés organiques volatils, et qu'elle se convertit en milieu vert et actif, soit avec une canopée de 20 à 25 p. 100, elle peut s'attendre à voir une réduction de 25 à 75 p. 100 des maladies cardiovasculaires. Évidemment, ce ne sera pas pareil selon qu'il s'agit de Lyon ou de Beijing.
Salim Yusuf, un de mes éminents collègues de l'Université McMaster, disait que la maladie cardiaque était rare en 1830, mais il se demandait si elle ne pourrait pas le redevenir en 2050. C'est un défi auquel nous faisons tous face.
C'était donc, en 10 minutes, l'essentiel de ma pensée sur les liens entre l'environnement et la santé cardiovasculaire. Ils sont beaucoup plus importants que je ne le croyais au début de ma pratique. Ça m'a fait plaisir d'en parler à ce comité.
Merci.
Merci de m'avoir invité. J'ai beaucoup à dire et mon épouse m'a conseillé de le mettre par écrit afin que je ne m'éternise pas.
Je m'appelle Donald Maciver et je suis le directeur de la planification à l'Office de protection de la nature de la vallée Rideau, qui se situe ici à Ottawa. Par ma formation, mon expérience et mon accréditation, je suis un planificateur professionnel et je travaille pour l'office de protection depuis 35 ans.
L'Office de protection de la nature de la vallée Rideau est l'un des 36 offices de protection de la nature de l'Ontario. Les offices de protection de la nature sont des organismes plutôt typiquement ontariens, bien qu'il existe des organismes semblables en Saskatchewan. La loi permettant la création des offices de protection a vu le jour en Ontario en 1946, environ. Il s'agissait en partie de donner du travail aux soldats revenant de la guerre, mais on n'avait pas anticipé le boom industriel d'après-guerre.
La formation de ces instances repose sur trois principes fondamentaux: les personnes qui vivent près des problèmes sont les mieux outillées pour les recenser et résoudre les problèmes environnementaux; on a préféré établir des champs de compétence liés aux bassins versants, puisque cela transcendait les frontières municipales; à l'époque, et pendant une bonne période par la suite, le partage des coûts entre la province et les collectivités locales était un principe fondamental.
À la suite de la dévastation qui a eu lieu dans le sud de l'Ontario après le passage de l'ouragan Hazel — 81 personnes sont décédées et on évalue les dommages en dollars courants à environ 1 milliard de dollars — le gouvernement de l'Ontario a décidé que le contrôle des volumes d'eau relèverait également des bassins versants, de sorte que les offices de protection ont connu un véritable essor par la suite. Bien que le concept remonte à 1946, l'Office de protection de la nature de la vallée Rideau, par exemple, n'a été mis sur pied qu'en 1966.
Les offices de protection conservent les ressources naturelles pour chacun d'entre nous. À Ottawa, nous sommes l'un des trois offices de protection qui font affaire au sein des limites politiques de la ville, et notre office est celui qui compte la population la plus importante. Certains d'entre vous savent que la rivière Rideau a été désignée rivière du patrimoine canadien en reconnaissance de ses valeurs historiques et récréatives exceptionnelles, et comme elle est également inscrite sur la liste des sites du patrimoine mondial de l'UNESCO, elle représente donc tout un atout pour notre collectivité.
Dans mon mémoire, je décris certaines des activités quotidiennes que nous effectuons, mais dans mes observations, je ne vous parlerai que des grandes rubriques.
Nous sommes responsables de diffuser des avis et de l'information concernant les inondations, et il nous incombe aussi de faire de la surveillance liée aux sécheresses. Par conséquent, si vous étiez ici cet été, vous avez probablement entendu notre nom. Nous offrons des conseils de planification axés sur des données scientifiques aux décideurs municipaux relativement à leur travail de développement urbain. Nous réglementons le développement sur des terrains exposés. Nous protégeons l'habitat du poisson. Nous assurons la surveillance de la qualité de l'eau. Nous sommes responsables de protéger les sources d'eau potable dans les bassins versants. Nous assumons la planification des bassins versants et des sous-bassins versants. Nous offrons toute une gamme de service d'intendance — plantation d'arbres, corrections d'érosion, réparation de puits, réparation de systèmes septiques et ainsi de suite — et nous sommes le propriétaire de plus de 2 300 hectares de terrain destinés à l'utilisation du public.
Toutefois, aujourd'hui, je voudrais vous parler plus particulièrement de l'avenir et de l'établissement de plans. Nos municipalités membres en sont venues à percevoir leurs systèmes fluviaux comme étant un atout économique dont il faut reconnaître la valeur et qu'il faut intégrer dans leurs plans de développement à long terme, mais je pense qu'en ce qui touche les particuliers il faut toujours livrer bataille, parce que c'est un défi de recréer les liens entre les gens et leur environnement et de faire en sorte que le grand public comprenne ce qui les lie au paysage et à l'environnement et qu'ils comprennent les conséquences qui y sont rattachées.
J'aimerais dire que dans un passé récent, les Canadiens vivaient de la terre; maintenant la plupart d'entre eux ne vivent que sur la terre. Le développement rapide et non contrôlé transforme les zones urbaines.
La plupart d'entre vous savent qu'il y a plus de 7 milliards de personnes sur terre. En Ontario, on s'attend à ce que la population augmente de plus de 32 p. 100 d'ici 2036, de sorte que le grand Toronto comptera plus de 50 p. 100 de la population de la province. Dans la région d'Ottawa, d'ici 2031, nous aurons connu un accroissement de 30 p. 100, ce qui signifie que nous aurons besoin de construire 145 000 logements de plus d'ici 2031. Cela va détruire une bonne partie du paysage.
Il faut avoir recours à la planification intégrée pour répondre aux impératifs de croissance et c'est là qu'entrent en jeu les possibilités de conservation urbaine. À ma connaissance, la conservation urbaine est un concept qui jusqu'à tout récemment ne traitait que de l'environnement construit, des constructions, de l'architecture, des routes de circulation, etc., mais plus récemment, l'UNESCO s'est penchée sur sa définition et je pense que maintenant elle recommande également qu'il tienne compte de l'environnement naturel des villes.
Vous avez demandé quelles sont nos pratiques exemplaires. En tant qu'office de protection, nous estimons qu'une pratique exemplaire est un concept appelé la gestion intégrée des bassins versants. Cette gestion intégrée nous permet de faire en sorte de protéger efficacement la topographie, la géomorphologie ainsi que les systèmes et les caractéristiques naturelles qui se trouvent à la surface et sous la surface du sol, et de faire en sorte que la résilience nécessaire pour faire face aux changements climatiques et à d'autres réalités soit intégrée dans nos plans futurs.
La gestion intégrée des bassins versants est de plus en plus adoptée par les autorités canadiennes et internationales en tant que façon fondamentale de gérer les ressources hydriques. Le Conseil canadien des ministres de l'environnement a tenu compte de la gestion intégrée des bassins versants dans un rapport qu'il a appelé Établissement d'orientations stratégiques pour l'eau. De nombreuses provinces intègrent la gestion intégrée des bassins versants dans leur stratégie de gestion de l'eau, y compris l'Ontario.
La gestion intégrée est un processus consistant à gérer l'activité humaine et les ressources naturelles à l'échelle d'un bassin versant, tout en tenant compte et en reconnaissant que cela comprend également des enjeux sociaux et économiques dont il faut tenir compte en plus des éléments environnementaux, et cela tient aussi compte des intérêts communautaires afin de gérer les ressources hydriques de façon durable.
C'est un processus permanent et évolutif permettant de prendre des décisions pour l'utilisation, le développement, la restauration et la protection durable des caractéristiques, des fonctions et des liens écosystémiques. La gestion intégrée des bassins versants nous permet de nous pencher sur de nombreux enjeux et objectifs tout en nous permettant de planifier dans un environnement incertain et complexe. Cette approche nous permet de protéger d'importantes ressources hydriques tout en tenant compte de questions cruciales comme les répercussions actuelles et futures d'une croissance rapide et des changements climatiques.
Il faut par ailleurs reconnaître les changements que subissent les paysages en Ontario. Il existe 36 offices de protection en Ontario à l'heure actuelle, et ils ne peuvent qu'intervenir sur 10 p. 100 du territoire. Les offices de protection ont une incidence sur environ 12 millions de personnes en Ontario, soit 90 p. 100 de la population, et par ailleurs, nous devons aussi reconnaître que d'autres activités ont également lieu, comme l'agriculture.
Nous estimons que cette approche contribuera à soutenir l'une des principales industries de la province, qui contribue plus de 33 milliards de dollars à son économie annuellement. L'importance de l'agriculture ainsi que le taux rapide de développement urbain créent des pressions considérables sur l'environnement ontarien et mettent sérieusement en danger la santé et la sécurité de nos ressources hydriques et terrestres futures, qui jouent un rôle crucial pour l'environnement, l'économie, et qui plus est, la santé des résidants de l'Ontario, comme nous venons de l'apprendre de la part du docteur.
On ne peut nier que les menaces aux ressources hydriques et terrestres de l'Ontario, découlant de l'urbanisation et des changements climatiques, sont considérables et prennent de plus en plus d'ampleur. La gestion des répercussions est l'élément clé nous permettant d'assurer la viabilité de l'économie et des ressources. Pour que l'eau reste pure, il faut assurer la santé des ressources terrestres afin de protéger la qualité et la quantité des ressources hydriques. Toute la société peut alors en profiter.
Il est préférable d'agir ainsi, de façon ordonnée, et d'anticiper les problèmes plutôt que de devoir réagir par après. Et ici à Ottawa, à l'heure actuelle, la ville s'apprête à mettre en oeuvre un plan de 250 millions de dollars. Le plan d'action de la rivière des Outaouais vise à améliorer la qualité des évacuations d'eau dans la rivière des Outaouais.
Si vous lisez les médias locaux, vous saurez qu'il y a eu des histoires d'horreur au cours des cinq dernières années. Grâce à ce plan, la ville adopte une approche axée sur le bassin versant pour la mise en oeuvre de son plan visant à faire en sorte que l'ensemble des sources de pollution et des répercussions soit pris en compte. Il ne s'agit pas uniquement de la rivière des Outaouais, mais également de toutes les sources d'eau qui se déversent dans cette rivière, dont la rivière Rideau.
Comme pratique exemplaire, j'aimerais mentionner la fiche de rendement du bassin versant, que j'ai ici, mais qui malheureusement n'est pas bilingue. La fiche de rendement présente très clairement un rapport sur la santé du bassin versant pour les résidants. Mon organisme a terminé des fiches de rendement du bassin versant pour la partie médiane de la rivière Rideau, la rivière Tay et la rivière Jock au sud-ouest d'Ottawa. Un rapport semblable est en cours de préparation pour la partie inférieure de la rivière Rideau, soit celle qui passe dans la ville. Ce document sera terminé l'an prochain et offert dans les deux langues officielles.
Grâce à cette information, les décisions touchant des développements futurs peuvent être étayées grâce à des connaissances actuelles et scientifiques valables. Des programmes d'intendance peuvent également cibler les zones de préoccupations, ce qui nous permet d'apporter des améliorations rentables sur le terrain visant à améliorer la santé des ressources hydriques et terrestres en collaboration avec la collectivité.
Un outil clé nous permettant de déterminer la santé de la couverture terrestre ou des écosystèmes se fonde sur les seuils établis dans un document d'Environnement Canada qui s'intitule Quand l'habitat est-il suffisant?. Les seuils environnementaux décrits sont fondés sur cette publication d'Environnement Canada.
Nous avons également recours à d'autres mesures utiles pour l'habitat aquatique, qui proviennent du ministère des Pêches et des Océans, avec qui nous avons des relations officielles, ainsi que du ministère ontarien des Ressources naturelles. Nous estimons qu'il s'agit d'un outil faisant en sorte que les gens comprennent leur lien avec le paysage et l'environnement ainsi que les conséquences qui en découlent.
Cela ramène les choses à une échelle locale pour que les gens puissent comprendre ce qui se passe où ils vivent, de manière à ce qu'ils comprennent aussi les répercussions de ce qu'ils font sur l'environnement.
En terminant, on m'a demandé ce que devrait être le rôle du gouvernement fédéral en matière de conservation urbaine et ce que le gouvernement fédéral devrait faire à cet égard.
J'ai été un peu surpris par cette demande. Je ne peux pas dire que j'ai des choses à demander. Le fait est que nos relations quotidiennes avec le gouvernement fédéral dans ce secteur d'activité sont assez limitées, en dépit du fait qu'un cours d'eau fédéral constitue l'épine dorsale de notre bassin versant. J'aimerais que cette relation change et que le gouvernement du Canada devienne un chef de file en conservation urbaine.
Plus particulièrement, le gouvernement devrait reconnaître que le bassin versant sert d'élément unique en tant qu'échelle logique dans une perspective de conservation.
Les décideurs doivent être munis de faits et d'outils pour être en mesure de gérer les services écologiques, la santé publique et les bienfaits pour la société. Il faut continuer d'avoir recours à la science. Notre mémoire contient des documents de référence dont nous nous servons régulièrement et qui ont été élaborés par le gouvernement fédéral, et nous espérons que ces documents continueront d'être rendus disponibles et actualisés.
Au cours des dernières années, le gouvernement fédéral a mis sur pied de nombreux programmes de subvention visant à réduire la consommation d'énergie dans les maisons et les bâtiments; dans le cadre de projets d'infrastructure à plus grande échelle, le gouvernement fédéral pourrait exiger la production d'un plan de conservation pour appuyer ce type de programmes de subvention.
Et finalement, l'adoption d'un plan de gestion intégré des bassins versants pour gérer les ressources et les ressources hydriques devrait être un élément clé non seulement pour la conservation urbaine, mais également pour la redynamisation d'une politique de gestion de l'eau fédérale. L'application de pratiques de conservation urbaine, y compris l'utilisation de la gestion intégrée des bassins versants, mènera, à notre avis, à la création de collectivités durables et en santé. Nous croyons également que les offices de protection sont en très bonne position pour collaborer à l'établissement de ces pratiques.
Je vous remercie du temps que vous m'avez accordé. J'en suis honoré.
:
En fait, mon avant-dernière diapositive évoquait cela.
Tout d'abord, je suis convaincu de l'importance de l'influence de la cité sur notre qualité de vie. Au Canada, comme dans la plupart des pays, on a trois ordres de gouvernement: le municipal, le provincial et le fédéral. Je suis convaincu que le monde municipal influence le plus notre mode de vie. En effet, dans une même ville, les taux de maladie ou de mortalité peuvent être complètement différents d'un quartier à l'autre, selon le milieu. Si on change les lois, les règlements ou les usages dans ces milieux, on change tout.
Pourquoi un Suisse à Genève a-t-il le dixième du risque de maladie cardiaque d'un Russe à Moscou? Si vous amenez un bébé russe d'un jour à Genève et que vous amenez un bébé suisse d'un jour à Moscou, vous allez inverser les statistiques. Beaucoup d'études dans le monde démontrent que si des jumeaux vivent dans des milieux distincts, le milieu aura plus d'influence que la génétique. Okinawa, au Japon, est une ville célèbre pour ses centenaires. Les gens y vivent très vieux; beaucoup d'entre eux atteignent l'âge de 100 ans. Les descendants de ces habitants d'Okinawa ont vu, quand ils ont émigré à Hawaï, une baisse de leur espérance de vie et une hausse de leur taux de mortalité cardiovasculaire. Les descendants de ces habitants d'Okinawa qui sont allés à Los Angeles ont connu les mêmes taux que ceux des Américains.
Par conséquent, le milieu a une influence énorme, même pour des gens qui ont les mêmes gènes. Je pense que, localement, c'est ce qui nous influence directement. Dans les belles villes comme Portland, ou comme certaines villes en Allemagne dont j'ai oublié le nom, un effort a été fait. On mesure directement ces effets.
Les trois ordres de gouvernement doivent agir de manière cohérente si on veut une meilleure qualité de vie dans les villes. En effet, on veut dépenser moins en frais de santé. La morbidité excédentaire due à la pollution nous coûte 9 milliards de dollars par année. C'est un chiffre impressionnant. Il faut commencer à envisager cela.
Je répète qu'en 1830, les maladies cardiaques étaient rares. On les a provoquées. Maintenant, il faut réfléchir. On ne veut perdre ni notre qualité de vie, ni nos moyens, ni notre énergie, ni notre confort, etc., mais on peut rationaliser. De cette façon, on peut le faire. On peut dire qu'on est chanceux de vivre au Canada, car on a tout. C'est une question d'équilibre des choix. Il s'agit de se projeter vers l'avenir en ce sens.
Je reviens sur l'élimination des nanoagresseurs alimentaires. Il s'agit d'une législation qui, à bien des égards, concerne le fédéral. Il y a des nanoagresseurs aériens, ceux qu'on émet et ceux qu'on réglemente. Enfin, il y a le milieu vert. Dans un milieu très arborisé, comme il a été mentionné, il y a vraiment une diminution du taux de mortalité cardiovasculaire et, surtout, une atténuation de l'écart entre les pauvres et les riches. C'est ce qui m'a le plus frappé. Je ne connais pas un médicament qui diminue autant les inégalités socioéconomiques devant la maladie qu'un milieu vert. Selon moi, l'étude publiée dans The Lancet par Richard Mitchell de l'Université de Glasgow est très importante, car elle porte sur 40 millions de sujets.
Cela synthétise à peu près ma réponse à ce sujet.
:
Un des bienfaits très intéressants du jardin est que tellement de jeunes gens n'ont aucune idée d'où proviennent les légumes. Ils viennent voir le jardin et ils essaient de s'impliquer.
Il y a une école de science qui est juste au sommet de la colline, derrière nous, et les enseignants ont commencé à amener leurs étudiants. Ils ont passé deux ans, car ils avaient un champion à l'école qui s'intéressait au jardinage et donc ils passaient autant de temps qu'ils le pouvaient. Malheureusement, à Calgary, étant donné que c'est basé sur un système agricole, lorsque vous venez en mai et en juin, il n'y a pas grand-chose qui s'y passe mis à part la préparation du sol et l'ensemencement. Lorsque les étudiants reviennent après l'été ils peuvent assister à la récolte.
Dans la plupart des quartiers de Calgary, vous disposez d'une période de jardinage de quatre mois et donc vous faites tout votre possible, mais cela a inspiré l'école à inclure ce projet dans son programme. Ils ont bâti un carré de jardin à l'école et ils font désormais du jardinage, ce qui permet aux étudiants d'acquérir de très bonnes connaissances pratiques sur le jardinage.
C'est une bonne façon d'inciter les personnes âgées à s'impliquer. En fait, la raison pour laquelle je me suis impliqué, c'est que je suis le plus jeune dans le jardin. Marsh, par exemple, il fait du jardinage depuis 80 ans et du point de vue santé, il ferait concurrence même au docteur ici ou à quiconque dans cette salle. Il est en excellente santé, car il vit dans ce jardin et il y travaille fort. Cela lui a donné un but, quelque chose à faire et c'est pour cela que j'aimerais commencer des jardins communautaires pour les personnes âgées dans notre quartier.
Si vous connaissez Calgary... En fait, j'ai une photo. J'ai apporté une carte, au cas où quelqu'un désire voir où se trouve le jardin et j'ai également un calendrier de Calgary qui montre le jardin pour vous donner une idée de ce dont je vous parle. Ce n'est pas bilingue, mais j'en ai des exemplaires dans ma mallette, au cas où vous vouliez les voir plus tard.
Il m'a fallu deux ans et demi pour me battre avec la ville pour essayer de le protéger et nous en avons finalement obtenu la protection, car nous l'avons fait transformer en site patrimonial. J'ai fait toutes sortes de démarches pendant 18 mois pour essayer de convaincre les gens qu'il s'agissait d'un jardin communautaire et je me suis aperçu que dès que j'ai obtenu la désignation de site patrimonial cela ne pouvait plus être un jardin communautaire, car un jardin communautaire, c'est typiquement une parcelle de huit sur quatre avec une centaine de personnes qui y travaillent et nous ne pouvions pas faire cela. C'est pourquoi il nous faut démarrer à un autre endroit, mais lors de mes démarches j'ai demandé aux gens de convaincre la ville à les aider pour implanter des jardins communautaires dans la ville.
J'essayais de sauver le jardin de Bridgeland-Riverside. Notre conseiller municipal nous a dit « Eh bien, il existe déjà sept jardins communautaires dans la ville. Nous n'avons pas besoin d'un autre. » Aujourd'hui, cinq ans plus tard, on dénombre plus de 130 initiatives de jardin communautaire dans la ville de Calgary. Ils ont pris un essor considérable.
Le moment était bien choisi. C'est tombé à point que j'aie fait ces démarches juste au moment où on commençait à s'intéresser aux bienfaits des jardins communautaires, et donc c'est une tout autre histoire.
J'essayais de vous parler de la résistance à laquelle j'ai été confronté lorsque j'ai essayé de le sauver et de vous expliquer comment nous avons réussi à surmonter tout cela.
Ce qui arrive dans notre ville, c'est que lorsqu'une nouvelle maison est construite, les gens veulent maximiser leur empreinte sur le territoire et ils coupent tous les vieux arbres et ils plantent de nouveaux arbres qui ne finiront jamais par apporter tous les bienfaits que vous avez dans d'autres villes. Calgary assiste à une déforestation rapide de ses communautés, je crois. Je suis parti d'un des quartiers les plus anciens très établis et très riches de Calgary pour m'installer à Bridgeland-Riverside, car dans les endroits plus anciens et riches, avec tout l'argent qui provient du pétrole, il ne reste plus aucun arbre, car ils veulent avoir d'énormes maisons. Je ne voulais pas vivre dans un tel endroit.
Il existe aussi beaucoup d'effets intangibles ainsi que certains effets tangibles, comme nous l'avons mentionné aujourd'hui. Bon nombre de ces effets sont intangibles. Je pourrais vous en parler pendant deux heures, mais je vais m'arrêter là.
:
Votre question est très pertinente.
Je crois que l'important est d'abord une question de connaissances. Bien que je sois cardiologue et agrégé de médecine, il y a cinq ans, je ne me doutais pratiquement pas de ces choses que je vous ai présentées. Pourtant, toute la science était là. On dirait que les cercles d'environnementalistes — je parle non pas des militants, mais des scientifiques, par exemple les botanistes et les climatologues — pratiquent une science qui est un peu en vase clos. C'est parce que le monde scientifique est énorme. En effet, il s'écrit chaque jour 17 000 articles scientifiques. Le simple fait d'être à jour, dans sa spécialité, constitue un défi. Pourtant, on fait des trouvailles extrêmement intéressantes dès qu'on sort de sa zone de confort.
J'ai fait cette présentation à Ouranos, le grand centre de climatologie à Montréal. Les gens étaient emballés. Ils disaient que c'était la première fois qu'un médecin leur parlait de cette préoccupation. Pour répondre à votre question, madame, je pense qu'il doit y avoir des endroits où ce décloisonnement scientifique se fait. D'ailleurs, votre comité est un excellent endroit de décloisonnement pour partager ces connaissances.
Je ne fais pas de lobbying; je suis professeur, scientifique et médecin. Quand je m'adresse aux gens, je m'adresse à eux comme quand je parle à mes patients, mais parfois je parle à 30 ou 300 personnes. Parfois, je préfère leur parler un par un. Toutefois, j'utilise toujours le même langage. Il y a beaucoup de questions politiques: la gauche et la droite, les pauvres et les riches, nommez-les, mais je considère toujours la question environnementale comme étant, d'abord et avant tout, une question d'hygiène. Pour moi, c'est aussi simple que ça.
C'est peut-être une déformation professionnelle, mais je regarde littéralement le monde avec les yeux du coeur. Malgré moi, je me demande toujours si c'est bon ou pas pour le coeur. Il faut faire la somme de toute l'expertise de tous les autres scientifiques, réunir les pièces du casse-tête pour finalement avoir une vue d'ensemble.
On voit alors qu'on peut éviter cela. Le plan de match devient simple. On a aussi des données qui démontrent qu'au total, on dépensera moins d'argent, on dispensera moins de soins et on aura une meilleure isolation. Dans tout ça, il y a une espèce de convergence monumentale qui démontre que quand vous arborisez un milieu, vous réduisez le chauffage, vous réduisez la climatisation, vous tempérez le milieu, vous épurez l'eau et vous épurez l'atmosphère.
Il n'y a pas si longtemps, je ne savais pas qu'un arbre était un dépollueur extraordinaire. Ça ramasse des composés organiques volatils à un niveau incroyable. Des données à cet égard ont été publiées dans Science et dans Nature, tout récemment. Il n'y a pas que le CO2; il y a aussi des produits toxiques. Ça nettoie, c'est un filtre à air très efficace.
Il y a des choses qu'on ne peut pas faire d'un coup. On a un état, aujourd'hui. Il y a aussi un état que l'on souhaite. Au même titre qu'on veut que tout le monde soit en santé et ait un revenu et une protection, en ce qui a trait à la question environnementale, la première chose est la connaissance, j'en suis convaincu.
C'est pourquoi j'ai écrit un livre, je donne des cours et fais des présentations devant différents cercles. Quand les gens savent, ils demandent. Les politiciens vont bouger si les gens le leur demandent. Je sais que dans certaines villes, les politiciens étaient 10 ans en avance par rapport à la population, mais celle-ci les ralentissait parce qu'elle n'était pas au courant.
Je pense que la question des canaux de connaissances, de la diffusion et des enceintes comme ici, c'est-à-dire des interfaces de connaissances, est vitale. La vie est plus féconde dans les interfaces. Qu'il s'agisse de l'eau, de la terre, de l'orée d'une forêt, d'un haut fond ou d'un grand fond, c'est toujours dans ces interfaces que la vie est la plus féconde. Cela a toujours été comme ça.
Je pense que c'est la même chose pour la pensée humaine. Notre fécondité est particulièrement bonne dans les interfaces. Je suggère donc de multiplier ce type d'interactions avec les gens qui décident, qui ont à faire un choix entre plusieurs doléances et qui font les chèques à la fin de l'année. Pour moi, la seule façon d'avancer est par la connaissance.