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Merci beaucoup, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité permanent de l'environnement et du développement durable de la Chambre des communes.
Je suis vraiment ravi d'être ici aujourd'hui, et je m'estime privilégié, avec les autres témoins, d'avoir été invité à comparaître devant le comité.
Il y a environ un an, le 16 mai 2012, nous avons eu le privilège d'accueillir des membres du comité — je crois que vous étiez environ six ou sept — ici au collège: l'honorable François Choquette, l'honorable François Pilon, l'honorable Hedy Fry, l'honorable James Lunney, l'honorable Lawrence Toet et l'honorable Mark Warawa. Ils sont venus l'année dernière pour visiter notre campus et faire une visite des installations en milieu humide au collège, qui en étaient aux dernières étapes de leur construction à l'époque. Je suis très heureux de vous apprendre aujourd'hui que les installations sont terminées et fonctionnelles et qu'elles ont renforcé notre capacité en matière de recherche appliquée pour l'industrie, le gouvernement et d'autres organismes actifs dans le domaine de la recherche sur les milieux humides.
Nous savons que les milieux humides jouent un rôle très important dans notre environnement. Leur survie et leur existence sont essentielles à notre propre existence, et la disparition ou l'anéantissement d'une quelconque portion de ces milieux marquera sans aucun doute le début de la fin, d'une façon ou d'une autre, de notre propre existence. En fait, nous observons un précurseur de la situation réelle — ou de l'issue de la situation actuelle — dans notre environnement.
Au cours des deux derniers siècles, selon les archives, nombre de régions canadiennes, surtout dans le Sud, essentiellement dans les Prairies, ont perdu beaucoup de milieux humides. Mais si on observe le contexte, en parallèle, il y a eu des sécheresses accrues et le genre de problèmes liés au manque d'eau.
Je ne devrais pas vraiment aborder la définition des milieux humides pour le compte du comité — vous la connaissez déjà bien —, mais il y a différents types de milieux humides. En général, ils appartiennent à la catégorie des marais, des tourbières hautes, des marécages, des tourbières basses et des milieux riverains. Ces terres humides sont aussi réparties en différentes sous-catégories. Je vais seulement en mentionner deux ou trois, surtout celles réputées propres aux environnements de l'Amérique du Nord et du Canada, et nombre d'entre elles sont exposées à des menaces réelles. Plus précisément, j'aimerais parler des tourbières hautes et des tourbières basses, dont beaucoup sont situées dans des régions nordiques du Canada, et il s'agit du type de milieu humide particulier à l'Amérique du Nord. Les tourbières hautes sont caractérisées par des dépôts tourbeux. Le milieu est acide, moins dans le cas des tourbières basses, qui offrent plus de nutriments, mais elles sont essentielles et vitales à notre environnement.
L'autre type de milieu humide, le milieu riverain, est très répandu et s'observe habituellement le long des rives, des lacs et des rivières. Ils sont également très sensibles, surtout à nombre des activités humaines.
Le long de la côte du pays, il y a différents types de milieux humides: ceux influencés par la marée et ceux qui ne le sont pas, les milieux humides salins ainsi que les milieux d'eau douce. Beaucoup de ces milieux sont également cruciaux au moment où... [Note de la rédaction: difficultés techniques]
La chose la plus importante que nous devons comprendre, c'est la fonctionnalité et les bienfaits écologiques des milieux humides. Les milieux humides sont des habitats dynamiques et complexes. Ils contribuent à la biodiversité et à d'autres fonctions écologiques. Il s'agit de l'habitat de nombre d'espèces en voie de disparition et d'espèces menacées. Je crois que mes collègues de Canards Illimités, qui témoigneront après moi, parleront peut-être aussi de ces aspects, particulièrement de la biodiversité.
La qualité de l'eau est un domaine qui dépend véritablement des milieux humides. En fait, il s'agit de systèmes vivants qui assurent le filtrage, la dégradation, la réduction et même l'immobilisation des contaminants dans l'eau qui y circule.
Nous ne pouvons pas sous-estimer les fonctions hydrologiques des milieux humides. Ils contribuent à réduire les inondations, l'érosion du sol et les écoulements de surface. Ils conservent des réserves d'eau, ils rechargent l'eau souterraine et, en fait, une grande partie des aquifères, alors ils sont très importants.
Nous nous servons aussi des milieux humides pour nombre des activités humaines, comme les loisirs et l'éducation. Ils ont également des fonctions sociales et, à divers degrés, une signification culturelle, surtout pour nos Premières Nations.
L'abondance relative des milieux humides importe aussi. Certains milieux humides disparaissent rapidement dans différentes régions du pays. Il existe des lacunes cruciales sur le plan des connaissances quand vient le temps de comprendre et de gérer les milieux humides dans un climat froid, que nous avons la chance de connaître au Canada. Une grande proportion de l'information disponible sur les milieux humides est pertinente dans le cas des climats plus chauds, surtout ceux de la portion sud des États-Unis. Or, nous devons toujours évaluer les différentes options nécessaires en matière de traitement pour renforcer les milieux humides, examiner les mécanismes permettant d'éliminer différents polluants, ainsi que l'incidence de la pression et du temps de rétention hydraulique sur l'efficacité des traitements, et étudier l'identification et la multiplication des espèces en milieu humide. Les discussions avec nombre de nos partenaires de l'industrie, surtout dans le domaine des milieux humides artificiels, ont révélé que le nombre d'espèces se reproduisant à ces endroits avait diminué.
En outre, il y a d'autres enjeux auxquels nous devons prêter attention au pays, surtout en ce qui a trait à l'utilisation des milieux humides aux fins de la phytoremédiation pour éliminer les contaminants environnementaux à l'aide d'espèces aquatiques et terrestres sélectionnées.
Je vais rapidement mentionner certains travaux que nous menons au Collège Olds. Les milieux humides artificiels se sont révélés efficaces pour réduire les concentrations de contaminants et améliorer la biodiversité. Au Collège Olds, nous avons axé nos efforts sur la découverte de stratégies novatrices rentables capables de combler les besoins de notre communauté et de nos partenaires de l'industrie. Nous avons pour objectif d'être un centre d'excellence de pointe pour la recherche dans le domaine de la fonctionnalité des milieux humides en climat froid.
Le projet du Collège Olds est un milieu humide artificiel. L'installation de recherche sur les milieux humides du collège a pour principal objectif de combler certaines des lacunes repérées à l'aide de la stratégie de l'eau pour la vie de l'Alberta. Cela comprend le savoir et la recherche nécessaires pour accroître les connaissances scientifiques et éclairer les parties intéressées de sorte qu'elles puissent prendre des décisions efficaces sur le plan des politiques et de la gestion.
Nous constatons également des lacunes au chapitre de la mise en commun des connaissances et des renseignements, surtout en ce qui concerne la collaboration entre les milieux scientifiques et l'industrie ainsi que le besoin d'outils de formation et d'outils pédagogiques pour les jeunes. Les partenariats sont importants, tout comme notre capacité de conserver l'eau. Habituellement, lorsque nous parlons de la conservation de l'eau, les gens pensent surtout en termes de quantités, mais nous devons aussi nous pencher sur nos pratiques de conservation de la qualité de l'eau.
La création du milieu humide artificiel au Collège Olds a considérablement contribué à la capacité de recherche de l'établissement, en harmonie avec ses exigences axées sur les résultats et son plan fondamental exhaustif. Le projet vise à accroître considérablement la capacité du milieu humide artificiel, particulièrement en ce qui a trait aux gains et aux avantages opérationnels découlant du renforcement de notre capacité de recherche matérielle et d'un nouveau degré de surveillance de la recherche, de la reddition de comptes et de la mobilisation des intervenants.
Jusqu'à maintenant, le collège et notre gouvernement ont investi beaucoup d'argent dans notre installation. Plus de 8 millions de dollars ont été investis et, récemment, nous avons reçu 2 millions de dollars supplémentaires, dont 800 000 $ provenaient de la Fondation canadienne pour l'innovation, en vue de l'installation d'une centrale de surveillance en temps réel dans le milieu humide. Cela nous permet de surveiller les événements en temps réel, pour contrôler la qualité de l'eau, la biodiversité et d'autres paramètres du milieu humide.
Il s'agit d'une installation de 20 acres, qui compte environ 20 bassins pour le traitement et deux bassins supplémentaires pour le stockage. Elle est unique. C'est un laboratoire vivant pour les étudiants qui ont travaillé auprès d'autres établissements — l'Université de l'Alberta, l'Université de Lethbridge, l'Université de Calgary et, maintenant, l'Université Queen's — sur l'utilisation de cette installation. C'est la première de son genre au pays, et, grâce à elle, nous pouvons travailler en temps réel pour gérer ce milieu humide. J'ai apporté une image du milieu humide.
Parmi nos partenaires, mentionnons Canards Illimités — qui fournit un apport financier et en personnel — le gouvernement du Canada, le gouvernement de l'Alberta, la Red Deer River Watershed Alliance, Foothills Landscaping Limited, le CRSNG, WestCreek Developments, entre autres.
Une chose que j'aimerais vraiment faire valoir devant le comité, c'est que nous avons besoin de politiques au pays. Le Canada a le privilège de jouir de ressources abondantes, dont la flore, la faune, l'eau, les minéraux et ce que j'appellerais de l'air propre. Dans l'intérêt de nos enfants et des générations futures, nous avons le devoir de préserver ces ressources.
J'ai voyagé et travaillé dans plus de 20 pays aux quatre coins du monde, et c'est toujours ici le meilleur endroit où vivre. Au chapitre de l'infrastructure et des ressources en place, le Canada a affecté beaucoup de ressources dans ce domaine. J'avancerais que nous devons créer une politique nationale de tolérance zéro pour les pertes nettes, surtout en ce qui concerne les milieux humides du pays. Nous ne pouvons pas continuer de voir disparaître nos milieux humides.
Je sais que nombre des provinces ont des politiques de sensibilisation aux milieux humides faisant que tout milieu humide éliminé a été remplacé. Canards Illimités et nombre d'autres organisations participent à ce processus. Cela devrait relever d'une politique nationale, afin que nous puissions mettre un terme à la disparition des milieux humides.
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Bonjour. Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, je vous remercie d'avoir invité Canards Illimités Canada à poursuivre le témoignage livré plus tôt au cours du mois. Nous sommes très encouragés par l'intérêt que vous portez aux milieux humides parce que nous croyons qu'ils doivent être au cœur même d’un plan de conservation national pour le Canada.
Je me nomme Greg Siekaniec. Je suis le président-directeur général de Canards Illimités Canada, le chef de file des organismes canadiens de conservation des milieux humides. Je suis accompagné de Mme Karla Guyn et de M. Jim Brennan. Madame Guyn est la directrice de la planification de la conservation et deviendra bientôt notre directrice nationale de la conservation. Elle répondra aux questions du comité sur les types de milieux humides, leur importance et les efforts de conservation présentement déployés.
Jim, de notre bureau national à Ottawa, est notre directeur des Affaires gouvernementales. Il décrira la situation actuelle de la protection des milieux humides au Canada et présentera le rôle que le gouvernement fédéral peut jouer pour améliorer la situation.
Lorsque nous avons présenté notre dernier témoignage, nous vous avons décrit notre organisme et fourni des renseignements détaillés sous forme de mémoires. Aujourd'hui, comme vous nous l'avez demandé, nous ferons porter nos efforts sur la présentation d'un type d'habitat qui se trouve au cœur de notre mission: les milieux humides et la conservation des milieux humides.
Avant de céder la parole à Karla et à Jim, j'aimerais souligner les quatre éléments de première importance qui seront abordés dans notre présentation. Les milieux humides comptent parmi les écosystèmes les plus importants au monde en partie à cause de l'incroyable diversité de plantes et d'espèces animales qu'ils soutiennent, dont les humains. Les milieux humides sont également parmi les écosystèmes les plus menacés au monde. D'ailleurs, selon la Convention de Ramsar relative aux zones humides d'importance internationale, « [...] la dégradation et la disparition des zones humides sont plus rapides que celles de tout autre écosystème [...] ».
Comme on l’a entendu plus tôt, le Canada abrite la plus grande étendue de milieux humides au monde, soit près du quart de la réserve mondiale de cette ressource naturelle précieuse. Et pourtant, près de 70 p. 100 des milieux humides ont été remplis ou drainés dans les régions occupées du pays. En d'autres mots, nous perdons nos milieux humides plus rapidement que nous pouvons les restaurer. Même des organismes comme Canards Illimités Canada qui ont consacré des milliards de dollars à cette cause, ne peuvent contrebalancer le rythme de la perte des milieux humides au Canada.
Nous sommes devant un grave dilemme parce qu'il nous manque plusieurs outils: la volonté politique de tous les ordres de gouvernement; une législation et des règlements de protection uniformes; et des mesures qui, à notre avis, seront incitatives pour les propriétaires fonciers, ce qui m'amène à mon quatrième et dernier élément, soit que le gouvernement fédéral peut aider à résoudre ce problème de perte de milieux humides. Bien que la protection des milieux humides soit de compétence provinciale, bon nombre d'enjeux, qui relèvent de plus d’une administration, transcendent ces limites et responsabilités provinciales. Par exemple, l'eau drainée des champs de la Saskatchewan vient gonfler les cours d'eau jusqu’au Manitoba durant la saison des inondations. Jusqu'à maintenant, les gouvernements provinciaux n'ont pas réussi à aborder cette question qui, pourtant, n'échappe nullement aux électeurs. D'ailleurs ces derniers s'attendent à ce que leurs élus agissent concrètement pour régler ce problème.
De plus, lorsque les Canadiens découvrent à quel point les milieux humides sont avantageux pour eux, pas seulement en les protégeant des inondations, ils veulent savoir qui prendra l'initiative de conserver ces zones naturelles et ces ressources naturelles. Le gouvernement fédéral peut contribuer à la résolution de ce problème en faisant des investissements de conservation de grande envergure, surtout dans la restauration des milieux humides, ce qui exigera également un engagement financier solide dans le domaine de la science.
En relevant ce défi, non seulement le gouvernement du Canada respectera ses engagements légaux, dont ceux découlant de la Loi sur la convention concernant les oiseaux migrateurs, mais il démontrera qu'en prenant des mesures concrètes, il obtient des avantages environnementaux, sociaux et économiques en plaçant les milieux humides au cœur du plan de conservation national .
La semaine dernière, le professeur Howard Wheater de l'Université de la Saskatchewan a pris la parole à Ottawa pour souligner l'apparition rapide de problèmes de qualité et de quantité d'eau dans les trois provinces des Prairies. Il a souligné que l'explosion d'algues dans le lac Winnipeg en 2011 constituait une crise nationale qui pourrait facilement se répéter dans le bassin versant de la rivière Saskatchewan, bassin qui fournit 80 p. 100 de l'eau potable à trois des plus grandes villes canadiennes : Edmonton, Calgary et Saskatoon.
Comme je vous l'ai dit lors de ma dernière allocution au début du mois, le fait de ne pas agir est une décision en soi, une décision qui permettra la dégradation et la perte de précieux habitats. Si nous choisissons le statu quo, nous devons être prêts à en subir les conséquences, telles que des inondations record et la perte d'éléments de la biodiversité, en plus de divers changements climatiques qui viendront s'ajouter aux difficultés que nous vivons aujourd'hui.
Néanmoins, ces problèmes ont des solutions, des solutions étayées par les recherches scientifiques et les pratiques éprouvées de conservation. J'invite les dirigeants canadiens à travailler avec nous pour régler ces problèmes d'importance vitale pour notre génération et – surtout – les générations à venir.
Cela dit, j'aimerais céder la parole à Karla. Encore une fois, je vous remercie de nous avoir invités à faire un exposé. Je serai très heureux de poursuivre cette conversation importante avec vous tous.
Merci.
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Tout d'abord, merci de nous avoir invités à revenir parler plus précisément de la conservation des milieux humides. Au cours de mon exposé, je vais vous présenter l'ABC des milieux humides: les types de milieux humides au Canada, les avantages qu'ils présentent, un survol de la perte des milieux humides du Canada, la démarche de conservation des milieux humides de CI, l'importance de la conservation pour le Canada et les mesures que peut prendre le gouvernement fédéral en faveur de la conservation des milieux humides.
Tout d'abord, parlons brièvement des différents types de milieu humide. Premièrement, qu'est-ce qu'un milieu humide? Il s'agit d'une parcelle saturée d'eau pendant une période suffisamment longue pour permettre l'établissement de processus propres aux milieux aquatiques et aux milieux humides. Le milieu humide est caractérisé par une parcelle mal drainée, une végétation aquatique et une activité biologique adaptée à l'environnement humide.
Au Canada, il y a cinq types de milieux humides. Les deux premiers, les tourbières hautes et les tourbières basses, sont des milieux humides végétaux à l'origine des tourbières. Les trois autres, les marais, les marécages et les étangs peu profonds, sont considérés comme des milieux humides minéraux. Histoire de vous donner une idée de ce à quoi ressemblent ces milieux humides, il y a une image des tourbières hautes à gauche ici. Les tourbières hautes sont isolées de la nappe phréatique. Ils sont très pauvres en nutriments, qui leur viennent exclusivement des précipitations, et les végétaux présents sont des mousses, des arbres et des arbustes.
À droite, vous pouvez voir une tourbière basse. Les tourbières basses sont en contact avec la nappe phréatique. Elles sont plus riches en nutriments. Elles sont moins acides que les tourbières hautes, et les plantes herbacées y poussent en plus grand nombre.
En ce qui concerne les milieux humides minéraux ou sans formation de tourbe, il y a tout d'abord les marais. Le niveau d'eau des marais est variable. On y trouve des roseaux, des plantes herbacées et des joncs, et ils sont riches en nutriments. Les marécages, au contraire, constituent souvent une étendue d'eau stagnante et ont une densité importante d'arbres et d'arbustes ainsi que de plantes aquatiques. Enfin, il y a les milieux humides formés d'étangs peu profonds. Il s'agit habituellement d'une aire de transformation entre un lac et un marais, et certaines plantes submergées y sont présentes.
Parlons brièvement de seulement quelques avantages des milieux humides. D'abord et avant tout, ce sont de grandes sources de biodiversité. Les milieux humides abritent un nombre d'espèces terrestres et aquatiques proportionnellement beaucoup plus élevé que les autres écosystèmes. Le tiers des espèces en péril sur la liste du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada vit dans des milieux humides ou près de ceux-ci.
Les milieux humides revêtent également une importance particulière pour les espèces en péril, car les espèces tributaire des zones humides, aussi bien d'eau douce que côtières, déclinent plus vite que celles qui dépendent d'autres types d'écosystèmes.
Ils contribuent à la prospérité des pêcheries. Les deux tiers au moins des poissons que nous consommons en Amérique du Nord dépendent des zones humides côtières; par exemple, 75 p. 100 des stocks de poissons commerciaux et de crustacés des États-Unis dépendent des estuaires. Ils contribuent aux loisirs et au tourisme. En 1988, Environnement Canada estimait que les activités de loisir, de chasse et de pêche sans consommation dans les milieux humides canadiens généraient 4 milliards de dollars chaque année.
Ils contribuent particulièrement à la qualité de l'eau. Les milieux humides absorbent les sédiments, les bactéries nuisibles et les nutriments, comme les matières fertilisantes, et les détournent des cours d'eau en aval où ils pourraient menacer la santé humaine. Par exemple, les milieux humides peuvent retenir jusqu'à 70 p. 100 de sédiments et jusqu'à 95 p. 100 d'azote.
Seulement pour vous donner un exemple tiré de la vraie vie de ce qui peut arriver lorsque la qualité de l'eau est médiocre, l'image que vous voyez ici représente Grand Beach, située sur le lac Winnipeg. Cette plage a la réputation d'être parmi les meilleures en Amérique du Nord, et il s'agit d'une plage formidable pendant une belle journée, un peu moins pendant une mauvaise journée. Le lac Winnipeg a déjà connu d'importantes éclosions d'algues à la fin de l'été, ce qui est une source considérable de problèmes pour le lac.
Les milieux humides offrent également une protection contre les inondations. Ils retiennent l'eau, ce qui réduit le volume d'eau en aval et donc le risque d'inondations.
Je vais vous montrer une série d'images qui aident à illustrer comment les milieux humides contribuent à réduire les inondations. Vous voyez ici l'image d'un milieu humide intact — ce sont les taches bleues — parcourues d'un ruisseau. La zone vert foncé désigne ce qu'on considère le bassin versant de ce ruisseau. Une fois que le milieu humide commence à être drainé, les bassins commencent à être reliés au bassin versant, qui s'agrandit. Le débit du ruisseau augmente. Le drainage du milieu humide continue. Le débit du ruisseau augmente encore et, au bout du compte, après un drainage important, il finit par y avoir des inondations en aval.
Nous avons abordé un peu les inconvénients de la perte de milieux humides. J'aimerais vous présenter brièvement des estimations relatives à la perte de milieux humides au Canada et certaines répercussions.
Le premier exemple se rapporte à la perte de milieux humides dans le sud de l'Ontario. Cette étude que nous avons menée portait sur la perte de milieux humides de 1800 à 2002. Au cours de cette période, comme l'illustrent les différentes couleurs — le orange et le rouge —, il y a eu des pertes de plus de 65 p. 100 de milieux humides dans ces zones.
En général, sur cette superficie, 3,5 millions d'acres ou 72 p. 100 des milieux humides ont été perdus jusqu'en 2002, essentiellement en raison du peuplement. Cette estimation est très conservatrice, car cette étude sur la perte de milieux humides ne portait que sur les milieux humides d'au moins 25 hectares. Un milieu humide de 25 hectares est un environnement très vaste, alors il s'agit d'une estimation très conservatrice.
Quant aux Prairies, contrairement au sud de l'Ontario, où une grande proportion de la perte des milieux humides est imputable à l'expansion urbaine, nous voyons que, dans les Prairies, la perte des milieux humides est souvent causée par l'expansion agricole. Cette image de l'est de la Saskatchewan illustre un fossé de drainage creusé vers 2008-2009. Il s'agit d'un grand fossé. Les différentes images de drainage dans les Prairies peuvent avoir différents aspects. Dans la portion supérieure droite de l'image figure un fossé peu profond. Il y a d'autres photos qui montrent des fossés plus creux. Lorsqu'on parle du drainage des milieux humides, c'est de ça qu'il est question. C'est de ça qu'on parle.
J'aimerais vous donner un exemple tiré de la réalité au Manitoba. Nous avons mené une étude sur le bassin versant du ruisseau Broughton au Manitoba. Le bassin versant du ruisseau Broughton est le petit polygone noir dans le côté gauche de l'image. L'eau du bassin versant alimente la rivière Little Saskatchewan, qui se jette dans la rivière Assiniboine et dans la rivière Rouge, puis alimente le lac Winnipeg. Nous avons déjà parlé des problèmes de nutriments excessifs dans le lac Winnipeg.
Cette image illustre une très petite portion du bassin versant du ruisseau Broughton. Le bleu désigne les milieux humides intacts. Les petites zones hachurées en rouge sont des milieux humides drainés ou détériorés, et les traits rouges sont des fossés de drainage. Cette image représente l'état des choses en 1968. Il s'agit du nombre de milieux humides sur cette superficie en 1968.
Mais ensuite, on voit le nombre de milieux humides en 2005. Toutes les zones hachurées en rouge désignent des milieux humides drainés ou détériorés, et toutes les lignes rouges, les lignes rouge foncé, désignent de nouveaux fossés de drainage qui ont été creusés. Pendant ce temps, il y a eu une réduction de 21 p. 100 des milieux humides, et presque 70 p. 100 des milieux humides ont été perdus ou détériorés.
Où les répercussions se font-elles sentir? Quelle est l'incidence de 37 ans de drainage des milieux humides? Eh bien, au bout du compte, les volumes accrus d'eau, de sédiments et de nutriments en aval suscitent des problèmes d'inondation, d'érosion et de qualité de l'eau.
Le drainage du bassin versant du ruisseau Broughton en a augmenté la superficie de 53 p. 100. Le débit total a augmenté de 62 p. 100. Le débit maximal a augmenté de 37 p. 100, le taux de phosphore, de 32 p. 100, et le taux d'azote, de 57 p. 100. Cela entraîne de graves problèmes pour les collectivités en aval. Comme nous l'avons déjà mentionné, le lac Winnipeg a été désigné le lac le plus menacé en 2013. Nous ne tenions pas particulièrement à obtenir ce titre.
Une autre répercussion se rattache non pas au mouvement en aval, mais plutôt à l'échappement de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, car les milieux humides sont très propices à la séquestration et au stockage de carbone, alors le carbone, auparavant séquestré par les milieux humides, est relâché dans l'atmosphère une fois que ces milieux humides sont drainés et ensemencés, ce qui aggrave les changements climatiques. Le drainage de ces 5 900 bassins de milieux humides a causé l'émission de 34 000 tonnes de carbone. C'est comme l'ajout des émissions annuelles de 23 000 voitures dans l'atmosphère. Si l'on reporte ces prévisions dans le modèle hypothétique que nous avons vu plus tôt, le drainage de 28 bassins de milieux humides équivaudrait à l'ajout des émissions annuelles de 108 voitures.
Ces perspectives semblent assez sombres. Que pouvons-nous faire? Canards Illimités travaille constamment à la conservation des milieux humides. Dans la prochaine série de diapositives, je veux aborder brièvement les outils que nous utilisons pour conserver les milieux humides.
Le premier est la servitude de conservation, ou la SC. Une servitude de conservation est une entente exécutoire entre un propriétaire foncier et un détenteur qualifié qui permet au propriétaire de conserver ses titres de propriété tout en restreignant certaines pratiques de gestion et d'utilisation foncière afin de protéger divers éléments environnementaux. Dans notre cas, ces SC sont habituellement « aucun endommagement, aucun drainage », ce qui signifie que vous ne pouvez pas drainer les milieux humides et vous ne pouvez pas endommager les milieux secs ni les milieux humides.
En guise d'illustration, dans cette image-ci, nous voyons un exemple de la situation dans le sud de la Saskatchewan, dans le coteau du Missouri. Ce territoire est visé par l'une de nos SC. La zone définie par un trait de couleur désigne le quart de section visé par la SC. Elle comprend les milieux humides et la prairie naturelle.
Un autre outil que nous employons est l'achat de terres. D'ailleurs, à l'avenir, nous allons le faire dans le cadre d'un programme de terres renouvelables. L'important ici, c'est que la transaction se fasse de gré à gré. CI achète la terre, la restaure au besoin, puis la revend assortie d'une servitude de conservation. Cette mesure revêt une importance particulière pour les autres types de programme, surtout les programmes d'atténuation, que nous allons aborder plus tard.
Pour vous donner un exemple, voici un quart de section en Alberta. Vous pouvez voir les fossés de drainage sur ce territoire. Nous avons acheté le quart de section. Nous y avons installé des barrages de fossés. Tous les petits points rouges sur l'image désignent les barrages de fossés qui aident à restaurer les milieux humides. Alors, nous avons restauré tous les milieux humides et nous avons restauré la surface herbagère. Nous avons créé une SC pour cette zone, puis nous l'avons vendue.
Je vais aller jusqu'à la côte de la Colombie-Britannique pour vous donner un autre exemple. Il s'agit de l'estuaire Chemainus sur l'Île de Vancouver. Nous avons acheté ce territoire pour protéger les milieux humides littoraux qui s'y trouvent. Cela a été fait en partenariat avec une société papetière et le Public Land Trust de la Colombie-Britannique. Dans ce cas, nous allons revendre les terres agricoles aux fermiers des environs, sous réserve d'une clause restrictive. Nous allons conserver le titre de propriété des zones littorales pour protéger l'estuaire.
Passons au Québec. Voici un exemple d'un milieu humide au Québec. Il s'agit d'un site Ramsar. Je tiens à mettre ce projet en lumière, car nous avons travaillé en partenariat avec le ministère des Ressources naturelles du Québec. Il visait à accroître la quantité de sauvagine du marécage et à sensibiliser la collectivité à la réduction de la sédimentation provenant des terres agricoles adjacentes.
Le projet mettra en valeur à 1 400 acres de milieux humides sur la rive sud du lac Saint-Pierre. La valeur totale du projet est de 1,5 million de dollars, et CI a proposé un investissement de 500 000 $, alors nous avons pu obtenir des fonds de contrepartie correspondant au triple de notre investissement.
Je veux aborder brièvement la question de l'atténuation. La politique fédérale en matière de milieux humides propose les étapes suivantes en matière d'atténuation: premièrement, éviter les milieux humides dans la mesure du possible; deuxièmement, réduire au minimum les répercussions; et, troisièmement, remplacer les milieux humides selon un taux de trois pour un si l'occupation est inévitable.
Les provinces qui pratiquent l'atténuation nous offrent une façon très efficace d'obtenir le revenu nécessaire pour restaurer les milieux humides. Malheureusement, seuls l'Alberta, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et l'Île-du-Prince-Édouard pratiquent l'atténuation.
J'aimerais aborder brièvement notre façon de travailler dans les zones boréales. Lorsque nous travaillons dans les zones exploitées de la région boréale, l'important est de travailler de concert avec l'industrie. J'aimerais attirer votre attention sur le document à gauche. Nous avons créé ce document, avec la collaboration avec la Fondation Suncor Énergie, dans le cadre d'un atelier que nous avons tenu avec l'industrie pétrolière et gazière pour décrire et explorer des façons d'exploiter le pétrole et le gaz en réduisant au minimum les répercussions sur les milieux humides boréaux.
À droite figure une fiche de renseignements, mise au point avec l'industrie forestière, qui énumère des façons de construire des routes en réduisant les répercussions négatives sur les tourbières basses et les tourbières hautes. Il y a des images d'un chemin de rondins sur un territoire boréal.
Une autre chose que nous faisons dans la région boréale, c'est de respecter les processus de conservation existants. Notons à ce titre la stratégie des zones protégées des Territoires du Nord-Ouest. Nous sommes actuellement membres du comité directeur sur les aires protégées qui dirige toutes les activités de protection environnementale dans les Territoires du Nord-Ouest. Nous sommes actifs depuis 2000-2001 et nous contribuons au processus financièrement et en nature. Nous avons essentiellement aidé ce comité à faire l'inventaire des milieux humides et le décompte de la population de sauvagine, ce qui aide à relever les principales zones qui attirent la sauvagine suscitant l'intérêt de la collectivité.
L'un des projets que j'aimerais mettre en lumière est Edéhzhíe. Edéhzhíe est actuellement visé par un décret d'inaliénabilité provisoire. On a proposé d'en faire une réserve nationale de la faune dans les Territoires du Nord-Ouest. Nous avons offert une aide financière pour l'évaluation écologique de ce territoire. Malheureusement, la délégation dans les Territoires du Nord-Ouest a amené certains partenaires de zones protégées dans les Territoires du Nord-Ouest à douter de l'avenir de la stratégie des zones protégées et de la sécurité globale d'habitats fauniques essentiels sélectionnés aux fins de la protection. Nous encourageons depuis longtemps Environnement Canada à entreprendre le processus de consultation sur l'établissement de la réserve faunique nationale d'Edéhzhíe proposé dans l'espoir de désigner officiellement ce territoire dans un avenir rapproché.
En terminant, j'aimerais simplement parler de deux partenariats cruciaux que nous avons conclus avec le gouvernement. Le premier, le partenariat pour la conservation de l'habitat dans les provinces de l'Atlantique, a été mené en 2009 de concert avec Environnement Canada, Canards Illimités Canada et les provinces de l'Atlantique. Les sommes investies dans ce partenariat ont été utilisées pour mener des activités d'entretien d'infrastructures essentielles, par exemple des travaux de modernisation de quelque 560 systèmes de régularisation des eaux, de 150 échelles à poissons et de digues d'une longueur totale de 106 milles. Ces travaux visaient des territoires d'une superficie globale de plus de 150 milles carrés.
Le deuxième partenariat est celui qui a été conclu avec le gouvernement fédéral dans le cadre du Programme de développement du Sud de l'Ontario. Le gouvernement fédéral a investi 3 millions de dollars, et Canards Illimités Canada, 1,3 million de dollars dans cette initiative qui avait pour but de faire en sorte que des projets visant à protéger quelque 30 000 acres de milieux humides soient menés; 57 projets ont été remaniés.
Nous avons parlé des différents outils et programmes de conservation auxquels nous pouvons recourir, mais il se peut que certaines personnes se demandent ce que tout cela rapporte aux Canadiens. En collaboration avec Mark Anielski, économiste des ressources, nous avons mené des travaux visant à évaluer cela. Nous publierons bientôt un rapport à ce sujet, mais nous aimerions vous donner aujourd'hui un aperçu de deux ou trois conclusions qui ont été tirées.
La conservation des milieux humides se traduit assurément par des services écosystémiques d'une grande valeur, lesquels comprennent un bon nombre de ceux que nous avons déjà mentionnés, à savoir la séquestration du carbone, la purification de l'eau, la régularisation du débit d'eau et la prévention de l'érosion. La valeur des services écosystémiques découlant des activités menées par Canards Illimités afin de protéger des terres d'une superficie totale de 2,538 hectares est estimée à 4,27 milliards de dollars par année. Ces services sont généralement liés à la régulation du climat, à l'approvisionnement en eau et à la purification de l'eau.
En outre, la conservation des milieux humides offre un excellent rendement du capital investi. De 2008 à 2012, les dépenses annuelles de Canards Illimités ont généré des retombées économiques directes; elles ont, entre autres, fourni 77 millions de dollars au PIB, créé 970 équivalents temps plein d'emploi, généré des revenus d'emploi de 60 millions de dollars et rapporté 15,8 millions de dollars en profits d'exploitation aux entreprises canadiennes.
À ce moment-ci, je céderai la parole à Jim Brennan, qui vous présentera un bref aperçu de la politique en vigueur au Canada.
Monsieur le président, les dernières diapos portent sur les politiques actuellement en place au pays. Je suis certain que les membres du comité savent que le Canada est doté d'une politique fédérale relative aux terres humides, qui comporte deux volets, à savoir la Politique fédérale sur la conservation des terres humides de 1991, élaborée dix ans après que le Canada a ratifié la Convention de Ramsar — convention internationale instaurée dans les années 1970 afin de protéger les milieux humides revêtant une importance à l'échelle mondiale —, et le guide sur la mise en oeuvre de la Politique à l'intention des gestionnaires fonciers, guide que le personnel du gouvernement fédéral utilise pour gérer les milieux humides relevant de la compétence fédérale.
À bien des égards, le document énonçant la politique en tant que telle demeure très pertinent aujourd'hui. Il y est question d'une kyrielle d'éléments que les représentants de Canards Illimités Canada ont abordés aujourd'hui et dans le passé devant le comité, par exemple les fonctions écologiques et socio-économiques des milieux humides et la valeur purement économique des milieux humides présents sur notre territoire. Comme vous le devinez sans doute, la Politique fédérale sur la conservation des terres humides ne s'applique qu'aux terres fédérales. Toutefois, comme environ 30 p. 100 des terres humides du Canada se trouvent sur des terres fédérales, cette politique revêt de l'importance pour la protection des milieux humides canadiens.
J'aimerais maintenant vous parler des éléments fondamentaux de cette politique. Les sept stratégies clés autour desquelles la politique est structurée sont affichées sur les écrans qui se trouvent devant vous. Ces stratégies sont les suivantes: sensibilisation du public aux terres humides; gestion des terres humides sur les terres et les eaux fédérales et dans le cadre des autres programmes fédéraux; promotion de la conservation des terres humides dans les régions fédérales protégées; amélioration de la collaboration avec les autres échelons de gouvernement et les ONG; conservation des terres humides d'importance; établissement de fondements scientifiques solides sur lesquels appuyer la politique; enfin, promotion des mesures internationales. Bien entendu, au moment où cette politique a été conçue, la North American Wetlands Conservation Act — l'un des modèles dont on s'est inspiré au moment d'élaborer la politique canadienne — était relativement nouvelle. Elle avait été rédigée à la fin des années 1980 et au début des années 1990.
Je vais faire un bref survol des politiques provinciales sur les milieux humides en vigueur au Canada. Karla a déjà parlé des programmes en place dans les provinces de l'Atlantique. Notre document fournit un bref aperçu de la manière dont ces programmes fonctionnent et des mesures que prennent les diverses provinces afin de protéger les milieux humides.
À notre avis, les provinces de l'Atlantique, surtout la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick et l'Île-du-Prince-Édouard, disposent d'un très bon ensemble de politiques. Terre-Neuve a adopté des orientations stratégiques qui visent expressément à encadrer les travaux d'aménagement effectués à l'intérieur ou à proximité de milieux humides. Cette province est en présence de réalités qui lui sont propres.
Un peu plus à l'ouest, en Ontario et au Québec, comme nous l'avons mentionné plus tôt, on constate des pertes assez spectaculaires de milieux humides, surtout en Ontario, où environ 72 p. 100 des milieux humides sont disparus. Au titre de la réglementation provinciale, seulement un tiers des milieux humides de l'Ontario sont protégés — ces zones sont désignées comme des terres humides d'importance provinciale. En outre, diverses déclarations de principes orientent les municipalités et la province en ce qui a trait à la protection des milieux humides. Ni l'Ontario ni le Québec ne dispose d'une démarche d'atténuation. Le gouvernement du Québec est en train d'élaborer une politique plus exhaustive en matière de milieux humides, et nous serons très intéressés, au cours de la prochaine année, à collaborer avec lui à cette initiative.
Passons aux provinces des Prairies. Au Manitoba, il n'y a aucune politique globale sur les milieux humides, mais environ 12 textes législatifs portent sur l'eau et la gestion de l'eau. Dans cette province, on ne trouve qu'une seule démarche d'atténuation, qui vise les routes et les infrastructures.
En Saskatchewan, là non plus, on ne trouve pas de politiques globales relatives aux milieux humides. En Alberta, on a élaboré une politique provisoire sur les milieux humides, et les travaux visant la mise au point d'une politique de nature plus permanente progressent très rapidement — on prévoit qu'elle sera parachevée au cours des 12 prochains mois. En Colombie-Britannique, il n'existe aucune politique véritablement globale sur les milieux humides ni aucune démarche d'atténuation, et on a relevé une perte très considérable de milieux humides, surtout dans les zones aménagées, à savoir dans les basses terres continentales de la Colombie-Britannique, où se trouve assurément la majeure partie des terres humides côtières.
Que peuvent faire les gouvernements pour contrer la perte de milieux humides? Nous avons mentionné un certain nombre de solutions dans notre mémoire. Cela nous mène à la dernière diapo de notre document. L'une des solutions consiste en l'adoption de lois et de règlements protégeant les habitats en milieux humides que compte toujours le Canada.
De façon globale, moins de 28 p. 100 environ des milieux humides ont été préservés. À notre avis, des mesures doivent être prises pour protéger ces derniers milieux humides présents sur notre territoire.
Une autre solution consiste en la création de programmes de crédits de conservation soutenus par des démarches d'atténuation. Dans certains cas, la perte de milieux humides est inévitable, mais il faudrait adopter une démarche d'atténuation à l'échelle du pays afin d'éviter, d'atténuer et de réduire au minimum ces pertes, et mettre au point un programme national de conservation des milieux humides dans le cadre duquel on prendrait des mesures axées sur le marché visant à inciter les propriétaires fonciers privés à veiller à la conservation des habitats, surtout sur les terres exploitées.
En ce qui concerne la perte et la dégradation des habitats en milieu humide, nous aimerions que des gains nets importants soient réalisés. Les habitats continuent de disparaître à un rythme insoutenable, et nous estimons que des mesures doivent être prises pour mettre un frein à cela.
En conclusion, j'aimerais formuler les deux observations suivantes: des connaissances scientifiques solides et des initiatives de planification doivent soutenir et alimenter notre processus décisionnel, et nous devons protéger les habitats naturels cruciaux de la région boréale du Canada, surtout les zones des Territoires du Nord-Ouest qui pourraient se voir octroyer le statut de réserve faunique nationale.
Cela met fin à notre exposé. Monsieur le président, nous vous sommes reconnaissants de votre compréhension; vous nous avez accordé du temps supplémentaire, et nous serons heureux de vous remercier en répondant à toutes les questions que l'on voudra bien nous poser.