Bonjour.
Mesdames et messieurs les membres du comité permanent, au nom de l'Association of Professional Biology, j'aimerais vous exprimer notre gratitude du fait d'avoir été invités à présenter nos commentaires dans le cadre de cet important projet national. Avant de commencer, j'aimerais présenter un bref historique de l'association pour que vous compreniez mieux le rôle important que jouent nos membres ainsi que nous-mêmes au chapitre de l'élaboration de politiques liées à la conservation à tous les échelons.
L'APB représente officiellement les intérêts des professionnels de la biologie en Colombie-Britannique depuis 1980. L'association, créée à l'origine par le milieu universitaire, le gouvernement et le secteur privé, visait collectivement la reconnaissance, la crédibilité et la responsabilisation législative de la pratique professionnelle dans le domaine de la biologie appliquée. Nos membres appliquent et respectent les normes et l'expertise les plus élevées au chapitre des sciences et de la déontologie touchant une vaste gamme de disciplines, allant de la biologie de la conservation à la toxicologie de l'environnement en passant par la gestion des terres et des ressources et les études d'impact, pour en nommer quelques-unes.
J'aimerais aussi faire valoir que notre groupe est le seul à être régi par une loi au Canada. Alors, cela rend notre statut plutôt unique ici en Colombie-Britannique. Les perspectives de nos membres quant à ce qui est nécessaire pour assurer un plan de conservation national fructueux au Canada sont aussi diversifiées que nos domaines d'expertise. Les caractéristiques ou critères essentiels suivants constituent un échantillon de ce qui est jugé nécessaire d'emblée pour que le processus soit efficace.
Les composantes principales doivent correspondre à ce qui suit: reconnaître que la perte et la dégradation de l'habitat est la principale menace qui pèse actuellement sur les espèces et les écosystèmes au Canada; protéger l'habitat dont les espèces ont besoin tout au long de leur cycle de vie et pour survivre à un risque éventuel et s'en remettre, que l'habitat soit à l'intérieur d'un parc ou à l'extérieur de celui-ci; définir et acquérir les parcs, les zones tampon et les aires de connexion où existe l'habitat primaire des espèces en péril; gérer et concevoir des parcs, ainsi que les zones qui séparent les parcs, en tenant compte de l'adaptation aux changements climatiques et de leur atténuation.
Comment percevons-nous une vision plus détaillée du plan de conservation national? Tout d'abord, comme un écopaysage. Comme l'a dit Aldo Leopold, la première précaution à prendre avant de commencer à bricoler est de conserver tous les boulons et rouages. Une planification de la conservation efficace doit reposer entre autres sur le repérage et la protection de toute une gamme de communautés écologiques, particulièrement de celles qui revêtent une grande importance sur le plan de la conservation. De telles communautés favorisent habituellement un habitat qui permet la survie d'un éventail d'espèces courantes et en péril et maintiennent la biodiversité à différentes échelles. Leur interdépendance doit être optimisée et, inversement, cela signifie qu'il faut réduire la fragmentation dans les zones tampon qu'englobe l'écopaysage.
L'un des nombreux outils que nous utilisons pour tirer profit des défis liés au maintien de la connectivité écologique lorsqu'on est aux prises avec des zones protégées qui deviennent des îlots d'habitats consiste à investir dans le financement créatif aux fins de la conservation, comme le financement de l'acquisition de terres compensatoires et des incitatifs pour la gestion des terres privées. Un bon exemple de cela est le programme d'intendance de l'habitat du gouvernement fédéral.
Deuxièmement, le maintien des processus naturels. Pour demeurer résilients face aux transformations naturelles à long terme sur le plan de la dynamique des populations des espèces indigènes, les relations entre les espèces, la succession écologique et le flux énergétique doivent pouvoir se réaliser de la façon la plus complète possible et sans obstacles. Il est vrai que la distinction entre un véritable processus naturel et le résultat de centaines d'années — voire de milliers d'années — d'interventions humaines peut donner matière à débat. Toutefois, une quantité importante de travaux de recherche scientifiques, fondés et quantifiables sur les seuils et les points tournants relativement à ces processus étaient accessibles et continuent de l'être pour orienter la planification et la prise de décisions. Un exemple de ce type de processus naturels est la relation prédateur-proie. Certains des cas les plus médiatisés à l'heure actuelle touchent la lutte contre les prédateurs — les loups et les caribous —, la gestion des effets des espèces non indigènes envahissantes et la prise de dispositions pour que se réalisent des processus naturels dans les réseaux hydrographiques. Cela comprend le mouvement naturel et la transformation dans des zones hautement productives comme les plaines inondables et les deltas. Il y aura toujours des situations qui exigent un examen en profondeur à cet égard, mais l'approche interventionniste d'autrefois, qui vise à forcer des processus naturels en vue de répondre à des besoins humains, a seulement eu des conséquences coûteuses et irréversibles sur nos atouts naturels.
Troisièmement, l'eau est essentielle. Le lien entre la protection de l'eau de surface, de l'eau souterraine et des ressources marines est fondamental, qu'on travaille à l'échelon du bassin hydrographique local ou à l'échelon national. L'eau, particulièrement l'eau douce, en plus d'être essentielle à toute forme de vie, comporte des liens directs et indirects avec le maintien de nos économies.
Un plan de conservation national devrait refléter cela et englober des projets visant le maintien de normes supérieures sur le plan de la qualité de l'eau, de la réduction de la compétition et des conflits à l'égard des droits relatifs à l'eau entre les intérêts humains et non humains et le soutien continu à l'égard de la conservation des ressources hydriques dans tous les secteurs.
Quatrièmement, il convient de définir le terrain commun. L'APB recommande qu'un plan de conservation national soit inclusif en ce qui concerne les limites géopolitiques, sectorielles et culturelles. Il faudra absolument, pour réaliser ce plan, assurer une collaboration efficace tout en déterminant les conflits à régler avant qu'ils fassent stagner ou compromettent les processus. Les intérêts scientifiques et ceux de l'industrie doivent être intégrés aux sources de connaissances écologiques classiques, à savoir les Première nations, ainsi que la vaste infrastructure publique qui repose sur la science citoyenne et des ressources environnementales non gouvernementales. La conciliation de cette mosaïque d'intérêts faisait autrefois du Canada un chef de file international dans les secteurs de la protection et de la conservation environnementales.
Cinquièmement, il faut commencer dès maintenant à planifier l'avenir. Compte tenu des trajectoires de croissance et des pressions relatives à la mise en valeur des ressources actuelles, la planification de la conservation doit intégrer les éventuelles activités d'affectation des terres qui auront une incidence sur l'écopaysage futur. Le public, les gestionnaires de ressources et les décideurs seront peut-être en désaccord quant à l'endroit, à la manière et à la mesure dans laquelle cela devrait arriver, mais il est néanmoins prudent de définir les sujets de conflit potentiel plus tôt que tard, lorsque la mise en valeur des ressources compromettra des aires de conservation.
Cela contribuera à la planification de la conservation comme de la mise en valeur des ressources pour l'avenir. En outre, on évitera l'accumulation de répercussions environnementales si les aires de conservation à priorité élevée peuvent être protégées par la loi maintenant et, par conséquent, être épargnées dans le cadre d'activités à venir. On peut aussi offrir une plus grande certitude à l'industrie en définissant où les ressources peuvent être mises en valeur ou en exigeant de plus amples mesures d'atténuation avant même la planification des activités.
Dans un contexte mondial, il ne faut pas faire fi du consensus scientifique et de la reconnaissance des conséquences actuelles et à long terme du changement climatique et de la perte de biodiversité. Il importe que le public et les décideurs s'engagent à faire des choix fondés sur des données scientifiques. Voulons-nous voir une planification de la conservation qui continue à s'appuyer uniquement sur une approche consistant à se dire: « essayons une dernière fois pour voir » sur le plan de la protection des espèces et de l'écosystème? Ou voulons-nous soutenir de façon proactive les activités de recherche et d'adaptation nécessaires qui agiront sur les conséquences actuelles et futures et protégeront le plus grand possible de biens et de services en matière de biodiversité et d'écosystèmes?
Sixièmement, les pratiques scientifiques exemplaires et la prise de décisions éclairées ne sont pas facultatives. Des modifications législatives récemment proposées donnent à penser que le gouvernement fédéral a pris une voie qui va à l'encontre d'un engagement à l'égard de bons principes de conservation. Cela a une incidence particulière sur la conservation et l'atténuation de l'impact et comprend les éléments suivants: les enjeux découlant des modifications de la Loi sur les pêches fédérale; les limites en matière de communication directe avec le public imposées aux chercheurs gouvernementaux, qui regroupent un grand nombre de professionnels agréés dans le domaine de la biologie en Colombie-Britannique; la modification des dispositions législatives fiscales en vue de limiter les activités d'organisations environnementales — encore une fois, nombre de celles-ci emploient des professionnels agréés du domaine de la biologie dans la province; le soutien annoncé par des décideurs fédéraux élus à l'égard de grands projets d'infrastructure avant même la conception des évaluations de l'impact environnemental et cumulatif, sans parler de leur exécution; le changement de normes en matière d'évaluation environnementale, dont des restrictions sur le plan des échéanciers; et les importantes compressions qui ont récemment touché le personnel de Parcs Canada et d'autres ministères chargés des ressources naturelles dans le domaine de la conservation des espèces et de l'établissement d'aires protégées. Tout cela se produit en l'absence de tout soutien visible en faveur des professionnels de la science environnementale et de la gestion des ressources qui devront offrir leur expertise pour gérer les répercussions de ces changements.
Pour conclure, un plan de conservation national robuste doit s'appuyer sur des pratiques scientifiques exemplaires, une collaboration inclusive et de fortes lois et politiques préventives qui protègent de façon efficace les espèces et les habitats à différents échelons et dans différentes administrations.
Toutefois, l'Association of Professional Biology fait face à une impasse. Comment pouvons-nous continuer à soutenir quelque chose d'aussi essentiel qu'un plan de conservation national, alors qu'il se fait dans le cadre de ce qui est, à notre avis, un simulacre d'engagement fédéral à l'égard de la protection et de la conservation de la biodiversité du Canada?
L'APB serait ravie d'offrir son expertise exhaustive dans le cadre de l'élaboration d'un plan de conservation national. Toutefois, le processus doit reposer sur une reconnaissance mutuelle de l'importance cruciale de la science de la conservation et de la protection du riche capital écologique du Canada, qui sous-tendent tant les processus décisionnels du gouvernement fédéral que l'économie nationale.
Nous avons hâte de collaborer avec vous de nouveau, lorsque nous serons assurés que tel est le cas. Au nom de notre conseil d'administration et de nos membres, merci de votre considération et de votre écoute aujourd'hui.
Pour ceux qui suivent avec le texte écrit, je vais présenter une version abrégée de mon mémoire.
Je m'appelle Chloe O'Loughlin. Je suis la directrice de la conservation terrestre à la section de la Colombie-Britannique de la Société pour la nature et les parcs du Canada. Nous sommes la voix du Canada en matière de protection de la nature. Nous avons pour objectif de protéger au moins la moitié de nos terres et eaux côtières publiques. Au Canada, 90 p. 100 de nos terres et l'ensemble de nos océans sont publics — ils appartiennent aux gouvernements.
Je vais vous exposer aujourd'hui quels effets aurait la mise en oeuvre d'un plan de conservation bien défini en Colombie-Britannique et je vous donnerai des exemples concrets aux échelons communautaire et provincial. Ma collègue, Alison Woodley, a présenté un exposé à Ottawa sur les effets nationaux, et je voulais vous parler de l'éventuel résultat pour les petites collectivités.
En 2009 et en 2010, le gouvernement fédéral, le gouvernement provincial et les Premières nations concernées ont célébré avec nous deux merveilleuses réalisations. L'une tenait à l'établissement de l'aire marine nationale de conservation autour de Haida Gwaii, et l'autre, à l'annonce d'une aire marine nationale de conservation autour des îles du Golfe. Ce sont des réalisations de taille qui ont très bien été accueillies chez le public, et il en reste beaucoup à faire.
Nous estimons qu'un plan de conservation national efficace devrait porter sur au moins quatre éléments, à savoir la protection, la connexion, le rétablissement et la mobilisation du public.
Aux fins de la protection, il faut achever la création d'un réseau de zones protégées pour le Canada et entretenir ce réseau, y compris le parachèvement du système de parcs nationaux et d'aires marines protégées.
La connexion signifie qu'il faut lier le paysage « fonctionnel » et ces zones protégées, de sorte que la faune puisse se déplacer d'une zone protégée à l'autre, traverser le paysage écologique géré et contourner le développement industriel. Cet objectif peut être atteint grâce à l'aménagement du territoire régional et à la planification de l'utilisation des espaces marins et par la création d'un solide cadre législatif en matière de protection de l'environnement.
Nous sommes vivement en faveur du rétablissement des écosystèmes dégradés et nous vous encourageons à inclure les Canadiens, surtout les enfants et les jeunes, dans le cadre des activités de conservation de la nature. En Colombie-Britannique, nous collaborons avec le gouvernement fédéral pour aménager de nouveaux parcs nationaux dans le nord de la province et dans le sud des vallées de l'Okanagan et de la Similkameen et agrandir le parc national Waterton Lakes dans la vallée de la Flathead.
Hier seulement, nous avons publié notre rapport national de 2012 dans lequel nous évaluons les progrès réalisés sur le plan de l'aménagement de 12 nouvelles aires marines nationales de conservation dans nos eaux côtières; dont, pour quatre d'entre elles, nous travaillons avec vous en Colombie-Britannique.
Les parcs nationaux et les aires marines protégées représentent des composantes importantes de notre identité nationale et provinciale. Elles sont aussi populaires que le hockey et le drapeau canadien.
Dans le monde entier, les zones protégées sont reconnues comme la pierre d'assise de la stratégie de conservation. Nos parcs nationaux et nos aires marines de conservation sont non seulement essentiels à la réalisation de nos objectifs mutuels en matière de protection de la nature et de l'écosystème pour les générations futures, mais ils sont aussi d'une énorme importance pour la préservation de l'identité et de la culture canadiennes, pour le soutien aux initiatives de promotion de la santé des citoyens et des collectivités et pour la création d'importantes retombées sur le plan de l'économie et de l'emploi pour les collectivités locales, la province et l'ensemble du pays.
Dans le cadre de mes fonctions, je me suis rendue dans toutes les régions de la province et j'ai rencontré des milliers de citoyens de divers milieux. Je peux vous dire que le gouvernement du Canada établit des liens de façon hautement visible et positive avec les citoyens de collectivités de petite taille par l'intermédiaire de ses parcs nationaux et de ses aires marines protégées.
Dans le contexte d'un climat qui change rapidement, il est également important de faire en sorte que ces zones protégées soient liées ensemble afin de permettre aux plantes et aux animaux de changer de territoire au gré des conditions changeantes.
Le plan de conservation national peut intégrer deux axes fondamentaux — les zones protégées et les territoires et paysages marins gérés de façon efficace — en un seul cadre. Le succès découlera d'efforts concertés dans ces deux axes. Comme je l'ai déjà dit, le plan doit, pour être efficace, être appuyé sur un solide cadre législatif en matière de protection de l'environnement.
Les zones protégées, comme les parcs nationaux et les aires marines protégées, contribuent beaucoup à la prospérité de la Colombie-Britannique. Selon le rapport, intitulé Impact économique de Parcs Canada, en Colombie-Britannique, les parcs nationaux aménagés comme le parc national du Mont-Revelstoke, génèrent annuellement, en moyenne, 37,1 millions de dollars du PIB de la province. Ils donnent lieu à des revenus de travail de 25 millions de dollars — annuellement, pour un parc — et à des recettes fiscales de 3,5 millions de dollars.
Les dépenses des visiteurs, très importantes dans ces collectivités, équivalent annuellement à 49 millions de dollars. Les retombées économiques sont énormes. De plus, chaque parc national embauche de 20 à 25 employés permanents, et 570 emplois indirects, comme le personnel supplémentaire dans les hôtels et les motels, sont créés.
Ces parcs et zones protégées contribuent énormément à la reconnaissance de notre secteur touristique — à l'échelle provinciale, nationale et internationale — à la croissance de marchés émergents, au renforcement de notre avantage concurrentiel, à l'allongement de la durée du séjour pendant les saisons intermédiaires et à la hausse substantielle des dépenses des visiteurs.
Les aires marines protégées contribuent à la durabilité des pêches en Colombie-Britannique, province où la production de fruits de mer à elle seule a été évaluée à 1,4 milliard de dollars en 2010. Les aires marines protégées agissent comme des nourriceries, de sorte que l'abondance des poissons augmente de façon importante. Les poissons sont souvent plus grands et se reproduisent mieux qu'ailleurs. Les aires marines protégées sont essentielles à notre industrie de la pêche. Elles contribuent aussi à la diversification économique, à des occasions d'investissement et à la diversification de la population.
Je travaille à l'appui de l'aménagement d'un nouveau parc national dans le sud de l'Okanagan et de la Similkameen, alors j'ai parlé à beaucoup de personnes dans ces collectivités. Il n'y a pas d'hôtel à Oliver, et la population aimerait vraiment en avoir un. Elle croit que, s'il y a un parc national, elle pourra convaincre les investisseurs d'investir dans un nouvel hôtel, ce que la collectivité souhaite vivement.
À Penticton, on craint toujours de perdre l'aéroport local. Les gens croient que, s'il y a un parc national, ils pourraient attirer un autre transporteur aérien, ce qui assurerait la pérennité de leur aéroport local.
Beaucoup de retraités habitent à Osoyoos — un grand pourcentage des retraités de l'Okanagan — et, à l'heure actuelle, ils risquent de perdre leur école secondaire. Ils croient — ce qui a été prouvé — que les jeunes déménageront pour être à proximité d'un parc national. La diversification de la population, si importante dans l'Okanagan, pourrait assurer à Osoyoos la conservation de son école secondaire. Les citoyens locaux sont très intéressés par les nouveaux emplois permanents qui découleraient de la création d'un parc national, car cela permettrait aux membres de leur famille de rester dans la collectivité, et leurs enfants auraient des emplois d'été locaux pendant tout l'été. Ce sont des choses importantes à l'échelon local.
Les parcs nationaux et les aires marines protégées contribuent à renforcer le lien des Canadiens avec la nature. Plusieurs études indépendantes ont montré que le fait de passer du temps dans la nature améliore la santé mentale et physique des Canadiens. Nous appuyons l'inclusion dans le plan de conservation national de programmes qui visent à rétablir un lien entre les enfants et la nature. En travaillant en partenariat avec d'autres intervenants, nous pourrons réaliser cet objectif.
En bref, le plan pourrait changer considérablement la conservation sur le terrain, à l'échelon provincial et dans les petites collectivités en Colombie-Britannique et partout au Canada, s'il vise les six résultats suivants.
Tout d'abord, il faut achever la création d'un réseau de zones protégées pour le Canada, plus précisément de tous nos parcs nationaux et de toutes nos aires marines protégées qui font partie du plan du réseau, tout en veillant à ce que les zones protégées soient intégrées dans des paysages terrestres et marins qui sont gérés dans le but de protéger la faune et de favoriser la durabilité des écosystèmes sains. Pour ce faire, nous avons besoin de plans d'aménagement du territoire régionaux et de l'utilisation des espaces marins pour l'ensemble du pays et dams nos trois zones côtières.
Cela ferait du Canada un chef de file mondial qui s'engage à dépasser les cibles internationales actuelles en matière de biodiversité, dont l'objectif est de protéger 17 p. 100 des terres et 10 p. 100 des océans d'ici 2020. Nous pouvons le faire. Nous pourrions être des chefs de file mondiaux en veillant à ce que les initiatives de conservation soient appuyées par de solides connaissances scientifiques et traditionnelles ainsi que de bonnes lois environnementales. Ce plan de conservation national devrait appartenir à tous les Canadiens et les inspirer à y participer, puis offrir des programmes et des partenariats qui permettent d'établir un lien entre nos enfants et nos jeunes et la nature. Il pourrait fournir une inspiration au leadership et offrir un héritage aux générations à venir.
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Bonjour, mesdames et messieurs les membres du comité. Merci de me donner l'occasion de faire des commentaires sur les étapes initiales de l'élaboration d'un plan de conservation national, un plan qui, à mon avis, sera salué par nombre de Canadiens soucieux de l'environnement à la suite des annonces récentes dans le cadre du projet de loi sur le budget.
Laissez-moi dire tout d'abord que, à mon avis, le document de quatre pages fourni — le document d'information et le plan de conservation national — est un très bon point de départ, surtout le premier paragraphe qui insiste sur l'importance de la nature aux yeux des Canadiens.
Le document d'information illustre un solide engagement du gouvernement à l'égard de la protection de nos paysages terrestres et marins emblématiques et de nos espèces sauvages. J'espère sincèrement que l'engagement est réel — que la nature sera perçue comme étant plus qu'un simple moteur économique — et que la valeur des écoservices offerts au Canada sera mieux reconnue et protégée pour des générations.
L'élaboration fructueuse du plan comportera ses défis, mais si mon expérience des 30 dernières années dans le domaine du saumon du Pacifique en Colombie-Britannique est représentative, nous aurons à notre disposition tout un trésor d'expérience, d'expertise et d'intendance provenant d'organisations communautaires, d'universités, d'industries et d'ONG.
Toutefois, pour faire fond sur une forte collaboration et utiliser cette expertise, je propose d'entamer le processus de PCN en décrivant un ensemble d'objectifs nationaux et en établissant l'engagement du gouvernement fédéral à l'égard de leur réalisation. À défaut d'une forte volonté de mettre le plan en oeuvre, il est inutile de créer de grandes attentes chez le public ou de déployer les efforts nécessaires pour réaliser un programme national.
Je veux limiter mes commentaires à trois grandes idées se rattachant à la création du PCN et donner un exemple de politique de conservation efficace déjà élaborée au Canada, la politique canadienne pour le saumon sauvage du Pacifique.
Je veux mettre l'accent sur trois priorités se rattachant à l'élaboration du plan. Premièrement, dans un pays qui a l'ampleur et la diversité du Canada, le plan national devrait comporter une structure hiérarchique, assortie de buts et de principes nationaux et être mis en oeuvre en fonction des régions, compte tenu de la diversité des paysages et des systèmes biologiques à l'échelle du Canada. Il convient d'adopter des principes uniformes à l'échelle du pays, mais nous devons reconnaître que les écosystèmes varient d'une région à l'autre et sont le fruit de l'interaction entre le paysage, le climat et les systèmes biologiques. Dans le contexte de chacune de ces zones écologiques, les mesures de diversité biologique et l'utilisation d'espèces comme indicateurs constituent un autre élément parallèle à prendre en considération dans les régions.
Deuxièmement, le plan devrait s'appuyer sur un processus scientifique au moment de la délimitation des écosystèmes. Cela devrait comprendre les environnements terrestres, l'eau douce, les estuaires et les environnements marins de sorte que les méthodes soient reproductibles, appuyées sur les connaissances et l'expertise disponibles et supposent des mesures de surveillance pour repérer les réussites et les échecs et tirer des leçons de nos expériences au fil du temps.
Nous ne partons pas de la case départ à ce chapitre. Une documentation exhaustive a été publiée au sujet de ces méthodes. Par exemple, il y a le travail de Conservation de la nature sur le site Web conservationgateway.org, ainsi qu'une publication qui décrit ce que nous entreprenons, Conservation Area Design. Cela constitue un excellent point de départ pour la structure du plan.
Troisièmement, l'élaboration du PCN devrait être inclusive et faire appel à des groupes d'intendance localisés pour qu'ils intègrent leurs valeurs et leurs intérêts locaux et qu'ils surveillent leur environnement et leurs progrès en fonction des objectifs régionaux. Ces organisations communautaires sont une source de richesse exceptionnelle au chapitre de la main-d'oeuvre et des connaissances locales et constituent un pont important entre les collectivités et les environnements naturels locaux. Il ne s'agit pas d'une nouvelle recommandation. Environnement Canada a publié en 2002 un excellent exposé de la valeur potentielle de l'intendance locale intitulé Programme de l'intendance du Canada.
L'exemple que j'aimerais vous donner a été rédigé par le ministère des Pêches et des Océans et s'intitule Politique du Canada pour la conservation du saumon sauvage du Pacifique. On y a mis la dernière main en juin 2005, après six années de consultations publiques exhaustives et plus d'une décennie de débats scientifiques. Je vous en ai fourni des exemplaires hier, dans le cadre de votre visite.
La politique a largement été appliquée au saumon de l'Atlantique dans l'Est du Canada et est généralement reconnue comme un cadre modèle pour la gestion durable du saumon du Pacifique afin de maintenir sa capacité d'adaptation aux changements environnementaux et d'inclure les collectivités dans les processus décisionnels qui les touchent.
Vous pouvez considérer la politique comme trois cercles qui se recoupent. Un cercle représente le paysage et le climat financiers qui délimitent les grandes zones écologiques en Colombie-Britannique. Le deuxième cercle représente les caractéristiques biologiques des populations de saumon du Pacifique, la dynamique de leurs interactions — je parle des rassemblements aux fins de la reproduction — et les interactions écologiques qui définissent la productivité de la population de saumon. Nous entendons par « productivité » le nombre d'alevins générés par un couple reproducteur. Le troisième cercle représente les répercussions humaines sur le saumon et son environnement.
L'intersection des cercles décrit le besoin de conservation pour un groupe ou une espèce de saumons du Pacifique en particulier. Pour concevoir une politique nationale qui tient compte de ces enjeux — la politique du saumon sauvage —, les participants au processus de consultation se sont entendus sur cinq stratégies ou mesures dans le cadre de la politique.
Premièrement, définir l'habitat de chaque espèce et chaque population de saumon et, pour chacune, décrire des cibles de gestion et un plan de surveillance permettant de comprendre l'état de la ressource. Deuxièmement, pour chaque unité de conservation, évaluer la qualité des habitats et leur quantité et surveiller les tendances connexes au fil du temps. Encore une fois, pour chaque unité de conservation, la troisième chose est d'évaluer les conditions écologiques, à savoir la valeur du saumon dans l'écosystème local — par exemple, les nutriments marins générés lorsque le saumon revient de la mer — et l'importance des processus écologiques locaux sur le plan de la productivité du saumon du Pacifique, comme la disponibilité d'eau fraîche ou la condition des estuaires locaux pour les jeunes saumons. Quatrièmement, élaborer un processus ouvert et transparent pour inclure les groupes communautaires locaux dans les processus décisionnels qui toucheront leur collectivité. Et, enfin, mener des évaluations périodiques des progrès et prendre des mesures en conséquence lorsque nous constatons qu'un changement est nécessaire.
En fait, il y a une sixième stratégie, que vous pourrez voir dans la politique, mais elle se rattache à la mise en oeuvre annuelle de décisions en matière de gestion des pêches, car la politique se veut un instrument à long terme, mais les pêches doivent être gérées selon un échéancier annuel.
Cet exemple ne semble pas se rapporter directement à votre tâche qui consiste à élaborer un plan de conservation national d'une bien plus grande portée, mais j'avancerais que les étapes en cause s'apparentent à votre tâche et seraient particulièrement utiles à l'échelon régional de l'organisation pour bien des espèces.
Maintenant, Mark, ce qui suit ne constitue pas du tout une critique; il s'agit plutôt d'un énoncé des faits que j'aimerais mettre en relief pour un type de saumon particulier dont nous avons parlé hier. Mon commentaire tient tout simplement au fait que, compte tenu de la préoccupation actuelle découlant des modifications de la Loi sur les pêches et des dispositions touchant l'habitat, je juge que je dois insister sur le fait que la diversité du saumon du Pacifique dont nous jouissons au Canada est un reflet direct de la diversité des habitats qui sont disponibles et du lien direct entre le saumon et ces habitats. Nous ne pouvons pas avoir des saumons du Pacifique en santé et productifs sans protéger la diversité de leur habitat et les écosystèmes fonctionnels desquels ils dépendent. Les saumons du Pacifique sont réellement un reflet direct de leur habitat et de la lignée qui a généré ce que nous voyons aujourd'hui. La politique sur le saumon protégera ces deux choses, au fil du temps et des différents changements climatiques.
À mon avis, ce qui différera dans votre tâche à l'échelon national — comparativement à la politique du saumon sauvage régional — c'est la façon d'intégrer ce que j'appelle simplement les enjeux du « portrait d'ensemble » qui se superposeront sur l'état actuel de nos espèces et des habitats — par exemple, la gestion et la conservation de l'eau douce au Canada. Je mentionne aussi les réactions et les répercussions liées au changement climatique en Colombie-Britannique qui présentent un intérêt particulier, comme les interactions du dendroctone du pin ponderosa, et il y a aussi les répercussions marines dans le détroit de Georgia.
Je crois aussi qu'il faut attirer l'attention sur l'entretien et la protection des trois océans canadiens et de leur biodiversité, notamment sur la très récente publication de la Société royale du Canada au sujet de l'état de la biodiversité marine. Elle figure sur le site Web de la SRC.
Enfin, en ce qui concerne le respect des obligations internationales à l'égard desquelles le Canada s'est déjà engagé, je crois que la structure du programme devra être de nature très hiérarchique. Il est alors possible que ces enjeux plus gros soient pris en compte dans le cadre de processus consultatifs particuliers pour vous aider à déterminer quelles sont ces pressions et quelle est l'intervention adéquate dans le cadre du plan national.
J'ai très hâte de participer à des discussions plus en profondeur sur cette tâche très utile. Je suis certain que vous recevrez beaucoup de conseils et d'avis, mais j'espère que vous tirerez profit de l'expertise exhaustive au Canada et des nombreux efforts et publications passés, que vous ferez fond sur les connaissances et la volonté de vous aider des collectivités locales; bien sûr, lorsque je parle de « collectivités », j'entends aussi les Premières nations du Canada, avec leurs connaissances locales et traditionnelles.
Merci beaucoup de votre attention.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier le comité au nom de notre organisation pour nous avoir donné la possibilité de témoigner aujourd'hui et de déposer un mémoire. Je m'appelle Jeff Surtees. Je suis le président-directeur général de Truite illimitée Canada.
Notre organisation est vouée à la conservation de l'habitat naturel. Elle a été créée il y a 40 ans, en 1972, et a la mission de conserver, de protéger et de restaurer les écosystèmes canadiens en eau douce. Elle a été constituée par des pêcheurs à la ligne — des gens qui aiment aller à la pêche — et elle est maintenant soutenue par des pêcheurs à la ligne et des gens non adeptes de ce sport aux quatre coins du pays. Elle est régie par un conseil d'administration bénévole et a des sections bénévoles dans les Maritimes, au Québec — eh bien, il y en a une au Québec, mais il y en aura beaucoup d'autres bientôt — en Ontario, en Alberta et en Colombie-Britannique.
Nous travaillons avec les collectivités et nous travaillons avec des bénévoles locaux. Nous sommes fiers d'être une organisation pragmatique. Nous sommes complètement impartiaux et n'avons aucune allégeance politique. L'essentiel de notre financement provient de particuliers et de sociétés au Canada, et seulement une petite quantité, de sources gouvernementales à l'heure actuelle. Nous avons toujours travaillé en collaboration avec l'industrie et les gouvernements de toute allégeance. Nos membres croient que nous méritons d'avoir voix au chapitre parce que notre organisation est axée sur les solutions. Nous aimons aller au-delà des discussions.
Notre travail sur le plan de l'habitat comprend la restauration, la surveillance et l'évaluation des cours d'eau, toujours fondées sur des données scientifiques fiables. Aux yeux de nos membres, un cours d'eau froide ou une rivière possède une beauté presque infinie, c'est un endroit où la vie commence. Notre travail comprend aussi la sensibilisation des écoliers par l'entremise du programme du Chemin du poisson jaune. Dans le cadre de ce programme, des milliers de participants sortent, avec leur classe ou leur groupe communautaire, et peignent un petit poisson jaune sur un conduit pluvial dans leur collectivité pour rappeler aux gens que, dans le monde physique, tout est lié. Les conduits pluviaux sont directement liés aux rivières, et verser quelque chose dans le drain signifie qu'on le verse directement dans l'habitat d'un animal.
On nous a fourni cinq questions pour orienter notre mémoire d'aujourd'hui, et mes remarques seront axées seulement sur les troisième et quatrième questions, qui étaient de savoir quels principes devraient orienter un plan de conservation national et quelles devraient être les priorités en matière de conservation d'un plan de conservation national. Ensuite, je vais faire un petit commentaire sur la cinquième question, qui est de savoir quelles devraient être les priorités en matière de mise en oeuvre du plan de conservation national.
La première question — à savoir la troisième — est de savoir quels principes devraient régir un plan de conservation national. Nous avons quatre principes directeurs à proposer. Ils sont en parfaite harmonie avec les commentaires que vous ont adressés les autres témoins aujourd'hui.
Le premier principe directeur que nous proposons est de fonder le plan de conservation national sur des données scientifiques fiables. La conservation et la restauration exigent une compréhension en profondeur des conditions et des processus biophysiques qui créent les habitats propices à la vie des populations animales et végétales. Un plan de conservation doit être appuyé sur les meilleures données scientifiques disponibles pour assurer le maintien et la restauration des fonctions biophysiques. Lorsque nous disons « fondé sur des données scientifiques fiables » — et nous entendons beaucoup cette phrase dans différents contextes aujourd'hui —, nous entendons l'orientation du plan en fonction d'information mesurable et mesurée, qui définit les liens entre la structure physique et le véritable fonctionnement d'un bassin ou d'un paysage hydrographique; et, troisièmement — point très important — il tient compte de l'effet cumulatif de toutes les activités dans le bassin ou le paysage hydrographique.
Le deuxième principe directeur proposé tient à l'échelle. La planification de la conservation doit être faite selon une échelle géographique pertinente sur le plan écologique et selon un échéancier pertinent sur le plan écologique. Nous avançons que l'échelle géographique adéquate pour les composantes individuelles du plan de conservation national doivent correspondre, à tout le moins, à l'échelle de l'écosystème dans son ensemble ou du bassin hydrographique en question. Le bon échéancier doit être très long. La décision doit être fondée sur une réflexion qui s'étend sur des dizaines d'années, sinon des centaines, et se prolonge dans l'avenir plutôt que sur les expériences du jour.
Selon le troisième principe directeur proposé, le plan de conservation national devrait refléter l'effort visant à sensibiliser tous les Canadiens au sujet de l'écologie. Il faut tout simplement élever la barre des connaissances communes. Une plus grande éducation écologique devrait, selon nous, mener à un degré d'intérêt plus profond, ce qui devrait, selon nous, mener à une participation positive dans les mesures communautaires. Les gens qui sont intéressés et les gens qui en savent un peu plus seront plus intéressés et en feront plus de façon positive.
Le quatrième et dernier principe directeur que nous proposons est le financement et l'attribution de ressources adéquats pour la mise en oeuvre d'un plan de conservation national. Il doit absolument jouir d'un soutien à long terme de tous les ordres de gouvernement. Si le plan suppose du travail effectué par des groupes, comme ceux que nous représentons ici, des mécanismes doivent être en place pour aider les organisations du secteur sans but lucratif à demeurer viables. Un grand nombre de très bonnes organisations consacrent beaucoup de temps et d'efforts simplement au fait de survivre.
Je vais passer à la quatrième question, celle qui touche les priorités en matière de conservation qui devraient être intégrées au plan de conservation national. Nous croyons que, si nous réussissons au chapitre des principes directeurs, les priorités en matière de conservation devraient en découler directement. Je vais seulement parler des priorités en matière de conservation qui s'inscrivent dans le mandat de l'organisation Truite Illimitée Canada, qui s'attache aux petits cours d'eau douce et aux petites rivières. Bien d'autres priorités que soulèveront probablement d'autres organisations seront aussi valides.
Le premier principe directeur que nous avons proposé est la fondation du plan sur des données scientifiques fiables. Les données scientifiques que nous avons rassemblées démontrent que le travail peut être divisé par priorité, ce qui le rend plus efficace. Voici comment nous procédons pour établir les priorités. Au sommet des priorités, il y a le travail à faire auprès des petits cours d'eau et des petites rivières afin d'améliorer la qualité de l'eau. Tout d'abord, il faut penser à la qualité. La deuxième priorité est le travail qui maintient ou améliore la qualité de l'eau dans un système. Les troisième et quatrième priorités correspondraient au travail qui améliore l'habitat physique et qui assure une gestion directe des populations de poissons en empoissonnant un bassin hydrographique ou en en retirant des poissons et, dans les deux cas, il conviendrait de se concentrer sur l'entretien et la restauration des espèces indigènes avant les espèces non indigènes. Encore une fois, pour être conformes aux principes directeurs, les priorités en matière de conservation seraient mises en oeuvre à tout le moins à l'échelle d'un bassin hydrographique de façon à pouvoir durer indéfiniment.
Je vais passer à la cinquième question. J'ai un bref commentaire. Quelles devraient être les priorités en matière de mise en oeuvre d'un plan de conservation national? Cette question était très difficile pour nous. Les membres de notre conseil d'administration ont beaucoup débattu, et j'ai reçu beaucoup d'appels téléphoniques de nos membres à ce sujet. Il est difficile pour nous de répondre à cette question, monsieur le président, car on nous a demandé de respecter le programme — la question directement soumise au comité, et je vais le faire — mais tout est lié.
Le travail effectué dans le cadre du projet de loi , les changements apportés, touche directement le travail du comité. C'est un fait. Lorsqu'on nous demande de formuler des recommandations relatives à des plans de mise en oeuvre, nous nous demandons: « Comment pouvons-nous faire cela? » Nous devons savoir quelles seront les dispositions réglementaires prises dans la foulée des modifications des dispositions du projet de loi. La mise en oeuvre se situe là. Cela se rattache au plan de conservation national. Comme je le dis, nous allons coopérer dans le cadre de n'importe quel système que mettent en place nos représentants élus. Nous allons travailler dans ce cadre et nous allons offrir nos services pour aider. Notre organisation croit que, si une activité, industrielle ou autre, perturbe, bouleverse ou détruit un habitat de poisson, une évaluation environnementale devrait être déclenchée. Cela est en train de changer, d'après nous. Nous ne pouvons pas être en faveur.
Un plan de conservation national digne de ce nom doit être gros, formidable, refléter une grande vision, quelque chose qui peut faire la fierté de tout le pays et que tous les ordres de gouvernement appuient — les administrations municipales, les gouvernements provinciaux et fédéral. Tout le gouvernement doit agir en harmonie avec cette théorie; sinon, on aura accompli peu de choses.
Je suis reconnaissant du travail du comité et j'ai hâte de participer davantage. Voilà nos remarques.
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous les témoins d'être avec nous aujourd'hui.
Nous avons passé une fabuleuse journée hier à visiter sur l'île de Vancouver des sites de restauration de cours d'eau et divers projets. Les saumons sont emblématiques en Colombie-Britannique, et, sur l'île de Vancouver, il y a eu beaucoup d'habitats détruits en raison de l'interaction des humains avec leur environnement. Nous avons vu de très bons exemples de restauration hier.
Vos organisations, la Fondation du saumon du Pacifique et Truite illimitée, ont collaboré grandement avec des groupes locaux, des sociétés d'amélioration de l'habitat, divers organismes, comme la B.C. Conservation Foundation — dont les représentants étaient avec nous hier — et des gardiens des cours d'eau, des organisations comme celles-là. Je crois que M. Riddell a mentionné que la Fondation du saumon du Pacifique avait travaillé avec quelque 350 organisations.
Hier, nous avons vu la rivière Millstone dans une zone urbaine de Nanaimo et le bon travail qui a été fait. Il y a un chenal de fraie de deux kilomètres dans un parc qui est maintenant soutenu par une collectivité entière, et des enfants contribuent à ce que le saumon remonte le courant, liant le bassin versant, ce qui donne des résultats très prometteurs.
Je voulais simplement mentionner, pour le compte rendu, un autre endroit que nous avons visité hier, le ruisseau Nile, soit un des projets que nous avons vus. La restauration du ruisseau Nile dure depuis un certain nombre d'années et a été décrite par bon nombre de personnes comme un modèle de restauration de cours d'eau.
Je me demande si vous pouvez prendre quelques instants, monsieur Riddell, pour dire pourquoi bon nombre de gens considèrent que ce projet est un modèle de restauration de lit de cours d'eau.
Est-ce que les populations de saumon du Pacifique fluctuent naturellement? Tout à fait. Est-ce que cela explique toutes les fluctuations? Pas du tout. Il faut tenir compte de l'effet de certaines activités sur l'environnement de la région. Il peut y avoir des effets de la surpêche qui perdurent et que nous essayons encore de corriger. Plusieurs facteurs peuvent entraîner les effets cumulatifs dont Jeff a parlé dans son exposé.
Je dis aux gens qu'il est très difficile de présenter un résumé concis de la situation du saumon du Pacifique, car la Colombie-Britannique compte 4 000 ruisseaux abritant du saumon qui sont soumis à une grande diversité de pressions. Mais il est indubitable que le point déterminant pour la remonte du saumon en Colombie-Britannique est maintenant ce qui se passe dans l'océan. Il est particulièrement intéressant de constater que, grâce aux nouvelles méthodes scientifiques que nous appliquons, la fluctuation du taux de survie du saumon repose en grande partie sur les premiers mois qu'il passe en mer, c'est-à-dire dans les eaux côtières du Canada. Et, près de nous, l'endroit particulièrement préoccupant est le détroit de Georgia.
Les causes naturelles jouent donc certainement un rôle important dans les tendances à long terme, mais il n'en demeure pas moins que nous devons réduire certaines pressions exercées à l'échelle locale qui peuvent être liées au développement, à l'urbanisation, à l'extraction de l'eau, etc.
Vous avez posé une question à propos du pipeline. Je vais faire un bref commentaire à ce sujet, car la Fondation du saumon du Pacifique est certes préoccupée par ce projet.
À mon sens, en matière d'évaluation du risque, il s'agit d'un exemple parfait, car si on construit ce système et que tout fonctionne bien, il est possible que l'environnement finisse par retrouver sa vitalité et que les gens se disent: « Au fond, nous pouvons avoir les deux. » Le problème, c'est que le risque est fonction de... Quel est le risque d'incident? Quelle est la probabilité qu'une telle chose se produise? Quels en seront les effets, le cas échéant? Et ces effets pourraient être dévastateurs.
Donc, c'est l'exemple parfait de projets qui comportent des risques, et c'est véritablement ce qui préoccupe la population. Le pipeline va franchir 778 ruisseaux, rivières et fleuves de l'Alberta et de la Colombie-Britannique. Il va franchir trois bassins hydrographiques de premier plan qui abritent de très importantes populations de saumon. Les habitants des localités de la région éprouvent une inquiétude très sincère.
Récemment, j'ai argumenté avec une personne qui nous demandait: « Pourquoi ne pourrait-on pas avoir de pipeline? Vous exploitez bien la forêt. » Eh bien, ce n'est pas la même chose. Et, pour l'amour du ciel, cela ne veut pas dire que nous ne réglementons pas l'exploitation forestière, n'est-ce pas?
Donc, cela pourrait fonctionner, mais on doit reconnaître que les pipelines sont sujets à des fuites. On ne va certainement pas vous dire qu'il n'y a jamais de fuites. Nous espérons seulement que, si le projet va de l'avant, il sera mis en oeuvre de la meilleure façon possible et de manière à réduire au minimum les risques pour les écosystèmes d'eau douce. Nous devons intervenir très rapidement, car les pipelines vont fuir; ce n'est qu'une question de temps.
Les pétroliers sont un autre point important. Personnellement, je pense que la circulation de pétroliers... Il est vrai qu'à l'échelle mondiale, il y a eu très peu d'incidents liés à ces navires. Mais, je m'excuse: des incidents très graves se sont produits sur la côte Ouest. Nous avons perdu un traversier simplement parce que quelqu'un s'est endormi et a percuté un rocher. De tels incidents surviennent quand il y a beaucoup de circulation. Que pouvons-nous faire pour atténuer les risques?
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Merci beaucoup, Mark. Je suis ravi de comparaître devant le comité permanent, et nous nous concentrerons sur les six questions énoncées. Je crois que vous avez notre présentation sous les yeux. Je vais vous l'expliquer, et mon collègue, Neil, m'aidera à répondre aux questions quand le moment viendra.
La B.C. Wildlife Federation est l'un des plus vieux organismes de conservation de la Colombie-Britannique. Elle a pour objectif de jouer un rôle de premier plan dans la conservation et l'utilisation avisée du poisson, de la faune et de l'habitat de la Colombie-Britannique. Nos quelque 40 000 membres, répartis dans 110 clubs disséminés un peu partout dans la province, font de la conservation et de la durabilité une priorité absolue. Nos membres consacrent bénévolement plus de 30 000 heures par année à des activités d'intendance, dont un grand nombre sont précisément axées sur la conservation de l'habitat.
Le graphique circulaire montre que la plupart de ces activités sont menées par une petite proportion de nos membres, alors il y aurait certainement place à l'amélioration pour ce qui est de la contribution de nos membres et de la population au chapitre de la conservation.
Les buts de la B.C. Wildlife Federation sont énoncés dans le document. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire que je vous les lise. Nous devons nous attaquer aux six questions, mais je pense que nous voulons devenir un chef de file reconnu et fiable en matière de conservation des ressources halieutiques et fauniques de la province. Donc, à cette fin, nous mettons en oeuvre un certain nombre de stratégies. Je pense qu'une des stratégies cruciales — qui, à mon avis, présente une certaine importance aux fins du plan de conservation national — consiste à aller de l'avant au moyen de partenariats stratégiques établis avec diverses organisations dotées de la même vision à long terme à l'égard de la conservation du poisson, de la faune et de leurs habitats ainsi que des écosystèmes.
La mise en oeuvre de nos priorités stratégiques accroît assurément les investissements réalisés en vue d'assurer la gestion du poisson, de la faune et des habitats de la province. Je pense que le financement est toujours un aspect problématique pour ce qui est de maintenir la durabilité des ressources. Certes, nos membres sont d'abord et avant tout intéressés par la conservation, mais nous accordons une importance particulière à l'accroissement des possibilités relatives à la chasse, à la pêche et aux autres activités de plein air.
Au nombre des programmes d'intendance que nous mettons en oeuvre, il y a notre programme de sensibilisation aux zones humides de la Colombie-Britannique. Il y a un objectif assez précis. Il vise à assurer de l'eau propre, un habitat fonctionnel et des populations halieutiques et fauniques en santé. Il est axé sur la formation et la sensibilisation en matière d'intendance et comprend l'exécution de projets dans diverses collectivités de la province. Chaque année, grâce à lui, de 100 à 150 personnes reçoivent une formation relative à la conservation des milieux humides et mettent en oeuvre quatre ou cinq projets, mais l'effet le plus important, c'est qu'ils peuvent continuer à mener ces activités d'intendance de façon continue dans toutes les collectivités et tous les territoires de la province, et surtout dans les milieux humides, habitats très fragiles aux perturbations.
En ce qui concerne la stratégie nationale de conservation, on nous demande d'abord quel devrait être son objectif. Je pense que cet objectif doit être simple. À notre avis, ce devrait être de protéger, de maintenir et de restaurer le capital naturel du Canada en protégeant, en améliorant et en restaurant la durabilité et la résilience des systèmes naturels.
L'accent est mis sur la protection, l'amélioration et la restauration de la durabilité et de la résilience, et je pense que tout le monde sera d'accord pour dire qu'il faut veiller à ce que les paysages et les écosystèmes demeurent fonctionnels — c'est-à-dire naturels, durables et résilients.
Je pense que l'objectif de la stratégie nationale de conservation devrait être simple. Selon moi, le Canada devrait être reconnu comme un leader mondial en matière de conservation, compte tenu de son énorme capital naturel qui s'étend du nord au sud et d'est en ouest — et la Colombie-Britannique est particulièrement choyée à cet égard, vu sa grande diversité d'espèces, d'écosystèmes et d'habitats. Voilà ce que nous visons. Voilà l'objectif que nous proposons pour ce plan.
À mon sens, le principe directeur de la stratégie nationale de conservation, c'est le capital naturel. On peut dire que ce terme englobe les habitats, les écosystèmes... Il s'agit d'une définition large, mais la meilleure façon de conserver le capital naturel est plus efficace quand elle vise à protéger et à améliorer les habitats naturels existants.
Il faut mettre en oeuvre des initiatives efficaces de conservation et les évaluer à l'échelle des bassins hydrographiques et des paysages ou de leurs équivalents marins. Les bassins hydrographiques et les paysages ont une capacité déterminée au-delà de laquelle le capital naturel est perdu. Comme on dit dans le domaine médical, « mieux vaut prévenir que guérir », et, bien souvent, la prévention coûte beaucoup moins cher.
À mon avis, nous devons instaurer des approches de gestion adaptatives fondées sur les connaissances scientifiques et l'expérience, et ce, à divers niveaux. Ces approches devraient être axées sur la collaboration. Je pense que le commandement et le contrôle se justifient dans certains cas, mais qu'il serait bien plus efficace, à l'échelle du territoire, de miser sur la collaboration des collectivités et des Premières nations plutôt que sur une stratégie nationale verticale. Selon moi, elle doit être inclusive et axée sur la collaboration des collectivités et des Premières nations.
Concernant les priorités en matière de conservation, je pense que l'objectif à long terme devrait être de préserver le capital naturel. Il y a assurément des espèces et des habitats à risque qui exigent une intervention. À coup sûr, je suis d'avis que nous devons nous départir de notre approche fondée sur les espèces au profit d'une approche fondée sur les collectivités et les écosystèmes afin de préserver les espèces et les habitats. À notre avis, l'objectif ultime du plan de conservation national devrait être d'assurer la durabilité et la résilience des paysages naturels et des écosystèmes dans les environnements tant aquatiques que terrestres.
Quelles sont nos priorités au chapitre de la mise en oeuvre? La Colombie-Britannique dispose d'un cadre de conservation solide pour les espèces et les habitats. Cependant, elle n'a pas un effectif nécessaire pour l'exécuter. Nous devons accroître la surveillance et la production de rapports à l'échelle des paysages aquatiques et marins. Je pense que notre avenir dépend de la prochaine génération et qu'il est crucial d'augmenter les occasions de sensibilisation dans les écoles. Plus les gens sont déconnectés de la nature, moins cette question est importante et pertinente pour eux. L'information et la sensibilisation jouent un rôle crucial.
Enfin, il importe de favoriser la collaboration entre les collectivités, les Premières nations et les divers ordres de gouvernement pour mettre à exécution des solutions de conservation. Brian Riddell, de la Fondation du Saumon du Pacifique, vous a amenés faire une visite. Grâce à la collaboration de divers groupes issus de la collectivité et du secteur privé, le Living Rivers Trust Fund a réussi à tripler un investissement initial de 20 millions de dollars visant à améliorer la durabilité des bassins hydrographiques et des ressources halieutiques. Voilà un modèle à suivre en matière de mise en oeuvre sur le terrain, et il en existe de nombreux autres.
Nos priorités concernant la mise en oeuvre sont d'augmenter le financement et les incitatifs fiscaux en ce qui a trait à la conservation des habitats essentiels et l'achat de terrains. La réglementation ne peut pas tout régler. Je ne dis pas qu'elle n'est pas une approche valable, mais, quand il est question d'habitats essentiels — et surtout de ceux qui se trouvent sur des terrains privés —, l'achat de ces terrains à des fins de conservation ou le recours à des incitatifs fiscaux liés à leur utilisation contribue à préserver le capital naturel et offre d'autres possibilités de conservation. C'est un outil très puissant. Il est utilisé en Colombie-Britannique, et je pense qu'il peut se révéler très efficace à l'échelle nationale.
En toute collaboration, nous devons évaluer et réglementer l'aménagement des paysages et des bassins hydrologiques pour protéger les écosystèmes sains. Il est énoncé dans le code qu'il y a des limites au développement. Il faut examiner cette question en fonction des paysages. Ils ne sont pas tous pareils. Certains sont plus fragiles que d'autres. Pour protéger le capital naturel, il arrive, tôt ou tard, qu'on doive interdire certains types de développement.
Le processus de consultation est très simple. À mon avis, vous devez tenir un processus de consultation national concernant le plan et ses composantes. En outre, vous devez tenir des consultations régionales en ce qui a trait à son exécution, car il y a divers gouvernements, diverses collectivités, diverses Premières nations et divers écosystèmes. Donc, les priorités doivent être assez différentes d'une province à une autre.
Pour ce qui est des mesures, je pense qu'il faut d'abord en prendre à l'échelle des paysages et mener des consultations auprès des collectivités et des Premières nations afin d'élaborer des plans. Il faut mobiliser un soutien financier, technique et communautaire, car il s'agit des paysages où vivent les gens, et c'est là que vous trouverez du soutien et de l'aide qui vous permettront de réaliser les objectifs généraux de votre plan.
Merci beaucoup de m'avoir donné l'occasion de comparaître devant vous, Mark.
Je m'appelle Devon Page. Je suis le directeur d'Ecojustice. La mission d'Ecojustice est de protéger et de restaurer l'environnement par des moyens juridiques. Notre organisme est unique, car nous faisons appel à des avocats et à des scientifiques pour monter nos dossiers. Notre principale activité consiste à offrir des services juridiques gratuits de façon indépendante.
Nous choisissons nos causes en fonction de l'enjeu et de leur capacité de créer un précédent qui contribuera à la protection future de l'environnement. Nous avons beaucoup d'expérience au chapitre des litiges liés à la conservation et à la protection des espèces et des habitats, et il s'agit d'un des principaux rôles d'Ecojustice. Donc, naturellement, les observations que je vais livrer aujourd'hui au sujet de la forme que doit prendre le plan de conservation national seront axées sur l'aspect juridique.
Selon ce qu'a pu constater Ecojustice, les espèces et les aires de nidification non protégées par la loi ne sont pas adéquatement observées. Peu importe ce qu'il adviendra du plan de conservation national, l'abrogation ou l'affaiblissement des lois environnementales fédérales est incompatible avec la conservation et avec l'objectif à long terme de protéger les espèces et les systèmes naturels sur lesquels s'appuient notre économie, notre culture et notre santé.
Il faut notamment qu'une des composantes cruciales du plan de conservation national consiste à protéger les espèces et les habitats en péril au moyen de lois fédérales fortes. Pour comprendre la nécessité de cette mesure, pensons par exemple à la Colombie-Britannique, où vous tenez des réunions. Nous nous trouvons actuellement en pleine crise internationale en matière d'extinction des espèces; et, au Canada, la Colombie-Britannique est la province qui compte le plus d'espèces, mais également celle où l'on trouve le plus d'espèces en péril et qui affiche le taux de diminution le plus rapide. Selon le Conservation Data Centre de la Colombie-Britannique, au moins 1 918 espèces ou populations distinctes d'animaux sont maintenant en péril dans cette province, et des parties importantes de certains écosystèmes ont déjà été détruites.
La perte et la dégradation des habitats représentent la principale menace à l'égard des espèces et des écosystèmes du Canada. Pour 84 p 100 des espèces en péril du pays, leur situation précaire s'explique d'abord et avant tout par la perte d'habitat. Pour protéger les espèces et les écosystèmes du Canada, il faut disposer d'un cadre juridique national solide en matière de protection des espèces — et, fait plus important, elles doivent mener leurs processus vitaux — et il faut pour les habitats que les espèces en péril survivent et se rétablissent. Cela est vrai pour les habitats qui se trouvent tant à l'intérieur qu'à l'extérieur des parcs.
Ce que l'on craint, ce n'est pas seulement de perdre quelques espèces çà et là. En effet, la perte des plantes et des animaux indigènes du Canada représente une menace directe pour notre économie et notre santé. Les espèces constituent les piliers fondamentaux des systèmes naturels qui nous procurent de l'air pur, de l'eau propre, des aliments et des matières premières et qui assurent la séquestration du carbone et la pollinisation. La santé à long terme de ces systèmes naturels repose sur le maintien de la diversité des espèces qu'ils abritent.
Si l'on affaiblit les lois environnementales nationales et la protection qu'elles offrent aux habitats des poissons, des oiseaux migrateurs et des autres espèces, cela aggravera la crise que traverse le Canada au chapitre de l'extinction des espèces, car, ainsi, on fera fi de la cause première de cette crise. En outre, cela menacera directement notre vitalité économique à long terme.
Encore une fois, je veux répéter qu'à notre avis, la protection des espèces menacées du Canada par le truchement d'une législation fédérale rigoureuse doit être une composante fondamentale du plan de conservation national.
À l'heure actuelle, le gouvernement propose de modifier la législation fédérale relative à la protection de l'environnement. Les changements apportés à la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale fournissent un exemple des répercussions que peut avoir une telle initiative sur un plan de conservation national. Il y a deux ans, en Colombie-Britannique, les gouvernements fédéral et provincial ont chacun mené une évaluation environnementale du projet initial de mine d'or et de cuivre de Prosperity à Fish Lake au moyen de leurs instruments habilitants respectifs. Le comité d'évaluation de la Colombie-Britannique a approuvé le projet, alors que celui du gouvernement fédéral a conclu qu'il aurait des répercussions importantes sur l'environnement et sur les Premières nations. En juillet 2010, le ministre de l'Environnement de l'époque a déclaré que l'évaluation environnementale qu'on avait menée était une des plus accablantes qu'il ait jamais lues. En conséquence, le gouvernement fédéral a rejeté le projet, ce qui a permis d'éviter la transformation de Fish Lake — connu pour son abondance de poisson — en un bassin de résidus. La perte de ce lac, par exemple, irait à l'encontre d'un plan de conservation national.
C'est dans les zones riveraines que les écosystèmes sont les plus riches. Les modifications qu'on veut actuellement apporter à la Loi sur les pêches vont compromettre ces zones. Par ailleurs, nous croyons savoir qu'on envisage d'affaiblir la Loi sur les espèces en péril. L'actuel projet de loi sur la mise en oeuvre du budget comprend un changement qui autorisera la délivrance de permis liés à la Loi sur les espèces en péril qui ne seront pas assujettis à une date d'expiration, ce qui conférera à leur détenteur le droit absolu de détruire des habitats essentiels. Cette situation entraînera des conséquences directes sur la survie et le rétablissement des espèces.
À notre avis, compte tenu de la diminution des espèces au Canada, l'affaiblissement des principales lois fédérales en matière de protection de l'environnement mettra en péril l'exécution d'un plan de conservation national.
Selon nous, plutôt que d'affaiblir la législation, il est impératif de disposer d'un cadre législatif fédéral rigoureux visant à protéger toutes les espèces et leurs habitats pour réaliser tout objectif significatif en matière de conservation au Canada, et cet aspect doit donc être une composante importante du plan de conservation national.
La création de parcs additionnels est importante, mais cela ne saurait remplacer la préservation de l'intégrité écologique des lieux situés hors des parcs. Il est crucial de protéger les habitats et les écosystèmes entre les parcs, car ils ne s'étendent pas sur un territoire assez grand —, ou, souvent, n'ont pas été créés au bon endroit — pour satisfaire adéquatement aux besoins liés à la protection des habitats. Selon certaines études qui ont été publiées — je les mentionne dans mon document —, la plupart des parcs du Canada ne couvrent pas les habitats actuels ou futurs des espèces.
Pour protéger les habitats situés à l'extérieur des parcs, il faut au moins deux choses: des lois environnementales qui permettent une protection des habitats solide, prudente et fondée sur des données scientifiques; et un financement créatif des initiatives de conservation, y compris l'octroi de fonds compensatoires et la prise de mesures incitatives visant à assurer l'intendance des terres privées.
Par ailleurs, il importe de noter que, indépendamment de ce que deviendra le plan de conservation national, il doit être conçu de façon tant à protéger les espèces, les écosystèmes et les habitats dans l'immédiat que de permettre leur adaptation aux changements climatiques. Je suis certain que d'autres personnes ont plus d'expertise que moi à ce chapitre, mais nous constatons déjà en Colombie-Britannique que certaines espèces migrent de plus en plus vers le nord afin de fuir le réchauffement climatique.
Nous croyons savoir, à la lumière d'activités menées par le gouvernement fédéral, qu'on accordera peut-être plus d'importance aux espèces endémiques qu'aux espèces périphériques du Canada, soit celles qui se trouvent aux confins de leur territoire ici. Il s'agit habituellement d'espèces septentrionales qui vivent surtout aux États-Unis.
À notre avis, les espèces périphériques jouent un rôle crucial dans un plan de conservation national, car elles composent la majeure partie de nos écosystèmes septentrionaux. La conservation de ces espèces aux États-Unis ne comblera pas notre besoin d'avoir des écosystèmes fonctionnels dans la plupart des régions densément peuplées du Canada. Selon les données scientifiques les plus fiables, il faut assurer la conservation de ces populations, surtout à la lumière des changements climatiques.
À l'heure actuelle, le lien entre la Loi sur les espèces en péril et le plan de conservation national n'est pas clair. Nous recommandons l'utilisation d'une version rigoureuse de cette loi comme outil crucial pour gérer les habitats des espèces entre les parcs afin de réaliser les objectifs du plan. Il vise à protéger les habitats qui se trouvent déjà sous les seuils de tolérance prévus dans la Loi sur les espèces en péril. Nous recommandons au gouvernement fédéral de mettre en oeuvre immédiatement la réglementation relative aux accords d'intendance et au versement d'une compensation aux propriétaires des terres touchées par les activités en question. La Loi prévoyait l'adoption de cette réglementation dès sa création, mais cela n'a pas encore été fait.
Enfin, nous espérons et croyons que le comité et le gouvernement fédéral souhaitent se doter d'un plan de conservation qui protégera bel et bien les espèces et les systèmes naturels du Canada et non pas simplement se livrer à un exercice de relations publiques visant à pallier le vide laissé par le démantèlement des lois environnementales du pays.
Nous avons trois recommandations à soumettre au comité: le plan de conservation national devrait avoir pour rôle fondamental et pour principe directeur d'assurer la protection des espèces canadiennes et de leurs habitats pour le bien de tous les Canadiens actuels et futurs; il devrait avoir pour objectif le maintien et le renforcement de lois fédérales vigoureuses afin d'assurer cette protection; et, surtout, le maintien et le renforcement de la Loi sur les espèces en péril du Canada devraient être l'une des priorités énoncées dans le plan.
Voici ce que j'avais à dire. Merci de m'avoir donné l'occasion de m'exprimer.
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Je vous remercie de l'occasion que vous m'offrez de témoigner et de présenter au comité des commentaires sur le plan de conservation national.
Pour commencer, je vais vous parler brièvement de la Guide Outfitters Association, de façon à ce que vous puissiez comprendre notre point de vue et nos origines. La province de la Colombie-Britannique est unique. En effet, elle est divisée en territoires de pourvoirie. Les guides et les pourvoyeurs ont le droit exclusif d'accompagner les non-résidents qui chassent le gros gibier. La division de la province en secteurs de pourvoirie renforce le sentiment d'appartenance, ce qui fait en sorte que les guides et pourvoyeurs s'intéressent aux événements et à la dynamique sur leur territoire. Il s'agit du début d'un processus d'intendance de la faune, et ils ont donc adopté une approche holistique en matière de gestion des écosystèmes sauvages et de ce qui se passe dans leur secteur.
Il faut absolument souligner, tandis que nous allons de l'avant, que l'origine des guides et des pourvoyeurs remonte à la fin des années 1800. Nous faisons la promotion des attraits naturels extraordinaires de la Colombie-Britannique. Je crois que nous réfléchissons tous à ce que cela représente, ici, en Colombie-Britannique, ou partout au Canada. C'est évident que nous demandons un environnement vierge et durable et une utilisation intelligente de l'ensemble des ressources du Canada.
Notre vision consiste à défendre une industrie de la pourvoirie en santé, c'est évident, mais il faut absolument miser sur des perspectives saines et à long terme en ce qui a trait à la gestion de la faune et des écosystèmes et à la gestion générale du territoire.
GOABC est une organisation sans but lucratif créée en 1966. Nous représentons 80 p. 100 des guides et pourvoyeurs de la Colombie-Britannique. Le modèle que nous avons établi a été adopté par le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest. Vous voyez, c'est une preuve qu'il n'est pas nécessaire de créer tous les modèles pour aller de l'avant. Il y a déjà des processus utilisés dans d'autres administrations que nous pouvons examiner.
En tant qu'utilisateurs-consommateurs, les chasseurs ont une histoire dont ils sont fiers. On n'a qu'à constater les fonds recueillis grâce à différentes mesures, des suppléments sur les permis jusqu'aux plaques d'identité. Notre communauté de pêcheurs, de trappeurs et de chasseurs a recueilli plus de 140 millions de dollars pour des projets d'amélioration des plans d'eau et de la faune dans la province de la Colombie-Britannique, par le truchement de la Habitat Conservation Trust Foundation.
Lorsque je parle aux gens qui ne comprennent pas le rôle que jouent les chasseurs au chapitre de la conservation, je leur dis que la chasse est une bonne chose, parce que cela signifie qu'il y a un surplus, et que nous en sommes les gardiens. Nous adoptons un point de vue à très long terme sur la façon de le faire de façon sage et durable.
Si vous effectuez des recherches pour trouver le premier chasseur-écologiste, vous tomberez sur des gens comme le premier ministre Sir Wilfrid Laurier ou le président Theodore Roosevelt, qui avaient compris l'importance de la faune et d'une utilisation durable des ressources. Ce sont les fondateurs des parcs nationaux du Canada et des États-Unis. Ils avaient une vision. Par conséquent, je suggère que l'on se tourne vers des modèles déjà en place, comme le modèle de protection de la faune d'Amérique du Nord. Il est élaboré grâce aux efforts des chasseurs et des pêcheurs qui ont utilisé la loi et la science pour gérer la faune et en assurer la durabilité. Beaucoup d'espèces sur notre territoire, en Colombie-Britannique, surtout, se portent mieux en raison de l'adoption de ce modèle d'utilisation durable à long terme.
En tant qu'utilisateurs-consommateurs, nous avons un rôle à jouer. Nous devons informer les gens dans notre secteur qu'ils doivent penser à la faune et non seulement à la chasse et leur montrer comment utiliser à bon escient les ressources naturelles. Il faut en partie reconnaître qu'il faut toujours chercher l'équilibre entre les pressions sociales, politiques et économiques exercées sur la faune, et je crois que c'est quelque chose que nous pouvons faire.
Nous nous efforçons d'organiser des symposiums et de dresser des inventaires de la faune et de trouver de nouveaux modèles pour réaliser des tests d'ADN de meilleure qualité et plus rapidement, afin que nous puissions avoir de bonnes estimations des populations et que nous puissions connaître les tendances, qu'elles soient à la hausse ou à la baisse, ainsi que le recrutement des oursons et des veaux. Ce sont tous des éléments extrêmement importants pour qui veut savoir ce qui se passe.
Quelqu'un a dit tantôt qu'il était plus facile de savoir ce qui se passe sur le territoire que dans les océans. Je ne suis pas sûr que ce soit le cas.
En ce qui a trait précisément à vos six questions, quel devrait être l'objectif du plan de conservation national? Nous voulons des priorités à long terme pour le siècle qui vient, la prestation d'une orientation générale sur la conservation à l'intention des provinces et des territoires et des objectifs tangibles pour les stratégies de demain.
Les objectifs du plan national de conservation... Il faut sensibiliser les Canadiens à l'importance d'une utilisation durable des ressources. Nous avons l'occasion d'intégrer ce genre de choses dans les programmes scolaires, plutôt que de limiter la sensibilisation aux rares excursions. Il faudrait intégrer ces enseignements dans les programmes scolaires et parler de l'utilisation durable des ressources, parler de l'engagement à l'égard des ressources et de la gestion des écosystèmes. Il faut adopter une approche holistique, je crois que vous en avez déjà entendu parler, pas seulement des plans ponctuels — une espèce ou un élément de l'écosystème — mais un plan global unique pour l'écopaysage, et créer des synergies entre les intervenants de tous les ordres de gouvernement et des municipalités et des Premières nations.
Quant aux principes directeurs, encore une fois, c'est une utilisation sage et durable, fondée sur la science et la loi, qui permettra de créer un surplus de ressources renouvelables. Il faut aussi collaborer avec les Premières nations et les collectivités locales.
En ce qui a trait aux priorités relatives à la mise en oeuvre, mentionnons une approche holistique, des évaluations régulières des écopaysages et des plans d'eau, des types d'incitatifs fiscaux pour les projets de conservation et de remise en valeur — quelque chose de semblable à ce que nous ferions avec la HCTF — et des fonds consacrés à l'établissement des stocks halieutiques et fauniques.
Quel processus de consultation le ministre devrait-il organiser au moment d'élaborer un plan de conservation national? Il doit obtenir les connaissances locales des gens qui vivent et qui travaillent sur le territoire. Les connaissances locales sont des connaissances d'expert. Il y a aussi beaucoup de savoir traditionnel que peuvent fournir les Premières nations. Il y a divers intervenants ici. Vous pouvez tirer profit de leur expertise.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Le WWF Canada apprécie l'invitation que lui a lancée le comité.
Notre mission est d'arrêter la dégradation de l'environnement sur la planète et de tracer la voie pour que les humains du futur vivent en harmonie avec la nature.
En tant qu'une des plus anciennes et des plus importantes organisations de conservation du Canada, qui a des bureaux aux quatre coins du pays, nous sommes déterminés à faire ce que nous pouvons pour faire du plan un exemple à suivre à l'échelle internationale.
Aujourd'hui, tandis que je vous parle, le WWF distribue son huitième Rapport Planète vivante dans les grandes capitales et les centres d'affaires du monde entier. En fait, il est actuellement distribué de l'espace en ce moment même. Il s'agit d'une nouvelle de dernière heure qui ne figure pas dans mon mémoire. Il s'agit de notre propre publication sur l'état de la planète, un indice comptable global qui permet de faire un suivi de l'état de la biodiversité et de l'empreinte humaine sur la planète.
Le rapport dit clairement que nous prenons plus de la planète que ce qu'elle est capable de donner. Selon nos constatations, la planète a perdu environ 30 p. 100 de sa biodiversité depuis 1970, tandis que la pression que nous exerçons sur la planète, notre empreinte, a plus que doublé. Si les pays étaient des entreprises, le Canada serait parmi celles qui gèrent le moins bien son capital. Nous venons au huitième rang concernant la taille de notre empreinte par habitant de la planète. Si tous les citoyens de la Terre consommaient au même rythme que les Canadiens, il faudrait 3,5 planètes Terre pour répondre à tous les besoins. Il est crucial de se doter du plan dont nous parlons aujourd'hui.
Durant la courte période qui nous est allouée, je vais décrire les trois principales priorités du WWF relativement au plan de conservation national. Je poursuivrai en formulant des recommandations plus précises sur les priorités en matière de conservation et de mise en oeuvre.
Nos trois principales recommandations sont les suivantes: premièrement, viser haut. Nos objectifs en matière de conservation devraient dépasser nos objectifs en matière de développement. Deuxièmement, célébrer la fierté des Canadiens à l'égard de la nature grâce à un programme novateur de mobilisation du grand public. Troisièmement, demander au secteur public d'en faire autant que les gouvernements en matière de conservation.
Avant de fournir des détails sur ces priorités, j'aimerais expliquer rapidement pourquoi nous sommes ici et souligner que nous avons l'occasion de créer quelque chose de durable et d'important.
Vous ne serez probablement pas surpris d'apprendre que notre richesse, et surtout notre richesse naturelle, fait l'envie de tous. Dans le monde entier, les gens n'en reviennent pas de ce dont les Canadiens disposent et du fait qu'ils peuvent en profiter, dans la nature et dans les centres urbains.
De l'autre côté du pont, Vancouver s'est engagé à devenir la ville la plus écologique de la planète d'ici 2020, et elle a pris des mesures importantes pour récolter les avantages environnementaux et économiques de son plan d'action pour devenir la ville la plus écologique. Le plan de conservation national du Canada devrait viser aussi haut.
Ici, en Colombie-Britannique, nous avons de magnifiques merveilles naturelles comme la Forêt pluviale et la zone marine Great Bear sur la côte Nord, où l'une des dernières forêts pluviales en milieu tempéré intacte du monde rencontre certaines des dernières et plus imposantes rivières sauvages et des plus productives mers d'eau froide de la planète. C'est un secteur présentant une extrême abondance de ressources que j'ai eu l'occasion de visiter l'automne dernier. J'ai été estomaqué. J'avais de la difficulté à marcher dans l'eau tellement il y avait de saumons. Où serait la Colombie-Britannique sans le saumon?
Le fleuve Fraser, que l'on voit en regardant par la fenêtre, est le plus importante fleuve producteur de saumons de la planète. Plus de deux milliards de jeunes saumons passent des semaines ou des mois dans l'estuaire avant de commencer leur migration vers l'océan.
De quelle façon notre plan de conservation national peut-il protéger cette incroyable richesse naturelle? Cette question me ramène à nos trois principales priorités.
Premièrement, il faut viser haut. Nous recommandons au gouvernement fédéral de prévoir plus de 500 projets de développement représentant plus de 500 milliards en nouveaux investissements au cours des 10 prochaines années et d'assortir tout cela d'un plan de conservation encore plus ambitieux. Il faut féliciter le gouvernement pour les immenses progrès que nous avons faits concernant les zones terrestres protégées. Nous devons faire des percées semblables pour protéger nos environnements marins et d'eau douce.
Nous ajoutons notre voix à celle d'autres témoins qui ont souligné que le Canada doit respecter ses engagements juridiques internationaux, plus particulièrement les engagements pris dans le cadre de la Convention sur la diversité biologique et les objectifs d'Aichi pour la biodiversité, comme le Royaume-Uni l'a fait avec sa stratégie pour la biodiversité.
Deuxièmement, le plan doit célébrer la fierté des Canadiens à l'égard de la nature grâce à un programme novateur de mobilisation publique — la version moderne de l'engouement généré par les célébrations du centenaire en 1967.
Le WWF insiste particulièrement sur la mobilisation et la participation publiques, et c'est avec plaisir que nous partagerions notre expérience. Une heure pour la Terre, le plus important événement de mobilisation publique au Canada, est organisée par le WWF. Dix millions de Canadiens y participent, tout comme plus de 100 millions de personnes à l'échelle internationale.
C'est une activité symbolique, pour afficher un engagement à l'égard d'une réaction aux changements climatiques. Durant cette heure pour la Terre, nous demandons à tous de fermer les lumières, de tout déconnecter, pendant une heure au mois de mars.
Nous nous appuyons maintenant sur la reconnaissance publique découlant de l'initiative Une heure pour la Terre en vue de réaliser des objectifs de conservation plus ambitieux. Les membres du comité ont souligné l'importance de joindre les gens qui vivent dans les villes dans le cadre du PCN. Le réseau du WWF poursuivra le travail positif entrepris grâce à l'initiative Une heure pour la Terre grâce au défi nouvellement lancé aux villes en marge de l'initiative. Il s'agit d'une nouvelle initiative qui souligne et récompense les administrations municipales qui acceptent de faire d'importants efforts à long terme pour combattre les changements climatiques — un élément essentiel de tout plan de conservation national.
Troisièmement, nous invitons le gouvernement à demander au secteur privé d'être un partenaire à part entière dans le cadre du plan. Un exemple que nous sommes fiers de souligner est lié à un de nos partenaires d'affaires. D'ici la fin de 2013, Loblaw, le plus important acheteur de fruits de mer du Canada, a pris un engagement sans précédent à l'échelle mondiale d'acheter 100 p. 100 des poissons sauvages ou d'élevage vendus dans ses magasins du Canada de sources durables. Nous collaborons avec Loblaw dans le cadre de cette initiative ainsi qu'avec d'autres scientifiques, conseillers scientifiques, organismes gouvernementaux et fournisseurs de fruits de mer.
Voilà nos trois principales priorités pour le plan. Nous avons préparé un mémoire écrit qui porte sur le but, les objectifs et les principes directeurs du PCN; je vous en donnerai une copie.
J'utiliserai le temps qui me reste pour parler des priorités de conservation et de mise en oeuvre du plan.
Le WWF recommande que le plan englobe des mesures énergiques liées à l'eau, au climat et aux gens, y compris des mesures pour protéger la zone marine Great Bear, la contrepartie marine de la forêt pluviale Great Bear. Cette région génère des recettes de 104,3 millions de dollars et crée 2 200 emplois à long terme.
Nous recommandons le rétablissement de l'écosystème des Grands Bancs, y compris la productivité de la morue.
Nous recommandons de maintenir les débits naturels dans d'importants fleuves et rivières sauvages choisis dans chaque bassin du Canada. Le gouvernement fédéral a la responsabilité constitutionnelle de protéger les poissons et leur habitat, et cela inclut les fleuves, les rivières, les ruisseaux et les terres humides dont ils dépendent. La Loi sur les pêches établit une norme nationale vitale en matière de protection de l'habitat des poissons. Les modifications proposées à cette loi, qui dilueraient cette norme nationale, nous préoccupent et préoccupent aussi bon nombre d'autres intervenants. Ces modifications ne sont pas compatibles avec un plan de conservation national.
Nous recommandons aussi d'établir des priorités relatives à la dernière étendue de glace dans le Grand Nord du Canada et à une stratégie énergétique canadienne.
Nos priorités liées à la mise en oeuvre sont de terminer les réseaux des zones protégées au Canada, terrestres et maritimes. Nous recommandons d'établir des programmes de rétablissement pour chaque espèce figurant dans la Loi sur les espèces en péril le plus rapidement possible. Cela inclut tous les poissons d'eau douce et marins qui, contrairement aux espèces terrestres, n'ont pas reçu la protection juridique dont ils ont besoin.
Il faut protéger l'habitat essentiel des espèces en péril. Comme mon collègue vient tout juste de l'expliquer en détail, si nous voulons des populations de saumon en santé, il faut protéger l'habitat des saumons. La Loi sur les espèces en péril est l'outil que nous utilisons pour veiller à ce que les espèces animales du pays se portent bien. Nous vous demandons de renforcer cette loi dans le cadre du plan de conservation national.
Une autre priorité en matière de mise en oeuvre est de protéger le débit naturel des fleuves et rivières, et la Loi sur les pêches fédérales est l'outil permettant de conserver, de protéger et de restaurer les fleuves et rivières du Canada.
Notre dernière priorité en matière de mise en oeuvre est d'appuyer des systèmes d'accréditation des marchés reconnus à l'échelle internationale comme le Marine Stewardship Council pour la pêche, qui aide à protéger le capital naturel tout en conservant les parts de marché du Canada à l'échelle internationale.
Pour terminer, j'aimerais vous parler du programme Don à la Terre du WWF. Un Don à la Terre est une célébration publique par le WWF d'un geste de conservation qui est à la fois une preuve de leadership environnemental et une contribution importante à l'échelle internationale à la protection du monde vivant.
Nous avons remis le prix Don à la Terre du WWF à Parcs Canada en 2011 — félicitations Parcs Canada — et, en 2007, nous avons remis le prix Don à la Terre aux architectes de l'entente sur la forêt pluviale Great Bear. Nous étions heureux de célébrer cet événement en compagnie de dirigeants des gouvernements fédéraux et provinciaux, des Premières nations et d'autres intervenants.
Nous espérons nous présenter à nouveau ici dans cinq ans avec un nouveau prix Don à la Terre du WWF pour votre contribution découlant du plan. Nous sommes prêts à travailler en collaboration avec le gouvernement et l'industrie pour mettre en branle un ambitieux plan de conservation national.
Encore une fois, je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de vous communiquer nos points de vue.
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Oui, je pourrais probablement vous en nommer plusieurs, mais je vais essayer de me limiter.
La WWF a mené une campagne sur les espaces en péril, et nous avons travaillé en collaboration avec tous les ordres de gouvernement pour augmenter le nombre de zones protégées au Canada. Je crois que les facteurs qui ont fait de cette campagne pluriannuelle un succès étaient l'établissement d'objectifs très ambitieux, comme je l'ai déjà mentionné, la coopération et le fait qu'on a réussi à inspirer le grand public. Ce sont les trois éléments fondamentaux de programmes que, selon moi, vous pouvez intégrer.
Comme je l'ai déjà mentionné, je crois aussi que le gouvernement fédéral peut en faire beaucoup pour appuyer les efforts de conservation du secteur privé, par exemple appuyer des organisations comme le Forest Stewardship Council dans le domaine de la certification des forêts, et le Marine Stewardship Council, qui fait la même chose dans son domaine. Ce sont de très bons exemples d'utilisation du pouvoir des marchés. Les consommateurs en apprennent davantage au sujet des produits qu'ils achètent. Ils font des choix, ce qui incite les entreprises à adopter des pratiques plus durables. Ce serait donc un autre ensemble de programmes qu'il faut mentionner.
Ici même, en Colombie-Britannique, nous procédons au grand nettoyage des rivages canadiens chaque année en coopération avec l'Aquarium de Vancouver. L'initiative est parrainée par Loblaw. C'est un autre programme très efficace.
Je terminerai en disant que, en 1967, durant les célébrations du centenaire, le gouvernement a vraiment tenté d'inspirer les gens et de les pousser à passer à l'action. C'était le centenaire. Tout le monde était très heureux, et 5,5 millions d'enfants canadiens ont participé au programme des Médailles du centenaire du Canada, dans le cadre duquel on remettait une médaille aux jeunes qui s'efforçaient d'améliorer leur condition physique. Je suggérerais donc quelque chose comme ça, un concours et une remise des médailles, quelque chose d'amusant et d'inspirant qui est bon pour le moral et qui cible les jeunes. Il pourrait s'agir d'un élément marquant — quoique mineur — de votre plan de conservation national.
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Oui. Selon nous, les lois actuelles, qui ne sont certes pas optimales, sont considérées comme inefficaces sur le plan juridique alors que, en fait, le problème vient de la bureaucratie et de l'incapacité de les appliquer efficacement. Cela les affaiblit, ce n'est pas parce qu'elles sont intrinsèquement inefficaces.
On oublie que, en fait, ces lois sont parfaitement adéquates et qu'elles ont permis de protéger l'environnement efficacement pendant de nombreuses années. Je parle ici de la Loi sur les pêches et de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale. Si on les appliquait telles quelles, elles pourraient être efficaces.
Nous avons comparu devant la Cour suprême du Canada il y a deux ans, et les juges ont dit que la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale contenait tous les outils nécessaires pour veiller à une réalisation harmonisée et globale des évaluations environnementales au Canada. C'est pourquoi j'aimerais dire qu'il faut conserver les lois actuelles du Canada.
Je trouve que l'environnement se porte mieux quand les gouvernements se battent pour l'inscrire dans leur sphère de compétence et lorsqu'ils se battent pour s'occuper d'environnement, c'est la tragédie des biens communs. Lorsqu'ils tentent d'éviter leur responsabilité et fuient les obligations de prendre soin de l'environnement, l'environnement en pâtit. C'est ce qui se passe actuellement. On constate que le gouvernement fédéral tente de ne pas assumer sa responsabilité d'intendant de l'environnement en affirmant que les lois sont de la bureaucratie inutile. En fait, cependant, il n'en est rien, et ce n'est pas ce que les tribunaux ont dit, et ce n'est certainement pas ce que les lois disent.
Quant au renforcement des lois, la première chose qu'il faut faire, c'est poursuivre là où on était il y a 10 ans, c'est-à-dire en renforçant les lois actuelles, la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale et la Loi sur les pêches. Nous sommes en voie de mieux intégrer les principes de durabilité. Je ne dis pas qu'il ne faut pas les moderniser — c'est nécessaire, ces lois ont été mises en place — en 1977, par exemple, dans le cas de la Loi sur les pêches — parce que les gens comprennent qu'il y a un lien entre notre bien-être et le bien-être des poissons et leur habitat. Les changements actuels mettent en danger ce bien-être.
Mon premier commentaire est donc qu'il faut conserver les lois actuelles et les renforcer pour y intégrer les principes modernes du développement durable, ce qui m'amène à mon deuxième commentaire, soit le coût associé à l'exploitation de l'environnement.
Au Canada, contrairement à ce qui se passe dans la plupart des nations progressistes du monde entier, les entreprises n'assument pas la facture liée aux répercussions de leurs activités. Les sables bitumineux en sont l'exemple classique. Les entreprises ne paient pas pour utiliser quatre barils d'eau pour chaque baril de pétrole produit. Pourquoi? Dans d'autres administrations, il y aurait au moins des frais. On peut bien parler des redevances, mais la structure des redevances ne génère pas les fonds nécessaires pour pouvoir rétablir le territoire après l'activité d'exploitation.
Et pour ce qui est du coût lié à l'exploitation de l'environnement, il faut tout simplement commencer à faire payer les exploitants, un point c'est tout. Il faut payer maintenant ou payer plus tard. Alan a dit que le principe sous-jacent du développement durable et des lois connexes est qu'il vaut mieux prévenir que guérir. Mieux vaut un peu de prévention maintenant si ça nous évite d'avoir à réparer les pots cassés plus tard. Eh bien nous n'appliquons ce principe nulle part dans le secteur industriel canadien.
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Je m'appelle David Bradbeer, et je représente le Delta Farmland & Wildlife Trust. Je me présente devant le Comité permanent de l'environnement et du développement durable pour livrer un témoignage concernant le plan de conservation national.
L'objet de mon témoignage d'aujourd'hui est de discuter d'exemples précis d'efforts concertés en matière de conservation déployés sur la côte Sud de la Colombie-Britannique. Afin de définir le contexte dans lequel ces efforts sont déployés, je démontrerai l'importance écologique qu'a le delta du cours inférieur du Fraser, puis j'examinerai les mesures prises par le Delta Farmland & Wildlife Trust, organisme à but non lucratif local et visant la conservation d'espèces sauvages dans un paysage utilitaire. Ces exemples serviront de modèles pour de futurs efforts concertés en matière de conservation, et je recommande leur ajout officiel au plan de conservation national en association avec la conservation des habitats.
Le Fraser est le plus long fleuve de la Colombie-Britannique. Son cours supérieur se trouve dans les Rocheuses, et le fleuve traverse 1 360 kilomètres pour se rendre jusqu'à la côte Sud de la province où il forme un delta. Ce dernier offre une variété d'habitats pour les espèces sauvages, notamment des marais littoraux, des marécages, des basses terres où poussent des populations d'arbustes et d'arbres, des hautes terres boisées, des prairies herbeuses et des champs agricoles sous aménagement intensif. Ces habitats favorisent la venue d'oiseaux migrateurs en provenance de l'Arctique canadien, du Centre de la Colombie-Britannique, de l'Amérique centrale, de l'Amérique du Sud et de l'Asie.
Voici des exemples de la diversité de ces oiseaux migrateurs: 4 espèces de huards, 5 espèces de grèbes, 5 espèces d'échassiers, 8 espèces de hiboux, 25 espèces de sauvagine, 13 espèces de rapace, 29 espèces d'oiseaux de rivage, 15 espèces de goélands, de mouettes et de sternes et plus de 70 espèces d'oiseaux chanteurs. Parmi les espèces sauvages qui dépendent du delta, plusieurs sont énumérées dans la Loi sur les espèces en péril du Canada, dont 12 dans la catégorie « espèces préoccupantes », 6 dans la catégorie « espèces menacées » et 7 dans la catégorie « espèces en voie de disparition ».
Le delta est un endroit migratoire crucial pour les espèces d'oiseaux. Il accueille la plus forte densité de rapaces et d'oiseaux aquatiques en hibernage au Canada. Pour ces raisons, le delta du cours inférieur du Fraser est un site Ramsar et une réserve d'oiseaux de rivage de l'hémisphère occidental, et il est considéré comme étant l'une des principales zones importantes pour la conservation des oiseaux au Canada. Sans ce delta, la majorité des oiseaux qui utilisent cette région ne pourraient terminer leur migration vers le nord et le sud.
Bon nombre de ces oiseaux migrateurs dépendent des terres agricoles du delta. Les premiers travaux d'endiguement et de drainage du delta, qui ont commencé en 1868 auraient pu avoir des répercussions sur la capacité du milieu à préserver la faune. Cependant, les terres agricoles ont permis à la région de conserver certains des éléments fonctionnels des habitats fauniques d'autrefois.
Les terres agricoles peuvent subvenir aux besoins de la faune pour les raisons suivantes: premièrement, elles sont directement attenantes à d'autres habitats d'excellente qualité comme des marais littoraux et des vasières. Deuxièmement, les sols fertiles sont utilisés pour la culture commerciale primaire intensive, et ce type de culture peut être utilisé de façon directe ou indirecte par les espèces sauvages. Par exemple, la sauvagine se nourrit des restants laissés après la récolte des cultures légumières. Troisièmement, la culture des graminées peut imiter les régions herbagères d'autrefois, fournissant ainsi un habitat à une diversité d'espèces d'oiseaux de prairie où ils pourront se nourrir, se reposer, se reproduire et nidifier. Quatrièmement, les ourlets peuvent devenir des habitats pour les arbres et les arbustes. Cinquièmement, et c'est la chose la plus importante, la gestion des terres agricoles peut augmenter la capacité du milieu de conserver la faune, et elle peut être activement intégrée à la rotation actuelle des cultures commerciales.
Les travaux menés par le Farmland & Wildlife Trust sont un exemple de gestion des terres agricoles qui accroît la capacité du milieu de conserver la faune tout en maintenant l'activité économique de la région. Depuis 1993, le Delfa Farmland & Wildlife Trust travaille conjointement avec les collectivités agricoles de Delta et de Richmond afin de fournir les habitats fauniques et de gérer les ressources en sols agricoles. Notre mission est de reconnaître clairement que les habitats créés par les terres agricoles favorisent la conservation de la faune et que les agriculteurs peuvent assurer la gestion de ces terres de façon à améliorer la fertilité des sols.
La principale méthode permettant la conservation de la faune sur les fermes locales est la mise en œuvre des six programmes de gestion administrés par le DF&WT. Par l'entremise de ces programmes, les agriculteurs concluent des ententes de gestion officielles avec le DF&WT. Chaque entente contient des objectifs de gestion précis. Les agriculteurs gèrent leur ferme en accord avec l'entente. Il en résulte donc la création de nouveaux habitats fauniques ou l'amélioration de ceux qui existent déjà. Ces pratiques de gestion contribuent également à l'exploitation à long terme des sols et au rendement agricole.
Selon les modalités de l'entente, le DF&WT doit obtenir du financement afin de partager les coûts avec les agriculteurs, ce qui couvre une partie des frais liés à une gestion des terres agricoles favorisant la préservation de la faune.
Cela incite l'agriculteur à partager une fraction des coûts de gestion puisqu'il en tirera des avantages quant à la fertilité de ses terres. Grâce à ce modèle, l'organisme à but non lucratif assume une partie des coûts qu'un agriculteur seul ne pourrait assumer. Ce financement provient de plusieurs sources, notamment de fonds de dotation, d'organisations non gouvernementales, d'organismes privés, d'administrations municipales et du gouvernement fédéral, par exemple d'Environnement Canada.
Deux programmes de gestion offerts par le DF&WT serviront d'exemple d'effort concerté en matière de conservation de la faune. Il s'agit des programmes de mise en réserve de prairies et de plantes couvre-sol d'hiver. Ceux-ci fournissent des habitats aux animaux sauvages dans les Prairies et améliorent la fertilité des sols.
Selon le programme de mise en réserve des prairies, les agriculteurs sèment des graminées et les laissent pousser pendant un maximum de quatre ans. Ces terres deviennent rapidement des habitats d'herbe haute, imitant ainsi les écosystèmes des prairies qui existaient dans la région du delta avant 1868, année où l'on a installé les digues et asséché les terres. La densité de la végétation offre un abri aux petits mammifères qui, eux, sont de la nourriture pour les rapaces, les hiboux et les échassiers. Les oiseaux chanteurs des prairies utilisent également ces terres pour nidifier. Plus précisément, la mise en réserve vise la conservation de quatre espèces énumérées dans la Loi sur les espèces en péril du Canada.
Les agriculteurs utilisent ces méthodes dans la rotation de leurs cultures parce qu'elles brisent le cycle des ravageurs et augmentent la matière organique du sol. Il peut être difficile pour les agriculteurs de sortir une parcelle de terre du cycle de production, mais le système de partage des coûts offert par le programme de gestion les aide à assumer les coûts engendrés par les semences, l'utilisation d'équipement, la main-d'œuvre, et, dans certains cas, la location de terres. Après les quatre années, ces terres peuvent de nouveau être utilisées pour la culture commerciale. Chaque année, le programme de mise en réserve de prairies touche plus de 500 acres de terre agricole dans la région du delta.
Je vais parler brièvement du programme de plantes couvre-sol d'hiver, qui cible la conservation de la sauvagine migratoire. Les graminées céréalières et les trèfles sont plantées à la fin de l'été ou au début de l'automne, après la récolte des cultures commerciales. Ces végétations protègent les sols des fortes pluies. À l'automne, tandis que la population de sauvagine migratoire s'établit, ces terres offrent un habitat où peuvent se nourrir les canards, les oies et les cygnes. Pendant l'hiver, la sauvagine se nourrit des plantes couvre-sol.
Le printemps venu, les agriculteurs peuvent labourer ces plantes dans les sols avant de semer leur culture commerciale, améliorant ainsi l'état des sols. Chaque année, les plantes couvre-sol d'hiver sont semées sur environ 3 000 acres de terre dans la région du delta. Puisque ces plantes sont une source de nourriture, elles sont essentielles à la conservation des populations de sauvagine migratoire. Elles ont également permis d'atténuer les problèmes entre la migration de la sauvagine et les opérations agricoles. La sauvagine peut avoir d'importantes répercussions sur la viabilité de la production de foin puisqu'elle peut engendrer un surpâturage des récoltes. Les plantes couvre-sol éloignent la sauvagine des cultures de foin et de pâture qui sont d'une grande importance économique, ce qui permet de réduire les dommages occasionnés par le pâturage sur les cultures de foin.
Actuellement, les agriculteurs situés dans la région du delta sont indemnisés de ces dommages par le programme d'Aide en cas de catastrophe liée au revenu agricole.
En conclusion, des recherches ont été menées par le DF&WT afin de confirmer l'efficacité de ces méthodes de conservation de la faune. Elles ont porté sur l'abondance de petits mammifères dans les prairies mises en réserve et sur la mesure dans laquelle les terres semées de plantes couvre-sol d'hiver subviennent aux besoins des populations de sauvagine migratoire. À ce jour, les évaluations ont confirmé que ces programmes de gestion favorisent la conservation de la faune en transformant les terres en habitats d'excellente qualité.
Il faut examiner le type de gestion du milieu assurée par le DF&WT en tenant compte des défis liés à la conservation. Actuellement, les aménagements industriels et commerciaux, les ensembles résidentiels et les corridors de transport voient le jour et empiètent sur les terres agricoles du delta. Les changements ainsi engendrés réduisent la capacité du milieu de préserver son rôle envers la faune et l'écosystème dans l'une des principales zones importantes pour la conservation des oiseaux au Canada. Afin d'assurer la préservation des populations d'oiseaux migrateurs et les espèces en péril, il faut conserver les habitats des terres agricoles.
Le modèle du DF&WT peut être appliqué dans d'autres régions du pays où les propriétaires de terrain sont à même d'utiliser des méthodes de conservation, mais sans avoir reçu d'incitatifs pour le faire. Combiné à la conservation des habitats, ce modèle favorise la préservation de la faune. Le financement fondé sur le partage des coûts garantit que les agriculteurs n'ont pas à assumer tous les coûts liés à ce type de gestion. Cela les incite donc à gérer leurs terres de façon à ce qu'elles conservent leur rôle à l'égard de la faune et de l'écosystème.
La principale idée que je veux vous transmettre, c'est que, quand des coûts sont associés à la gestion de l'écopaysage pour la préservation de la faune, ils ne peuvent être assumés par le seul agriculteur. La société doit être consciente de la valeur des biens et services pour la protection de l'environnement et doit débourser afin de pouvoir en profiter.
En prenant cet exemple précis, je vais maintenant formuler des observations sur le projet de plan de conservation national. L'objectif du PCN devrait être d'entretenir la fonction écologique des écosystèmes du Canada, surtout de ceux qui sont essentiels à la conservation d'un large éventail d'espèces.
Le PCN devrait donc reconnaître officiellement la fonction écologique du delta du cours inférieur du Fraser ainsi que son importance primordiale en tant que lieu de migration pour les espèces sauvages. De plus, le PCN devrait avoir deux objectifs précis. D'abord, il devrait maintenir la fonction écologique du delta en empêchant qu'il y ait davantage d'aménagement sur les terres agricoles.
Ensuite, il devrait offrir du soutien aux modèles de gestion qui encouragent la participation à la gestion des habitats déjà existants des propriétaires privés, menant ainsi à un travail semblable à celui du DF&WT. Ce type de modèle intégré permet de veiller à ce que les terres privées soient liées aux habitats protégés, améliorant ainsi notre capacité de conserver la faune du Canada.
Merci.
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Je disais que les répercussions des changements climatiques sur nos terres et sur nos cours d'eau font vraiment réfléchir. Nous en sommes véritablement rendus au point où les fondements biologiques de notre capital naturel, de notre patrimoine naturel, qui soutient les systèmes entretenant la vie de la Terre, sont vraiment à risque. Il s'agit entre autres de menaces touchant l'eau potable, les produits agricoles, les écoservices — comme la purification de l'air et de l'eau et le traitement des déchets — et les services qui soutiennent la vie, comme les possibilités de loisirs.
Les collectivités du Canada sont déjà aux prises avec des pénuries d'eau, des incendies de forêt et, ici, en Colombie-Britannique, avec l'épidémie du dendroctone du pin ponderosa, ce qui met en relief la nécessité de transformer la façon dont nous gérons nos terres et nos cours d'eau afin de tenir compte des changements climatiques. Il faut que ce soit une considération fondamentale dans le cadre d'un plan de conservation national.
Cela comprend l'impératif de compléter notre système d'aires protégées, et en particulier notre système de parcs nationaux représentatifs, et de les concevoir en tenant compte des meilleures données scientifiques accessibles sur les changements climatiques. Il faudrait pour le faire étendre les zones protégées en altitude et en latitude, pour essentiellement donner aux organismes vivants la place dont ils ont besoin pour se déplacer vers le nord. Cela signifie simplement qu'il faut protéger des zones plus grandes et le faire de façon plus intelligente.
Je vous recommande de lire un éditorial paru récemment dans la revue Conservation Biology. L'auteur de cet éditorial met l'accent sur le fait que toutes les évaluations scientifiques et les études fondées sur des données empiriques et une analyse rigoureuse indiquent que de 25 à 75 p. 100 d'une région ordinaire doivent être gérés en fonction d'un objectif principal, celui de la conservation de la nature, si nous souhaitons atteindre les buts liés à la conservation et à la protection de la biodiversité. L'ampleur des changements climatiques devrait nous inciter à adopter une position plutôt conservatrice dans ce domaine.
Il pourrait aussi y avoir un avantage économique à le faire. De très importantes quantités de gaz à effet de serre sont émises lorsque nous détruisons les écosystèmes naturels, par exemple en coupant les arbres. Les gaz à effet de serre qui ne sont pas émis lorsque les zones sont protégées contre les coupes ou d'autres formes de destruction de l'écosystème peuvent trouver une nouvelle valeur économique sur les marchés du carbone, puisque ce carbone vivant n'est pas rejeté dans l'atmosphère.
J'aimerais maintenant parler de la nécessité de gérer de façon durable les terres et les cours d'eau situés à l'extérieur des zones protégées.
Il est clair que de vastes zones interreliées et représentatives doivent être à la base d'un plan de conservation national, et pourtant, tout plan de conservation qui ne sera pas en vigueur à l'extérieur des frontières des zones protégées sera voué à l'échec.
Dans bien des régions du Canada, des habitats autrefois vastes ont été fragmentés par l'activité humaine. Il reste à quelques endroits à l'extérieur des zones protégées de petites parties de vieilles forêts, mais elles sont entourées de coupes à blanc, et le paysage est divisé par des lignes sismiques et des routes. La chose qui est peut-être la plus critique à une époque de changements climatiques et de réchauffement du climat, c'est que la fragmentation peut limiter la capacité des organismes de se déplacer en réaction à la modification du climat. Selon l'un des articles cités dans les notes qui vous ont été remises, même dans les zones qui n'ont pas du tout été fragmentées, certaines espèces ne seront pas en mesure de se déplacer avec la rapidité nécessaire pour éviter l'extinction.
Depuis 20 ans, le maintien ou l'amélioration des liens entre les écopaysages est la mesure la plus souvent recommandée par les chercheurs pour permettre l'adaptation aux changements climatiques sur le plan de la biodiversité, et il faut aussi que cette recommandation soit un principe inscrit au cœur d'un plan de conservation national.
Je dois préciser que je ne parle pas seulement des corridors fauniques. Nous devons gérer activement la matrice, la zone située à l'extérieur des zones protégées par la loi, pour maintenir le fonctionnement des écosystèmes naturels. Nous devons réfléchir à ce qui doit être laissé sur les terres pour maintenir l'habitat et les écoservices qui permettront aux différentes espèces, et, au bout du compte, à nous, les humains, d'avoir une chance de remporter le combat contre les changements climatiques. Des lois en matière de protection de l'environnement qui ont du mordant et une bonne planification de l'utilisation des terres et des cours d'eau axée sur la conservation seront des outils importants pour accroître la durabilité de la gestion des ressources naturelles.
En particulier, comme nous l'avons mentionné dans un mémoire antérieur sur l'examen septennal de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale, une approche spatiale et régionale plus proactive à l'égard de la gestion des effets cumulatifs pourrait permettre de combler beaucoup des lacunes existantes.
J'aimerais aussi parler du respect des droits ancestraux et découlant de traités garantis par la Constitution. Au cours des dix dernières années, j'ai eu le privilège de travailler auprès de plusieurs Premières nations dans le cadre de l'élaboration de leurs plans d'utilisation de leurs territoires et de leurs négociations intergouvernementales visant à harmoniser ces plans avec les plans et la réglementation de la Couronne.
Je tiens à signaler que beaucoup des mesures novatrices prises récemment en matière d'utilisation du territoire et beaucoup de gains sur le plan de la conservation en Colombie-Britannique viennent de ces négociations. Un plan de conservation national doit permettre aux gouvernements des Premières nations de participer pleinement à la détermination de l'utilisation des terres et respecter l'impératif constitutionnel du maintien et de la restauration du fondement écologique des cultures autochtones.
Enfin, je veux insister sur le fait qu'un cadre législatif fédéral et provincial robuste doit servir de structure à un plan de conservation national efficace. Pendant des décennies, les Canadiens ont compté sur le gouvernement fédéral pour protéger leur famille et la nature contre la pollution, les contaminants toxiques et d'autres problèmes environnementaux grâce à de bonnes lois de protection de l'environnement. Les Canadiens ont à cœur leur patrimoine naturel et leur capacité de participer à la prise de décisions concernant les ressources qui les touchent. Un plan de conservation national ne pourra réaliser la vision qu'il suppose et appliquer les principes et les éléments décrits par les nombreux témoins que vous avez entendus sans la structure qu'offrent des lois en matière de protection de l'environnement qui ont du mordant, lois qui seront pour la plupart profondément modifiées par le projet de loi C-38, c'est-à-dire la Loi d'exécution du budget 2012 actuellement devant le Parlement.
Nous sommes particulièrement préoccupés par les changements concernant la protection de l'habitat du poisson et la nouvelle façon de faire qui limite le nombre de projets qui seront évalués dans le cadre de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale ainsi que les effets environnementaux qui seront envisagés. Nous invitons le comité permanent à réfléchir, lorsqu'il formulera ses recommandations, au rôle crucial que jouent des lois fortes en matière de protection de l'environnement dans tout plan de conservation national.
Merci.
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Merci, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité, de nous avoir invités à prendre la parole devant vous et à parler de l'élaboration d'un plan de conservation national pour le Canada.
Je m'appelle Damien Joly. Je suis épidémiologiste spécialiste de la faune à Wildlife Conservation Society Canada.
WCS Canada a été fondée en 2004, et il s'agit d'un organisme non gouvernemental canadien. Notre mission, c'est la conservation de la faune et des zones naturelles. Nous la réalisons au moyen de la science. Ce que nous faisons, c'est essentiellement de la biologie appliquée. Nos chercheurs vont sur le terrain. Nous faisons les travaux de recherche nécessaires sur le terrain pour combler les principales lacunes en matière d'information concernant le poisson, la faune et les écosystèmes au Canada. Nous utilisons ensuite cette information pour travailler auprès des collectivités autochtones, du gouvernement et des organismes de réglementation, des groupes de conservation et de l'industrie pour régler certains problèmes de conservation importants.
Au nom de WCS Canada, j'aimerais vous dire que nous sommes heureux de pouvoir vous présenter nos idées. Nous croyons que le gouvernement fédéral peut jouer un rôle important dans la conservation, et nous allons décrire ce que nous considérons comme étant les éléments clés de ce rôle. Nous devons cependant commencer par exprimer une inquiétude profonde concernant l'issue du présent processus, compte tenu des nombreux gestes posés par le gouvernement fédéral qui minent déjà les possibilités de succès d'un plan de conservation national.
Au cours des derniers mois, le gouvernement a proposé l'abrogation ou la révision d'importantes lois fédérales liées à la conservation, en particulier la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale et la Loi sur les pêches, en plus d'abolir des postes de chercheurs et de réduire le budget des ministères qui s'occupent des questions liées à l'environnement et à la conservation. Ces mesures réduisent le rôle du gouvernement fédéral et affaiblissent gravement la capacité d'un gouvernement ou d'une société en général de promouvoir la conservation à partir de fondements scientifiques solides.
En ce qui concerne la biodiversité au Canada, les systèmes naturels qui permettent notre survie sont à risque. L'urbanisation, l'agriculture, la production de pétrole et de gaz, l'exploitation minière, l'exploitation forestière et l'infrastructure de soutien, par exemple les routes, ont laissé une empreinte humaine profonde dans une bonne partie des régions du Sud du Canada. Les études menées par le gouvernement du Canada montrent l'existence d'une détérioration à grande échelle des valeurs environnementales qui inclut des pertes de zones humides, de prairies et de forêts anciennes, la diminution du débit des cours d'eau, le déclin des populations d'espèces indigènes, les invasions de plus en plus importantes d'espèces non indigènes et l'accumulation de contaminants qui menacent la santé de la faune et des humains.
Ce sont là des symptômes clairs de ce que les fonctions écologiques des systèmes terrestres et aquatiques sont profondément affectées. Pendant ce temps, dans le Nord du Canada, les investissements dans la mise en valeur des ressources naturelles augmentent de façon constante depuis une dizaine d'années, et le gouvernement du Canada a affirmé clairement que cette tendance va se maintenir. La majeure partie des activités en question ont lieu dans des écosystèmes boréaux et arctiques qui revêtent une grande importance pour la planète. Plutôt que d'accroître en conséquence les investissements dans la surveillance des valeurs environnementales, les gouvernements ont choisi la stratégie opposée au Canada. Les budgets des systèmes de collecte d'information axés sur la biodiversité et la modification des écosystèmes ont été réduits chaque année, et les processus d'évaluation menés par le gouvernement ont été modifiés de façon à ce que la prise de décisions concernant les projets soit expédiée.
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Bien sûr. Très bien, monsieur le président.
WCS Canada propose trois objectifs fondamentaux sur lesquels devrait être axé le plan de conservation national du Canada: la conservation au-delà des zones protégées, la création et la gestion des zones protégées et la conservation des espèces. À notre avis, une stratégie nationale de conservation doit intégrer ces trois éléments, et il faut soutenir chacun d'eux grâce à des investissements dans les systèmes de connaissances scientifiques et autochtones traditionnelles.
Quand nous parlons de conservation au-delà des zones protégées, c'est que, en réalité, les parcs ne suffisent pas à protéger la biodiversité du Canada. Nous devons envisager les activités de conservation en fonction d'une matrice qui dépasse les zones protégées.
Le plan doit encourager l'adoption par les provinces et les territoires d'une approche globale qui tient compte d'un plus vaste éventail de répercussions environnementales, sociales et économiques que les processus actuels de planification de l'aménagement du territoire et d'évaluation environnementale. À cette fin, il faudrait, d'une part, remplacer le processus décisionnel fragmenté qui régit les projets d'aménagement par des processus stratégiques de planification de l'aménagement du territoire et d'évaluation environnementale qui s'appliqueront à l'échelon régional et, d'autre part, établir des normes nationales de gestion des ressources et de surveillance des paysages terrestres et marins au-delà des zones protégées. Il sera également vital de veiller au maintien des débits écologiques — les mouvements des organismes, de l'eau et des nutriments — dans le sol et dans l'eau.
En somme, il sera fondamental d'appliquer une approche proactive aux changements successifs d'affectation des terres au-delà des zones protégées si on veut favoriser à la fois la résilience et l'adaptation du patrimoine naturel du Canada pour les générations futures.
Je vais m'écarter légèrement du sujet et parler un peu de la conservation dans les parcs nationaux et les zones protégées. La création et la gestion de parcs nationaux est depuis plus d'un siècle la pierre angulaire de la stratégie de conservation du Canada. Bien que le réseau de zones terrestres protégées du Canada se soit étendu depuis 1992, seulement 10 p. 100 environ du territoire et 1 p. 100 des systèmes marins ont été désignés, ce qui est bien en dessous des objectifs d'Aichi en matière de biodiversité pour 2020, décrits dans la CDB.
Puisque les possibilités valables de créer de nouvelles zones diminuent rapidement, une des grandes priorités du plan de conservation national doit être de compléter le réseau des parcs nationaux pour combler d'importantes lacunes au chapitre de la représentation des écosystèmes d'eau douce, des écosystèmes marins et, dans une certaine mesure, des écosystèmes terrestres. Les zones classées doivent être suffisamment vastes, conçues de manière prospective — pour procurer un habitat de bonne qualité aux espèces sensibles à la superficie de l'habitat — et le plus résilientes possible face aux changements climatiques et à l'évolution des conditions au-delà des limites des parcs.
Il faudra veiller à ce que la surveillance scientifique de ces repères écologiques se fasse de manière rigoureuse et ne soit pas soumise à des facteurs économiques liés par exemple à l'augmentation des activités des visiteurs. Pour trouver des solutions à ces nombreux défis, le gouvernement du Canada constatera que la collaboration avec les gouvernements provinciaux, territoriaux et autochtones peut favoriser la mise au point, pour la protection du territoire, d'approches innovatrices qui tiennent compte du contexte environnemental et social unique des systèmes naturels du Canada.
Le troisième objectif fondamental concerne la conservation des espèces. Les espèces sont les composantes les plus visibles de la biodiversité; elles témoignent de la diversité de la vie sur Terre et sont la base même de l'engagement du Canada à l'égard de la Convention sur la diversité biologique. L'état et la santé des populations de poissons, d'animaux et de végétaux servent de baromètre de la situation de nos systèmes naturels. En effet, on observe au Canada des signes avant-coureurs évidents: les listes des espèces en péril s'allongent tous les ans, et le nombre des espèces qui se sont rétablies suffisamment pour être rayées de ces listes est relativement modeste. Un nombre sans cesse croissant d'espèces canadiennes montrent des signes préoccupants de déclin dans les aires de répartition où les répercussions de la présence humaine sont les plus intenses, tandis que les zones toujours intactes constituent pour le moment un rempart essentiel pour la population et l'habitat.
Un plan de conservation national efficace doit faire de la conservation de toute les espèces, en particulier celles dont la situation est préoccupante, un axe central en fonction duquel on orientera les efforts et on évaluera l'efficacité. En outre, les données probantes solides touchant la relation entre la diversité biologique et le fonctionnement de l'écosystème nous amènent à faire une mise en garde: il ne faut pas sous-estimer la valeur de chacune des espèces. Cela veut dire que toute approche qui attribue la plus haute valeur aux espèces qui auraient pour les humains une importance économique ou même culturelle risque dangereusement de pécher par manque de prévoyance.
En conclusion, à une époque où les systèmes de réglementation et d'information ont de plus en plus de mal à suivre l'évolution des menaces pour la conservation que représentent l'exploitation des ressources, les changements climatiques et la croissance de la population humaine, le caractère impératif d'un plan de conservation national ne pourrait être plus clair. Nous félicitons le comité de travailler à l'élaboration d'un tel plan.
WCS Canada recommande que le plan intègre les trois piliers suivants: la conservation au-delà des zones protégées, la création et la gestion de zones protégées et la conservation des espèces. Un plan sérieux et utile témoignerait de l'engagement du gouvernement du Canada à honorer ses obligations aux termes des traités et accords internationaux et à continuer d'investir dans la science et permettrait de neutraliser les modifications législatives qui minent notre capacité de conserver la biodiversité du Canada pour les générations futures.
J'aimerais avant de terminer vous raconter une anecdote. Mon grand-père a passé six ans à l'étranger pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a passé la dernière année en Hollande, où il désamorçait des mines terrestres et d'autres pièces d'artillerie qui n'avaient pas explosé. Son travail consistait à s'occuper de ces armes.
Une des choses qu'il a apprises au cours de cette année, comme vous pouvez l'imaginer, c'est qu'il ne faut jamais prendre une décision dont les résultats seraient irréversibles. Quand vous prenez une décision, vous voulez être sûr de pouvoir changer d'idée s'il appert que vous avez fait une erreur. Quand on travaille avec des mines terrestres, c'est une leçon importante. Et c'est une leçon qu'il m'a transmise. Ce qui m'inquiète, aujourd'hui, c'est que nous prenons des décisions sur lesquelles nous ne pourrons pas revenir. Nos petits-enfants ne vivront pas dans le monde que nous voulons leur léguer, et ce sera en raison des décisions que nous prenons aujourd'hui au sujet de l'environnement.
Merci de m'avoir donné la parole.
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Oui. Nous travaillons sur ce projet depuis 1993. Cela fait près de 20 ans que nous y travaillons.
Une partie de notre travail consiste à évaluer dans quelle mesure certains de ces programmes ont eu une incidence sur l'habitat. En effer, cette région, en raison de la très grande qualité de l'habitat adjacent, un marais littoral, attire énormément d'espèces sauvages. Mais depuis la création de ces programmes, nous avons en fait vu leur présence augmenter dans les champs. Nous avons mesureé cela à l'aide de diverses méthodes.
Nous avons étudié la population de sauvagine présente sur les terres agricoles. De manière générale, les terres agricoles constituent un bon habitat pour la sauvagine. Mais nous l'avons vue commencer à fréquenter des champs où nous avons semé des plantes couvre-sol, à s'y retrouver pendant la période de migration automnale, pendant l'hiver, puis, de nouveau, pendant la migration du printemps.
Nous avons aussi recueilli quelques preuves anecdotiques des avantages qu'offrent aux oiseaux de rivage certains types de champs où se trouvent des plantes couvre-sol. Une partie de nos activités a réellement réussi à prouver l'utilité des champs de mise en réserve pour les rapaces hivernant. Nous avons donc mesuré, dans une zone donnée, la population des petits mammifères dont ces oiseaux se nourrissent, et nous l'avons comparée à la population présente dans des champs qui n'avaient pas été mis en réserve, c'est-à-dire des champs ne faisant pas l'objet d'une gestion faunique. En effet, nous avons constaté que le nombre de ces petits mammifères est plus élevé dans les champs gérés, et que le nombre correspondant de rapaces, dont ces activités visent à assurer la conservation, est également plus élevé.
J'aimerais souligner que, grâce à ce programme de mise en réserve de prairies, nous ciblons directement quatre des espèces visées par la Loi sur les espèces en péril afin d'en assurer la conservation.
Merci de vos exposés. Ils étaient très clairs.
Aujourd'hui, on nous a expliqué tout ce qu'il faut faire. La création de parcs protégés n'est pas la seule chose. Nous devons également nous doter de solides lois nationales, entre autres. Vous l'avez tous souligné, et vous avez dit qu'il faut songer à offrir des incitatifs aux agriculteurs.
Je voulais vous demander de quels incitatifs il pourrait s'agir dans le ca des propriétaires de terrains privés. Pourriez-vous m'explique pourquoi nous ne proposons pas suffisamment d'incitatifs? De quelles façons pourrions-nous créer ces incitatifs?
C'était ma première question, et elle s'adresse aux représentants du Delta Farmland & Wildlife Trust.
J'aimerais aussi revenir sur la nécessité de resserrer plutôt que de relâcher les lois qui sont déjà en vigueur. De quelle façon pensez-vous que nous pourrions rendre plus rigoureuses notre Loi sur la protection de l'environnement et notre Loi sur la protection des espèces en péril? Cette question s'adresse à Mme Clogg.
Ensuite, monsieur Joly, vous avez soulevé une question très importante. Vous avez dit que nous ne devrions jamais faire quoi que ce soit qui serait irréversible. Dans le domaine de la médecine — ma profession —, nous disons toujours que l'important est tout d'abord de ne pas faire de tort. Il faut toujours pouvoir prouver que ce que l'on fait, même si cela semble judicieux, n'entraînera pas plus tard des dommages irréversibles.
J'aimerais vous demander tous les trois de répondre à ces questions. Vous pourriez parler des incitatifs qui, à votre avis, pourraient être utilisés dans le cas des terrains privés, etc.
Monsieur Bradbeer, dans votre exposé, vous avez parlé des pratiques d'utilisation des terres dans le delta qui remontent jusqu'à 1868 et de la restauration des champs pour qu'ils reprennent leur aspect initial. Je crois que vous avez affirmé que « ces terres deviennent rapidement des habitats d'herbe haute, imitant ainsi les écosystèmes de prairies qui existaient dans la région du delta avant 1868 ». Vous avez déjà mentionné l'année 1868 dans votre exposé.
Curieusement, 1868 est l'année où le Parlement a adopté l'actuelle Loi sur les pêches. Cela constitue un immense problème. Les définitions contenues dans la Loi sur les pêches ne correspondent plus du tout à la réalité d'aujourd'hui, malheureusement.
Il existe un statu quo délicat dans tous les types de pêches: les pêches à des fins culturelles et rituelles et les autres pêches des Premières nations, ainsi que les pêches commerciales et récréatives. Un équilibre très délicat a été atteint, le statu quo, et on paralyse à l'idée de modifier cette loi, qui en a grandement besoin.
Il y a tellement de place pour l'alarmisme. Avec les modestes modifications incluses dans la loi actuelle, il y a beaucoup de place pour un discours alarmiste. Je tiens à rassurer les témoins sur le fait que ni le gouvernement ni tout autre gouvernement n'a l'intention de détruire l'environnement.
Un témoin a mentionné les occasions économiques que nous avons au pays. Elle estime qu'il nous faut un plan de conservation solide pour assurer l'équilibre avec tout objectif d'exploitation que le gouvernement pourrait s'être fixé. C'est exactement ce que nous tentons de faire. C'est une mesure d'équilibre. Au cas où quelqu'un autour de la table aurait oublié ce fait, si nous perdons notre économie, nous perdons aussi l'occasion de faire les investissements dans l'environnement que les gens nous demande et de réaliser ces objectifs importants.
Il est intéressant que vous ayez mentionné l'année 1868 dans votre exposé. Il y a eu beaucoup de changements depuis 1868, et la loi doit suivre aussi.
Compte tenu de cela, je crois que c'est M. Joly qui a mentionné l'expansion du Nahanni. C'est une réalisation du présent gouvernement. Une grande analyse a été effectuée avant de passer à l'action. Il y a eu une immense expansion du parc national Nahanni ainsi que de la région de Great Bear Lake, de la rivière Ramparts — 33 000 hectares, je crois — et des environs du bras Est du Grand Lac des Esclaves — 10 millions d'hectares. Si l'on tient compte des terres cédées dans le cadre de revendications, on ajoute encore 62 000 hectares. Il s'agit de la plus grande réalisation en matière de conservation dans toute l'histoire canadienne.
Le présent gouvernement tient vraiment à atteindre certains objectifs liés à la conservation. D'ailleurs, c'est le but de l'étude. Nous sommes sur la bonne voie, et nous vous remercions d'être ici pour nous aider à aller de l'avant.
Cela dit, mon collègue a mentionné la mobilisation et la participation des jeunes. Certains de nos groupes de témoins ont des idées originales pour encourager plus de personnes à retourner les pierres, à attraper des bestioles dans les étangs et à observer au microscope de minuscules organismes aquatiques.
Comment pouvons-nous encourager les jeunes à interagir avec l'environnement? Nous tardons encore à atteindre un grand segment de notre population. Je crois que vous avez répondu à une question de M. Toet à propos des parcs.
Je lance encore une question ouverte. Les témoins ont-ils des suggestions pour que nous puissions intéresser davantage les jeunes et les nouveaux Canadiens, par exemple, à l'environnement?
Les témoignages sont terminés. Je tiens à vous remercier de votre présence.
Comme nous pouvons l'observer dans les questions et les réponses, toutes les questions touchant l'environnement sont liées. Nous apprécions la passion que vous apportez à la table. Nous l'avons nous aussi. Ma responsabilité est de nous garder dans le cadre très serré de l'étude. C'est difficile.
Si vous voulez soumettre d'autres commentaires plus généraux au comité, veuillez envoyer une lettre à mon intention, en tant que président, ou à la greffière, et nous en ferons part aux membres du comité. Les commentaires sont les bienvenus, mais, malheureusement, la portée de l'étude est petite.
Merci encore de votre présence.
Je tiens aussi à remercier les personnes qui se sont déplacées avec le comité et qui ont rendu le voyage possible. Si cette pièce où nous sommes ressemble à une salle de comité, c'est grâce au travail de notre équipe, qui se déplace avec nous: la greffière et les analystes. Les interprètes ont fait la traduction pendant quatre heures et demie aujourd'hui, alors je veux les remercier eux aussi. Merci tout le monde de faire partie de l'équipe.
Nous allons à l'aéroport et nous dirigeons vers Calgary, où nous entendrons d'autres témoins.
Encore une fois, merci beaucoup de votre présence.
La séance est levée.