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Merci, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité.
Je tiens à vous remercier de nous avoir invités à comparaître devant vous pour aborder un sujet qui est évidemment au coeur même de la mission de Canards Illimités Canada. Nous vous sommes reconnaissants de pouvoir faire connaître notre réflexion sur la création d'un plan de conservation national pour le Canada, et nous espérons mettre en relief le rôle central que la conservation des habitats devrait y jouer.
Je vous invite par ailleurs à consulter notre mémoire écrit, qui aborde plus en détail les questions auxquelles le comité a la mission de répondre.
Comme l'a dit monsieur le président, je m'appelle Greg Siekaniec. Je suis le chef de la direction de Canards Illimités Canada, et je viens de Stonewall, au Manitoba.
Je suis accompagné aujourd'hui de Jim Brennan, notre directeur des affaires gouvernementales. Il travaille ici, dans nos bureaux d'Ottawa.
Canards Illimités Canada est le chef de file canadien en matière de conservation des milieux humides. L'organisme compte 365 employés qui travaillent à la conservation des milieux humides et des terres hautes, dans toutes les provinces et tous les territoires. Évidemment, nous ne saurions y arriver seuls. Près de 139 000 membres passionnés à l'échelle des collectivités, dont plus de 6 200 bénévoles, constituent notre force motrice. Ils reconnaissent la riche tradition de la chasse et le rôle que les chasseurs ont joué pour conserver l'habitat dans l'ensemble de l'Amérique du Nord.
Nos efforts sont également soutenus par des milliers de partenaires en matière de conservation d'un bout à l'autre du pays. C'est le cas des deux organismes représentés ici aujourd'hui avec moi, ainsi que des propriétaires fonciers, nos intervenants les plus importants sur le plan de la conservation.
Nous faisons bon usage des ressources que nous confient nos supporteurs, nos partenaires et les gouvernements. En fait, entre 2008 et 2012, nos dépenses annuelles ont entraîné plusieurs retombées économiques directes chaque année: 77 millions de dollars en PIB, 969 employés équivalents temps plein; 60 millions de dollars en revenus d'emploi et 16 millions de dollars en profits pour des entreprises canadiennes.
Canards Illimités Canada traverse actuellement une période intéressante. Célébrant notre 75e anniversaire, nous revenons sur nos réalisations passées, mais en nous tournant résolument vers les changements qui nous attendent.
Notre passé est matière à célébrer. Nous avons investi plus de 2 milliards de dollars au Canada, protégé plus de 6,4 millions d'acres d'habitats et influé sur 105 millions d'acres de plus grâce à nos politiques et nos travaux d'extension.
Par ailleurs, de nombreux défis se profilent à l'horizon, le plus important de tous étant la perte des habitats. L'année dernière, à l'occasion de notre comparution devant votre comité, nous avons quantifié le taux de perte des milieux humides. Depuis, le Canada a perdu 32 000 acres supplémentaires de ses réserves de milieux humides qui sont déjà malmenées. En y réfléchissant, cela représente plus de la moitié de la superficie de l'ancienne municipalité de Nepean, volatilisée en un peu plus d'un an.
L'ampleur du problème devient manifeste quand on visualise ce taux de perte à l'échelle du pays. L'Ontario seul a perdu plus de 70 p. 100 de ses milieux humides ancestraux dans les régions industrialisées. Les Prairies canadiennes, berceau des populations de sauvagine en Amérique du Nord, ont perdu près de 70 p. 100 de leurs milieux humides depuis l'arrivée des premiers colons dans les années 1800.
Malgré tous nos efforts collectifs, les pertes se font à un rythme que nous avons du mal à endiguer. En fait, si Canards Illimités Canada pouvait compenser chaque année la perte des milieux humides en Saskatchewan seulement, il faudrait y consacrer deux fois notre budget annuel pour l'ensemble des Prairies. Chaque jour que nous perdons du terrain, au sens figuré comme au sens propre, les Canadiens en assument les conséquences économiques bien réelles.
Songez au fait que la superficie protégée par Canards Illimités Canada en une seule année rapporte plus de 4 milliards de dollars en bienfaits sociétaux: lutte contre les inondations, régulation du climat, purification de l'eau, stimulation du tourisme et des activités récréatives, et ainsi de suite. Imaginez maintenant que ces avantages soient éradiqués, anéantis, parce que des milieux humides qu'on pourrait protéger sont détruits.
Quelle est la solution?
La conservation des milieux humides doit se faire sur les terres exploitées comme dans les territoires inhabités. Pour illustrer comment, selon nous, cela peut se faire, j'utiliserai les exemples des Prairies et de la forêt boréale canadienne.
Nos études scientifiques, sur lesquelles devraient s'appuyer toutes les mesures de conservation, nous ont permis de cerner ces deux régions prioritaires pour les populations de sauvagine en migration à l'échelle du continent. Les Prairies canadiennes sont une zone prioritaire pour Canards Illimités Canada parce que c'est là que 50 p. 100 de la sauvagine nord-américaine éclôt et prend son premier envol. On y trouve aussi des exploitations agricoles familiales, des ranchs et des entreprises agricoles commerciales qui doivent à la fois accroître leur productivité et réduire les dommages infligés à l'environnement.
Pour préserver les habitats dans ces territoires exploités, nous croyons en l'importance d'une démarche mixte qui comprend à la fois des mesures incitatives fondées sur la réalité du marché pour restaurer les milieux humides perdus ou dégradés, et à la fois une structure réglementaire pour protéger ceux qui restent. Même s'il y a de nombreux programmes incitatifs mis en oeuvre, nous sommes d'avis que les plus efficaces seront conçus pour inciter les intervenants à investir dans la protection à long terme des habitats essentiels.
Canards Illimités Canada s'intéresse aussi beaucoup aux territoires peu peuplés de la forêt boréale canadienne parce que 30 p. 100 de la sauvagine nord-américaine dépend de cette région pour se reproduire et nidifier. Nous y voyons un grand potentiel pour le plan de conservation national également.
L'extraction des ressources, particulièrement des minéraux, des arbres et des hydrocarbures, demeurera le principal moteur de croissance économique dans le Nord. Nous reconnaissons à la fois cette nécessité et les droits fondamentaux des populations du Nord à déterminer leur avenir sur les plans environnemental, politique et économique.
Cela dit, nous avons tiré beaucoup de leçons importantes dans le sud du Canada, et nous souhaitons faire en sorte que la dévastation ne se produise pas au même rythme dans le Nord. Afin d'éviter cela, des mesures de conservation équilibrées et appuyées par la collectivité permettraient de protéger les habitats nordiques, soit par l'intermédiaire d'initiatives d'aménagement du territoire, comme la Stratégie des zones protégées des Territoires du Nord-Ouest.
Qu'il s'agisse des territoires fonctionnels des Prairies, de la forêt boréale ou d'autres régions du Canada, le milieu de la conservation est bien conscient que notre pays continuera de croître et de se développer, et qu'un plan de conservation national doit en tenir compte.
Nous acceptons le fait que des habitats seront inévitablement endommagés ou détruits. Il existe toutefois des solutions éprouvées pour gérer cette tendance. Certaines provinces canadiennes et de nombreux États américains ont mis en oeuvre des programmes d'atténuation au moyen de cadres législatifs et réglementaires.
À notre avis, le gouvernement du Canada devrait collaborer avec les gouvernements provinciaux et territoriaux pour élaborer des normes et des directives nationales d'atténuation et de compensation à l'égard des milieux humides.
Le gouvernement fédéral pourrait par exemple jouer un rôle de leader en matière de conservation des habitats en élaborant un cadre d'atténuation. En plus de garantir une cohérence à l'échelle des provinces et des territoires, cela fournirait des fonds indispensables pour utiliser le soutien financier et le dynamisme encore inexploités d'autres ONG, de gouvernements et de citoyens ayant à cœur la conservation des milieux naturels.
Le plan de conservation national est pour le gouvernement du Canada l'occasion de tirer profit du dynamisme du milieu de la conservation tout en faisant tomber les obstacles à l'atteinte de ses objectifs.
Le choix de ne pas agir est une décision en soi pour ceux d'entre nous — je veux dire quiconque d'entre nous — qui sommes responsables de la conservation des habitats. Cette décision permettra au processus de perte et de dégradation d'habitats précieux de poursuivre son avancée. Si nous choisissons le statu quo, nous devrons vivre avec les conséquences, comme des inondations aux proportions encore rarement vues, la réduction de la biodiversité et les divers effets des changements climatiques, qui viendront s'ajouter aux problèmes d'aujourd'hui. Seule une stratégie garantissant un gain net d'habitats en milieux humides et dans les prairies permettra à des écosystèmes malmenés, comme le lac Winnipeg, de se rétablir.
C'est un pari imposant, mais aux yeux de Canards Illimités Canada, c'est une chance unique au monde. Le Canada a hérité d'un trésor naturel inestimable, et le public s'attend à ce que nous agissions de façon responsable.
Ce sera une tâche énorme à laquelle aucun organisme, gouvernemental ou non, ne peut s'attaquer seul. Si le gouvernement fournit du financement et joue un rôle moteur sur le plan législatif, les organisations canadiennes du milieu de la conservation seront prêtes à affronter les défis qui nous attendent. Forte de 75 ans d'expérience, Canards Illimités Canada peut compter sur des membres qui ont la conservation à coeur et se réjouit de voir le gouvernement du Canada faire ce pas important vers la création d'un plan de conservation national.
Je suis heureux d'avoir l'occasion d'être ici. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions et de discuter de la conservation.
Merci.
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Merci. Bonjour. Good morning.
Je vous remercie de me donner l'occasion de témoigner aujourd'hui. Je m'appelle John Lounds et je suis président et PDG de Conservation de la nature Canada. Je suis accompagné aujourd'hui de Michael Bradstreet, notre vice-président de la conservation, et de Lisa McLaughlin, qui dirige les pratiques de protection et d'intendance des terres de l'organisation.
Conservation de la nature Canada est l'une des premières organisations de conservation des habitats en importance au pays. Depuis 50 ans, nous favorisons l'adoption de solutions à long terme en matière de conservation. Nous travaillons plus souvent dans les régions du Canada où la propriété privée domine le paysage. C'est là où 90 p. 100 des Canadiens vivent, travaillent et ont des activités de loisirs, et également où plus de 80 p. 100 des espèces terrestres et d'eau douce sont à risque.
Nous sommes une organisation non militante qui travaille auprès des collectivités et des propriétaires fonciers sensibilisés en vue de déterminer les meilleures solutions possible pour la nature et les gens. Ce matin, nous aimerions répondre aux questions particulières du comité en vous présentant notre cadre pour la conservation, dont le résultat est, selon nous, un modèle extrêmement efficace, soit le Programme de conservation des zones naturelles, et en formulant deux ou trois idées supplémentaires, fondées sur notre expérience, concernant un plan de conservation national.
Le comité demandait quelles étaient les mesures que les organisations responsables de la conservation prenaient pour atteindre leurs objectifs. À Conservation de la nature Canada, nous effectuons principalement les trois choses suivantes: nous tirons profit des contributions gouvernementales et d'autres mesures incitatives pour créer des partenariats avec le secteur privé; nous nous attachons à établir des partenariats avec les propriétaires fonciers et les collectivités de l'ensemble du pays; et nous nous appuyons sur la planification en matière de conservation à divers niveaux pour orienter nos interventions.
Le public et les entreprises privées tirent des bénéfices de la terre. Notre capacité d'assurer une conservation efficace sur le terrain dépend d'une diversité de mesures incitatives gouvernementales. Qu'il s'agisse de crédits d'impôt pour dons de bienfaisance ou de la capacité d'égaler les contributions versées dans un fonds fédéral, ces programmes sont essentiels pour encourager les Canadiens à contribuer à la protection de notre patrimoine naturel.
On ne saurait surestimer le pouvoir des mesures incitatives gouvernementales. En fait, nous sommes d'avis qu'un plan de conservation national peut faire fond sur la série de mesures actuelles, comme les crédits d'impôt foncier, les dons écologiques, les servitudes, le soutien aux services écologiques et les plans environnementaux en agriculture. Les mesures incitatives que l'on peut mettre à profit peuvent nous aider à accroître l'appui provenant du secteur privé. Sans celles-ci, nous ne pouvons obtenir cette contribution. Sans cette contribution, l'investissement du gouvernement devient moins efficace. Nous avons tous les deux avantage à maintenir un excellent niveau de conservation des habitats au pays.
Au Canada, peu d'organisations ont la capacité de travailler de l'échelle locale à l'échelle des paysages, d'un bout à l'autre du pays. Quoi qu'il en soit, Conservation de la nature Canada ne pourrait pas mener ses activités sans l'aide d'un vaste réseau de partenaires, y compris les collectivités, les Premières Nations, d'autres organisations vouées à la conservation, les sociétés et les propriétaires fonciers.
Nous savons que certains des meilleurs intendants de la terre sont les gens qui y vivent. Des ententes novatrices conclues avec des éleveurs et des agriculteurs nous aident à soutenir les territoires fonctionnels où coexistent la conservation et l'agriculture. Au moyen de mesures volontaires et en travaillant de concert avec des propriétaires fonciers qui le souhaitent, nous avons constamment pu obtenir des résultats gagnants pour la nature.
À Conservation de la nature Canada, nous n'agissons pas de manière improvisée. Un cadre de planification de la conservation oriente nos activités, de la protection à l'intendance. Nous travaillons à trois échelons en vue de conserver des espaces naturels et d'en prendre soin. À l'échelon plus élevé, nous effectuons des évaluations écorégionales qui permettent de cerner, de consigner et de cartographier de vastes étendues de terres et d'eau ainsi que leurs populations végétales et animales. Actuellement, 18 évaluations sont disponibles et brossent un portrait global des régions du sud de notre pays. À l'intérieur de ces écorégions, nous déterminons de petites régions précises qui sont prioritaires en fait de conservation, et ce, selon la biodiversité, les possibilités et les menaces. Nous les appelons des « espaces naturels ». À ce jour, nous en comptons 82. Dans ces espaces naturels, nous relevons les terres où des mesures de protection et d'intendance ciblées peuvent permettre d'atteindre les objectifs en matière de conservation.
Ce processus à trois étapes, fondé sur les meilleurs renseignements disponibles, garantit que tout ce que nous réalisons à l'échelle locale aura également un impact positif sur l'ensemble du territoire. Les mesures incitatives, les partenaires et la planification de la conservation sont trois ingrédients clés de la recette de Conservation de la nature Canada pour la conservation de l'habitat.
Il y aura sans doute de nombreux témoins qui vous diront où le gouvernement s'est trompé. Nous souhaiterions vous dire où, selon nous, le gouvernement a trouvé la recette parfaite, soit le Programme de conservation des zones naturelles. En 2007, le gouvernement du Canada a été audacieux et a investi 225 millions de dollars dans le partenariat public-privé unique dirigé par Conservation de la nature Canada.
Nous nous réjouissons de l'investissement. Nous sommes reconnaissants de la collaboration de nos collègues ici, à Canards Illimités Canada, ainsi que des contributions de certaines fiducies foncières locales. Nous sommes heureux que le gouvernement ait prolongé le programme dans le budget 2013, et nous croyons qu'il devrait constituer un élément majeur du plan de conservation national.
Dans quelle mesure ce programme a-t-il été une réussite? Nous, de même que Canards Illimités Canada et les 17 fiducies foncières, avons à ce jour conservé un total de plus de 875 000 acres dans les 10 provinces. Nous avons protégé l'habitat naturel de 148 espèces à risque, et des gens, des représentants du secteur privé et d'autres membres ont obtenu des fonds de contrepartie du gouvernement fédéral de l'ordre de près de 2 $ pour chaque dollar investi.
Une évaluation indépendante du programme a été achevée en juin 2012. Elle a permis de conclure que le programme avait été un succès et qu'il avait été dispensé de façon efficiente et efficace. L'évaluation a également révélé qu'il y avait un besoin réel et continu pour ce genre de programme de conservation des terres privées dans le sud du Canada.
Des partenariats public-privé bien conçus, comme le Programme de conservation des zones naturelles, peuvent donner des résultats extraordinaires en matière de conservation des habitats.
Qu'est-ce qu'un plan de conservation national devrait inclure d'autre? Nous avons deux suggestions. La première est un dénombrement inclusif de toutes les mesures de conservation prises d'un bout à l'autre du Canada, et la deuxième, ce sont des mesures visant à garantir que l'exploitation procure des avantages ou des gains nets pour la nature.
Nous sommes d'avis que le plan de conservation national doit commencer par une définition inclusive de « terres conservées ». La mesure la plus souvent utilisée porte sur les « terres protégées », telles que définies par l'Union internationale pour la conservation de la nature, l'IUCN. Selon cette norme, le Canada a protégé environ 10 p. 100 de notre paysage terrestre. Il s'agit d'une sous-estimation de l'incroyable travail de conservation réalisé, et cela ne traite pas de la définition de l'objectif d'Aichi liée aux « mesures de conservation efficaces en fonction des aires ». Par exemple, la plupart des terres privées conservées par Conservation de la nature Canada, Canards Illimités Canada et d'autres organismes ne sont pas comptabilisées selon la définition de l'IUCN.
En raison des particularités de la répartition des compétences au Canada, il est également difficile de désigner de nombreuses terres comme étant protégées selon la définition de l'IUCN, puisque les droits d'exploitation du sous-sol appartiennent aux provinces.
Il faut savoir où nous sommes pour savoir où nous devrions aller. Nous devons accroître l'engagement communautaire et privé en matière de conservation en comptabilisant tous les efforts visant à conserver les habitats naturels. Nous pourrons ensuite dresser une liste inclusive par type d'activité de conservation, ce qui nous permettra de brosser un portrait plus exhaustif des réalisations en matière de conservation au Canada.
Nous croyons que, avec une conservation des habitats et une reddition de comptes accrues, nous pourrons véritablement atteindre les objectifs de 17 p. 100 d'Aichi d'ici le 150e anniversaire du Canada, en 2017, soit trois ans avant la date prévue. À Conservation de la nature Canada, on serait, bien sûr, heureux de contribuer à cet effort.
Plusieurs témoins qui ont comparu devant le comité ont défendu le principe d'« aucune perte nette ». Nous estimons qu'un plan de conservation national doit faire mieux et garantir un avantage net, c'est-à-dire, comme mon collègue, Greg, l'a dit: « un gain net » pour l'environnement.
Le plan devrait fournir un modèle dans le cadre duquel le développement économique et la conservation et l'intendance des terres peuvent coexister. Nous avons l'occasion d'élaborer un cadre propice à la participation du secteur privé à la conservation des habitats, particulièrement celle des entreprises d'extraction des ressources et des propriétaires fonciers privés. Le plan, qui rejette la notion d'un rapport d'opposition entre l'économie et la conservation des habitats, devrait reconnaître les avantages que peuvent tirer les entreprises privées et le public de la terre.
Nous exhortons le comité à recommander au gouvernement d'affecter, en premier lieu, plus de ressources aux initiatives d'intendance et de pratiques exemplaires qui contribuent au rétablissement des espèces et qui complètent le cadre réglementaire. Ces deux types d'initiatives ont pour effet de créer une clientèle que des organisations non gouvernementales bénévoles peuvent mettre à contribution et renforcent les mesures de conservation. En deuxième lieu, il faut étudier le potentiel des crédits biodiversité de faire progresser la conservation des habitats. Ces crédits pourraient permettre à l'industrie d'aller au-delà des exigences réglementaires en vue d'éviter les incidences sur l'environnement. Actuellement, les mesures visant à éviter les répercussions sur l'environnement sont axées sur la proximité immédiate d'un projet d'exploitation, quelles que soient la qualité ou l'importance de l'espace naturel.
Les crédits biodiversité peuvent être plus souples. On peut s'en servir pour obtenir des résultats en matière de conservation dans des milieux naturels prioritaires n'importe où au Canada. Ils peuvent maximiser les avantages aux fins de la conservation de la biodiversité ou des services écologiques à l'échelle du pays. De cette manière, nous pouvons aider à créer un gain net pour la nature.
Pour terminer, nous recommandons que le plan de conservation national soit fondé sur des mesures incitatives destinées au secteur privé afin de favoriser la conservation des habitats. Il doit mettre à contribution un vaste réseau de partenaires et s'appuyer sur un cadre solide de planification de la conservation. Il doit fournir une définition inclusive de « terres conservées » et compter toutes les mesures efficaces de conservation des habitats.
Enfin, le Programme de conservation des zones naturelles est une réussite des secteurs public et privé. Nous invitons le comité à considérer ce programme comme la pierre angulaire du plan de conservation national.
Merci beaucoup. Thank you very much.
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Merci, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité.
Vous avez devant vous mes notes par écrit. Merci de me donner l'occasion de présenter mes observations fondées sur notre expérience avec les programmes de conservation en Amérique du Nord des 70 dernières années. Delta Waterfowl est une organisation internationale de bienfaisance vouée à la conservation et à l'utilisation durable de la faune sauvagine.
Que pouvons-nous retenir des canards lorsque nous concevons le programme de conservation national? Il se trouve que nous pouvons en retenir beaucoup. Les canards comptent parmi les animaux les mieux étudiés au monde, et les programmes conçus pour leur conservation et la gérance de leur habitat figurent parmi les programmes de conservation les mieux financés de tous les programmes de conservation, principalement grâce aux contributions des droits de permis par les chasseurs et à la philanthropie.
La communauté qui s'intéresse à la faune sauvagine a dépensé beaucoup et a tenté de nombreuses approches aux fins du rehaussement des populations sauvagines. Ainsi, il faut non seulement bien comprendre la biologie du canard, mais également tirer d'importantes leçons.
Les canards ont besoin de marécages et d'abris en haute terre pour la nidification. Leur succès en ce qui a trait à la couvaison et l'élevage de couvains dans les prairies contribue à environ 80 p. 100 de la vaste majorité de fluctuations de leurs nombres. La grande majorité de leurs sites de nidification importants se trouvent sur des terrains privés agricoles. De cette manière, ils fournissent une superbe mesure sur l'état des terres exploitées au Canada.
De manière générale, lorsqu'on examine le programme de conservation national, on constate qu'il y a trois mécanismes d'intervention auxquels les gouvernements ont accès: les règlements concernant l'utilisation des terres, les achats d'habitats et les mesures incitatives. Ceux-ci ne s'excluent pas mutuellement, mais examinons-les un par un.
En ce qui a trait aux règlements concernant l'utilisation des terres, la première réaction commune des gouvernements est de tenter d'atteindre des objectifs de conservation au moyen de la réglementation liée à l'utilisation des terres qui interdit la destruction des habitats. Les interdictions réglementaires laissent l'impression que des mesures politiques sont prises et que, puisque les frais associés à la mise en application ne sont pas bien déterminés, des solutions peu coûteuses sont adoptées. C'est pourquoi ces interdictions figurent comme un élément courant des mesures législatives, telles la Loi sur la convention concernant les oiseaux migrateurs, la Loi sur les pêches et les dispositions législatives provinciales sur l'eau.
La réglementation sur l'utilisation des terres qui visait à remédier au déclin de la faune sauvagine durant les sécheresses des années 1930 a été appliquée aux niveaux fédéral et provincial. Les interdictions fédérales ont été appliquées après que la convention concernant les oiseaux migrateurs a été conclue par le Canada et les États-Unis, et ensuite par le Mexique. Les interdictions provinciales et les dispositions d'attribution des permis relatifs au drainage des marécages sont entrées en vigueur peu de temps après.
Aucune de ces interdictions, en vigueur pendant des décennies, n'a eu un effet remarquable sur le drainage de marécages ou sur les populations de la faune sauvagine. Pourquoi? Cela est principalement dû au fait que la mise en application des interdictions réglementaires sur les terres privées, sans aucune compensation, est une appropriation réglementaire, une forme d'expropriation. Elles sont moralement inexécutables, et ont ainsi peu d'impact sur la conservation des espèces, que ce soit les pêcheries, les espèces à risque ou la faune sauvagine.
C'est peut-être la raison pour laquelle les débats récents au sujet de la réforme des dispositions législatives touchant aux pêches et aux eaux navigables ont été centrés sur le processus et qu'ils sont dépourvus de toute preuve d'un effet substantiel. Ce genre de règlement ne fonctionne tout simplement pas.
Parmi les autres facteurs, mentionnons les ressources et l'expertise. Au cours des 30 dernières années, il y a eu un transfert de l'expertise biologique du gouvernement à l'industrie de l'exploitation des ressources et au secteur de consultation. Ainsi, les organismes de réglementation ne disposent pas, à de nombreux égards, des ressources nécessaires pour appliquer les règlements et pour administrer de manière efficiente la myriade d'approbations nécessaires pour éviter les interdictions punitives dans la législation.
En ce qui concerne le fédéral, cela est exacerbé par l'étroitesse de la position constitutionnelle, qui doit agir avec prudence étant donné l'étendue des pouvoirs provinciaux relativement aux droits de propriété.
L'achat d'habitats est le deuxième mécanisme que nous voulions examiner. Notre principale intervention, plus récemment, a été d'acheter des terres afin de les réserver à des fins de conservation. Cela a été un moyen utilisé par les gouvernements et a constitué la mission centrale de nos amis, qui sont invités à comparaître ce matin.
L'achat d'habitats s'est révélé un des objectifs principaux de la gestion des espèces de sauvagine au Canada depuis 1986. Nous avons dépensé environ 2 milliards de dollars et avons acheté quelque chose comme 400 000 acres de ces prairies constituées de dizaines de millions d'acres. Cela représente donc moins de 1 p. 100 du territoire et est trop petit pour avoir un effet sur la perte de milieux humides ou des populations de sauvagine.
Les taux d'éclosion de la sauvagine ne se sont pas accrus de manière importante. En fait, les dernières données exhaustives indiquent une perte de 5 p. 100 des milieux humides au cours des 15 premières années du programme. Même les régions les plus ciblées n'affichent pas de différences importantes quant aux taux de perte.
Malgré la petite empreinte que nous avons laissée, nous avons constamment suscité des réactions négatives de la part des collectivités locales à l'égard de ces achats. À la lumière de cette expérience, il n'y a manifestement pas suffisamment d'argent investi ni d'appui politique pour l'acquisition d'habitats en quantités significatives sur le plan écologique.
Enfin, selon nous, le moyen le plus prometteur pour obtenir des résultats importants en matière de conservation est l'offre de mesures incitatives, le fait de laisser les terres entre les mains des propriétaires et de les payer pour qu'ils produisent les biens publics que nous voulons, comme la sauvagine et l'eau potable. Le programme de conservation qui, de mémoire, a obtenu le plus de succès a été le chapitre sur la conservation du Farm Bill américain, au sud de la frontière, programme en vertu duquel on payait les propriétaires afin qu'ils réservent des espaces pour l'habitat.
La prochaine question consiste à déterminer qui est le plus à même d'offrir ces programmes. Au Canada, à ce jour, ce sont principalement des organismes gouvernementaux et des ONG qui les ont offerts. Je crois que certaines administrations locales et compagnies d'assurance-récoltes peuvent déjà assurer la prestation de vastes programmes incitatifs en matière de conservation. Puisque le gouvernement provincial domine à ce chapitre, ils varient d'une province à l'autre. Au Canada, nous n'avons toujours pas pleinement exploré la possibilité de mettre à contribution ces organisations en leur permettant de jouer ce nouveau rôle qui consiste à offrir des programmes incitatifs en matière de conservation.
Il y a plusieurs années, à la lumière des résultats décevants des règlements sur l'utilisation des terres et de l'achat d'habitats, Delta a travaillé, de concert avec des organisations agricoles, à la conception d'un programme de conservation du paysage fonctionnel. Cela a donné lieu à notre concept des Services de diversification des modes d'occupation des sols, ALUS, qui est axé sur les mesures incitatives et offert avec l'aide d'administrations locales, de compagnies d'assurance-récoltes et, bien sûr, de propriétaires fonciers. Vous avez entendu nos organisations agricoles, dans leurs témoignages devant votre comité, aborder ce concept puisqu'elles y ont contribué de manière importante.
ALUS exige une cote-part des producteurs et prévoit un paiement annuel pour la rétention de terrains aux fins de la conservation. Plus important encore, on discute avec l'agriculteur des endroits les plus propices à la croissance des cultures et à celle de la faune sur leurs terres. Nos évaluations se sont révélées très positives. Nous avons observé des taux de participation de 70 p. 100, dont un grand nombre d'agriculteurs qui n'avaient jamais participé à un programme de conservation auparavant. Les coûts sur le plan administratif ont été faibles grâce à la participation d'organisations jouissant déjà d'une capacité administrative, comme les administrations locales et les sociétés d'assurance-récoltes. ALUS a lui-même attiré les contributions financières de municipalités locales, une première pour la conservation au Canada.
ALUS donne l'occasion de créer un partenariat politiquement durable entre les secteurs privé et public afin qu'ils offrent des mesures incitatives en matière de conservation analogues à la toute aussi importante nouvelle génération de programmes d'infrastructure qui attirent l'appui des trois échelons de gouvernement et du secteur privé.
D'où viendra l'argent durant cette conjoncture mondiale de compressions budgétaires? La beauté du modèle ALUS, c'est qu'il regroupe des mesures incitatives d'une diversité de sources privées et publiques. Les contributions sont venues de ministères fédéraux et provinciaux de l'Environnement et de l'Agriculture, d'administrations locales, d'exploitants de ressources et de chasseurs de canards.
Il y a, par exemple, la loi adoptée par la province de l'Alberta en vue de contrer les émissions de gaz à effet de serre. Depuis 2007, 105 millions de dollars ont été versés aux agriculteurs de l'Alberta afin qu'ils adoptent des pratiques de travail du sol favorables à la conservation de celui-ci, et d'autres pratiques, toutes directement favorables à l'habitat, sont en voie d'approbation, des pratiques comme la conservation des milieux humides et la couverture vivace. Cela profitera grandement aux espèces sauvages et permettra de séquestrer le carbone. Il y a des fonds d'atténuation semblables pour les milieux humides et les pêches.
Certaines de nos communautés d'ALUS recueillent des fonds auprès des résidents afin d'appuyer les efforts de conservation locaux, et nous sommes en train de créer une structure de crédits écologiques afin de soutenir ces mesures incitatives en matière de conservation. ALUS donne l'occasion de créer un lien direct entre les exploitants de ressources et la communauté des propriétaires fonciers privés. Il est possible de réunir les chasseurs, les agriculteurs et les collectivités rurales afin d'intégrer la conservation aux mécanismes ordinaires de prestation et de faire de l'habitat de la faune un atout plutôt qu'une responsabilité.
Monsieur le président, mes réponses relatives aux cinq questions de votre comité figurent dans mon sommaire, à la page 4. J'aimerais me concentrer sur l'une d'entre elles, soit la question e): « Lorsqu'il est question de la récupération d'une espèce, comment est-ce que les méthodes de gestion et les initiatives de gérance se comparent avec les mesures prescriptives et mandatées par le gouvernement? » Selon l'expérience fondée sur la conservation de la faune sauvagine, il est évident que les approches des mesures incitatives ont contribué à des résultats mesurables et que les règlements traitant de l'utilisation des terres ne l'ont pas fait.
Merci beaucoup. Je serais heureux de répondre à des questions.
Pour ceux d'entre vous qui ne connaissent pas les catégories de l'IUCN, il y a sept catégories de terres protégées, mais, de manière générale, celles qu'on utilise pour déterminer si des terres sont protégées dans les autres pays et à l'échelle internationale sont les quatre principales catégories. Dans celles-ci, pour que vos terres y figurent, vous devez vous être assuré que les droits d'exploitation du sous-sol ont été retirés de sorte qu'il soit impossible d'y mener toute activité minière ou de forage latérale ou de quoi que ce soit.
C'est le problème dont je vous ai parlé, c'est-à-dire que les provinces ont compétence sur les droits d'exploitation du sous-sol au Canada, et non pas le gouvernement fédéral. Ce sera très difficile d'en venir à une certaine entente à ce sujet. Dix pour cent du territoire canadien est protégé. J'ai les chiffres ici. En fait de superficie, nous serions les deuxièmes en importance dans le monde. En fait de rang, nous occuperions le cinquième parmi les pays du G8 et du G20.
Quant à ce que j'ai mentionné au sujet des autres terres, y compris celles qui appartiennent à Canards Illimités Canada et à nous, bon nombre d'entre elles ne sont pas incluses parce qu'elles sont toujours assujetties à des droits d'exploitation du sous-sol, même s'il est très peu probable que des activités minières ou de forage aient lieu. Nous tentons donc d'encourager... Comment pourrions-nous arriver à une autre façon de voir cela qui fonctionne vraiment pour un pays comme le Canada?
Si on pense aux engagements pris par la province de Québec, par exemple, pour conserver la moitié de sa forêt boréale, et à ceux de la province de l'Ontario, qui réalise des choses semblables, je crois qu'il est peut-être possible de réfléchir à de nouvelles façons de les inclure dans notre manière de voir ce qui est véritablement conservé dans l'ensemble du Canada.
Si on ajoutait ces types de zones conservées à ce que nous faisons, nous occuperions un meilleur rang, et le Canada deviendrait sans doute le premier pays en importance en fait de superficie. Si nous le faisions, cela nous amènerait à occuper le troisième rang. Il faudrait accroître la conservation des habitats tout en repensant quelque peu notre façon de voir ce qui est conservé et ce qui ne l'est pas.
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Merci, monsieur le président.
Je vais commencer par M. Siekaniec, de Stonewall, au Manitoba. Ma mère est née à Balmoral. Alors, d'une certaine façon, nous sommes presque voisins là-bas.
Je voulais tout simplement souligner quelque chose au profit du comité. Dans votre présentation — je ne sais pas si vous avez tout abordé durant votre exposé parce qu'il y a beaucoup plus de renseignements qu'on ne peut en dire en 10 minutes —, je crois que vous avez répondu à notre première question concernant les organisations de conservation les plus efficaces. Vous indiquez qu'elles ont tendance à posséder sept qualités. Vous avez nommé plusieurs choses: elles sont à vocation scientifique, elles bénéficient d'un appui dans les collectivités, elles misent sur des ressources, leurs programmes ciblent des habitats prioritaires, leur démarche de conservation prend en compte l'ensemble du territoire, elles tendent la main à d'autres intervenants et collaborent avec eux et elles préconisent une gestion adaptative afin d'améliorer continuellement leurs programmes.
Je crois que c'est la meilleure réponse que nous avons entendue jusqu'à présent à cette question. Alors je voulais vous en remercier.
Je veux aussi féliciter Canards Illimités pour ses 75 années d'existence. Nous apprécions tous le travail que vous avez fait pendant de nombreuses années, et vous tous ici présents êtes des chefs de file dans ce domaine.
Cela dit, j'aimerais revenir sur une autre partie de la discussion au sujet d'ALUS et des partenariats publics-privés durables sur le plan politique visant à réaliser des programmes de mesures incitatives pour la conservation. M. Scarth en a parlé dans son exposé, je crois, mais d'autres en ont aussi parlé.
Dans votre exposé, monsieur Scarth — je vais commencer par vous — vous avez mentionné le programme le plus réussi, de mémoire, qui est le chapitre sur la conservation du Farm Bill américain au sud de la frontière. Des représentants d'autres organisations agricoles nous ont parlé du Programme de planification environnementale à la ferme ici au Canada, auquel environ 74 000 exploitations agricoles, soit environ 50 p. 100 d'entre elles, participent.
Pouvez-vous comparer ces deux programmes pour nous? Quelles sont les caractéristiques du Farm Bill américain au sud de la frontière que nous n'avons peut-être pas intégrées dans notre Programme de planification environnementale à la ferme?
J'aime axer toute la question de l'absence de perte nette sur le fait que, lorsque nous parlons d'exploitation, nous parlons des retombées économiques nettes qui en découlent. Nous parlons de l'avantage social net, des hôpitaux et des écoles qu'on construit. Mais, lorsqu'il est question d'environnement, pour une raison que je m'explique mal, nous parlons de l'absence de perte nette plutôt que de l'avantage net sur le plan de la conservation et de l'environnement dans l'avenir. Ainsi, comme principe sous-jacent à la façon dont nous réfléchissons à ces choses, je m'efforce d'expliquer qu'il s'agit peut-être là d'une meilleure façon pour nous de réfléchir à cela, et, bien entendu, nous aimerions voir le plan aboutir au même genre de conclusion.
En ce qui concerne la façon dont nous désignons et nous définissons les zones protégées ou conservées, y a-t-il un raisonnement « fait au Canada » à cet égard, qui pourrait différer de celui d'autres pays dans le monde, un raisonnement enraciné dans nos politiques particulières et la façon dont sont divisés les pouvoirs ici?
Alors, certaines de nos discussions avec l'industrie minière et d'autres intervenants se rattachent à la nature essentiellement provisoire de l'exploitation de certaines de ces ressources. Il y a des mines qui existent pendant de 40 à 50 ans. Pourriez-vous véritablement vous pencher sur la façon dont un projet de mine est présenté? Si on n'endommage pas d'habitat irremplaçable, y a-t-il pour vous un moyen de concevoir une stratégie d'atténuation et d'autres types de stratégies qui, bien entendu, réduisent les répercussions des activités d'exploitation particulières dans la région, en plus de créer un type de crédit ou de mesure de compensation qui peut être utilisé pour conserver d'autres terres, de sorte que, tout en exploitant la ressource, nous obtenions un crédit ou une mesure de compensation supplémentaire visant une autre zone importante?
Vous aurez également établi le mécanisme pour une période de 40 ou de 50 ans, afin de pouvoir récupérer le territoire exploité et le restaurer correctement, pour qu'il revienne à l'état de nature, et, au bout du compte, vous aurez réellement obtenu une forme de gain net sur le plan de la conservation et de l'environnement. Nous voulons encourager la réflexion sur ce sujet.
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J'estime que la discussion concernant l'IUCN revient un peu à mesurer les intrants et à négliger les extrants, parce que les terres dont nous parlons ne sont pas nécessairement productives sur le plan biologique, mais elles le seraient peut-être plus si elles faisaient l'objet d'une gestion. Alors, selon moi, il importe beaucoup plus de mesurer les extrants au chapitre de la biodiversité des terres dans lesquelles nous investissons que de mesurer une quelconque conception artificielle des intrants investis.
Nous avons cette capacité. Par exemple, tous les printemps, le Service canadien de la faune effectue un dénombrement de la sauvagine, et nous avons des répertoires du nombre d'oiseaux dans les Prairies canadiennes et aux États-Unis. À mon avis, il s'agit de mesures de la santé du territoire beaucoup plus utiles que la notion artificielle d'avoir réservé un certain territoire ou non. Il pourrait être plus utile de gérer ces terres pour produire de la faune que de faire autre chose.
Dans nombre de régions manitobaines, par exemple, les zones les plus propices à la reproduction de la faune se situent sur des terrains privés, pas dans les parcs où la forêt est surannée et ne fait pas l'objet d'une gestion active. Le gros gibier sort des parcs pour accéder aux terres agricoles, car c'est là qu'il y a de quoi manger, c'est là qu'il peut brouter de la luzerne.
Je crois qu'il est beaucoup plus important de s'attacher aux extrants qu'aux intrants de nos investissements. Je crois que certains indices révèlent que c'est ce qui commence à se produire.
L'Institut de surveillance de la biodiversité de l'Alberta a installé des postes de surveillance partout dans la province pour mesurer la biodiversité au fil du temps, et je crois que ce type de modèle est beaucoup plus intéressant que les autres catégories.
Je suis d'accord avec vous pour dire que la possibilité de l'exploitation du sous-sol aggrave encore les choses. Bien souvent, les répercussions de ces activités sur la reproduction de la faune sont fragmentées. Particulièrement au chapitre du forage horizontal pétrolier et gazier, il est possible de mener des activités d'extraction pétrolière entraînant des perturbations en surface minimes, voire nulles. Pour obtenir ce résultat, à mon avis, la classification et une quelconque liste de critères sont absolument futiles.