:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Permettez-moi de vous présenter mes collègues.
Tout d'abord, je suis Elaine Feldman, la présidente de la LCEE. Voici Helen Cutts, notre vice-présidente, secteur d'élaboration des politiques; Yves Leboeuf, vice-président des Opérations; et John McCauley, directeur des affaires législatives et réglementaires à la LCEE.
J'ai un diaporama pour illustrer mon exposé; je crois d'ailleurs que vous en avez une copie.
[Français]
Je vais vous présenter un aperçu de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale de même qu'une description de certains des défis et des succès liés à la mise en oeuvre de la loi.
[Traduction]
La diapositive 2 décrit, de façon générale, l'évaluation environnementale ou l'EA.
Comme vous le savez, l'EA part du principe qu'il est économique et prudent de modifier les détails de conception d'un projet avant d'entreprendre les travaux de construction, car cela évitera des conséquences fâcheuses.
[Français]
Une évaluation environnementale permet également de recueillir les opinions et les connaissances de toutes les parties intéressées de façon coordonnée.
[Traduction]
Le processus donne des résultats. L’EE du troisième poste à quai du Deltaport en Colombie-Britannique a réduit de 30 p. 100 l’empreinte globale du projet sans augmenter les coûts de construction. Les améliorations apportées au projet ont protégé l’habitat des oiseaux migrateurs et des poissons. Le terminal à conteneurs, qui est maintenant en service, a nettement accru la capacité de cette porte d’entrée du Pacifique.
[Français]
La troisième diapositive présente quelques-uns des principaux jalons d'une évaluation environnementale.
[Traduction]
Le processus original a été établi dans une directive du Cabinet de trois pages publiée en 1974. Avec le temps, les exigences ont été codifiées dans la loi, apportant plus de précision, mais aussi plus de complexité.
L’objectif fondamental consistant à prendre en compte les questions environnementales lors de la planification et de la mise en oeuvre de projets demeure une constante.
La quatrième diapositive donne des détails sur l’application de la loi. Une EE est exigée lorsqu’une autorité fédérale doit prendre une décision au sujet d’un projet proposé. Ces décisions sont appelées les éléments déclencheurs de la loi.
Il y a quatre types d’éléments déclencheurs: lorsqu’une autorité fédérale est le promoteur du projet; lorsqu’une autorité fédérale peut fournir une aide financière au projet; lorsqu’un territoire domanial est requis; lorsqu’une autorité fédérale doit prendre une décision réglementaire, par exemple, pour autoriser l’altération de l’habitat du poisson en vertu de la Loi sur les pêches.
[Français]
Tout projet qui comporte un élément déclencheur nécessite une évaluation environnementale, sauf s'il est exclus d'une manière explicite.
[Traduction]
Les types de projets évalués varient de l’expansion d’une érablière à des projets de grands barrages, de pipelines et de mines. La loi n’a qu’une application limitée au nord du 60e parallèle. D’autres lois fédérales, issues d’accords de revendication territoriale, établissent également des exigences en matière d’EE, notamment la Loi sur l’évaluation environnementale et socioéconomique au Yukon.
La cinquième diapositive décrit l’EE de type examen préalable. L’autorité fédérale qui prend la décision concernant un projet est définie dans la loi comme l’« autorité responsable ». L’autorité responsable réalise l’examen préalable, prend la décision concernant l’EE et assure la mise en oeuvre des mesures d’atténuation. Malgré son nom, l’examen préalable est une EE complète.
[Français]
Une autorité responsable peut faire participer le public ou exiger un programme de suivi. Ce pouvoir discrétionnaire reconnaît la nature relativement courante de la majorité des projets qui font l'objet d'un examen préalable.
[Traduction]
Des efforts ont été faits pour réduire le nombre de petits projets courants qui nécessitent une évaluation préalable pour permettre d’affecter les ressources gouvernementales à des projets qui comportent plus de risques et qui suscitent les préoccupations du public. Des exclusions ont été ajoutées par l’entremise de règlements et de modifications législatives.
Malgré ces efforts, la loi exige encore une évaluation complète d’un grand nombre de petits projets. Par exemple, l’amélioration d’un port pour petits bateaux et, comme je viens de le mentionner, l’expansion d’une érablière sont des projets qui ont été retenus.
La sixième diapositive porte sur l’EE de type étude approfondie utilisée pour les projets à grande échelle qui sont plus susceptibles d’avoir des effets environnementaux négatifs importants. Ces projets sont définis dans le Règlement sur la liste d’étude approfondie.
[Français]
À l'heure actuelle, il y a 38 études approfondies qui sont en cours.
[Traduction]
Une étude approfondie nécessite la prise en compte de facteurs qui ne sont pas pris en compte dans un examen préalable, comme les autres moyens de réaliser le projet. Une étude approfondie offre des possibilités de participation du public et une aide financière aux participants. Des programmes de suivi sont obligatoires.
À la suite de modifications apportées à la loi en juillet 2010, l’Agence canadienne d’évaluation environnementale est responsable de réaliser toutes les études approfondies, sauf celles des projets réglementés par la Commission canadienne de sûreté nucléaire et par l’Office national de l’énergie. À l’entrée en vigueur de ces modifications, nous avons immédiatement pris le relais de 19 études approfondies à titre d’autorité responsable. Depuis, nous en avons entrepris 11 autres, successivement à des examens provinciaux.
L’agence doit respecter les délais établis par règlement. Ce règlement accorde 90 jours pour déterminer s’il y a lieu de réaliser une étude approfondie et 365 jours pour présenter un rapport sur les résultats de l’EE en vue d’une période finale de consultation publique, contribuant ainsi à un processus plus prévisible. Monsieur le président, ce point est extrêmement important. Dans la pratique, cela signifie que nous évitons les retards fédéraux au début du processus. Cela signifie que les promoteurs reçoivent en général une série d’exigences en matière de renseignements plutôt que deux. Cela signifie que les promoteurs doivent préparer une seule étude d’impact environnemental. Cela signifie que les deux paliers de gouvernement collaborent d’une manière prévisible et coordonnée dans le but d’atteindre l’objectif « un projet — une évaluation ».
En assumant ses nouvelles responsabilités en matière d’études approfondies, l’agence a également accordé beaucoup d’attention à la façon dont elle fait participer le public. Nous savons que la participation du public renforce la qualité d’une évaluation en réunissant les points de vue et les connaissances des personnes et des organismes intéressés. Elle favorise également la confiance envers le processus et les décisions qui en découlent.
Dans certains cas, l’agence est allée au-delà de la pratique courante consistant à solliciter des commentaires sur les documents affichés sur Internet. Elle a organisé des séances publiques interactives afin d’encourager la discussion sur les projets et leurs effets environnementaux.
À la fin de l’étude approfondie, le rapport est soumis à une dernière période de consultation publique d’une durée habituelle de 30 jours. Une fois que le ministre de l’Environnement se prononce sur les effets environnementaux négatifs importants du projet, ce dernier est renvoyé aux autorités responsables pour qu’elles prennent leurs décisions concernant l’EE et assurent la mise en oeuvre des mesures d’atténuation et du programme de suivi.
La diapositive 7 porte sur les commissions d’examen composées d’experts nommés par le ministre de l’Environnement. Les commissions sont établies pour les projets qui sont les plus susceptibles de causer des effets environnementaux négatifs importants ou les projets à l’égard desquels les préoccupations du public justifient la tenue d’un tel examen par rapport à des questions de compétence fédérale.
[Français]
À l'heure actuelle, il y a 11 commissions d'examen en cours.
Une commission d'examen tient des audiences publiques qui permettent aux parties intéressées de présenter verbalement des arguments.
[Traduction]
Une commission d’examen n’est pas une instance décisionnaire. Elle présente des recommandations au gouvernement. Les commissions d’examen sont souvent établies conjointement avec une province ou une autre autorité fédérale disposant d’un processus d’audience publique, comme l’Office national de l’énergie.
Après un examen par une commission, les autorités responsables élaborent la réponse du gouvernement qui est approuvée par le Cabinet. Par la suite, les autorités responsables sont tenues d’assurer la mise en oeuvre des mesures d’atténuation et du programme de suivi.
La diapositive 8 décrit le rôle particulier du ministre de l’Environnement et de l'agence dans le processus d’EE. Le ministre exerce des pouvoirs et des fonctions dans le cadre de certaines évaluations, comme émettre une déclaration de décision à la fin d’une étude approfondie.
[Français]
Le ministre oriente également le processus en proposant des règlements, en publiant des lignes directrices et en concluant des ententes avec d’autres champs de compétence.
[Traduction]
Avant la décision Mines Alerte de la Cour suprême en janvier 2010, on supposait que toutes les autorités responsables avaient le pouvoir discrétionnaire de limiter la portée d’un projet. Le tribunal a statué que ce n’était pas le cas. Plus exactement, la portée d’un projet est le projet tel que proposé par le promoteur.
[Français]
L’Agence canadienne d’évaluation environnementale relève du .
[Traduction]
L’agence offre un appui aux autres organismes fédéraux au moyen de formation et d’orientation. Nous administrons le site Internet du Registre canadien d’évaluation environnementale fournissant de l’information sur les diverses évaluations.
En tant que présidente de l’agence, je suis l’administratrice fédérale du processus fédéral d’EE en vertu de la Convention de la Baie James et du Nord québécois. En 2010, une décision de la Cour suprême venait confirmer que la Loi s’appliquait sur le territoire visé par l’entente. Nous nous efforçons de nous assurer que les exigences de chaque processus sont appliquées de manière à éviter tout dédoublement.
Comme je l’ai mentionné plus tôt, l’agence est responsable de la majorité des études approfondies. Nous assumons également le rôle de coordonnateur des consultations de l’État pour ces projets et la plupart des autres grands projets de ressources. Cela est en raison du fait que le gouvernement a choisi d’intégrer, dans la mesure du possible, l’obligation légale de consulter les groupes autochtones dans le processus d’EE. Le processus d’EE se prête particulièrement bien à l’exercice de cette responsabilité; les points de vue et le savoir des groupes autochtones peuvent être utilisés pour assurer un examen approfondi des changements potentiels de l’environnement qui peuvent avoir une incidence sur les droits ancestraux ou issus de traité.
Un des avantages réside dans le fait qu’une EE débute dès le commencement de la phase de planification d’un projet, bien avant les décisions définitives. Une EE comporte également des points stratégiques qui offrent une possibilité naturelle de consultation. Cela permet d’assurer des consultations significatives auprès des groupes autochtones.
Enfin, le programme d’aide financière aux participants, exigé en vertu de la loi, est un moyen efficace d’attribuer des fonds aux groupes autochtones en vue de la tenue de consultations sur les projets évalués dans le cadre d’une étude approfondie ou d’une commission d’examen.
La diapositive 9 porte sur la collaboration fédérale-provinciale, un aspect essentiel de l’EE au Canada.
Toutes les provinces ont un processus d’EE comportant des normes et des pratiques précises.
[Français]
C’est pourquoi un des objectifs de la loi est de promouvoir la collaboration entre les gouvernements fédéral et provinciaux.
[Traduction]
Des ententes bilatérales avec les provinces et des ententes relatives à des projets ont pour but de réaliser l’objectif « un projet — une évaluation ». Une évaluation coopérative évite la répétition tout en respectant les pouvoirs constitutionnels et les responsabilités légales de chaque palier de gouvernement.
En 2009, le Conseil canadien des ministres de l’Environnement a examiné la difficulté de combiner le processus fédéral avec différents processus provinciaux. Il a recommandé que chaque administration veille à ce que son régime législatif comporte des outils de coopération, notamment des processus conjoints, la délégation et la substitution.
Actuellement, la loi permet qu’une évaluation environnementale, ou une partie, soit déléguée à une autre instance. La loi prévoit également des processus conjoints comme celui d’une commission d’examen conjoint. La loi ne contient pas de disposition de substitution fédérale provinciale qui permettrait que le processus d’EE d’une administration puisse remplacer celui d’une autre. Dans le cadre de la substitution, les deux paliers de gouvernement conserveraient leur pouvoir de décision à la fin de l’EE.
La diapositive 10 décrit quelques-unes des difficultés que nous avons rencontrées dans le cadre de la mise en oeuvre de la législation au cours des 15 dernières années. La première difficulté réside dans le fait que certains projets qui ont le potentiel de causer des effets négatifs sur des questions de compétence fédérale ne nécessitent pas d’EE parce qu’aucune décision fédérale n’est liée au projet. En d'autres mots, il n'y a pas de mécanisme déclencheur.
La deuxième difficulté concerne le point soulevé plus tôt en ce qui a trait à la mise en oeuvre de la loi par plus de 40 autorités fédérales. La coordination fédérale est un des problèmes qui a été soulevé par le commissaire à l’environnement et au développement durable dans son rapport de 2009. Depuis, des modifications ciblées ont réglé ce problème en partie pour les grands projets en rendant l’agence responsable de la réalisation des études approfondies. Le problème subsiste pour les examens préalables.
En outre, le processus décisionnel à la fin d’un processus d’étude approfondie demeure un processus en deux étapes dans le cadre duquel le ministre de l’Environnement prend une décision, puis la renvoie à une ou plusieurs autorités responsables pour qu’elles rendent leur décision concernant l’EE.
[Français]
La troisième difficulté est due au nombre de petits projets courants qui nécessitent une évaluation environnementale, comme je l'ai mentionné dans la description de l'évaluation environnementale de type examen préalable.
[Traduction]
La quatrième difficulté est liée à l’absence d’un cadre d’exécution dans la loi. La loi est tributaire de mécanismes d’exécution qui figurent dans d’autres lois. L’expérience a montré que, souvent, ces autres lois ne cadrent pas avec les objectifs de l’évaluation environnementale, ce qui complique la mise en oeuvre et la surveillance de mesures d’atténuation appropriées.
Il arrive souvent qu’une évaluation environnementale soit déclenchée en raison d’une décision réglementaire fédérale concernant un projet. Par exemple, un certain ministère peut avoir à délivrer un permis. Ce ministère aura un rôle important dans le processus d’évaluation environnementale. Parallèlement, d’autres ministères fourniront des renseignements pertinents sur les risques environnementaux et la façon de les atténuer. Bien que le ministère qui prend la décision d’octroi de permis soit capable d’utiliser son permis pour préciser et mettre en oeuvre des mesures d’atténuation pour les questions relevant de son mandat, d’autres ministères sans pouvoir d’octroi de permis ne sont pas en mesure de le faire.
La loi présume qu’une autorité fédérale utilisera son pouvoir d’octroi de permis pour exiger les mesures d’atténuation appropriées pour les questions relevant du mandat d’un autre ministère. À titre d'exemple, la loi présume que Pêches et Océans Canada utilisera les pouvoirs que lui confère la Loi sur les pêches pour protéger les oiseaux migrateurs qui relèvent du mandat d'Environnement Canada. Dans la pratique, les problèmes de responsabilité ainsi que les contraintes juridiques ont dissuadé les autorités fédérales d’inclure ces conditions dans leurs permis et, à plus forte raison, à leur donner effet.
Enfin, le commissaire à l’environnement et au développement durable, entre autres, a souligné la difficulté d’utiliser un processus qui évalue des projets individuels pour évaluer également les effets cumulatifs d’un grand nombre de projets dans une région. La loi ne contient aucune disposition qui autorise des évaluations régionales approfondies.
Monsieur le président, je ne voudrais pas vous donner l'impression, toutefois, qu'il n'y a que de mauvais côtés. La dernière diapositive souligne quelques-unes des dispositions de la loi qui produisent, à notre avis, de bons résultats. Premièrement, le site Internet du Registre, ajouté à la suite du dernier examen de la loi en 2003, a été fort utile en offrant au public un accès facile à l’information relative aux projets et aux avis publics.
[Français]
Un autre succès dont j'ai parlé plus tôt est que nous commençons maintenant des études approfondies consécutivement à celles des provinces, ce qui évite les répétitions et rend le processus beaucoup plus efficace.
[Traduction]
Au cours de la période d’application de la loi, les commissions d’examen ont fourni des EE de grande qualité aux décideurs gouvernementaux. En fait, les auteurs de l’examen décennal de la législation en Australie ont mentionné explicitement l’expérience positive du Canada et a recommandé que la même approche soit adoptée dans ce pays.
Notre approche pangouvernementale de consultation auprès des Autochtones, qui intègre ces consultations au processus d’EE, dans la mesure du possible, a remplacé les efforts fragmentaires antérieurs sans coordination.
Monsieur le président, c’était un aperçu de la loi et de son application.
Nous attendons vos questions avec intérêt et espérons aider le comité à réaliser cet examen.
Merci.