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Mesdames et messieurs, bonjour.
Je me présente ici au nom de l'Assemblée des Premières Nations. Nous nous sommes notamment demandé comment faire en sorte que le Plan de conservation national complète ou améliore la conservation des habitats.
L'APN a déjà présenté des observations au sujet du Plan de conservation national, l'accent étant mis sur les liens qui existent entre la conservation, les Premières Nations, les savoirs traditionnels et les utilisations coutumières et durables des ressources biologiques. L'APN a formulé trois recommandations destinées à assurer le succès du PCN. Il faudrait, en premier lieu, pour assurer la coordination des efforts, obtenir la participation à tous les niveaux, national, régional et local — cela est extrêmement important. Il faudrait, ensuite que nous ayons, sur l'ensemble de nos territoires traditionnels, l'occasion d'appliquer et d'échanger nos savoirs et pratiques traditionnels. Puis, en troisième lieu, il faudrait que le PCN encourage, dans les partenariats entre les Premières Nations et les divers secteurs d'activité économique, ou avec des ONG, l'adoption d'une approche essentiellement axée sur les droits.
C'est dans ce contexte-là que nous souhaitons aborder les sujets suivants: le premier concerne les organisations et groupes les plus efficaces. Les plus efficaces sont ceux qui regroupent tout un éventail d'intérêts, qui sont pilotés par des Premières Nations et qui fournissent à celles-ci l'occasion de mettre en pratique leurs savoirs traditionnels. Le deuxième point concerne l'espace qui doit permettre l'exercice de ces pratiques coutumières et durables: les droits de récolte des Premières Nations, les utilisateurs des ressources, la conservation, la protection des habitats sans privilégier certaines espèces par rapport aux autres. Un des principaux aspects de la question concerne l'emploi des outils les mieux adaptés à la situation pour qu'en matière d'environnement, les avantages et charges économiques soient répartis de manière équitable afin d'assurer des résultats favorables tant sur le plan économique que sur le plan de l'environnement. Cette idée figure dans le rapport sur le plan de conservation national.
Pour définir ce qu'on entend par aires terrestres protégées, il faut réfléchir à la question des terres exploitées. Cette question est d'une grande importance, notamment dans le contexte des Premières Nations. La superficie des terres dont peuvent disposer les Premières Nations — je précise que ces chiffres proviennent de données anciennes — ou des terres exploitées dont disposent des Premières Nations, est d'environ 1 176 hectares en moyenne, soit la taille moyenne d'une réserve au Canada. C'est une superficie assez modeste pour des terres vouées à une utilisation économique, sociale et culturelle. Or, il ressort que, dans leur état actuel, les mesures de conservation nuisent à une utilisation efficace des terres en question.
Un autre aspect de la question concerne les espèces protégées. Depuis longtemps, ceux qui, au sein des Premières Nations, ont conservé les savoirs traditionnels insistent sur l'importance de la protection des habitats, stratégie qui est essentielle à la préservation et au renforcement de l'intégrité écologique. Il est donc essentiel que le PCN reconnaisse la différence qui existe entre conservation des habitats et conservation des espèces.
Les mesures de protection qui ne visent pas en même temps la protection des habitats ne donneront vraisemblablement pas les résultats voulus. Nous entendons par cela que l'on ne peut pas, sur un territoire donné, entendre protéger une espèce en particulier. La question doit en effet être envisagée dans un contexte plus large. La protection que l'on entend accorder aux poissons doit s'étendre aux autres espèces. En Colombie-Britannique, on vise, de manière plus globale, les oiseaux, les ours, les autres mammifères et toutes les utilisations pouvant être faites des terres. C'est dire qu'on ne peut pas envisager des mesures de protection qui ne s'appliquent qu'à une seule espèce.
L'autre volet du problème concerne la gestion par les Premières Nations par rapport aux mesures décrétées par le gouvernement fédéral pour le rétablissement des espèces et la distinction faite entre les espèces et leurs habitats. Si l'on veut voir aboutir les efforts de conservation, le gouvernement doit manifester la volonté de collaborer avec tous les Canadiens en employant les outils adaptés à la fois aux droits existants et aux circonstances.
La collaboration n'est pas quelque chose de facultatif. Elle est nécessaire et le gouvernement doit la promouvoir et la soutenir. C'est ce que prévoyait l'article 30 du Plan de conservation national. C'est encore plus évident lorsque vous envisagez les mesures de conservation dans le contexte de la Loi sur les espèces en péril.
Une des questions que soulève la Loi sur les espèces en péril concerne la différence qu'il convient de noter entre la manière dont cette loi a été utilisée et la manière dont elle est appliquée. On a constaté en Colombie-Britannique, que dans certains cas la loi n'est que partiellement appliquée, et cela au détriment d'une utilisation économique des terres par les Premières Nations. On l'a vu dans le cas de la bande indienne d'Osoyoos. On a, en l'occurrence, notamment relevé le manque d'application de certaines dispositions précises de la Loi sur les espèces en péril. La protection de la zone en question était certes assurée mais sans que soit accordé à cette Première Nation qui procédait à l'aménagement de ses terres, une indemnisation suffisante. Cela a soustrait aux projets d'aménagement envisagés par la communauté presque 80 p. 100 des terres les plus productives.
Je vous cite cette situation en exemple, mais ce n'est pas la seule. Vous savez tous de quoi l'on parle lorsqu'on évoque le recours à ce genre de mesures normatives. On ne peut pas tout simplement choisir celles que l'on entend appliquer, et ignorer les autres. Tout cela doit se faire de manière globale. La Loi sur les espèces en péril contient un certain nombre de mesures utiles, mais bon nombre d'entre elles seraient plus utiles encore si l'on appliquait l'ensemble des dispositions prévues par la loi. L'élaboration de cette loi a exigé de grands efforts. De nombreuses Premières Nations ont travaillé sur ce texte dans le cadre du Groupe de travail autochtone. Il y a eu une participation très directe du début à la fin. Ce texte pourrait donner les résultats voulus, mais encore faudrait-il l'appliquer.
On ne doit pas, encore une fois, se contenter d'appliquer les mesures qui s'accordent avec tel ou tel objectif restreint. S'agissant de conservation, on ne peut pas faire l'impasse sur le volet économique de l'aménagement de terres, surtout des terres de réserve. C'est particulièrement vrai lorsqu'on songe que les réserves ont en moyenne une superficie qui ne dépasse pas 1 174 hectares. La marge de manoeuvre n'est pas grande. Il est donc essentiel, et en particulier en matière de conservation, de réfléchir à la manière dont tout cela va s'articuler entre les paliers régional, municipal, provincial et fédéral. Il est essentiel d'agir dans le cadre de partenariats, faute de quoi nous n'arriverons à rien. Si l'on entend faire assumer à un pan de notre société tout le fardeau de la conservation, on ne peut pas espérer réussir, que ce soit au niveau de la conservation ou au niveau des moyens devant permettre aux peuples intéressés d'assurer leur développement économique ou social.
Ajoutons que toute stratégie de rétablissement des espèces en péril doit comprendre des communications directes avec les Premières Nations les plus touchées, comme cela s'est fait pour les stratégies de rétablissement du caribou des bois de la population boréale. De nombreuses communautés n'avaient pas été informées au préalable et n'ont par conséquent pas pu participer à cette stratégie de rétablissement. S'agissant d'activités de subsistance, et des changements qui vont intervenir, on ne peut pas tout simplement décréter des mesures et s'attendre à ce que tout le monde les accepte et contribue à les mettre en oeuvre.
Il faut renforcer la participation des Premières Nations à la conservation des habitats, notamment en ce qui concerne la protection des écosystèmes en péril et la biodiversité menacée.
Les crédits affectés au programme de partenariat sur les espèces exotiques envahissantes ont été supprimés en 2012. Il y a là quelque chose qu'il convient de bien comprendre. En ce qui concerne les espèces exotiques envahissantes, les Premières Nations considèrent que tout ce qui s'attaque aux espèces indigènes, les déloge et se dispute leur territoire, porte atteinte à nos droits ancestraux. Soit on cherche à contrer ces nouvelles espèces, soit on accepte la disparition des espèces indigènes. Il est donc extrêmement important de pérenniser les programmes de partenariat sur les espèces exotiques envahissantes, d'autant plus que ces espèces portent atteinte à nos droits.
En ce qui concerne maintenant une meilleure conservation des habitats... Le rôle des Premières Nations dans la conservation des habitats découle des droits autochtones inhérents et de leurs titres ancestraux, les deux étant garantis par la Constitution. C'est un fait. En ce qui concerne également la conservation des espèces, là encore, les droits autochtones entrent en jeu, car la disparition d'une espèce entraîne l'extinction du droit en question. Les tribunaux ont, à maintes reprises, eu l'occasion de le préciser et de rappeler que l'extinction d'un droit relève d'une procédure très stricte. J'estime qu'il faut tenir compte de cela, qu'il s'agisse de conservation, de planification ou de protection.
Il convient donc de mettre en oeuvre des politiques et pratiques qui encouragent, intègrent et protègent les savoirs traditionnels autochtones. Je pourrais d'ailleurs vous citer plusieurs exemples de la manière dont ces savoirs traditionnels sont actuellement mis en oeuvre.
Il se trouve, sur la côte ouest de l'île de Vancouver, des parcs à myes qui remontent à plus de 5 000 ans.
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Bonjour monsieur le président. Je vous remercie.
Je tiens également à remercier les membres du comité d'avoir invité le Conseil des peuples autochtones des Maritimes à prendre la parole sur la question extrêmement importante des moyens qui permettraient au Plan de conservation national de compléter et d'améliorer la conservation des habitats au Canada.
J'espère, monsieur le président, que vous me pardonnerez mes efforts pour parfaire votre prononciation du mot Ikanawtiket. Il s'agit d'un mot micmac voulant dire la voie d'un chef qui mène au respect de l'environnement.
Je tiens aussi à m'excuser de ne pas avoir pu remettre à l'avance les sept pages de mon exposé qui, entre-temps, a été remis au greffier du comité en vue de sa traduction. J'ai également apporté deux brochures qui ont déjà été distribuées, et qui contiennent un exposé plus détaillé de la question. Ces exposés ont été présentés à la 11e réunion de la Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique qui s'est tenue en octobre dernier à Hyderabad, en Inde. Ce rapport a été remis, en français et en anglais, au greffier en vue de sa diffusion.
Sur notre site Internet, www.mapcorg. ca, vous trouverez également d'autres exposés sur des sujets analogues tels que la mise en oeuvre de la Loi sur les espèces en péril. Je regrette de ne pas en avoir apporté de copies papier.
Je comparais devant vous en tant que représentant des peuples autochtones Micmacs, Malécites et Passamaquoddy qui, dans toute la région des Maritimes, continuent à habiter leurs terres ancestrales. Je n'aurai pas, hélas, le temps de vous faire l'historique de notre groupe d'organisations, mais je me suis muni d'une brochure détaillée et d'un CD audio. Il n'existait, hélas, qu'en version anglaise, et je ne peux donc pas vous le distribuer. Si vous souhaitez le consulter en anglais, je le tiens à votre disposition. Notre site Internet et la brochure devraient répondre aux questions que vous pourriez avoir concernant nos organisations et leurs activités.
Conformément aux voeux du comité permanent, je tenterai de ne pas dépasser les 10 minutes qui me sont accordées. Si je déborde légèrement, j'espère que vous me pardonnerez. J'encourage les membres du comité à lire, dans les brochures rouge et bleue, les sept pages de notre exposé. Qu'il me soit permis de dire que si les membres du comité ne parviennent pas entièrement à saisir le contexte de notre histoire, et le sort qui a été le nôtre en tant que peuple ayant subi des « dommages collatéraux », ce sera parce que nous ne parlons pas le même langage et que nous sommes privés des services d'un interprète.
Je tiens à préciser d'emblée que le mot « conservation », du moins dans son acception occidentale courante, est étranger aux peuples autochtones. Il en va de même du mot « habitat » puisqu'il s'agit, pour nous, de notre foyer, de la terre de nos ancêtres, de la patrie de ceux qui nous suivrons. Dans l'optique écocentrique qui est celle des Autochtones, il est impossible de vouloir protéger quelque chose par des moyens qui empêchent en même temps de l'utiliser, de le partager.
Nous avons, par le passé, été piégés par la manière dont les colons maniaient le vocabulaire. A priori, un plan de conservation national semble effectivement s'imposer, mais des mots tels que « habitat » et « conservation », peuvent nous paraître, à nous, rusés, poisseux. Vos six questions pourraient finir par être pour nous un leurre si, avant d'y répondre, nous ne tombons pas d'accord sur un langage commun afin que les conversations puissent déboucher sur quelque chose. Au lieu, donc, de soutenir, ou de ne pas soutenir la recommandation tendant à l'élaboration d'un plan de conservation national, je souhaiterais préciser que, pour nous, les questions posées sous cette forme nous éloignent de la réalité qui est que la conservation est inséparable d'une utilisation durable.
Les États signataires de la Convention sur la diversité biologique ont manifestement tout fait pour que le mot « conservation » ne soit jamais employé isolément. Le mot ne fait d'ailleurs, dans la convention, l'objet d'aucune définition. Il y a à cela une excellente raison. Dans le texte de la convention, les mots « conservation » et « utilisation durable » sont employés côte à côte, l'idée étant d'en faire un seul et même concept de « conservation et utilisation durables », afin qu'aucune partie à la convention ne puisse accorder à la préservation de quelque chose davantage d'importance qu'à son utilisation, ou tracer sur une carte ou dans un texte de loi une ligne entre ce qui est conservé ou protégé, et le reste du monde, où tout se passe comme si de rien n'était.
Selon nous, le mot « conservation », du moins dans sa version anglaise, est trompeur, car il tend à dire que le monde naturel constitue quelque chose de distinct par rapport à notre lieu d'habitation, à nous-mêmes, et qu'il convient de le protéger contre quelque chose qui lui serait étranger. Étant donné cette distinction, je dois vous dire que, compte tenu du point de vue écocentrique qui est leur, les peuples autochtones ont beaucoup de mal à parler de conservation avec des peuples non autochtones dont le point de vue est plutôt homocentrique. Après toutes les générations de colons qui, au fil des ans, sont venus habiter dans nos terres ancestrales de l'Île-de-la-Tortue, nous ne parlons toujours pas le même langage.
Je dois, à cela, ajouter un élément déterminant du préambule de la convention, où il est affirmé que la conservation de la diversité biologique est une préoccupation commune à l'humanité. Cette phrase écarte à elle seule toute idée que l'utilisation des ressources naturelles ne relèverait que des compétences nationales, quoi que puissent en dire les conventions, accords ou protocoles internationaux, voire les lois suprêmes d'un État et, en l'occurrence, j'entends par cela la Loi constitutionnelle de 1867 ainsi que de la Loi constitutionnelle de 1982.
Mon exposé repose en outre sur une réalité essentielle rappelée en septembre 2007 par la communauté internationale, c'est-à-dire qu'il y a:
[...] la nécessité urgente de respecter et de promouvoir les droits intrinsèques des peuples autochtones, qui découlent de leurs structures politiques, économiques et sociales et de leur culture, de leurs traditions spirituelles, de leur histoire et de leur philosophie, en particulier leurs droits à leurs terres, territoires et ressources [...]
Cet extrait est tiré de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
Cette déclaration récente nous rappelle un principe affirmé il y a 20 ans à Rio de Janeiro, mais qui, au Canada, demeure inappliqué. Selon ce principe:
Les populations et communautés autochtones et les autres collectivités locales ont un rôle vital à jouer dans la gestion de l'environnement et le développement du fait de leurs connaissances du milieu et de leurs pratiques traditionnelles. Les États devraient reconnaître leur identité, leur culture et leurs intérêts, leur accorder tout l'appui nécessaire et leur permettre de participer efficacement à la réalisation d'un développement durable.
Certains des témoins qui ont comparu devant le comité permanent ont rappelé, dans le cadre de leurs exposés, combien il est important que le gouvernement saisisse les occasions de soutenir des initiatives locales, et combien il est important de relier ces initiatives à une action plus globale afin de jeter les bases de solutions durables et efficaces.
Mais quelles peuvent être les occasions que le gouvernement du Canada offrirait en appui à une participation forte et efficace des peuples autochtones aux initiatives de conservation et à l'utilisation durable des ressources naturelles alors que les projets de loi et érodent des garanties essentielles sans même songer à inviter ou consulter les peuples autochtones; lorsqu'on continue à refuser aux peuples autochtones l'accès à la terre, à l'eau et aux ressources en raison de coupes à blanc massives, de mégaprojets dans le secteur minier, de vastes projets hydroélectriques et autres grands projets d'exploitation des ressources naturelles; lorsque le Canada ne manifeste aucun respect pour les droits inhérents des peuples autochtones et continue, devant les instances internationales, à soutenir que les peuples autochtones n'ont aucun droit aux ressources, génétiques ou autres, qui se trouvent sur leurs terres et territoires ancestraux; lorsque, devant la plupart des instances qui invitent les savoirs autochtones, les décideurs les considèrent comme inférieurs, ne les envisagent qu'après coup ou n'en tiennent éventuellement compte que pour combler les quelques lacunes de la science occidentale; lorsque, au cours des 10 dernières années, des tables rondes instructives et inclusives, des comités regroupant les acteurs concernés, des comités consultatifs et autres instances sont réduits au rang d'organe de mise à jour, ou bien purement et simplement supprimés pour cause de coupures budgétaires — l'actuel gouvernement du Canada ne peut-il pas obtenir par la négociation les redevances qui lui permettraient à tout le moins de financer le fonctionnement de ce genre de mécanismes où devraient se discuter les affaires publiques? — lorsque le gouvernement du Canada s'est incliné devant les milieux industriels en permettant une application abusive du Règlement sur les effluents des mines de métaux, en subventionnant les compagnies minières à coup de déductions pour amortissement, en n'exigeant pas la construction d'étangs de retenue d'effluents des mines de métaux, qui, bien sûr, aurait exigé des millions de dollars en ingénierie et en construction, et en permettant que des lacs naturels soient, par décret, inscrits à l'annexe afin de pouvoir servir d'étangs de retenue des effluents des mines de métaux. C'est le même gouvernement qui, en 2012, à l'encontre de notre volonté, a retiré de nos territoires des artéfacts autochtones pour les transporter à Ottawa où ils sont actuellement entreposés.
La promesse, donc, de soutenir, de respecter, de préserver et d'entretenir les savoirs et la conception du monde propres aux peuples autochtones a été faite en 1996 par le gouvernement du Canada lorsqu'il a rendu publique la stratégie canadienne de la biodiversité. Dix-sept ans plus tard, nous attendons toujours que le Canada se décide à tenir les promesses qu'il a faites aux peuples autochtones.
Comme beaucoup de Canadiens, j'ai appris, la semaine dernière, que le Canada s'est retiré de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification. Selon un porte-parole, cette convention coûte cher aux Canadiens et n'a pas donné grand-chose au niveau de l'environnement. Puis-je, en toute déférence, appeler le très honorable et les membres de son cabinet à suivre une formation de base sur les Nations Unies en tant que forum multilatéral. Ils apprendront ainsi que les conventions et protocoles négociés dans le cadre des Nations Unies sont l'aboutissement de débats et de discussions entre les représentants de sept milliards de personnes afin de parvenir à une approche commune des problèmes qui se présentent.
Compte tenu d'un environnement qui, à l'échelle planétaire, forme un tout, compte tenu aussi d'une économie mondialisée, il est absurde de penser que le Canada, dont le territoire représente la deuxième masse terrestre du monde, puisse faire cavalier seul et ne pas répondre à cet appel lancé par le monde tout entier, appel qui, pourtant, trouve écho au sein de la population canadienne et qui, je tiens à le rappeler, a été à maintes reprises lancé par des générations d'Autochtones.
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J'ai trois recommandations à formuler. Je vais en donner très brièvement lecture.
Le Canada doit voir, dans la conservation et l'utilisation durable, une seule et même notion, dont nous devons faire notre principal objectif et le fondement des politiques publiques.
Le Canada doit reconnaître que les Canadiens veulent que l'on parvienne à un développement durable et souhaitent pour cela une forte impulsion politique.
Le Canada ne peut pas, à l'échelle interne, continuer à minimiser ou à délaisser les importantes tâches internationales qui lui incombent.
Monsieur le président, mesdames et messieurs membres du comité, j'espère que vous comprendrez, à la lecture de nos arguments, pourquoi nous hésitons devant ce nouveau plan de conservation national. Nous aimerions être en mesure de répondre à vos six questions, mais dans quel but?
Nous voulons croire que ce nouveau plan permettra de mettre en oeuvre les moyens de compléter et d'améliorer au Canada la conservation et l'utilisation durable des ressources. Tant, cependant, que le pouvoir exécutif du pays n'aura pas, par des mesures sérieuses et tangibles, manifesté son engagement envers la conservation et l'utilisation durable des ressources, la mise en oeuvre d'un plan de conservation national ne répondra pas, de manière significative, à l'appel et aux besoins des peuples autochtones, des Canadiens et de la communauté internationale.
Tout cela est exposé de manière beaucoup plus détaillée dans nos rapports.
Je vous remercie. O'weliaq.
Merci, monsieur le président.
Je tiens aujourd'hui à poursuivre dans la ligne de ce que ma collègue, Linda Nowlan, de notre bureau de Vancouver, vous a dit le 15 mai dernier au sujet du plan de conservation national. Elle vous a alors fait un exposé assez détaillé. Aujourd'hui, je voudrais m'en tenir aux six questions auxquelles le comité nous a demandé de répondre.
Permettez-moi d'abord de vous dire quelques mots de mes antécédents. Je me suis joint au WWF il y a 17 ans. Avant cela, j'ai travaillé pour les gouvernements de Grande-Bretagne et du Canada. Mon domaine de spécialisation était la conservation de la nature, et les sciences appliquées de la nature. J'ai souvent été appelé à collaborer, au niveau local, avec des propriétaires et gestionnaires terriens pour trouver des solutions pratiques permettant de préserver la biodiversité dans des zones habitées. J'ai donc acquis en ce domaine une certaine expérience de ce qui marche et de ce qui ne marche pas.
Je suis toujours membre du comité consultatif sur les espèces en péril, le CCEP, nommé par le ministre. Nous voudrions, aujourd'hui, insister sur certaines des solutions mises en avant par des gens de ma génération et de ma formation — c'est-à-dire des gens qui représentent essentiellement les industries et acteurs intéressés du pays. Ce sont, d'après moi, les solutions pratiques qu'il nous faut, notamment pour assurer la conservation et la durabilité de certains secteurs de notre société.
Ce qui me paraît être le point important, c'est que ces divers plans et solutions devraient introduire, tant au niveau de la faune qu'au niveau des habitats naturels, davantage de certitude et de résilience, ce qui est conforme à l'intérêt des gens qui vivent de la terre.
Je précise, pour ceux qui ne le sauraient pas, que le WWF a pour mission d'empêcher la détérioration de l'environnement naturel de la planète et de bâtir un avenir où l'être humain vivra en harmonie avec la nature. C'est essentiellement pour cela que mon travail au WWF me plaît tellement, puisqu'il consiste à contribuer à la création, à la mise en place et à l'application de plans et de solutions qui parviennent à un équilibre entre les besoins de la population et ce dont la faune a besoin pour se maintenir en existence.
Pour parvenir à un tel équilibre, il faut, d'abord, établir un cadre formé de plans intelligents dressés à l'échelle spatio-temporelle qui convient. Tout le monde souhaite réduire les risques auxquels sont exposées les choses qui lui semblent précieuses, dont les diverses composantes de l'écosystème. La plupart des secteurs industriels progressistes, et les populations locales qui le sont tout autant souhaitent voir adopter des plans à long terme qui permettent cela, apportant ainsi davantage de certitude à la fois à ceux qui investissent des capitaux et aux personnes appelées à participer à ces projets ou responsables des zones concernées. Cela permet en même temps de préserver la biodiversité des écosystèmes naturels et de protéger les espèces en péril. Mais il nous faut pour cela établir des plans adaptés et progressistes axés sur les écosystèmes adaptés au niveau de paysage. C'est là, naturellement, qu'interviennent le plan de conservation national et les initiatives de même genre.
Ce type de planification n'est pas vraiment nouveau. En effet, cela se fait déjà, dans divers pays, depuis 20 ou 30 ans. Citons, parmi les plans les plus progressistes, les plans stratégiques d'évaluation environnementale, les plans de conservation des habitats axés sur les écosystèmes et, bien sûr, les plans régionaux multizones adaptés aux divers niveaux, dont celui du comté et de la municipalité.
En ce qui concerne la première question, celle qui concerne les intervenants, il est, comme ma collègue l'a rappelé, absolument essentiel d'obtenir la participation de tous les acteurs concernés. On relève, à l'heure actuelle, au Canada, quelques bonnes initiatives en matière d'intendance des terres. Parmi celles dont vous avez peut-être entendu parler, on peut citer Canards Illimités, Conservation de la nature Canada, divers projets locaux de protection des espèces en péril, et le Programme d'intendance de l'habitat d'Environnement Canada. Mais évidemment, la situation actuelle impose un recours beaucoup plus large à ce genre d'initiatives.
Je conviens parfaitement que le gouvernement ne peut pas faire tout à lui seul. Aucune entreprise n'en est capable non plus. Il faut, manifestement, tout un ensemble d'outils adaptés qui permettent de favoriser et d'assurer une intendance beaucoup plus énergique, beaucoup plus efficace et plus économe de nos ressources naturelles, y compris les habitats. J'estime qu'avec les mesures d'incitation et de surveillance nécessaires, et la mise en place de plans adaptés axés sur les écosystèmes, ce genre de plans peut être mis en oeuvre à tous les niveaux dans le cadre de partenariats de travail étroits. C'est une nécessité qui ne se discute même pas.
En ce qui concerne maintenant votre deuxième et votre troisième question, que j'ai réunies sous la rubrique « Connaissances et expertise », nous avons, collectivement au Canada, une masse considérable de connaissances concernant la conservation des habitats, mais l'information est assez dispersée. Cela se comprend d'ailleurs étant donné la diversité des écosystèmes et l'étendue de notre territoire.
On relève par ailleurs un certain nombre de lacunes. C'est ainsi, par exemple, que les groupes qui se consacrent à la surveillance, à la protection et au rétablissement des habitats et des espèces ont du mal à se procurer sous une forme accessible les renseignements nécessaires à l'élaboration de ce type de plans. Cela étant, le WWF s'attache actuellement à une évaluation de l'écosystème d'eau douce au Canada. Nous allons devoir recueillir toutes les données disponibles et, à partir de ces données, établir, dans la transparence et sur la base de nos connaissances scientifiques, un index intelligible des évaluations environnementales portant sur les systèmes d'eau douce, à commencer par notre système fluvial exceptionnel.
Pour ce qui est de la quatrième question — comment définir les « terres protégées »? — Je n'entends pas proposer une définition, mais il s'agit, bien sûr, d'assurer la survie, dans les zones en question, de ce que la société considère comme précieux. L'espèce humaine est à même de gérer son activité dans un lieu donné, armée comme elle est de connaissances lui permettant de savoir quels sont les risques et les incidences de ses comportements et, par conséquent, de pérenniser ce qui lui est précieux. Il s'agit, pour certains, de préserver les territoires de chasse, ou les terres agricoles. D'autres privilégient le maintien de la biodiversité et des mécanismes naturels dans une zone dénuée d'activité humaine. Pour d'autres encore, il peut s'agir d'assurer, dans la même zone, le développement économique des ressources, renouvelables ou non.
Muni d'une expérience mondiale de 50 ans, le WWF est persuadé que le meilleur modèle est l'approche sur deux fronts. Pour les systèmes marins et aquatiques, les écosystèmes terrestres, le niveau le plus élevé de protection est accordé à un réseau hautement représentatif de zones revêtant le plus de valeur au plan de la conservation. Il s'agit, essentiellement, de les protéger contre les effets négatifs accumulés de l'activité humaine. La planification se fait à l'échelon régional, en fonction des écosystèmes des diverses zones de la région, avec une gestion adaptée au développement économique en ayant recours aux meilleures pratiques et à divers autres outils d'analyse. Tout cela se déroule dans le cadre d'un régime de gestion modulable, généralement considéré comme le bon moyen d'élaborer un plan, d'en suivre la mise en oeuvre et de le modifier si besoin est, en fonction des informations recueillies.
À une époque de changements relativement rapides des conditions sociales, économiques et climatiques, on ne peut guère penser que les vieilles méthodes conviennent aux conditions nouvelles. De nouveaux plans définis à l'échelle écosystémique et conformes à cette approche sur deux fronts offrent de loin les meilleures chances de préserver la résilience des écosystèmes dont dépendent les habitats, et de permettre à la nature et aux gens de s'adapter comme ils peuvent à ces nouvelles conditions.
En ce qui concerne maintenant les espèces en voie de rétablissement, il nous faut tabler sur un ensemble de mesures gouvernementales et de pratiques d'intendance qui vont au-delà des recommandations que vous ont faites ces deux ou trois dernières années le Comité consultatif sur les espèces en péril et le Fonds mondial pour la nature. Comme mes collègues au sein des divers secteurs industriels, je suis pleinement favorable à une telle approche. Il est maintenant évident que les gouvernements responsables doivent, par les moyens dont nous disposons, accroître la participation des acteurs locaux à l'élaboration et à la mise en oeuvre de ces plans écosystémiques de protection et de rétablissement des espèces et des habitats dont elles dépendent. Les stratégies de rétablissement des espèces et les plans d'action adoptés en vertu de la LEP, dans la mesure où l'échelle spatio-temporelle est adaptée aux besoins des habitats et des espèces en cause, devraient permettre d'assurer le rétablissement des espèces tout en intégrant à l'équation les populations locales.
Ainsi, dans le contexte marin, le MPO a recours à une approche de gestion intégrée pour la gestion des vastes étendues océaniques du Canada. Ces zones pilotes des trois océans qui mouillent les côtes du Canada ont adopté, en matière de gestion, des approches innovantes qui offrent davantage de certitude aux industries maritimes qui souhaitent lancer des projets, les zones de conservation étant désignées d'avance, les activités faisant l'objet d'une gestion adaptée fondée sur des seuils écologiques définis en fonction des étendues océaniques prises dans leur ensemble. Cela facilite, en même temps, la création d'emplois de longue durée et accroît la prospérité économique des communautés locales.
Dans d'autres pays, les accords en matière de gestion de la conservation et les évaluations environnementales régionales stratégiques bénéficient largement de l'appui des divers secteurs industriels, des propriétaires fonciers et autres ayants droit qui y voient des moyens puissants et crédibles de renforcer la bonne intendance du milieu naturel. Ces mesures créent davantage de certitude, car elles réduisent le risque de mauvaises — et coûteuses — surprises, d'actions en justice ou de divers autres obstacles qui peuvent entraver l'activité humaine, à terre ou en mer.
Le Canada n'a pas encore eu beaucoup recours à ce type d'outils. Ayant travaillé pendant 20 ans en Grande-Bretagne, je suis étonné que ces leçons n'aient pas tout simplement été importées.
Comment le gouvernement du Canada peut-il, de manière générale, améliorer nos efforts en matière de conservation des habitats? Il y a, pour cela, trois grands moyens, outre les mesures que nous avons proposées l'année dernière. Le premier est de se décider fermement et d'inscrire les propositions dont je viens de faire état dans un solide plan de conservation national auquel seraient affectés les crédits nécessaires, et d'engranger avec fierté les bons résultats obtenus, de concert avec un nombre croissant d'acteurs concernés, tant sur le plan de la conservation de la nature que sur le plan économique.
Il nous faut, en deuxième lieu, procéder, aux échelles régionales et écosystémiques, à des évaluations environnementales stratégiques complètes des écosystèmes terrestres, d'eau douce et marins du Canada, comme cela s'est fait dans certains autres pays, afin d'imprimer un maximum de résilience à la planification et aux décisions concernant les valeurs sociales, économiques et environnementales.
Et enfin, nous devrions exiger, avant ou lors de l'autorisation donnée à d'importants projets de développement économique, la prise, à l'échelle écosystémique, de mesures de conservation adéquates qui, souvent, viseront la protection des habitats.
Je vous remercie.
:
Merci, monsieur le président.
Messieurs les témoins, merci d'être ici aujourd'hui.
Je retiens de vos témoignages, entre autres, deux choses importantes qui ont été mentionnées.
Tout d'abord, vous avez parlé, monsieur le chef Louis, de l'approche holistique. Or, notre étude va totalement à l'encontre de l'approche holistique, ce que j'ai déploré dès le début. On s'attaque seulement à l'habitat terrestre, alors qu'on devrait avoir une approche holistique. Comme vous l'avez mentionné, l'ours a besoin des poissons pour vivre, par exemple. Donc, on ne peut pas s'attaquer seulement à un aspect d'un plan national de conservation.
J'ai retenu aussi que vous avez bien mentionné, monsieur McNeely, quelles sont les définitions qu'on donne de certains mots, comme « conservation ». C'est important pour qu'on puisse bien appliquer ces concepts.
Au point b. de notre étude, on cherche à déterminer si le Canada dispose de savoirs et de compétences de domaine public en matière de conservation. Or depuis quelques années, on a fait beaucoup de coupes dans la science, justement. Vous avez écrit ceci dans votre livre, que j'ai commencé à feuilleter: « [...] alors que le Canada a mis à pied 1 047 employés aux ministères Ressources naturelles Canada, Environnement Canada et Pêches et Océans Canada depuis avril 2012 [...] »
À cet égard, je voudrais poser la question suivante à vous tous. Croyez-vous que les efforts du gouvernement fédéral en vue d'avoir une science solide et juste sont suffisants pour nous permettre d'affronter les défis de la conservation?
Je ne sais pas si M. McNeely voudrait répondre en premier.
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Je vous remercie. Une excellente question.
Il faut songer au risque que cela pose car, dans la vie de chacun, dans la vie des nations et même de la planète tout entière, cela ne fait maintenant aucun doute, comme cela a été rappelé hier au cours de la réunion organisée par Canada 2020 sur la tarification du carbone.
Il continuera, bien sûr, à y avoir, dans nos connaissances, des lacunes tant dans les sciences que dans l'accumulation de savoirs autochtones. Nous tentons toujours de communiquer les meilleurs renseignements et de mettre à jour les connaissances sur lesquelles sont basées nos décisions. Des organisations telles que le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et l'Agence internationale de l'énergie ont toutes rendu des rapports sur la question. C'est également vrai des Nations Unies et l'UICN. Ce sont les organisations les mieux à même de synthétiser les données et d'en tirer des modèles axés sur les connaissances actuelles.
Il y aura toujours des gens qui persistent à croire que la terre est plate, mais ce n'est plus désormais une simple question d'environnementalisme. Il ne s'agit pas des représentants de tel ou tel secteur industriel qui prônent une solution conforme à leurs intérêts. Non, ce sont là les résultats des efforts menés par la planète tout entière. C'est une tendance que confirment l'ensemble des données recueillies, tous les faits constatés et tous les modèles. Au rythme où nous allons, vu les actuels niveaux de consommation, il nous faudrait déjà, en termes d'espace et de ressources, presque le double de ce que nous avons actuellement. Le problème est donc manifeste. Tout va dépendre des choix que nous allons opérer afin de gérer les risques auxquels nous devons faire face.
Or, ces risques sont évidents. Nous devrions laisser en terre environ les deux tiers de nos réserves de combustibles fossiles. C'est ce qu'indiquent les données les plus avancées que nous avons pu recueillir. Si nous ne le faisons pas, nous reportons le risque sur nos enfants et nos petits-enfants qui, eux, ne pourront pas l'éluder. Nicholas Stern, un des plus prestigieux économistes, s'est prononcé en ce sens.
On pourrait dire que, du point de vue des habitats et des moyens de subsistance des populations locales, les modèles qui orientent l'activité humaine et notre économie sont essentiellement les mêmes qu'à l'époque victorienne, et que nous ne prenons aucunement en compte les risques que nous reportons sur les générations à venir.
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J'aimerais intervenir ici et vous dire simplement merci pour cela car, bien sûr, l'observation est à la base de la science. J'apprécie le fait que vous l'ayez souligné.
Vous avez mentionné la côte ouest de l'île de Vancouver — c'est, bien sûr, de là que je viens — et les chefs nationaux de cette région parlaient du point que vous venez de soulever, soit intervenir pour mieux adapter les espèces naturelles à l'utilisation humaine, ce qui est fait depuis très longtemps. Il y a un mot pour cela dans la langue Nuu-chah-nulth — le chef national, bien sûr, est Nuu-chah-nulth —. Notre ami, M. McNeely a mentionné un terme micmac, mais en Nuu-chah-nulth le terme utilisé est hishuk ish tsawalk qui, littéralement, signifie « tout ne fait qu'un ». Nous sommes dans la nature et la nature est en nous.
Voici un exemple de stratégie de gestion. Récemment, nous avons réintroduit sur la côte ouest de l'île de Vancouver une espèce en péril, la loutre de mer. Elle est très prolifique et se porte très bien là-bas. Cependant, le nom Nuu-chah-nulth de cet animal signifie « Celui qui ne mange que le meilleur », et il est en train de dévaster les bancs de palourdes. Dans les bancs de culture, les loutres mangent toujours les plus grosses palourdes, celles qui sont les plus développées sexuellement, et il en va de même avec le crabe dormeur qui est, bien sûr, une espèce économiquement importante sur la côte ouest.
Ainsi donc, parlant de la Loi sur les espèces en péril, nous devons faire preuve de sagesse en appliquant certains de ces éléments. J'ignore si vous le savez, mais dans la même région, avec le projet de Bamfield Huu-ay-aht, nous avions un projet sur les ormeaux concernant les espèces en péril où, de concert avec l'institut des sciences, on a développé, grâce à des investissements avec le MPO et un travail assidu, un moyen de les cultiver dans un environnement aquacole pour un marché très lucratif, mais faire cela coûte cher et cette espèce est de croissance lente. Le COSEPAC n'a pas trouvé la façon de les commercialiser, malgré le fait qu'on pouvait les nourrir d'une laminaire de couleur différente. Nous avons donc perdu une occasion économique pour les Premières Nations ainsi que beaucoup d'efforts scientifiques en raison du traitement et des autorisations. Ils ne pouvaient pas les permettre, bien que l'on pouvait les cultiver en les nourrissant de laminaires d'une autre couleur de sorte que les coquilles soient d'une autre couleur, et une fois ces mollusques relâchés dans la nature, ils reviendraient à leur laminaire indigène.
Lorsqu'il s'agit de la LEP et de son application, il nous faut appliquer ces choses d'une façon qui ne nous amène pas à nous tirer dans les pieds.
Je me demande si vous êtes conscients de cela et si vous aimeriez commenter la chose.