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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, merci beaucoup de nous donner l’occasion de venir témoigner devant le comité.
Je m’appelle Virginia Poter, et je suis directrice générale du Service canadien de la faune à Environnement Canada.
Le sujet est la conservation urbaine; je vais donc essayer de vous donner un point de vue à ce sujet. La conservation urbaine désigne la protection et la gestion des espèces et des espaces écologiques précieux à l'intérieur et autour des villes, ainsi que des services écosystémiques qu'elles offrent. Comme les définit Conservation de la nature Canada, les activités de conservation urbaine peuvent protéger la biodiversité dans les zones urbaines ou encore maintenir ou améliorer le bien-être des habitants en milieu urbain.
La biodiversité, soit la variété de la vie sur terre, présente d'importants avantages pour les centres urbains et les citoyens. Par exemple, la gestion du paysage dans le bassin hydrologique influe sur la quantité et la qualité de l'eau qui atteint les rivières et qui est disponible aux populations urbaines. Les terres humides retiennent l'eau durant les pluies abondantes ou le ruissellement et purifient l'eau avant de la rejeter dans les réseaux de pluies souterraines qui alimentent ensuite la rivière.
Les pertes importantes de terres humides entraînent une augmentation du ruissellement et, ensuite, une baisse de la qualité de l'eau dans la rivière. Nous ne pensons pas forcément à ce que cela signifie de perdre ces choses avant d'en subir les conséquences. Par exemple, les spécialistes s'entendent pour dire que le tsunami en Asie et l'ouragan Katrina auraient été beaucoup moins destructeurs si la végétation des côtes et les terres humides n'avaient pas été anéanties.
Les gestes posés par les gens peuvent avoir une incidence positive ou négative importante sur la biodiversité. Les citadins s'intéressent de moins en moins à la conservation et à l'environnement. Il est important que les Canadiens urbains se sentent concernés par la conservation en vue de favoriser la participation accrue de la collectivité et des intervenants aux activités d'intendance. Si nous aidons les Canadiens à prendre conscience et à reconnaître la valeur de la nature et à se sentir proches de cette dernière, nous suscitons un soutien à l’égard des politiques et des programmes de conservation dans tous les ordres de gouvernement.
La conservation urbaine favorise une population qui est en meilleure santé physique et mentale et qui est plus productive au travail et au sein de la collectivité. Parallèlement, les zones urbaines du Canada ont des répercussions importantes sur la biodiversité. Le principal facteur de la diminution de la biodiversité au Canada est la destruction et la fragmentation de l'habitat. Tout comme l'augmentation du développement industriel et la conversion en terres agricoles, l'urbanisation est reconnue comme étant une cause importante de la perte et de la fragmentation de l'habitat.
La zone totale des terres urbaines au Canada a presque doublé entre 1971 et 2001. Environ 80 p. 100 de la population canadienne vit dans des zones urbaines, et ce nombre devrait atteindre 90 p. 100 d'ici 2050. Plus de 60 p. 100 des Canadiens vivent dans des villes de plus de 100 000 habitants.
Les régions urbaines occupent à peine un quart du paysage canadien, mais elles sont souvent situées dans des endroits qui sont particulièrement riches en biodiversité, comme les zones côtières et les vallées fluviales, et il s’agit de régions où l'incidence de la perte d'habitat peut être disproportionnée par rapport à l'importance de la perte. Par exemple. 90 p. 100 des Canadiens vivent au sud le long de la frontière avec les États-Unis, où se trouvent une biodiversité et des écosystèmes vulnérables. En outre, l'expansion urbaine peut modifier les bassins hydrologiques, dégradant la qualité de l'eau pour la biodiversité aquatique et augmentant les risques d’inondations. Dans le passé, certains écosystèmes, notamment des terres humides et des forêts, ont été particulièrement touchés par le développement urbain.
Les villes et les autorités locales sont particulièrement bien placées pour implanter des solutions de biodiversité adaptées aux priorités et aux besoins locaux. La conservation de la biodiversité a été traditionnellement perçue comme le domaine et la responsabilité des gouvernements nationaux, provinciaux et territoriaux. Cependant, les administrations municipales ont commencé à reconnaître que leur rôle est de plus en plus pertinent, surtout compte tenu de l'urbanisation croissante. Ce lien a été officiellement reconnu dans la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique et pris en compte dans le nouveau Partenariat mondial sur les villes et la diversité biologique.
Les villes peuvent appuyer la conservation de la biodiversité de multiples façons par l'utilisation des terres et la planification urbaine, le leadership et la prestation de services communautaires. Les pratiques exemplaires comprennent les toits verts; la plantation d'espèces indigènes; l'infrastructure verte; la protection des pollinisateurs; la protection et la restauration des espèces, des terres humides et des forêts; la restauration des friches industrielles; la plantation d'arbres pour lutter contre les îlots thermiques; la conservation de l'eau; et la naturalisation des cours d'école.
En 2010, Environnement Canada a publié, en partenariat avec le Conseil international pour les initiatives écologiques communales du Canada, les Séries d'études de cas sur les villes et la biodiversité, qui présentent les pratiques exemplaires en matière de gestion et de protection de la biodiversité urbaine. Elles indiquent certains des chefs de file reconnus à l'échelle internationale parmi les villes canadiennes, comme Edmonton, Montréal et Calgary, mais également des petites villes qui s'engagent à tenir compte de la biodiversité dans leurs plans et leurs programmes, comme Guelph, Wolfville et Trois-Rivières.
Par exemple, Guelph travaille actuellement à la création d’un parc de pollinisateurs en vue d'assurer la protection de l'habitat pour les espèces pollinisatrices, comme les abeilles et les colibris, et d'agir à titre de modèle pour les futurs parcs.
Edmonton a fait de l'éducation sur l'importance de la biodiversité un effort local important. La ville a intégré la biodiversité et a reconnu les rôles que peuvent jouer différents intervenants et groupes communautaires.
Par l'entremise de vastes programmes de réécologisation visant à restaurer les paysages fragiles et endommagés, Grand Sudbury est un exemple de ce qui est possible grâce à la réintroduction de la nature dans la ville.
Montréal est active dans les réseaux locaux et internationaux qui visent à échanger des connaissances, des leçons apprises et des approches novatrices en matière de protection de la biodiversité urbaine.
Toronto a mis en oeuvre des lignes directrices sur l'aménagement accueillant pour les oiseaux et un règlement sur les toits verts en collaboration avec des groupes communautaires, des parties intéressées et des universitaires.
Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux peuvent contribuer aux efforts locaux de différentes façons. Leur rôle peut être notamment d'établir des cibles et des objectifs nationaux, de fournir un soutien scientifique et technique, d'assurer l'éducation et la sensibilisation, d'offrir des fonds d’intendance, de mettre en place des dialogues et des partenariats et d'élaborer des approches écorégionales locales.
Ils peuvent aussi appuyer les mesures à l'échelle locale grâce à l'échange de renseignements et de connaissances. Voici de bons exemples de rapports: le rapport intitulé Prendre soin de la biodiversité du Canada, qui porte sur l'état et les tendances des écosystèmes, et le rapport State of the Environment in the Northwest Territories . Le Québec a également publié en 2010 un guide sur la biodiversité et l'urbanisation.
En réponse au nouveau plan stratégique de la Convention sur la diversité biologique, le Canada élabore des objectifs et des cibles nationaux en matière de biodiversité pour 2020. En fonction du rôle important des gouvernements locaux, l'une des cibles proposées par un groupe de travail fédéral-provincial-territorial est axée sur l'intégration de la conservation de la biodiversité dans les plans et les stratégies des municipalités.
Voici des exemples de programmes d'Environnement Canada et de partenariats qui soutiennent la conservation urbaine: les BioTrousses créées par la Biosphère pour encourager les Canadiens à aller à l'extérieur et à découvrir la biodiversité dans leur quartier, leurs parcs et leurs espaces urbains; le programme de financement communautaire ÉcoAction; le Programme des dons écologiques; le Programme de conservation des zones naturelles; et le Programme d'intendance de l'habitat.
Environnement Canada participe également à de nombreuses initiatives locales qui concernent les villes et les collectivités, notamment des initiatives relativement aux écosystèmes du bassin des Grands Lacs et du littoral du fleuve Saint-Laurent.
Dans le discours du Trône de 2011, le gouvernement du Canada s'est engagé à élaborer un plan de conservation national. Le gouvernement a fait participer une grande variété de partenaires et d'intervenants en vue d'explorer la façon dont nous pouvons utiliser nos réussites et trouver de nouveaux moyens de travailler ensemble pour faire progresser les objectifs du Canada en matière de conservation.
Au printemps 2012, votre comité a entrepris une étude sur l'élaboration d'un plan de conservation national. Cette étude a recommandé qu’une partie importante d'un plan de conservation national soit consacrée à rapprocher les Canadiens urbains de la nature et à les sensibiliser à la conservation urbaine.
Aujourd'hui, le gouvernement a présenté sa réponse à l'étude du comité sur le plan de conservation national, et nous l'avons approuvée. En collaboration avec les provinces, les territoires, les municipalités et d'autres partenaires et intervenants, la conservation urbaine serait une partie essentielle d'un plan de conservation national. Pendant que nous poursuivons nos efforts en vue d'élaborer le plan, il n'y a aucun doute que le témoignage et les conclusions de cette étude sur la conservation urbaine permettront de formuler d'autres commentaires utiles.
Étant donné la croissance continue des zones urbaines au Canada, qu'il s'agisse de la taille de la population ou de la zone géographique, il sera de plus en plus important de mettre l'accent sur des programmes et des initiatives de conservation à long terme qui permettent de maximiser la biodiversité urbaine et les avantages qu'elle offre.
Merci beaucoup.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, je vous remercie de nous donner l'occasion de participer à l'étude du comité permanent portant sur les pratiques de conservation en milieu urbain au Canada.
Mes propos seront axés aujourd'hui sur la contribution de Parcs Canada à la conservation en milieu urbain et sur le rôle que cette agence exerce dans ce domaine. Cette contribution découle du mandat de Parcs Canada, qui s'exprime ainsi:
Au nom de la population canadienne, l'Agence Parcs Canada protège et met en valeur des exemples représentatifs du patrimoine naturel et culturel du Canada et en favorise chez le public la connaissance, l'appréciation et la jouissance de manière à en assurer l'intégrité écologique et commémorative pour les générations d'aujourd'hui et de demain.
Ce mandat justifie le travail que nous exécutons partout au pays dans les régions urbaines, rurales et sauvages. Nous protégeons, gérons et accueillons nombre de visiteurs dans un réseau formé de 44 parcs nationaux, de 167 lieux historiques nationaux et de 4 aires marines nationales de conservation.
[Français]
Créé en 1911, Parcs Canada est le premier service de parcs nationaux à avoir été établi au monde. Les précurseurs de notre réseau de parcs avaient compris que l'expérience du monde naturel pouvait être profondément enrichissante et émouvante et qu'elle pouvait être bénéfique, tant pour le milieu et les systèmes naturels que pour l'économie. Et c'est encore vrai aujourd'hui.
[Traduction]
Parcs Canada est le plus grand fournisseur de produits touristiques naturels et historiques au Canada. Nous protégeons des écosystèmes dont la superficie totale est égale à celle de l'Allemagne. Ces destinations offrant des sites naturels à couper le souffle et constituant des réalisations majeures en matière de conservation sont les pierres angulaires de l'industrie touristique canadienne. Un récent rapport révèle que les contributions économiques de Parcs Canada et des millions de visiteurs dans les parcs nationaux, les lieux historiques nationaux et les aires marines nationales de conservation du Canada influent grandement sur l'économie canadienne, puisqu'elles favorisent la création d'emplois et assurent des revenus à des entreprises locales partout au Canada. Ces retombées ont apporté 3,3 milliards de dollars à l'économie canadienne en 2008-2009.
Au-delà de cette simple contribution monétaire, Parcs Canada participe aussi à l'assainissement de l'air et de l'eau, comme Virginia l’a mentionné, grâce à la conservation d'endroits précieux pour les Canadiens, qu'ils vivent en milieu rural ou urbain. Par exemple, la protection du bassin hydrographique du parc national Banff permet d'assurer un approvisionnement vital en eau potable, d'offrir des activités récréatives et de soutenir des agriculteurs et des industries bien au-delà de ses frontières.
Parcs Canada protège aussi des écosystèmes durables qui servent de refuges ou de zones migratoires essentielles pour de nombreuses espèces. C'est le cas notamment pour les fauvettes et les monarques dans le parc national de la Pointe-Pelée, des espèces qui sont un chaînon important de la chaîne écologique dans les régions urbaines.
On pourrait considérer à juste raison que l'approvisionnement en eau potable, en air pur et les bénéfices économiques engendrés par les aires naturelles sont la contribution majeure de Parcs Canada à la conservation. Pourtant, ils n'englobent qu'une partie de l'héritage que perpétue Parcs Canada pour l'ensemble de la population canadienne sur le plan de la conservation urbaine. On pourrait aussi avancer que le rôle le plus important qu'exerce Parcs Canada en ce qui a trait à la conservation consiste à donner l'occasion aux Canadiens en milieu urbain d'entrer en contact direct avec la nature, contribuant ainsi à mieux faire connaître les enjeux liés au développement durable et au patrimoine naturel et suscitant un sentiment de fierté devant ces efforts de conservation qui sont une pierre angulaire de notre identité canadienne.
[Français]
De très nombreuses études ont démontré comment l'exposition à des environnements naturels pouvait aider l'être humain à gérer le stress, la maladie et les blessures, tout en améliorant chez lui la concentration et la productivité.
[Traduction]
En dépit de ces bienfaits, nous sommes aux prises avec le fait que la proportion de la population canadienne qui a des liens directs avec son patrimoine culturel ou naturel est en décroissance. Cette tendance nous donne un indice des changements plus importants qui sont en cours au Canada. Nous formons une société de plus en plus urbanisée. Par exemple, plus de 80 p. 100 de la population canadienne habite maintenant dans les grandes villes. Nous assistons aussi à une grande évolution démographique: la population n'a jamais été aussi diversifiée sur le plan ethnique, notamment dans les grands centres urbains; nous sommes plus dépendants de la technologie et nous voyons de nouvelles tendances en ce qui a trait au temps consacré aux loisirs. On notera également que les citadins sont, en moyenne, beaucoup plus jeunes que les personnes vivant en milieu rural.
Parcs Canada occupe donc une position privilégiée pour amener les Canadiens à vraiment saisir l'importance de préserver les trésors naturels du Canada et aussi d'en profiter. Plusieurs enquêtes nationales ont révélé d'importantes différences entre les attitudes des visiteurs et des non-visiteurs en ce qui a trait à l’importance de la protection des régions naturelles. Par exemple, si une personne a déjà visité une aire protégée, elle sera plus susceptible de se montrer favorable à ce que l'on continue à protéger les régions naturelles et elle voudra en jouir davantage. Il y a un lien direct entre la connaissance, l'expérience et la conservation.
Nous continuons à créer de nouveaux parcs nationaux. En fait, au cours des dernières années, la superficie des aires protégées a augmenté de 50 p. 100, incluant des endroits iconiques tels que l'Île-de-Sable, Nahanni, les Îles-Gulf et Naats'ihch'oh. Ces endroits sont des sources d'inspiration qui peuvent amener la population urbaine du Canada à appuyer des mesures de conservation.
En même temps, le gouvernement a demandé à Parcs Canada d'entreprendre le processus pour l'établissement du parc urbain national de la Rouge, dont le concept est unique. Il inclut la conservation d'atouts naturels et culturels, de l'agriculture renouvelable, des occasions d'apprentissage et une grande variété d'activités récréatives.
[Français]
Au cours des dernières années, aucun autre pays n'a augmenté la superficie de ses aires protégées autant que le Canada, et Parcs Canada a l'intention de continuer dans cette direction. Dans le but d'aider les néo-Canadiens à mieux saisir le sens de la conservation en milieu urbain, on tient maintenant des cérémonies de citoyenneté dans les parcs et lieux historiques nationaux, tels que le parc national Banff et le lieu historique national de Sir-George-Étienne-Cartier. Nous travaillons de concert avec l'Institut pour la citoyenneté canadienne pour donner l'occasion aux nouveaux citoyens canadiens de jouir pleinement du patrimoine naturel du Canada en leur offrant un laissez-passer culturel.
[Traduction]
Travailler avec les jeunes Canadiens est aussi important pour augmenter la sensibilisation, comme l'a démontré le programme Mon passeport Parcs, qui permet, chaque année, à des centaines de milliers d'élèves de huitième année et de deuxième secondaire d'avoir accès gratuitement aux sites de Parcs Canada partout au pays.
Le bénévolat est une activité fort recherchée dans les sites de Parcs Canada. Que ce soit par l'élimination d'espèces envahissantes dans la réserve de parc national Pacific Rim, la participation à des projets de recherche en compagnie de chercheurs amateurs dans le parc national Banff ou l'étude des ouaouarons dans le parc national du Canada des Îles-du-Saint-Laurent, les citadins ont l'occasion de participer et d'agir.
Un autre rôle important, c’est l’établissement de partenariats avec de nombreux organismes, comme des ONG, des sociétés privées et des groupes communautaires, pour qu'un plus grand nombre de Canadiens puissent se familiariser avec la richesse de nos parcs et lieux historiques nationaux, soit sur place, soit dans les milieux urbains où nos partenaires se trouvent.
À titre d'exemple, l'activité d'initiation au camping tenue au cours des deux dernières années dans plus d'une centaine d'endroits partout au Canada, dont la citadelle d'Halifax et le fort Langley, a rassemblé des milliers de jeunes, dont beaucoup de nouveaux arrivants, qui ont vécu une première expérience du camping, grâce à un partenariat avec Mountain Equipment Co-op et l'Association internationale de vélo de montagne.
Parcs Canada collabore aussi avec des établissements tels que le Zoo de Calgary, l'Aquarium de Vancouver, le Musée royal de l'Ontario et le Musée canadien de la nature. Ces projets mettent l'accent sur la conservation et encouragent les participants à explorer de près l'habitat d'animaux magnifiques. En visitant un parc national ou en agissant au sein de leur propre collectivité, les Canadiens peuvent aider ces espèces à prospérer dans la nature.
Monsieur le président, je crois qu'il est essentiel, dans le cadre de l'étude du comité sur la conservation en milieu urbain, de bien comprendre le lien entre la connaissance, l'expérience et l'engagement. Le Canada reste un pays d'espaces immenses, mais notre population tend à se concentrer dans les villes. Pour un nombre croissant de Canadiens, la télévision et Internet sont désormais les principaux moyens de créer des liens avec la nature et l'histoire. Ces médias sont puissants, certes, mais ils ne valent pas l’expérience personnelle.
La meilleure façon de promouvoir la conservation en milieu urbain est d'encourager les Canadiens à faire l'expérience de leur patrimoine en personne. Les parcs nationaux et les autres aires protégées sont la pierre angulaire de notre approche en matière de conservation. Le grand public, nos nombreux partenaires et intervenants appuient les efforts de Parcs Canada visant à créer des liens avec la population canadienne à l'aide de méthodes novatrices. Ces résultats sont encourageants. C'est d'ailleurs pourquoi le gouvernement a demandé à Parcs Canada de continuer à mettre en oeuvre de nouveaux moyens pour amener les Canadiens à se familiariser avec leur patrimoine naturel et culturel.
Comme je l’ai indiqué, la création du parc urbain national de la Rouge est un bon exemple. Nous espérons que le parc urbain national de la Rouge sera, pour les résidents de la région du Grand Toronto et d'ailleurs, une fenêtre sur Parcs Canada et sur tout ce que nous avons à offrir aux Canadiens. C’est avec plaisir que je vous en dirai davantage au sujet du parc urbain national de la Rouge au cours des prochaines semaines.
J'espère que les points que j'ai soulevés aujourd'hui ont pu montrer de quelle façon Parcs Canada s’acquitte de plusieurs rôles importants en matière de conservation en milieu urbain. Premièrement, nous contribuons à l'assainissement de l'eau et de l'air en gérant de grandes aires protégées. Deuxièmement, nous ouvrons les voies nécessaires pour que le public puisse se rapprocher de la nature, tant en milieu urbain qu'en milieu rural. Enfin, nous jouons un rôle essentiel pour faire connaître aux Canadiens en milieu urbain des endroits qui suscitent en eux le désir de préserver l'environnement et la fierté de le faire dans ce formidable pays.
Je vous remercie; c’est avec plaisir que je répondrai aux questions des membres du comité.
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Merci. Je vous en serais reconnaissante.
Je me souviens d'avoir entendu dire, un moment donné, que dans le cadre du projet du secteur riverain de Toronto, on a eu recours, sur place, à des techniques de restauration très perfectionnées et aux études les plus récentes. Je crois que cela a d'abord été utilisé aux Pays-Bas et que nous avons importé cette technologie pour ce projet.
Merci. Je vais étudier cela plus en profondeur de mon côté.
Je vais passer à une question d'ordre plus pratique. Dans beaucoup de cas, comme pour le projet dans la partie sud de Mississauga, il y a ce que l'on pourrait appeler des sites inesthétiques que nous devons contourner lorsque nous faisons la promotion de zones de conservation urbaines ou que nous les créons. Ils sont une réalité, comme l'usine de traitement d'eau de Lakeview, qui a une superficie de 67 acres et qui est là pour rester, car elle sert à assainir l'eau et approvisionner les municipalités de Mississauga, Brampton, une partie de Caledon. De plus, nous avons récemment conclu une entente pour l'approvisionnement de la région de York en eau potable.
Nous devons composer avec ce genre de choses. Pensez-vous que c'est possible? Pensez-vous que cela nuit de quelque façon que ce soit à l'atteinte de notre objectif en matière de conservation urbaine? Quels conseils pourriez-vous nous donner sur la façon de promouvoir la conservation urbaine et pour inciter les citadins à se rapprocher de la nature tout en demeurant réalistes relativement aux genres de choses qui doivent être faites dans les villes?
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Je vais essayer de répondre. C'est une question difficile.
Je commencerai par dire que la planification de l'utilisation du territoire relève surtout des provinces et des territoires. Je pense qu'en tant que fonctionnaires fédéraux, et en tant que gouvernement fédéral, nous pouvons donner de l'information aux provinces et territoires sur la façon dont ils pourraient envisager de planifier le territoire de sorte qu'il soit adapté à la vie urbaine ou demeure rural.
Du point de vue d'Environnement Canada, au sein du Service de la faune, nous pourrions nous pencher sur les secteurs importants pour les oiseaux, par exemple. Nous faisons, entre autres, la planification régionale de conservation des oiseaux et travaillons depuis un moment à déterminer les secteurs sur lesquels nous voulons nous concentrer pour obtenir des résultats, plutôt que sur d'autres secteurs quand même importants, mais qui représentent des habitats de moins bonne qualité pour les oiseaux.
Je pense que le gouvernement fédéral peut notamment diffuser de l'information. Je parle d'un genre d'information. D'autres parties du gouvernement auraient aussi de l'information utile pour les provinces et territoires, lorsqu'ils planifient l'expansion urbaine, etc.
Au fédéral, nous pouvons aussi faciliter le dialogue sur les pratiques exemplaires. J'ai beaucoup parlé d'Edmonton. Montréal a une excellente réputation, pour ce qui est de l'intégration de la conservation et de la biodiversité dans la ville.
Comment fait-on pour faire progresser une ville qui n'est peut-être pas rendue aussi loin dans sa réflexion sur le sujet? C'est un rôle que le gouvernement peut jouer: faciliter ce genre de discussion.
Les outils et les pratiques exemplaires peuvent parfois aussi être utiles. Dans certains cas, nous l'avons fait au moyen du Programme d'intendance de l'habitat pour les espèces en péril. Nous avons versé des fonds pour aider à la création d'une boîte à outils servant à l'élaboration de règlements écologiques et comportant des modèles. Ce n'est certainement pas la façon dont vous devez absolument le faire, mais si vous envisagez de le faire, c'est une façon possible.
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Merci, monsieur le président.
Il est clair que la question de ma collègue, Mme Quach, s'adressait à M. Campbell et concernait Parcs Canada. Donc, je pense que M. Campbell était vraiment la bonne personne pour répondre à cette question.
De plus, nous voulons faire de la conservation urbaine. Mon collègue, M. Lunney, a mentionné précédemment qu'il voulait que les citoyens puissent se rendre dans les parcs et visiter nos attractions ainsi que nos milieux naturels. Je ne vois pas en quoi la question de mon honorable collègue, qui demande tout simplement si les guides et le contact humain peuvent aider notre relation avec la nature, doit être perçue comme étant à l'extérieur du cadre de notre étude.
Au contraire, je pense qu'elle est fort pertinente. Je n'élaborerai pas sur les commentaires de Mme Rempel relativement à toutes les bonnes choses que font les conservateurs en matière d'environnement et de conservation. On sait qu'il y a eu récemment des diminutions de services dans plusieurs parcs du Canada. Une saison a également été écourtée. Alors, si on raccourcit la saison durant laquelle on a accès à nos parcs et à nos services, je ne vois pas comment on peut dire qu'on améliore l'accessibilité aux parcs urbains et aux parcs du Canada.
Au contraire, si on veut faire une étude au sujet de la conservation urbaine et si on veut donner l'accès à ces parcs, je pense qu'on peut se poser la question à savoir quel est le meilleur accès à ceux-ci. S'agirait-il d'une pancarte, d'un écriteau ou serait-ce quelqu'un qui accueille les visiteurs pour présenter l'historique et l'aspect environnemental du parc?
Par exemple, on parlait précédemment du programme d'intendance de l'habitat. Je suis heureux qu'on en ait parlé parce que c'est aussi un problème à Drummondville. Les représentants de la ville font, depuis des années, des demandes de subvention. Ils ont toujours reçu leur subvention mais, soudainement, ils n'en reçoivent plus. Le Conseil régional de l’environnement du Centre-du-Québec fait vraiment un travail exceptionnel. Il s'agit d'un organisme à but non lucratif. Cependant, l'organisme n'a pas reçu de subvention cette année non plus.
Donc, si on veut avoir un programme de conservation urbaine, c'est le genre de questions qu'on doit se poser. On a des programmes, comme vous l'avez mentionné, madame Poter, qui appuient une conservation urbaine. À ce moment-là, c'est normal qu'on vous pose des questions à cet égard. Alors, je ne vois pas pourquoi on se ferait interrompre à tout moment sur des questions touchant la science ou des programmes. D'ailleurs, c'était dans la présentation de Mme Poter.
Je ne pense pas que vous soyez offusqué, monsieur le président, ou que des conservateurs se soient offusqués lorsqu'elle a nommé le programme de financement communautaire ÉcoAction, le Programme de dons écologiques, le Programme de conservation des zones naturelles et le Programme d'intendance de l'habitat. Donc, il me semble que c'est normal que l'on puisse poser des questions à cet égard.
Excusez-moi d'avoir pris beaucoup de temps, mais cela venait du fond de mon coeur et ça commençait un peu à me taper sur les nerfs.
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Oui, monsieur le président.
À mon avis, nous devons suivre une approche juste et équilibrée qui est toujours fondée sur la preuve. C'est la Semaine nationale des sciences et de la technologie, et pourtant il y a la Région des lacs expérimentaux, la Station de recherche du lac Kluane et le Laboratoire de recherche atmosphérique en environnement polaire. Ce dernier a déjà été fermé. Il semble que nous perdons nos stations de recherche. Il faut le souligner.
Il faut également rendre à César ce qui lui appartient. Ainsi, nous reconnaissons l'importance de la création du parc Nááts'ihch'oh, mais nous devons également reconnaître le fait que ce parc n'est pas aussi grand que ne l'auraient voulu les intervenants et que les grizzlis et les caribous ne sont pas protégés.
Pour ce qui est de la preuve, il reste que Parcs Canada a vu son budget fondre de 29 millions de dollars. Tout au long de l'été, on a critiqué les atteintes à la santé et à l'intégrité de nos parcs de renommée et la réduction du nombre de scientifiques.
Il faut le reconnaître lorsqu'on parle des pratiques exemplaires. Nous voulons livrer une étude de grande qualité. Nous voulons avancer de solides recommandations tout en sachant qu'il y a des réalités sur le plan de la gestion. Il faut les reconnaître également.
Je crois que la question de ma collègue est tout à fait pertinente et j'espère qu'elle recevra une réponse.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, monsieur et madame, d'être avec nous aujourd'hui.
J'aimerais parler un peu de ma circonscription, Drummond, et de la ville de Drummondville.
Nous avons beaucoup d'efforts à faire en matière de conservation urbaine. Malgré la bonne volonté des élus municipaux, nous faisons face à d'importantes difficultés dans ce domaine. Étant donné que la ville croît à une vitesse exponentielle, les zones résidentielles, industrielles et commerciales prennent de l'expansion. Bien sûr, il y a beaucoup de conséquences à cela, la première étant la disparition de nos forêts et des milieux humides. Des efforts se font, par exemple pour qu'une forêt, en l'occurrence le Boisé de la Marconi, devienne un milieu naturel urbain et que les gens puissent la visiter.
Par contre, comme je le mentionnais plus tôt, des problèmes subsistent. L'accroissement de la ville fait en sorte que de moins en moins de milieux naturels survivent. C'est pourquoi on crée de plus en plus de parcs artificiels. Comme vous le savez probablement, la conservation n'y est pas aussi efficace. La biodiversité des parcs urbains n'est pas aussi grande que celle des parcs naturels.
Ma question est assez simple et elle concerne, bien sûr, le Programme d'intendance de l'habitat.
Le Conseil régional de l’environnement du Centre-du-Québec est un organisme à but non lucratif qui travaille très fort. Ses actions concrètes visent à préserver la biodiversité urbaine et à rendre accessible l'information concernant notamment les espèces en voie de disparition ou menacées, par exemple une sorte de tortue vivant dans notre région.
J'aimerais savoir si le Programme d'intendance de l'habitat est très efficace.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de nous apporter leur soutien alors que nous entreprenons notre étude.
Je souhaite poursuivre la discussion sur le travail de Parcs Canada. Vous avez soulevé quelque chose d'intéressant au sujet des jeunes ambassadeurs du duc et de la duchesse de Cambridge, qui vont vers les autres jeunes pour les sensibiliser. C'est une idée fort intéressante.
Dans ma circonscription de se trouve le splendide parc national Pacific Rim, qui comprend le centre d'interprétation Kwisitis. Je tiens à dire que les programmes qu'on y offre chaque jour sont extraordinaires. J'ai eu la chance de participer à l'un d'eux il y a quelques mois.
Vous avez suggéré, dans votre exposé, d'éliminer les espèces envahissantes de ce parc. Nous avons accompagné un groupe de l'Université Vancouver Island au cours d'une sortie et l'avons aidé à enlever des espèces de graminées envahissantes des dunes de sable qu'on s'efforce de restaurer. C'est un programme fascinant dans lequel les jeunes s'investissent énormément. Ils suivaient un programme d'écologie là-bas.
Les dispositifs interactifs du centre Kwisitis n'ont besoin d'aucun personnel, puisqu'ils sont automatisés. Ils permettent aux visiteurs d'apprendre une foule de choses. Quand il pleut sur la côte, où les précipitations de pluie annuelles atteignent 10 pieds, il est avantageux de pouvoir offrir ce genre d'activités divertissantes et instructives aux familles.
À quelque distance du parc, on a lancé récemment un autre programme à Ucluelet, où un aquarium vient d'ouvrir. On y emploie un grand nombre d'étudiants locaux pour intéresser les gens aux animaux intertidaux, les informant notamment au sujet des espèces qui vivent sous la surface, dans la zone intertidale, lesquelles échappent généralement à l'oeil du profane en ballade.
Un grand nombre de ces jeunes feront des études universitaires en sciences, ce qui est certainement le but recherché. Il en va de même au Bamfield Marine Science Centre, de l'autre côté de la baie Barkley. Ce centre engage des étudiants locaux pour travailler dans le cadre de programmes scientifiques. Nous voudrions qu'il y ait davantage d'initiatives semblables.
Pour en revenir à Parcs Canada, vous avez parlé de Mon Passeport Parcs pour les jeunes de 8e année dans votre exposé. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce programme, le nombre d'élèves qui y prennent part, les régions du pays qui l'adoptent, le succès qu'il remporte et depuis combien d'années est-il offert?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie nos témoins.
J'aborderai probablement la question sous un angle légèrement différent. Je viens du monde des affaires, un domaine où la recherche revêt une importance cruciale. Nous avons donc effectué bien des travaux à cet égard, mais nous devions, au final, obtenir des résultats et accomplir le travail.
C'est donc ainsi que j'ai tendance à voir la situation. Il faut effectuer des recherches, j'en conviens parfaitement, mais il faut aussi récolter des résultats, réaliser des progrès et mener des projets à bien.
Si j'établis un lien avec les affaires, c'est qu'au cours de votre exposé, madame Poter, vous avez indiqué que les aires naturelles, comme les forêts et les terres humides, rendent service aux communautés locales en épurant l'eau, en détournant et en absorbant les fortes pluies ou en retenant temporairement ces dernières pour ensuite les laisser s'écouler sans provoquer d'inondation. Elles contribuent également à réduire les coûts pour les administrations locales, selon ce que je peux voir. C'est tout à fait sensé du point de vue des affaires: si la nature se charge de faire une partie du travail, les coûts sont forcément moins élevés.
Je me demandais si vous pourriez nous donner d'autres exemples d'endroits où les forêts, les terres humides ou d'autres aires naturelles, outre celles dont j'ai parlé, pourraient avoir un avantage économique appréciable.
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Ils ont tenté de déterminer la valeur qu'un arbre planté dans une ville apporte chaque année. C'est intéressant, parce que la réponse était autour de 80 $ par arbre. Ils se sont ensuite penchés sur le coût de planter un arbre et de l'entretenir, et c'était environ 10 ou 20 $.
Un arbre planté dans une ville procure un réel avantage net. Il contribue à la purification de l'air, il fournit de l'ombrage et il aide à maîtriser le climat local.
La ville de Toronto a fixé des exigences intéressantes. Par exemple, tous les nouveaux édifices qui dépassent une certaine taille — je ne sais pas exactement c'est quoi, mais c'est assez grand — doivent être munis d'un toit vert. C'est pour aider à régler la température locale, pour fournir un habitat à certaines espèces, etc.
Je pense que les gens qui habitent ces édifices en tirent aussi un net avantage, par exemple, certainement, une diminution des frais de climatisation en été. De plus, l'accès aux terrasses-jardins est souvent libre. On pourrait appeler cela un avantage lié aux loisirs ou tout simplement au bien-être pour les gens qui habitent un milieu urbain où les espaces verts sont limités. Nous savons que les espaces verts contribuent souvent au sentiment de bien-être, et les terrasses-jardins donnent accès à ce genre d'environnement aux gens qui habitent une région où il n'y a pas beaucoup de verdure.
Voilà quelques secteurs où on fait de véritables économies. Plus il y a d'espaces verts, plus il est possible d'améliorer la qualité de l'air. On a beaucoup travaillé à ce dossier aussi. Si la qualité de l'air est bonne, le nombre de maladies respiratoires et les effets sur les gens diminuent, ce qui réduit les coûts liés aux soins de santé.
Selon moi, il serait très avantageux d'incorporer la notion de conservation dans la planification urbaine. Ce n'est pas la seule chose qu'il faut prendre en considération; diriger une ville est une affaire complexe. Toutefois, il est certainement avantageux pour les citadins que la conservation soit intégrée dans la conception des villes.