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Merci, monsieur le président, et merci aussi aux membres du comité.
Je devrais commencer par vous parler un peu de moi et vous dire ce que je fais. Je suis le veinard qui va de ville en ville pour creuser physiquement dans l'asphalte pour créer des enclaves de nature dans nos zones urbaines. Je le fais partout en Amérique du Nord et de plus en plus à l'échelle internationale maintenant.
On m'a demandé de venir parler de conservation urbaine. J'ai pensé: « Qu'entendent-ils par conservation urbaine? » Je vais vous dire que ce cela signifie de mon point de vue.
Cela signifie un paquet de panneaux. Cela signifie restez sur le sentier, zone sensible, défense d'escalader, défense de faire du vélo, défense de camper, défense de passer, défense d'entrer. En règle générale, pour moi, lorsqu'il est question de conservation urbaine, c'est ce que cela signifie.
La question que je me suis toujours posée est la suivante: que conservons-nous et pour qui le faisons-nous? Où voulons-nous en venir?
De mon point de vue, la conservation urbaine a été une grande réussite. En ce moment, les gens ne vont plus dans la nature. Ils sont nombreux à s'en tenir loin. Le nombre de personnes qui visitent nos parcs nationaux baisse de 2 ou 3 p. 100 chaque année. Les visiteurs ne viennent plus. L'âge moyen du visiteur est de 52 ans. L'âge moyen d'un membre des Jardins botaniques royaux est de 62 ans. Ils meurent littéralement. Nous réussissons vraiment très bien à tenir les gens loin de nos petites enclaves de nature urbaine.
Je regarde cela et je vois que nous risquons de devenir sans importance. Lorsque je regarde autour de la pièce, je vois un groupe de personnes en avant et nous tous. Je prêche aux convertis. Nous avons probablement campé. Nous avons probablement passé du temps à l'extérieur. Nous avons probablement été en contact.
Je vais poser une question. En levant la main, combien d'entre vous se sont fait dire, quand vous étiez enfants, de rentrer à la maison lorsque les lampadaires s'allumaient ou à l'heure du souper? Au fond, c'est la plupart d'entre nous passés un certain âge.
De nos jours, la distance moyenne que parcourt un enfant de huit ans sans supervision est d'environ 150 verges. Dans mon temps, c'était d'environ 5 à 10 km, alors j'avais l'impression que la terre m'appartenait. Grâce à cela, j'ai appris à connaître les anses à la hauteur de l'escarpement. Je connais les arbres. Je sais où se trouve l'argile bleue, l'argile grise et l'argile rouge. C'est mon anse, alors quand j'ai vieilli et que la commission d'aménagement du bassin hydrographique Borer Logie a demandé à des gens de participer à sa conservation, j'y suis allé parce qu'elle était à moi. J'ai appris à en être propriétaire en passant du temps là-bas.
Si nos enfants ne peuvent parcourir que 150 verges sans supervision et nous ne commençons pas à créer ces petites enclaves urbaines de nature où nous pouvons mobiliser les gens, si nous ne passons pas d'une éthique de conservation à une éthique de l'intendance et de la mobilisation, nous passons et nous passerons outre toute une génération. Nous réussissons très bien à ne pas les rejoindre en ce moment.
Par conséquent, des choses comme celles-là se produisent. J'ai été invité à faire un exposé. Je suis entré dans l'école d'architecture paysagiste, et l'une des premières questions que j'ai posées a été: « Alors, combien d'entre vous, futurs concepteurs de nos plans de conservation urbaine, ont passé une nuit à camper? » Sur 40 personnes, 38 n'avaient jamais fait de camping, alors honnêtement, je crois qu'ils devraient tous échouer. Ils ne devraient pas être autorisés à concevoir les enclaves de nature dans nos villes. Sans cette intendance et cette mobilisation, comment pouvons-nous nous attendre à ce que la prochaine génération soit même au rendez-vous? Nous ne réussissons pas du tout. L'intendance et la mobilisation sont primordiales.
Si vous changez de sujet pour parler des éducateurs de la petite enfance, des enseignants, nous leur enseignons aussi. Je leur ai parlé de l'importance de sortir et de communier avec la nature — comment la terre est bonne, et vous devriez vous en mettre sous les ongles, planter des choses, les arracher et les explorer, parce que la terre est bonne. Elle est bonne pour le système immunitaire. Vous devez ingérer votre petite bouchée de terre. Il se trouve que nos parents et nos grands-parents avaient probablement raison: il faut manger un peu de terre avant de mourir.
L'une d'entre eux — et il s'agit d'un groupe de nouveaux enseignants très jeunes, des femmes pour la plupart, qui vont parler à nos enfants de leur expérience avec la nature — a levé la main et a demandé: « À l'heure du goûter, quelle quantité de terre devrais-je leur donner? »
Des voix: Oh, oh!
M. Adam Bienenstock: On ne comprend vraiment pas ce que cela signifie. C'est à quel point nous sommes décrochés. Nous allons devoir commencer à délaisser une partie de l'éthique de conservation urbaine dans nos villes et à changer les choses.
La prochaine étape consistera à arracher une partie des panneaux et à inviter les gens à entrer. J'ai participé à des conversations lorsque je collaborais avec Robert Bateman à envisager la création du réseau de sentiers Bateman dans 18 kilomètres de ravins à Toronto. J'étais en réunion lorsque la personne en charge du sentier a dit: « Attendez, je veux être certain de bien comprendre; vous voulez qu'il y ait plus de gens qui parcourent nos sentiers? Ils vont les démolir. »
Tout ça au nom de la conservation. Ils disent: « Ne rapprochons pas les gens par le truchement de nos espaces naturels urbains, car ils vont les démolir. Nous serons obligés de les entretenir. »
J'aimerais que nous ayons ce problème. Nous ne l'avons pas en ce moment. Il nous faut encourager plus de gens à emprunter ces sentiers et leur enseigner l'intendance.
Il y a un autre petit point, qui est que lorsqu'il est question de déterminer ce qu'est exactement la restauration écologique, les villes dans lesquelles je travaille se trouvent dans une zone climatique entièrement différente de celle dans laquelle elles se trouvaient auparavant. C'est ainsi. Chacune de ces villes au Canada sur le long de la frontière où 80 p. 100 d'entre nous vivons est une zone différente de ce qu'elle était.
Quel est notre plan de conservation urbaine pour les frênes, les ormes et les bouleaux qui s'y trouvent? Nous n'en avons pas parce qu'ils sont morts, alors nous devons changer nos priorités et, au rythme où nous allons, nous ne serons pas en mesure d'avoir même des arbres indigènes qui survivent dans les rues de nos villes. Nous ne réussirons que s'il y a des gens qui affirment: « Cela m'appartient, et je vais le conserver. Je vais y consacrer du temps. Je vais faire du bénévolat. » Il ne nous reste plus assez d'argent pour même nous occuper de ces choses.
Nous créons ces parcs et nous créons ces milieux pour que les gens aient un endroit où se mobiliser. C'est maintenant le seul choix que nous avons pour vraiment viser l'endroit où ils se mobilisent. Rappelez-vous de cette distance de 150 verges? Si nous ne créons pas cet espace quand et lorsqu'ils jouent, ils n'iront pas. Peu importe si vous vous trouvez au bord d'une réserve de la biosphère mondiale comme celle qui est près de chez moi; il n'y a pas d'enfants là-bas. Ils sont à l'école, et les cours d'écoles sont essentiellement pavées d'un bout à l'autre.
En conséquence, il faut maintenant entre six et huit heures à un enseignant typique pour réussir à faire passer une heure dehors aux enfants, car ils doivent signer une pile de papiers pour emmener les petits dans la nature parce qu'ils ne peuvent pas le faire sur le terrain de l'école. Il est temps que nous commencions à songer aux endroits où nos enfants passent du temps et les mobiliser là-bas.
Il y a trois leviers que le gouvernement peut actionner. C'est drôle que vous parliez de nature urbaine parce que vous n'êtes pas vraiment dans nos villes. Le gouvernement fédéral n'a pas énormément de pouvoirs là-bas, mais vous pouvez légiférer et lever des impôts, et vous avez du financement.
Côté lois, j'aimerais bien qu'on privilégie l'approche qui commence à être adoptée aux États-Unis, « aucun enfant à l'intérieur », pour que chaque enfant à la grandeur du pays passe deux heures dehors tous les jours. Cela pousse les parents, les enfants et les enseignants à sortir. Ils seront donc plus en santé. Ils seront plus intelligents. Oui, en fait, leur QI augmentera si vous adoptez cette pratique. Ils bénéficieront d'une éducation expérientielle sans que cela vous coûte un sou, mais cela vous fera bien paraître.
Deuxièmement, il y aurait les crédits d'impôt, car vous pouvez vous servir des impôts comme levier. J'aimerais que l'on accorde des crédits d'impôt aux personnes qui accroissent la biodiversité dans nos espaces urbains où les gens se retrouvent, c'est-à-dire nos terrains de jeu, nos parcs, nos hôpitaux et nos cours d'écoles.
Alors le deuxième point est un crédit d'impôt. Si vous augmentez réellement le nombre d'activités qui se déroulent ici en rapport avec l'environnement bâti, vous vous retrouverez avec un meilleur PIB. Nous ne prendrons plus le plastique et l'acier produits en Chine, conçus en Californie, où nous assumons les risques. Vous trouverez en fait une solution fondée sur l'économie locale, et l'argent restera ici.
Enfin, nous devons nous attacher à financer deux choses. Il y a d'abord les écoles extérieures qui font une différence. Il en existe actuellement deux qui sont de bons exemples. L'une est la North Vancouver Outdoor School. Afin d'obtenir un diplôme du conseil scolaire de North Vancouver, vous devez passer une semaine dans la nature à cette école, et c'est une merveille. L'autre chose vous appartient à vous, gouvernement fédéral, et ce sont les Palissades à Jasper, qui sont un endroit génial où des gens viennent du monde entier pour apprendre à bien faire les choses.
Le dernier élément à financer, ce sont les collaborations entre le public et le privé. C'est ce sur quoi je travaille directement.
L'État ne peut plus s'en occuper seul. Il n'a pas l'argent. Il doit collaborer avec les citadins, parce qu'il ne possède pas de compétences ni de mandat dans les villes. Il doit financer convenablement les collaborations qui rapprocheront davantage les gens de la nature. Sinon, il n'y aura pas de relève chez les défenseurs de l'environnement, et ce sera au détriment de tous ceux qui, parmi nous, comprennent que notre identité, en tant que Canadiens, est liée au sol.
J'ajouterai enfin, très brièvement, qu'il faut parfois visiter le site Google « Canada » et regarder les images. Elles montrent l'état de virginité auquel nous faisons allusion en parlant de conservation. Aucun autre pays ne possède l'équivalent. Nous n'avons pas beaucoup de temps pour profiter de la façon dont nous nous percevons. Nous devons nous mettre au travail.
Merci.
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Merci, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité.
Je suis Andrea Gabor, présidente de l'Institut canadien des urbanistes. Je suis accompagnée de David Wise, président de notre comité consultatif en matière de politique. Notre directeur Steven Brasier a malheureusement eu un empêchement.
Nous sommes très heureux d'avoir été invités à nous adresser à votre comité et nous avons préparé un court exposé, pour répondre à certaines des questions que vous nous avez posées. Nous avons apporté des exemples de conservation urbaine qui répondent à certaines des possibilités évoquées par M. Bienenstock, pour faire de ces endroits des lieux vivants.
Tout d'abord, très rapidement, un mot sur l'Institut canadien des urbanistes. C'est la voix nationale de la profession au Canada. Il existe depuis 1919 et il se consacre depuis à l'avancement de l'urbanisme responsable partout au Canada. Nous nous intéressons aux questions entourant les normes professionnelles, l'exercice de l'urbanisme et la politique publique, tant au pays qu'à l'étranger. Nous faisons de la recherche sur le changement climatique et la durabilité.
L'Institut compte 7 000 membres qui oeuvrent à l'échelon local, régional, provincial et national, dans les administrations publiques, ou à titre de consultants dans le secteur privé, comme David et moi. Une grande partie de notre travail porte sur la conception, la gestion et la réglementation du développement communautaire durable.
Quand vous nous avez abordés sur la conservation urbaine, nous nous sommes demandé de quoi, exactement, il s'agissait. David va vous exposer notre point de vue à ce sujet.
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L'Institut canadien des urbanistes a défini l'urbanisme comme étant l'aménagement scientifique, esthétique et ordonné des espaces, des installations et des services, en vue d'assurer l'efficacité matérielle, économique et sociale des communautés urbaines et rurales ainsi que leur santé et leur bien-être. Cette définition englobe notre propre expérience professionnelle et elle encadre l'idée que l'on devrait se faire de la conservation urbaine.
Quand nous plaçons la conservation urbaine sous l'éclairage de l'exercice de l'urbanisme, nous considérons qu'une partie du mandat de notre profession consiste à comprendre, à analyser et à informer les décideurs et les auteurs des politiques sur l'utilisation des ressources urbaines, qu'elles soient environnementales, culturelles, économiques, etc., pour en maximiser l'effet, tout en respectant le plus possible l'équité.
Si nous devions définir la conservation urbaine d'après l'exercice de notre profession, je dirais que nous devrions mentionner l'idée de conserver, de protéger, d'améliorer et, dans certains cas, de créer des endroits particuliers, caractéristiques, dignes d'intérêt, à l'intérieur du cadre urbain, pour que les générations actuelles et à venir les utilisent, s'en servent de façon continue et en profitent, sans les dénaturer inutilement.
D'après nous, conserver ne signifie pas figer. Cela exige plutôt une intendance et la réglementation d'une gamme d'utilisations et d'activités potentielles, de manière à maximiser la valeur économique, environnementale et sociale nette. À cette fin, il faut trouver un juste équilibre entre des intérêts divergents, parfois les concilier et trouver des occasions de combiner des solutions pour maximiser l'avantage présenté pour l'intérêt public.
Si je pouvais ramasser tout ce qui précède dans une seule phrase, je dirais que nous croyons que la conservation urbaine regroupe tout ce qui concerne la mise en valeur des paysages culturels et naturels, de manière à en maximiser les avantages et que cette approche de l'espace urbain repose vraiment sur un triple socle. Elle exige d'un certain nombre de groupes un point de vue multidisciplinaire.
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Nous allons maintenant vous donner trois exemples de parcs urbains. Le premier est celui du parc Rouge, un parc urbain national de 40 kilomètres carrés, situé à Toronto et à Pickering, occupant en fait le milieu de la région métropolitaine de Toronto. L'une de ses caractéristiques les plus importantes est son accessibilité par les transports publics. Pas besoin d'auto. C'est important pour un lieu public.
À noter que nos zones urbaines sont de plus en plus intensément utilisées et, pendant que nous préconisons l'intensification des usages, les transports publics et tout le reste, nous avons encore besoin, en ville, d'oasis accessibles où nos enfants, nos petits-enfants et nous-mêmes pouvons prendre un bain de nature sans devoir nous taper deux heures de route. Or, le parc Rouge est à la distance d'un arrêt, peut-être de deux ou trois, d'autobus.
Cet endroit particulièrement intéressant possède une histoire humaine qui remonte à plus de 12 000 ans en arrière. Pour moi, c'est inimaginable, mais nous avons des objets et des documents archéologiques qui remontent aux périodes paléo-indienne et archaïque. Ensuite, les premiers Européens s'installent autour des années 1650. Le parc renferme aussi du patrimoine naturel. Il y a d'abord un portage amérindien, ensuite utilisé par les colons européens. Puis le site archéologique de la colline Bead, où subsistent les vestiges d'un village sénéca, un lieu historique national accessible par les pistes qui traversent le parc. C'est un aspect important de tout ce que le parc peut réunir. Quelle chance pour nous que ce parc immense possède de si nombreuses caractéristiques!
Le parc abrite aussi de nombreuses espèces et communautés végétales et animales importantes. Sa beauté naturelle et sa diversité biologique rendaient attirantes les terres qui sont maintenant protégées dans ses limites.
Le patrimoine culturel et naturel que renferme le parc vaut sans aucun doute la peine d'être préservé. Le plan que vous voyez montre les différents propriétaires des parties du parc. Pour le créer, la province, le Canada, l'Office de protection de la nature de Toronto et de la région, des municipalités et d'autres organismes ont donné des terres et de l'argent.
Dans le discours du Trône de mai 2011, le gouvernement fédéral a annoncé son intention de créer un parc urbain national dans la vallée Rouge. Ce serait le premier en son genre au pays et l'un des plus étendus en Amérique du Nord. C'est vraiment une réalisation importante pour tous ceux qui ont participé à sa création et pour le public et les visiteurs qui ont tellement de ressources à leur disposition... j'allais dire « au bout de leurs doigts », mais c'est plutôt au gré de leurs allées et venues.
Les Evergreen Brick Works est un autre site où nous avons bénéficié de la collaboration de notre nouvel ami. Nous nous sommes rencontrés pour la première fois aujourd'hui, et il m'a dit qu'il connaissait mon partenaire, qu'il avait réalisé le premier plan du site. « Quelle coïncidence!, que j'ai répondu, je vais justement en parler. »
Ce parc du patrimoine naturel, mais pas dans sa totalité, d'une superficie de 40 acres, est situé au centre-ville de Toronto, à l'intersection de l'avenue Bayview et de la route Pottery. Ce ne peut pas être plus central. C'était, à l'origine, l'emplacement d'une briqueterie qui a produit la brique de beaucoup de maisons de Toronto. Il est relié au réseau de ravins de la vallée de la Don et à beaucoup de quartiers de Toronto. On voit que le parc n'est pas tellement éloigné de notre gigantesque centre-ville. Une dizaine de minutes de la tour du CN, en voiture. On s'y rend par les transports publics, à bicyclette ou à pied, et il sert de centre écocommunautaire.
Les travaux d'aménagement ont commencé en 2002. L'endroit est ouvert depuis 2010, sous la houlette de la ville de Toronto et de l'Office de protection de la nature de Toronto et de la région. Le financement est une question intéressante. Dans un premier temps, on a obtenu trois millions de dollars de fonds privés de David et de Robin Young, bienfaiteurs réputés de Toronto.
Cette contribution a été essentielle à un engagement de 10 millions de la part de la province et à un don de 20 millions par le Programme d'infrastructure fédéral.
Est-ce que mon temps est écoulé?
Le président: Il vous reste une minute.
Mme Andrea Gabor: Je tiens à préciser que c'est un excellent exemple de patrimoine et de durabilité. On peut sauter deux diapos. Il y a aussi un nouvel édifice « LEED Platinum » qui intègre histoire et durabilité.
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Jen est le cerveau de notre organisation et j'en suis la voix. Voici son exposé.
Cela fait deux ans que Jen assure la coordination de la coalition Our HRM Alliance par l'entremise du Centre d'action écologique. Le Centre d'action écologique constitue l'organe d'action environnementale le plus ancien et le plus respecté de la Nouvelle-Écosse. La coalition est l'outil du Centre d'action écologique dédié à la campagne municipale. Le Centre a une portée provinciale, mais comme la Municipalité régionale de Halifax, ou Halifax, représente 40 p. 100 de la population de la province, il était nécessaire de lui accorder une attention particulière. La coalition est composée de plus de 40 groupes de la municipalité — zones rurales, urbaines et suburbaines — provenant de tous les secteurs, notamment de la santé, des affaires et de l'environnement, qui se sont entendus sur des principes de durabilité et de conservation.
Jen a une formation d'urbaniste et, au cours de sa formation, elle a eu à se pencher sur la stratégie de planification municipale régionale de la Municipalité régionale de Halifax. En théorie, ce plan doit servir de référence pour toutes les décisions de la collectivité en ce qui concerne les lieux où se fait l'aménagement et la manière dont il se fait — ce qui inclut l'endroit où les résidences sont bâties, l'endroit où s'établit l'activité commerciale et industrielle et les zones qui doivent être préservées. Dans les années qui se sont écoulées entre l'approbation du plan et le premier examen quinquennal qui s'effectue présentement, nous avons vu beaucoup d'activités d'aménagement qui semblent aller à l'encontre des principes établis dans le plan. Nous observons un étalement, des zones aménagées sur des terres fragiles, des aires de nature sauvage splendides menacées par un ensemble résidentiel, et nous avons un centre-ville qui est en train de perdre des entreprises importantes au profit de parcs commerciaux situés en bordure de la municipalité.
Le schéma régional repose sur les principes de la durabilité, et ceux-ci ne sont pas respectés.
Lorsqu'on parle de conservation urbaine, on ne devrait pas mettre l'accent sur la municipalité ou sur la collectivité dans son ensemble, mais plutôt cibler les centres-villes, les zones résidentielles et le centre de la collectivité. Ce sont les secteurs qui, souvent, ont été construits il y a 100 ans et dont on a laissé l'aménagement se faire par lui-même, tandis que les municipalités et les villes ont porté leur attention sur d'autres secteurs, comme les banlieues et les parcs industriels. Dans la municipalité régionale, aucun investissement n'a été fait au centre-ville au cours des 50 dernières années. Il est aujourd'hui impératif d'investir dans le centre-ville.
La société fait un retour aux noyaux urbains; le gouvernement doit également faire cette transition. Il y a eu un mouvement de rejet de la vie en banlieue axée sur l'utilisation de l'automobile, au profit d'un retour à un mode de vie urbain qui consiste à vivre à quelques minutes de marche du travail et des autres commodités. À mesure que les gens prennent de l'âge, ils reconnaissent la valeur de ce mode de vie. Les jeunes adultes ne veulent pas gaspiller leur argent ou leur temps sur l'autoroute. Selon une étude menée aux États-Unis, intitulée « Exploring Changing Travel Trends », le nombre moyen de kilomètres parcourus en véhicule par personne est en diminution.
Selon un rapport du Frontier Group intitulé « Transportation and the New Generation: Why Young People are Driving Less and What it Means for Transportation Policy », de plus en plus de jeunes Nord-Américains choisissent de ne pas conduire un véhicule privé; cela signifie qu'ils utilisent le transport en commun, qu'ils se déplacent à pied et en vélo. Ils ne prennent même pas la peine d'obtenir leur permis de conduire, parce qu'ils savent qu'un mode de vie plus actif est meilleur pour leur santé et pèse moins lourd sur leur portefeuille.
Les conséquences négatives de la position assise en voiture ne sont plus à démontrer. Dans un article intitulé « Obesity Relationships with Community Design, Physical Activity, and Time Spent in Cars », il a été établi que chaque heure supplémentaire passée dans une automobile, chaque jour, est associée à une augmentation de 6 p. 100 du risque d'obésité, tandis que chaque kilomètre supplémentaire parcouru chaque jour à pied est associé à une diminution de 4,8 p. 100 du risque d'obésité.
Nous savons que l'étalement des villes menace les terres agricoles et forestières. Dès lors qu'un champ a été recouvert d'asphalte, on ne peut plus l'utiliser pour faire pousser les aliments dont les citoyens du pays ont besoin pour survivre. Nous savons que la santé de nos bassins versants, de nos lacs et de nos cours d'eau est menacée par le lotissement et par les conséquences qu'engendre la présence d'une population importante à proximité.
Pour résoudre ce problème, la coalition a proposé une série de sept solutions visant à aider la Municipalité régionale de Halifax à s'engager sur la bonne voie. Ces solutions peuvent servir dans toutes les municipalités. Ici n'est pas l'endroit pour se perdre dans leurs détails, mais elles sont conçues de manière à être adoptées en bloc. Si on choisit de mettre en oeuvre une solution et non les autres, cela ne permet pas de créer le type de conservation nécessaire dans notre monde, qui est aux prises avec les défis du vieillissement de la population et du changement climatique.
Les sept solutions proposées par la municipalité sont les suivantes: aménagement de ceintures vertes; investissement dans le noyau des centres-villes; priorité aux transports en commun et aux transports actifs; adoption d'objectifs de croissance résidentielle; évaluation des droits d'aménagement; protection des ressources en eau, qui ne manquent pas dans la municipalité, en raison de nos lacs, de nos cours d'eau et de notre littoral; engagement à mesurer les succès et les lacunes des mesures identifiées.
La première solution, c'est-à-dire l'aménagement d'une ceinture verte, est une approche à plusieurs volets axée sur l'utilisation d'une frontière d'endiguement urbain qui nécessite que les villes fassent le meilleur usage possible des infrastructures en place.
La solution de l'aménagement d'une ceinture verte proposée par Our HRM Alliance se compose de quatre zones distinctes, mais étroitement liées, qui couvrent l'ensemble de la municipalité, en commençant peut-être par les zones les plus protégées et les corridors naturels, qui sont de bons endroits pour camper.
La deuxième catégorie concerne les ressources naturelles et l'agriculture. Nous ne pratiquons pas beaucoup l'agriculture dans la MRH, mais nous misons beaucoup sur la foresterie, et c'est donc dans cette catégorie que se trouvent nos activités dans ce domaine, ainsi que la pêche et la chasse.
Dans la troisième catégorie, il y a les collectivités rurales et les zones de gestion côtière, et dans la quatrième, le centre régional et les centres de croissance de la banlieue.
On demande donc à la municipalité de remplacer, de réparer et d'entretenir les conduites d'eau et d'égout qui sont déjà en place au lieu d'en construire de nouvelles. Dans la MRH, il existe suffisamment de terrains aménagés pour suffire aux besoins d'au moins 30 années de croissance, même dans un scénario de croissance élevée, et pourtant la municipalité approuve des extensions de conduites d'eau et d'égout. Les nouvelles normes fédérales exigeront que des améliorations importantes soient apportées aux conduites existantes; nous voulons donc savoir ce qui motive l'ajout d'infrastructures.
C'est une bonne chose d'obtenir de l'aide fédérale pour de nouveaux projets, mais la plupart des villes sont confrontées aux mêmes problèmes que ceux d'Halifax. Elles doivent entretenir les infrastructures existantes. Dans un rapport de l'Institut urbain du Canada intitulé The Value of Investing in Canadian Downtowns, on a validé ce point de vue.
La reconnaissance de cette situation par le gouvernement du Canada pourrait faire avancer la question de la conservation urbaine. Selon Ressources humaines et Développement des compétences Canada, en 2011, plus de 81 p. 100 de la population du pays vivait en zone urbaine. Il est essentiel de créer un ministère consacré à la conservation de ces zones urbaines.
La frontière d'endiguement urbain assurerait la préservation des terres agricoles et forestières à cette fin. Les milieux humides et les bassins versants seraient également protégés. Parallèlement, on pourrait investir dans le transport en commun dans les limites de la frontière d'endiguement urbain. Une vision fédérale du transport en commun appuierait ces mesures.
La deuxième solution d'Our HRM Alliance demande un investissement tripartite dans le noyau du centre-ville ainsi que dans les centres-villes et les rues principales des 50 autres centres de croissance municipaux dans la MRH. Les candidats à l'élection municipale ont reconnu que ce type d'investissement, tant qu'il est géré par le gouvernement fédéral, est essentiel à la conservation de toutes les zones urbanisées de la municipalité.
Enfin, le concept de conservation urbaine doit comprendre la préservation des espaces verts au sein des zones urbaines. Il doit également porter sur l'entretien des zones déjà construites. Lorsqu'on accorde la priorité à ces zones déjà construites, cela produit un effet dissuasif sur l'ajout de surfaces pavées dans la ville. Les villes peuvent croître et prospérer sans accroître leur empreinte de manière importante.
On devra faire les choses différemment pour répondre aux normes et aux attentes changeantes de la société, mais ce changement permettra l'existence d'un environnement urbain plus durable.
Merci beaucoup.
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Le trouble déficitaire de la nature est une expression inventée par Richard Louv, qui a écrit un livre intitulé
Last Child in the Woods en 2005. Ce livre résume bien la question. Ces cinq dernières années, j'ai travaillé avec Richard et son comité de planification stratégique aux États-Unis.
Je vais vous donner quelques statistiques. En ce moment, un jeune de 8 à 18 ans vivant en Amérique du Nord passe en moyenne 52,5 heures par semaine devant un écran. N'oubliez pas qu'il s'agit d'une moyenne; cela signifie qu'un grand nombre d'entre eux passent jusqu'à 70 heures, et certains autres seulement 30 heures, devant un écran. La Kaiser Family Foundation a compilé ces statistiques il y a deux ans. Ses membres ne croyaient pas les statistiques lorsqu'ils les ont vues, alors ils ont effectué d'autres tests sur des milliers de personnes, et ils ont obtenu des résultats plus élevés.
Quels sont les effets? C'est la différence entre les jeunes qui passent 30 heures par semaine devant un écran et ceux qui y passent 70 heures. Quelle est cette différence? On a parlé d'une chose, d'un énoncé, qui illustrait la différence entre eux. C'était que presque tous ceux du groupe qui passaient 30 heures devant un écran — c'est-à-dire 94 p. 100 d'entre eux — pouvaient se rappeler avoir vécu, avant l'âge de 8 ans, une expérience inoubliable, importante et décisive dans la nature en compagnie d'un adulte. Chez les enfants qui passaient 70 heures devant un écran, cette proportion était de 40 à 45 p. 100.
C'est un effet important. Dans certaines des recherches, on compare cela à l'apprentissage instinctif. Nous absorbons ces choses. En ce moment, dans la société, on s'emploie à veiller à ce que les enfants n'aient pas un moment pour apprendre de la nature.
Que signifient 40 heures par semaine sur le plan de la santé et du bien-être — c'est-à-dire 40 heures par semaine de moins devant un écran, et 40 heures de plus en activités d'engagement? Cela signifie que les enfants ne seront pas obèses. Pour la première fois dans l'histoire, nous, les adultes dans cette pièce, vivrons plus longtemps que nos enfants.
En effet, ils vont mourir plus jeunes, et ils vont coûter plus cher à la société, et c'est le grand changement. Par contre, s'ils sont actifs, cela épargnera beaucoup d'argent; on peut y arriver simplement, en les envoyant jouer dehors.
Nous aménageons toutes sortes de terrains de jeu. Au fond, nous pouvons modifier tous les terrains où il y a des installations de plastique et d'acier. Je vais vous donner divers exemples.
Les responsables d'une école privée peuvent nous demander de retirer les jeux en plastique et en acier, comme à l'école Bishop Strachan du centre-ville de Toronto. Les jeux sont restés là un an et demi, ils ont coûté 95 000 $, et trois enfants se sont cassé le bras de suite. C'est la fracture typique de l'os de l'avant-bras survenue à cause d'une glissade ou d'une balançoire. Les gens de l'école en avaient assez et se sont dit que c'était de la folie. Ils nous ont demandé de l'aide concernant le programme d'apprentissage par l'expérience de Reggio Emilia qu'ils mettent en oeuvre et les installations de caoutchouc, de plastique et d'acier dans la cour de récréation à terrain plat.
Nous retirons tous les jeux et nous aménageons des buttes munies de glissades. Notre structure de jeu est un arbre couché par terre. Les enfants peuvent escalader un rocher et jouer dans des forts. Au lieu de mettre l'accent sur les activités motrices simples, nous tenons compte de tous les aspects du développement de l'enfant.
Les statistiques indiquent que l'intimidation a diminué de 90 p. 100 et le vandalisme, de 70 p. 100. Le taux de blessure est moindre également. Personne ne s'est infligé de blessure grave jusqu'ici.
Nous travaillons aussi aux parcs municipaux. Nous tenons des consultations avec la ville, qui choisit qu'est-ce qui va remplacer les installations existantes.
Nous consultons toujours les collectivités. La réussite du projet repose seulement en partie sur son volet qui consiste à reverdir les lieux. La façon d'animer les lieux et le déroulement des consultations ont aussi une influence. Pour que le projet soit une réussite, les gens doivent sentir qu'il leur appartient. Le résultat dépend de la façon dont les gens prennent les décisions et de la façon d'organiser les activités après les modifications. C'est pourquoi nous collaborons avec la Fédération canadienne de la faune, ParticipAction, Parcs Canada, Right to Play et Scouts Canada. Ces organisations offrent toutes des programmes d'animation. Nous devons animer les espaces. Comme ce n'est pas suffisant de les aménager, nous participons aux discussions sur l'animation des lieux.
Un autre exemple bref, c'est le parc Moss du centre-ville de Toronto, dont les statistiques n'étaient pas très reluisantes. Un commanditaire a financé le projet que la collectivité a réalisé avec nous pour reverdir le parc. Nous nous sommes inspirés du parc national des Îles-de-la-Baie-Georgienne. Parcs Canada a mis en oeuvre un programme pour attirer les jeunes, qui sont devenus scouts. Un groupe scout a aussi été mis sur pied, mais le projet est tombé à l'eau.
Individuellement, les groupes d'intérêt ne pourraient pas réaliser leurs projets. Mais si nous collaborons tous ensemble et que nous faisons une bonne planification, nous pouvons procéder à un changement social complet. La participation a augmenté, et le crime a diminué. Le parc était un lieu de rendez-vous pour acheter du crack, mais ce n'est plus le cas grâce à tous les changements récents. C'est toujours ce qui arrive lorsqu'on travaille de la sorte.
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Merci beaucoup. Je me réjouis de vous voir, monsieur Butler et madame Powley, et je vous remercie de votre participation. J'espère bien revenir à cette question de l'accessibilité tout à l'heure pour que vous puissiez terminer ce que vous aviez commencer à nous dire. Merci également aux témoins ici présents.
Je n'ai qu'une ou deux questions, mais j'aimerais en guise de préambule vous livrer quelques réflexions personnelles qui m'ont amené à ces interrogations. Je veux d'abord remercier tout spécialement M. Bienenstock pour son analyse générale que j'ai beaucoup appréciée.
Je pense que vous avez vraiment fait bien ressortir les incidences sociales du sujet qui nous intéresse. Ce faisant, vous m'avez ramené, comme vous l'avez fait pour certains de mes collègues, à l'époque où j'ai commencé à m'intéresser à ces questions. Je dois vous dire que je suis un adepte du canot; une véritable passion pour moi. C'est en pleine nature que j'ai vécu les jours les plus enrichissants et les plus heureux de ma vie. En vous écoutant, je me demandais comment j'ai pu en arriver là, moi qui ai grandi en ville.
Il y a deux ou trois choses qui ont changé depuis mon enfance. Il y a notamment le fait que notre ville ne comptait alors que 80 000 ou 90 000 habitants. Il y en a maintenant autour de 230 000. À l'époque, il suffisait d'une courte randonnée en bicyclette ou même d'une heure ou deux de marche pour nous retrouver dans les champs et les forêts qui sont devenus nos lieux de prédilection.
Je constate par ailleurs que la génération de mes parents avait davantage que la nôtre le souci d'éduquer les plus jeunes. Dans ma communauté, il y avait toujours des gens disposés à mener les troupes de guides et de scouts à la découverte de milieux naturels. Je ne pense pas que les adultes de ma génération en ont fait autant pour nos enfants.
Troisièmement, et je regrette d'avoir à le dire, la population du Canada ne dépassait pas à l'époque les 20 millions, alors qu'il y a maintenant 30 millions de Canadiens.
Le seul aspect au sujet duquel je me dissocierais de votre analyse, monsieur Bienenstock, est qu'il y a maintenant presque trop de visiteurs dans certains parcs. Le parc provincial Algonquin est presque désormais domestiqué; ce n'est plus vraiment un parc sauvage comme je me plais à les imaginer. Je me suis donc tourné vers Quetico, un parc provincial autrefois encore plus sauvage, mais j'ai croisé un nombre effarant de pêcheurs américains, ce qui m'a obligé à m'enfoncer encore plus loin dans la nature. Tout cela pour vous dire que je me rends bien compte, à la lumière des exposés que nous avons entendus aujourd'hui, que l'accès à des espaces verts a été une chose très importante pour l'enfant que j'étais.
Je trouve fort intéressant le concept d'aménagement d'une ceinture verte mis de l'avant par Mme Powley et M. Butler, mais je me demande comment je peux y contribuer dans la sphère de compétence fédérale. Un seul mécanisme me vient à l'esprit, à savoir les incitatifs que nous pouvons offrir pour le financement des infrastructures. Pourrions-nous rendre ce financement conditionnel à la mise en place d'espaces verts suffisants ou obliger les villes à l'utiliser uniquement pour le réaménagement de leurs quartiers centraux? J'en reviens donc à me demander si c'est vraiment notre rôle de prendre des décisions à ce sujet et de dicter des priorités aux autorités locales. Je ne suis vraiment pas sûr que ce soit à nous de faire cela.
J'aimerais bien tirer tout cela au clair de manière à mieux voir venir les choses. Est-il préférable que ces décisions soient prises ici même à Ottawa ou bien dans les villes concernées? Est-ce que Mme Gabor et M. Wise pourraient d'abord me répondre à ce sujet?
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Il y a deux ou trois choses à dire à ce sujet.
Je dirais d'abord que je suis d'accord avec Andrea. Bien que j'adore mon travail, j'échangerais un de mes espaces contre un parc urbain asphalté et quelques mauvaises herbes si ce dernier offrait des activités extraordinaires, car on peut rejoindre beaucoup plus de gens de cette façon. La population est véritablement notre plus grand atout.
J'aimerais revenir un instant sur la question de la responsabilité. Je vous suggère d'inviter des actuaires en venir en discuter avec vous. Vous verrez que c'est un sujet qui les intéresse grandement, car moins de gens se blessent dans ces espaces. Pour une raison ou une autre, on voit les assureurs comme des croquemitaines, mais ce n'est pas le cas. Ils sont comme vous et moi, des gens ordinaires. Ils ont des enfants eux aussi, et ils veulent que tout soit sécuritaire et adéquat.
Il faut s'éloigner de l'analyse et de l'évaluation des risques, et passer plutôt à une analyse des risques et des avantages. Nous avons délaissé cette façon de faire devant les objectifs à court terme.
Si on pouvait forcer cette conversation, la question de la responsabilité ne se poserait plus. En fait, vous constaterez que les assureurs vont devenir des alliés à certains égards.
Le maire Bloomberg a lancé un excellent programme. Il a décidé que tout le monde devait avoir accès à un espace vert qu'on peut parcourir à pied. Il a transformé plus de 200 cours d'école en parcs publics. Il a le terrible problème d'avoir plus de donateurs prêts à verser un million de dollars pour qu'un parc porte leur nom qu'il n'y a de parcs à nommer. Ce n'est pas notre cas, mais c'est un joli problème à avoir. Avec un peu de chance, nous y arriverons un jour. Ces espaces sont efficaces.
De quoi a-t-on besoin pour que ces espaces suscitent l'intérêt? C'est remarquablement simple. Pensez à la forêt et trouvez un moyen de transplanter les arbres de façon durable en milieu urbain. Il suffit de s'assurer que les spécimens proviennent d'un rayon de 100 miles maximum, et cela devrait bien fonctionner. Les architectes paysagistes, même si j'ai râlé contre eux, sont en fait très bons pour trouver des solutions aux problèmes qu'on leur soumet, et c'est aussi vrai pour certains de nos urbanistes.