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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, merci de nous donner l’occasion de témoigner devant vous aujourd’hui.
Au nom de la Fédération canadienne des municipalités, je suis ravie de vous faire part du point de vue des municipalités sur les pratiques de conservation urbaine dans le cadre de votre examen d’un plan de conservation nationale.
Nous sommes la voix nationale des administrations municipales depuis 1901. Nous représentons environ 2 000 administrations municipales qui représentent elles-mêmes plus de 90 p. 100 de la population canadienne. Les administrations locales partagent la gérance de l’environnement avec les autres ordres de gouvernement. Les municipalités établissent les parcs locaux, protègent le couvert forestier urbain, les rivières et les lacs locaux, en plus de s’assurer que les Canadiens peuvent continuer de compter sur les avantages environnementaux, sociaux et économiques de ces lieux.
Les forêts urbaines profitent grandement aux collectivités. Elles permettent de tempérer les quartiers, d’améliorer la qualité de l’air, de fournir un habitat à la faune, d’éliminer le gaz carbonique de l’atmosphère, de retenir les eaux de ruissellement et de prévenir l’érosion. Les forêts urbaines ajoutent également une valeur esthétique, récréative et économique aux collectivités, ce qui améliore la qualité de vie. En 2011, Oakville a évalué que ces avantages représentaient 2,1 millions de dollars annuellement, tandis que la région de Peel les a évalués à 22,7 millions annuellement.
Les forêts urbaines du Canada sont aux prises avec d’importantes menaces relativement aux espèces nuisibles envahissantes, y compris l’agrile du frêne et le dendroctone du pin ponderosa, et des changements climatiques qui favorisent la propagation des espèces envahissantes ou qui provoquent des conditions dans certaines collectivités, comme la sécheresse, qui entraînent la mort d’arbres. Les municipalités assument les coûts élevés relatifs à la gestion de ces défis, même c’est un problème à l’échelle nationale. L’agrile du frêne démontre bien les défis liés à la protection de la nature et les coûts que doivent assumer les municipalités.
Sa présence a pour la première fois été rapportée au Canada en 2002 à Windsor, mais l’agrile du frêne s’est depuis propagé dans bien des secteurs du sud de l’Ontario et du Québec, et son entrée au Manitoba est imminente. L’agrile du frêne coûtera aux Canadiens plus de 2 milliards de dollars en initiatives de reboisement et en traitement. Kitchener estime à 10,4 millions de dollars les coûts pour éradiquer l’agrile du frêne, dont 7,5 millions qui devront être dépensés au cours des cinq prochaines années. Le plan torontois de gestion de l’agrile du frêne était évalué à 1,14 million de dollars en 2011. Toronto dépense 7 millions de dollars par année en traitement préventif pour les arbres.
Les changements climatiques créent au Canada un climat plus chaud ou plus sec dans certains secteurs, ce qui rend plus difficile la gestion des forêts urbaines. Le dendroctone du pin ponderosa a décimé des millions d’acres de forêt en Colombie-Britannique et s’est maintenant propagé en Alberta et en Saskatchewan, en partie en raison d’une succession d’étés secs et d’hivers doux. Les collectivités comme Prince George, en Colombie-Britannique, ont vu des parcs être complètement ravagés, ce qui a eu des répercussions sur la valeur des propriétés et a engendré des coûts de gestion élevés. Entre 2005 et 2011, la ville a dépensé plus de 9,52 millions de dollars dans ses programmes de lutte contre le dendroctone du pin ponderosa et de protection communautaire contre les feux de friches.
D’autres couverts urbains sont aux prises avec des problèmes relativement au climat. À Edmonton, au cours de la dernière décennie, 43 000 arbres sont morts en moyenne chaque année en raison de la sécheresse, alors que les pertes s’évaluaient auparavant de 600 à 900 arbres par année. Même si la ville a investi des millions de dollars, Edmonton a été incapable de suivre le rythme du ravage. Le plan de gestion de la forêt urbaine d’Edmonton l’aide à gérer son couvert forestier, mais il n’en demeure pas moins qu’il y a des coûts d’adaptation considérables.
Le gouvernement fédéral joue un rôle important en vue d’aborder ce problème, tant sur le plan des lois que de l’économie.
L’Agence canadienne d’inspection des aliments est chargée de prévenir l’importation, l’exportation et la propagation de plantes envahissantes en vertu de la Loi sur la protection des végétaux. En vertu de cette loi, l’Agence canadienne d’inspection des aliments peut imposer des restrictions ou des interdictions concernant des éléments qui pourraient causer le transport de parasites forestiers et peut désigner des zones de quarantaine ou des zones ou des secteurs exempts d’essences d’arbre précises.
Même si les municipalités ont dû assumer des coûts élevés pour se conformer aux décisions fédérales, aucune compensation ne leur a été versée. Ces décrets fédéraux sont conçus pour ralentir la propagation d’une région ou d’une province à l’autre, au lieu de circonscrire l’infestation aux municipalités touchées. Cela veut donc dire que les coûts assumés par les municipalités touchées en vue de s’y conformer profitent à l’ensemble du pays.
En ce qui concerne le soutien financier, l’ancien Programme de partenariat sur les espèces exotiques envahissantes d’Environnement Canada permettait aux municipalités de demander des fonds pour la gestion et l’élimination de parasites forestiers. Entre 2005 et 2012, 5,7 millions de dollars provenant de ce programme sont allés à la gestion des parasites, et 85 millions ont servi à financer 170 projets axés sur la prévention, la détection et la gestion d’espèces exotiques envahissantes. Pour ce programme, la demande de financement maximale était de 50 000 $, ce qui était trop peu pour avoir un effet comparativement aux millions dépensés annuellement par les collectivités. Le financement pour le Programme de partenariat sur les espèces exotiques envahissantes a pris fin le 31 mars 2012.
Le programme manquait de financement efficace, et sa structure était déficiente. Dans le cas, par exemple, de l’infestation du dendroctone du pin ponderosa en Colombie-Britannique, des incertitudes concernant la définition d’espèces envahissantes ont donné du fil à retordre aux collectivités, parce qu’elles n’étaient pas admissibles aux fonds. Cette situation a mené à une intervention insuffisante et à une propagation en Alberta et en Saskatchewan. Prince George et d’autres municipalités ont été en mesure d’avoir accès à d’autres programmes fédéraux, dont le Fonds d’adaptation des collectivités, mais le financement a pris fin en 2011, même si le problème persiste toujours.
Voilà ce qui m’amène aux solutions.
Les municipalités contribuent à mettre en place des stratégies en vue de protéger la santé des forêts urbaines. Cependant, les menaces qui planent sur les forêts urbaines échappent souvent au contrôle des administrations municipales et même des gouvernements provinciaux et territoriaux. Le gouvernement fédéral a un rôle important à jouer, et nous avons des recommandations.
Premièrement, il faut établir des partenariats avec tous les ordres de gouvernement sur une politique officielle concernant la gestion des forêts urbaines, y compris les changements climatiques et les parasites forestiers, dans les municipalités, les provinces et les territoires. Des partenariats entre les divers ordres de gouvernement sur des stratégies en vue, notamment, de contenir les parasites forestiers et de nous adapter aux changements climatiques nous permettront d’obtenir les meilleurs résultats pour les Canadiens.
Deuxièmement, le gouvernement devrait prendre les rênes dans le dossier des forêts urbaines par l’entremise d’un mandat de recherche élargi. Ni le gouvernement fédéral, ni les gouvernements provinciaux n’incluent les forêts urbaines dans leurs mandats, à l’exception d’un rôle limité en ce qui a trait aux espèces exotiques envahissantes. D’autres entités, dont le United States Forest Service et le European Urban Forestry Research and Information Centre, incluent les forêts urbaines en tant que programme et secteur de recherche. Avec les changements climatiques et d’autres facteurs qui risquent d’avoir un plus grand impact, ce travail revêt une importance en vue de permettre aux collectivités canadiennes de s’adapter aux risques futurs.
Troisièmement, nous recommandons que le gouvernement accorde un soutien financier pour lutter contre les menaces qui planent sur les forêts urbaines à l’échelle nationale.
Les coûts pour gérer les répercussions des espèces envahissantes et des changements climatiques sur les forêts urbaines se chiffrent en milliards de dollars. Le gouvernement devrait établir un fonds d’aide pour les municipalités en ce qui concerne le contrôle et la gestion des espèces, dont l’agrile du frêne, ou d’autres maladies ou insectes qui pourraient frapper dans l’avenir. Le gouvernement devrait également créer et financer des programmes conçus pour soutenir la gestion durable et continue des forêts urbaines.
Merci beaucoup.
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Bonjour, monsieur le président.
Membres du comité, bonjour. Je suis très heureux d'être ici parmi vous aujourd'hui.
Le Conseil régional de l'environnement, ou CRE, s'occupe du territoire de Laval. Il existe 16 conseils régionaux de l'environnement au Québec pour l'ensemble du territoire, sauf le Grand Nord. Les conseils régionaux sont créés par les organismes en environnement et par la population. Il s'agit d'organismes qui proviennent du milieu.
Le Conseil régional de l'environnement de Laval travaille, depuis 16 ans, à la protection, la conservation et la mise en valeur des milieux naturels, à l'aménagement du territoire, aux transports collectifs, à la gestion des matières résiduelles, etc. Notre équipe est petite. Elle est formée de quatre professionnels de chez nous. Nous avons un urbaniste, un géographe, un écologiste et moi, qui oeuvre en environnement et en écologie.
Depuis les années 1950, l'aménagement de notre territoire a un effet majeur sur nos écosystèmes et sur nos milieux naturels. En effet, on dépasse la capacité de nos écosystèmes, c'est-à-dire l'eau, l'air et le sol. Cela veut dire que l'on gruge présentement le capital. On dépense plus que les intérêts et on ne profite plus des services rendus par l'écologie.
La perte des milieux naturels en milieu urbain et périurbain, surtout dans le sud du Canada, a des effets sur les changements climatiques. On constate la perte des milieux naturels et de la biodiversité, la perte des plaines inondables, la diminution de la zone agricole et la mauvaise gestion des eaux de pluie. On regarde ce qui est arrivé, chez nous, dans la région du Richelieu. On regarde ce qui arrive à la rivière Rouge. On regarde tout ce qui arrive dans les autres provinces. On constate qu'il y a de l'érosion parce qu'on fait une coupe du bois excessive. On voit la piètre qualité de nos cours d'eau parce qu'on construit maintenant en bordure des cours d'eau. On canalise les cours d'eau et on draine de l'asphalte et toutes sortes de produits chimiques qui s'échappent des voitures. Ce phénomène est largement documenté. Il y a aussi l'érosion des berges et le déversement des égouts, c'est-à-dire tout ce qu'on peut trouver dans l'eau.
Il y a aussi les îlots de chaleur. D'ailleurs, je pilote une deuxième recherche sur ce sujet, l'une des plus grosses recherches faite en Amérique du Nord. Elle porte sur la région de Montréal. Le consortium universitaire comprend l'Université de Montréal, l'Université du Québec à Montréal et l'Institut de recherche en biologie végétale. De 1985 à 2005, on a perdu, dans la région métropolitaine, de 6 à 7 hectares par année de zone agricole et de milieux naturels. Cela veut dire qu'on perd tous les ans de 12 à 14 hectares de milieux naturels et agricoles à cause d'un mauvais étalement urbain.
On peut constater l'étalement urbain, la piètre qualité de nos paysages, l'utilisation solo de la voiture — ce qui produit des émissions de CO2 à profusion —, la pollution atmosphérique, le smog, la combustion des poêles à bois dans certaines régions périurbaines des grands centres urbains et même dans les centres urbains à cause des condominiums. Il y a beaucoup de foyers et il y a une demande énergétique accrue. On est toujours en train de consommer trop et de demander plus d'énergie.
Ainsi, pour le CRE, un des enjeux qui méritent une attention toute particulière est la gestion du territoire qui respecte la capacité des écosystèmes. Sur la rive nord de Laval, où vivent plus de 500 000 personnes, on a des problèmes d'approvisionnement en eau depuis 2001. On est obligé, à la suite d'un décret gouvernemental, de dynamiter un cap de roches entre le lac des Deux-Montagnes et la rivière des Mille-Îles pour approvisionner en eau 400 000 ou 500 000 habitants.
Si on n'avait pas fait ça, l'été dernier, on aurait mis les gens en péril. En parlant des îlots de chaleur, en 2010, on parlait de perte de biodiversité. Oui, c'est important. On parle de plantes envahissantes, ce qui est aussi important. Toutefois, les changements climatiques sont là et les îlots de chaleur le sont également. À Montréal, en 2010, au cours d'une période de sept semaines, 106 personnes sont mortes pendant la période de canicule. C'est documenté avec des chiffres. Si on ne réfléchit pas à ça, si on ne réfléchit pas à combien vaut une vie aujourd'hui, on a de sérieuses questions à se poser et on a des valeurs à remettre à la bonne place. On ne joue pas seulement avec des valeurs économiques, mais aussi avec la vie de la planète. Je vous conseille de regarder sérieusement tout ce qui se dit et tout ce qui se passe. Il est environ minuit moins une. Il n'est pas minuit moins cinq, il est minuit moins une.
La densification du territoire pour diminuer la pression sur les milieux naturels et les zones agricoles et l'aménagement du territoire en fonction du transport collectif et actif sont très importants aujourd'hui. Il faut aussi identifier et caractériser les milieux naturels à protéger, à conserver et à mettre en valeur. Quand on fait du développement et qu'on détermine les zones industrielles, les zones commerciales et les zones résidentielles, dans tous les schémas d'aménagement et dans toutes les villes du Canada, on oublie de dire quels milieux naturels on veut voir protégés, conservés et, surtout, mis à la disposition des citoyens.
On parle aussi de la création de zones tampons. Il y a des zones industrielles, selon les régions où l'on se trouve au Canada, et des gens vivent à proximité de certaines de ces zones. Il faudrait créer des zones tampons pour limiter les effets sur la santé.
Il est aussi question de la prise en compte des lois, des orientations et des règlements gouvernementaux dans une perspective de développement durable. On perd des lois; elles ne sont pas appliquées. On craint de les appliquer et on se demande souvent où l'on s'en va et pourquoi on ne les applique pas. Le prétexte invoqué est toujours que l'environnement nuit à l'économie. Or c'est faux. L'environnement doit être intégré à l'économie. On doit plus que jamais en tenir compte.
Les milieux naturels sont importants, que ce soit les milieux humides qui filtrent l'eau comme des reins ou les arbres quand les poussières atmosphériques captent le CO2. Ils travaillent pour nous 24 heures sur 24, 365 jours par année et ne nous demandent absolument rien. C'était là et on y a droit, de même qu'on a droit à une eau de qualité.
Avant de laisser la parole à Mme Bellemare, je souligne qu'il faut revoir la fiscalité municipale. Présentement, au Québec, le gouvernement au pouvoir parle de le faire, mais pour aider les citoyens et les municipalités de l'ensemble du Canada, il va falloir revoir la fiscalité municipale de tous les territoires et de toutes les provinces. C'est urgent parce que dans 15 ans ou 20 ans, c'est dans de grands centres urbains que vont vivre 80 p. 100 de la population du Canada. Il ne faut pas que ces gens étouffent et meurent plus jeunes.
Je vous remercie. Je cède maintenant la parole à Mme Bellemare.
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Bonjour. Je voudrais remercier le comité de nous avoir invités aujourd'hui.
Je suis biologiste de formation. Je travaille au Conseil régional de l'environnement depuis cet été. En vertu de mon mandat, je devais étudier les milieux humides de Laval. Or j'ai découvert que dans le sud du Québec et du Canada, il y a une très grande biodiversité. En fait, la majorité de la biodiversité canadienne se trouve dans le sud du pays, mais c'est aussi dans cette région que l'étalement urbain est parmi les plus importants. Je veux souligner ici qu'on protège beaucoup le nord et qu'on exerce beaucoup de pressions, mais il faudrait porter attention à la situation du sud.
On a parlé des initiatives de conservation urbaine qui peuvent être considérées. Il s'agit des initiatives de ceinture verte. Je ne sais pas si vous connaissez le concept. Il y a une ceinture verte à Toronto et à Vancouver, et on est en train d'en créer une à Montréal. Dans le cadre d'études qui sont en cours présentement, on essaie de chiffrer les biens et services écosystémiques d'une éventuelle ceinture verte à Montréal. Or on parle de plus de 4 milliards de dollars par année en services rendus par l'environnement.
Tout cela pour vous dire que l'écologie peut être à notre service. Nous faisons partie de cet écosystème. Je pense que le Canada a le potentiel nécessaire pour servir d'exemple au niveau mondial étant donné qu'on trouve encore au pays beaucoup de milieux naturels d'origine, c'est-à-dire qui sont encore présents. J'ai l'impression qu'il n'y a malheureusement pas beaucoup de règlements en vigueur pour protéger ce patrimoine. À mon avis, c'est un héritage naturel que nous pouvons laisser aux générations futures.
Enfin, je tiens à mentionner qu'en matière de conservation, on parle souvent de forêts, donc du milieu terrestre. Or il faudrait aussi parler des milieux aquatiques et agricoles. Tout cela fait partie du même système. Il faut travailler à la biodiversité, ce qui inclut notamment la diversité des habitats disponibles.
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Bonjour. Je m’appelle Ken Dion. Je suis gestionnaire principal de projet à l’Office de protection de la nature de Toronto et de la région, ou le TRCA.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, je tiens à vous remercier de nous donner l’occasion de venir témoigner devant vous au sujet de la conservation urbaine au Canada. Je suis ici à titre de gestionnaire du projet concernant l’évaluation environnementale du projet Lakeview Waterfront Connection au nom de l’Office de protection de la nature de la vallée de la Credit, ou le CVC.
Comme vous le savez peut-être, le CVC et le TRCA sont 2 des 36 offices de protection de la nature en Ontario. Il s’agit d’agences communautaires de gestion des bassins hydrographiques qui assurent la prestation de services et de programmes en vue de protéger, de gérer et de conserver les eaux et les terres en Ontario.
Nous fonctionnons à l’aide de partenariats avec le gouvernement, les propriétaires fonciers et les autres parties concernées. En Ontario, plus de 90 p. 100 de la population habitent dans une région couverte par un office de protection de la nature, y compris pratiquement toutes les régions urbaines. Le CVC et le TRCA collaborent depuis longtemps sur des enjeux ayant trait aux deux bassins hydrographiques.
Nous espérions que M. Mike Puddister, soit le directeur de l’intendance et de la restauration du CVC, puisse se joindre à nous, mais il ne pouvait pas venir. Voilà donc pourquoi je fais l’exposé.
Jim Tovey est conseiller municipal de la ville de Mississauga et de la région de Peel. Il est également membre du conseil d’administration du CVC et du TRCA. Il prendra la parole après moi et il vous parlera de la vision relative au projet Inspiration Lakeview, auquel se rattache le projet Lakeview Waterfront Connection.
L’évaluation environnementale du projet Lakeview Waterfront Connection a une structure complexe. C’est la région de Peel qui mène le dossier. Son principal intérêt est l’infrastructure, et la région doit entreprendre de nombreux projets au cours de la prochaine décennie relativement à la modernisation de ses canalisations et de ses routes. Cela produira beaucoup de déblais au cours des prochaines années.
Les coûts de ces travaux d’immobilisations augmentent grandement en raison du transport et de l’élimination des matériaux. De 38 à 50 millions de dollars sont prévus uniquement pour l’élimination des matériaux au cours de cette période. Les responsables cherchaient une meilleure façon d’utiliser et de réutiliser les déblais causés par leurs autres travaux d’immobilisations sur la scène locale en vue d’en tirer des avantages publics dans la collectivité.
La majorité des travaux qui seront entrepris dans le cadre du projet se feront sur le territoire du CVC. Cependant, le TRCA a beaucoup d’expérience dans des projets d’aménagement de secteurs riverains, et on nous a demandé de fournir des services de gestion de projet. Nous avons également une imposante équipe d’écologistes au sein de nos deux offices de protection de la nature, de même qu’une solide équipe de consultants.
Comme vous le verrez à l’écran, le projet est situé à la frontière de Toronto et de Mississauga, soit le territoire de la région de Peel. Le territoire du TRCA se limite évidemment à la ville de Toronto, tandis que le territoire du CVC se limite à la ville de Mississauga. Le projet principal se trouve dans cette région en bleue.
Il y a de nombreux enjeux au sujet du projet. Le site du projet dont il est question borde le lac Ontario, et c’est voisin de la station de traitement des eaux usées G. E. Booth de la région de Peel. À l’est, on retrouve l’ancienne centrale au charbon Lakeview de l’OPG. Sur le territoire du TRCA, nous avons les parcs Marie Curtis et Arsenal Lands.
J’ai positionné le Hanlan Feedermain, soit l’un des principaux projets d’immobilisations que la région de Peel propose d’entreprendre au cours des prochaines années; ce projet produira beaucoup de déblais propres. Ce sont la proximité du site du projet et les conditions le long du rivage existant qui nous ont aidés à lancer le projet.
Il y a évidemment d’autres enjeux dont nous devons être bien conscients. Il y a les prises d’eau potable pour Mississauga, la région de Peel et de nombreuses autres collectivités du secteur.
Ce projet est également en lien avec la vision relative au projet Inspiration Lakeview de Mississauga. Il s’agit d’un processus communautaire de définition d’une vision qui a eu lieu en 2010. En gros, l’objectif est de revitaliser les friches industrielles du secteur en collaboration avec l’OPG dans le but de créer l’un des secteurs les plus durables de la ville. Jim vous en parlera plus en détail.
Par l’entremise du processus de définition d’une vision, la collectivité a d’abord fait connaître son profond désir de voir un parc riverain être aménagé et de restaurer le caractère naturel de l’endroit dans le cadre du projet global Inspiration Lakeview. Notre évaluation environnementale concernant ce projet est l’une des nombreuses étapes à venir pour Mississauga.
La prochaine image vous offre une excellente vue du site. C’est le sud-est vu du haut des airs. Il s’agit d’un grand site industriel. Il y a la station de traitement des eaux usées, l’endroit pour le tas de charbon de l’OPG, le site de la centrale électrique, ainsi que de longues jetées qui s’étirent dans le lac. Nous avons un bel espace vert qui vient rejoindre le ruisseau Etobicoke, sur le territoire du TRCA, et les parcs Marie Curtis et Arsenal Lands, auxquels est rattachée une longue histoire militaire.
L’attrait principal du site est bien entendu l’eau. Le lac Ontario est à côté, et c’est l’une des raisons principales pour lesquelles le projet va de l’avant. Nous avons également de nombreux cours d’eau que nous espérons inclure dans les plans du parc riverain, soit le ruisseau Applewood et le ruisseau Serson, qui a en fait été divisé il y a des années pour que le faible débit passe sous un ponceau sous la station et s’écoule dans le lac, tandis que le débit d’orage emprunte un canal plus à l’ouest situé entre les deux sites industriels. Parmi les plans que nous examinons, nous voudrions notamment consolider les cours d’eau et les incorporer dans de futurs milieux humides côtiers.
De nombreuses raisons importantes nous ont menés à choisir cet emplacement. Par le passé, le site a été fortement miné pour des agrégats dans les années 1800 par un processus appelé le stonehooking. Port Credit était le centre de cette activité sur le lac Ontario. Les rives ont été grandement remblayées pour accueillir les industries, et les rivages ont également été fortement renforcés. Il s’agit de processus de piètre qualité. La population ne peut pas se rendre au bord de l’eau ou circuler le long de la côte, et les milieux humides côtiers du secteur ont depuis été remblayés.
Comme je l’ai mentionné, la région de Peel produit plus de 1,2 million de mètres cubes de déblais par ses activités quotidiennes visant l’expansion de son infrastructure, tout comme Mississauga par ses travaux en lien avec son réseau de transport en commun rapide.
Actuellement, il s’agit de déblais propres, mais ils sont traités comme des déchets. Les autorités les transportent sur de longues distances vers des sites d’enfouissement, et les coûts sont énormes et toujours croissants; cela impose un lourd fardeau financier sur les villes. L’objectif principal est de déterminer si ces matériaux peuvent devenir des ressources et nous procurer des revenus pour nous aider à aller de l’avant avec le projet et à rendre un terrain à la population.
Le projet est une collaboration entre des offices de protection de la nature et de nombreuses administrations régionales et municipales en vue d’établir un parc naturel le long du rivage qui créera un habitat écologique et qui permettra au public d’avoir accès à ce secteur riverain.
Parmi nos objectifs, nous cherchons à créer de nouveaux milieux humides, des milieux humides côtiers, des prés côtiers et des forêts, et nous voulons permettre au public d’avoir accès à l’eau, de profiter de l’eau, de se promener le long de l’eau et de relier les divers parcs riverains entre Toronto et Mississauga.
Un objectif majeur est bien entendu l’approche novatrice en matière de financement que nous envisageons d’utiliser. Si la région de Peel prévoyait 50 millions de dollars pour le transport et l’élimination des matériaux en tant que déchets et que nous pouvons offrir une source locale, la différence de coûts pour transporter les matériaux à la source devient notre financement pour la planification, l’acquisition de terrains et la création d’habitat en vue de concevoir un nouveau parc riverain qui améliorera grandement l’environnement du secteur. Il y a également d’énormes avantages sur la scène locale à ne pas gaspiller les investissements en immobilisations dans le transport longue distance vers les sites d’enfouissement.
Nous devons bien entendu également composer avec l’infrastructure en place. Il y a les installations de la station de traitement des eaux usées. Nous voulons également coordonner nos travaux avec le projet Inspiration Lakeview, que Jim abordera dans quelques instants, et nous conformer à la Lake Ontario Integrated Shoreline Strategy, dont s’occupe le CVC, et aux autres objectifs provinciaux et fédéraux en matière d’environnement.
Nous réalisons actuellement un processus d’EE concernant le projet. Il s’agit d’une EE individuelle par l’entremise du processus provincial. L’approche a deux étapes. Nous nous sommes servis de la première partie de l’EE pour déterminer comment nous procéderons, soit le cadre de référence de l’EE. Nous avons débuté en janvier. Nous avons présenté en juillet notre cadre de référence aux fins d’approbation. Nous nous attendons à recevoir les approbations d’un jour à l’autre. Lorsque nous les aurons, nous irons de l’avant avec l’EE proprement dite, et nous espérons l’avoir terminée d’ici la fin juin 2013. Les approbations nous mèneront jusqu'à la fin juin 2013. Nous souhaitons amorcer la construction de notre grand projet en juillet 2014.
Merci beaucoup.
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Si je peux me permettre, la greffière doit installer quelque chose pour mon exposé.
Le président: Nous allons attendre.
M. Jim Tovey: Merci beaucoup. Je m’excuse de ce contretemps.
Je vous remercie de nous avoir donné l’occasion de venir témoigner devant vous. Je suis en fait politicien par accident. L’image que vous voyez actuellement est celle de ma collectivité. C’est ma ville il y a 43 ans. Lors de son inauguration, il s’agissait de l’une des plus grandes centrales au charbon en Amérique du Nord, et elle se trouvait en plein coeur de ma ville.
J’ai commencé à enquêter sur les émissions. C’était à l’époque où la centrale au charbon fonctionnait à 15 p. 100 de sa capacité avec des épurateurs-laveurs. L’école primaire à 300 mètres de là a obtenu les troisièmes pires résultats parmi toutes les écoles primaires de la région de Peel, et ce, pendant plus de 20 ans. Les autorités ont fermé la centrale en 2005, puis ont décidé de construire une centrale au gaz de 1 000 mégawatts sur le bord de l’eau.
Le site que nous regardons est situé en plein centre de la région du Golden Horseshoe. C’est au sud-est de Mississauga; c’est donc dire que c’est directement à côté de Toronto. C’est situé à 10 minutes en auto de la rue Yonge et de l’Aéroport international Pearson.
La zone que vous voyez entourée en rouge est d’environ 285 acres. De plus, le projet de remblayage du lac créera 85 acres.
Je me disais que c’était complètement illogique d’avoir une centrale au charbon durant 43 ans, puis de décider de construire une centrale au gaz de 1 000 mégawatts sur sept kilomètres de magnifique rivage. Je me suis dit que cela ne se concrétiserait pas. J’ai donc formé un groupe. Nous avons collaboré avec l’Université de Toronto, et nous avons passé trois ans à peaufiner le projet à l’aide des gens. Nous leur avons demandé ce qu’ils aimeraient voir s’ils avaient carte blanche. Nous les avons sensibilisés aux pratiques exemplaires. Nous avons procédé à une analyse des coûts pour l’ensemble du projet. Nous sommes devenus le premier groupe de citoyens en Amérique du Nord à élaborer un plan d’urbanisme approuvé par les divers ordres de gouvernement.
Nous avons renversé le projet de centrale électrique, et nous avons convaincu la ville de Mississauga et le gouvernement de l’Ontario d’adopter ce que nous avons baptisé le projet Héritage. Notre objectif est de créer la collectivité la plus durable sur le plan environnemental dans le monde, et je sais que nous pouvons y arriver.
Ensuite, j’ai passé deux ans à présider le groupe de travail de la mairesse McCallion sur la mise en valeur des rives et la durabilité de l’environnement. J’ai eu l’occasion de travailler avec des gens vraiment extraordinaires. Nous avons défait le projet de la centrale électrique en 2008. J’ai fait deux ans avec la mairesse et le comité. Ensuite, les gens m’ont approché pour me dire qu’il fallait me faire élire si nous voulions mener à terme le projet. Je me suis présenté contre un conseiller qui avait cinq mandats consécutifs à son actif, et j’ai gagné par 128 voix. C’était excitant. C’était semblable à une course de chevaux. Je suis certain que vous pouvez comprendre l’adrénaline d’une bonne course de chevaux. C’était super.
Nous avons immédiatement repris les négociations avec le gouvernement de l’Ontario et avons obtenu un protocole d’entente concernant une mise en valeur adéquate du site d’ici 2014. Nous avons entamé une autre série concernant ce que nous appelons maintenant le projet Inspiration Lakeview. Nous avons mis en branle de nombreux processus au cours desquels nous avons fait appel à la participation du public. Nous avons permis aux gens de concevoir la nouvelle collectivité durable. C’était à la suite de la signature du protocole d’entente avec Charles Sousa, la mairesse, notre directeur municipal et des représentants de l’OPG.
L’endroit a également une histoire fascinante. C’est le site du tout premier aéroport au Canada. J. A. D. McCurdy, le premier Canadien à voler, y était instructeur de vol en 1915, 1916 et 1917. C’est sur ce site que 8 des 15 as de l’aviation de la Première Guerre mondiale ont été formés. Ils étaient venus d’Angleterre. Cette histoire fascinante a presque été perdue.
Voici d’autres photos du projet Inspiration Lakeview. Nous avons divisé le tout en huit principes. J’en ferai un survol très rapide. Nous voulions relier la ville et l’eau. Autrement dit, nous voulions non seulement rapprocher la ville de l’eau, mais également rapprocher l’eau de la ville.
Nous avons accueilli des gens de Hammarby, en Suède. Je ne sais pas si vous connaissez Hammarby, mais c’est actuellement la collectivité la plus durable sur le plan environnemental dans le monde. Nous venons justement de recevoir une subvention de 175 000 $ du gouvernement fédéral pour faire revenir des architectes de Hammarby en vue de nous aider avec notre prochain plan d’urbanisme que nous entamerons dans une semaine et demie.
Nous voulions ouvrir le site et le rendre accessible au public, parce qu’il ne l’est plus depuis que le Garrison Common a commencé à l’utiliser en 1896 comme champ de tir et champ de tir pour l’artillerie.
Nous voulions créer une communauté verte et durable. À Hammarby, en Suède, au lieu d'utiliser des conduites d'eaux pluviales, on utilise des canaux d'eaux pluviales. Ils sont très beaux et contribuent également à filtrer l'eau. Ces canaux présentent un avantage économique car ils sont moins coûteux à entretenir à long terme qu'un important système d'eaux pluviales.
Nous voulions bâtir une communauté dynamique qui comporte une dimension humaine. Les gens aiment l'aspect humain. Nous voulions également assurer la liaison entre les municipalités. La ville de Mississauga dépense actuellement des sommes faramineuses pour mettre sur pied un réseau de transport plus évolué. La mairesse McCallion était à une certaine époque considérée la reine de l'étalement urbain, mais ce n'est plus le cas maintenant. Sa municipalité dispose actuellement d'un réseau de transport en commun, ce qui est formidable.
Nous allons également créer des destinations au bord de l'eau. De plus, nous nous commémorerons l'histoire. Nous comptions la plus grande usine de charbon en Amérique du Nord, ce qui fait maintenant partie de notre patrimoine. C'est un merveilleux héritage et certains des meilleurs ingénieurs au monde ont travaillé à ce projet.
Nous voulons également nous assurer que c'est financièrement viable. C'est là où un projet comme celui dont Ken a fait référence entre en jeu. Toutes ces initiatives sont axées sur la durabilité.
Nous avons préparé deux plans différents et nous entamerons dans une semaine et demie l'élaboration d'un plan directeur, lequel sera achevé dans 18 mois. Nous entreprendrons les travaux de construction par la suite. Nous ne demandons pas d'argent. Nous allons mener à bien ce projet nous-mêmes, et ce, grâce à des investissements privés et à des fonds alloués par la ville de Mississauga.
Les 85 acres s'insèrent à merveille dans le plan directeur. Le site s'étend sur sept kilomètres et demi, et la station d'épuration des eaux usées est le seul endroit auquel le public n'a pas accès. Deux ruisseaux sont dans un très piètre état, et notre projet de milieux humides nous aidera à les restaurer. Nous allons acheminer l'eau nécessaire au site, ce qui créera de nombreuses possibilités environnementales fort intéressantes.
Nous avons déjà délimité nos corridors verts. Un volet culturel est également prévu. Mississauga ne compte pas de centre culturel et nous voulons mettre en place des installations qui font la promotion des arts, du patrimoine, des sciences et de la culture. Nous voulons les regrouper tous au même endroit. Si nous pouvons transformer un site utilisé pendant 120 ans à des fins militaires et à des fins industrielles abusives pour en faire un modèle à suivre, il est alors possible de répéter l'expérience n'importe où dans le monde. Nous pouvons utiliser ce site, et nous avons déjà établi des partenariats avec trois universités pour former une nouvelle génération de Canadiens. Nous pourrons par la suite exporter ces connaissances ailleurs dans le monde.
Merci.
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J'ai travaillé dans la gestion de projets de construction pendant de nombreuses années.
En 1994, le gouvernement de l'époque avait déclaré qu'il fallait commencer à densifier nos communautés, à utiliser davantage l'infrastructure existante et à cesser de causer du tort à l'environnement. Nous avons pris ces recommandations très au sérieux. En me promenant avec mon chien juste au nord d'une centrale, j'ai aperçu la réflexion de la lune dans l'eau. Je me suis retourné et, à ma droite, je pouvais voir le chemin Cawthra et Lake Shore et, à ma gauche, Lake Shore et le chemin Dixie. Un mille et demi sépare les deux routes. Ce site, si vaste, n'était qu'une friche industrielle. J'ai pensé que si nous pouvions faire disparaître la centrale au charbon et transformer le site, nous pourrions créer un avenir meilleur pour nos enfants et nos petits-enfants.
Je pense que c'est la priorité et l'objectif de votre comité.
Prenez l'exemple du projet des milieux humides. La région de Peel était disposée à dépenser 75 millions de dollars pour transporter tous ces déchets dans un trou à l'extérieur de la région du Grand Toronto, qui est actuellement confrontée à une crise, car elle n'a nulle part où déverser ses rebuts.
Cette jeune femme a fait valoir un excellent point: nous devons nous concentrer sur le sud. Nous avons éliminé 93 p. 100 de nos milieux humides et consolidé 85 p. 100 des berges le long du secteur riverain de la région du Grand Toronto. Dès qu'on détruit les milieux humides, on empêche la nature d'assainir l'eau pour nous. Vous avez parlé de discuter de l'environnement dans le cadre d'une tribune urbaine. Nous devons rétablir davantage d'éléments comme les milieux humides.
Avec un projet comme celui-ci, nous allons restaurer des milieux humides pour la somme de 41 millions de dollars, ce qui est inférieur aux 75 millions de dollars que la région était disposée à dépenser pour se débarrasser des déchets. Nous allons non seulement rétablir les milieux humides, aménager des frayères et remettre en état deux ruisseaux complètement détruits, mais nous allons également offrir une expérience beaucoup plus agréable aux résidents de cette communauté, qui pourront désormais se rapprocher de la nature.
Nous commençons à comprendre la teneur du projet et ce que nous devons tous faire à l'avenir, en notre qualité de chefs de file. C'est ce qu'il convient de faire d'un point de vue financier et, à mon sens, c'est ce sur quoi nous devons nous concentrer.
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Cette étude est très intéressante. J'étudie l'urbanisme depuis au moins 12 ans maintenant et j'adore lire des études d'aménagement. Cela peut paraître un peu étrange, mais je me plais beaucoup à lire ces études.
Jan Gehl est un professeur à Copenhague connu dans le monde entier. Il a dessiné les plans du centre-ville de Copenhague. Il vient de terminer ceux de Times Square et a esquissé les plans du centre-ville de Sydney. C'est un génie.
Toutes sortes d'études sont réalisées. Les gens qui vivent dans un milieu urbain, où nous sommes de plus en plus nombreux à nous établir, sont confrontés à une difficulté. Si l'on vit dans une jungle de béton, comme celle que l'on a créée dans les secteurs riverains de Toronto, l'atmosphère y est stérile et ennuyante. Il y a des études qui le prouvent.
Jan Gehl a réalisé deux études, auxquelles je vais faire référence très rapidement.
L'une porte sur les stimuli nécessaires pour maintenir en éveil le cortex cérébral. Toutes les trois secondes, notre cortex cérébral doit être stimulé, sinon nous nous ennuyons. Quand vous vous promenez dans un endroit qui abrite d'énormes immeubles d'habitations en copropriété et des façades en béton de 300 pieds, ce paysage ne vous stimulera pas. Ce genre de décor nuit à votre santé et à votre sentiment d'appartenance.
Une autre étude a été réalisée, que j'ai trouvé absolument incroyable. Vous remarquerez que la plupart des immeubles sur nos images ne comptent que six étages. L'équipe de Jan Gehl a découvert qu'une mère pouvait établir un contact visuel avec son enfant d'un balcon de six étages, mais pas de sept étages. Jan Gehl ne dessine donc aucun plan d'immeuble de plus de six étages pour cette raison.
Ces faits sont tous très intéressants et en disent long sur l'endroit, sur le milieu urbain.
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Puis-je parler de la forêt urbaine?
Je vais passer à l'anglais si vous me le permettez. Mon français est passable, mais sans plus.
[Traduction]
Je tiens simplement à vous signaler que je suis conseillère municipale et que je siège au conseil d'administration de la Fédération canadienne des municipalités. Je pense avoir oublié de le mentionner au début de mes remarques.
J'aimerais parler des problèmes environnementaux au sein des municipalités, et plus particulièrement des forêts urbaines. C'est très important, compte tenu des avantages qu'offrent les arbres dans un milieu urbain. Il s'agit d'espaces verts et de forêts. Ces espaces offrent des avantages pour l'économie, l'environnement, la société et la santé des villes. Il est extrêmement important d'avoir des arbres dans une ville.
Je vais prendre l'exemple de ma ville, qui compte moins de 100 000 habitants, environ 95 000 pour être plus précis. Notre couvert forestier est descendu sous la barre des 20 p. 100. Il se situe à environ 15 p. 100 à l'heure actuelle, ce qui est désastreux pour notre ville, comme je l'ai dit, en raison des avantages environnementaux, de la baisse de température et de tous les autres bienfaits des arbres. L'agrile du frêne a commencé à dévaster notre ville il y a environ deux ou trois ans. Nous commençons à perdre des arbres. Notre couvert forestier est d'environ 15 p. 100, et nous allons perdre à peu près 90 000 arbres, dont 10 000 d'entre eux appartiennent à la municipalité. Les 80 000 autres appartiennent à des intérêts privés.
Pour vous donner un exemple de ce que ce problème signifie pour notre ville, la perte de 90 000 frênes ferait baisser notre couvert forestier de 1,5 à 2 p. 100. Il ne serait alors que de 13 p. 100, voire de 12 p. 100.
Le coût de cette perte est colossal pour notre ville. Nous venons de commencer cette année à évaluer les arbres qui sont touchés et ravagés. Nous avons un plan stratégique échelonné sur 15 ans pour essayer de régler le problème.
Je vais vous donner un aperçu très rapide du plan. En 2013, nous dépenserons 60 000 $ pour le traitement seulement, 140 000 $, pour couper des arbres, et... Nous dépenserons environ 265 000 $ l'an prochain pour abattre des arbres et en planter d'autres.
Compte tenu du nombre d'arbres que nous avons et de l'ampleur du projet de reboisement — nous voulons atteindre un couvert forestier de 40 p. 100, ce qui correspondrait à un ratio de 1 sur 3 —, la plantation d'arbres nous coûtera 1,5 million de dollars pour faire face aux répercussions de ce fléau.
Les forêts urbaines revêtent une grande importance pour toutes les villes et collectivités de partout au pays. Je pense qu'il est important de régler ce problème.
Merci.
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Monsieur le président, dans vos remarques liminaires, vous avez très bien formulé certaines des questions que nous risquons d'étudier.
Je souhaite la bienvenue au groupe de témoins.
La semaine dernière, j'ai rencontré trois conseillers de la Fédération canadienne des municipalités pour discuter de certaines de ces questions. Très brièvement, ils m'ont fait part de leurs préoccupations entourant l'infrastructure, l'absence d'une stratégie nationale de transport en commun — je pense que nous sommes le seul pays membre de l'OCDE qui n'en a pas — et des conséquences pour l'environnement. On se préoccupe davantage du traitement des eaux que de la conservation urbaine.
Je pourrais peut-être adresser ma question à vous, Marguerite, puisque vous êtes la vice-présidente de la FCM.
Comment le gouvernement fédéral classe-t-il ces préoccupations par ordre de priorité? Pour revenir à la question du président, quel rôle le gouvernement fédéral doit-il assumer à cet égard? Permettez-moi de préciser la question pour vous aider à nous fournir une réponse. Vous avez présidé le comité sur les sites contaminés de la FCM. Vous avez également été membre du groupe de travail sur les sites contaminés de la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie, qui a élaboré une stratégie nationale sur les zones désaffectées en 2003. Malheureusement, la Table ronde nationale, autrefois présidée par notre gouverneur général, a été abolie, tout comme le Programme de partenariat sur les espèces exotiques envahissantes, que vous avez mentionné.
Avons-nous des solutions de rechange, des instruments de remplacement ou des cadres pour ces deux initiatives qui sont, à mon avis, assez importantes? On a parlé du Fonds municipal vert, qui a joué un rôle très important.
Comment obtenons-nous du financement pour la stratégie de conservation urbaine? Quel genre de politiques devraient être en place? Par exemple, devrions-nous doubler la remise de la taxe sur l'essence?
Ce ne sont là que quelques-unes des questions sur lesquelles vous pourriez vous pencher. Si d'autres témoins souhaitent répondre à mes questions, je n'y vois pas d'inconvénient.
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Je n'ai pas écrit tous les commentaires que vous avez faits; donc, j'aurai parfois besoin de votre aide.
Je vais commencer par le plan d'infrastructure à long terme. C'est le dernier élément. La semaine dernière, comme vous l'avez indiqué, la Fédération canadienne des municipalités a tenu sa réunion de consultation ici, à Ottawa, et c'est à ce moment-là que nous avons discuté des divers problèmes avec les députés.
La taxe sur l'essence est l'un des aspects importants dont nous avons longuement discuté lors du dernier budget fédéral, parce qu'on mettra bientôt fin au programme Fonds Chantiers Canada, à deux ou trois autres programmes et aux Fonds de la taxe sur l'essence, bien entendu. À cet égard, le gouvernement fédéral avait promis de tenir des discussions avec la Fédération canadienne des municipalités au moment de l'adoption du budget, particulièrement en ce qui a trait au plan d'infrastructure à long terme. Je suis certaine que vous savez tous que nos ponts s'écroulent, que nos routes ne sont pas entretenues et que l'infrastructure verte entre en jeu aussi, tout comme beaucoup d'autres choses qui relèvent des administrations municipales.
Voilà les questions dont nous nous occupons, de toute évidence. Nous avons travaillé avec le gouvernement fédéral. Nous avons essayé de collaborer. Le gouvernement fédéral a indiqué qu'il travaillerait avec nous. Encore une fois, nous savons que l'infrastructure est la richesse du pays, qu'elle est vieillissante et qu'on ne l'entretient pas assez. Les administrations municipales n'ont tout simplement pas les ressources nécessaires pour tout faire elles-mêmes. Nous ne les avons vraiment pas. Il nous faut des partenariats. Dans tout ce que nous faisons, nous avons besoin de partenariats avec les gouvernements provinciaux, le gouvernement fédéral et les administrations municipales.
Pour l'infrastructure, comme vous l'avez dit, nous souhaitons l'indexation de la taxe sur l'essence. C'est un premier respect. Il y a le Fonds Chantiers Canada. Nous voulons travailler avec vous de façon à favoriser la collaboration dans l'ensemble du pays, avec les administrations municipales, le gouvernement fédéral et aussi avec les gouvernements provinciaux. Il est très important que les trois ordres de gouvernement travaillent ensemble dans tous les dossiers liés à l'infrastructure. Il faut continuer à faire avancer le pays et créer de la richesse. Nous ne pouvons tout simplement pas le faire nous-mêmes. Le gouvernement fédéral a aussi besoin des autres ordres de gouvernement; donc, nous devons tous travailler ensemble.
Je ne sais pas si cela répond à votre question.
Je suis d'accord avec vous sur ce point. Je pense que les trois ordres doivent travailler ensemble.
J'ai passé 30 ans dans le secteur privé. J'ai été absolument stupéfait de constater le peu de ressources financières dont dispose notre ville, même s'il s'agit d'une des rares villes au Canada qui n'a pas de dette. Nous avons contracté notre toute première dette cette année. J'ai commencé au sous-sol de l'hôtel de ville. Je suis allé au service d'expédition et de réception. Je suis allé dans tous les services. J'ai demandé à voir les documents comptables et j'ai posé des questions sur les activités. Il y a une très grande rationalisation et les services sont offerts de façon très efficiente. Ensuite, j'ai cherché à savoir où se situe le problème.
À mon avis, le problème c'est que les municipalités sont propriétaires de 65 p. 100 des infrastructures et qu'elles reçoivent 9 ¢ pour chaque dollar. C'est là le problème le plus important. Je me demande si quelqu'un dans cette pièce peut me dire comment cela fonctionne. Comment peut-on entretenir, construire et remplacer 65 p. 100 des infrastructures du pays lorsqu'on obtient seulement 9 ¢ pour chaque dollar? C'est totalement illogique.
Je suis d'accord avec vous: je pense que les trois ordres de gouvernement doivent s'asseoir ensemble. Il faut vraiment comprendre que ce qui contribue au succès du Canada et qui permettra d'assurer ce succès à l'avenir, c'est la vitalité des villes canadiennes et la qualité des infrastructures.
Un de mes amis met en oeuvre des projets de construction en Chine. C'est assez amusant. Les Chinois ont construit 40 kilomètres d’un système léger sur rail en deux ans. Comment ont-ils pu y arriver? Ils n'ont pas fait d'évaluation environnementale. Mon ami est l'architecte principal. Il a demandé aux Chinois ce qu'il en était des évaluations environnementales, et on lui a demandé ce que c'était. Il leur a répondu qu'elles servaient à déterminer si cela serait positif ou négatif. Son homologue chinois l’a regardé et lui a dit que ce serait positif parce qu'il s'agit de transport en commun.
Je suis certain qu'il est possible, aux trois ordres de gouvernement, de trouver des façons d'économiser et de s'entraider.
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Le gouvernement fédéral devrait injecter des fonds dans les municipalités ou dans les MRC du Canada qui sont des modèles de développement de services de proximité. Ce serait la première chose à faire. Il faut arrêter de développer les villes comme on le fait. Les services sont loin. On est obligés de prendre l'automobile pour se déplacer. Nos villes sont construites en fonction de l'automobile. Celle-ci a une certaine utilité, mais on peut faire des modèles de services de proximité.
On parlait de six étages. Selon moi, on devrait construire des bâtiments qui ne sont jamais plus élevés que quatre étages parce que ça coûte moins cher à climatiser, parce qu'on respecte la canopée des arbres et la hauteur des arbres qui offrent un couvert climatique différent et doux. De plus, vu qu'on est dans des pays nordiques, les arbres coupent le vent en hiver. Cela fait donc aussi diminuer la consommation énergétique.
Je regarde des villes comme Montréal, que je connais très bien, ou Toronto. Je regarde Ottawa, qui est une très belle ville selon moi. Si on ouvre les rues pour refaire des infrastructures, pourquoi toujours faire des rues très larges et des gros boulevards? Pourquoi ne pas ramener cela à une échelle plus humaine?
Prenons l'exemple de la rue Saint-Denis à Montréal qui est longue de 14 km. Enlevez-lui une voie de circulation d'automobiles et mettez-y de la verdure. Quand vous allez refaire les infrastructures d'égouts pluviaux, vous allez utiliser des tuyaux beaucoup moins chers. Vous allez faire des économies. Vous allez pouvoir planter des arbres et mieux gérer les pluies et les précipitations. Il va y avoir une percolation de l'eau dans le sol, une diminution des gaz à effet de serre et, par conséquent, des changements climatiques. Cela va adoucir les températures autant l'hiver que l'été. Les milieux naturels sont là pour être intégrés.
Si le gouvernement du Canada voulait faire quelque chose, il devrait financer les projets qui sont réellement verts et bien adaptés à la société et aux citadins du Canada.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins d'être parmi nous aujourd'hui. C'est très intéressant et très passionnant.
Nous avons commencé par un plan de conservation national. Nous avons d'ailleurs fait le tour du Canada. Nous avons pu constater, en effet, les dommages causés par l'étalement urbain, notamment.
L'année dernière, j'étais présent au Forum québécois sur l'énergie, à Shawinigan. Mes questions vont d'ailleurs s'adresser au CRE de Laval et vont concerner cet événement.
Quand nous avons élaboré le Plan de conservation national, nous avons insisté pour que les cibles d'Aichi, soit 17 p. 100 des aires terrestres et 10 p. 100 des aires marines, soient inscrites dans ce plan. Malheureusement, on indique qu'on devrait peut-être atteindre ces cibles et non que le plan de conservation doit les atteindre.
Pensez-vous que ces cibles seraient un bon départ pour un plan de conservation national et un plan de conservation urbain?
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En fait, 90 p. 100 de la population ontarienne habite dans une région couverte par un office de protection de la nature. C'est lié au bassin hydrographique. Nous sommes responsables d'un important bassin hydrographique.
Nous avons constaté, au sein du public, un grand intérêt pour la création de ceintures vertes dans les collectivités. C'est particulièrement le cas dans la région du Grand Toronto, où beaucoup de gens dépensent de grosses sommes pour avoir un chalet à quatre ou six heures de route. Or, beaucoup de personnes n'en ont pas les moyens. Les zones vertes des centres urbains représentent la campagne en ville. Cela englobe les milieux humides, les forêts, les corridors verts et l'accès au lac Ontario.
Il est plutôt ironique de voir que les gens de Toronto vont si loin pour avoir leur propre parcelle au bord d'un lac alors qu'ils ont accès à ce lac gigantesque dont très peu de gens profitent. En ce qui a trait à vos autres questions sur l'amélioration de la qualité de l'eau, sept des huit plages de Toronto ont satisfait aux exigences pour l'obtention de l’éco-étiquette Blue Flag. De nos jours, on peut se baigner dans le lac la plupart du temps, mais les gens n'en profitent pas.
Cela est intrinsèquement lié aux plans de développement. Dans beaucoup de nos projets actuels, nous réaménageons des friches industrielles qui deviendront de nouvelles collectivités dynamiques plutôt que d'essayer de consacrer chaque pied carré au développement. Alors, il y a cette rivière au milieu du projet. Comment peut-on en minimiser l'importance et la camoufler? Mettons-la en valeur. Présentons-la comme un élément essentiel du projet de développement. Mettons-la en valeur pour que cela fonctionne et ce sera une valeur ajoutée. Au Canada et aux États-Unis, beaucoup d'études ont démontré que cela ajoute de la valeur aux propriétés offertes.
Ne considérez pas cela comme une chose qui réduit votre profit. En fait, avec une planification globale adéquate, cela pourrait représenter une valeur ajoutée.
:
Merci, monsieur le président.
Merci à tous d'être ici.
J'ai deux questions. Je vais donc les poser, et vous pourrez y répondre à tour de rôle.
Comme le président l'a indiqué, une des questions qu'il faut étudier consiste à savoir quelles sont les meilleures pratiques au Canada en matière de conservation urbaine. Monsieur Tovey, vous avez cité en exemple le fait qu'il serait moins coûteux d'utiliser des canaux d'eaux pluviales plutôt que des conduites d'eaux pluviales. C'est probablement une pratique exemplaire.
[Français]
M. Garand a dit qu'on doit, par exemple, éviter les monocultures afin de combattre les espèces envahissantes.
Il existe des pratiques exemplaires.
[Traduction]
Quel rôle le fédéral pourrait-il jouer pour s'assurer du partage des meilleures pratiques et pour s'assurer qu'au Canada, tout le monde comprend en quoi elles consistent?
Ma deuxième question porte aussi sur le rôle du fédéral. M. Sopuck a posé une question sur l'inclusion des infrastructures naturelles dans le Fonds municipal vert. J'aimerais revenir là-dessus. Je trouve que c'est vraiment intéressant. Nous avons entendu des témoignages généraux sur les dépenses en infrastructures et sur le fait que la conservation urbaine n'est pas admissible au financement fédéral pour les infrastructures. Certains témoins ont proposé de revoir la façon dont ce financement est accordé, en particulier le financement tripartite. Nous avons peut-être plutôt besoin d'un incitatif et de dire que ce genre de projets est admissible.
Pensez-vous qu'il est temps de revoir la façon dont on accorde le financement? Encore une fois, il y a le rôle du gouvernement fédéral et le partage des meilleures pratiques.
Commençons par M. Garand.
:
Merci, monsieur le président, et merci aux témoins d'être venus.
Je ne suis pas membre de ce comité et j'ai trouvé les interventions très intéressantes. Ayant moi-même été maire de deux collectivités, je comprends bien les défis que fait ressortir la Fédération.
J'aimerais parler brièvement de la conservation de l'eau, mais avant cela, je voudrais revenir à la question du financement.
Notre gouvernement s'est associé aux provinces et aux municipalités, et il a pris part à l'investissement le plus important jamais fait dans les infrastructures depuis 50 ans. Non seulement avons-nous renforcé le Fonds de la taxe sur l'essence, mais nous avons aussi créé le Fonds d'adaptation des collectivités, le Fonds Chantiers Canada et le Fonds municipal vert, et nous avons appliqué des mesures de relance. Lorsque j'étais maire, le gouvernement fédéral a arrêté de facturer la TPS sur tous les projets prévus pour les municipalités, ce qui nous a permis d'économiser littéralement des centaines de millions de dollars. Lorsqu'on parle d'environ 8 ou 9 p. 100, nous parlons d'association et nous faisons notre part pour appuyer les municipalités.
J'ai une réserve à propos de la conservation de l'eau et elle concerne la planification. Notre collectivité a construit une usine de 21 millions de dollars qui permet de traiter l'eau par rayons ultraviolets, chlore et filtration. Nous offrons ces immenses quantités d'eau potable aux résidents et ils s'en servent notamment pour arroser leur pelouse. Voilà le défi que présente la façon dont nos infrastructures sont structurées. Par rapport à la capacité de l'usine de traitement, on a dû tenir compte de l'arrosage des pelouses. C'est payer très cher pour arroser les pelouses.
Autre exemple, les toilettes à débit restreint. En Australie, le gouvernement fédéral a imposé par règlement l'utilisation de toilettes à débit restreint, équipées de deux boutons, dont vous pouvez vous imaginer l'usage. Cela a permis, grâce à une consommation moindre d'eau, d'économiser des milliards de dollars — je dis bien des milliards — dans les infrastructures.
Il y a toutes sortes de façons, du moins au niveau municipal, d'appliquer une réglementation qui favorise la conservation.
Puisqu'on parlait de drainage, aux États-Unis, on recueille les eaux de drainage et certaines des eaux grises dans les quartiers, on les recycle, et on s'en sert dans les jardins. Voilà le genre de mesures auxquelles je pense pour conserver l'eau, les nappes phréatiques et les arbres que vous vouliez bien arroser.
Madame Ceschi-Smith, y a-t-il des pratiques exemplaires sur lesquelles la Fédération canadienne des municipalités se penche pour assurer la conservation de l'eau dans le contexte plus vaste de la protection des autres composantes de l'écosystème?