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Je déclare ouverte la 70
e séance du Comité permanent de l'environnement et du développement durable.
Nous avons aujourd'hui quatre groupes qui comparaissent à titre de témoins.
De la Première Nation Athabasca Chipewyan, nous avons Lisa King, directrice, et Larry Innes, conseiller juridique.
De la Société pour la nature et les parcs du Canada, nous avons Alison Woodley, directrice nationale de conservation.
De la Fédération canadienne de l'agriculture, nous avons Ron Bonnett, président.
Et, enfin, des Producteurs de grains du Canada, nous avons Richard Phillips, directeur général.
Bienvenue à tous nos témoins d'aujourd'hui. Je crois que vous connaissez tous le processus. Nous avons un exposé liminaire de 10 minutes pour chaque groupe. Ensuite, chaque membre du comité aura l'occasion de poser des questions. Pour commencer, nous aurons une ronde de questions de sept minutes, ce qui inclut les questions et les réponses, puis nous passerons à une ronde de cinq minutes, par la suite. Ce matin, nous disposons d'une réunion de deux heures.
Nous allons commencer par Lisa King, directrice, Industry Relations Corporation, de la Première Nation Athabasca Chipewyan.
Bienvenue, madame King.
Je m'appelle Lisa King. Je suis accompagnée de mon collègue, Larry Innes. Mon nom ancestral est Deskelni, ce qui signifie « gardienne de la rivière ». Je suis membre de la Première Nation Athabasca Chipewyan, ou l'ACFN. Nous nous appelons le peuple denesuline des Nations dénées en Amérique du Nord.
La plupart de nos membres vivent à Fort Chipewyan, une communauté éloignée et accessible par avion, située à 235 kilomètres au nord de Fort McMurray, sur la rive nord du lac Athabasca, au confluent des rivières Peace et Athabasca.
Notre territoire couvre toute la région des sables bitumineux de l'Athabasca, en Alberta. Cette région a été gravement touchée par les activités intensives de prospection et d'exploitation des énormes réserves non conventionnelles de pétrole et de bitume, activités qui durent depuis près de 50 ans.
La mise en valeur des sables bitumineux s'est intensifiée considérablement au cours des cinq dernières années, pour atteindre plus de 1,7 million de barils par jour. Cette production devrait plus que doubler d'ici 2021. Cela a des répercussions importantes sur la conservation des habitats de la région et pour les peuples autochtones qui dépendent de la faune, du poisson et des plantes médicinales que produit cette région, c'est-à-dire ce que nous appelons les ressources traditionnelles.
Notre Première Nation reconnaît combien il est important d'exploiter les ressources de notre région de manière responsable, non seulement pour l'Alberta, mais pour l'ensemble du Canada. Toutefois, contrairement aux décideurs gouvernementaux et corporatifs de Calgary, d'Ottawa, de Houston, de Paris et de Beijing, notre peuple est celui qui doit vivre avec les conséquences d'une expansion industrielle rapide et imprudente. Les membres de l'ACFN sont ceux qui subissent directement ces retombées.
Pendant des siècles, nos ancêtres ont prospéré grâce aux ressources traditionnellement abondantes de notre territoire. Notre territoire, qui se situe quasiment au centre du vaste bassin hydrographique du Mackenzie, pourvoyait en abondance aux besoins de notre peuple. Nous chassions l'orignal, le caribou et le bison qui vivaient en énormes troupeaux. Au printemps et à l'automne, nous prenions ce dont nous avions besoin dans le delta, où l'on retrouve encore aujourd'hui une des plus grandes concentrations de sauvagine migratoire en Amérique du Nord. Nous pêchions toutes sortes de poissons qui foisonnaient dans le lac Athabasca, nous faisions du commerce avec nos Nations voisines dénée et crie et, plus récemment, nous vendions nos fourrures aux compagnies européennes qui en faisaient la traite. Ce n'est pas par hasard si Fort Chipewyan est devenu le plus important comptoir du vaste réseau de la Compagnie du Nord-Ouest et représentait une part importante du commerce de la fourrure de la Compagnie.
Lorsque les commissaires du Canada du Traité no 8 se sont rendus dans le Nord, sur notre territoire, ils ont observé les marais les plus immenses et les sites d'alimentation du gibier les plus vastes de tout le Canada, dépassant de loin ceux de l'Est. De nombreux recensements réalisés par des chercheurs du XXe siècle ont confirmé le fait que notre territoire figure — ou figurait — parmi les plus importants en Amérique du Nord pour ce qui est de la qualité de l'habitat faunique et de la diversité des espèces qu'on y retrouve.
Il est également important de reconnaître que lorsque nos ancêtres ont signé le Traité no 8, il y a plus d'un siècle, on vivait à une époque d'énormes changements. Les chemins de fer étaient arrivés dans l'Ouest, amenant avec eux une vague de nouveaux arrivants venant s'installer dans notre territoire. À l'époque, tout comme aujourd'hui, les représentants du gouvernement ont promis à notre peuple que notre mode de vie traditionnel serait protégé et que nous continuerions de vivre comme l'avaient toujours fait nos ancêtres, en profitant des richesses de notre terre.
Le Canada et l'Alberta reconnaissent tous deux l'importance de notre région pour l'habitat faunique. Le plus grand parc national canadien, Wood Buffalo, a été découpé à même notre territoire dans les années 1920. Dans les années 1950, le gouvernement albertain a fait d'une grande partie de notre territoire une réserve de chasse. Mêmes si elles ont été prises dans l'intention de protéger l'habitat, ces mesures ont eu des répercussions sur notre peuple. Nos droits issus de traités n'ont pas été respectés et bon nombre de nos chasseurs ont été poursuivis devant les tribunaux par les garde-chasse alors qu'ils ne faisaient que chasser pour subvenir aux besoins de leurs familles.
Aujourd'hui, nous vivons à une époque qui est censée être plus éclairée. Nous sommes dotés d'une Constitution qui garantit le respect de nos droits ancestraux et issus de traités. Un grand nombre de nos jeunes continuent de pratiquer nos traditions en se servant du territoire dont jouissaient nos ancêtres. Nous avons toujours géré les choses de manière à nourrir non seulement le corps, mais aussi l'esprit de notre peuple. Je suis de ceux qui, parmi les Denesulines, perpétuent ces mêmes traditions à travers notre territoire. Toutefois, au Canada et en Alberta, nos partenaires qui ont signé des traités avec nous ne respectent pas les promesses qui ont été faites à nos ancêtres. Ils ne sont pas capables de protéger la faune et les territoires qui garantissent nos moyens de subsistance.
Je suis ici pour vous dire que toutes les choses qu'ont vécues et supportées mon peuple — la fermeture de vastes régions de notre territoire à la chasse, la création d'un parc national, la perte continue de terrains de chasse en raison du peuplement, l'installation du barrage W.A.C. Bennet sur la rivière de la Paix, la mise en valeur des sables bitumineux autour de Fort McMurray — tout cela n'est rien de plus qu'un avant-goût des énormes changements que l'industrie et le gouvernement ont prévus pour votre territoire.
Mon partenaire Larry va maintenant prendre le relais.
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Nous croyons qu'il est important d'informer les membres de ce comité, ainsi que le gouvernement dans son ensemble, de ce que nous voyons sur le terrain, des défis que cela occasionne pour la conservation des habitats dans cette région, car nulle part ailleurs, au Canada, on ne fait face à d'aussi grands défis. Pendant des décennies, on a laissé libre-cours au marché, ce qui a mené à l'octroi de baux visant la mise en valeur, sans égard ou presque aux valeurs écologiques et culturelles en jeu.
Pour faire face à ce problème, l'ACFN a travaillé sur différents processus, au fil des ans, avec l'industrie, des groupes de conservation, les gouvernements et d'autres Premières Nations, pour formuler des recommandations quant aux seuils nécessaires pour maintenir l'habitat des espèces et la biodiversité de la région. Sous la houlette de la Cumulative Effects Management Association — ou CEMA — une activité parrainée par l'industrie et le gouvernement, on en est arrivé à la recommandation suivante: qu'en tout temps, le développement intensif ne devrait pas dépasser le seuil de 5 à 14 p. 100 pour la municipalité régionale de Wood Buffalo et que le niveau de perturbation à l'extérieur de ces zones grandement perturbées devrait se limiter à 10 p. 100 de la fourchette de variabilité naturelle causée par des perturbations comme les incendies ou les infestations d'insectes. Malgré cela, aujourd'hui plus de 14 500 kilomètres carrés de la superficie totale de 68 000 kilomètres carrés que couvre la municipalité régionale de Wood Buffalo, soit 21 p. 100 de la région, sont soit déjà mis en valeur, soit approuvés aux fins de développement. Quelque 51 p. 100 de la région sont cédés par bail et ils sont assujettis à une exploration continue et feront l'objet de développements ultérieurs.
Il est clair que l'empreinte actuelle causée par le développement a désormais dépassé de beaucoup la recommandation de la CEMA pour l'habitat. Cela va avoir des retombées majeures pour la faune, l'habitat et, bien entendu, pour les Autochtones qui en dépendent. En effet, le gouvernement et l'industrie font fi de leurs propres conseils. Le plan régional du cours inférieur de la rivière Athabasca adopté par le gouvernement de l'Alberta n'est pas encore une solution, puisque la province n'a pas encore élaboré de cadre de la diversité biologique pour gérer l'habitat, au-delà du petit noyau de zones protégées existantes et proposées.
Nous sommes ici pour dire qu'il est simplement impossible de parler d'habitat ou de conservation dans les sables bitumineux sans tenir compte de la rapidité du développement et de l'ampleur des retards qu'accusent les mesures de réaménagement par rapport au développement dans la région.
Il est quelque peu consternant qu'en Alberta, les compagnies pétrolières ne soient pas tenues de ramener les habitats fauniques perturbés à leur état naturel. On les autorise à les ramener à ce que l'on appelle « la capacité terrestre équivalente », ce qui est une norme beaucoup moins stricte. C'est en vertu de ces règlements et de ces normes plus laxistes qu'ils enlèvent des bâtiments, réaménagent certaines des perturbations, en stabilisent le sol et les reverdissent. Mais cela ne signifie pas qu'ils ramènent la terre à sa capacité faunique productive d'antan. Cela est particulièrement le cas dans les marais qui, selon les scientifiques, prennent des milliers d'années à se régénérer, dans le meilleur des cas. Comme vous le savez, les terres humides sont extrêmement importantes pour l'eau douce, pour l'habitat de la sauvagine et aussi pour le stockage du carbone. C'est ce dont il faut tenir compte lorsque nous entendons les messages de l'industrie et du gouvernement de l'Alberta. Tout le monde reconnaît qu'il y a des perturbations et pourtant on a du mal, pour l'instant, à faire confiance à une technologie de remise en état qui n'a pas encore fait ses preuves.
Ces technologies n'ont pas fait leurs preuves et l'incertitude des scientifiques reste grande quant à savoir si la norme utilisée actuellement pour la capacité terrestre équivalente sera jamais suffisante pour couvrir l'utilisation traditionnelle à venir des Autochtones. Ainsi, les générations de demain n'ont aucune garantie que la faune sera protégée et que l'exploitation traditionnelle des ressources, tel que stipulé dans les traités, pourra se poursuivre à jamais.
En tant que Canadiens, nous ne pouvons pas nous permettre de nous tromper là-dessus. Nous avons besoin de meilleures données scientifiques, nous avons besoin de savoir traditionnel et nous avons besoin de politiques éclairées qui tiennent compte de ces faits, tels qu'ils se manifestent, sur le terrain. En l'espace de plus de 40 ans d'exploitation des sables bitumineux, seulement 48 kilomètres carrés ont été remis en état. C'est insuffisant.
Il nous reste environ une minute et je céderai donc la parole…
Bonjour et merci de me donner l'occasion de faire part, à votre comité, de nos recommandations concernant la conservation des habitats terrestres au Canada.
Je m'appelle Alison Woodley. Je suis directrice nationale de conservation à la Société pour la nature et les parcs du Canada.
La SNAP se veut le porte-parole canadien de la protection de nos régions sauvages. Depuis que nous avons vu le jour, en 1963, nous avons joué un rôle clé dans la création de plus des deux tiers des aires protégées du Canada. Nous comptons 13 sections régionales dans quasiment chaque province et territoire, ainsi qu'un bureau national, ici, à Ottawa, et plus de 50 000 sympathisants actifs partout au pays.
Notre objectif est de veiller à ce qu'au moins la moitié des étendues terrestres et marines publiques du Canada restent intactes et ce, pour toujours, pour le bien du public. Nous prenons part à des efforts visant à créer et à gérer des parcs et des aires protégées, ainsi qu'à des initiatives pour la conservation à l'échelle du paysage, dans toutes les régions du Canada.
Aujourd'hui, j'aimerais me concentrer sur trois points clés.
Premièrement, le Canada doit terminer l'établissement d'un réseau efficace d'aires protégées et cela devrait constituer la pierre angulaire d'un plan national pour la conservation. Le gouvernement fédéral peut y contribuer en complétant le réseau de parcs nationaux et en dirigeant des efforts pancanadiens pour mettre sur pied un réseau national d'aires protégées.
Deuxièmement, les aires protégées devraient faire partie intégrante de la gestion durable du paysage, au sens large, en passant par l'aménagement du territoire et autres initiatives à l'échelle du paysage. Je mentionnerai un exemple qui est celui de l'Entente sur la forêt boréale canadienne.
Troisièmement, le plan national pour la conservation devrait faciliter les progrès en matière de conservation dans toutes les régions du Canada, en appuyant un éventail d'outils et d'approches. Par exemple, les outils à utiliser pour les 10 p. 100 du territoire canadien qui sont propriété privée sont différents des outils et des approches à employer pour les 90 p. 100 du Canada qui sont des espaces publics. Nous devons appuyer une série complète d'outils pour garantir la réussite de notre plan national pour la conservation et de nos efforts de conservation des habitats dans toutes les régions du Canada.
J'aimerais cependant commencer en disant quelques mots pour expliquer pourquoi il est important de conserver les habitats.
Qui dit conservation des habitats dit protection de la vie. Il s'agit de protéger toute la diversité de la vie sur terre, à savoir tout le système indispensable à la vie de la planète.
La biodiversité apporte des bienfaits essentiels à l'être humain, comme l'eau potable salubre. Elle décompose nos déchets, contribue à la pollinisation de nos cultures et permet d'atténuer les effets des catastrophes naturelles. Elle nous apporte des substances médicinales, de la nourriture, de quoi fabriquer nos vêtements, des matériaux de construction, et bien plus encore. Elle contribue à notre santé, à nos cultures et à notre économie. La biodiversité procure des avantages économiques considérables, aussi bien pour les services écosystémiques que pour l'industrie touristique orientée vers la nature qui en dépendent.
La Stratégie des zones protégées des Territoires du Nord-Ouest, dont je me suis occupée pendant des années, a une devise qui dit: « La terre prend soin de nous et nous en prenons soin. » À mes yeux, cela capte bien l'essence du message et illustre pourquoi la conservation des habitats et des aires protégées est si importante. Si nous voulons que la terre prenne soin de nous, nous devons impérativement prendre soin d'elle.
La principale menace pour la biodiversité, tant à l'échelle planétaire qu'au Canada, c'est la perte, la dégradation et la fragmentation des habitats. Il est primordial de prendre des mesures pour protéger et restaurer les habitats si l'on veut conserver la biodiversité et, donc, conserver le système vital pour la planète.
Pourtant, malgré tous les efforts déployés aujourd'hui, la biodiversité du Canada et du monde entier continue de péricliter. Il est clair que nous devons redoubler d'efforts.
Qu'avons-nous donc besoin de faire?
Je vais maintenant aborder certaines des choses que nous devons faire; je ne vais pas parler de tout ce que nous devons faire, mais je me limiterai aux éléments sur lesquels nous travaillons, plus précisément.
Partout dans le monde, y compris au sein des grandes institutions internationales, on s'entend sur le fait que les aires protégées constituent la pierre angulaire des efforts de conservation. Selon la Banque mondiale, « un système d'aires protégées écologiquement représentatif, diversifié et bien géré est l'outil le plus efficace pour sauvegarder la biodiversité ».
Bien que nous disposions de nombreux parcs et de nombreuses aires protégées spectaculaires au Canada et bien que notre réseau continue de se développer, nous n'avons toujours pas de réseau d'aires protégées qui soit adéquat. Il y a de nombreuses lacunes. Moins de 10 p. 100 du territoire canadien est protégé et la plupart de nos aires protégées sont beaucoup trop petites et isolées pour pouvoir protéger efficacement des écosystèmes sains.
Nous devons intensifier nos efforts. Il existe des possibilités pour l'avenir et, au fur et à mesure que nous progressons, nous devrions vraiment envisager d'autres modèles de zones protégées. Nous devons inclure nos terres privées protégées et, plus particulièrement, les modèles de protection autochtones et les ajouter à l'éventail des outils que nous reconnaissons et dont nous nous servons dans nos rapports.
L'Australie a bien réussi à intégrer les terres conservées privées et indigènes dans son réseau de réserves nationales, et je pense que nous avons une occasion unique de faire quelque chose de semblable ici, au Canada. Nous avons vraiment la possibilité de redoubler d'efforts dans le dossier des aires protégées. Il y a des propositions de parcs nationaux dans les Territoires du Nord-Ouest, au Labrador, en Colombie-Britannique, en Nouvelle-Écosse et au Nunavut. Il y a six propositions de réserves fauniques nationales et plusieurs projets de zones protégées territoriales à l'étude dans les Territoires du Nord-Ouest. Au Québec et en Ontario, on s'est engagé à protéger au moins la moitié des territoires septentrionaux. Les provinces du Manitoba, du Québec et de la Nouvelle-Écosse s'emploient activement à créer d'importantes nouvelles aires protégées. Pour faire aboutir tous ces projets et pour qu'ils réalisent tout leur potentiel, nous avons besoin de volonté politique et de ressources adéquates pour compléter le réseau d'aires protégées.
Notre plan national pour la conservation devrait être fondé sur l'intensification de nos efforts pour terminer la mise sur pied d'un réseau pancanadien efficace. L'an passé, la SNAP a recommandé — et continue de le faire — que, d'ici 2020, on ait protégé 20 p. 100 de notre territoire, ce qui est un objectif aussi ambitieux que réalisable.
Bien que les aires protégées soient d'une importance vitale, nous savons qu'à elles seules elles ne suffiront pas pour atteindre nos objectifs en matière de conservation de la biodiversité. Il est primordial de gérer durablement les paysages en exploitation si l'on veut qu'un grand nombre d'espèces sauvages puissent passer d'une zone à l'autre et pour permettre aux plantes et aux animaux de réagir aux conditions changeantes. Cette connectivité deviendra de plus en plus importante face aux changements climatiques. L'aménagement du territoire est un outil important qui peut combiner les aires protégées et la gestion durable du paysage fonctionnel.
Il y a un projet auquel nous participons et qui contribue à la conservation du paysage fonctionnel, tout en alliant les aires protégées et les paysages en exploitation sur les terres publiques — il s'agit de l'Entente sur la forêt boréale canadienne. La SNAP est un des partenaires de l'EFBC qui couvre un vaste territoire — quelque 72 millions d'hectares — octroyé par contrat aux membres de l'Association des produits forestiers du Canada. Par l'entremise de l'EFBC, la SNAP et nos partenaires travaillent avec l'industrie forestière pour créer des aires protégées et élaborer des plans de conservation pour les caribous et pour renforcer les pratiques de conservation de l'industrie. Nous travaillons avec les communautés autochtones, avec les gouvernements provinciaux et avec les maires dans différentes régions de la forêt boréale. Notre but est de trouver des solutions qui permettent d'atteindre des objectifs, aussi bien sur le plan de la conservation que sur le plan économique, et de mettre en œuvre ces solutions sur le terrain.
Parmi les autres projets auxquels nous participons et qui portent aussi bien sur les aires protégées que sur les paysages fonctionnels, on peut citer le Programme de certification du Forest Stewardship Council et la Yellowstone to Yukon Conservation Initiative, qui oeuvre pour conserver le patrimoine naturel du paysage montagneux de l'Ouest.
J'aimerais faire quelques commentaires sur la nécessité d'utiliser les bons outils, aux bons endroits. Le Canada est un pays vaste et varié, du point de vue géographique et culturel, et il faut donc utiliser différents outils et approches de conservation, en fonction des différentes régions du pays. Par exemple, les fiducies foncières, les initiatives d'intendance privée et les programmes tels que les dons écologiques sont de très importants outils de conservation dans le Sud du Canada, là où on retrouve un gros pourcentage de terres privées et une population dense.
Au fur et à mesure que vous allez vers le nord, dans la partie qui représente les 90 p. 100 du Canada constitués de terres publiques, vous avez besoin d'outils différents. Au milieu du Canada, où la majorité du paysage est dédié à la récolte des ressources, les aires protégées et l'aménagement du territoire se combinent avec la protection des habitats, en vertu de la Loi sur les espèces en péril, et des initiatives comme l'Entente sur la forêt boréale canadienne et les systèmes de certification des pratiques forestières sont importants pour relever les défis en matière de conservation des habitats.
Encore plus au nord, dans les territoires et dans la partie septentrionale d'un grand nombre de provinces, les paysages sont encore en grande partie intacts, mais des projets de développement à grande échelle font rapidement leur apparition. Dans ces régions, il y a un besoin urgent d'identifier et de protéger d'importantes aires de conservation, avant l'arrivée de ces développements. Les efforts de conservation sont souvent dirigés par les peuples autochtones et sont liés à des accords sur des revendications territoriales. L'aménagement du territoire et les aires protégées sont d'importants outils de conservation des habitats. À titre d'exemples, on peut citer les activités d'aménagement du territoire en cours dans les régions du Deh Cho et du Sahtu, dans les Territoires du Nord-Ouest, les plans d'aménagement dirigés par les Innus du Labrador, la Stratégie des zones protégées des Territoires du Nord-Ouest et la création de vastes aires provinciales protégées proposée par des communautés autochtones du Nord du Québec et du Manitoba.
J'aimerais simplement terminer mon exposé par quelques recommandations.
Pour ce qui est des recommandations précises, à l'échelle fédérale, nous souhaitons voir aboutir le réseau canadien d'aires protégées. Le rôle du gouvernement fédéral consiste notamment à compléter le réseau de parcs nationaux et les six réserves fauniques nationales qui sont actuellement proposées dans les Territoires du Nord-Ouest. Il faut également s'assurer que les parcs existants et que les aires protégées soient dotés de ressources suffisantes et soient adéquatement gérés pour protéger leur intégrité écologique. Le gouvernement fédéral peut également jouer un rôle en prenant les rennes de ces efforts menés à l'échelle du pays pour créer un réseau efficace complet d'aires protégées.
Il faut également relier les zones protégées à l’intérieur du paysage exploité, et le gouvernement fédéral peut jouer un rôle important en contribuant à l’aménagement du territoire régional; en appuyant des initiatives conjointes en matière de territoire comme l’EFBC; en maintenant en vigueur une loi fédérale efficace sur les espèces en péril; en appliquant le programme de rétablissement du caribou des bois dans l’ensemble du pays; et en pilotant la création d’un programme national de surveillance et de rapports concernant la santé des écosystèmes en lien avec notre système de zones protégées pour que les Canadiens puissent mieux comprendre l’état des habitats d’animaux sauvages au Canada.
Et c’est sur cela que je termine. Merci.
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Merci, et merci de m’avoir invité à présenter un exposé à votre comité.
Comme le président vient de vous le dire, je m’appelle Ron Bonnett. En plus d’être président de la FCA, je suis également fermier près de Sault Ste. Marie, en Ontario.
Depuis longtemps, la FCA participe à de nombreuses initiatives environnementales, qu’il s’agisse d’Espèces en péril ou du nouveau plan de conservation national. Nous avons entièrement appuyé l’idée de créer un plan de conservation national. Pour être efficace, ce plan doit reposer sur le concept de la durabilité économique, sociale et environnementale.
Dans l’ensemble, l’agriculture est un moteur important de l’économie canadienne. Nos activités représentent 8 p. 100 du PIB, ce qui nous place au troisième rang des contributeurs à cet indice après les secteurs des finances et de la fabrication de produits non alimentaires. Au Canada, un emploi sur huit est lié à l’agriculture, et nos exportations ont atteint 40,3 milliards de dollars en 2011, une hausse de 271 p. 100. Aujourd’hui, les fermiers produisent deux fois plus qu’en 1961 même s’ils n’ont que la moitié des ressources disponibles à cette époque. Quant à la valeur ajoutée, elle est 34 p. 100 supérieure à sa moyenne des cinq dernières années.
Je vais mettre les statistiques de côté et vous présenter tout de suite certaines de nos recommandations. Premièrement, il faudrait alléger le fardeau réglementaire réel et perçu que représentent les lois sur les espèces en péril et les oiseaux migrateurs pour les propriétaires privés. Deuxièmement, à propos des efforts de gestion des habitats essentiels, il faut savoir que la protection est un résultat et non un état. Troisièmement, il faudrait prendre des mesures pour permettre l’essor de programmes de conservation et de gérance innovateurs et efficaces en appui à la Loi sur les espèces en péril. Quatrièmement, le plan de conservation national devrait valoriser les habitats en encourageant des programmes d’incitation innovateurs pour les biens et services écologiques. Enfin, nous devons terminer l’élaboration d’un règlement sur l’indemnisation afin de donner lieu à des résultats.
Qu’est-ce que l’agriculture a à voir dans tout ça? Les habitats en milieu agricole concernent l’agriculture de nombreuses façons. Nous représentons une importante partie du paysage exploité du Canada. Nous possédons 64,8 millions d’hectares — 7 p. 100 du territoire canadien. En ce qui concerne la protection des habitats, je crois que nous avons une longueur d’avance, car beaucoup de ces bestioles, comme nous nous plaisons à les appeler, aiment l’interaction entre la ferme et la forêt. Les terres agricoles font partie de leur paysage.
L’agriculture offre un habitat considérable; 550 espèces de vertébrés terrestres utilisent les terres agricoles. Pour ce qui est des espèces en péril, plus de 220 espèces de vertébrés terrestres qui utilisent les terres agricoles sont considérées comme étant en péril au Canada. Il faut donc voir à ce que chaque plan de conservation national prévoie des façons d’utiliser ces terres privées pour protéger les habitats de façon efficace.
Cela nous amène à la question des méthodes actuelles de protection des habitats en milieu agricole.
Les ministères de l’Agriculture des provinces et du fédéral offrent un certain nombre de programmes. Trente-cinq pour cent des fermes ont mis en œuvre un plan environnemental de la ferme; 74 000 fermes — ou 50 p. 100 de l’ensemble des terres agricoles — participent à un de ces plans. Ils consistent à protéger les habitats, à repérer les espèces et à essayer de trouver des solutions à cet égard. Quatre-vingt-quatorze pour cent des fermes dotées d’un plan environnemental ont mis en œuvre une pratique de gestion bénéfique. Un certain nombre de programmes sont en place. À l’Île-du-Prince-Édouard et au Manitoba, des programmes d’utilisation plus rationnelle des terres cherchent des moyens d’offrir des incitatifs dans différentes régions.
Il y a le programme de gérance de l’habitat d’Environnement Canada, qui vise à encourager les initiatives de gérance.
Dans le cas des organismes et des programmes de conservation, une certaine quantité de partenariats ont été établis. J’ai mentionné l’ALUS, les Services de diversification des modes d’occupation des sols. Il y a aussi Delta Waterfowl, Canards Illimités Canada, Habitat faunique Canada, Conservation de la nature Canada et Cows and Fish — un ensemble de programmes par lesquels des fermiers et d’autres groupes se concertent pour atteindre des objectifs relatifs à la protection des habitats. Certaines municipalités offrent aussi des incitatifs à l’échelle locale pour essayer d’encourager différentes formes de protection des habitats.
L’état des habitats en milieu agricole s’est toutefois détérioré dans les dernières années, et ce n’est pas toujours à cause de l’agriculture. Des terres qui servaient autrefois au pâturage peuvent être aujourd’hui cultivées, principalement pour des motifs économiques. Je crois que lorsqu’on crée un programme, il faut s’assurer de pouvoir offrir des incitatifs pour encourager la protection des habitats.
L’une des grandes difficultés concernant la conservation des habitats en milieu agricole vient du fait que la majorité des terres agricoles productives se trouve à des endroits où la biodiversité est très élevée. Vu leurs qualités, de plus en plus de terres naturelles et semi-naturelles deviennent des terres de production agricole, ce qui entraîne une perte de paysage. Il faut donc se pencher sur l’aspect économique de la question.
Comment le plan de conservation national peut-il améliorer les efforts de conservation des habitats sur les terres privées? Je crois que l’un des moyens les plus rapides est d’alléger le fardeau réglementaire réel et perçu que les lois environnementales font peser sur les propriétaires terriens. Les interdictions concernant les habitats essentiels d’espèces protégées en vertu de la loi fédérale qui se trouvent sur des terres privées ne devraient pas être automatiques. Le propriétaire de la terre devrait être consulté avant qu’elles ne soient appliquées. Cette approche a pour objectif de vérifier s’il est possible de répondre au besoin à l’aide de méthodes de gestion plutôt que d’interdire systématiquement. Il faut aussi dire que les fermiers sont immédiatement réfractaires lorsqu’on leur présente un nouveau règlement, mais qu’ils sont plus enclins à coopérer si on leur offre un partenariat et des mesures incitatives.
Il faut aussi mettre l’accent sur la gestion des habitats essentiels au Canada. Je vous ai dit tout à l’heure que la protection est un résultat et non un état. Je crois que, trop souvent, nous observons des cas de protection des habitats en nous disant que ce que nous avons devant nous est ce que nous voulions obtenir.
Nous devons prendre des mesures pour permettre l’essor de programmes de conservation et de gérance innovateurs et efficaces par rapport à la Loi sur les espèces en péril. En ce moment, les termes « protection » et « protection efficace » des habitats essentiels sont mal définis. Le manque de définition de ces termes empêche les fermiers, les organismes de conservation et les gouvernements de mettre sur pied des programmes d’intendance conformes à la loi. Lorsqu’ils seront définis, certains programmes existants — le plan environnemental de la ferme, par exemple — pourront se conformer à la Loi sur les espèces en péril. Nous pourrions intégrer cela au processus. Aux États-Unis, il est possible de conclure des ententes de conservation qui comportent des garanties pour offrir une sécurité juridique aux agriculteurs.
Le plan de conservation national devrait valoriser les habitats en encourageant des programmes d’incitation innovateurs pour les biens et services environnementaux. En améliorant les programmes gouvernementaux efficaces, comme les programmes de gérance de l’habitat, nous favoriserons le succès et les alliances public-privé et privé-privé entre les organismes de conservation et les propriétaires terriens. Un petit investissement du gouvernement peut suffire aux organismes de conservation pour produire des résultats considérables en matière de conservation.
La dernière recommandation porte sur l’achèvement du règlement sur l’indemnisation. Le règlement ne devrait pas principalement porter sur l’indemnisation pour perte de terrain, mais plutôt établir un cadre d’indemnisation adéquat pour des incitatifs qui guident les programmes de conservation fondés sur le paysage. En orientant ces programmes, nous pourrions obtenir les résultats souhaités sans exclure toute la terre.
Me voilà donc rendu à la conclusion de mes remarques. Donc, si l’on reprend du début, il y a cinq éléments clés: alléger le fardeau réglementaire réel et perçu; mettre l’accent sur la question des habitats essentiels; prendre des mesures pour permettre l’essor des programmes de conservation et de gérance innovateurs et efficaces; valoriser les habitats en encourageant des programmes d’incitation innovateurs pour les biens et les services écologiques; et terminer l’élaboration d’un règlement sur l’indemnisation.
Merci.
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Ce n’est pas l’opinion de tous, mais je vous remercie de votre franchise, monsieur le président.
Je m’appelle Richard Phillips. Je travaille pour les Producteurs de grains du Canada.
Sur la première photo, on peut voir l’heureuse petite famille avec les enfants. C’est Franck Groeneweg. Franck a sa ferme tout près de Regina, en Saskatchewan. Elle est située à peu près à trois heures de route au sud de la mienne.
Franck vient de France. Il habitait au sud de Paris, en fait. Franck a une ferme de 7 500 acres, qu’il ensemence au printemps et qu’il récolte à l’automne.
Franck est un agriculteur très moderne. Il utilise la technologie, les grains et la machinerie les plus modernes possible pour cultiver de la façon la plus respectueuse possible de l’environnement et de la manière la plus durable possible.
La photo suivante montre un champ. Je veux simplement aborder des choses qu’on voit là et vous signaler des affaires. Voici la moitié d’une section, soit 120 acres, ce qui a une longueur de un mille et une largeur de un demi-mille. Et 283 acres sont en semis direct, ce qui veut dire que Franck arrive et ensemence directement à la volée, sans labour ni travail du sol pour contrôler les mauvaises herbes.
Les 283 acres que vous voyez servent à la séquestration du carbone. Il consacre 37 acres, soit environ 11 p. 100 de sa terre, à la conservation de la faune.
C’est ce que font bien des agriculteurs. Je crois que la plupart d’entre eux, s’ils sont en mesure de préserver un habitat et de cultiver efficacement, agissent de même.
Vous pouvez voir des traits. C’est là où l’eau traverse le champ; il plante un peu d’herbe là-dedans. Lorsque vous ensemencez cette herbe, il suffit de passer avec votre machinerie, vous soulevez l’appareil pour passer par-dessus et vous le rabaissez ensuite, ce qui permet de faire presque un mille avec votre machinerie sans vous arrêter.
De nos jours, les machines sont beaucoup plus larges qu’avant. On ne peut plus simplement manoeuvrer de la façon qu’on avait l’habitude de le faire, en passant dans ou autour des trous et des bourbiers. Donc, la plupart des agriculteurs ont aménagé leurs terres de manière à avoir ces longs sillons, parce qu’ils utilisent efficacement leurs machineries et leur temps.
Franck a 7 500 acres en tout. Un peu plus de 900 acres sont utilisées à des fins environnementales. Le semis direct, qui entraîne une moindre perturbation des sols, assure la conservation des habitats fauniques.
À la page suivante, il y a des données sur Canards Illimités Canada que je veux parcourir avec vous. Il existe un partenariat que nous, en tant qu’agriculteurs, exploitons avec grand soin partout au Canada. Ça ne se limite pas aux prairies.
Il y a une photo ici qui montre à quoi ressemble le chaume du blé d’hiver. Si vous semez le blé d’hiver pendant l’hiver, le chaume emprisonne la neige pendant tout l’hiver et, au printemps, vous n’êtes pas obligé de travailler le sol puisque le blé se régénère simplement et sort de terre. Ainsi la faune peut se nicher là. Il y a la photo d’un oeuf sur un plant qui offre ainsi un couvert de nidification aux canards.
Sur la page suivante, vous voyez les oeufs encore une fois. Si vous examinez de près la photo de la page 8, vous allez apercevoir un canard dans le champ de blé.
C’est le genre de résultat que vous obtenez, si vous êtes en mesure de ne pas du tout labourer vos champs au printemps; cependant, ce n’est pas une option pour bien des agriculteurs, parce que nous n’avons pas de canola d’hiver que l’on peut semer à l’automne, et nous n’avons pas beaucoup de cultures d’hiver, car même pour le blé d’hiver, il y a une limite au nombre d’acres pouvant être ensemencées, l’hiver étant de plus en plus rigoureux à mesure qu’on se dirige vers le nord.
On fait d’autres choses avec Canards Illimités, par exemple on retarde la coupe des foins. Si vous avez une culture fourragère et que vous la laissez dans le champ un peu plus longtemps que d’habitude, il se peut que les canetons sortent des oeufs et retournent à l’eau avant que le foin soit coupé.
Voilà le genre de choses que nous faisons. Je répète que je suis un partenaire économique de Canards Illimités.
La dernière photo montre seulement les canards. Je veux simplement dire que les agriculteurs aiment prendre soin du territoire; nous aimons les habitats et nous aimons savoir que la sauvagine et la faune n’est pas loin de nous.
Comme l’a indiqué M. Bonnett, malgré tout, nous avons besoin de nous associer la population, parce qu’il y a des domaines où la société en général peut jouer un rôle et nous aider à préserver ce territoire. J’ai mentionné le programme ALUS. Vous allez en savoir plus long là-dessus jeudi, dans l’exposé que va vous faire Doug Chorney, de Keystone Agricultural Producers, avec qui la population s’est associée pour la protection des terres et la mise en jachère.
Je veux également rappeler un fait. Je vous renvoie à la photo du champ. Je vais vous raconter une histoire vraie que j’ai vécue quand j’ai acheté une terre il y a trois ans. Étant donné que l’on peut faire des allers-retours de près d’un mille avec le tracteur, j’avais décidé d’acheter une terre sur laquelle il y avait beaucoup d’arbres et de dépressions. Je n’ai pas réussi à trouver un seul agriculteur intéressé à labourer cette terre pour moi, parce qu’il était impossible de parcourir un demi-mille sans devoir rebrousser chemin et tourner cette grosse machinerie.
Tous les agriculteurs m’ont répondu que, même si je leur donnais cette terre en cadeau, ils n’en voudraient pas, parce qu’ils n’aimaient pas ce chevauchement inévitable des produits chimiques, des fertilisants et des graines. Ça ne vaut pas la peine ni le trouble, sans oublier le temps gaspillé, pour reprendre leurs dires.
Nous avons défriché une bonne partie de la terre, de manière à permettre un passage d’un demi-mille. Bien sûr, on a laissé de la place pour la faune sur les côtés du champ, mais, de nos jours, ce qui se passe réellement, c’est qu’on abat bien des rangées d’arbres pour permettre ces plus longs passages de la machinerie. La réalité et le rendement de l’agriculture l’exigent. C’est ce qui se passe; je vois cela souvent en Ontario.
On a laissé des broussailles et j’ai quelques ruches sur ma terre, mais en fin de compte, pour que ma ferme continue d’être rentable, j’ai dû me résigner à défricher pour arriver à trouver quelqu’un. C’est la réalité à laquelle nous sommes confrontés en tant qu'agriculteurs.
Nous voulons être de bons gardiens et protecteurs du territoire. Si nous sommes en mesure de travailler avec la population en général pour réserver plus de terres à la préservation faunique, c’est superbe.
Merci beaucoup. J’attends vos questions et j’ai hâte au débat sur la question.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie tous d'être ici aujourd'hui.
Mes premières questions s'adressent à Mme Woodley, en ce qui concerne les parcs.
Vous avez dit qu'un des points les plus importants serait de créer un réseau efficace de terres protégées, de zones protégées, entre autres dans les parcs nationaux, les aires marines et tout cela.
Or, j'ai demandé une recherche à la Bibliothèque du Parlement. Le document que j'ai obtenu indique que dans le dernier budget des conservateurs, le financement de plusieurs programmes de protection des espèces est en diminution pour les prochaines années, ce qui va mettre en péril la conservation des habitats.
Par exemple, selon le tableau, le financement du programme de biodiversité pour les espèces sauvages et l'habitat a été de 139,4 millions de dollars pour l'année 2011-2012, alors qu'on prévoit des dépenses de 84,6 millions de dollars pour 2015-2016. C'est donc une baisse de 50 millions de dollars pour la biodiversité et les espèces sauvages.
Je peux vous donner un autre exemple. Pour la conservation des ressources patrimoniales, ce qui est directement relié à Parcs Canada, les dépenses, qui étaient de 172 millions de dollars, seraient de 154 millions de dollars en 2015-2016.
Selon vous, comment cela peut-il mettre en péril les habitats?