:
Bonjour. Nous allons ouvrir la séance.
Bonjour à tous nos témoins.
Je m'appelle Megan Leslie et je suis la vice-présidente du comité. Je n'occupe pas habituellement ce fauteuil, je vous prie donc d'être patients avec moi dans ce nouveau rôle.
[Français]
Les témoins vont d'abord disposer de 10 minutes pour livrer leur présentation. Les membres du comité pourront ensuite leur poser des questions.
[Traduction]
J'aimerais vous signaler qu'il est possible que l'on suspende la séance pour aller voter. Si le timbre se fait entendre, nous en serons avisés par une lumière qui clignotera dans la pièce et cela signifie que nous allons devoir suspendre. Je ne peux pas dire si cela se produira réellement, mais je voulais tout simplement vous aviser de la possibilité.
Je pense que nous pouvons commencer. Nous recevons M. Joe Farwell, agent administratif principal de l'Office de protection de la nature de la rivière Grand; Mme Mary Granskou, conseillère principale à l'Initiative boréale canadienne; et par vidéoconférence depuis Calgary, Mme Fawn Jackson et Bob Lowe de la Canadian Cattlemen's Association.
Soyez les bienvenus.
Je pense que nous pouvons commencer par M. Farwell de l'Office de protection de la nature de la rivière Grand.
:
Merci, madame la présidente.
Bonjour, je suis Joe Farwell, agent administratif principal de l'Office de protection de la nature de la rivière Grand. Je suis heureux d'avoir l'occasion de vous faire part de notre point de vue sur la conservation des habitats dans le contexte d'un plan de conservation national.
L'Office de protection de la nature de la rivière Grand est l'un des 36 offices de protection de l'Ontario responsables de la gestion des eaux, des forêts et d'autres ressources naturelles dans les régions les plus peuplées de la province. Par définition, nous sommes un partenariat de plusieurs municipalités d'un bassin hydrographique qui se regroupent pour gérer les ressources hydriques et naturelles qui traversent les frontières municipales.
Notre bassin hydrographique est situé tout juste à l'ouest de la région du Grand Toronto. D'une superficie de 6 800 kilomètres carrés, il est le plus grand bassin hydrographique du sud de l'Ontario. Environ de la même taille que l'Île-du-Prince-Édouard. Il couvre 39 municipalités qui représentent une population de près d'un million d'habitants, dont la plupart vivent dans les villes en plein essor de Kitchener, Waterloo, Guelph, Cambridge et Brantford. Il s'agit également de l'une des plus riches régions agricoles du Canada, où les agriculteurs exploitent 70 p. 100 des terres pour produire une incroyable diversité de produits.
L'Office de protection de la nature de la rivière Grand est le plus ancien organisme de gestion des ressources hydriques au Canada. Il a été mis sur pied il y a plus de 75 ans lorsque les dirigeants industriels du bassin hydrographique ont compris qu'ils devaient unir leurs forces pour réagir à des enjeux environnementaux de taille comme les inondations, la pollution et l'approvisionnement inadéquat en eau. Ensuite, notre rivière a fait l'objet d'efforts de remise en état remarquables qui ont été reconnus en 1994 lorsqu'elle est devenue la première d'un « paysage fonctionnel » à être désignée comme rivière du patrimoine canadien.
L'office a été créé avant tout en tant qu'organisme de gestion des eaux. Mais nous avons eu tôt fait d'apprendre que gestion des eaux veut aussi dire protection des terres. La gravité des inondations et des sécheresses dépend en partie de la santé de nos zones humides et de nos forêts.
Si nous avons eu autant de succès au cours des ans, c'est en grande partie parce que nous avons adopté à l'échelle du bassin hydrographique une approche intégrée de la gestion de nos ressources naturelles, autant en terre qu'en eau. L'office est propriétaire de plus de 20 000 hectares de terre. En Ontario, les offices de protection de la nature en possèdent au total 150 000. Une grande partie de ces terres ont été acquises au départ aux fins de la gestion des eaux. On a acquis des terres pour aménager des digues de réservoir et des barrages et on a acquis en zones inondables pour limiter le développement.
Au fil des ans, ces parcelles de terre sont devenues des espaces protégés offrant une multitude d'autres avantages. Elles constituent des habitats riches et variés allant de forêts aux milieux humides. Elles peuvent servir de corridor entre des espaces naturels plus vastes. Elles contribuent à protéger et à conserver les écosystèmes et paysages naturels et à en restaurer la fonction. La zone de gestion de la faune du marais Luther, à l'ouest d'Orangeville, en est un bon exemple. Ce territoire de 5 000 hectares a été acquis au début des années 1950 pour l'aménagement d'un réservoir de gestion des eaux, mais il est devenu depuis l'un des plus riches habitats du sud de l'Ontario où trouvent refuge près de 250 espèces d'oiseaux. Son succès tient notamment au fait qu'il est le fruit de nombreux partenariats entre l'Office de protection de la nature de la rivière Grand, des organismes provinciaux et fédéraux, le secteur privé et les collectivités avoisinantes. Ces partenariats ont procuré la vision et la stabilité à long terme qu'il fallait pour planifier et financer le développement de riches habitats protégés. Il s'agit là d'un projet à long terme qui a mis des décennies à se concrétiser et qui a nécessité un grand engagement.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, la plus grande partie des terres du bassin hydrographique appartiennent à des propriétaires privés, et l'agriculture est pratiquée sur 70 p. 100 de leur superficie. Nous avons collaboré étroitement avec la communauté agricole et nos partenaires municipaux afin d'élaborer un programme de qualité de l'eau en milieu rural. Le programme a encouragé les agriculteurs à adopter des pratiques de gestion exemplaires pour protéger l'eau sur leur terre, et par le fait même, les eaux et les espaces naturels de notre bassin hydrographiques. Nos partenaires municipaux ont offert des incitatifs financiers et, en un peu plus d'une décennie, près de 34 millions de dollars ont été investis dans près de 5 000 projets de protection des eaux. De cette somme, les subventions ont représenté 13 millions de dollars et la contribution des agriculteurs, en main-d'oeuvre, en matériel et en espèces s'est élevée à 20 millions de dollars.
Dans ce cas également, la réussite peut être attribuée à la force du partenariat et à la stabilité assurée par les engagements financiers à long terme des municipalités. L'établissement de relations est au coeur de la réussite de la collaboration, et il faut du temps et de la constance pour y arriver. L'engagement à long terme à l'égard du plan environnemental de la ferme s'est avéré le meilleur investissement du Canada dans les programmes d'intendance de ce genre. Celui qui va lentement mais sûrement finit par gagner la course. Les programmes de ce genre revêtent une importance plus grande encore dans la mesure où de plus en plus d'espaces naturels sont menacés.
Il y a bien sûr les pressions exercées par l'expansion des villes. Même si l'Ontario et beaucoup de municipalités de notre bassin hydrographique travaillent fort pour promouvoir l'intensification de nos régions urbaines, il est inévitable que nos villes repoussent leurs frontières. Par ailleurs, l'augmentation du prix des denrées alimentaires incite les agriculteurs à cultiver des terres marginales, ce qui peut exercer des pressions sur les terres à bois et les milieux humides. Dans ces circonstances, il est encore plus important de nous assurer que nos terres publiques sont bien gérées maintenant et à long terme.
Je voudrais ajouter un dernier point en terminant et c'est que tout plan national doit inclure des plans régionaux adaptés aux besoins écologiques et environnementaux locaux. Un plan conçu pour le bassin des Grands Lacs sera très différent d'un autre conçu pour les Prairies ou les Rocheuses, même si les objectifs visés sont les mêmes.
Nous ne pouvons nous empêcher d'envisager les choses dans la perspective d'un bassin hydrographique et nous pensons que tout plan national devrait être conçu de la même manière. Les programmes financés par le gouvernement fédéral dont nous avons pu tirer parti ont tendance à être axés sur les besoins d'espèces particulières. Nous préférerions envisager la situation dans la perspective plus large de l'environnement et des écosystèmes naturels; si on arrive à protéger ou à améliorer un écosystème, les besoins de l'espèce seront satisfaits.
Le gouvernement fédéral peut définir la vision et les attentes à l'égard de la conservation des espèces naturelles. Il peut promouvoir le fait que des écosystèmes sains, la santé publique et le bien-être économique vont de pair. Il peut reconnaître que la conservation des espaces naturels peut comporter de grands avantages pour les Canadiens sur le plan social. Le gouvernement fédéral peut intégrer ses buts et ses principes dans toute la gamme des programmes environnementaux et partenariats financiers fédéraux.
Je vous remercie, madame la présidente, et je serai heureux de répondre à vos questions immédiatement ou plus tard.
:
Merci. Bonjour, madame la présidente, et mesdames et messieurs.
[Français]
Je m'excuse de présenter mon témoignage en anglais.
[Traduction]
Mon français n'est pas suffisamment bon pour que je puisse bien me faire comprendre.
Nous sommes ici aujourd'hui pour parler de la conservation de l'habitat, et j'aimerais d'abord commencer par vous dire brièvement qui nous sommes.
L'Initiative boréale canadienne s'inspire d'une vision et d'un cadre négociés parmi un vaste groupe d'entreprises de l'industrie des ressources, d'organisations de conservation et de Premières Nations. Les membres qui se sont regroupés — nous appelons ce groupe le Conseil principal de la forêt boréale — est constitué d'importantes entreprises de l'industrie des ressources et de sociétés financières du Canada, y compris la Banque TD, Suncar, Al-Pac et Domtar. Le groupe est également constitué de Premières Nations originaires de toutes les régions du pays, de Kaska au Traité 8 en passant par la Poplar River First Nation et la nation innue au Labrador. Le groupe comprend également des organisations environnementales et de conservation comme Canards Illimités Canada, Conservation de la nature Canada, la Société pour la nature et les parcs du Canada, entre autres.
Nous avons vu le jour il y a environ une dizaine d'années. Nous entamons en fait notre deuxième décennie de travail appuyée des partenariats stratégiques avec notamment Canards illimités Canada, Canards Illimités Inc. et le Pew Environment Group. Ils se sont tous engagés à travailler pour protéger les espèces se déplaçant entre les frontières internationales, comme les canards et les oies qui vivent dans la forêt boréale pendant une partie de l'année. Nous servons de secrétariat au conseil, et nos objectifs collectifs visent à atteindre un équilibre entre le développement durable des ressources et la protection d'environ la moitié de la région boréale du Canada, et tout ça de manière à respecter et à faire progresser les droits et les intérêts autochtones.
Nous appuyons de véritables solutions. Par exemple, bon nombre de nos partenaires autochtones présentent des plans d'occupation du sol permettant de trouver un équilibre entre le développement et la protection grâce à des solutions uniques et durables. Ils obtiennent de plus en plus l'appui des gouvernements, et leurs activités sont de plus en plus visibles dans le cadre d'étapes de mise en oeuvre de projets qui voient le jour dans de nombreux secteurs du pays. Comme je l'ai mentionné, nous travaillons avec les responsables des secteurs de l'énergie, de la foresterie et des mines ainsi qu'avec des banques et des organismes de conservation. Selon notre expérience, les objectifs que nous appuyons — en vue d'initiatives de développement durable des plus performantes jumelées à des initiatives de conservation de premier ordre — se complètent mutuellement dans de nombreux endroits. On peut en témoigner par le fait que nos objectifs sont de plus en plus intégrés à ceux des gouvernements. Nous travaillons avec tous les ordres de gouvernement, fédéral, provincial, territorial et autochtone, sur toute une panoplie d'intérêts.
Je vais brièvement mentionner la région boréale qui, comme vous le savez, s'étend d'un bout à l'autre du pays de Terre-Neuve-et-Labrador jusqu'au Yukon. Cette région représente plus de la moitié du Canada. Elle est très riche en ressources naturelles et en valeurs de conservation de la faune. Il ne fait aucun doute que la région boréale est un moteur pour les économies du Nord. Bon nombre de ces collectivités veulent également voir comment on peut équilibrer le développement avec des mesures pour protéger leurs moyens de subsistance traditionnels, les terres abritant des animaux sauvages et les plans d'eau. Il est crucial de planifier pour cette durabilité intégrée, et nous mettons beaucoup d'efforts à appuyer ces valeurs.
Le Parlement a une riche histoire quand il s'agit d'appuyer la conservation des terres et des eaux, y compris l'élargissement récent de parcs nationaux, comme le parc Nahanni dans les Territoires du Nord-Ouest. Nous sommes heureux de voir que le comité étudie cette question de la conservation de l'habitat et de constater que le gouvernement fédéral joue un rôle d'appui.
J'ai essentiellement cinq principales recommandations. La première, c'est que nous encouragions le comité à poursuivre son appui à l'égard des parcs nationaux et des réserves nationales de faune. Comme vous le savez, ce sont des éléments cruciaux pour achever le réseau des zones protégées du Canada. Il s'agit de programmes forts auxquels des millions de Canadiens tiennent beaucoup, et ils protègent la nature par des moyens reconnus à l'échelle mondiale.
Quant aux programmes fédéraux nécessaires pour la création de parcs nationaux et pour gérer efficacement des sites comme les réserves nationales de faune au fil des ans, il est très important de reconnaître qu'il est crucial d'obtenir un appui constant. Nous vous encourageons donc à continuer dans cette veine.
Notre deuxième recommandation porte plus particulièrement sur les Territoires du Nord-Ouest, qui connaissent un transfert de champs de compétence quant à la gestion des terres et des sources hydriques. Comme vous le savez, les Territoires du Nord-Ouest font récemment l'objet d'un accord de transfert de responsabilités, et cela se passe à un moment très important. Nous incitons donc le comité à poser des questions sur ce transfert de responsabilités afin d'obtenir des assurances que des mécanismes tiendront compte des zones protégées à créer et à gérer.
Nous trouvons encourageantes les déclarations du gouvernement du Nord-Ouest et l'assurance que le gouvernement fédéral continuera d'appuyer les groupes de travail qui oeuvrent pour l'adoption de nouvelles zones protégées ainsi que la déclaration d'inaliénabilité offrant une protection provisoire des zones avant leur désignation. Il existe de nouveaux sites qui seront visés. Ce dont nous avons vraiment besoin maintenant, c'est un processus pour aller de l'avant. À l'heure actuelle, le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest développe une stratégie minérale pour guider les sociétés minières, et il faut donc réoutiller la Stratégie des zones protégées comme initiative d'accompagnement.
Troisièmement, il faut des outils d'atténuation des effets sur la faune. Je vais mettre l'accent sur deux éléments en particulier. D'abord, il y a le régime qui s'applique aux espèces en péril et ensuite, les évaluations environnementales exhaustives. Ces deux facteurs sont à la base de la conservation de l'habitat d'un bout à l'autre du pays.
Pour ce qui est de la Loi sur les espèces en péril, il est tant d'assurer la stabilité. Ce n'est pas le moment de la modifier. Ce qu'il faut en fait, c'est de faire aboutir la collaboration. L'élément le plus important... Je peux vous donner un exemple auquel nous avons participé. Il s'agit de l'Entente sur la forêt boréale canadienne, qui vise l'ensemble du secteur forestier, la collaboration des Premières Nations, des groupes environnementaux et des divers ordres de gouvernement pour qu'ils mettent de l'avant leurs plans d'exploitation forestière tout en protégeant les caribous qui sont visés dans leur contrat de licence.
Il existe de nombreux autres exemples de bonne collaboration.
Les évaluations environnementales constituent un autre moyen d'atténuer les effets. Je veux tout simplement signaler un projet en particulier, c'est-à-dire dans le Cercle de Feu de l'Ontario, qui pourrait vraiment profiter d'un examen de la façon dont on pourrait procéder à des évaluations environnementales dans cette région. Il s'agit d'une des plus importantes découvertes de minerai de cette génération au Canada, de sorte qu'il faut bien faire les choses.
Je veux tout simplement signaler que l'étude exhaustive actuelle ne répondra probablement pas aux besoins particuliers des communautés des Premières Nations. Ce qui sera utile pour créer une base tant pour le développement que pour la protection de l'habitat dans cette très vaste région sera de transférer l'examen à un comité spécial.
Je veux aussi dire que l'aménagement du territoire est un des principaux outils permettant de concilier le développement avec la conservation de l'habitat dans le Nord du Canada. Il en existe de nombreux exemples d'un bout à l'autre du pays, y compris en Alberta et au Manitoba. Il y en a de plus en plus en Ontario. On s'oriente dans cette voie au Québec et au Labrador. En Colombie-Britannique, il y a des accords sur l'aménagement du territoire ainsi que dans les Territoires du Nord-Ouest. C'est un outil très vaste qui peut être rajusté et défini à l'échelle régionale. Ce genre de processus ne peuvent aller de l'avant que grâce à l'appui des intervenants, qui sont les Premières Nations et les ordres de gouvernement dans les régions visées.
Je voudrais terminer en incitant le gouvernement fédéral à appuyer les plans d'aménagement du territoire comme mécanisme clé tant pour la protection de l'habitat de la faune que pour le développement du territoire, et de nombreuses provinces seraient prêtes à les appliquer.
Je vous remercie beaucoup.
:
Madame la présidente, mesdames et messieurs, je m'appelle Bob Lowe. Ma famille et moi exploitons une ferme en Alberta, près de la ville de Nanton. Je suis accompagné de Fawn Jackson, la gestionnaire environnementale pour la Canadian Cattlemen's Association.
Je vous remercie de votre invitation à prendre la parole au nom des producteurs bovins du Canada en ce qui a trait à un plan de conservation national. À titre de vice-président du comité environnemental de la Canadian Cattlemen's Association, cette question revêt beaucoup d'intérêt et d'importance pour moi.
Les grands éleveurs se trouvent dans une position unique lorsqu'il s'agit de faire des affaires et de s'occuper d'environnement, puisque nous avons la capacité d'être les propriétaires d'entreprises dynamiques et rentables que nous gérons au sein d'un habitat naturel qui offre de nombreux services découlant des écosystèmes à la population canadienne. Nous estimons qu'il existe de nombreuses possibilités de collaboration auxquelles nous pouvons participer dans l'atteinte des objectifs de conservation grâce à des méthodes de gérance. Les grands éleveurs sont aux premières lignes des pâturages menacés de disparition en Amérique du Nord. Ces prairies séquestrent une bonne partie du carbone et elles jouent un rôle clé dans le stockage et la filtration de l'eau, en plus d'abriter une abondance d'espèces en péril. Inutile de dire que nous avons un important rôle à jouer.
Les grands éleveurs ont toujours contribué et continueront de contribuer à la conservation de l'habitat puisque c'est à la base de leur entreprise. Puisque les ranchs sont transmis de génération en génération, on a pu accumuler une immense quantité de connaissances environnementales propres à une région. Les grands éleveurs ont établi des partenariats fructueux avec bon nombre d'organisations axées sur l'environnement comme Canards Illimités Canada, Cows and Fish, MULTISAR, et des organisations provinciales comme la Saskatchewan Watershed Authority, la Manitoba Conservation Districts Association et la Direction de la gestion des parcours de l'Alberta.
La clé du succès de ces collaborations découle de l'accent qu'elles mettent sur la gérance en matière de conservation, ainsi que sur la double priorité qui consiste à aider les grands éleveurs à atteindre leurs objectifs opérationnels. Bon nombre de ces organisations font face à des ressources financières en déclin en dépit du fait que l'importance de leur travail continue de croître au fur et à mesure qu'elles aident le Canada à atteindre ses objectifs en matière de conservation et d'économie.
Un plus grand appui à ces programmes se traduira par des répercussions positives qui permettront d'atteindre tant les objectifs de conservation que ceux des exploitations agricoles. On pourrait à cet égard appliquer les programmes de conservation et de gérance de l'habitat de la Loi sur les espèces en péril. Une partie du fonds du programme de conservation et de gérance de l'habitat devrait être réservée plus particulièrement pour l'agriculture. Les programmes ainsi financés devraient être appuyés par des producteurs agricoles et le financement devrait être octroyé en temps opportun. L'industrie agricole pourrait potentiellement gérer ces fonds pour en assurer l'efficience et l'efficacité ultimes.
L'industrie canadienne du boeuf appuie l'esprit de la Loi sur les espèces en péril qui vise à protéger les animaux sauvages et à rétablir leur population au Canada. Nous incitons le gouvernement à adopter une approche de gérance nationale afin de protéger les espèces et d'éviter l'atmosphère d'affrontement que l'on constate au sud de la frontière. L'industrie canadienne du boeuf encourage le gouvernement à faire son possible pour adopter une loi véritablement axée sur une approche de gérance respectueuse des droits des propriétaires fonciers indépendants. Cette approche qui privilégie la collaboration donnera de meilleurs résultats que des règlements contraignants.
Nous croyons que les organismes de réglementation doivent conserver deux principes de base à l'esprit. D'abord, si une espèce en péril est perçue comme étant un handicap pour le gestionnaire du territoire, elle continuera d'être en péril. Deuxièmement, si une espèce en péril se retrouve sur le terrain d'un grand éleveur, il faut supposer que son responsable fait ce qu'il doit faire.
Le gouvernement peut concilier les intérêts respectifs des secteurs agricoles et de la conservation en favorisant une gérance en collaboration afin d'optimiser les résultats pour les deux secteurs. Il faut établir des liens plus forts entre Environnement Canada et Agriculture et Agroalimentaire Canada et il faut une réglementation propice à ce type de gérance.
Le gouvernement du Canada pourrait aussi créer un fonds de lancement pour des programmes de services écosystémiques. Les agriculteurs et les grands éleveurs font tout ce qu'ils peuvent pour gérer leurs terres de la façon la plus durable possible. Toutefois, des contraintes financières ou autres peuvent les empêcher d'adopter de nouvelles technologies et pratiques environnementales. Les avantages découlant de bonnes pratiques de gestion environnementales pourraient aussi être supérieurs à ceux que peut obtenir le producteur individuel, et le grand public pourrait aussi en tirer profit. En conséquence, l'incitatif d'investir au niveau du particulier serait moins qu'optimal. L'appui financier serait utile et encouragerait les producteurs à adopter des pratiques pour améliorer les écoservices offerts à la société. Comme un ami me l'a si bien dit, « puisque c'est pour le bien public, peut-être que c'est le public qui devrait payer ».
Notre association a une vision pour l'établissement d'un cadre national de programmes d'écoservices qui seraient exécutés à l'échelle régionale. Pour que les programmes de ce genre réussissent, les solutions doivent porter sur des priorités locales et associer acheteurs et vendeurs. Nous encourageons donc le gouvernement à établir un programme qui pourrait être mis sur pied par des groupes locaux grâce à des capitaux de démarrage.
Merci de m'avoir donné l'occasion de m'exprimer. Fawn pourra répondre à vos questions.
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Merci, madame la nouvelle présidente du jour.
Je remercie les témoins de nous faire part de cette importante information. C'est vraiment très pertinent.
Je vais d'abord m'adresser à Mme Granskou.
Pourriez-vous nous parler davantage des cinq recommandations dont vous nous avez fait part à la fin de votre présentation? La première parle d'appuyer les parcs nationaux et les réserves nationales de faune. En fin de compte, vous proposez qu'on augmente les programmes de financement et l'aide destinée à gérer les sites.
Récemment, Parcs Canada a subi des compressions de 29 millions de dollars, et des scientifiques, dont des biologistes, ont été mis à la porte.
On se demande comment on pourra, dans ces conditions, continuer à protéger les parcs, les habitats et les écosystèmes. Il devient d'autant plus important de réinvestir dans ces programmes.
Que pensez-vous de ces compressions?
Bien sûr, je crois que toutes les circonstances sont différentes. Comme il y a une forte population dans notre bassin hydrographique, cela a évidemment des conséquences sur les gens. Les gens vivent dans cinq grandes villes, et la plupart des terres le long du bassin hydrographique sont cultivées. Une grande partie de notre bassin hydrographique, il y a 200 ans, était composée de forêts, de milieux humides et de pâturages, comme une grande partie du pays, j'imagine. Je dirais qu'il y a certainement eu des conséquences.
Il y a des endroits où on peut rétablir les milieux humides. C'est faisable. Souvent, s'il y a une ville là où il y avait un milieu humide, on ne pourra pas le rétablir. Il est donc important d'avoir des endroits comme Luther Marsh et d'autres milieux humides semblables.
Nous avons aussi commencé à vraiment porter attention au rétablissement de corridors riverains afin que les espèces dans l'habitat puissent migrer le long des corridors. Par conséquent, de petites sections et zones tampons le long de nos rivières et de nos ruisseaux apportent des avantages supplémentaires parce qu'elles relient des parcelles d'habitat. Le sud-ouest de l'Ontario ne redeviendra jamais un milieu humide ou une forêt, mais nous pouvons faire de notre mieux pour protéger les milieux humides que nous avons et pour relier ceux que nous pouvons.
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Merci, madame la présidente.
Merci à tous nos témoins d'être ici aujourd'hui.
Je vais commencer avec la rivière Grand. Après 75 ans, c'est la plus ancienne des 36 aires de conservation en Ontario. Récemment, d'après votre témoignage, on en a fait une rivière du patrimoine national. Toutes mes félicitations. Voilà un modèle très efficace de collaboration avec l'Office de protection de la nature de la rivière Grand.
J'ai vécu dans la région pendant 15 ans, mais je n'y habite plus depuis 20 ans. Je voulais dire qu'à l'époque, il y avait déjà eu un rétablissement étonnant de la rivière. Faire du canot sur la rivière Grand est maintenant une activité très populaire. C'est tout un autre monde que l'on voit lorsque l'on est sur l'eau et que l'on voyage le long de ce corridor.
Alors, ça fait plus de 20 ans que je suis parti. Quels sont les défis pour cette rivière aujourd'hui?
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Merci. Maintenir le niveau et le débit de l'eau sera un défi permanent.
Mes collègues se sont déjà servis de votre modèle efficace avec très peu d'argent sur une longue période, une décennie. Trente-quatre millions de dollars, c'est un montant considérable, mais il y a 5 000 projets de protection de l'eau, et le total des subventions s'élevait à 13 millions de dollars, sachant que les agriculteurs devaient apporter leurs contributions. Là encore, il y a l'élément du partenariat. En raison de la longueur et de la difficulté du travail dans ce dossier, on a l'assentiment de la collectivité, et le terme « partenariat » en fait quelque chose de viable. D'après ce que nous entendons, c'est un modèle très efficace.
Mary Granskou, vous avez, vous aussi, parlé de partenariats créatifs. Vous avez établi un groupe extraordinaire de gens qui se sont rassemblés autour de l'Initiative boréale canadienne; un vaste éventail de gens se sont rassemblés afin de créer la coalition et d'élaborer l'accord. Qu'en est-il maintenant? Ces partenaires se réunissent-ils toujours de façon régulière afin d'aborder certaines questions, ou est-ce la direction de l'institution qui met en oeuvre la vision qui a été créée initialement?
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je remercie les témoins.
J'aimerais rappeler une chose. Cela m'a peut-être échappé, mais je n'ai pas encore entendu parler de changements climatiques. La semaine passée à la Chambre, le NPD a présenté une motion sur les changements climatiques, laquelle a été mise aux voix hier. Je pense que cet élément est vraiment important. Si notre plan national de conservation des habitats ne parle pas des changements climatiques, ce sera impossible.
Malheureusement, en cinq minutes, je n'ai pas beaucoup de temps pour en parler, mais je voulais cependant mentionner qu'il est vraiment important de s'attaquer aux changements climatiques.
À cet égard, madame Granskou, vous avez mentionné qu'en 2007, je pense, 1 500 scientifiques du monde entier ont manifesté leur appui aux objectifs de la Vision pour la conservation de la forêt boréale. Pouvez-vous nous rappeler un peu ce qu'étaient ces objectifs et nous dire s'ils sont en voie d'être atteints? Le gouvernement fédéral pourrait-il faire des choses pour accélérer ou faciliter l'atteinte des objectifs de la Vision pour la conservation de la forêt boréale?
Les choses ont considérablement avancé. Par exemple, à l'échelle provinciale, plusieurs provinces ont pris l'initiative d'adopter véritablement la vision de promouvoir, dans le cadre d'un modèle d'intendance, les objectifs nécessaires au développement d'environ la moitié du territoire et d'envisager la possibilité d'instaurer des régimes de conservation pour l'autre moitié du territoire. L'un des facteurs constitue, en fait, les changements climatiques, car nous devrons assurer une gestion orientée sur l'avenir, assortie de solutions dynamiques couvrant de vastes zones, si nous souhaitons maintenir les emplois, l'économie et les espèces.
Le Québec est un excellent exemple. On y trouve le Plan Nord. C'est une initiative très ambitieuse qui a été lancée par le premier ministre Charest. Ce projet est maintenant entre les mains du gouvernement de Mme Marois; l'initiative a donc été préservée. On en redéfinit les paramètres. Dans ce contexte, on élabore constamment des initiatives visant à promouvoir les objectifs fixés de façon très rigoureuse.
Donc, on peut difficilement être plus ambitieux que cela, lorsqu'un gouvernement adopte ce type d'initiative. Désolée, j'ai probablement dépassé mon temps, mais comment le gouvernement fédéral peut-il apporter de l'aide? Je pense qu'il peut tout d'abord appuyer l'aménagement du territoire. Selon moi, c'est l'une des mesures les plus importantes que le gouvernement fédéral pourrait prendre à l'heure actuelle.
Merci.
:
Merci, madame la présidente.
Mes prochaines questions s'adressent à Mme Jackson.
Vous avez dit plus tôt qu'on drainait rarement les terres humides. Vous dites qu'il serait plus intéressant de travailler avec les éleveurs bovins pour qu'ils comprennent davantage comment fonctionnent les évaluations environnementales et comment protéger les zones riveraines relativement aux zones de pâturage.
Monsieur Lowe, vous avez aussi parlé de créer un fonds commun pour les agriculteurs afin de mettre en place de meilleures pratiques environnementales sur les terres agricoles.
J'ai rencontré un groupe d'agriculteurs qui disaient que pour mettre en place de meilleures pratiques agricoles, il fallait que le gouvernement fédéral investisse davantage dans la recherche et dans l'innovation technologique. Pourriez-vous en dire un peu plus à ce sujet? Comment pourrait-on venir en aide aux agriculteurs pour que les terres, les habitats et les écosystèmes soient mieux protégés? En même temps, pensez-vous que cela pourrait faire en sorte que les bovins et les bêtes soient en meilleure santé et apportent plus à l'économie locale, régionale et peut-être même pancanadienne?
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Tout d'abord, je tiens à dire que les pêches ne sont pas mon domaine d'expertise. La dernière chose que je veux faire est de formuler des observations sur quelque chose pour lequel je ne suis pas qualifiée.
Pour ce qui est de la façon dont on peut aller de l'avant, le Canada est une fédération. Il s'agit d'une combinaison de régimes fédéraux, provinciaux, régionaux et municipaux. C'est la combinaison de tous ces échelons qui sera la clé dans une région précise.
Une chose que j'aimerais souligner, c'est que le milieu boréal à certains endroits est constitué à moitié d'eau. Il s'agit donc énormément de gérer un territoire et de promouvoir des pratiques exemplaires qui reconnaissent le travail qu'on effectue fonctionne sur toute une zone. Par exemple, dans le Nord de l'Ontario, lorsqu'on pense à la construction d'une route à travers un territoire ou un plan d'eau, il s'agit d'une route, mais il faut l'envisager — et je m'excuse de la comparaison — comme une infrastructure moitié route moitié pont, dans les faits. C'est un type de territoire très complexe et très dynamique en matière d'ingénierie.
Ce sont les décisions que nous prenons, et le fait d'appuyer ces décisions est absolument fondamental à la viabilité à long terme de toute solution ou infrastructure.
:
Je vous remercie, madame la présidente.
Je remercie tous les témoins, et je souhaite une bienvenue particulièrement chaleureuse à M. Farwell.
Je vous suis reconnaissant de votre présence et je tiens à vous transmettre les regrets de notre président, . Il était impatient d'entendre votre témoignage, mais il avait d'autres engagements incontournables et il n'a pas pu venir.
J'ai à poser des questions qui peuvent sembler un peu techniques. Je vais surtout, si vous le permettez, m'adresser à M. Farwell. J'aimerais d'abord savoir si l'Office de protection de la nature de la rivière Grand a collaboré avec le Programme national d'analyse et de rapport en matière de santé agroenvironnementale, le PLARSA, s'il a tiré parti de ces travaux ou s'il y a contribué.
À entendre votre témoignage, je ne savais pas à quel point l'office participait à la planification agricole, et je ne sais pas si c'est un outil qui peut vous être utile. J'espère ne pas trop vous mettre sur la sellette en vous posant cette question.
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Merci, madame la présidente.
C'est ce qui met du piquant dans la vie: on ne sait jamais ce qui va arriver.
Madame Granskou, vous avez fait plusieurs observations et j'aimerais vous donner l'occasion d'en expliquer certaines plus en profondeur. Vous et d'autres représentants de votre organisation avez déjà comparu devant le comité et à mon avis, s'il y a une chose dont nous sommes reconnaissants, ce sont les efforts qui ont été déployés pour créer un partenariat. Votre organisation y est parvenue.
L'une des questions qui nous intéressent, en ce moment, porte sur les pratiques exemplaires en matière de conservation de l'habitat, et vous aurez remarqué qu'un thème revient souvent dans les questions qui sont posées à tout le monde, à savoir comment on peut entretenir un paysage exploité. Comment peut-on à la fois reconnaître les exigences économiques liées à nos terres et équilibrer ces exigences avec la nécessité de conserver l'habitat?
Pouvez-vous, brièvement, expliquer au comité comment ce partenariat a pu être mis sur pied? Comment votre organisation est-elle parvenue à amener tous ces groupes d'intérêts disparates à participer à un dialogue dépolitisé? Pouvez-vous nous parler aussi de certaines des pratiques exemplaires appliquées pour préserver ce partenariat?
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Bien sûr. Je vous remercie pour cette question.
Le partenariat est en fait né de la multiplication des conflits. Donc, en fait, ce sont les conflits qui ont été le catalyseur pour toutes les parties à ce dialogue initial; c'est ce qui les a poussés à se demander comment elles pouvaient travailler ensemble, bien avant qu'un cadre soit établi, à savoir notre document de consensus. Les solutions, à l'époque, n'étaient pas très évidentes, et certains membres du groupe, de tous les milieux, faisaient preuve d'un ferme leadership. Que ce soit le secteur des ressources, les Premières Nations ou les organismes de conservation, tous voulaient trouver des solutions. Par conséquent, le cadre est né de ce désir d'atteindre certains objectifs.
Le partenariat a été consolidé par l'expérience directe et les résultats. Les résultats que nous avons observés font avancer la démarche collective; alors, plus on voit de plans d'aménagement des terres être mis en oeuvre... Ce ne sera pas des solutions idéales, mais elles témoignent d'ententes conclues pour trouver un moyen de satisfaire les intérêts et de progresser vers les objectifs communs. Nos membres en Alberta se sont beaucoup intéressés au plan régional du cours inférieur de la rivière Athabasca et ils ont fait des recommandations à cet égard.
Nous espérons beaucoup voir de nouvelles pratiques mises en oeuvre, et nous comptons éclairer cette démarche dans le cadre de nos efforts pour répondre aux questions.