HERI Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
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37e LÉGISLATURE, 1re SESSION
Comité permanent du patrimoine canadien
TÉMOIGNAGES
TABLE DES MATIÈRES
Le mardi 30 avril 2002
· | 1340 |
Le président (M. Clifford Lincoln (Lac-Saint-Louis, Lib.)) |
· | 1345 |
Le président |
M. Paul Rigg (président, Digital Bliss Inc.) |
· | 1350 |
Le président |
· | 1355 |
M. Jean Léger (directeur général, Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse) |
¸ | 1400 |
¸ | 1405 |
Le président |
M. Jean Léger |
Le président |
M. Jim Abbott (Kootenay--Columbia, Alliance canadienne) |
M. Jean Léger |
Le président |
M. Jean Léger |
M. Jim Abbott |
M. Jean Léger |
¸ | 1410 |
M. Jim Abbott |
Le président |
M. Chris Zimmer |
Le président |
M. Paul Rigg |
¸ | 1415 |
M. Jim Abbott |
M. Paul Rigg |
Le président |
Mme Christiane Gagnon (Québec, BQ) |
M. Paul Rigg |
Le président |
M. Paul Rigg |
¸ | 1420 |
Mme Christiane Gagnon |
M. Jean Léger |
Mme Christiane Gagnon |
¸ | 1425 |
M. Jean Léger |
Le président |
Mme Christiane Gagnon |
M. Jean Léger |
Mme Christiane Gagnon |
M. Jean Léger |
Mme Christiane Gagnon |
M. Jean Léger |
Le président |
M. John Harvard (Charleswood St. James—Assiniboia, Lib.) |
M. Chris Zimmer |
M. John Harvard |
M. Chris Zimmer |
¸ | 1430 |
M. John Harvard |
M. Jean Léger |
M. Rodger Cuzner (Bras d'Or—Cape Breton, Lib.) |
M. Jean Léger |
¸ | 1435 |
Le président |
Mme Wendy Lill (Dartmouth, NPD) |
M. Jean Léger |
M. Chris Zimmer |
¸ | 1440 |
Mme Wendy Lill |
Le président |
Mme Christiane Gagnon |
M. Jean Léger |
¸ | 1445 |
Le président |
CANADA
Comité permanent du patrimoine canadien |
|
l |
|
l |
|
TÉMOIGNAGES
Le mardi 30 avril 2002
[Énregistrement électronique]
· (1340)
[Traduction]
Le président (M. Clifford Lincoln (Lac-Saint-Louis, Lib.)): Je déclare ouverte la séance du Comité permanent du patrimoine canadien qui se réunit aujourd'hui à Halifax pour poursuivre son étude de l'état du système de radiodiffusion canadien.
Tout d'abord, je tiens à présenter toutes mes excuses aux témoins pour vous avoir causé tous ces tracas. Avec ces choses, c'est pratiquement inévitable. Nous avons de nombreuses personnes à entendre et malheureusement, nous avons terminé après 13 heures. J'en suis très désolé.
Sans plus attendre, je donne la parole à M. Chris Zimmer, d'imX communications.
M. Chris Zimmer (président, imX communications Inc.): Merci, monsieur le président et membres du comité.
Je suis cinéaste et téléaste et je travaille ici, à Halifax. Cela fait 16 ans environ que nous avons notre compagnie, et nous travaillons avec des radiodiffuseurs et le système canadien de financement sans aucun problème depuis.
J'ai été tout d'abord ravi, puis surpris, lorsqu'on m'a demandé de vous faire part de mes réflexions sur l'état du système de radiodiffusion canadien. J'oeuvre principalement dans les longs métrages, mais j'ai également tourné quelques films pour la télévision et je suis actif au sein de l'Association canadienne de production de films et télévision. Je suis heureux de pouvoir vous faire part de quelques opinions et observations personnelles, dans l'espoir qu'elles retiendront votre attention et sauront vous être utiles.
Je me suis demandé s'il ne serait pas préférable de ne rien dire et de me contenter d'encourager le satu quo, ou de dire ce que je pensais en espérant que mes propos seraient cohérents et constructifs, et ainsi engendrer une réflexion sur l'industrie de la radiodiffusion canadienne actuelle et future au pays.
Je me suis dit que j'allais consacrer quelques instants seulement aux moyens ou aux technologies qui nous permettent de transmettre le message des créateurs à l'auditoire. Je pense qu'il y a des personnes énormément plus compétentes qui pourraient présenter des observations sur un grand nombre des politiques. Ce n'est pas tellement que ce ne soit pas important pour vous, mais compte tenu du peu de temps qui m'est alloué, je vais concentrer mes remarques sur ce que je connais le plus, et c'est la création du contenu de ce qui est présenté. Je serai heureux de répondre après coup à toute question précise sur mes idées au sujet du système et des aspects commerciaux.
Le contenu, c'est l'ensemble des idées, histoires, commentaires et renseignements qui informe les Canadiens et Canadiennes sur qui nous sommes, et le reste du monde au sujet des habitants du Canada, et qui crée effectivement une image du Canada en tant que pays.
J'aime considérer la télévision et tous ses sous-produits—Internet, télévision interactive, magnétoscopes—tels qu'on les connait actuellement ou vont être imaginés, comme le puits au centre d'un village autour duquel les villageois se rassemblent pour se raconter les potins, histoires et nouvelles, tout en puisant l'eau pour répondre aux besoins quotidiens de leurs familles.
Je n'emploie peut-être pas une méthaphore imaginative et particulièrement vivante, mais elle convient aux technologies de radiodiffusion et ne s'applique qu'en partie au théâtre, à la littérature et à la musique. Cette activité—la communication d'idées sur une base culturelle informelle ou populaire—est essentielle à une culture et à la culture. Les idées échangées ne sont que ce qui intéresse les gens. C'est très varié et ça change tout le temps, et pourtant au fil du temps les idées, histoires, légendes et réflexions deviennent consacrées et sont retenues pour la société.
Je pense qu'il vous incombe, en tant que représentants du gouvernement et du peuple canadien, de voir à ce que le puits et la place publique environnante soient un endroit propre, sain et attrayant pour que cet échange se produise. Ce que vous avez dit n'est qu'un reflet de ce qui se passe dans la société plus large. Le fait d'essayer de contrôler ou d'orienter les idées, les chuchotements, les histoires ou les nouvelles ne fera qu'obliger une société à trouver d'autres endroits et d'autres façons de communiquer les renseignements quotidiens dont elle a besoin.
La télévision est de toute évidence un support immédiat. C'est là que les gens veulent voir ce qui se passe en ce moment. Elle n'est pas particulièrement bien adaptée à la littérature ni, ce que je me dis parfois, à une réflexion approfondie.
À mon avis, on ne peut pas vraiment concevoir un système de réglementation qui pourra contrôler le contenu de ce qui est présenté aux Canadiens et Canadiennes au fil du temps. Ce qu'il faut, c'est que tous aient l'occasion de présenter leurs histoires. La présence d'auditeurs dépendra du pouvoir des auteurs, producteurs, acteurs et créateurs de contenu canadien.
Nous pouvons encourager les Canadiens à acquérir les aptitudes et les moyens pour se démarquer. Des émissions et des politiques à cette fin peuvent et vont fonctionner. Nous avons de nombreux exemples de réussite dans ce sens au Canada. Les émissions qui visent à définir ou à orienter le contenu réel sont vouées à l'échec. L'auditoire a un sens aigu de ce qui est vrai, de ce qui vient droit du coeur du raconteur, et de la teneur du message. Si vous voulez communiquer un message, ayez recours à une publicité. Les radiodiffuseurs, les éditeurs et les gens de la finance vous en seront gré, mais n'essayez pas d'utiliser le système de radiodiffusion pour faire passer un message précis.
Au cours des 16 dernières années, j'ai participé à divers projets internationaux de film et de télévision, et j'ai été témoin d'un grand nombre de tentatives de réglementer le contenu. À mon avis, celles qui ont le mieux réussi ont été celles pour lesquelles les créateurs de films ont été encouragés, aidés, ou—vais-je oser utiliser le terme—subventionnés, où l'idée, et non le contenu, a été laissée à l'imagination des cinéastes.
Donnez les moyens aux créateurs de contenu canadien et vous aurez du contenu canadien. Créez un ensemble de règles et tout que vous aurez, ce seront d'habiles avocats qui vont trouver une façon de les contourner. Je pense que c'est ce à quoi nous nous heurtons en ce moment au Canada.
Pour ce qui est d'un des autres sujets que vous vouliez aborder, c'est-à-dire la diversité, je pense que nous avons un merveilleux pays plein d'endroits, de gens provenant de traditions et de contextes différents, et une riche diversité d'idées. Même si elle est parfois désordonnée, c'est cette diversité qui constituera notre force et l'avenir du Canada dans une culture mondiale.
Pour moi, cela me semble simple et c'est effectivement quelque chose que nous pourrions appeler le bon sens si nous n'étions pas si incertains et insécures du fait qu'une idée bien simple puisse être la meilleure. La monoculture et le génie génétique ne fonctionnent pas, qu'il s'agisse de ce que nous mangeons ou de ce que nous pensons et voyons. On a peut-être la capacité de créer la pomme parfaite—belle apparence, voyage bien, se stocke pour toujours et génère plus de profits que toutes les autres variétés—, mais c'est toujours moins satisfaisant que l'original. Je pense que nous nous en sommes rendu compte.
Si un jour une maladie venait à détruire tous les vergers, alors nous n'aurions plus de pommes. Cela vaut également pour les poissons, la viande, les pommes de terre, la télévision et les nouveaux médias. La spécialisation c'est bien beau, en autant que l'on dispose d'un éventail infini de spécialistes et que le fait d'en perdre un n'aura aucune incidence sur l'ensemble.
Pour résumer, au lieu de m'étendre davantage, voici quelques recommandations. Tout d'abord, il faut simplifier le cadre de réglementation dans lequel nous oeuvrons. En ce moment, c'est l'un des systèmes les plus compliqués et les plus arcanes au monde. C'est un système de négociations, d'ententes, et de considérations spéciales. Sortez le contenu canadien des mains des ingénieurs politiques et sociaux et redonnez-le aux raconteurs d'histoire au Canada. Faites les choses simplement.
Investissez dans les créateurs de contenu canadien, et laissez-les définir le contenu. Essayer de le faire autrement ne va tout simplement pas fonctionner, car une fois que vous définissez le contenu, il ne sera plus vrai pour l'année suivante.
Redéfinissez le marché des idées. C'est important dans vos discussions sur le monde de la radiodiffusion et sur la façon qu'il pourrait changer. Donner le contrôle des idées à quelques sociétés ne fera qu'entraîner l'abus de ce privilège. Cela vaut tant pour les secteurs public que privé.
En fait, permettez une diversité d'idées, linguistique, culturelle et territoriale. Vous constaterez que j'évite d'utiliser le mot «régional», car je crois que cela finit par mettre une structure au Canada, mais je pense qu'il faut permettre une diversité d'idées partout au pays, à l'est comme à l'ouest, au nord comme au sud. Faites-le par l'accès au contenu international—n'ayez pas peur des idées venant de l'extérieur—appuyez les créateurs de contenu canadien, peu importe l'endroit où ils vivent ou, ce qui est inquiétant, ce qu'ils veulent dire.
Ici, le rôle du gouvernement canadien doit être de veiller à l'avenir de tous les Canadiens et les Canadiennes. Ce n'est pas seulement une question d'argent ou de résultats financiers pour une entreprise, ni même des conceptions politiques actuelles de qui nous sommes, mais c'est pour garder la zone autour du puits propre et accessible à tous, s'assurer que l'eau du puits est salubre afin que les gens continuent de venir y puiser, et de maintenir une société ouverte où les idées et les histoires peuvent définir qui nous sommes.
Merci.
· (1345)
Le président: Merci beaucoup, monsieur Zimmer. Venant d'une personne telle que vous, qui a toute cette expérience et dont les réalisations sont impressionnantes, nous vous en remercions.
Monsieur Rigg, votre entreprise a un nom tout à fait magnifique: Digital Bliss. Parlez-nous de cette euphorie numérique, monsieur Rigg.
M. Paul Rigg (président, Digital Bliss Inc.): Bonjour. Je vous remercie de m'avoir invité cet après-midi.
Franchement, un point très important pour moi, c'est la technologie et le contenu, et la pertinence pour la radiodiffusion canadienne. Ce nom reste donc pertinent en cette ère du 16 sur 9 et de la haute définition.
En tant que président de Digital Bliss Inc., en tant que propriétaire d'une entreprise du secteur privé, je dois prendre des décisions et dépenser de l'argent en fonction de la politique en place, et elle a une incidence sur la façon dont je prends des décisions quant au matériel que j'achète pour des clients comme Chris et la progression des capacités.
Voilà donc quelques points. Je vais donc en parler, puis nous pourrons nous y attarder par la suite.
La technologie, c'est l'outil, et non le maître. C'est ce qu'il est important de retenir. Mais nous examinons une technologie 16 sur 9, et c'est vraiment quelque chose de nouveau. À mon avis, dans le système canadien, nous devons vraiment nous accaparer de cette technologie et progresser. Nous sommes témoins d'un développement rapide et nous voyons qu'il se produit de nombreux changements à l'échelle internationale. Je m'inquiète du fait que le Canada se laisse distancer dans ce domaine à ce moment-ci.
Quand nous examinons la politique concernant la mise en oeuvre de la HD et du 16 sur 9, par exemple, il y a 30 mois j'étais à Toronto et un de mes amis de la Virginie m'a appelé et m'a décrit une situation où il avait un choix de 15 grands écrans à haute définition quelque part en Virginie, à Circuit City. J'ai décidé d'examiner son offre et je me suis rendu sur Bay Street dans un endroit très technologique où il y avait un tel écran. Een posant des questions à ce sujet, on m'a dit qu'il n'y avait aucune demande pour ce produit pour l'instant.
Nous sommes maintenant deux ans et demi plus tard et pratiquement partout où vous allez, vous pouvez trouver un vaste éventail de produits à haute définition et de grands écrans. Si, comme moi, vous faites preuve de diligence raisonnable, vous remettez en question le marché commercial de ce que les gens demandent. Le véritable moteur en ce moment, c'est la demande des clients pour un grand écran et une définition plus élevée que la normale. On peut donc constater que l'éducation commence à faire son chemin et fait même progresser.
Nous nous retrouvons également dans une situation où les grands fabricants, à l'échelle internationale, sont en train d'éliminer graduellement la télévision quatre sur trois. Donc, chaque année, nous allons voir de moins en moins de modèles. Nous nous retrouvons dans une situation où, selon moi, dans deux ans d'ici, nous aurons des produits haute définition et des grands écrans.
Nous sommes en train de voir une acceptation par les consommateurs. Quelqu'un a dit que le téléspectateur chez lui ne verra pas la différence. C'est tout à fait faux. Ce qui se passe en réalité, c'est que la résolution d'un DVD joué sur un lecteur DVD pour un écran de 16 sur 9 dont les paramètres de résolution sont 1080 donne une très belle image, une très belle image. Les gens achètent ces produits parce que c'est ce qu'ils veulent. Ils veulent une expérience cinématique chez eux.
Le Japon a mis au point et implanté au complet la haute définition. Vous ne trouverez plus de radiodiffusion à définition standard là-bas.
Nous avons vu l'Europe adopter le grand écran il y a déjà quatre ans. Ils ont le format PAL, et ce système est entièrement numérique de sorte que la qualité est excellente.
Aux États-Unis, je ne peux le dire avec certitude, mais je pense que le mandat est plus tôt que le nôtre. Nous devons examiner à l'échelle nationale le format 16 sur 9 et la mise en oeuvre de la haute définition au Canada.
Si l'on examine le système actuel, quelqu'un qui veut la télévision à ce niveau n'a en réalité que deux choix pour l'instant, à savoir un canal sur Star Choice ou un canal sur Bell ExpressVu. À ce moment-ci, le choix est très limité. Le câble essaie d'offrir cette possibilité, mais il n'y est pas encore parvenu. Encore une fois, ce sera par le biais d'un boîtier décodeur numérique, et pour l'instant ce n'est pas encore fait. Quand est-ce que ce sera possible? Nous n'avons aucune indication. Le choix des consommateurs est limité. Pour ce qui est des producteurs d'émissions, cette avenue est limitée.
Dans le marché canadien, pour la production 16 sur 9, où en est-on? Les producteurs indépendants sont vraiment axés sur les budgets. La principale motivation est d'économiser de l'argent et d'éviter les coûts supplémentaires de ces technologies de production accrue. C'est vrai. Les caméras ne sont pas dispendieuses. La personne chargée du maquillage doit le faire à un niveau beaucoup plus élevé afin de créer le réalisme à cette résolution. Le seuil de qualité change. Ces facteurs ont une incidence sur la production, et les coûts augmentent. Nous constatons que les producteurs au Canada mettent l'accent sur les économies d'argent et évitent ce format de production en raison des coûts supplémentaires qu'il engendre.
Pour ce qui est de marchés internationaux, si vous produisez une dramatique, et si vous avez un budget important, à l'échelle internationale--la diligence raisonnable--, vous vous devez à ce moment-là d'explorer ces médias. Allons-nous nous rester avec le 4 sur 3 ou passer au 16 sur 9?
Je sens que les producteurs canadiens ont besoin d'incitatifs et d'une politique pour favoriser la production 16 sur 9 et la haute définition. Pour les Canadiens, comme je le dis, cela ne fait que de 24 à 30 mois que nous sommes passés d'une absence de choix à une énorme acceptation par les consommateurs. Et dans 24 mois d'ici, où serons-nous et qu'en sera-t-il de ces demandes? Avec le CRTC, 1991 a été la dernière année où ces examens ont eu lieu, et dans 10 ans d'ici... Vous devez vous rendre compte que beaucoup de choses surviennent en 10 ans. La technologie va progresser, et elle progresse constamment chaque année. Le cycle augmente à tous les six mois.
Dans une certaine mesure ici, au risque de perdre un peu de terrain, j'estime que nous avons besoin de mettre en oeuvre une politique qui reconnaît véritablement la nécessité de passer au large écran de 16 sur 9 pour ce qui est de la radiodiffusion et des produits haute définition. Commençons-nous par la SRC? Comment mettons-nous tout cela en branle?
En résumé, je considère que c'est un point faible de la politique actuelle. En tant que personne qui travaille au sein de l'industrie et qui est très près de celle-ci à un très haut niveau, le CRTC ne donne aucun renseignement en matière de politique ou d'orientation.
Merci.
· (1350)
[Français]
Le président: Thank you very much, Mr. Rigg.
Notre prochain invité me disait tout à l'heure que s'il était dans le sud de la Nouvelle-Écosse, son nom se prononcerait Jean «Léger», mais comme il est un Acadien du nord de la Nouvelle-Écosse, on prononce Jean «Légère».
· (1355)
M. Jean Léger (directeur général, Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse): J'aimerais peut-être apporter une petite précision, monsieur le président. Ce sont les Acadiens du Sud, c'est-à-dire ceux des États-Unis, de la Louisiane, qui s'appellent «Léger», et la plupart des Acadiens du Nord, de la région Atlantique, prononcent «Légère».
Le président: Au Nouveau-Brunswick aussi?
M. Jean Léger: Oui. Au Québec, par contre, c'est «Léger».
Le président: Alors, monsieur Léger, on vous donne la parole.
M. Jean Léger: Merci, monsieur le président.
Mesdames et messieurs les députés, bonjour. Permettez-moi d'abord de vous remercier de me recevoir aujourd'hui pour parler de radiodiffusion en langue française. Il s'agit d'un dossier d'une grande importance pour les communautés francophones et acadiennes; c'est pourquoi notre organisme désire intervenir aujourd'hui auprès de votre comité.
Mon nom est Jean Léger, je suis directeur général de la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse avec, pour acronyme, FANE. La FANE est un regroupement d'organismes régionaux, provinciaux et institutionnels et le principal porte-parole de la communauté acadienne et francophone de notre province.
Au cours de ma carrière, près de 12 ans ont été passés dans le monde des médias, tant dans la presse écrite, les radios communautaires et étudiantes, le secteur privé et environ huit années à titre d'annonceur-chroniqueur à Radio-Canada ici même, à Halifax, en plus d'avoir effectué des études universitaires dans le domaine des communications et d'avoir oeuvré dans le domaine des relations publiques.
Maintenant, un mot sur la communauté acadienne de la Nouvelle-Écosse. Nos origines remontent au XVIIe siècle, alors qu'une centaine de familles françaises s'installaient ici même, sur les rives de la baie de Fundy et autour de Grand-Pré. De nos jours, selon le recensement de 1996, les 36 311 francophones constituaient à cette date 4 p. 100 de la population totale de la province qui s'élevait alors à 900 000 habitants. C'est une communauté dont les effectifs sont stables depuis 50 ans, mais dont le pourcentage tend à diminuer. Notre poids démographique est faible, mais nous sommes concentrés tout de même dans des communautés assez homogènes, ce qui nous confère un poids politique. Par exemple, dans les régions d'Argyle et de Clare, au sud-ouest de la province, les Acadiens forment la majorité.
Aujourd'hui, ma présentation portera sur trois grands aspects de la communication ou des communications: la diffusion, le contenu et les infrastructures.
Premièrement, en ce qui a trait à la question de la diffusion et de l'accessibilité, permettez-moi de vous faire part de mon inquiétude vis-à-vis l'absence des médias francophones dans les régions rurales. Bien que les services de télévision en français sont respectables grâce à la câblodistribution et aux services via satellite, la radio française est encore rare dans nos régions acadiennes. Hormis deux stations de radios communautaires, l'une à la Baie Sainte-Marie, avec CIFA-FM, et l'autre dans la région de Chéticamp, avec CKJM- FM, et les services de Radio-Canada Atlantique dont la réception du signal radio n'est pas toujours très bonne, les Acadiens n'ont pas beaucoup accès à cette forme de communication de masse. Pourtant, on dit du peuple acadien qu'il est un peuple oral en raison de son isolement et de ses traditions enracinées dans près de 400 ans d'histoire.
De nos jours, malheureusement, les habitudes d'écoute des stations francophones sont un défi de taille aux radiodiffuseurs que nous venons de mentionner. L'assimilation a fait déjà des ravages énormes et les médias de masse de la majorité anglophone de l'Amérique du Nord continuent de faire une pression démesurée sur les communautés linguistiques en milieu minoritaire.
J'aimerais aussi vous dire que dans le domaine de la télévision, il n'y a, à part dans la région de Chéticamp et de la Baie Sainte-Marie, aucune télévision communautaire. Les moyens de ces dernières sont très rudimentaires, d'ailleurs. Nos communautés gagneraient à ce que le concept de télévision communautaire soit renforcé avec l'appui des instances décisionnelles.
Au chapitre du contenu, nos radios communautaires font du beau travail avec très peu de moyens. Il serait donc opportun de voir à mandater les ministères fédéraux pour appuyer ces radios. Par ailleurs, le contenu offert par la Société Radio-Canada à la population canadienne avec les moyens dont elle bénéficie et qui est financée par les contribuables canadiens n'est pas à la hauteur de la tâche. Montréal monopolise presque entièrement le contenu du réseau. Les stations régionales voient ainsi leur rôle mis au second plan et nos régions acadiennes souffrent de cet état de fait. Il n'y a pas suffisamment de moyens donnés à nos stations régionales et le contenu diffusé à Radio-Canada, outre quelques émissions régionales, représente fort mal la réalité canadienne et bien davantage acadienne.
J'ai une crainte personnelle que Radio-Canada, dans l'état actuel des choses, contribuerait à l'assimilation des Acadiens et peut-être même des communautés francophones en milieu minoritaire. On dit des médias qu'ils sont le miroir de la société. Comme Acadien, je veux voir le reflet de ma communauté dans les médias de masse.
Je n'ai rien contre le peuple québécois. Au contraire, il joue un rôle immense pour la préservation du fait français en Amérique. Mais quand j'écoute la radio ou la télévision, les nouvelles et le contenu sur la «nation» québécoise ne contribuent pas à renforcer chez moi mon sentiment d'appartenance au peuple acadien, que je représente aujourd'hui avec humilité et une grande fierté, et ne contribuent pas non plus à l'épanouissement des valeurs chères à la société canadienne. Un trop grand détachement de la réalité des gens, sans contenu qui les touche ou les concerne, se traduit, chers membres du comité, par un désintéressement des médias dont nous parlons. Le contenu régional du Québec devient le contenu national de Radio-Canada, et cet état de fait est nettement dommageable à l'identité canadienne de nos Acadiens.
Ainsi, le contenu de la programmation de Radio-Canada n'est pas non plus à la hauteur de son mandat. Et plus encore, la grille horaire de la Société Radio-Canada n'est pas à la hauteur des besoins des communautés en milieu minoritaire. À titre d'exemple, et peut-être par souci d'économie, les émissions pour enfants sont négligées. Membres du comité, je suis père de deux jeunes filles de deux ans et quatre ans, Mylène et Josée. Le matin, les jours de semaine, car elles ne vont pas encore à l'école, elles doivent écouter CBC ou encore PBS en provenance de Boston, WGBH aux États-Unis, pour passer quelques heures devant le petit écran. L'émission du matin en temps normal à la télévision, et non à cause du lock-out actuel à la SRC que nous déplorons, est la même émission d'information qu'au Réseau de l'information, RDI. Il s'agit, je crois, de l'émission Matin express. En termes simples, est-ce que la Société Radio-Canada fait des économies sur le dos des enfants en milieu minoritaire, qui n'ont très souvent que Radio-Canada comme télévision française?
Nous sommes bien loin, à part quelques émissions la fin de semaine, des grands pionniers de la télévision canadienne-française, qui reconnaissaient toute l'importance de favoriser une programmation de grande qualité pour les enfants. Il est temps de rectifier le tir et le temps presse. Nos enfants s'anglicisent et même s'américanisent en raison de la Société Radio-Canada et de ses décisions ne tenant pas compte des besoins de ses téléspectateurs en milieu minoritaire. La SRC doit consulter nos communautés.
En termes d'infrastructures, les choses doivent être améliorées. Nous estimons que le gouvernement fédéral a la responsabilité de renforcer les infrastructures numériques de diffusion. De cette manière, un meilleur choix peut être offert à nos régions en langue française.
D'autre part, le rôle de l'Office national du film doit aussi être renforcé et mieux répondre aux besoins des communautés francophones. Avec une fraction d'un bureau à Moncton pour tous les Acadiens de l'Atlantique, il s'agit encore une fois d'une situation similaire à celle de la SRC, soit une centralisation des ressources au détriment des régions et, par conséquent, du type de contenu.
Outre quelques cinéastes acadiens qui ont parfois le privilège de faire quelques documentaires, les initiatives régionales de développement de l'intérêt au domaine audiovisuel sont nettement trop timides. Le danger qui guette nos communautés, c'est qu'elles prendront un retard inexorable dans les industries des communications et que les contenus ne répondront plus à leurs besoins, ce qui aura pour effet qu'elles se tourneront vers des contenus qui ne les touchent plus en créant un détachement de leur réalité régionale et nationale canadienne.
En terminant, je dirai que la SRC et tous les autres médias en situation minoritaire du domaine public ne devraient pas être à la merci du piège de la quête des cotes d'écoute. Il faut que ces médias soient au service de la société canadienne d'abord, et non au service de l'économie et du profit. Cette vision, selon moi, est trop étroite et sans bénéfice pour la société canadienne dans son ensemble.
À titre d'exemple et en caricaturant un peu, je dirai que ce n'est pas parce que l'émission de télévision La Petite Vie, diffusée à la télévision de Radio-Canada, a fracassé des records de cotes d'écoute que nous devons répandre ce type de contenu pour développer nos valeurs canadiennes, et que ce n'est pas parce que ces cotes d'écoute plaisent au secteur privé que nous devons proliférer sa diffusion. Le gouvernement canadien a une responsabilité d'éducation et de renforcement de sa société.
Dans une situation idéale, il faudrait pouvoir compter sur une décentralisation du contenu, mais avec un renforcement de l'identité canadienne dans son ensemble, pour appuyer ce que disait notre premier ministre, Jean Chrétien: «une unité dans la diversité».
Ainsi, les recommandations de la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse sont: renforcer et financer plus adéquatement les radios communautaires, tout en facilitant leur implantation, et appuyer financièrement l'Alliance des radios communautaires du Canada; renforcer le mandat de Radio-Canada et de l'Office national du film dans les régions francophones minoritaires avec les moyens pour remplir ce mandat; encourager la production régionale de contenu et sa diffusion accrue sur les réseaux nationaux; assurer qu'il y ait un organisme permanent dont le mandat serait de faire la promotion des chaînes de langue française auprès des communautés francophones et acadiennes du Canada, travaillant en collaboration avec les groupes représentant ces communautés; mettre en place des infrastructures afin d'avoir un meilleur accès aux différents services numériques; amender la Loi sur la radiodiffusion de façon à ne laisser aucun doute quant au mandat du CRTC de veiller au développement et à l'épanouissement des communautés de langue officielle vivant en situation minoritaire, conformément à la partie VII de la Loi sur les langues officielles; mettre sur pied un mécanisme de concertation permanent entre le CRTC et les communautés francophones sur les questions de radiodiffusion, dans le but de voir à l'application de cette partie VII de la Loi sur les langues officielles.
¸ (1400)
Nous souhaitons que nos recommandations soient considérées favorablement par votre comité.
Nous vous souhaitons un bon séjour dans notre province, la Nouvelle-Écosse. Merci beaucoup.
¸ (1405)
Le président: Monsieur Léger, je vous félicite pour votre français, autant écrit que parlé. Vous devriez en être fier.
M. Jean Léger: Merci, monsieur.
[Traduction]
Le président: Nous allons passer aux questions.
Monsieur Abbott.
M. Jim Abbott (Kootenay--Columbia, Alliance canadienne): Merci.
Ces trois messieurs ont vraiment suscité la réflexion. Je vais essayer de poser trois brèves questions.
Monsieur Zimmer, vous parliez de simplifier le cadre réglementaire, et selon ce que je peux comprendre, nous parlons d'investir dans les créateurs de contenu canadien. Je ne suis pas nécessairement un partisan de cette mesure, mais si nous devons le faire, ne devons-nous pas avoir un certain cadre réglementaire? Nous ne pouvons pas tout simplement remettre de l'argent; il doit y avoir une norme. Par exemple, en radiodiffusion, nous avons le système MAPL—la musique, l'artiste interprète, la production et les paroles lyriques, ou peu importe ce que veulent dire ces quatre lettres, MAPL.
Je suppose que je vous demande de répondre à la question. Vous avez dit—et je suis d'accord avec vous—que nous devrions simplifier le cadre réglementaire. Ma question est comment?
Pour vous, monsieur Rigg, parler de technologie et de contenu, je ne m'y connais vraiment pas et j'espère que vous pourrez éclairer ma lanterne.
VHS l'a emporté sur Beta. C'est le marché qui en a décidé. Lorsqu'on transmet du numérique, est-il transmis en fonction d'une norme identique—en d'autres mots, VHS par rapport à Beta? Et lorsqu'on le reçoit et le convertit de façon à le voir à l'écran, y a-t-il une norme ou allons-nous assister à une lutte dans le marché? Le cas échéant, laissez-vous entendre que le gouvernement fédéral devrait effectivement s'en mêler et réglementer ou stipuler la norme à adopter?
Ma dernière question est pour M. Léger. C'est plutôt une question de curiosité, car vous avez dit que vous avez 36 311 francophones. Je comprends, d'après la traduction—et je m'excuse d'être unilingue—que vous avez CIFA-FM et CKJM-FM. Vous avez également Radio-Canada Atlantique. Ces trois services sont en langue française. Ce à quoi je veux en venir, c'est que je comprends qu'il y ait une différence importante entre la question du français et la situation que l'on retrouve dans ma circonscription, où malheureusement nous sommes à majorité unilingue. Donc, dans ma circonscription, j'ai plus de 50 000 personnes, et nous n'avons que deux stations radio, plus la SRC.
Dites-vous qu'il devrait y avoir un plus grand nombre de stations radio disponibles en français? Les gens de ma circonscription diraient qu'ils n'ont pas cela, car nous n'avons que deux stations commerciales, plus la SRC.
Comprenez-vous ce que je veux dire?
[Français]
M. Jean Léger: Premièrement, j'aimerais savoir...
Le président: Monsieur Léger, si vous voulez attendre, on va commencer par M. Zimmer, M. Rigg et ensuite...
Allez-y, monsieur Léger.
M. Jean Léger: Premièrement, je ne sais pas si j'ai bien compris votre question et je ne sais pas non plus de quelle circonscription vous parlez, dans quelle province vous êtes. Donc, je ne peux vraiment pas visualiser...
[Traduction]
M. Jim Abbott: Colombie-Britannique.
[Français]
M. Jean Léger: La Colombie-Britannique? D'accord.
Je ne sais pas si on devrait aborder la question des populations sur le plan provincial. À certains endroits, s'il y a 50 000 francophones, il se peut qu'ils soient tous dans la même région. Chez nous, en Nouvelle-Écosse, ce n'est pas le cas; la communauté acadienne et francophone est très décentralisée. Nous avons de nombreux kilomètres d'un côté, de Sydney jusqu'à Yarmouth, et il y a des poches de francophones dans ces régions. Ce n'est pas le secteur privé qui décide, dans ce cas précis, parce qu'il n'y aurait pas suffisamment de fonds pour faire fonctionner ces stations de radio.
En fait, c'est un désir communautaire de la part de ces deux régions. Oui, on a deux stations et on en est fiers, monsieur, mais on aimerait en avoir davantage, surtout si on tient compte de l'importance des médias de masse pour une société et pour une culture comme la culture acadienne.
¸ (1410)
[Traduction]
M. Jim Abbott: Merci. Vous avez clarifié la situation. Merci beaucoup.
Le président: Monsieur Zimmer.
M. Chris Zimmer: C'est clair et simple. Vous devez établir des normes, peu importe que ce soit un système de points que vous avez, mais dès que vous avez défini qui est Canadien, alors ce qu'ils écrivent, ce qu'ils pensent, ce qu'ils présentent est du contenu canadien du fait que ce sont des Canadiens. En essayant de recourir à la réglementation et à des systèmes de divers jugements arcanes et subjectifs pour décider quelle variété de ce contenu est plus canadienne ou moins canadienne, c'est là un grave danger. Et je me dis qu'à un moment donné, puisque que nous vivons dans un village mondial, vous devez reconnaître que les auteurs, écrivains, et penseurs canadiens vont finir par avoir un vaste sujet. Je pense que c'est dans ces gens que nous devons investir, et ce sur quoi ils écriront deviendra une oeuvre de littérature ou un film canadien.
Par exemple, Anit's Ghost, de Michael Ondaatje, est un livre canadien. Il se trouve que Michael Ondaatje est un Canadien. L'histoire de Anit's Ghost ne se déroule pas au Canada. Il n'est pas évident que c'est canadien. C'est le problème auquel nous sommes confrontés, et en essayant d'orienter le contenu pour répondre à d'autres idées, c'est là que nous nous engageons sur un terrain dangereux. Je sais qu'il y a une autre étude en cours, un autre examen du contenu canadien que Patrimoine Canada fait dans un but précis, mais je pense que cela se rapporte particulièrement à la Loi sur la radiodiffusion et à ce que les radiodiffuseurs font et à qui contrôle en réalité ce contenu.
Je pense donc qu'il faut que ce soit très varié. Il faut que ce soit des Acadiens de Chéticamp. Il faut que ce soit des Chinois et des Japonais de votre circonscription. Il faut que ce soit tout ce qui fait le Canada. Et je pense qu'il y a un danger à avoir, peu importe qu'il s'agisse de politiciens, de bureaucrates ou de ce que nous avons, un gouvernement qui décide maintenant ce qu'est le Canada, car il va changer. Il change.
Voilà, c'était mon opinion.
Le président: Monsieur Rigg.
M. Paul Rigg: Au sujet de votre question sur une norme numérique, il y a plusieurs années, je pense que c'était il y a cinq ans, on a déterminé à l'échelle internationale qu'il y aurait 16 normes de haute définition. Les Japonais ont été les premiers à inventer ou proposer la télévision à grand écran haute définition. Je crois que les États-Unis cherchaient à obtenir une plus grande variété et ne voulaient pas une norme. Ils ont alors intelligemment ventilé le tout pour obtenir un grand éventail de supports—affichage informatique et de multiples technologies différentes.
C'était donc une bonne décision, mais nous avons maintenant 16 formats. Les fabricants de systèmes d'affichage semblent incorporer les 16, du moins en ce qui me concerne, parce que c'est simple... C'est probablement inexact, en fait. Probablement qu'ils ont quelque chose comme 1080i, soit une des plus hautes résolutions, et offrent une des résolutions moyennes, de sorte que nous avons peut-être trois choix.
Aux É.-U., les radiodiffuseurs dans les grands marchés comme Los Angeles et New York peuvent choisir plusieurs formats et ils en utilisent en réalité deux—1080i et peut-être 720p. Au moins, les gens prennent des décisions et mettent ensuite en place un système en vertu duquel le téléspectateur chez lui peut effectivement avoir accès à quelque chose qui est du 16 sur 9 ou de la haute résolution.
Et où en sommes-nous au Canada pour ce qui est de ces décisions? C'est ma question. Je n'ai peut-être pas fait suffisamment de recherches à ce moment-ci, mais il est certain que je n'ai pas eu de rétroaction par le biais de documents de l'industrie ou de quoi que ce soit d'autre qui m'indiquait cela.
Je vais essayer d'être un peu plus précis. Pour que les producteurs canadiens soient encore dans le coup dans cinq ans d'ici, cela revient à dire que vous avez une excellente production télévisuelle qui pourrait se vendre sur un marché international. Cependant, elle est dans un format plus ancien. L'acheteur doit donc reconfigurer ce format 4 sur 3, qui est ce que nous avons tous utilisé, pour le convertir au format 16 sur 9. Encore une fois, c'est une question de savoir ce que nous pouvons faire à l'échelle de l'industrie pour concrétiser le souhait de faire des productions pour le grand écran.
¸ (1415)
M. Jim Abbott: Pour conclure, j'aimerais que vous fassiez une recommandation. Le gouvernement devrait-il établir les normes, ou est-ce que cela devrait relever de l'industrie?
M. Paul Rigg: C'est une question difficile. Je dirais que dans le cas du Canada, il serait probablement préférable que les normes viennent de la SRC. À partir de là, elles seraient diffusées et le système canadien aurait alors quelque chose de concret.
Compte tenu du développement rapide de ces technologies, dans cinq ans d'ici, nous en serions peut-être à la bande large, à la haute définition sur fibre optique pour... C'est lors d'une conférence il y a environ un an et demi à Halifax que Marconi a décrit un test que cette société avait effectué à Atlanta. Ils ont effectivement branché environ 500 foyers. Chacun avait son propre lien fibre optique, plutôt qu'un lien par câble. Les résultats auraient été phénoménaux. Le test a été un très grand succès pour ce qui est de nous indiquer quelle était l'orientation des choses. L'utilisateur à domicile a cette multitude de choix. C'est fascinant. Il y a un potentiel énorme. Mais de toute évidence, il y a des coûts très élevés à tout cela.
Le président: Madame Gagnon.
[Français]
Mme Christiane Gagnon (Québec, BQ): Merci de vos commentaires, même si certains d'entre eux nous donnent l'impression de vivre dans une société à deux vitesses, en termes de développement technologique. Plusieurs témoins ont souligné le fait que le signal de Radio-Canada et celui de CBC ne sont pas accessibles partout au Canada. Par ailleurs, on fait présentement des revendications pour augmenter le contenu local et régional, mais les sommes disponibles sont minimes. Les gens veulent se voir à la télévision et vous, vous parlez du format 16:9. Je vois là-dedans une pression exercée sur le consommateur. Il y a bien des gens qui vont avoir à changer tout l'équipement technologique. Or, le marché n'est peut-être pas prêt à embarquer tout de suite ou, du moins, c'est peut-être seulement un petit pourcentage de celui-ci qui l'est.
Il y a des gens qui n'ont pas les moyens de s'abonner au câble. Pensez-vous que ces nouvelles technologies pourraient être plus accessibles, à meilleur coût, et que les différents signaux des diffuseurs seraient accessibles avec cette nouvelle technologie? Quand on demande au consommateur de changer de téléviseur et, en plus, de s'abonner à tout ce qui est offert sur les chaînes de distribution, cela lui coûte très cher même si, pour certains, cela paraît peut-être minime.
[Traduction]
M. Paul Rigg: C'est une bonne question.
Le président: Lorsque vous répondrez à Mme Gagnon, vous pourriez peut-être aussi aborder la question du coût pour les producteurs comme vous ainsi que pour les consommateurs. Qu'en coûtera-t-il pour tout cela?
M. Paul Rigg: Je ne peux pas agir en tant qu'expert. Je n'ai qu'une vue d'ensemble de l'industrie à partir de ma propre perspective dans la production à impulsion numérique.
Ce sont d'excellents points qui sont soulevés. Ce ne sera pas bon marché. Je n'ai pas moi-même un de ces systèmes, mais si je devais aller au magasin aujourd'hui et en acheter un, sachant ce que je sais, je demanderais certainement si je peux utiliser un DVD 16 sur 9. Nous pouvons peut-être le faire pour 1 500 $ aujourd'hui. Il y a quatre ans, c'était probablement 5 000 $. Donc, le prix est de toute évidence à la baisse. Les lecteurs DVD destinés à l'industrie ont été rapidement mis en oeuvre et le prix a descendu très rapidement. Donc, le prix de ces technologies est à la baisse et elles sont de plus en plus disponibles.
De plus, d'après ce que je peux comprendre, il semble y avoir chez bien des gens la volonté d'avoir un plus grand nombre de ces technologies et ce genre de qualité. C'est une observation générale que je ferais—entre collègues et pairs. Je dirais ensuite qu'il y a probablement une grande partie de la population qui serait prête à dépenser l'argent nécessaire, mais c'est que j'ai l'impression que dans cinq ans d'ici, il sera difficile de trouver un téléviseur à définition standard—quatre sur trois. Je pense que les fabricants à l'échelle internationale diront que c'est ce vers quoi ils se dirigent. Si la grande majorité des consommateurs partout dans le monde choisissent ces produits, je suis alors convaincu que vous constaterez une diminution encore plus grande des prix, et qu'il y aura un plus grand éventail de produits. Retarder l'inévitable, c'est... C'est ce que je pense.
Le président: Très bien. Madame Gagnon.
¸ (1420)
[Français]
Mme Christiane Gagnon: Monsieur Léger, vous avez soulevé une question importante, soit la non-concentration de la population acadienne. C'est un phénomène qui demande qu'il y ait plus de structures en radiodiffusion. Le même problème nous a été soumis concernant la population francophone qui vit en Saskatchewan. On avait demandé à ce que le comité se penche sur le rayonnement, en termes de watts. Est-ce une recommandation que vous feriez pour que les différentes radios communautaires puissent avoir un certain rayonnement dans les communautés qui sont dispersées, comme en Saskatchewan? Quelle recommandation feriez-vous à notre comité pour qu'on puisse brancher toutes les communautés acadiennes qui sont dispersées en Nouvelle-Écosse?
M. Jean Léger: C'est une excellente question. Merci de la poser. Je crois qu'une des choses importantes qui pourraient être effectuées serait de renforcer les radios communautaires actuelles dans leur région et de faciliter les échanges entre ces radios communautaires, à travers la province. En outre, en se basant sur les deux stations existantes, qui sont très solides, on pourrait voir à l'établissement d'autres radios communautaires, dans un premier temps, mais également faire des échanges de diffusion de contenu entre elles. Je sais qu'une région comme Chéticamp, par exemple, pourrait avoir un émetteur-répéteur non loin pour desservir la communauté voisine. Je crois que ce sont des solutions créatives comme celles-là que le gouvernement canadien devrait encourager chez les communautés francophones et acadiennes dans l'avenir.
Je crois qu'il y a une chose importante à mentionner ici, et c'est que ces radios communautaires fonctionnent avec un petit 50 000 $ ici et un petit 40 000 $ là, et qu'elles ont beaucoup de difficulté à se développer et se renforcer. Beaucoup de gens reçoivent une formation dans le domaine des communications. Comme on l'a entendu plus tôt au sujet des Amérindiens, cette formation est très importante; elle est, en fait, à la base même de l'industrie.
Un autre facteur important est l'appui à l'Alliance des radios communautaires du Canada, qui joue un rôle extraordinaire pour ce qui est de faciliter l'établissement des stations radio. Ils verraient d'un oeil très favorable la solution que je vous proposais plus tôt, soit l'installation d' un émetteur-répéteur. Je crois qu'il y a une façon créative de le faire.
Si vous le permettez, madame Gagnon et monsieur Lincoln, et si le temps le permet, j'aimerais souligner le fait que Radio-Canada joue un rôle extraordinaire dans nos régions. Malgré le peu de moyens dont elle dispose, la radio communautaire joue tout de même un rôle, qui est différent et qui se situe à un autre niveau. La radio communautaire travaille à la base, au niveau des grassroots, comme on dit en anglais; ça vient de la base, ça vient du coeur, alors que Radio-Canada est à un autre niveau, celui de la diffusion pancanadienne, des informations, du contenu canadien et ainsi de suite. Mais au niveau local, il faut renforcer la diffusion de la région. C'est dans ce sens-là que je voulais répondre à votre question, madame Gagnon.
Mme Christiane Gagnon: Recevez-vous TFO, la télévision française ontarienne? Ils ont une télévision éducative pour les enfants.
¸ (1425)
M. Jean Léger: Non, je ne reçois pas TFO à la maison. Si j'avais le service numérique, je pourrais peut-être y avoir accès, mais je n'ai pas vérifié cela. Tout de même, la disponibilité n'est pas ce qu'elle devrait être selon moi. Étant contribuable canadien et non contribuable ontarien, je crois que ma société d'État devrait m'offrir ce service-là pour mes enfants qui sont bilingues. Mon épouse est anglophone; je suis francophone et nos enfants sont complètement bilingues. Nous vivons dans un milieu anglophone. C'est donc très, très important que nous ayons des émissions et un contenu qui permettent à nos enfants de s'épanouir dans un environnement bilingue, mais surtout dans la langue française.
Le président: Merci, monsieur Léger.
Mme Christiane Gagnon: TFO, c'est la télévision française. Elle offre des émissions éducatives pour enfants.
M. Jean Léger: Mais c'est une télévision de l'Ontario, n'est-ce pas?
Mme Christiane Gagnon: Oui.
M. Jean Léger: Je ne vis pas en Ontario. C'est ce que je voulais dire.
Mme Christiane Gagnon: Je voulais tout simplement avoir vos commentaires.
Je vous remercie.
M. Jean Léger: Nous avons la Télévision Quatre Saisons et TVA. Nous avons également TV5 et, bien sûr, Radio-Canada.
[Traduction]
Le président: Monsieur Harvard.
M. John Harvard (Charleswood St. James—Assiniboia, Lib.): Merci, monsieur le président.
J'aimerais que M. Zimmer nous en dise un peu plus sur les idées et le contenu.
Vous faites une distinction entre les deux. Vous semblez laisser entendre que de la façon dont les règlements sont établis, on accorde trop d'attention au contenu et pas vraiment assez aux idées. Vous préféreriez qu'il y ait plus de souplesse je suppose afin de laisser plus de place aux idées.
Êtes-vous en train de nous dire que le contenu canadien devrait se définir par, disons, le bon système, qui fait la prestation, et où c'est fait, mais une fois ces critères satisfaits, tout est possible?
M. Chris Zimmer: Essentiellement, oui. Je suis convaincu que tout le monde ici a parcouru le pays d'un bout à l'autre et est au courant de l'énorme diversité des Canadiens et Canadiennes. Si vous êtes pour tout réglementer à l'aide de la Loi sur la radiodiffusion, il faut réglementer la transmission, la communication aller-retour, les mécanismes d'échange des idées. Si vous êtes pour réglementer et subventionner ou aider d'une façon ou d'une autre la création, vous devriez la réglementer et avoir des règles pour déterminer qui le fait. Je pense que ce sont des fondations très instables—et nous avons vu de nombreux autres gouvernements que nous critiquons abondamment l'essayer—une fois que vous commencez à réglementer ce que ces gens disent.
M. John Harvard: Je comprends tout cela, mais en même temps nous vivons dans un village planétaire. Même s'il y a un zillion de bonnes histoires canadiennes, le marché est tel que plus l'auditoire est étendu, plus c'est rentable. Évidemment, si votre public n'est pas seulement le Canada, mais l'Amérique du Nord, et peut-être même pas seulement l'Amérique du Nord mais l'Europe et l'Asie, c'est là que se trouve l'argent. Je pense donc que je me demande pourquoi vous seriez si convaincu que si nous éliminons toutes les contraintes au sujet de la matière et que vous vous en remettez aux autres critères que j'ai mentionnés, que l'idée canadienne, les créateurs canadiens satisferaient à la demande que nous voulons, et ce sera de grandes histoires canadiennes.
M. Chris Zimmer: Eh bien, ces histoires canadiennes seraient grandes à la condition d'avoir été écrites, créées par des Canadiens. J'ai énormément confiance en la viabilité, la créativité de nos artistes, de nos auteurs, de nos cinéastes, de nos musiciens. Il ne fait aucun doute pour moi que nous pouvons faire concurrence à l'échelle internationale, et très bien réussir. J'ai en fait énormément confiance que les Canadiens feront des choses qui auront trait aux Canadiens ici au pays.
Ce qui me ramène à la métaphore du puits. La télévision plus particulièrement est un échange d'idées populaires: ce qui a cours, ce qui se passe. Je pense que vous voyez cela car c'est un support qui aime les feuilletons; il aime les potins; il aime l'actualité; il aime les choses qui se passent en ce moment—les sujets brûlants d'actualité, les choses qui vont changer.
Vous devrez avoir une réglementation qui, vous l'espérez, sera efficace dans 10 ans d'ici. Je vous assure que le monde la radiodiffusion, peu importe ce qu'il sera dans 10 ans d'ici, sera très différent. Je ne pense pas qu'il y ait une seule personne autour de cette table qui ait une idée claire de ce que ce sera.
C'est donc ça la réglementation.
¸ (1430)
M. John Harvard: J'aimerais avoir votre certitude. C'est peut-être moi qui suis trop pessimiste, mais pourquoi ne parlez-vous pas uniquement, disons, du Fonds canadien de télévision ou de Téléfilm ou encore de l'Office national du film?
Prenons le Fonds canadien de télévision. D'après ce que je comprends, un producteur propose l'idée. Il doit alors la faire accepter par quelqu'un qui est prêt à diffuser l'histoire une fois qu'elle est faite. En vertu du Fonds canadien de télévision, obtenons-nous de grandes histoires canadiennes, ou obtenons-nous beaucoup de productions que l'on peut vendre au-delà de notre frontière?
Prenons l'année dernière en exemple. Il vous est possible de savoir ce qu'a reçu en réalité LSP—et, très rapidement, EIP—de ce fonds. On avait une grille, un système, et la grande majorité de cet argent est allé à un très petit nombre d'intervenants qui ont pu résoudre le casse-tête et faire arriver les choses. Est-ce une bonne qualité? Est-ce bon pour la diversité? Est-ce bon pour le Canada? Je ne le pense pas, mais c'est très complexe. Comment définissez-vous le casse-tête, celui dont vous parlez?
M. Jean Léger: Comment je le définis?
M. John Harvard: Oui. Quel est le casse-tête?
M. Jean Léger: C'est une grille de points d'appréciation que le FCT a créée pour définir à la fois ce qui est et n'est pas canadien et ce qui est et n'est pas acceptable. C'est comme n'importe quel autre système. Vous rédigez les règles en fonction du système, vous pouvez passablement donner l'orientation que vous voulez pour ce contenu. Comme vous le savez probablement tous, il y a une foule d'idées des chaînes spécialisées et d'idées périphériques—ou si vous préférez petites—qui n'obtiendront pas de financement. Elles ne seront pas réalisées, elles ne seront pas présentées aux Canadiens, elles ne seront pas présentées par des Canadiens aux Canadiens et au monde parce qu'elles ne correspondent pas tout à fait à cette grille.
Si vous avez les six avocats à votre effectif de sorte que vous pouvez résoudre cela, peut-être que vous gagnez. Mais je ne pense pas que les films et la culture se fassent vraiment de cette façon. C'est un système beaucoup plus axé sur les affaires et la politique, et je pense que cela devient trop complexe. Je pense que vous pouvez le résoudre et retenir ce qui préoccupait M. Abbott: comment le faire quand même au Canada et avoir confiance dans les créateurs canadiens?
Le président: Monsieur Cuzner.
M. Rodger Cuzner (Bras d'Or—Cape Breton, Lib.): J'aimerais remercier nos trois témoins d'aujourd'hui. C'est très informatif.
Notre voyage en Nouvelle-Écosse—notre avant-midi—a valu le déplacement. À elle seule la qualité des exposés a été très impressionnante et...
Une voix: [Note de la rédaction: Inaudible]
M. Rodger Cuzner: Et Wendy et moi allons l'accepter.
C'est plus particulièrement pour M. Léger. Chéticamp est dans ma circonscription. La collectivité est très fière car la station radio est une partie tellement cruciale de cette collectivité. Je sais qu'il y a eu des programmes disponibles pour la mise sur pied de la station. Vous disposez d'outils de financement pour garder bien en vie la langue française et à tout le moins communiquer le message acadien. Quels outils ont été efficaces? Et est-il possible d'en faire davantage, plus particulièrement pour les stations communautaires? Manque-t-il quelque chose en ce moment? Je sais que nous avons été en mesure d'aider grâce à quelques projets d'immobilisations, mais je me demande tout simplement s'il manque quelque chose d'autre pour vous aider à assurer leur viabilité?
[Français]
M. Jean Léger: Monsieur Cuzner, merci de votre question.
La région de Chéticamp est vraiment une région où la population est très homogène et cette population est aussi très concentrée. La radio communautaire connaît un grand succès dans la région, mais ce succès est dû au travail infatigable de la communauté qui soutient sa radio. Cependant, comme vous l'avez mentionné, la communauté peut parfois faire face à de l'épuisement. Il est difficile par la suite de maintenir le rythme dans la communauté pour soutenir cette radio. En outre, pour réussir à maintenir cette radio, il faut des fonds.
Les gens doivent faire, bien sûr, des demandes de financement auprès du gouvernement, tant de la Nouvelle-Écosse que fédéral. Mais vous savez certainement que lorsqu'ils font des demandes de financement auprès des gouvernements, les organismes communautaires doivent naviguer dans les nombreux méandres de la bureaucratie. Alors, quand je vous dis que la communauté appuie sa radio, il y a quand même un épuisement. Si les programmes ne sont pas bien ciblés pour l'épanouissement des radios communautaires, à ce moment-là, il risque d'y avoir de la fatigue.
Je dois dire qu'il y a un ministère qui fait un travail excellent, extraordinaire pour nos radios communautaires, et c'est Patrimoine Canada. Patrimoine Canada aide beaucoup au développement des radios. Toutefois, il faudrait faire encore davantage, principalement au niveau de la continuité. Patrimoine Canada aide beaucoup à l'implantation, mais il faut maintenir la cadence par la suite, et ce n'est pas toujours facile.
Pour terminer, monsieur Cuzner, je dirai que le ministère fédéral de l'Industrie devrait jouer un rôle supplémentaire dans le cadre des politiques canadiennes en matière de radiodiffusion et d'appui aux radios communautaires. Il y a des fonds disponibles, mais pas suffisamment. De plus, le fardeau de se retrouver dans les méandres bureaucratiques est très pénible.
¸ (1435)
[Traduction]
Le président: Merci.
Madame Lill.
Mme Wendy Lill (Dartmouth, NPD): Merci beaucoup d'être venus ici, tous les trois.
Je tiens à dire à M. Léger que je considère que vous avez parlé de façon très claire au sujet de la fierté acadienne et de la nécessité d'avoir des émissions pour vos enfants et votre collectivité. Nous vous avons entendu.
Je voulais seulement vous poser une question. Je sais que le CRTC a fait des recommandations en janvier dernier pour augmenter la programmation à l'intention des francophones hors Québec, et je me demande si vous avez constaté que cela se produisait du côté de la SRC. Le CRTC a plus particulièrement enjoint la SRC à le faire.
Je vais poser mon autre question. Elle s'adresse à M. Zimmer. Je dois vous lever mon chapeau, car vous avez fait un travail très courageux et tenace en créant des histoires canadiennes incroyables comme Margaret's Museum et New Waterford Girl et The Devine Ryans . C'est la sensation de créer quelque chose d'universel et de ne tout simplement pas avoir à s'inquiéter pour savoir si ce sera accepté ailleurs. C'est certain que ce sera accepté si c'est universel et une bonne histoire.
Dans votre troisième recommandation, vous dites que le fait de remettre le contrôle des idées entre les mains de quelques sociétés ne fera que mener à l'abus de ce privilège. Avant que vous arriviez, nous entendions parler des problèmes apparents chez CanWest Global et du fait que BCE étrangle les systèmes réseau et la presse écrite. Je ne sais pas si c'est ce dont vous parlez, mais vous pourriez peut-être clarifier ce que cette forme de concentration signifie pour vous dans l'industrie cinématographique.
[Français]
M. Jean Léger: Merci de votre question, madame Lill.
Au sujet de la nouvelle réglementation du CRTC, je crois qu'il est très bien que le CRTC agisse de la sorte et voie à ce que la diffusion des émissions francophones au Canada soit renforcée.
Vous demandiez si on avait noté un changement. Personnellement, je n'ai rien noté. Je pourrais dire, pour tenter de répondre à votre question, que cette demande a été faite au CRTC il y a peu de temps. Alors, le processus pour en arriver vraiment à un changement ne se fera pas avant un an ou deux, ou même cinq ans. J'espère que ça ne sera pas aussi long, mais je pense qu'en matière de radiodiffusion, les contenus ne peuvent pas changer du jour au lendemain. Cela prend quand même un certain temps, si je me fie à mes connaissances du domaine des médias électroniques.
[Traduction]
M. Chris Zimmer: Selon ce que j'en comprends, je pense que la question était de savoir ce qui était analogue en radiodiffusion aux bien cuits des éditeurs par Stephen Kimber. Et je pense qu'au Canada chaque année nous avons de moins en moins de choix. Le nombre de radiodiffuseurs diminue. Il ne reste aucun—et je le répète, aucun—radiodiffuseur local qui ait des pouvoirs décisionnels en Nouvelle-Écosse. Je pense qu'il y en a un à Terre-Neuve, et il ne prend aucune décision ou n'a aucun apport, d'après ce que j'ai pu vérifier, en ce qui concerne la mise en oeuvre du contenu canadien sur les ondes.
Je pense donc que nous avons en ce moment Alliance Atlantis Corporation avec Global. Dans une certaine mesure, il y a, CHUM. Il y a la SRC et il y a CTV-BCE. Nos choix se limitent donc passablement à cela pour ce qui est d'avoir des fonds. Et ces groupes de radiodiffusion, si vous voulez—et ils se rapprochent de plus en plus—sont ceux qui en fait contrôlent ce qui est présenté aux Canadiens et ce qui est mis en ondes. À part cela, il n'y aucune véritable concurrence. Il y a la SRC et il y a les résultats financiers des sociétés, ce qui définit passablement bien tout le reste.
Comme vous le savez tous, le seul poste numérique local que nous avions a été autorisé en moins d'une année à faire partie de l'Alliance Atlantis Corporation, un réseau AC, et la semaine dernière, ils ont réduit la présence locale, la faisant passer de 13 personnes à trois ou quatre. C'est quelque chose que l'un des organismes de réglementation du gouvernement a finalement approuvé, accepté, et c'était fait. Je ne suis d'ailleurs pas certain que ce soit bon pour la santé du Canada dans son ensemble lorsque vous finissez par prendre ce qui était une initiative locale et faites en sorte que ça ne fonctionne pas.
Vous regardez toutes ces chaînes spécialisées dont on fait l'éloge et je suis convaincu que vous savez tous qui est propriétaire de quoi et combien il y a peu de personnes.
Je sais que le temps est très limité, je vais donc m'arrêter. Je ne sais pas si cela répond à votre question.
¸ (1440)
Mme Wendy Lill: Oui. Merci.
[Français]
Le président: Madame Gagnon, vous voulez poser une toute petite question.
Mme Christiane Gagnon: Oui, et elle n'est pas politique. Elle porte sur la politique du CRTC.
Le président: Allez-y.
Mme Christiane Gagnon: Selon moi, la recommandation qui a été faite par le CRTC que Radio-Canada ait plus de productions françaises constitue une bonne orientation, mais est-ce que vous avez un contrôle, à savoir un plan afin de déterminer quelles seront les productions qui pourront satisfaire la communauté acadienne? Avez-vous le pouvoir de savoir quel est le plan qu'ils auraient mis en place et les résultats que cela pourrait apporter? Vous dites que vous allez voir cela dans deux ans peut-être ou dans un an et demi, mais avez-vous une espèce de contrôle sur ce qui est en train de se faire à Radio-Canada pour corriger le tir?
M. Jean Léger: Encore une fois, merci de votre question, madame Gagnon. J'aimerais revenir un peu sur la question du CRTC au niveau de la diffusion à travers le Canada. Si c'est un organisme national, soit le CRTC, qui octroie les licences au niveau canadien, est-ce que les réseaux nationaux francophones tels que TVA et TQS ne devraient pas avoir davantage de contenu des régions canadiennes?
En réponse à votre question, pour la SRC, je vous dirais ceci. Nous avons d'excellentes relations avec les gestionnaires de la Société Radio-Canada dans notre région. Ils sont importants pour nos communautés, mais ce que je leur demanderais, c'est de nous consulter davantage sur les mesures qu'ils entrevoient prendre pour augmenter ce contenu régional, et je les invite de tout coeur à faire appel à nos services à la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse.
Mais pour répondre simplement à votre question, je dirai que non, la SRC n'a fait aucune approche auprès de notre organisme.
¸ (1445)
Le président: Merci beaucoup à vous, monsieur Léger, de votre présentation très claire et très éloquente.
[Traduction]
Merci beaucoup, monsieur Zimmer et monsieur Rigg.
Nous avons entendu littéralement des centaines de témoins d'un bout à l'autre du Canada, et chaque fois que nous entendons de nouveaux témoins, nous apprenons quelque chose de nouveau, ce qui est vraiment remarquable. Nous sommes donc heureux que vous ayez pu venir et que vous nous ayez fait part de vos commentaires. Merci beaucoup d'être venus.
La séance est levée.