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La séance est ouverte. Il est 11 h 01 et nous aimons commencer à l'heure. Certains membres du comité sont peut-être retardés à la Chambre. Cela donnera plus de temps à ceux qui sont présents pour poser leurs questions.
Nous accueillons aujourd'hui un certain nombre de témoins de divers ministères, et nous les remercions tous de leur présence.
Nous accordons généralement une dizaine de minutes pour les exposés mais, comme il y en aura quatre, je vais vous demander d'essayer de vous limiter à cinq ou sept minutes chacun. cependant, si vous tenez à utiliser vos 10 minutes, on ne vous en empêchera pas.
Nous accueillons d'abord, du ministère de l'industrie, Sara Filbee, directrice générale, Industries de la fabrication; Renée St-Jacques, économiste en chef et directrice générale, direction de l'Analyse de la politique micro-économique; et Robert Lamy, coordonnateur, Analyse économique, Analyse de la politique micro-économique, direction générale de la Politique stratégique.
Du ministère des Ressources humaines et du Développement social, nous avons Martin Green, directeur général par intérim, Analyse des politiques de programmes; Cliff Halliwell, directeur général, Recherche en politiques et coordination; et Éric Parisien, directeur, Division du programme des conseils sectoriels.
Les représentants du ministère des Ressources naturelles sont Howard Brown, sous-ministre adjoint, Secteur de la politique énergétique; et Margaret McCuaig-Johnston, sous-ministre adjointe, Secteur de la technologie et des programmes énergétiques.
Et nous avons enfin Michele McKenzie, présidente-directrice générale de la Commission canadienne du tourisme.
Merci à tous d'être ici aujourd'hui.
Comme vous le savez, nous sommes ici pour notre étude du secteur manufacturier -- son importance, les défis qu'il doit relever et les difficultés qu'il connaît à cause de la revalorisation du dollar canadien, de la hausse des coûts de la main-d'oeuvre, des problèmes de disponibilité de la main-d'oeuvre, et de la hausse des coûts de l'énergie. Il y a aussi certaines questions concernant la réglementation du secteur, ainsi que l'intensification de la concurrence de pays comme la Chine, l'Inde, le Brésil, etc.
Tel est donc le mandat de notre comité, qui effectue ainsi sa première étude.
Je pense que nous allons commencer avec le ministère de l'Industrie.
Mme Saint-Jacques.
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Merci, monsieur le président. Je remercie le comité de nous avoir invités à traiter de la situation du secteur manufacturier du Canada.
Le comité mène une étude très importante et tout à fait opportune.
[Français]
Nous avons préparé un document qui, je crois, vous a été remis. Ce document présente ce qui nous apparaît comme l'essentiel des données statistiques qui permettent d'éclairer l'évolution récente du secteur manufacturier canadien.
Comme notre lecture concorde avec celle de plusieurs témoins que vous avez entendus au cours des dernières semaines, je serai brève.
[Traduction]
Comme l'a dit le président, le secteur de la fabrication a trois grands défis à relever: la dévalorisation brutale du dollar qui a commencé il y a plus de trois ans, la hausse des cours des denrées, notamment de l'énergie et des métaux -- hausse qui, dans ces deux secteurs, est à certains égards reliée, comme l'ont dit des témoins précédents -- et l'intensification de la concurrence des économies émergentes, notamment chinoise.
Globalement, on peut dire que le secteur de la fabrication a résisté de manière remarquable à ces défis. La production manufacturière totale a continué d'augmenter grâce à une très forte croissance de la demande mondiale et, surtout, américaine. Cela dit, son expansion a été plus lente que celle du reste de l'économie et plus lente que sa moyenne historique.
Comme on vous l'a également dit, l'emploi dans le secteur de la fabrication a chuté de quelque 8 p. 100 depuis décembre 2002, à cause d'une perte nette de 187 000 emplois. Et perdre son emploi peut être l'une des expériences les plus difficiles et les plus troublantes que l'on puisse avoir. Le seul aspect positif est que notre économie a créé des emplois dans d'autres secteurs à un rythme très rapide. Plus de 900 000 nouveaux emplois sont apparus depuis décembre 2002, date à laquelle le dollar a commencé à décoller. La plupart de ces emplois ont été créés dans des secteurs comme la construction, les services financiers et l'exploitation des ressources, où les salaires sont aussi élevés, si ce n'est plus, que dans le secteur manufacturier.
Quiconque perd un emploi dans le secteur manufacturier et souhaite se recaser dans les secteurs en expansion que je viens de mentionner doit avoir une bonne formation professionnelle et de solides compétences. Je suis sûre que mes collègues de Ressources humaines et Développement social auront des choses à vous dire au sujet de cet ingrédient crucial de la requalification professionnelle.
Certaines industries manufacturières ont des défis à relever sur les trois fronts: hausse du dollar, hausse des coûts de l'énergie, et concurrence des économies émergentes. Exemple: le secteur des pâtes et papiers. Sa production est tarifée en dollars américains, son marché est mondial, il utilise beaucoup de ressources énergétiques, et il est confronté à une concurrence du Brésil et de l'Indonésie où la production de fibres de bois augmente rapidement et coûte donc moins cher.
La concurrence des économies émergentes, notamment chinoise, est le plus gros défi à long terme pour les autres industries. Vous en trouverez une illustration au graphique de la page 6 de de notre document. Les secteurs les plus exposés sont ceux des textiles et du vêtement, du cuir, des ordinateurs et des appareils ménagers.
Les marges bénéficiaires sont un bon indicateur de la santé financière d'une industrie, comme le montre le graphique de la page 7. Encore une fois, l'exposition au commerce international semble être le facteur déterminant de marges bénéficiaires normales ou inférieures à la normale, et les secteurs manufacturiers les plus exposés au commerce international sont ceux qui ont enregistré des profits inférieurs à la normale et, dans certains cas, largement inférieurs aux normes historiques. En revanche, les industries moins exposées à la concurrence internationale ont obtenu de bien meilleurs profits.
Les entreprises manufacturières s'adaptent pour rester compétitives, comme d'autres témoins vous l'ont dit. Elles ont augmenté leurs investissements en machines et en matériel; cela vaut pour l'ensemble du secteur, autant pour les entreprises axées sur le commerce international que pour celles qui sont axées sur les ventes intérieures. Ceci ressort du graphique de la page 8 du document.
Les industries manufacturières sont des leaders en matière de croissance de la productivité de la main-d'oeuvre au Canada, comme l'indique la page 9. Ces deux phénomènes -- hausse des investissements et croissance de la productivité -- augurent bien de la compétitivité future du secteur.
Pour résumer, le secteur de la fabrication est en pleine transformation. Dans l'ensemble, il a démontré qu'il est parfaitement capable de s'adapter mais certaines industries ou entreprises ont plus de difficultés que d'autres, notamment celles qui doivent faire face à la concurrence des marchés émergents, autant au Canada que sur leurs marchés d'exportation traditionnels.
Finalement, l'adaptation de la main-d'oeuvre a été facilitée dans une certaine mesure par la forte croissance de l'emploi dans d'autres secteurs de l'économie, et par le fait que les nouveaux emplois étaient plus souvent qu'autrement accompagnés de salaires aussi élevés, voire supérieurs, que dans le secteur manufacturier.
J'en reste là et vous remercie de votre attention. Ma collègue Sara et moi-même répondrons avec plaisir à vos questions.
Nous vous remercions de nous avoir invités aujourd'hui. Je suis accompagné de Cliff Halliwell, notre directeur général de la Recherche en politiques et coordination, et d'Éric Parisien, directeur de la Division du Programme des conseils sectoriels.
Je dois dire tout d'abord que nous sommes très heureux d'avoir contribué à cette discussion en appuyant l'initiative des manufacturiers et exportateurs canadiens qui a débouché sur l'excellente campagne Fabrication 20/20 ayant produit des idées fort intéressantes pour l'avenir. Cette campagne a souligné la nécessité d'avoir une main-d'oeuvre manufacturière très qualifiée pour faire face aux changements démographiques, à l'intensification de la concurrence internationale, aux changements technologiques rapides, à la hausse des coûts et à la hausse du dollar canadien.
L'industrie canadienne bénéficie de l'accès à l'une des main-d'oeuvre les plus qualifiées et les mieux éduquées au monde. La population qualifiée et éduquée du Canada, conjuguée à un marché du travail efficient, a contribué à porter à 67,4 p. 100 le taux de participation à la population active, ce qui est un record historique. En même temps, la croissance de l'emploi a été plus forte au Canada que dans les autres pays du G-8 au cours des 10 dernières années. Cela dit, nous savons que cette croissance ne peut continuer au même rythme car, comme dans tous les pays développés, notre population vieillit. Ce phénomène de vieillissement risque de causer des pénuries de main-d'oeuvre qualifiée, et c'est l'une des plus graves préoccupations exprimées par Fabrication 20/20.
Le secteur de la fabrication doit attirer de nouveaux travailleurs pour remplacer ceux qui partent à la retraite, mais il doit aussi veiller à actualiser les compétences de ses travailleurs actuels pour permettre les gains de productivité qui sont à l'origine de la croissance économique et de la compétitivité. RHDS a la conviction que rehausser les compétences de notre population active de manière soutenue et continue est un moyen clé d'accroître notre productivité.
Cela dit, le Canada a pris du retard par rapport aux autres pays en matière d'investissements dans le perfectionnement des compétences de sa population active. En effet, environ 35 p. 100 seulement de la main-d'oeuvre adulte participe à des programmes officiels de formation professionnelle. Sur le plan international, le Canada qui était au 12e rang à ce chapitre en 2002 est tombé au 24e en 2004.
Nous devons aussi nous assurer que les travailleurs qualifiés que nous avons sont ceux qu'exigent les emplois qu'offre notre économie. Notre analyse montre que nous ne sommes pas confrontés à une pénurie généralisée de main-d'oeuvre qualifiée mais que nous avons des problèmes de pénuries régionales et sectorielles -- le fameux décalage -- qui deviennent plus évidents à mesure que le marché du travail se resserre. Par exemple, 42 p. 100 des fabricants interrogés en Alberta connaissent des problèmes de production à cause d'une pénurie de main-d'oeuvre, contre seulement 4 p. 100 en Ontario.
Nous sommes confrontés à des tendances paradoxales en matière d'emploi dans le secteur manufacturier. Nous avons des pénuries de main-d'oeuvre dans certaines régions et certaines industries, mais aussi des pertes nettes d'emplois globalement. Comment on vous l'a déjà dit, le secteur a perdu près de 200 000 emplois nets depuis 2002. En même temps, on constate des pénuries critiques dans un certain nombre de métiers qualifiés qui sont essentiels dans ce secteur. Ces changements touchant la demande de main-d'oeuvre font partie du processus sain et productif d'adaptation de notre économie. Le rôle du gouvernement est de faciliter cette adaptation car elle permet la croissance à long terme, alors que l'entraver déboucherait sur la stagnation économique.
Du côté de la main-d'oeuvre, nous devons nous assurer que l'union économique fonctionne correctement et que nous avons une population active mobile, avec des compétences transférables. Et notre ministère coordonne certaines initiatives sur les problèmes de compétences professionnelles, il encourage l'investissement dans le perfectionnement des compétences et il s'efforce de rehausser l'efficience du marché du travail. L'un de nos outils est le Programme des conseils sectoriels qui permet de réunir les parties prenantes, l'industrie, les syndicats, les établissements de formation -- comme les collèges et les firmes qui dispensent de la formation -- et le gouvernement. Un conseil sectoriel dresse le profil des compétences dans le secteur et entreprend ensuite la planification, la coordination et la formation d'un bassin de population active pour répondre aux besoins.
Jusqu'à présent, nous avons établi un réseau de 32 conseils sectoriels, dont 10 sont actifs dans des secteurs importants tels que la biotechnologie, l'aviation, les plastiques, l'acier, l'automobile, les textiles et les produits du bois, ce qui englobe environ le tiers de la population active du secteur manufacturier.
Le Conseil des ressources humaines de l'industrie textile, par exemple, montre que le perfectionnement des compétences est important même à une époque de déclin général de l'emploi dans l'industrie textile. Cette industrie est en train de se transformer dans le but de fournir des produits spécialisés à plus grande valeur ajoutée, mais cela exige une nouvelle race de travailleurs hautement qualifiés. Le Conseil aide les travailleurs à perfectionner les compétences, et c'est le seul organisme qui le fait, parce qu'il n'existe pas de cours spécialisés sur les textiles au niveau post-secondaire.
Le Conseil canadien du commerce et de l'emploi dans la sidérurgie est un autre exemple du travail précieux des conseils sectoriels. Il a terminé l'an dernier une étude des ressources humaines qui nous a donné des bases solides pour dresser un plan de formation de la main-d'oeuvre dans le but de remplacer les compétences dans une industrie vieillissante.
Notre ministère aide également le secteur manufacturier à répondre à ses besoins de main-d'oeuvre de plusieurs autres manières. En collaboration avec Citoyenneté et immigration Canada, nous jouons un rôle vital en assurant une meilleure intégration et un meilleur emploi des compétences des travailleurs migrants et étrangers. Le gouvernement a annoncé dans le budget de 2006 la formation d'une nouvelle agence d'évaluation et de reconnaissance des diplômes étrangers, ce qui sera directement bénéfique au secteur manufacturier grâce à l'accroissement et à l'intégration de la population qualifiée immigrante.
RHDS s'efforce également d'améliorer le programme des travailleurs étrangers qui facilite le recrutement de travailleurs étrangers temporaires. Près de 100 000 demandes d'employeurs ont été présentées par le truchement de notre ministère en 2004.
Les programmes d'apprentissage sont cruciaux pour le perfectionnement des compétences, et il importe qu'ils soient plus accessibles et plus souples, comme l'a souligné Fabrication 20/20. Le programme de normes interprovinciales Sceau rouge, de RHDS, appuie la mobilité des apprentis en couvrant près de 80 p. 100 des apprentis enregistrés dans 45 métiers réglementés.
En outre, le gouvernement a annoncé une nouvelle subvention pour les apprentis dont bénéficieront 100 000 apprentis de première et de deuxième année, ainsi que de nouvelles mesures fiscales: un crédit d'impôt à la création d'emplois d'apprentis, pour les employeurs qui recrutent de nouveaux apprentis, et une nouvelle réduction de l'impôt sur les outils dont ont besoin les hommes et les femmes de métier.
Il existe d'autres manières encore pour RHDS d'aider le marché du travail à fournir au secteur manufacturier les employés qualifiés dont il a besoin. La liste complète, allant de nos mesures d'assurance-emploi pour perfectionner les compétences jusqu'aux comités partenaires en milieu de travail, serait trop longue pour être citée ici. N'oublions pas cependant que le gouvernement fédéral n'est pas le seul à avoir la responsabilité de former une population active qualifiée pour répondre aux besoins du secteur de la fabrication.
Par exemple, la majeure partie de la formation est dispensée localement par les entreprises elles-mêmes ou par des établissements tels que les collèges ou des firmes dispensant de la formation. Voilà pourquoi notre rôle essentiel est un rôle de leadership et de coordination. Le but de notre ministère est de continuer à oeuvrer pour obtenir la participation des gouvernements, de l'industrie, des syndicats et des établissements d'enseignement à des efforts de partenariat pour trouver de nouvelles manières de régler nos problèmes pressants de compétences professionnelles.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'ai remis notre mémoire au comité et j'espère que tous les membres en ont un exemplaire. Ceci va me permettre de vous en donner la version abrégée.
Pour commencer, je crois utile de dire que l'industrie canadienne, surtout le secteur manufacturier, repose sur une fondation d'énergie fiable et relativement abordable. C'est certainement ce qu'on peut constater dans la vallée de l'Outaouais, même depuis le XIXe siècle, quand on voit le nombre de collectivités dotées de moulins qui avaient besoin d'une énergie fiable et abordable. Cela a aussi été vrai de l'industrialisation de l'Ontario au milieu du siècle précédent, aussi bien que des autres provinces. Et cela a enfin été vrai dans les années 1980 et 1990, lorsque l'industrie canadienne a bénéficié d'un avantage réel en matière de prix de l'énergie, notamment du pétrole et du gaz naturel. Cet avantage résultait dans une certaine mesure de la réglementation de produits tels que l'éthane.
Il est toujours difficile de trouver les causes des phénomènes économiques mais on peut penser que l'industrie canadienne et le secteur manufacturier ont profité de cet avantage relié au prix de l'énergie pour se spécialiser dans les industries faisant une consommation intensive d'énergie, et c'est ce que tendent à confirmer les données disponibles.
Si l'on examine la situation des pays du G-7 en 2002 -- et je m'excuse de ne pas avoir de données plus récentes mais c'est souvent le cas quand on fait des comparaisons internationales -- le Canada avait certainement une structure manufacturière concentrée dans ce type d'industries, en proportion légèrement inférieure à celles des États-Unis et du Royaume-Uni. De plus, dans des secteurs comme les pâtes et papiers, les données semblent montrer que le Canada s'est spécialisé dans les productions à usage extrêmement intensif d'énergie, comme la pâte à papier, et moins dans celles qui en exigent moins, comme le papier. La même chose vaut pour les industries du raffinage des métaux et du pétrole.
Nous savons tous que les entreprises canadiennes, comme leurs concurrentes des autres pays industrialisés, font face à une très vive concurrence des pays produisant des carburants fossiles à bas prix, ce qui a plusieurs effets différents. Le gaz naturel est un cas à part étant donné qu'il n'existe pas encore de marché mondial intégré du gaz naturel. Dans cette situation, on aura plus de tendance à créer de nouvelles usines pétrochimiques dans les pays d'Extrême-Orient et en Afrique du Nord, qui ont accès à des sources d'énergie moins chères, plutôt qu'en Amérique du Nord. De manière générale, la hausse des cours de l'énergie va poser un grand défi au Canada et aux autres pays industrialisés.
Le cas de l'électricité est un peu différent. Les utilités provinciales continuent de fournir aux industries canadiennes l'une des électricité les moins chères au monde, mais on se demande aujourd'hui dans quelle mesure ça peut continuer, et des hausses de prix commencent à être envisagées dans certaines provinces.
Dans les économies avancées -- le G-7, le G-10, l'Europe, l'Amérique du Nord, le Japon -- toutes nos entreprises manufacturières subiront ces pressions mais ce seront évidemment des pays comme le Canada qui ont tendance à se spécialiser dans les industries à usage intensif d'énergie qui auront le plus de difficulté à y faire face. On a constaté un certain effort de l'industrie canadienne pour s'adapter à cette tendance. Le secteur des pâtes et papiers, par exemple, commence à utiliser les déchets de ses propres productions pour couvrir plus de la moitié de ses besoins en énergie, et il n'a pas épuisé toutes les possibilités. Le secteur du ciment peut utiliser des déchets de pneus pour couvrir ses besoins au lieu d'acheter du pétrole dispendieux.
L'un des principaux indicateurs de notre aptitude à nous adapter à la hausse des cours de l'énergie est l'accroissement de notre efficience énergétique. Quels sont les résultats à ce chapitre? De 1990 à 2002, l'efficience énergétique du secteur manufacturier canadien a augmenté plus rapidement que dans n'importe quel autre pays du G-7 à l'exception de la France. À cet égard, il peut être utile de comparer notre performance à celle des États-Unis. Pendant la même période, l'utilisation d'énergie dans le secteur manufacturier a augmenté quasiment au même rythme des deux côtés de la frontière -- 14 p. 100 au Canada contre 12 p. 100 aux États-Unis. Par contre, l'intensité énergétique au Canada -- c'est-à-dire l'énergie consommée par unité de production -- s'est améliorée de près de 30 p. 100 chez nous contre seulement 8 p. 100 aux États-Unis.
Comment peut-on donc concilier ce taux d'amélioration de notre efficience énergétique -- presque quatre fois supérieur à celui des États-Unis -- avec un taux d'augmentation de l'usage d'énergie qui il était quasiment le même?
Le fait est que notre production manufacturière a augmenté beaucoup plus rapidement que celle des États-Unis. On a également constaté une tendance au Canada vers une production à plus grande intensité d'énergie. Cette comparaison permet de penser que l'industrie canadienne peut s'adapter et rester compétitive mais il n'en reste pas moins que sa compétitivité continuera de subir de très fortes pressions.
Le secteur de la fabrication en est parfaitement conscient. Mon collègue de RHDS a déjà parlé de Fabrication 20/20 qui a permis de conclure que la hausse des cours de l'énergie et un approvisionnement fiable en énergie compétitive font partie des plus grands défis que doivent relever les entreprises manufacturières du Canada.
Depuis le démantèlement du programme énergétique national en 1984 par le gouvernement de M. Mulroney, l'un des principes fondamentaux de la politique énergétique du Canada est que le gouvernement fédéral n'intervient pas sur les marchés de l'énergie pour contrôler les prix. Je peux même prendre le risque de dire qu'il est très peu probable que le gouvernement actuel s'engage dans cette voie. En conséquence, le contrôle direct des prix de l'énergie et leur subventionnement ne font probablement pas partie de la panoplie du gouvernement actuel pour aider l'industrie.
Nous pouvons en revanche collaborer avec l'industrie -- et nous le faisons -- pour rehausser l'efficience énergétique des entreprises. Nous pensons qu'il est crucial d'amener l'industrie à assumer la responsabilité de gérer son utilisation de l'énergie. À cette fin, le Programme d'économie d'énergie dans l'industrie canadienne, PEEIC, de Ressources naturelles Canada est axé sur l'amélioration volontaire de l'efficacité énergétique. C'est ma collègue Margaret McCuaig-Johnston, la sous-ministre adjointe des Programmes énergétiques, qui assure la gestion de ce programme. Je ne devrais sans doute pas empiéter sur ses plates-bandes mais je tiens à faire la publicité de son action.
Le taux d'amélioration de l'efficience énergétique des secteurs minier et manufacturier du Canada a été d'environ 2 p. 100 pendant la dernière décennie. L'énergie utilisée par unité de production a baissé de près de 2 p. 100 par an pendant 10 ans, ce qui est tout à fait remarquable et représente le double de l'objectif adopté par l'industrie en 2000. Margaret et le PEEIC ne peuvent en tirer tout le crédit mais il est indéniable que ce Programme et bien d'autres de Ressources naturelles Canada y ont contribué.
Je me suis laissé dire par des gens de l'industrie que le PEEIC est la seule bonne chose que fait le gouvernement du Canada. Je suis pas sûr d'être d'accord avec eux tout mais je n'ai aucune hésitation à dire comme eux que c'est l'une des choses utiles que fait le gouvernement fédéral.
Je crois que je vais en rester là, monsieur le président.
Je voudrais vous présenter brièvement la documentation qui vous a été distribuée, afin de vous parler des défis et des opportunités que connaît le secteur du tourisme au Canada.
La Commission canadienne du tourisme est une société d'État dont le siège social se trouve à Vancouver. Nous relevons du Parlement par le truchement du ministre de l'Industrie.
Notre mission consiste à favoriser l'expansion de l'économie canadienne grâce aux revenus d'exportation provenant des pays d'où viennent les touristes. Pour ce faire, nous nous concentrons sur les pays offrant le taux de rendement le plus élevé. Ainsi, en Europe et en Amérique latine, nous sommes présents au Royaume-Uni, en France, en Allemagne et au Mexique. Dans la région Asie-Pacifique, nous sommes au Japon, en Corée du Sud, en Australie et en Chine. Et, bien sûr, nous sommes très présents aux États-Unis, notre plus vaste marché international.
Beaucoup de choses ont changé dans le secteur du tourisme au Canada. La demande touristique mondiale reste très ferme, le tourisme est le secteur qui connaît le taux de croissance le plus élevé au monde, et le Canada est une destination de rêve. Dans la plupart des autres pays, quand les gens rêvent de faire au moins un voyage pendant leur vie, le Canada figure dans les trois premières destinations souhaitées.
Les revenus du tourisme ont augmenté en 2005 mais les données détaillées à ce sujet révèlent une situation difficile. Les revenus des voyages intérieurs ont augmenté de près de 9 p. 100 alors que ceux provenant des États-Unis ont baissé de près de 9 p. 100. Nos revenus d'outre-mer ont augmenté d'environ 6,3 p. 100.
Les résultats de notre marché d'outre-mer sont en fait très satisfaisants depuis plusieurs années. Nous avons tenté de polir l'image touristique du Canada, surtout aux États-Unis où la concurrence est féroce. Nous avons obtenu un avantage compétitif en étant le pays qui exploite le mieux le réseau Internet pour sa promotion touristique.
Nous avons une nouvelle équipe à Vancouver et les investissements de nos partenaires sont très élevés, ce qui veut dire qu'ils investissent au moins autant que notre Commission dans la promotion du tourisme au Canada.
La mauvaise nouvelle est que le principal marché dont nous dépendons, qui représente 70 p. 100 de nos recettes, connaît un fort déclin. Je parle évidemment des États-Unis. En outre, le déficit de la balance touristique du Canada ne cesse de se creuser. Je veux dire par là que les Canadiens dépensent beaucoup plus d'argent à l'étranger que les étrangers n'en dépensent au Canada. Ce déficit a atteint un niveau record l'an dernier, et ça risque d'être pire cette année.
La concurrence mondiale est plus vive que jamais et, notamment à cause du fléchissement de notre rendement aux États-Unis, nous sommes tombés du 7e au 12e rang des rivaux mondiaux, et du 10e au 12e rang du point de vue des recettes internationales depuis 2002.
Le budget marketing de la CCT est en déclin. Une nouvelle coupure lui a été imposée cette année et notre part de la couverture médiatique, c'est-à-dire l'argent que nous dépensons dans nos principaux marchés par rapport à nos plus proches concurrents, a baissé.
Je vous ai fourni un graphique indiquant la croissance touristique à laquelle nous nous attendons. J'ai dit que le tourisme est l'industrie qui connaît le taux de croissance le plus élevé au monde, et vous pouvez voir que la courbe reste très raide jusqu'en 2020.
En ce qui concerne les voyages des Américains au Canada depuis 1990, vous pouvez constater avec le graphique que je vous ai donné qu'il n'y a pas eu de croissance réelle depuis près d'une demi-décennie.
Une enquête réalisée par le Conference Board du Canada au sujet des intentions de voyage des Américains révèle qu'une plus grande proportion voyagera à l'étranger au cours des six prochains mois -- l'enquête a été réalisée en février de cette année -- mais que le Canada ne sera pas sa destination.
En fait, les intentions américaines de voyages à l'étranger ont augmenté de 2,8 p. 100 environ en février de cette année, mais on s'attend à ce que la part du Canada tombe de 2,2 p. 100 à 1,7 p. 100 -- il s'agit du pourcentage de la population américaine qui a l'intention d'effectuer un voyage au Canada cette année.
Beaucoup de choses expliquent ce déclin, l'une des plus importantes, comme je l'ai dit, étant que le marché américain est l'un de ceux où la concurrence est la plus vive pour attirer des touristes internationaux.
En outre, la connaissance du Canada aux États-Unis comme destination touristique n'est pas reluisante. Nous avons une part d'environ 4 p. 100 de la couverture médiatique, ce qui veut dire que notre investissement sur le marché américain est égal à 4 p. 100 de l'effort de marketing global de toutes les destinations conjuguées. Le marché américain connaît beaucoup mieux les destinations touristiques de l'Europe, du Mexique et des Caraïbes.
Les difficultés aux frontières continuent d'être un défi -- c'est en tout cas ce que disent les clients. Ils ont l'impression qu'il y aura des retards pour traverser la frontière et qu'il est de plus en plus difficile d'entrer au Canada. Cette situation est aggravée par la Western Hemisphere Travel Initiative en vertu de laquelle on va exiger de nouveaux documents sûrs; ceux-ci n'ont pas encore été clairement définis mais, pour les Américains rentrant dans leur pays, et pour quiconque voudra passer du Canada aux États-Unis, ce sera certainement le passeport. Or, nos recherches montrent que les consommateurs américains ne savent pas très bien ce qui est exigé quand ils vont en dehors des États-Unis, notamment au Canada.
La hausse des prix de l'essence et le déclin du pouvoir d'achat du billet vert au Canada ont également contribué à ce déclin ces dernières années, et cela continuera cette année.
J'ai placé dans le document un graphique montrant l'incidence du taux de change sur la demande de voyages des États-Unis vers le Canada. Vous pouvez voir que les deux facteurs sont reliés.
Même chose pour ce qui est des cours du pétrole brut et du prix de l'essence, surtout sur les marchés frontaliers où les gens sont plus susceptibles de voyager par la route.
En ce qui concerne particulièrement la Western Hemisphere Travel Initiative, la CCT a commandé en mai 2005 une étude au Conference Board du Canada, ou à l'Institut canadien de recherche sur le tourisme, qui est une filiale du CBC. Notre analyse était fondée sur la proposition de WHTI du 5 avril 2005, qui reste aujourd'hui une proposition bien que des amendements aient été proposés.
Selon cette proposition, le passeport sera exigé pour entrer ou rentrer aux États-Unis à partir du Canada, par voie aérienne et maritime le 31 décembre 2006, et par voie aérienne, maritime et terrestre le 31 décembre 2007. Comme je l'ai dit, il y a aujourd'hui des propositions pour repousser ces échéances.
En ce qui concerne nos recherches, nous avons mené des enquêtes auprès des ménages canadiens et américains pour voir combien de personnes possèdent un passeport et comment les gens réagissent à cette proposition législative. Nous avons évalué les réponses par rapport à des données de référence. Nous avons examiné le processus de décision des voyageurs en fonction du but de leur voyage et de la durée de leur séjour. Et nous avons également découvert qu'il y a beaucoup de confusion dans ce domaine.
J'ai inclus dans mon document les conclusions de ce rapport qui montrent le taux de propriété d'un passeport dans les ménages américains, dans la population générale et chez les voyageurs venant au Canada -- pour des allers-retours d'une journée et pour des séjours d'une nuit en automobile ou en avion. Vous pouvez constater que le secteur le plus problématique est celui des personnes qui viennent pour une nuit par avion.
Quand on analyse l'ensemble des résultats, on peut prévoir une incidence cumulée de plus de 1,6 milliard de dollars de pertes pour l'industrie touristique canadienne entre 2006 et 2008 suite à la mise en oeuvre de cette Initiative, telle que proposée en 2005. Nous pensons qu'elle a ajouté de nouvelles restrictions à un marché déjà en déclin, et qu'il est important de trouver un juste équilibre entre la sécurité et le tourisme. Selon nous, cette initiative va porter un nouveau coup à notre avantage compétitif.
L'industrie touristique, par le truchement de l'Association de l'industrie touristique du Canada, des associations hôtelières et d'autres leaders de ce secteur, recommande les changements suivants à la WHTI: une seule date de mise en oeuvre pour tous les modes de transport, afin d'éviter la confusion actuelle; des documents accessibles et abordables autres que le passeport; une exemption pour les voyageurs de moins de 16 ans; une campagne de sensibilisation aux États-Unis pour que la population soit bien mieux informée sur les exigences d'entrée au Canada; et l'expansion des programmes NEXUS et EXPRESS afin de ne pas créer plus de documents mais plutôt de mieux utiliser ceux qui existent aujourd'hui.
Merci de votre attention.
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Merci, monsieur le président.
Bienvenue à tous.
J'ai eu le plaisir de travailler avec certains d'entre vous au cours des années et je sais que vous faites un travail incroyable.
Certaines de mes questions porteront plus sur les politiques fondamentales que sur l'administration, d'autant plus que nous venons d'entendre des exposés sur plusieurs secteurs: l'industrie, les ressources naturelles et les ressources humaines. Évidemment, le tourisme est aussi une chose dont nous voulons parler.
Notre pays a eu beaucoup de chance ces dernières années, avec de faibles coûts énergétiques, un dollar bas et de faibles taux d'intérêt, mais toutes les personnes qui se sont adressées au comité jusqu'à présent, y compris le gouverneur de la Banque du Canada, nous ont annoncé des nuages assez sombres à l'horizon sous forme de coûts élevés de l'énergie, d'un dollar revalorisé, d'une hausse des taux d'intérêt et de toutes sortes d'autres facteurs, dont la concurrence.
Cela dit, tout le monde a parlé aussi d'une situation encore plus grave pour nous: le défi démographique. Je voudrais parler un peu des ressources humaines et j'ai besoin de comprendre. Il ne fait aucun doute que le gouvernement ne peut pas le faire. Les syndicats veulent évidemment le faire. L'industrie et tous les PDG pensent que leur plus grand défi, quels que soient les autres problèmes globaux auxquels ils sont confrontés, sera de résoudre le problème des ressources humaines secteur par secteur. Ceci est absolument crucial si nous voulons continuer d'avoir une économie, sans parler d'une économie compétitive.
Le secteur manufacturier a perdu 200 000 emplois. Nous croyons comprendre que 200 000 autres risquent de disparaître l'an prochain, tout ça à cause de choses... Mais il y a pourtant 250 000 emplois qui ne trouvent pas preneurs dans ce pays. Ce décalage entre les emplois disponibles et les compétences qu'ils exigent a été mentionné et je voudrais savoir ce que vous faites à ce sujet.
Je sais qu'il y a les conseils sectoriels mais, entre les trois paliers d'administration, de Ressources humaines à Industrie et à Ressources naturelles, quel degré de coopération y a-t-il, pas seulement entre nous au gouvernement et avec les autres paliers de gouvernement, mais entre les éducateurs, les syndicats, les entreprises, pour faire exactement la chose dont nous venons juste de parler? Il y a toute sorte de mobilité, et les barrières internes, et les trucs réglementaires qui entrent en jeu. Comment allons-nous pouvoir résoudre ce gros problème pour être en mesure d'attirer et de conserver les types de compétences et de ressources humaines dont notre pays aura besoin au cours des 10 à 15 prochaines années pour continuer d'avoir une économie forte?
J'aimerais connaître votre avis là-dessus.
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Je ne crois pas qu'il y ait un plan très détaillé sur 10 ou 15 ans. Un certain nombre d'éléments ont été mis en place à mesure que sont apparues certaines pénuries de compétences. Nous avons eu l'avantage d'avoir une économie très prospère pendant longtemps. Aujourd'hui, on prend conscience qu'il y a un certain nombre de problèmes -- les travailleurs plus âgés, le besoin de compétences hybrides. Certains des éléments sont là.
Il y a un an, notre ministère a annoncé la Stratégie des compétences en milieu de travail, qui comporte certains éléments.
Il y a l'Initiative en matière de compétences en milieu de travail, qui n'est pas un grand programme mais qui est très focalisé sur ce dont vous parlez, avec les différents partenaires concernés. Il faut que les établissements d'enseignement et tous les paliers de gouvernement agissent de concert. L'initiative a été annoncée il y a un peu plus d'un an et nous procédons actuellement à l'examen de différents projets pilotes permettant par exemple à une province, une firme et un établissement d'enseignement de travailler ensemble. Nous commençons donc à envisager ça.
Il y a aussi l'initiative des Partenaires du milieu de travail mise en oeuvre avec la collaboration du Centre syndical et patronal du Canada. C'est une tentative au palier fédéral de s'attaquer au problème que vous venez de soulever, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de réponse unique fédérale, provinciale ou éducative. Il faut que les différents acteurs agissent ensemble. Ce dont nous parlons ici, c'est d'une collaboration probablement sans précédent. Je pense que c'est vrai aussi, au sein du gouvernement fédéral, des trois ministères représentés aujourd'hui.
Le fait que les ministères aient commencé à agir ensemble au cours de la dernière décennie n'est sans doute pas typique mais c'est très réel. Je sais que nous avons collaboré avec RNCan sur la question des sables bitumineux. Le gouvernement provincial et les établissements d'enseignement se penchent aussi sur la question.
Donc, je ne peux pas dire qu'il y ait un plan sur 15 ans mais je pense que ça bouge.
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Merci, monsieur le président.
Vous nous faites faire le même test que les gens de l'industrie manufacturière. C'est très pédagogique. Vous déposez une pile de documents, et nous devons nous ajuster en cinq minutes à cette réalité. Nous avons même un ministère qui n'a pas de document, faute de temps pour en produire un. Vous nous plongez rapidement dans la situation des gens qui travaillent en usine. Malgré tout, nous pouvons bouger un peu.
Le tableau sur l'industrie touristique et le tableau à la page 2 de la présentation d'Industrie Canada intitulé « Croissance moyenne du PIB réel selon les secteurs industriels » démontrent de façon subtile l'influence du prix du baril de pétrole sur les touristes américains qui viennent chez nous. Le tableau est bien déguisé, mais on comprend rapidement que la croissance à long terme des ressources naturelles va en augmentant, tandis que celle du secteur de la fabrication va en diminuant.
J'aimerais que vous produisiez ce tableau à des fins de comparaison. On pourrait constater que le prix du pétrole est en hausse et que les emplois manufacturiers sont en baisse. Dans La Presse de la fin de semaine dernière, on mentionnait qu'il y a 71 000 emplois de moins depuis un an au Canada dans le secteur manufacturier.
Dans les notes de M. Brown, on peut lire :
Nous ne pouvons intervenir sur les marchés de l'énergie pour maintenir les prix à la baisse, mais nous pouvons aider les manufacturiers canadiens à améliorer leur efficacité énergétique.
Je ne dis pas de contrôler les prix, mais ne serait-il pas important, dans vos ministères, de faire des études pour évaluer comment on pourrait atténuer l'effet de l'augmentation du prix de l'énergie? En ce qui a trait à l'essence, on sait que si les marges de profit des raffineries étaient raisonnables, les conséquences seraient moins grandes. À l'heure actuelle, on connaît la plus grande hausse de la valeur du dollar depuis 28 ans. Au rythme où vont les choses, dans cinq ans, l'augmentation du prix de l'énergie et le boum du secteur énergétique seront terminés, mais on n'aura plus de secteur manufacturier.
Que faites-vous, dans chacun de vos ministères, pour compenser cet effet? Je m'excuse auprès de l'industrie touristique, mais on n'aura peut-être pas le temps d'échanger aujourd'hui. Il faudra tenir une autre séance, si nécessaire, car vos tableaux sont très significatifs et très bien faits.
M. Brown pourrait commencer et nous dire ce que fait son ministère pour s'assurer que les prix de l'énergie soient le moins élevé possible. Il ne s'agit pas de les contrôler, mais de trouver une façon, comme on l'a fait dans le cas du développement des sables bitumineux, d'atténuer l'impact négatif de la hausse des prix.
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Je vais répondre à la première partie qui porte sur l'observation qu'il n'y a pas eu de plan pendant 13 ans.
Je soupçonne que les gens qui tentaient de prévoir l'évolution de notre économie il y a 13 ans diraient aujourd'hui... Ils n'auraient jamais pu prévoir la situation économique d'aujourd'hui, avec un taux d'emploi record et le taux de chômage le plus bas depuis 32 ans. Je soupçonne que très peu auraient pensé qu'il serait nécessaire de dresser un plan pour faire face aux problèmes que nous connaissons maintenant.
Comme je me suis occupé de prévisions économiques pendant la majeure partie de ma carrière, je me méfie des plans qui dépendent trop de leurs hypothèses. Par exemple, il y a six ou sept ans, on parlait beaucoup d'une mutation de notre économie vers l'économie du savoir et on se demandait ce que ça exigerait comme réponse des gouvernements. Or, la réalité est que, depuis plusieurs années, les secteurs plus traditionnels de notre économie -- les ressources et l'énergie -- ont connu des créations d'emploi énormes et que nous sommes donc revenus à une création d'emplois plus équilibrée, avec de nombreux emplois nouveaux dans les divers métiers.
L'une des choses dont il faut tenir compte est l'imperfection des prévisions et la nécessité d'établir des fondations solides pour l'avenir. Je me penche donc, par exemple, sur le fait que, malgré la perte d'emplois dans le secteur de la fabrication ces dernières années, le taux de chômage de ce secteur n'a pas augmenté, c'est-à-dire le taux de chômage des personnes sans emploi qui disent travailler dans le secteur de la fabrication. Ça signifie clairement que ces personnes trouvent du travail ailleurs, et je pense que leur niveau d'éducation joue un rôle important à cet égard.
En 1976, près de la moitié des employés du secteur de la fabrication n'avaient pas fait d'études secondaires. Aujourd'hui, près de la moitié ont dépassé ce niveau. Ce changement de qualité de la population active canadienne est essentiel si nous voulons une main-d'oeuvre plus apte à s'adapter, et je pense que c'est probablement la contribution la plus importante que peuvent faire les gouvernements, c'est-à-dire favoriser la flexibilité de la main-d'oeuvre, ce qui résulte plus de leurs compétences que de plans gouvernementaux.
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Merci, monsieur le président.
Je m'adresse d'abord aux représentants de Ressources naturelles.
J'examine le document que vous avez fourni au sujet des moulins à vent et des projets d'hydroélectricité, et j'y vois un problème sur l'évolution historique des prix du mazout. Vous avez parlé de la période 1980 à 1984, qui était celle du Programme énergétique national. À cette époque, me semble-t-il, le prix du pétrole était moins élevé au Canada qu'aux États-Unis. Depuis lors, il est continuellement plus élevé, à l'exception de la période de la guerre d'Irak, en 1991, ce que je trouve intéressant, étant donné que nous sommes un exportateur net de pétrole. Pourriez-vous m'expliquer quelles difficultés cette situation peut causer au secteur manufacturier canadien?
En même temps, pourriez-vous m'expliquer les moyennes quinquennales du gaz naturel, qui ont été très élevées jusqu'à une période très récente, même si les stocks ont toujours été relativement stables, tout comme la demande? Quelle incidence cela peut-il avoir sur le secteur de la fabrication?
Puis-je également avoir un commentaire, de vous-même ou du ministère de l'Industrie, sur les perspectives à moyen terme annoncées par l'analyste de BP en Europe, qui a annoncé hier de nouvelles conclusions indiquant un prix de l'ordre de 40 $ le baril? Allons-nous faire face un ralentissement de l'économie dans l'ouest du Canada, ce qui aurait pour effet complémentaire de ralentir la création d'emplois dans le secteur manufacturier au centre du pays?
Finalement, j'aimerais aussi avoir un commentaire sur l'initiative relative aux voyages dans l'hémisphère occidental. Je crois comprendre que le représentant au Congrès Hostettler, qui préside le comité de la Chambre des représentants sur l'immigration et la sécurité des frontières, va recommander au représentant Sensenbrenner d'agir immédiatement à ce sujet, même en l'absence de système NEXUS ou EXPRESS. Qu'est-ce que ça signifiera pour le Canada dans le cadre du Partenariat pour la prospérité et la sécurité?
Je comprends que ce sont des questions assez complexes mais elles sont extrêmement importantes si nous voulons savoir où nous en serons dans six mois étant donné que tout ça affectera le secteur de la fabrication de manière indélébile.
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais moi aussi parler du tourisme.
Mme McKenzie a parlé du renouvellement de l'équipe de la Commission canadienne du tourisme et des hauts et des bas de ce secteur. Toutefois, elle n'a pas mentionné beaucoup parlé des hauts ni de mesures prises pour y contribuer. Elle a dit qu'il n'y a pratiquement pas eu de croissance au cours de la dernière décennie, époque qui a cependant été caractérisée par un dollar bas, des prix du carburant bas et des taux d'intérêt bas.
Vous nous avez dit, Mme McKenzie, que le Canada reste une destination de rêve, ce qui est un peu contradictoire. Certes, nous sommes d'accord -- le Canada est une destination de rêve, c'est le plus grand pays au monde. Tout le monde en convient. Cela dit, j'aimerais savoir ce que vous faites pour en profiter car il me semble qu'il serait bon que l'on ait un plan pour ce faire.
Je me demande ce que vous faites pour renverser la tendance. Il y a peu de temps, tout était bas; aujourd'hui, notre dollar monte, les prix du carburant montent, mais les taux d'intérêt restent relativement bas. Les choses étaient plus faciles quand nous avions ces avantages compétitifs mais ils ne sont plus là. Que faites-vous pour réagir à cette évolution?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je voudrais m'adresser tout particulièrement aux gens du ministère des Ressources humaines et du Développement social. Je sais que vous êtes, depuis plusieurs années, un foyer de résistance contre un programme d'aide aux travailleurs âgés. Tous les ministres qui sont arrivés au ministère ont voulu faire quelque chose, mais après vous avoir entendu, ils changeaient d'idée parce qu'il s'agissait apparemment de mesures passives.
M. Crête mentionnait des statistiques tout à l'heure. Il disait que 71 000 emplois avaient été perdus l'année dernière. D'après l'Association des exportateurs canadiens et d'après les documents que j'ai ici, environ 100 000 emplois supplémentaires seraient perdus dans les industries du textile, du vêtement, du cuir et des meubles. Je n'ai pas l'impression qu'il s'agit de gens qui ont un diplôme d'études postsecondaires. En effet, je ne connais pas beaucoup de couturières de 59 ans qui travaillent sur une machine overlock deux aiguilles qui possèdent un diplôme d'études postsecondaires.
Que fait-on pour ces gens qui, finalement, sont victimes du dollar et du prix du pétrole?
Actuellement, on refuse de prendre des mesures comme celles qu'on a eues par le passé, c'est-à-dire le Programme d'adaptation des travailleurs âgés, le PATA, qui fonctionnait bien. Ces gens sont des victimes. Ils perdent leur emploi, ils reçoivent de l'assurance-emploi pendant quelques semaines et par la suite, ils sont obligés de vendre tout ce qu'ils possèdent. Ils ont 58 ou 59 ans, et la seule façon pour eux d'avoir des prestations d'assurance sociale, c'est de vendre ce qu'ils possèdent, perdant leur dignité par le fait même.
Comment peut-on accepter cette situation? Ce sont des statistiques, mais au fond, derrière chaque chiffre, il y a un drame humain et une multitude de solitudes. Que peut-on faire pour les gens les moins adaptables qui viennent des secteurs mous et difficiles? Je n'ai jamais vu une couturière travailler chez IBM. Qu'est-ce qu'on fait pour ces gens?
Je voudrais commencer sur le thème de l'éducation, qui me tient très à coeur. Je ne comprends pas pourquoi, dans ce pays, nous ne pouvons pas tenir un dialogue sur l'éducation comme nous le faisons sur la santé. Je pense que c'est aussi important pour notre prospérité future et notre qualité de vie. Nous devons créer une culture de l'apprentissage pendant toute la vie.
Vous avez dit que nous faisons marche arrière avec notre économie du savoir, à certains égards, notamment dans le secteur manufacturier, en devenant plus dépendants à nouveau des ressources naturelles. J'estime qu'il est fort regrettable et injuste pour de nombreux Canadiens de laisser ces emplois disparaître. Nous n'avons pas de stratégie industrielle axée sur l'éducation pour protéger et accroître l'emploi dans le secteur manufacturier, et je parle ici d'emploi à valeur ajoutée.
Voyez la situation en Chine, où près de 40 p. 100 des citoyens obtiennent des diplômes en génie et en technologie. En Inde, c'est environ 20 p. 100. Au Canada, moins de 8 p. 100. Cela ne peut que nuire à notre compétitivité dans l'économie mondialisée.
En ce qui concerne l'éducation et les métiers, en faisons-nous assez?
Je suis d'accord avec ce que vous disiez, monsieur Halliwell, sur l'accès à l'enseignement postsecondaire et sur la nécessité d'un changement culturel pour redonner de l'importance à l'apprentissage et aux corps de métiers. C'est nécessaire. Dans le passé, un diplôme du secondaire garantissait un bon emploi.
Le gouvernement précédent a fait beaucoup d'efforts pour négocier un accord de partenariat sur le marché du travail qui a débouché sur un consensus avec toutes les provinces au sujet de six priorités d'investissement, comprenant notamment la formation peuples autochtones, l'alphabétisation des travailleurs âgés, l'acquisition de compétences spécialisées et la mobilité de la main-d'oeuvre, en mettant plus l'accent sur les programmes d'apprentissage. Je dis qu'il est parfaitement honteux que cela risque d'être abandonné et que les efforts considérables déployés pendant plusieurs années risquent d'être gaspillés.
Quelle doit donc être l'étape suivante? Quels sont les plans pour relever ces défis? Il me semblait que les provinces et le gouvernement fédéral collaboraient fort bien pour les relever. Quels sont donc les plans?
En outre, quel nouveau modèle envisageons-nous pour faire collaborer non seulement les gouvernements et les universités mais aussi les entreprises -- et c'est ici que les États-Unis et d'autres pays sont largement en avance sur nous, à mon avis -- afin d'assurer une plus grande commercialisation des nouvelles technologies et des nouveaux produits? C'est comme ça que nous serons compétitifs, pas avec un dollar dévalorisé ni sur le dos des travailleurs en abaissant leurs salaires.
Je voudrais faire une remarque au sujet du NAIT. Je l'ai visité et il fait un travail exceptionnel. Nous avions proposé la dernière fois un milliard de dollars d'investissement devant être transféré aux provinces -- et je suis heureuse que le gouvernement actuel appuie cette initiative -- pas seulement pour améliorer les universités mais aussi pour aider les collèges qui ont des besoins tellement criants et qui n'ont pas obtenu leur juste part des investissements.
Donc, quel est le plan concernant les nouveaux modèles de partenariat entre les établissements d'enseignement et le marché du travail?
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Je suis tenté de dire qu'il doit y avoir beaucoup de consultations, mais à un niveau élevé, atomiste si vous voulez. Cela dit, il n'y a pas de plan d'ensemble, comme on le dit ici. En outre, il n'y a pas un secteur unique de la fabrication mais des composantes très divergentes. L'économie est très divergente. Les jeunes Canadiens sont très différents dans leurs intérêts et leurs aptitudes.
Mon sentiment sur tout ça est que, quand on parle du marché du travail, et nonobstant ses tensions actuelles, nous avons déjà connu ces situations et subi ces pressions. Je suis sûr que la lecture des comptes rendus des comités du passé montrerait que ces préoccupations sont pérennes.
À bien des égards, l'économie canadienne et le marché du travail sont extrêmement résistants et beaucoup de ces problèmes se règlent. Les solutions ne sont pas toujours avantageuses pour les travailleurs touchés par ce genre de changement mais il ne faut jamais oublier qu'il y a beaucoup de flux et de changement à n'importe quel moment et que nous savons nous y adapter.
Si je vous disais qu'un travailleur sur cinq du secteur manufacturier avait quitté ou perdu son emploi en 1999, vous seriez choqués mais, en réalité, il y avait eu cette année-là aussi plus d'un nouveau travailleur employé sur cinq. C'est juste une indication du taux de roulement que connaît le secteur.
Le principal défi que nous avons à relever est de nous assurer que les gens ont assez de compétences, surtout fondamentales. En fait, ma plus grande préoccupation porte moins sur le niveau d'éducation que sur les taux d'alphabétisation. Si les gens n'ont pas un niveau d'alphabétisation satisfaisant, la première chose qui leur manque, c'est l'outil nécessaire pour apprendre, car l'alphabétisation et la lecture constituent ensemble l'outil le plus important pour acquérir de nouvelles compétences.
J'ai été un peu épaté d'entendre les spécialistes de la main-d'oeuvre se consoler en disant que la perte des emplois dans le secteur manufacturier était rapidement comblée puisque des gens réussissent à trouver un autre emploi, probablement dans un autre secteur que le secteur manufacturier. C'est un peu comme se réjouir de faire naufrage parce qu'on a un beau bateau de sauvetage.
Présentement, dans l'industrie, il y a des trous qui ne se comblent pas. Si vous parlez aux gens du domaine de l'imprimerie, par exemple, ils vous diront qu'il y a des emplois de pressier à 125 000 $ par année qu'ils sont incapables de combler parce que les écoles techniques ne répondent pas à leurs besoins. Elles ne sont pas capables de convaincre des jeunes de se tourner vers leur industrie. Ainsi, l'expansion de ces entreprises, qui sont souvent des petites et des moyennes entreprises, est freinée par leur incapacité à trouver le personnel dont ils ont besoin.
Dans le domaine du camionnage, on nous a dit que 40 000 camionneurs manquent présentement à l'appel au Canada pour satisfaire à la demande des prochaines années. Or, même s'il manque 40 000 travailleurs, les salaires n'augmentent pas. L'offre économique aux gens qui pourraient se joindre à l'industrie n'est pas là.
Cela a-t-il un rapport avec le fait qu'il y a présentement un monopole qui s'installe dans l'est du Canada avec un fonds de revenu qui est étrangement proche du crime organisé new-yorkais? Je n'ose pas le craindre, mais cela m'inquiète. Quand il manque 40 000 employés dans une industrie et qu'elle n'augmente pas les salaires dans le but d'aller les chercher, c'est peut-être parce qu'elle a un bâton de baseball derrière elle.
Ma question est la suivante. A-t-on un problème d'ajustement entre les systèmes scolaires, de nos provinces en général et du Québec en particulier, et l'industrie manufacturière? On offre majoritairement des emplois à des jeunes hommes pendant que les systèmes scolaires de nos écoles sont de plus en plus orientés vers la satisfaction des besoins des étudiantes, des jeunes femmes.