:
Oui, ce serait parfait.
Bonjour, monsieur le président et membres du comité. J'aimerais vous présenter mon collègue, M. Tom Rosser, qui comparaît avec moi aujourd'hui. Il est chef économiste de l'Association des produits forestiers du Canada.
Au nom des sociétés membres de l'Association des produits forestiers du Canada, permettez-moi tout d'abord de dire que nous nous réjouissons de cette importante occasion qui nous est donnée de venir présenter au comité notre point de vue sur le climat économique dans lequel l'industrie canadienne des produits forestiers évolue à l'heure actuelle.
Votre étude des questions auxquelles le secteur manufacturier canadien est confronté est très opportune étant donné qu'à mon avis il s'agit là d'un défi économique urgent que le Canada n'a pas encore pleinement reconnu.
L'APFC est la voix nationale et internationale des producteurs canadiens des pâtes et papiers et de bois en ce qui concerne les affaires environnementales, commerciales et gouvernementales. L'APFC compte 20 sociétés membres qui représentent les plus gros producteurs intégrés des pâtes et papiers, de bois d'oeuvre et d'autres produits du bois qui exercent leurs activités un peu partout au pays. Les membres de l'APFC sont responsables de 70 p. 100 des forêts exploitées au Canada.
[Français]
Avec des recettes annuelles de plus de 80 milliards de dollars, l'industrie canadienne des produits forestiers représente 3 p. 100 du PIB du Canada. Elle emploie directement quelque 320 000 personnes dans des postes bien rémunérés et à productivité élevée. Elle est le poumon économique de plus de 300 collectivités, d'un océan à l'autre.
Ses exportations annuelles se chiffrent à plus de 45 milliards de dollars, ce qui fait de cette industrie le plus grand exportateur de produits forestiers au monde. Il est clair que notre industrie est non seulement le fondement de l'économie rurale canadienne, mais aussi un joueur clé dans l'ensemble de l'économie de notre pays.
[Traduction]
L'industrie est l'un des piliers du secteur manufacturier canadien et est confrontée à de nombreux défis qui sont semblables à ceux des autres manufacturiers canadiens. C'est un secteur unique que l'on retrouve partout dans les régions rurales du Canada où il offre des emplois de haute technologie, à salaire élevé dans des régions où ce genre d'emploi ne serait pas disponible autrement.
Monsieur le président, cela dit, j'aimerais maintenant aborder la question que vous examinez et donner au comité une idée des défis auxquels est confronté le secteur manufacturier canadien, surtout en ce qui a trait au secteur des produits forestiers. J'aimerais vous parler de trois choses: les perspectives pour l'industrie, ce que l'industrie fait et comment le gouvernement peut appuyer les efforts de l'industrie.
L'industrie canadienne des produits forestiers connaît une transformation rapide et remarquable à l'heure actuelle. Nous sommes confrontés à des défis importants. En effet, au cours des dernières années, les entreprises canadiennes de produits forestiers ont été confrontées à une confluence de défis que certains observateurs ont qualifiée de tempête parfaite: des prix de l'énergie qui sont élevés et qui augmentent, une concurrence accrue des producteurs étrangers dont les coûts sont peu élevés, une demande en baisse dans certains segments du marché et un litige dans le secteur du bois d'oeuvre qui a fait perdre plus de 5 milliards de dollars à l'industrie. Il est très probable que s'il s'agissait là des seules composantes de la tempête parfaite, l'industrie pourrait manoeuvrer à travers ces eaux agitées sans problème. Cependant, bien qu'il s'agisse là de défis certainement considérables, leur ampleur et leur impact ont été amplifiés par la hausse rapide de la valeur du dollar canadien, et ce défi est à lui seul sans doute le plus important à affecter ce secteur à l'heure actuelle.
Il faut tenir compte du fait que le dollar canadien a connu une hausse de plus de 40 p. 100 en quatre ans et que cette hausse a eu des conséquences considérables pour notre industrie qui est presque entièrement axée sur les exportations. Bien que la hausse du dollar a certainement un impact sur tout le secteur manufacturier canadien, son impact sur le secteur des produits forestiers est encore plus critique en raison des coûts des intrants qui sont presque entièrement en dollars canadiens tandis que la majorité de ses ventes sont en dollars américains.
J'aimerais vous en parler davantage. De tous les secteurs manufacturiers canadiens, c'est ce secteur, surtout celui des pâtes et papiers qui est le plus exposé à la fois au coût de l'énergie et à la hausse du dollar. Donc, ce qui arrive, c'est qu'à mesure que les coûts augmentent , les coûts de l'énergie, de la main-d'oeuvre et de la fibre — les revenus diminuent. Cela a créé des pressions considérables en vue de consolider le secteur des pâtes et papiers au cours des dernières années.
L'industrie des produits en bois massif se porte mieux que les autres segments de l'industrie étant donné qu'il y a eu une période de prospérité prolongée dans le secteur domiciliaire aux États-Unis. Cependant, cette période de prospérité dans le secteur de la construction commence à ralentir, et les prix ont commencé à diminuer au cours des 12 derniers mois.
Pourtant, malgré tous les défis auxquels est confronté ce secteur, la lumière pointe au bout du tunnel. La demande mondiale pour les produits forestiers a augmenté de façon constante ces dernières années. Par exemple, dans le secteur du papier et du carton, au cours de la dernière décennie il y a eu une augmentation annuelle de 3 p. 100 de la consommation. Par ailleurs, dans le secteur du bois massif, il y a d'excellentes possibilités de créer de nouveaux marchés, de nouveaux marchés géographiques, notamment la Chine, ou de nouvelles applications pour les produits traditionnels, notamment élargir l'utilisation du bois pour la construction non résidentielle en Amérique du Nord — par exemple, pour les écoles, les petits immeubles commerciaux, les centres communautaires, ce genre de choses.
Cela dit, l'industrie canadienne des produits forestiers a des avantages importants qui peuvent être utilisés comme éléments de base pour renouveler ou revitaliser l'industrie. En prenant des mesures immédiates, cela permettra à l'industrie de s'emparer de sa part des marchés mondiaux croissants, de revitaliser son capital actions, de maintenir une croissance de productivité rapide et d'offrir des emplois de haute qualité partout au pays.
Donc, qu'est-ce que l'industrie a fait?
[Français]
L'industrie ne s'est pas croisé les bras en espérant que la tourmente s'apaise; c'est plutôt l'inverse qui s'est produit. Les entreprises canadiennes de produits forestiers ont continué à se diversifier et à investir. L'industrie dépense chaque année plus de 500 millions de dollars en recherche et développement, ce qui constitue l'une des plus grandes sources privées d'innovation de l'économie canadienne.
De plus, elle investit annuellement 4 milliards de dollars dans l'amélioration de ses installations. C'est ainsi qu'elle a atteint un niveau de productivité qui se compare favorablement à celui de l'économie canadienne dans son ensemble et à celui de ses homologues américains.
[Traduction]
Au cours des 60 dernières années, par exemple, dans le secteur du bois massif, la croissance de la productivité a surpassé celle du secteur manufacturier en général, et ce secteur a accru sa productivité de 30 p. 100 au cours d'une période de six ans. Si on se tourne vers l'avenir, le facteur clé est l'investissement futur. C'est ce qui déterminera l'avenir et c'est ce qui déterminera les perspectives du Canada dans ce secteur et dans le secteur manufacturier en général.
Enfin, j'aimerais parler de ce que les gouvernements peuvent faire. Le cadre de politique gouvernementale dans lequel l'industrie fonctionne est un facteur de compétitivité essentiel. Un gouvernement, que ce soit un gouvernement fédéral, provincial ou municipal, joue un rôle de premier plan pour établir le climat d'affaires de l'industrie ou ses conditions d'accueil. Le gouvernement détermine les niveaux d'imposition, la réglementation environnementale et forestière, et la politique de concurrence, et il réglemente le transport. Alors que l'industrie suit le rythme de ses concurrents à l'échelle mondiale, le gouvernement doit également garder le rythme pour s'assurer que les conditions d'accueil sont toutes aussi concurrentielles sinon plus que celles auxquelles nos concurrents sont confrontés.
Avant que le dollar ne commence à monter en flèche, il était important mais peut-être pas urgent de mettre en place de bonnes conditions d'accueil. Cependant, avec le dollar qui monte en flèche et qui montre très peu de signes de ralentissement, il est devenu absolument impérieux que le Canada mette en place un cadre de politique intérieure des plus concurrentielles.
Cela dit, l'industrie exhorte le gouvernement à prendre des mesures dans plusieurs domaines.
Tout d'abord, il faut s'assurer que le climat d'investissement au Canada est le plus attrayant possible. Une étude récente effectuée par l'Institut C. D. Howe révèle que bien que les taux d'imposition du Canada sont en général moyens par rapport à ceux des pays de l'OCDE, notre taxe sur l'investissement en capital est parmi les plus élevés. Le Canada n'est pas concurrentiel pour ce qui est de l'investissement en capital, et c'est le capital qui permettra à nos industries manufacturières de continuer à prospérer.
La chose peut-être la plus importante que le gouvernement fédéral peut faire pour promouvoir le renouvellement de ce secteur est de rendre plus concurrentielle à l'échelle mondiale l'imposition de l'investissement dans le secteur forestier. Les analyses ont démontré de façon constante que le taux marginal d'imposition sur l'investissement dans le secteur forestier canadien est le plus élevé de tous les principaux pays producteurs du monde, et beaucoup plus élevé que celui qui s'applique aux autres industries des ressources au Canada.
La politique gouvernementale devrait créer des incitatifs à l'investissement en offrant un amortissement accéléré des biens d'équipement et des incitatifs fiscaux pour encourager les nouveaux investissements.
Deuxièmement, la politique fédérale en matière de concurrence doit être réexaminée, et il faudrait éliminer les obstacles à un ajustement axé sur le marché afin de permettre à l'industrie de réaliser davantage d'économies d'échelle. Les producteurs canadiens doivent être en mesure de réaliser les mêmes économies d'échelle que leurs concurrents étrangers et que les principaux clients nord-américains. Pour vous donner un exemple, la plus grande société canadienne de produits forestiers, Abitibi, est la 21e entreprise de produits forestiers au monde. Nos trois principaux concurrents en Amérique du Nord sont les premier, deuxième et troisième plus grands producteurs au monde. Ils sont tous cinq fois plus importants que notre plus grande entreprise de produits forestiers.
Un autre exemple est...
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Très bien. Je devrais sans doute accélérer un peu.
Un autre exemple est celui de nos acheteurs qui sont rapidement en train de se regrouper, et pour desservir de tels acheteurs, notre industrie a besoin d'économies d'échelle dans la production, dans les services et dans l'approvisionnement si elle veut être leur fournisseur privilégié.
Nous avons quelques autres priorités sur le plan du climat d'affaires. L'une de ces priorités consiste à améliorer la compétitivité du secteur ferroviaire canadien afin de réduire les tarifs et d'améliorer les services. L'énergie renouvelable dans ce secteur nous offre des conditions gagnantes sur le plan économique, environnemental et social. Notre industrie a la capacité de générer une quantité considérable d'énergie renouvelable. Nous générons déjà suffisamment d'énergie verte pour alimenter en électricité la ville de Vancouver, et nous pourrions faire davantage. Une stratégie nationale d'énergie renouvelable offrirait des avantages, à la fois pour ce qui est de réduire la dépendance à l'égard des combustibles fossiles — l'air pur — et aussi pour encourager de nouveaux investissements en capital à long terme dans les collectivités partout au pays.
Enfin, le gouvernement peut établir des partenariats avec l'industrie pour la R & D de transformation afin de créer de nouveaux procédés et produits innovateurs et de diversifier les marchés d'exportation du Canada pour plus d'utilisations finales géographiques non traditionnelles. Mon collègue Shawn Dolan du CCB vous en parlera certainement davantage.
En prenant des mesures dans ces cinq domaines prioritaires, les gouvernements peuvent aider à mettre en place des conditions d'accueil pour l'industrie qui assureront sa compétitivité à long terme et qui appuieront ses efforts de transformation afin de s'assurer que cette industrie pourra continuer d'apporter une contribution importante à l'économie rurale du Canada partout au pays.
Monsieur le président, cela conclut mes observations officielles. Je suis impatiente d'aborder plus en détail toutes questions qui pourraient intéresser le comité.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, monsieur le président et membres du comité, et merci de me donner l'occasion de m'adresser à vous pour vous faire part des inquiétudes des fabricants canadiens de produits du bois.
Le Conseil canadien du bois est une association nationale qui représente les fabricants de produits du bois utilisés dans la construction. Avec nos 11 associations membres, nous représentons des milliers d'entreprises de toutes tailles et de toutes les provinces.
Nos membres veulent que l'on sache que c'est une époque extrêmement difficile pour réussir dans le secteur de la fabrication étant donné le climat actuel. Les profits prévus, s'il y en a, ne cessent de décliner, réduisant les taux de rendement de l'investissement dans la plage de 3 à 5 p. 100, qui est beaucoup trop faible pour un secteur aussi capitalistique que le nôtre. Les coûts ne cessent d'escalader à cause de facteurs indépendants de notre volonté, des emplois sont perdus et des milliers d'autres sont compromis.
Je ne discuterai pas des répercussions qu'a eu sur l'industrie des fabricants du bois au Canada le différend sur le bois d'oeuvre entre les États-Unis et le Canada, puisque cela ne fait pas partie de l'étude de votre comité. Il suffira de dire que la résolution de ce différend, que ce soit par négociation ou par litige, ne va pas immédiatement redonner sa vitalité au secteur des produits du bois. Cela va simplement limiter les incertitudes quant aux coûts, en ce qui concerne les honoraires d' avocats et les tarifs douaniers à mesure que nous nous rapprochons de l'environnement commercial géré qui existait autrefois.
Notre secteur a dû porter une part anormalement élevée du fardeau en défendant les principes du libre-échange au nom de toutes les industries canadiennes et du gouvernement du Canada.
En ce qui concerne les quatre sujets qu'étudie notre comité étudie notamment, la valeur élevée du dollar canadien, les coûts d'énergie élevés, la mondialisation et la disponibilité d'une main-d'oeuvre qualifiée, mais on ne saurait exagérer l'importance qu'a eue l'appréciation du dollar canadien. L'analyse récente effectuée par le Conference Board du Canada montre que chaque fois que le dollar canadien est apprécié de 10 p.100, notre secteur subit des pertes de 2,3 milliards de dollars. Étant donné que la valeur de notre dollar s'est accrue de près de 50 p.100 depuis cinq ans, nous parlons d'une perte de revenus annuelle de plus de 11 milliards de dollars.
Je dois dire, monsieur le président, que ces chiffres incluent déjà les économies potentielles réalisées par l'acquisition d'équipement américain permettant d'accroître la productivité. J'ai déjà entendu à plusieurs reprises l' argument, comme quoi l'appréciation de la valeur du dollar n'est pas un si grand mal, parce que les fabricants peuvent acheter l'équipement dont ils ont besoin moins cher des États-Unis. C'est un argument ténu dans le meilleur des cas, mais il est pratiquement fallacieux pour nos membres, car un fort pourcentage d'entre eux achètent leur équipement en Europe. La valeur de l'euro s'est appréciée parallèlement à la valeur du dollar canadien, éliminant ainsi l'avantage d'un équipement meilleur marché, alors que les ventes se font en grande partie en dollars américains.
Passons maintenant au coût élevé de l'énergie. Nos membres ont fait un travail remarquable pour obtenir une efficacité maximum de leur exploitation, très supérieure aux améliorations apportées dans l'ensemble du secteur manufacturier.
Industrie Canada rapporte que les gains de productivité du secteur du bois dépassent ceux de la plupart des industries canadiennes. Les producteurs de bois ont amélioré leur efficacité énergétique de 17 p. 100 depuis l'an 2000, comparativement à 3 p. 100 à peine pour l'ensemble du secteur manufacturier. Pourtant, les profits ne suivent pas. Cela n'est évidemment pas viable et si les coûts des intrants continuent de monter, comme c'est le cas récemment, des centaines, voire des milliers d'entreprises et les collectivités qui en dépendent devront prendre des décisions très pénibles.
Et comme si cela ne suffisait pas, vers le milieu de la prochaine décennie, il ne restera peut-être plus de forêts en Colombie-Britannique, à cause de l'infestation du dendroctone du pin. Si elle n'est pas contrôlée, cette infestation pourrait s'étendre à l'Alberta et même au reste du Canada.
La mondialisation, peu importe comment vous la définissez, représente un vaste éventail de possibilités et de défis. Nous pouvons parler du potentiel énorme des nouveaux marchés en Chine, et cela peut être tentant pour les gouvernements de rechercher un autre grand marché comme solution aux problèmes actuels, mais le fait est qu'il y a beaucoup de travail à faire pour changer la culture de la construction dans les nouveaux marchés, pour qu'ils acceptent le bois qui n'est pas un matériau traditionnel, alors qu'ici chez nous un vaste marché non exploité nous attend, le marché non résidentiel auquel Marta faisait référence tout à l'heure.
Les édifices publics et les projets d'immeubles bas commerciaux en Amérique du Nord peuvent consommer une valeur de 12 milliards de dollars de bois par an sans changer quoi que ce soit au code de bâtiment actuel, pourtant certaines politiques d'approvisionnement existent encore préférant l'acier importé — un produit qui répand des tonnes de CO2 dans l'atmosphère — plutôt que le bois canadien fait-maison qui réduit les émissions de CO2 dans l'atmosphère, ainsi que les coûts de chauffage et de refroidissement pendant la durée de vie du bâtiment.
La disponibilité ou l'absence de disponibilité de travailleurs qualifiés est un problème qui préoccupe de plus en plus nos membres et les employeurs de tout le pays. Dans certaines de nos usines, il va y avoir un roulement de 50 à 60 p. 100 au cours des cinq à sept prochaines années en raison des départs à la retraite, et chez les jeunes Canadiens qui sont censés remplacer ces travailleurs, le taux de décrochage scolaire atteint presque des records.
Il y a donc là une grave faille dont il faut s'occuper. Il faut dire cependant que le plan du gouvernement pour améliorer et accélérer l'acceptation des titres de compétence étrangers constitue un pas dans la bonne direction, et si nous comprenons bien, il y a des questions qui doivent se régler au niveau fédéral en ce qui concerne l'immigration alors que l'accréditation des médecins et des ingénieurs, par exemple, relève essentiellement de la compétence provinciale.
Ayant passé dix ans à travailler comme ingénieur avant d'entrer au Conseil canadien du bois, j'ai pu voir directement à quel point il peut être frustrant pour toutes les personnes concernées — les employeurs, les travailleurs et les familles — de constater que des néo-Canadiens ne peuvent pas exercer leur métier dans leur domaine de qualification surtout en raison de règlements injustifiés ou d'une surréglementation dans des domaines comme celui-ci.
Que peut faire le gouvernement canadien pour aider cette industrie qui représente 3 p. 100 du PIB du Canada — 10 p. 100 en Colombie-Britannique — et qui emploie plus de 300 000 Canadiens? Il y a plusieurs choses.
Premièrement, il faut comprendre que notre industrie se débat pour survivre face à des défis qui l'assaillent de toutes parts, et il faut nous engager à aider l'une des pierres angulaires de la culture et de l'économie du Canada en poursuivant l'engagement du précédent gouvernement d'appuyer cette industrie et de l'aider à promouvoir l'utilisation du bois canadien dans la construction.
Deuxièmement, il faut comprendre que le bois est le seul produit de construction qui enlève du carbone de l'atmosphère, alors qu'il est prouvé que le béton, l'acier et le plastic ont des répercussions bien pires sur l'environnement en raison de la consommation d'énergie, et nous devons nous engager à appuyer la construction en bois par le biais de programmes tels que le programme d'investissement dans le développement des marchés d'exportation du MAECI et le programme d'exportation de bois canadien de NRCan.
Troisièmement, il faut comprendre que notre industrie subit un fardeau de réglementation excessif à tous les paliers de gouvernement et nous engager à réduire ces obstacles superflus et malsains à notre succès. Aux États-Unis, par exemple, l'industrie du bois peut rédiger et mettre en oeuvre une nouvelle norme de construction en bois à un coût minime en quelques jours, alors qu'au Canada le même processus nécessite des investissements considérables de temps et d'argent, souvent pour aboutir au même résultat. Nous savons que l'initiative de réglementation intelligente du gouvernement est un pas dans la bonne direction, et nous avons hâte de la voir porter ses fruits. Mais il faut poursuivre le travail, notamment là où les réglementations fédérale, provinciale et municipale s'opposent.
Quatrièmement, il faut comprendre que littéralement des dizaines de milliards de dollars et des centaines de milliers d'emplois sont menacés. Il est vrai que le Canada est une nation d'exportateurs, mais il est tout aussi vrai que nous n'exportons pas seulement que du pétrole.
Pour conclure, permettez-moi de rendre hommage aux hommes et aux femmes de notre secteur qui ont réussi à survivre dans la conjoncture actuelle et qui devancent encore la plupart des autres industries en matière de gains de productivité. La construction en bois peut et doit jouer un rôle plus important dans la lutte contre les changements climatiques. N'oubliez pas que chaque mètre cube de bois qui remplace le béton dans la construction enlève une tonne de carbone de l'atmosphère.
Le Conseil canadien du bois se ferait un plaisir de vous donner plus de précisions sur la façon dont les politiques d'achat du gouvernement pourraient être améliorées de façon à encourager le meilleur produit de construction écologique qui soit: le bois canadien.
Enfin, nous n'avons même pas parlé de l'importance essentielle de la construction résidentielle, le pilier de l'économie nord-américaine, pour notre industrie. Avec le ralentissement des mises en chantier qui se précise actuellement, on peut dire que les pressions qui s'exercent sur notre secteur ne vont faire que s'aggraver.
Monsieur le président, je vous remercie de nous avoir donné l'occasion de nous adresser à vous aujourd'hui. Je souhaite vous offrir mon aide partout où c'est possible pour essayer de surmonter ces énormes défis. Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Mesdames et messieurs les témoins, merci d'être parmi nous aujourd'hui et de nous donner un aperçu très vaste des défis auxquels son t confrontées vos industries. Je partage, comme mes collègues, votre inquiétude face à la hausse du dollar canadien et à ses répercussions sur vos secteurs et d'autres.
À propos de cette hausse du dollar, pourriez-vous l'un ou l'autre, ou tous les deux, nous dire ce que le passage d'un dollar à 65 cents à un dollar à 90 cents a signifié pour vos industries en matière de licenciements? C'est ma première question.
Deuxièmement, je voudrais savoir comment votre industrie réagit en améliorant sa productivité et en réalisant les achats suggérés il y a quelques semaines par la Banque du Canada pour compenser ou neutraliser ce phénomène.
Je voudrais enfin vous poser une dernière question, madame Morgan, si vous me le permettez. Il faudrait , dîtes-vous, intensifier la concurrence dans l'industrie ferroviaire, mais vous donnez à entendre que, compte tenu de la situation de vos membres associés au plan international — ils ont une envergure relativement limitée — vous n'avez pas encore eu l'occasion de vous pencher sur les lacunes de la Loi sur la concurrence. Mais ne pensez-vous pas qu'il y a là une certaine contradiction? Si vous demandez l'autorisation de consolider votre industrie en créant des organisations beaucoup plus importantes pour affronter la concurrence internationale — ce que la Loi sur la concurrence vous autorise actuellement à faire, je crois — pourquoi ne serait-ce pas un problème alors que vous dites d'un autre côté que vous vous inquiétez du regroupement des industries ferroviaires qui ont un quasi-monopole?
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Merci, monsieur le président.
Pour répondre à votre première question, il est très difficile d'attribuer les pertes d'emploi à la hausse du dollar. Je pense que dans notre secteur, nous avons eu 11 000 pertes d'emploi au cours des trois dernières années. Dans l'ensemble du secteur manufacturier au Canada, ce sont 100 000 emplois qui ont disparu l'année dernière. Ce secteur est manifestement confronté à toutes sortes de défis qui se traduisent par des pertes d'emploi, et le dollar joue un rôle particulièrement important à cet égard dans notre secteur, surtout dans l'industrie des pâtes et papiers, qui subit aussi les contrecoups de la hausse du coût de l'énergie et d'autres défis du marché, auxquels elle a beaucoup de difficulté à réagir.
Pour ce qui est des arguments au sujet de la productivité que présente la Banque du Canada en disant que nous devrions investir plus dans les biens d'équipement, Shawn a bien expliqué que la logique habituelle ne s'applique pas à notre secteur; nous ne faisons pas d'économie sur nos biens d'équipement quand le dollar monte parce que nous achetons cet équipement principalement en Europe. Je crois que sur un plan plus général, l'industrie réalisera ce genre d'investissements et achètera des biens d'équipement le jour où l'on aura le sentiment que notre économie est favorable à long terme à ce genre d'activité.
Dans le secteur manufacturier et dans notre propre secteur, je pense que les industriels ont tendance à se tourner vers le sud pour leurs investissements. À cause de cette hausse du dollar, au lieu d'acheter normalement du matériel au Canada et de l'utiliser au Canada, on l'installe au sud de la frontière. Par conséquent, on prend les décisions en fonction de la devise au lieu de les fonder sur des éléments de compétitivité fondamentale, tant que le niveau du dollar se maintient dans cette zone.
Donc, la question pour le gouvernement, c'est de savoir ce qu'il peut faire face à cette situation. Il s'agit d'essayer de créer le climat le plus positif possible pour encourager ce genre d'investissements au Canada.
Shawn, vous voulez faire un commentaire sur ces deux points avant que je passe à la question de l'industrie ferroviaire?
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Je suis heureuse que vous ayez posé cette question, car je pense que c'est l'une des choses vraiment intéressante au sujet de cette industrie. L'industrie des produits forestiers a vraiment le potentiel pour devenir et être une industrie vraiment durable, qui se régénère, et nous sommes déjà sur cette voie. Naturellement, il y a encore des choses à faire, mais nous sommes bien sur cette voie.
L'énergie renouvelable en est un élément, tant en ce qui concerne le bois, pour ce qui est des propriétés inhérentes du produit, que pour ce qui est de la production. Nous sommes de plus en plus en mesure d'utiliser chacune des fibres que nous obtenons dans nos procédés de production et de maximiser son utilisation, soit en la transformant en produits, soit en la transformant en énergie. Nous savons que nous pouvons aller encore plus loin à cet égard. La bioénergie dans le secteur des pâtes et papiers, par exemple, a beaucoup aidé le secteur à faire face aux coûts élevés de l'énergie, car elle a remplacé les combustibles renouvelables.
La question que nous nous posons, puisque nous l'avons fait en partie dans le secteur des pâtes et papiers, en générant 60 p. 100 de nos besoins énergétiques grâce à notre processus de production est de savoir comment nous pouvons aller plus loin. Pouvons-nous le faire plus rapidement?
Il faudrait des incitatifs pour l'investissement en capital, car de façon générale, c'est un changement au niveau de l'équipement qui nous permet de passer à des sources d'énergie renouvelable. Donc, en ce qui concerne les mesures d'encouragement pour les dépenses d'équipement, nous avons travaillé fort avec votre gouvernement et avec le gouvernement précédent afin de nous assurer que la déduction pour amortissement accéléré pour l'équipement qui nous permet de produire de l'électricité s'applique à notre secteur. Elle ne s'appliquait pas à notre secteur par le passé, et nous travaillons avec le gouvernement actuel pour mettre en place ce règlement. Nous pensons qu'il serait possible de faire davantage, et qu'il y aurait une bonne participation de l'industrie si des mesures d'encouragement étaient offertes sans effet sur marché pour la mise en place d'énergie et de production renouvelables.
Par ailleurs, nous sommes d'avis que nous devons faciliter l'accès au réseau. Nous nous voyons comme pouvant devenir un producteur net d'énergie et participer à la production. Nous devons être en mesure d'obtenir des taux du marché pour cette énergie et nous brancher au système à un taux qui nous donne une rémunération adéquate.
En ce qui a trait à votre deuxième question, le libre-échange avec la Corée, nous appuyons une entente de libre-échange avec la Corée. Cela pourrait être avantageux pour notre industrie sur le plan des réductions de tarifs et cela pourrait aussi accélérer le travail qui se fait avec la Corée en ce qui concerne les normes et les codes de construction qui feront en sorte qu'il sera plus facile pour nous de vendre nos produits sur le marché coréen. Cela dit, je pense que nous devons reconnaître que l'Asie est un débouché très prometteur pour nous, qu'en Corée -- et j'ajouterais, en Chine — les dépenses en capital sont considérablement subventionnées, ce qui peut créer des distorsions importantes sur les marchés mondiaux si on n'en tient pas compte pour ce qui est de créer un investissement en capital excessif qui fait baisser les prix à l'échelle mondiale.
Je pense que dans le cadre de nos accords de libre-échange, nous devons trouver le moyen de régler certains de ces problèmes plus difficiles, et je ne connais pas la réponse. J'aimerais bien avoir une réponse à vous donner. Je crois cependant que ce sont-là les prochaines difficultés auxquelles nous serons confrontés, certainement dans notre industrie.
En ce qui concerne votre troisième question au sujet des réductions d'impôt dans le budget, nous étions très heureux de l'élimination de l'impôt sur le capital. Je pense que tout le monde savait que c'était vraiment un impôt stupide et que le temps était venu de l'éliminer. Nous étions donc très heureux que cela se fasse. Est-ce que nous avons fait assez? Je ne pense pas que nous ayons fait assez pour ce qui est des impôts sur l'investissement en capital. Ces impôts sont toujours assez élevés par rapport à ceux que doivent payer nos concurrents, et étant donné les défis auxquels nous sommes confrontés, je pense que c'est-là une question qui doit être vraiment prioritaire.
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Merci, monsieur le président, et merci beaucoup de votre exposé très complet qui aborde certains des problèmes.
Je suis d'accord avec vous lorsque vous dites qu'il ne fait aucun doute que votre secteur s'en est assez bien sorti malgré tous les défis auxquels vous avez été confrontés sur le plan de la productivité et de certaines choses que vous faites. Examinons un peu les défis dans certains domaines. Je conviens que nous devrions faire tout en notre pouvoir en ce qui a trait aux mesures d'encouragement concernant l'énergie, pour promouvoir le bois non seulement ici mais partout dans le monde.
Je suis allé en Chine, au Moyen-Orient et ailleurs et je sais que les gens veulent des produits du bois canadien. Que l'on utilise ou non un instrument de libre-échange, il y a manifestement des défis à relever. La Corée en est un, car ils veulent peut-être notre bois, mais nous ne voulons pas nécessairement leurs voitures à moins qu'ils soient prêts à nous donner accès. Je pense qu'il faut gérer ces questions sectorielles. Il ne fait aucun doute que nous devons regarder au-delà des États-Unis qui est notre plus important marché, et je pense que le monde entier désire acheter du bois canadien, pour toutes les raisons que vous avez données.
Permettez-moi cependant d'aborder deux sujets.
Même si nous ne pouvons faire quoi que ce soit au sujet du dollar, je me demande ce que nous pouvons faire pour atténuer le problème. Même la Banque du Canada l'a dit, et tout le monde le pense, la valeur du dollar va continuer à augmenter, alors quel instrument pouvons-nous utiliser? Pouvons-nous utiliser les impôts? Pouvons-nous utiliser la déduction pour amortissement? Et devrions-nous voir avec quelle rapidité et dans quelle mesure nous pouvons permettre certains changements afin que vous puissiez continuer d'être aussi productifs que possible?
J'aimerais que vous me parliez des ressources humaines dans votre secteur, car tous les secteurs qui sont venus témoigner devant notre comité, qu'il s'agisse du secteur de l'automobile, du secteur du bâtiment, du secteur manufacturier, ils ont tous dit que d'ici sept à dix ans nous serons confrontés à un défi incroyable. Peu importe le genre d'économie qu'on veut mettre en place; on peut avoir tout le capital au monde, et toute la technologie, mais si on n'a pas les gens, on n'a rien. Par conséquent, j'aimerais savoir ce que nous devons faire sur le plan des ressources humaines pour attirer et garder toute une main-d'oeuvre partout au Canada? Afin de maintenir une industrie prospère, nous devons trouver les gens qui voudraient peut-être travailler dans ce domaine.
Pouvez-vous nous parler un peu du genre de déduction pour amortissement que nous devons mettre en place, et dans quels délais et dans quelle mesure, afin d'atténuer le problème? Qu'allons-nous faire au sujet des coûts de l'énergie? Et que pouvons-nous faire pour relever les défis auxquels votre secteur fait face sur le plan des ressources humaines? Quelles sont certaines des mesures d'encouragement que nous pouvons mettre en place ou quelles sont les choses que nous devons faire pour nous assurer que vous avez la main-d'oeuvre pour travailler dans ce secteur très productif?
Deuxièmement, en ce qui concerne l'impôt sur les investissements de capitaux, je crois comprendre, d'après ce que me disent les attachés de recherche, qu'il s'agit d'un impôt sur les biens d'équipement pour les procédés de production fournis à même le capital investi par la société. Mais très peu de témoins l'ont mentionné. Pourriez-vous par conséquent nous indiquer précisément ce que vous voulez dire et à quel niveau vous aimeriez qu'il se situe pour que vous puissiez faire concurrence aux autres industries forestières à l'échelle internationale?
Par ailleurs, en ce qui concerne le crédit d'impôt à l'investissement, j'ignore si vous avez fourni des précisions à cet égard dans votre trousse d'information, mais vous pourriez, si vous le voulez, nous fournir des précisions à ce sujet.
Troisièmement, en ce qui concerne la liqueur noire et la déduction pour amortissement, un certain nombre de témoins ont soulevé la question de la déduction pour amortissement. NEC a proposé une période d'amortissement de deux ans. Votre industrie considère-t-elle cela acceptable ou préféreriez-vous quelque chose d'autre?
En ce qui concerne la liqueur noire de même que les énergies renouvelables, si vous avez d'autres précisions... En fait, j'ai visité une usine de Prince George et j'ai vu la liqueur noire. On m'a expliqué précisément comment...