Nous allons maintenant laisser la parole à nos témoins. Nous accueillons cinq témoins aujourd'hui, et nous disposons de deux heures.
Je rappelle aux membres du comité que nous aurons des votes. Je pense que nous avons deux heures de vote ce soir et nous devrons donc terminer au plus tard à 17 h 30.
Chaque témoin aura cinq minutes pour faire une déclaration préliminaire et ensuite nous passerons directement aux questions des membres du comité.
Je vais rapidement présenter les témoins. Il y a M. Robert Proulx, président de Télécommunications Xittel Incorporée. Ensuite, nous accueillons Mme Patricia MacDonald, une avocate qui travaille au Centre pour l'intérêt public en Colombie-Britannique. Le troisième témoin est Mme Phyllis Gordon, directrice exécutive du ARCH Disability Law Centre. Ensuite, il y a Mme Sophie Léger, porte-parole de la Coalition québécoise de fournisseurs d'accès Internet. Enfin, nous accueillons M. Claude Beaudoin, directeur du laboratoire du Bureau d'homologation et de services techniques du Comité consultatif du Programme de raccordement de matériel terminal.
Vous aurez chacun cinq minutes pour votre déclaration préliminaire. Nous allons suivre l'ordre indiqué dans l'ordre du jour.
Monsieur Proulx.
:
Bonjour et merci de m'avoir invité à comparaître devant vous.
Je m'appelle Robert Proulx et je suis président de Télécommunications Xittel, un fournisseur de services à large bande qui se spécialise dans la desserte des communautés rurales. Nous y offrons la téléphonie par IP et Internet. Nous desservons présentement plus de 50 communautés au Québec et en Ontario. Notre plan d'affaires prévoit l'ajout de 100 nouvelles communautés en 2007-2008. Dans la plupart des cas, nous avons déjà signé des ententes avec les communautés en vue de les desservir. Dans la majorité des cas, nous desservons des communautés où il n'y a à part nous aucun fournisseur de services à large bande pour le moment.
Au Québec, nous avons contribué au développement du programme Villages Branchés, à qui on doit des investissements de près de 220 millions de dollars et la construction de 20 000 km de fibre optique. Nous avons eu le privilège d'être impliqués dans la conception, de même qu'à titre d'ingénieurs, de transporteurs et d'opérateurs dans le cas de 25 p. 100 de ces déploiements.
En 2001, nous avons reçu le prix IWAY de CANARIE pour notre contribution au développement des réseaux privés de fibre optique pour les universités et les établissements d'enseignement. Plus récemment, nous avons conclu un partenariat avec le gouvernement de l'Île-du-Prince-Édouard pour bâtir et exploiter un réseau provincial de près de 500 km qui desservira les bâtiments gouvernementaux ainsi que les communautés de l'île qui n'ont pas encore accès à Internet à large bande.
Le fait de comparaître vers la fin des audiences nous a permis de lire les 262 pages de transcriptions du comité, qui, je vous l'assure, marqueront l'histoire des télécommunications canadiennes. Nous avons atteint un point tournant dans cette histoire. En effet, le niveau de concurrence croissant dans les marchés urbains suscite un sentiment d'injustice chez certains anciens monopoles, et ceux-ci veulent être déréglementés tout de suite.
Toutefois, il ne faudrait pas perdre de vue que le marché comporte des joueurs autres que les anciens monopoles de téléphonie et de câblodistribution. Des joueurs tels que Télécommunications Xittel inc. apportent une contribution réelle à la société en assurant le déploiement de nouvelles infrastructures de télécommunication à large bande dans les régions rurales qui ont été et continuent d'être mal desservies par les joueurs actuels. On ne voit pas comment il pourrait y avoir dans l'avenir un meilleur retour sur investissement, alors qu'il n'y en avait pas il y a quelques années.
Nous avons pu lire que le comité s'apprêtait à transmettre une lettre au ministre en vue d'aiguiller ses recommandations sur le test à appliquer en vue de céder la place à la déréglementation accélérée de la téléphonie locale. Nous avons ici des revendications à vous faire. Nous avons lu également que le comité s'était fait demander par le ministre Bernier de rédiger un rapport exhaustif proposant une analyse de chacune des recommandations du groupe d'étude. Nous avons aussi à cet égard des revendications à vous faire.
Nous vous remettrons sous peu un mémoire qui, nous l'espérons, sera d'une certaine utilité lorsque viendra le temps de rédiger votre lettre et votre rapport. Si vous le permettez, j'aimerais vous faire part immédiatement de certaines de nos revendications. Celles-ci ont d'ailleurs été exprimées au ministre Bernier lors de son passage à Trois-Rivières.
Nos positions sont les suivantes. La concurrence en téléphonie locale ne devrait être permise qu'à la suite de l'élimination des barrières à l'entrée d'interconnexions et à la disponibilité concurrentielle d'infrastructures démontrées comme étant parfaitement substituables. Il est utopique de penser qu'une entreprise comme Xittel pourra se doter, tel qu'exigé par les entreprises dominantes, d'équipements totalisant plusieurs millions de dollars pour s'interconnecter au réseau public, et ce, pour desservir quelque milliers de clients, comme le veut notre objectif.
Les technologies qui permettent une interconnexion à faible coût existent et sont d'ailleurs utilisées par ces entreprises dominantes, mais on exige des nouveaux arrivants qu'ils investissent dans une technologie très dispendieuse, ce qui constitue une barrière à l'entrée pour les petits joueurs qui évoluent dans les milieux ruraux.
Par ailleurs, le CRTC et le Bureau de la concurrence doivent reconnaître que l'accès aux structures est le nerf de la concurrence, et qu'il ne sert plus à rien de continuer à déréglementer si l'enjeu principal n'est pas d'assurer la continuité des conditions favorables à la construction de nouvelles infrastructures. Ici, je vais vous donner un exemple. Dans le cadre d'un projet que nous sommes en train de réaliser à l'Île-du-Prince-Édouard, on refuse sans raison de nous donner accès à 500 km de fibre. La raison est simple: si le projet est retardé suffisamment, les profits générés par l'entreprise dominante vont être suffisants pour payer des frais d'avocat.
Le Bureau de la concurrence doit démontrer concrètement une empathie pour les entreprises qui construisent de nouvelles infrastructures en les protégeant des abus de dominance des anciens monopoles. En outre, le gouvernement doit se doter d'objectifs de concurrence pour les milieux ruraux et élaborer une stratégie permettant d'atteindre ces objectifs afin d'assurer que les marchés régionaux et ruraux cessent de faire l'objet de détournements de fonds ayant pour but de financer les efforts de concurrence en milieu urbain.
Nous croyons également que le gouvernement doit intervenir pour donner un cadre réglementaire efficace au transport de données par fibre optique sur de grandes distances. Dans les marchés régionaux et ruraux, il fait l'objet de peu de concurrence.
Les Îles-de-la-Madeleine constituent un exemple parfait. On y paie 10 fois plus pour se raccorder au réseau public, alors que le câble sous-marin a été installé grâce à des investissements publics des gouvernements provincial et fédéral. Nous considérons que cela est inacceptable.
Nous croyons que le gouvernement doit donner suite aux diverses recommandations du groupe d'étude qui sont favorables à la concurrence, incluant faire tout en son pouvoir pour assurer l'accès rapide et abordable aux structures de soutènement et aux autres infrastructures essentielles. Notre survie en dépend.
Je vous remercie.
:
Je remercie le comité de nous offrir l'occasion de lui faire part de nos observations.
J'ai le privilège et la responsabilité de représenter les consommateurs les plus vulnérables — les aînés, les personnes handicapées, les bénéficiaires d'aide sociale et les locataires.
Le service téléphonique de base est un service essentiel. Le téléphone relie l'abonné à sa famille, ses amis, son employeur et une foule de fournisseurs, dont le gouvernement, les médecins et les services d'urgence. Il est crucial que tous les Canadiens aient accès à ce service essentiel.
Bon nombre des consommateurs que je représente sont des personnes à revenu fixe. Les augmentations des coûts du service téléphonique dont ils ont absolument besoin accaparent un pourcentage plus important de leurs revenus mensuels que celui des personnes présentes ici. Pour les consommateurs à faible revenu, l'accès à des services téléphoniques abordables est d'une importance primordiale. Alors que beaucoup de consommateurs demandent qu'on leur offre des choix et se disent disposés à payer une prime, les personnes à faible revenu n'ont pas ce luxe. Ces consommateurs sont le moins susceptibles d'avoir accès à des services autres que le service téléphonique réglementé.
J'ai représenté cet organisme voué à la défense des personnes à faible revenu lors des dernières audiences du CRTC sur le plafonnement des prix. La preuve présentée à ces audiences a démontré que la vaste majorité des Canadiens — plus de 92 p. 100 — sont abonnés au service de téléphone de fournisseurs monopolistiques réglementés.
Il existe deux solutions de rechange au service réglementé: le service de voix sur protocole Internet, ou le VoIP, accessible par câble et ordinateur et le service de téléphone mobile. La technologie VoIP, encore à ses balbutiements, représente environ 4,5 p. 100 du marché en Colombie-Britannique et en Alberta, les deux provinces que je connais le mieux. Depuis cinq à dix ans, les consommateurs ont la possibilité de s'abonner au service de téléphone mobile. En Colombie-Britannique et en Alberta, seulement 5 ou 6 p. 100 des consommateurs s'y sont abonnés.
Pourquoi la vaste majorité des Canadiens préfèrent-ils leur service téléphonique réglementé?
Examinons les coûts. En Colombie-Britannique, le service téléphonique réglementé, qui comprend un nombre illimité d'appels locaux, coûte entre 23 et 29 dollars par mois. Dans cette province, le plus important câblodistributeur a offert pour 55 dollars par mois, environ le double du prix du service téléphonique réglementé, un forfait qui inclut un nombre illimité d'appels locaux. Les consommateurs qui ne veulent pas d'options ou qui n'ont pas les moyens de se les payer garderont leur service téléphonique réglementé.
Le prix du service de téléphone mobile n'est pas comparable non plus. Un consommateur doit se procurer un téléphone mobile, puis s'abonner à un forfait mensuel de minutes ou à un forfait prépayé. Ces deux types de forfait coûtent cher. Vous conviendrez de la véracité de cette affirmation, j'en suis sûre, en consultant vos propres relevés mensuels de service de téléphone mobile. Selon un sondage effectué par Telus, les consommateurs dépensent 79 dollars par mois en moyenne pour leur service de téléphone mobile.
La preuve présentée aux audiences a également révélé d'autres problèmes à part celui de la tarification. Dans le cas des téléphones mobiles, les personnes âgées ou handicapées ne savent pas toujours comment s'en servir; les familles doivent se procurer plusieurs téléphones lorsqu'elles changent de service; les consommateurs doivent avoir une cote de crédit raisonnable ou déposer une importante somme d'argent; et les forfaits prépayés ont un usage limité.
Dans le cas du VoIP, encore une fois, les personnes âgées ou handicapées ont parfois de la difficulté à se servir d'un ordinateur; le service 911 est peu fiable; le service ne fonctionne pas en cas de panne d'électricité. Les consommateurs à faible revenu n'ont pas les moyens de se payer un ordinateur.
Il est faut de prétendre que la présence de la concurrence permet la concurrence. Même s'ils peuvent s'abonner à un service de téléphone mobile ou au VoIP, 92 p. 100 des Canadiens ne l'ont pas fait. Nous avançons cet argument parce que le service et la tarification des services de rechange ne sont pas encore comparables, d'où l'absence de concurrence.
Une certaine concurrence est peut-être en train de voir le jour, mais d'ici à ce qu'elle existe dans des faits, les consommateurs devraient continuer de profiter de la protection du régime réglementaire conçu pour faire en sorte que tous les Canadiens aient accès à un service téléphonique fiable et abordable.
Si cela tombe dans l'oreille d'un sourd, et si le service téléphonique cesse d'être réglementé, les modalités de ce service cesseront elles aussi d'être réglementées. Les compagnies de téléphone pourront les reformuler à leur guise, ce qui risque de défavoriser les consommateurs. En Colombie-Britannique, par exemple, Telus vous envoie une facture de 120 dollars pour l'annulation de votre abonnement; c'est une somme considérable et une mesure tendant à décourager un changement de fournisseurs.
Nous avons une loi sur la protection des consommateurs en Colombie-Britannique, mais la position adoptée par le gouvernement provincial est que les consommateurs qui ont des difficultés avec leur service téléphonique, leur service Internet ou leur service de téléphone mobile ne sont pas protégés en vertu de cette loi puisque ces services relèvent de la compétence du gouvernement fédéral. Or, il n'existe pas de loi fédérale de protection des consommateurs.
Cela signifie que vous devez vous adresser aux tribunaux en cas de différends avec votre compagnie de téléphone. En Colombie-Britannique, un consommateur qui dépose une plainte contre une compagnie de téléphone au sujet des frais d'annulation de 120 $ dont je viens de parler, par exemple, serait tenu de verser 100 $ pour faire instruire son cas par un tribunal. Il s'agit-là de toute évidence d'une somme disproportionnée par rapport à la plainte. Les consommateurs à faible revenu n'auraient pas les moyens de payer cette somme.
Si le gouvernement décide d'aller de l'avant avec la déréglementation, il doit veiller à ce que les consommateurs bénéficient de la protection d'une loi provinciale ou fédérale. Tous les consommateurs méritent cette protection.
Merci.
:
Merci beaucoup de nous donner l'occasion de comparaître.
Pour commencer, j'aimerais dire quelques mots au sujet du handicap au Canada et vous dire que tout Canadien peut à un moment donné avoir un handicap. Plusieurs personnes ont toujours eu un handicap alors que d'autres peuvent avoir un handicap à la suite d'un accident ou d'une maladie et ce handicap peut être temporaire ou permanent. Le vieillissement entraîne aussi son lot de déficiences diverses des fonctions qui se solde souvent par un handicap permanent.
Peu importe l'origine du handicap, les gens souhaitent vivre dans la plus grande indépendance possible.
Au Canada, environ 16 p. 100 des personnes de plus de 15 ans ont un handicap. Chez les adultes de plus de 65 ans, environ 42 p. 100 ont un handicap. Environ 23 p. 100 de la population du Canada aura plus de 65 ans en 2040, comparativement à 12 p. 100 en 1995. De plus, les aînés canadiens vivent plus longtemps que jamais auparavant et en vieillissant, ils risquent davantage d'avoir un handicap. L'augmentation du nombre de personnes âgées au sein de la population met en lumière l'importance de replacer le handicap au coeur des questions et non de le laisser en périphérie.
Les personnes handicapées sont déterminées à exiger respect et dignité et à participer à tous les aspects de la vie canadienne. La clé de cette participation est un accès égal aux télécommunications. Les obstacles courants aux télécommunications seraient trop longs à décrire et je me contenterai de faire quelques observations au sujet des problèmes qui se posent aux personnes handicapées.
Il est important de se rappeler que les problèmes des personnes handicapées pour utiliser les télécommunications sont diversifiés parce que les handicaps sont également diversifiés. La difficulté pour se situer au niveau de l'utilisation d'un terminal et peut également être d'établir des connexions dans le réseau. Les problèmes concernant les terminaux comprennent l'incapacité de voir les inscriptions et l'affichage, l'incapacité d'entendre la sonnerie ou le discours reçu et l'incapacité d'utiliser l'appareil et ses commandantes.
Par exemple, les personnes ayant peu de capacité à contrôler les mouvements de la main n'ont pas suffisamment de motricité pour utiliser un clavier comportant de petites touches et un espace réduit entre les touches. Les personnes ayant une faiblesse et des douleurs articulaires chroniques pourraient avoir du mal à appuyer sur les touches et même à activer et à désactiver le téléphone.
Tous ces problèmes peuvent être réglés ou à tout le moins atténués avec un équipement terminal approprié. Toutefois, il est fréquent qu'aucun équipement approprié ne soit disponible. La situation peut être perçue comme une incapacité du marché qui justifierait une intervention de l'organisme de réglementation.
Les problèmes de connexion au réseau sont souvent reliés au terminal jusqu'à un certain point. Les personnes qui s'expriment avec lenteur ou irrégularité trouvent qu'elles sont fréquemment interrompues à cause de la vitesse et de l'inflexibilité des services automatisés et l'obligation de faire vite les traumatisent.
Pour les personnes handicapées, l'accès au réseau téléphonique dépend du fonctionnement du terminal autant sinon plus que du fonctionnement du réseau lui-même. Donc, il ne servirait pas à grand-chose de faciliter l'accès des personnes handicapées aux services de télécommunication ou de songer à un service universel à moins de réglementer également l'équipement terminal.
J'aimerais vous entretenir très brièvement du rapport du Groupe d'étude sur le cadre réglementaire des télécommunications et ce, surtout parce que dans ses recommandations en ce qui concerne une nouvelle loi sur les télécommunications, il indique clairement que pour améliorer le bien-être des Canadiens et renforcer le caractère inclusif de la société canadienne, il faudrait ajouter l'objectif de faciliter l'accès des personnes handicapées aux télécommunications.
Un premier commentaire au sujet de ce rapport est que la liste des objectifs sociaux qu'on recommande d'inclure à l'article 7 est restreinte, ce qui limite la possibilité de réglementer le bien commun concernant des questions qui ne sont pas évidentes pour le moment. C'est pourquoi nous attirons votre attention sur cette partie du rapport sur le cadre réglementaire des télécommunications.
Deuxièmement, ce rapport dit qu'il faudrait faciliter l'accès des personnes handicapées aux télécommunications. À notre avis, cela n'est pas conforme aux normes établies dans les droits canadiens en fait, la politique devrait être d'assurer l'accès au service de télécommunications à tous y compris aux Canadiens handicapés.
Il y a deux recommandations de ce rapport qui sont très importantes et que nous aimerions souligner. La première est la recommandation 2-6, qui propose que le CRTC soit habilité à réglementer directement tous les fournisseurs de services sans choisir.
La deuxième concerne l'élaboration d'une application uniforme de la politique en modifiant les législations fédérales pertinentes pour s'assurer que tous les ministères et organismes gouvernementaux qui ont des responsabilités en matière de télécommunication appliquent la politique uniformément. Cette application uniforme de la politique est très importante pour les personnes handicapée parce que c'est ainsi qu'elles auront un jour un équipement terminal accessible. Il est essentiel qu'Industrie Canada soit assujetti également à une telle réglementation.
Je vous remercie de l'occasion que vous me donnez de venir exprimer les points de vue de la Coalition québécoise des fournisseurs d'accès Internet, que je représente.
Au Québec, les membres de la coalition ont innové avec l'Internet. À la fin des années 1990, les entreprises titulaires se sont approprié de la technologie à haute vitesse, le DSL et le câble modem. Elles ont commencé à restreindre de plus en plus l'accès à leurs infrastructures, qui demeurent encore aujourd'hui aussi essentielles qu'elles l'ont toujours été, aussi bien pour les consommateurs que pour les fournisseurs de services Internet.
Le problème majeur est que, depuis trois ans, les marges possibles en revente de gros sont passées d'acceptables, quand on était sous le régime de basse vitesse, à totalement inacceptables ou même absentes pour les produits haute vitesse.
Cela s'explique par le fait que la haute vitesse est encore aujourd'hui commercialisée comme un produit d'attraction chez les anciens monopoles, qui financent naturellement leurs opérations grâce à leurs anciens services, pour lesquels ils ont encore le monopole et qui génèrent énormément de profits.
C'est pourquoi on remarque tous que depuis 10 ans, ni les factures de téléphone ni les factures de câble que l'on paie n'ont diminué. Au contraire, elles augmentent graduellement pour financer les activités non profitables des câblodistributeurs et des compagnies titulaires.
Nous ferons, nous aussi, une étude exhaustive des 127 recommandations du groupe d'étude et nous vous la ferons parvenir pour vous aider dans l'élaboration de votre rapport.
Dans le cas des fournisseurs de services Internet, la coalition ne peut se prononcer sur l'efficacité ou le rôle que le CRTC a joué à l'égard de la radio et de la télévision, car c'est un domaine qu'on ne connaît pas.
Par contre, dans le cas de l'Internet, le CRTC et les membres à qui nous avons eu affaire au cours des sept dernières années nous ont grandement aidés, à un point tel qu'il y a deux ou trois ans, les membres du CRTC nous ont dit qu'ils avaient les mains liées par la pression et le lobby intensif et très efficace des compagnies titulaires auprès des gens de la Colline parlementaire, qui se rendent jusqu'au CRTC. Ils nous ont recommandé de poser des gestes plus politiques pour arriver à faire passer nos messages. Pour nous, le CRTC a joué son rôle, surtout dans le cas des dernières décisions et directives d'Industrie Canada à l'égard de la déréglementation des services Internet.
Il y a trois points majeurs que j'aimerais exprimer. À la coalition, nous sommes heureux du commentaire qui a été fait à ce comité le 19 février dernier par le ministre de l'Industrie, M. Maxime Bernier. Ce dernier disait que dans toute la réorganisation de l'industrie des télécommunications, on devrait s'assurer de conserver comme ils le sont le service de gros et son accès. Nous avons mis en annexe du document que nous vous avons soumis un extrait du discours de Maxime Bernier. Nous vous laissons le soin de le lire.
Par contre, il y a un fait très troublant qui émane du Bureau de la concurrence. Nous avons inclus des extraits de son témoignage dans notre document. Le Bureau de la concurrence a soumis des preuves dans l'Avis public de télécom CRTC numéro 2006-14. Il a émis des opinions qui nous démontrent qu'il ne peut transmettre des données objectives ni au CRTC ni au tribunal qui devrait être constitué, selon les recommandations du groupe d'étude, simplement parce qu'il en est arrivé à la conclusion que l'industrie des télécommunications devait passer par une concurrence fondée sur les installations des concurrents actuels.
Nous ne savons pas sur quoi le Bureau de la concurrence a fondé son analyse, mais l'expert en économie que nous avons engagé nous a dit tout le contraire. Donc, les dernières démarches du Bureau de la concurrence sont très dérangeantes et démontrent le manque d'objectivité de cet organisme.
Finalement, pour la gouverne des membres du comité, nous avons fait ressortir le lien entre l'industrie du pétrole au détail et l'industrie des télécommunications. S'il y avait une déréglementation et que le CRTC ou le tribunal de la concurrence n'était plus impliqué, les consommateurs pourraient subir le sort qui est le leur aujourd'hui en raison du coût élevé de l'essence, c'est-à-dire que le prix minimum ne serait pas réglementé et que, de ce fait, les consommateurs ne seraient pas protégés du tout.
:
Monsieur le président, membres du comité, je vous remercie de votre invitation à comparaître cet après-midi devant le Comité permanent de l'industrie.
Je suis heureux aujourd'hui d'avoir l'occasion de discuter du Programme de raccordement de matériel terminal, le PRT, et de son comité consultatif, le CCPRT.
[Traduction]
Pendant de nombreuses années le Comité consultatif du Programme de raccordement de matériel terminal, ou CCPRT, a veillé à ce que l'équipement de télécommunication avec fil soit raccordé en toute sécurité au réseau de télécommunications public sans perturber ou dégrader les services fournis à d'autres utilisateurs. Le programme de raccordement de matériel terminal existe pour protéger les réseaux et le personnel des fournisseurs de services de télécommunications et pour veiller à ce que les téléphones vendus au Canada assurent l'accès aux services de télécommunications aux personnes malentendantes. Ce programme s'applique à l'équipement terminal comme les téléphones, les télécopieurs, les modems et les lignes d'abonné numériques, c'est-à-dire l'équipement DSL qui sert à les raccorder par câble ou fil aux réseaux de télécommunications publics.
La décision Télécom CRTC 82-14, rendue en 1982, propose un rôle pour le Programme de raccordement de matériel terminal. Cette décision permettait aux clients de raccorder leurs propres téléphones au réseau de télécommunications public. Le conseil désignait le CCPRT comme étant l'organisme le mieux placé pour élaborer les normes qui permettraient l'application de cette décision.
Industrie Canada, qui s'appelait alors Communications Canada, était le seul organisme autorisé à vérifier et homologuer le matériel terminal. Au fil des années, le programme a évolué tout en rationalisant constamment sa réglementation. Par conséquent, tous les essais sont maintenant exécutés par des laboratoires reconnus du secteur privé. L'homologation a été remplacée par un processus moins lourd, à savoir la déclaration de conformité du fournisseur. Les exigences techniques relatives à l'équipement terminal doivent maintenant être fondées sur les normes régionales ou internationales. Cela a grandement réduit le fardeau de l'industrie, tout en assurant le respect des exigences fondamentales afin d'empêcher la perturbation des réseaux. Les exigences réglementaires du programme sont mises à jour deux fois par année afin de tenir compte des nouvelles technologies ou d'éliminer les exigences périmées.
Le CCPRT sert de mécanisme de consultation directe entre Industrie Canada et le secteur des télécommunications. Ses membres sont assidus et il s'est montré très efficace comme tribune où l'industrie peut discuter ouvertement des exigences du programme ou donner des conseils au ministère.
Le CCPRT a été conçu pour assurer une représentation équilibrée de tous les secteurs de l'industrie des télécommunications et j'ai apporté pour vous le mandat du CCPRT à titre d'information.
L'équipement terminal a évolué au fil des années, mais les abonnés sont encore servis au moyen d'installations d'accès partagé qui sont en place depuis des décennies. La nécessité d'assurer un accès sans problème aux services de télécommunications s'est intensifiée depuis l'arrivée de technologies comme les DSL, qui visent à étendre la portée des installations d'accès et à les rendre plus rapides.
[Français]
Le programme comporte également des exigences techniques axées sur la mise en application des politiques sociales. Je veux parler des exigences en matière de compatibilité avec les appareils auditifs et de commande de volume de réception téléphonique. La conformité à ces exigences est de plus en plus importante en raison du vieillissement de la population.
[Traduction]
Les autres aspects du programme de raccordement de matériel terminal qui vont au-delà du rôle de consultation et d'élaboration des exigences sont la surveillance de la conformité, la vérification technique et le processus de mise en application. Ces activités assurent la conformité aux exigences techniques et sont exécutées par différents groupes au sein d'Industrie Canada. Ces groupes tiennent leur pouvoir de la Loi sur les télécommunications et de la Loi sur le ministère de l'Industrie.
La Commission fédérale des communications, la CFC, des États-Unis, a un processus semblable à notre programme de raccordement de matériel terminal. Les exigences canadiennes et américaines ont été harmonisées dans une large mesure. Il est important de signaler qu'aux États-Unis, la CFC a tenu des audiences pour examiner son programme de raccordement de matériel terminal en juillet 1999. La commission a constaté que l'industrie tenait encore absolument à avoir des exigences obligatoires. Bien que certains processus aient été modifiés, la CFC a encore des exigences relatives à l'équipement terminal.
De même, au Canada, le Groupe d'études sur le cadre règlementaire des télécommunications a reçu des réponses pendant son processus de consultation qui indiquent que de manière générale, l'industrie des télécommunications du Canada continue à croire à la pertinence et à l'utilité du programme et de son comité consultatif.
[Français]
En conclusion, le programme est continuellement revu pour en assurer la pertinence à mesure que la technologie progresse et que toutes les possibilités de déréglementation sont saisies.
La participation active d'un échantillon représentatif de l'industrie des télécommunications au Comité consultatif du PRT démontre que le programme demeure nécessaire. Le programme et le CCPRT jouent un rôle vital pour ce qui est de protéger l'intégrité des réseaux de télécommunications publics et de fournir aux malentendants l'accès aux services de télécommunications.
Je vous remercie.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais aussi remercier tous nos distingués témoins qui sont venus comparaître aujourd'hui. Plusieurs points qui ressortent de vos présentations nous incitent à réfléchir.
Ma première question s'adresse à Mme Patricia MacDonald.
[Traduction]
Dans votre exposé, vous nous avez donné l'exemple de quelqu'un qui doit payer 120 dollars s'il veut annuler sa connection Internet avec Telus en Colombie-Britannique. C'est une pénalité importante qui a un effet dissuasif sur celui qui veut changer de fournisseur.
Vu l'absence d'arbitre bien défini en pareil cas et comme la déréglementation avance à grand pas, pour beaucoup, le 6 avril est un jour à marquer d'une pierre blanche. Êtes-vous convaincu que le consommateur sera mal servi si la déréglementation va de l'avant, comme le propose le ministre? Pour la plupart d'entre nous ici, le ministre n'a fait que sélectionner les recommandations dans le rapport du GECRT.
:
En fait, cela ne concerne pas seulement le prix, mais aussi la qualité. À ce sujet, la coalition et moi-même partageons grandement l'opinion de Mme Gordon.
Un des points très importants que nous avons soulevés aujourd'hui concerne la neutralité de réseaux. Cela fait aussi l'objet d'un débat aux États-Unis. Si on laisse aux propriétaires des infrastructures le soin de donner la priorité aux paquets qu'ils veulent, que ce soit ceux des compagnies qui paient le mieux ou ceux de leurs compagnies affiliées, ce sera à qui gardera le plus de clients.
Également, il risque d'arriver ce dont Mme Gordon nous a parlé. Si une personne a un système de voix sur IP, disons avec une tierce partie, que le titulaire n'a pas mis en priorité sur le réseau, le service de voix pourrait être grandement dégradé. Il pourrait aussi perdre accès à tous les bénéfices de la voix sur IP. Ici, on ne parle que de la voix sur IP. On n'a pas encore la télévision sur IP. On n'a pas encore vu l'avènement de tous les services. On s'entend pour dire que le futur est à la technologie IP.
C'est pourquoi, à la coalition, nous disons que l'infrastructure elle-même est un service essentiel. C'est l'objet de notre débat, à savoir qu'elle doit vraiment être réglementée pour assurer à tous les consommateurs canadiens, peu importe où ils se trouvent, la qualité et la capacité d'utilisation.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie beaucoup pour vos présentations.
Ma question a deux volets, et j'aimerais que chacun y réponde rapidement.
Premièrement, quelles seront les conséquences de la décision du ministre pour votre organisme ou pour les gens que vous représentez? Si on continue dans cette voie, qu'arrivera-t-il dans trois ans?
Deuxièmement, ne devrait-on pas repartir à la case zéro, prendre le Rapport du groupe d'étude sur le cadre réglementaire des télécommunications et mettre en place une véritable législation complète?
J'aimerais que chacun de vous réponde à ces deux questions en une ou deux minutes, s'il vous plaît.
Il est évident qu'une entreprise de petite envergure comme la nôtre ou comme celle des fournisseurs Internet que représente Mme Léger est sensible à une concurrence que je qualifierais de ciblée. Comme notre marché est assez petit, il est indéniable que ce sera relativement facile pour quelqu'un qui le désire de nous éliminer. Une déréglementation complète, sans balises sur ce que serait une concurrence déloyale, nous éliminerait complètement du marché.
Le chiffre d'affaires de notre entreprise est d'environ 10 millions de dollars par année. Nous desservons une centaine de communautés et générons entre 60 et 70 emplois en région. Comme on n'a aucune balise, il est facile de nous éliminer du marché.
Une chose est importante pour nous, et nous croyons qu'elle devrait être considérée en tout temp. Qu'il y ait une réglementation ou pas, on doit s'assurer qu'il n'y ait pas de concurrence déloyale et qu'on laisse de la place aux petits joueurs. On ne peut pas penser que les petites entreprises auront les moyens de se battre contre les grosses entreprises. Nous avons donc besoin de soutien à cet égard.
Au sujet de la deuxième question, nous sommes tout à fait d'accord que tout devrait être repris depuis le début, pour s'assurer que toutes les recommandations visant la déréglementation soient mises en oeuvre de façon ordonnée afin de ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain. On peut regarder les grandes villes, où les grands joueurs passent à l'attaque, mais on sait que presque 80 p. 100 des régions rurales au Canada ne sont pas desservies par les grands joueurs.
Si on ne fait pas attention à la déréglementation, la situation risque d'empirer dans les régions rurales. Je pense qu'il est très important qu'on y voie activement.
:
La plus grosse répercussion sur les consommateurs que je représente, c'est qu'ils n'auront plus les moyens de s'offrir le téléphone au tarif que j'ai mentionné dans ma déclaration liminaire.
Pour celui qui vit de prestations d'invalidité et doit payer 55 $ par mois, cela peut représenter 10 p. 100 de son revenu. Ce n'est tout simplement pas abordable. Il faudrait alors choisir entre la nourriture, le logement et le téléphone; il faudrait donc se rabattre sur les rares téléphones publics qui restent. Il est certain qu'il n'aurait aucun accès à Internet.
J'aimerais revenir en arrière. Je pense que c'est la bonne façon de procéder jusqu'à ce que la concurrence se soit fermement instaurée et qu'on puisse l'observer. Il est peu probable, vu ce que j'ai entendu, que l'on revienne en arrière, mais cela ne signifie pas que ces recommandations ne devraient pas être faites si vous détenez la preuve qu'elles ne devraient pas être faites. Et je dis cela pour protéger les consommateurs. Peut-être quelque chose devrait-il être fait et qu'une recommandation devrait être faite.
Il existe aux États-Unis ce que l'on appelle des programmes lifeline. Il serait peut-être intéressant de les examiner. Ils servent à protéger les consommateurs à faible revenu en particulier. Je vous renvoie à un rapport commandé par Développement des ressources humaines Canada en 2002 et préparé par Philippa Lawson, anciennement avocate au Centre pour la défense de l'intérêt public. Elle les décrit en détail. Je donnerai les renseignements au greffier.
:
Pour une personne handicapée, les télécommunications sont une ligne de sauvetage. C'est un moyen de connexion et de communication, par téléphone ou par ordinateur. Sans connexion, les gens seront de plus en plus isolés et de moins en moins aptes au travail.
La position du gouvernement, c'est qu'il faut aider les handicapés et non pas élever de nouveaux obstacles. Notre position, c'est que sans accessibilité normalisée aux télécommunications, aussi bien au niveau de la conception du réseau que des terminaux, comme cela se fait aux États-Unis, nous régressons.
Depuis 30 ans aux États-Unis il existe une association appelée Access Board, qui fixe des règles. Elle examine actuellement toutes les normes de l'article 508 de la Rehabilitation Act et de l'article 255 de la Telecommunications Act aux États-Unis, qui sont tous les deux des instruments très puissants qui ont mené à des télécommunications accessibles dans ce pays. C'est vraiment rétrograde de notre part de plonger tête première sans examiner sérieusement le problème. Il faut faire un pas en arrière, si c'est possible, pour examiner sérieusement le rapport du groupe d'étude.
Les handicapés ont besoin de temps pour s'adapter, entendre et participer. La précipitation du gouvernement mettra fin au débat public. Cela ne fait pas la manchette des journaux. Nous ne sommes qu'un petit groupe formé de deux personnes qui essaient de faire valoir les intérêts des personnes handicapées. Si le gouvernement agit trop vite, il fera disparaître beaucoup d'acquis importants et laissera les gens dans un plus grand isolement.
:
Je vais répondre très brièvement à la première question.
D'ici trois ans, on verrait effectivement la disparition de concurrents qui utilisent aujourd'hui le service en gros. Enfin, ils cesseraient d'offrir les services à la clientèle.
En réponse à votre deuxième question, nous recommandons d'examiner le processus en entier. Tous les consommateurs canadiens auraient beaucoup trop à perdre si on implantait les recommandations de façon ad hoc. Ce serait retourner en arrière, prendre des risques en termes de sécurité et bloquer les innovations dans le futur, parce que les petites entreprises et les groupes que nous représentons ici sont la source des innovations.
On devrait peut-être arrêter le processus et le revoir dans son ensemble.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins d'être venus cet après-midi.
Avant, je travaillais dans le secteur de la santé comme chiropraticien et j'ai eu l'honneur de traiter beaucoup de personnes ayant un handicap, en particulier l'arthrite, si bien que certaines des choses que vous avez évoquées, madame Gordon, m'intéressent tout particulièrement.
Le CRTC a décidé que 5 p. 100 des fonds de comptes différés devaient servir à venir en aide aux personnes handicapées. Êtes-vous satisfaits de cette décision du CRTC? Qu'en pensez-vous?
:
Je vous renvoie aux deux paragraphes tirés du témoignage du Bureau de la concurrence à PN 2006-14. Nous sommes très troublés du fait que le Bureau de la concurrence ait un avis qui ne concorde pas avec celui d'Industrie Canada.
Le Bureau de la concurrence dit que l'accès au marché de services en gros ne devrait pas être conservé désormais dans l'industrie des télécommunications, alors qu'Industrie Canada, dans la dernière déclaration du ministre Bernier, le 19 février, est revenu et a dit l'avoir revu et qu'à son avis, la vente en gros devrait être protégée et gardée telle qu'elle est maintenant.
Le Bureau de la concurrence a déclaré que l'actuelle concurrence basée sur les installations est la seule façon d'être très concurrentiel et la seule façon d'avoir des incitatifs pour la construction d'installations supplémentaires. Il est évident que nous avons des membres qui ont déjà bâti de l'infrastructure, et nous avons accès au marché du gros.
Le Bureau de la concurrence a donc fait des évaluations très fortes. Vous pouvez lire vous-mêmes les deux paragraphes, c'est évident. Nous sommes très inquiets de voir que le Bureau de la concurrence a déjà un avis sur la question.
:
Oui, c'est justement une de mes préoccupations. Plus nous entendons de témoignages dans le cadre de ces audiences et plus c'est préoccupant, le fait que cela ait été fait de manière fragmentaire et que nous n'ayons même pas de projet de loi.
Je m'adresse maintenant à Mme Gordon. J'ai passé dix ans de ma vie à travailler comme spécialiste en emploi auprès des personnes handicapées. Vous avez soulevé une question très importante au sujet de l'utilisation par des tiers dans le cadre de la décision de report que vous avez bien fait de nous rappeler.
La décision de report m'inquiète beaucoup, car à Windsor, en Ontario, les personnes handicapées de ma collectivité, comme tous les autres, ont payé 75 $ de trop à Bell. La société publique Sask Tel a demandé seulement 15 $. Il y a une grande disparité entre les régions.
Voici une des choses qui m'inquiète. Nous avons beaucoup discuté de politiques pour les régions rurales du Canada qui se sentent isolées parce qu'elles n'ont pas accès à Internet, ainsi que des qualités dont vous avez parlé.
Pouvez-vous nous dire quelle est l'importance pour les personnes handicapées d'avoir cet accès dans leur propre foyer, mais dans les régions urbaines? Ce sentent-elles aussi isolées parce qu'elles ne peuvent plus faire ce qu'il faut pour se relier au reste de la collectivité?
:
Oui, je pense que c'est la question essentielle. Nous parlons de services de télécommunications universels. Lorsque nous avons commencé à examiner l'ensemble du modèle des télécommunications, nous avons trouvé intéressant de constater qu'il y avait des questions d'accès et des questions de services universels. C'est drôle, mais c'est le langage du mouvement des personnes handicapées, puisque l'ensemble de la collectivité est isolée depuis si longtemps et ne peut pas pleinement participer à la vie canadienne parce qu'elle n'est pas branchée.
Le service universel ne devrait pas être vu comme une dichotomie entre les régions rurales — et les zones urbaines. Le service universel devrait faire partie intégrante du concept, puisque la technologie existe et que des personnes ayant des capacités différentes peuvent obtenir les téléphones, les ordinateurs et les services dont elles ont besoin pour pouvoir communiquer.
Si vous travaillez à un endroit où l'on adopte une nouvelle puce, par exemple, si vous travaillez dans une université et que la nouvelle puce ne permet pas un moyen de communication accessible, vous excluez les employés qui dépendent peut-être d'une nouvelle technologie moderne.
Nous pourrions vous envoyer, et vous demander de lire, les exemples que nous avons fournis dans le cadre d'autres audiences. Sans téléphone, sans accès au 911, lorsqu'on ne peut pas utiliser le téléphone, on est isolé.
:
Eh bien, nous voulons surtout un tribunal. À notre avis, un tribunal devrait être indépendant de l'ancien CRTC et du CRTC actuel et du Bureau de la concurrence. Nous aimerions avoir un tribunal très indépendant et informé qui aurait le pouvoir d'analyser et de réagir rapidement en cas d'abus de la part des grandes entreprises.
En ce moment, notre industrie doit composer avec un duopole dominant. Peu importe où on est, on a vraiment seulement deux choix au Canada: Telus et Shaw dans l'Ouest, Bell et Vidéotron dans l'Est, et Cogeco à certains endroits. Il y a toujours un duopole qui s'approprie 90 p. 100 du marché et qui est très fort.
Nous aurons besoin d'un tribunal qui comprend vraiment le marché, en profondeur, et qui aura le pouvoir d'agir rapidement en cas de demandes. En ce moment, le temps d'attente constitue un problème lorsque nous présentons des demandes. Nous espérons avoir ce genre de tribunal à l'avenir.
J'ai une autre question, je crois que je vais l'adresser à Mme Gordon.
Vous étiez préoccupée par le fait que d'ici 2041, 23 p. 100 de nos citoyens auront plus de 65 ans. Serait-il logique que d'un autre côté, puisque nous allons avoir davantage de gens à la retraite, davantage de gens handicapés et davantage de gens avec des besoins spéciaux, que les services soient améliorés?
Habituellement, lorsque je suis les marchés libres, je constate qu'à mesure que les besoins augmentent...
:
Merci, monsieur le président.
Si j'ai bien compris ce qu'a dit plus tôt M. Van Kesteren, il va bientôt y avoir des prix de gros pour les personnes âgées, étant donné que la population vieillit.
Monsieur Proulx, vous avez dit qu'on vous avait empêché d'accéder à 500 km de fibre optique à l'île-du-Prince-Édouard. Mme Léger a parlé un peu plus tôt de duopole. Or, on constate, depuis qu'on a commencé à interroger les témoins sur la déréglementation, que deux gros joueurs décideront qui utilisera leurs lignes ou leurs fils. Je pense que le fait de ne pas pouvoir accéder à ces 500 km de fibre optique démontre de façon flagrante que vous n'avez pas été choisi comme joueur pour leur faire concurrence. On va donc continuer à dire que la déréglementation est nécessaire, de façon à ce que tout le monde puisse en profiter.
Madame MacDonald, vous avez parlé un peu plus tôt d'un montant se situant entre 25 $ et 29 $ pour la téléphonie, de 55 $ pour Internet et de 79 $ pour la téléphonie mobile. Ce n'est pas demain qu'il va y avoir de la concurrence dans les grands centres, même dans cette gamme de prix.
En ce qui concerne les personnes handicapées, la preuve est faite, à mon avis, que les gens n'auront pas d'autre choix que d'utiliser le même service. Dans le secteur de la santé, certaines personnes handicapées ne peuvent pas se servir d'Internet. Ça pourrait devenir possible si un système activé par la voix était disponible, mais je ne pense pas qu'on soit rendu là. On suit l'évolution des choses depuis le début des entrevues. Madame Léger, vous avez fait votre présentation de façon éloquente, et nous appuyons vos propos.
J'en viens maintenant à ma question: à qui profite cette déréglementation?
:
À l'heure actuelle, nous desservons 50 communautés, et dans la totalité des cas, ce sont elles qui nous ont demandé de trouver une solution au fait qu'elles n'avaient pas accès à la large bande. Tout le monde écoute le message publicitaire de Bell dans lequel les castors expliquent combien il est agréable et intéressant d'avoir recours à la large bande. Or, un grand nombre de communautés n'y ont pas accès.
Quand on arrive dans une communauté pour offrir Internet à haut débit, on travaille en partenariat avec les communautés et on se fait un principe de ne pas offrir un service plus cher que dans les villes. Mais on heurte par le fait même les compagnies dominantes, qui se servent des coûts très élevés qu'elles imposent en région pour subventionner les batailles qu'elles mènent dans les grandes villes.
Par exemple, pour une même capacité de large bande en région et dans les grands centres, on parle d'un facteur de 10 contre 1. En plus d'avoir comme conséquence que des citoyens n'ont plus accès au même service dès qu'ils sortent des régions densément peuplées, cette situation fait en sorte que les industries et les commerces qui ont de plus en plus besoin du commerce électronique déménagent. Pour les compagnies dominantes, ça ne change absolument rien puisque de toute façon, elles laissent un service de Bell pour utiliser un autre service de Bell ou elles demeurent ses clients.
Nous desservons les communautés rurales, mais nous sommes incapables d'avoir accès aux structures de façon juste parce que nous volons un marché réservé au monopole. La déréglementation fonctionne dans les grands centres, mais il est faux de dire qu'elle fonctionne dans les zones rurales. Il y a toujours des monopoles, et ce n'est pas rentable pour d'autres joueurs d'entrer dans ce marché. Dès qu'on essaie de le faire, on nous met des bâtons dans les roues en nous refusant l'accès aux structures et aux circuits.
Donc, la déréglementation peut peut-être fonctionner dans les grands centres de façon sauvage, si on peut dire, mais ce n'est pas le cas dans les milieux ruraux. Il y va y avoir un monopole, même avec la déréglementation, et les entreprises auront besoin qu'on les aide en déréglementant plus à fond.
:
Silence, s'il vous plaît.
Je vais rendre une décision et je permettrai à Mme Gordon de répondre.
Tout d'abord, j'aime bien qu'on dise que je suis « infiniment raisonnable ».
Deuxièmement, nous sommes en train de déréglementer le secteur des télécommunications, et je permettrai à tout le monde de poser des questions aux témoins ou aux organisations, aux particuliers ou aux entreprises qu'ils représentent. En fait, je crois que M. McTeague a posé des questions semblables par le passé. Ces questions, à mon avis, sont tout à fait légitimes car elles ne vont pas au-delà de la portée de l'étude que nous faisons sur la déréglementation des télécommunications. Si les témoins qui sont ici représentent des entreprises de télécommunications, des secteurs, des groupes d'intérêt, des groupes de consommateurs, les députés ont le droit de poser ces questions. Je ne vois donc pas cela comme faisant partie du même rappel au Règlement. Toutefois, sauf votre respect, je vais permettre que l'on pose la question, de sorte que lorsqu'on a une victoire on veut peut-être aller de l'avant avec la victoire.
Je vais donc permettre à Mme Gordon de répondre à la question qui a été posée.
:
Permettez-moi alors de vous demander quelles sont les possibilités à l'heure actuelle de reconquête importante. Vous avez parlé des 120 $ qu'il coûtait pour rompre votre contrat de service avec Telus, par exemple. Si j'ai une entreprise qui est bien dotée — peut-être une entreprise de câblodistribution ou de téléphone — et que j'utilise ma capacité sachant fort bien que le plus petit concurrent, comme M. Proulx à côté de vous, se retrouve désavantagé, et que je connais les noms de ces clients, quelles sont les probabilités que nous puissions maintenir un semblant de concurrence si on ne protège pas ces premières étapes fragiles, comme on l'a fait à l'époque de l'interurbain? Ces programmes de reconquête vont-ils vraiment profiter à tout le monde?
Le ministère a fait valoir l'argument que ces programmes de reconquête, entre autres, allaient être bénéfiques aux consommateurs. Ceux qui défendent cette position nous ont rassurés en disant « Eh bien, vous savez, si je conclus une entente avec une entreprise en particulier pour reconquérir mes services, ils le diront à tout le monde dans la rue ». En fait, nous avons entendu dire que ça pouvait être tout à fait le contraire.
À votre avis, les reconquêtes sont-elles une bonne chose pour améliorer le processus de concurrence plutôt que d'utiliser le cadre actuel afin de prendre suffisamment de temps pour créer la concurrence sur le marché de la téléphonie locale?
:
Ma question s'adresse probablement à Mme MacDonald ou à Mme Léger.
[Traduction]
Si, à mon avis, ou à votre avis, le gouvernement est déterminé à ne pas utiliser ce qu'on a appelé dans la décision originale un critère de lumière vive pour déterminer la part du marché, auquel on a fait allusion un petit peu plus tôt, il devrait alors utiliser le critère du Bureau de la concurrence pour ce qui est du genre de critères qui sont liés aux conclusions aux termes du paragraphe 34(2). Je n'entrerai pas dans les détails.
À votre avis, devrions-nous adopter le genre de critères qui appuieraient une conclusion selon laquelle une concurrence suffisante devrait exister avant de déréglementer? C'est une question très pointue. Si nous n'allons pas utiliser ce que le CRTC a proposé, ce que le groupe d'étude sur le cadre réglementaire des télécommunications a proposé, alors nous devrions tout au moins nous rabattre, en l'absence d'un projet de loi C-41, qui avait été proposé par le gouvernement, sur les critères particuliers qui exigent, par-dessus tout, qu'il y ait une concurrence suffisante aux termes du paragraphe 34(2). Croyez-vous que nous devrions suivre cela, ou que le gouvernement devrait suivre cela, comme critère minimum?