:
Je déclare la séance ouverte.
Comme nous accueillons plusieurs témoins, je vais essayer de procéder le plus rapidement possible.
Nous tenons deux séances aujourd'hui. Dans la première, nous entendrons un certain nombre de témoins au sujet du projet de loi ; ensuite, j'espère, à 10 heures, nous procéderons à son examen article par article.
Il s'agit aujourd'hui de la 66e séance du Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie. Conformément à l'ordre de renvoi du jeudi 17 mai 2007, le comité reprend l'étude du , Loi concernant la protection des marques liées aux Jeux olympiques et aux Jeux paralympiques et la protection contre certaines associations commerciales trompeuses et apportant une modification connexe à la Loi sur les marques de commerce.
Nous recevons plusieurs témoins. Je vais les nommer dans l'ordre où ils figurent ici. Premièrement, Mme Cynthia Rowden, présidente sortante de l'Institut de la propriété intellectuelle du Canada.
À titre personnel, M. Jeff Bean, participant aux Jeux olympiques, ski freestyle, Équipe olympique canadienne de ski.
M. Brian MacPherson, chef des opérations, Comité paralympique canadien.
M. Roger Jackson, directeur général, À nous le podium 2010.
M. Guy Tanguay, directeur général, et Mme Jasmine Northcott, directrice des opérations et des forums des athlètes, AthletesCAN.
Enfin, M. Lou Ragagnin, chef des opérations, Comité olympique canadien. C'est bien cela?
:
L'IPIC est en faveur de lois fortes en matière de propriété intellectuelle, mais celles-ci doivent être appliquées de manière équitable et uniforme à l'ensemble des Canadiens. Nous estimons que le texte proposé accorde au COVAN, au COC et au CPC plus de droits qu'il n'en faut pour lutter contres les menaces de marketing insidieux et de contrefaçon pendant les Jeux olympiques de Vancouver.
Quatre points nous intéressent. Premièrement, nous approuvons l'alinéa 4(1)a) du projet de loi, qui interdit les activités pouvant laisser croire à une affiliation avec le COC, le COVAN ou le CPC. Nous souscrivons à cette disposition et nous croyons qu'elle permettra au COVAN et aux autres de faire savoir que les activités qui laissent entendre à tort qu'une telle affiliation existe sont illégales.
Les autres dispositions du texte, en revanche, ne nous paraissent pas nécessaires. En particulier, le paragraphe 3(1), l'interdiction générale de l'emploi de certains termes olympiques, mais aussi le paragraphe 4(2), qui oblige le tribunal à tenir compte d'une combinaison d'expressions pour établir s'il y a eu contravention à la loi.
Premièrement, en ce qui concerne le paragraphe 3(1), le cadre actuel de la Loi sur les marques de commerce accorde déjà une protection spéciale aux associations olympiques et a été largement utilisé par d'autres organisations, y compris déjà le COVAN — qui est propriétaire de centaines de marques officielles. Le cadre actuel de la Loi sur les marques de commerce statuait également sur des activités comme la violation de la marque de commerce et la commercialisation trompeuse.
Nous craignons que les prescriptions de la loi empêchent les petites et grandes entreprises qui soutiennent actuellement tel ou tel sportif ou équipe de faire de la publicité autour de l'appui qu'elles leur accordent. Vu la rigueur du libellé, nous pensons que les anciens participants aux Jeux olympiques se voient interdire de rappeler ce lien dans des activités jugées raisonnables.
Deuxièmement, nous avons des inquiétudes au sujet des dispositions qui suppriment la nécessité de montrer l'existence d'un tort irréparable au moment où une demande d'injonction interlocutoire est faite. Ces injonctions sont un recours judiciaire extraordinaire. On demande en effet au tribunal de mettre fin à certaines activités avant même d'avoir entendu la cause. C'est pourquoi les injonctions interlocutoires sont accordées avec parcimonie. Cela fait partie du système de freins et de contrepoids des procédures judiciaires. Supprimer la nécessité de montrer l'existence d'un tort irréparable causé aux Olympiques, au COVAN, au CPC et au COC les place dans une situation différente devant les tribunaux que celle de toute autre partie — et il y a quantité d'autres entreprises, manifestations sportives et spectacles qui voudraient être sur le même pied.
Une solution de rechange acceptable à notre avis serait de considérer comme preuve de tort irréparable les activités qui montrent de manière raisonnable une affiliation non illégale avec les Olympiques.
Troisièmement, nous estimons dangereux de donner aux commanditaires le droit d'intenter indépendamment des poursuites — ce que la loi leur accorde dans certaines circonstances. La loi prévoit des recours extraordinaires et des droits d'une très grande solidité qui devraient à notre avis être employés surtout par les organisations qui jouissent de ces droits et qui devraient donc les contrôler.
Ce seront, on imagine, le COVAN, le COC et le CPC qui contrôleront l'octroi des commandites, et ce serait donc eux qui devraient contrôler les activités des commanditaires. Ce devrait être à eux de contrôler l'accès aux tribunaux et la manière dont le texte est interprété. Autoriser le commanditaire à s'adresser aux tribunaux crée le risque que les commanditaires exerceront cette capacité et ce droit de manière inéquitable, ce qui conduirait à une application de la loi dénuée d'uniformité et de prévisibilité.
Enfin, en raison des droits très particuliers que leur accorde cette loi et le fait que celle-ci est justifiée par la tenue prochaine des Olympiques de Vancouver, nous estimons que toute loi ne devrait s'appliquer qu'aux Jeux olympiques de Vancouver et expirer à la fin de ceux-ci.
J'ai d'autres observations sur des points de clarté et de rédaction, qui figurent dans nos documents, et je serais heureuse de répondre à vos questions tout à l'heure.
Merci beaucoup.
:
Je vous remercie, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité, de me permettre de prendre la parole ici aujourd'hui en faveur du .
[Français]
Pendant les 12 dernières années, j'ai été membre de l'équipe nationale de ski acrobatique. J'ai eu le grand honneur de compétitionner à l'occasion de trois Jeux olympiques: ceux de 1998 à Nagano, ceux de 2002 à Salt Lake City et, plus récemment, ceux de 2006 à Turin. Après cette saison, j'ai pris l'importante décision de prendre ma retraite. J'aimerais vraiment pouvoir dire cela à l'âge de 30 ans. Je vais arrêter de me lancer dans les airs pour faire des triples sauts périlleux avec quatre vrilles.
[Traduction]
Quand je repense à ma carrière, j'éprouve un sentiment de reconnaissance éternelle pour ce que j'ai vécu aux Olympiques et je sais que rien de tout cela n'aurait été possible sans la contribution importante des commanditaires olympiques officiels. C'est pour cette raison que je suis ici aujourd'hui pour appuyer l'adoption du projet de loi , qui protège les investissements olympiques des sociétés commanditaires et qui, ce faisant, favorise l'encouragement ininterrompu du sport canadien et de sportifs olympiques canadiens comme moi.
À mes premiers Jeux d'hiver à Nagano, j'ai été estomaqué par l'échelle et l'ampleur de la manifestation. Les installations étaient remplies de dizaines de milliers de spectateurs et le village olympique constituait une petite cité en soi dotée de tous les attributs modernes que l'on puisse imaginer, allant des services de dentiste à ceux de coiffeur. On y retrouvait à peu près tout ce que l'on trouve dans un village normal. Par la suite, à Salt Lake City et à Reno, les services et commodités offerts dans le village n'ont fait que se multiplier.
Tout cela pour dire que j'ai pu prendre directement conscience des moyens nécessaires pour organiser des jeux d'hiver réussis. Pas un seul instant je ne croirai qu'ils auraient pu se tenir sans les centaines de millions de dollars investis par les commanditaires olympiques.
Les commanditaires olympiques canadiens ne se contentent pas d'investir dans les Jeux d'hiver de Vancouver; ils contribuent également au succès des sportifs canadiens. Par exemple, grâce au financement d'À nous le podium 2010, l'équipe canadienne de ski acrobatique a pu recruter trois nouveaux entraîneurs, installer un système de pointe de lecture vidéo à notre centre d'entraînement aquatique estival et organiser pour la première fois un camp de mise en forme physique de six semaines pour l'équipe au complet, à Whistler au printemps. Je sais que des améliorations du même genre ont été apportées pour d'autres sports d'hiver canadiens et je sais que les résultats du Canada aux Jeux d'hiver de 2010 refléteront cet appui essentiel.
Sur le plan personnel, je suis ce que l'on appelle un athlète olympique RBC. RBC a monté ce programme, qui finance les sportifs et leur offre l'occasion d'acquérir de l'expérience concrète tout en s'entraînant et en faisant de la compétition. À ce point de ma vie, les compétences et l'expérience que j'ai acquises seront inestimables dans ma carrière à l'extérieur du sport.
Après avoir pris connaissance du projet de loi , j'avais quelques réserves au sujet de la capacité des sportifs de faire leur autopromotion comme olympiens et paralympiens. AthletesCAN a communiqué avec moi, et j'ai constaté que nous avions les mêmes inquiétudes. Après en avoir parlé au COVAN, celui-ci m'a rassuré et m'a convaincu que l'esprit de la loi ne contrevient pas aux droits des sportifs. Je suis également encouragé d'apprendre que le COVAN est prêt à soutenir tout amendement jugé nécessaire par le comité pour entériner le droit des sportifs de se désigner comme olympiens et paralympiens.
Vu tout ce qu'ont apporté les commanditaires olympiques officiels aux Jeux d'hiver de Vancouver et aux sportifs canadiens, j'estime que c'est la moindre des choses que le Canada leur assure dans le projet de loi la protection suffisante de leur investissement.
[Français]
Merci, monsieur le président. Je serai très content de répondre à vos questions et à celles du comité.
Merci beaucoup pour votre temps.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour tout le monde, je vous remercie de me donner l'occasion de discuter avec vous ce matin. Je vais commencer par une brève déclaration liminaire, puis je serai très heureux de répondre à toutes vos questions.
Le Comité paralympique canadien appuie toute initiative qui sert les intérêts des athlètes paralympiques, et c'est ce que fait le projet de loi . Voici pourquoi.
Tout le monde sait qu'historiquement les athlètes paralympiques n'ont pas bénéficié du même niveau de soutien que les athlètes olympiques. D'ailleurs, jusqu'aux Jeux paralympiques de 2000, les athlètes paralympiques devaient payer eux-mêmes pour pouvoir représenter ce pays. La raison principale de ce manque de soutien était l'absence de commandites d'entreprise.
Aujourd'hui, le Comité paralympique canadien a huit grands commanditaires du secteur privé. Il est en mesure de soutenir et de financer entièrement la participation des athlètes canadiens aux Jeux paralympiques. De plus, le Comité paralympique canadien propose désormais de nombreux programmes d'aide aux athlètes entres les jeux.
Le Comité paralympique canadien a des commanditaires du secteur privé aujourd'hui car il a réussi à développer, et continue de le faire, la marque paralympique, une marque avec laquelle les entreprises canadiennes souhaitent désormais être associées et sont donc prêtes à payer pour cette association. Dans le cadre de cette association, il est clairement entendu que le Comité paralympique canadien prendra toutes les mesures possibles pour protéger cette marque. Le projet de loi offre la possibilité d'accroître le niveau de protection de cette marque et, de ce fait, d'accroître la valeur de la marque et donc le soutien financier du secteur privé canadien envers les sports paralympiques et les athlètes paralympiques.
Le programme À nous le podium est un autre exemple de la façon dont le soutien financier accru de la part du secteur privé canadien est en train d'aider les athlètes paralympiques. Grâce à ce programme, les athlètes paralympiques de sports d'hiver connaissent des niveaux de soutien sans précédent.
Permettez-moi de vous lire un extrait d'un article qui a été publié dans le Edmonton Journal le 22 février. Il s'agit d'une entrevue avec Shauna Maria Whyte, skieuse nordique ayant à de multiples reprises remporté la médaille d'or aux Jeux paralympiques. Shauna nous dit:
Par le passé, il n'y avait que quelques personnes qui m'aidaient à atteindre le podium. Maintenant, c'est presque toute une armée, et ça m'aide énormément. Cet appui est véritablement extraordinaire...
Quand j'atteins le podium, oui, c'est moi qui suis sur le podium, mais c'est grâce aux efforts de toute une équipe que j'y arrive... le diététiste de l'équipe, le physiothérapeute, le psychologue, notre entraîneur principal, mon entraîneur personnel et tous les contribuables canadiens.
C'est une sensation fabuleuse de savoir que désormais, lorsque je suis sur le podium, c'est pour mon pays.
Plus les Jeux de 2010 connaîtront un succès financier, plus il pourra y avoir d'histoires comme celle de Shauna à l'avenir. En effet, la majorité de l'excédent du budget d'exploitation des Jeux de 2010 sera placé dans un fonds pour le sport amateur, un fonds uniquement consacré à l'aide aux athlètes et aux programmes de formation des entraîneurs. De plus, des jeux 2010 couronnés de succès permettront au Comité paralympique canadien de renouveler ses contrats de commandites plus facilement et de recruter de nouveaux commanditaires.
Cela sert les intérêts des athlètes paralympiques du Canada; c'est pourquoi le Comité paralympique canadien appuie le projet de loi .
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour tout le monde. C'est un grand plaisir de comparaître devant vous ce matin pour vous faire part de mon appui sans faille au projet de loi au nom du programme À nous le podium 2010.
À titre d'ancien président du Comité olympique canadien et de leader des Jeux olympiques d'hiver de 1988, je comprends toute l'importance de la contribution de commanditaires olympiques officiels aux jeux. Je suis également tout à fait conscient de la nécessité de protéger la valeur de ces commandites, c'est-à-dire protéger l'exclusivité de l'association avec la marque olympique.
Je le comprends d'autant mieux depuis que j'occupe les fonctions de directeur général du programme À nous le podium 2010. Ce programme a été lancé en janvier 2005. C'est une initiative nationale collective appuyée par les 13 sports d'hiver canadiens, tant olympiques que paralympiques, le Comité olympique canadien, le Comité paralympique canadien, le Comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques d'hiver de 2010 à Vancouver, le gouvernement du Canada et plusieurs commanditaires du secteur privé.
Quatre-vingts pays participeront aux Jeux olympiques de Vancouver et aux Jeux paralympiques. L'objectif de À nous le podium est ambitieux mais réalisable: remporter plus de médailles que tout autre pays aux Jeux olympiques d'hiver, et arriver en troisième place aux Jeux paralympiques d'hiver.
Les partenaires de À nous le podium pensent que nous pourrons atteindre cet objectif. Ensemble, ils consacrent 110 millions de dollars sur cinq ans à l'appui des organisations sportives nationales et à leurs athlètes. La moitié du financement total, c'est-à-dire 55 millions de dollars, provient du gouvernement du Canada, et un montant de 5 millions de dollars provient du gouvernement de la Colombie-Britannique. Le reste, 50 millions de dollars, provient des sociétés commanditaires du COVAN, notamment Bell Canada, General Motors, la Compagnie de la baie d'Hudson, McDonald's, Petro-Canada, RONA et le Groupe financier RBC.
Il faut bien se rendre compte que, dans le cadre des contrats signés avec le COVAN, ces entreprises n'étaient pas obligées d'appuyer le programme À nous le podium 2010 et, par ce biais, les athlètes olympiques et paralympiques canadiens. Elles ont volontairement choisi d'aider les athlètes canadiens à réussir au cours de nos jeux.
Sachant cela, je tiens à dire au comité que le projet de loi servira au mieux les intérêts des sports canadiens. Le projet de loi C-47, en protégeant les investissements des commanditaires olympiques et paralympiques, permettra de renforcer le soutien qui existe aujourd'hui et de créer de nouveaux partenariats entre le secteur sportif canadien et le secteur privé. En effet, sans la protection du projet de loi C-47, les sociétés commanditaires ont moins intérêt à financer les athlètes canadiens et, dans ce cas-là, on n'atteindra certainement pas nos objectifs.
Si nous voulons que les Jeux d'hiver de 2010 soient une réussite aux yeux des Canadiens, nos athlètes doivent bénéficier d'un soutien approprié pour pouvoir réaliser leur potentiel et gagner au pays. Grâce à leur générosité, nos commanditaires du secteur privé ont prouvé leur engagement envers cet objectif. En échange, la moindre des choses serait de leur offrir la protection garantie par le projet de loi .
Merci.
:
Bonjour, monsieur le président. Bonjour, mesdames et messieurs les membres du comité. Au nom des athlètes de l'équipe nationale du Canada, du conseil d'administration de AthletesCAN, de notre directeur général, et en mon nom, je vous remercie de me donner l'occasion d'être parmi vous ce matin pour vous parler de nos préoccupations collectives et vous donner notre avis au sujet du projet de loi .
AthletesCAN est la voix des athlètes de l'équipe nationale du Canada. Nous représentons plus de 2 500 membres actifs de l'équipe nationale, comprenant des athlètes olympiques et paralympiques, des athlètes des Jeux du Commonwealth et des Jeux panaméricains, ainsi que des athlètes autochtones. Nous travaillons assidûment à leur service et proposons à ces athlètes des programmes de leadership, de défense des droits et d'éducation pour garantir un système sportif juste qui soit en mesure de réagir aux besoins des athlètes et de les appuyer.
AthletesCAN a minutieusement passé en revue le projet de loi et a consulté ses athlètes et partenaires. Nous sommes ici aujourd'hui pour appuyer les efforts du gouvernement visant à améliorer le sport de haut niveau au Canada.
Nous reconnaissons le besoin d'appuyer les commanditaires et les détenteurs de licence qui investissent et continueront d'investir des ressources importantes dans les Jeux olympiques et paralympiques de 2010. Néanmoins, nous voulons attirer l'attention du comité sur le fait qu'il serait nécessaire de protéger les droits des athlètes dans le cadre de ce projet de loi.
C'est un grand pas en avant pour le système sportif canadien que de fournir cette occasion de créer et favoriser un environnement qui protège le droit des commanditaires et des détenteurs de licence de s'associer avec les Jeux olympiques et paralympiques. Cependant, il faut tenir compte des répercussions législatives que ce projet de loi pourrait avoir sur les personnes qui sont au coeur des réussites sportives de ce pays, à savoir nos athlètes.
Nous pensons qu'il est possible de créer un environnement qui protège aussi bien les droits des commanditaires et des détenteurs de licence que ceux des athlètes. Un simple amendement au projet de loi permettrait de protéger les athlètes. Nous recommandons donc au comité d'adopter un amendement visant à protéger l'identité des athlètes olympiques et paralympiques, c'est-à-dire ceux qui ont pris part à des jeux olympiques et paralympiques. Ces athlètes, ainsi que leurs commanditaires, devraient avoir le droit d'utiliser les termes olympique et paralympique pour se décrire.
Cependant, les athlètes s'inquiètent du fait qu'ils pourraient avoir du mal à s'associer avec des sociétés et des collectivités à cause de ce projet de loi, car les critères commerciaux du projet de loi pourraient s'appliquer à ce type d'appui.
Contrairement aux entreprises qui utilisent les marques olympiques et paralympiques pour du marketing insidieux, les athlètes qui réussissent à obtenir l'appui d'entreprises et de communautés le font pour pouvoir couvrir les coûts importants qui découlent de l'entraînement et de la participation à des compétitions internationales. Nous demandons au comité de rédiger des dispositions visant à protéger les droits des athlètes dans le cadre du projet de loi . En Australie, où une mesure législative similaire existe, des dispositions ont été apportées pour protéger les droits des athlètes. Les athlètes canadiens méritent la même chose.
AthletesCAN recommande au comité de modifier le projet de loi afin d'y inclure une disposition visant à protéger les droits des athlètes. Les athlètes qui ont participé à des Jeux olympiques et paralympiques devraient avoir le droit de se décrire comme étant des athlètes olympiques et paralympiques, et ils devraient avoir le droit de parler de leurs réussites et d'utiliser cette réalité pour pouvoir se promouvoir eux-mêmes ou être promus par leurs commanditaires sans être pénalisés.
Nous remercions le comité de l'industrie de nous avoir donné l'occasion d'exprimer les préoccupations des athlètes de l'équipe nationale du Canada. Nous vous proposons une solution simple qui pourrait facilement être mise en oeuvre pour protéger les droits des athlètes.
Merci. Je serai heureuse de répondre aux questions des membres du comité.
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Merci, monsieur le président.
Je vais brièvement aborder ce qui, à mon avis, sont les deux principaux points positifs de ce projet de loi. Tout d'abord, il y a l'héritage, celui laissé au COC et à ses organisations membres, les 51 fédérations sportives nationales du Comité olympique canadien ainsi que leurs athlètes et leurs entraîneurs, et l'héritage qui sera laissé par les jeux. Nous avons pu le constater en 1988 avec Calgary; cela se reproduira en 2010 avec Vancouver et Whistler, et nous espérons que cela se répétera également à l'avenir lorsque le Canada accueillera des jeux d'hiver ou d'été. Cet héritage est critique à l'appui aux sports de haut niveau dans ce pays, et nous pensons que ce projet de loi aide à renforcer cet héritage.
Nous pensons que le sport est un élément important de la culture canadienne. Nous avons besoin de mesures législatives comme le projet de loi C-47 pour protéger cet élément important de notre culture. Nous sommes donc très favorables au projet de loi C-47.
Pour ce qui est des aspects positifs de ce projet de loi, le deuxième point que je souhaitais aborder concerne le fait que nous avons créé des partenariats public-privé avec le gouvernement fédéral, le Comité olympique canadien, le COVAN et nos organisations membres, ce qui nous a permis de mettre sur pied des programmes de financement avec le gouvernement fédéral qui devront se poursuivre bien au-delà de 2010. Ce projet de loi aide à favoriser ces partenariats jusqu'en 2010, et j'espère, bien au-delà.
Voilà ce que j'avais à dire. Merci beaucoup.
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Merci beaucoup, je vous remercie tous d'avoir présenté des exposés très brefs, car cela nous permet de vous poser des questions.
À titre d'information, le temps de parole des députés est limité à cinq ou six minutes pour les questions. Nous accueillons beaucoup de témoins aujourd'hui. Les députés adresseront leurs questions à quelqu'un en particulier, mais si l'un d'entre vous souhaite ajouter quelque chose, faites-moi signe et je ferai de mon mieux pour vous permettre de répondre également.
Nous allons commencer par M. McTeague. Vous avez six minutes.
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Monsieur le président, merci.
Je remercie tous les témoins de leur présence aujourd'hui. Ce projet de loi est très important, et je pense que nos questions refléteront bien le fait que nous avons l'intention d'examiner très sérieusement cette mesure législative.
Madame Rowden, vous nous dites que ce projet de loi n'est pas forcément nécessaire dans la mesure où la plupart de ces protections existent déjà en vertu de la Loi sur les marques de commerce.
Pourriez-vous nous donner la définition de « préjudice irréparable »? Est-ce véritablement un problème de calendrier? Il me semble que le temps que cela prendrait pour obtenir une injonction serait tel qu'il serait bien trop tard pour pouvoir mettre un terme à une situation difficile ou à un problème de contrefaçon des marques de commerce. Pourriez-vous expliquer au comité dans quelle mesure ce projet de loi ne règle pas ce problème non plus?
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Notre préoccupation porte sur le fait que les règles d'accès aux tribunaux pour les injonctions interlocutoires vont être modifiées. L'obligation de démontrer qu'il y a eu préjudice irréparable est l'un des critères spéciaux, car comme je l'ai déjà dit, une injonction interlocutoire est un recours spécial.
Notre proposition représente un juste milieu entre ce projet de loi et la loi actuelle. Si des preuves raisonnables laissaient à penser qu'une activité était contraire à l'alinéa 4(1)a), la disposition qui interdit l'affiliation illégale, alors elle serait réputée être des preuves de préjudice irréparable. Toute partie souhaitant obtenir une injonction interlocutoire devrait malgré tout démontrer qu'elle a une preuve prima facie et qu'elle répond aux critères de prépondérance des inconvénients, ce qui est le deuxième des trois critères requis pour obtenir une injonction interlocutoire.
Je pense que le problème des délais sera plus facilement réglé dans le cadre des critères de prépondérance des inconvénients que dans le cadre du critère de préjudice irréparable. Afin de pouvoir avoir accès à un tribunal pour demander une injonction interlocutoire, la partie souhaitant obtenir cette injonction doit démontrer que la prépondérance des inconvénients lui revient à elle plutôt qu'à la partie opposée. C'est généralement le cas dans une situation où le temps est compté. Étant donné cela, nous pensons que la modification de la règle touchant au préjudice irréparable permettra de répondre aux intérêts des organismes olympiques.
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Je crois que, bien avant le lancement des Jeux olympiques de Vancouver, les parties auront cerné les situations réelles menant à un préjudice irréparable. Par conséquent, dès l'apparition d'une telle situation, elles devraient être en mesure de s'y attaquer.
L'Association olympique canadienne détient actuellement des centaines de marques officielles, et cela ne l'a jamais empêchée d'intervenir rapidement. Les éléments de preuve sont préparés, elle sait comment réagir à ces affaires, et je suis certaine que le COVAN et l'organisation actuelle seront également prêts à parer à toute éventualité. Par conséquent, je crois que cette question de savoir si on pourra intervenir à temps ou non n'est pas aussi importante que la modification des règles entourant le préjudice irréparable. Je pense que les questions de temps seront réglées grâce à un examen plus juste des trois critères: une preuve prima facie solide, la prépondérance des inconvénients et le critère de préjudice irréparable tel que nous le proposons.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur comparution.
Je voudrais revenir sur ce que disait M. Bean. De prime abord, ce projet de loi semble protéger les grandes entreprises, et c'est le cas, ainsi que les groupes participant à l'organisation des jeux olympiques de Vancouver. Cela aussi est vrai, mais souvent, on ne se rend pas compte de l'effet que cela a sur les athlètes.
M. Bean, et peut-être quelqu'un d'autre qui travaille dans ce domaine également, pourriez-vous nous apporter plus de précisions sur la façon dont le programme des commandites a transformé le climat et a favorisé la réussite de ce programme? Il s'agit tout d'abord des succès olympiques. La plupart d'entre nous ici se rappellent la participation du Canada en 1967, par exemple, et nous voulons tous des médailles. Nous voulons connaître des succès ici. Depuis que nous avons adopté ce type de programme des commandites, a-t-on constaté une augmentation du nombre de médailles remportées? Allons-y franchement.
Vous aviez également commencé à aborder une autre question qui m'intéresse: qu'en est-il des athlètes une fois que leur carrière sportive est terminée? Ce programme a-t-il permis aux athlètes de s'insérer dans le monde du travail? Pourriez-vous nous donner plus de précisions?
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Oui, et je peux vous donner un exemple concret pour ce qui est du nombre de médailles remportées grâce à cet argent.
Par exemple, lorsque je me suis joint à l'équipe nationale du Canada, pour ma première année, j'ai dû débourser 35 000 $; heureusement, mes parents m'ont aidé. J'ai eu beaucoup de chance.
Actuellement, grâce au programme À nous le podium, il existe un programme qui recrute des acrobates de haut niveau pour qu'ils deviennent des skieurs acrobatiques spécialistes des sauts. Ils sont intégralement financés et recrutés pour remporter des médailles à Vancouver en 2010. Actuellement, ils sont à Québec où ils s'entraînent pour devenir des athlètes olympiques, et tous leurs frais sont couverts par le programme. Cela va beaucoup nous aider à remporter des succès.
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Tant qu'ils participent au programme, on ne leur propose pas d'emploi. Les jeunes qui participent au programme Sauts 2010 reçoivent un peu plus d'argent que ce dont ils ont besoin pour couvrir leurs frais d'entraînement et de compétition. Je dirais que ça leur permet d'aller au restaurant une fois par semaine.
Vous avez parlé d'université et d'éducation. C'est quelque chose qui me pose problème et je pense que le gouvernement canadien ne fait pas suffisamment dans ce domaine. Il offre une éducation universitaire gratuite à tous les athlètes brevetés pour chaque année où ils sont brevetés. Je crois que c'est quelque chose dont peu de gens ont entendu parler. Je crois que c'est une excellente initiative de la part du gouvernement canadien.
Pour l'après-carrière, je pense que les commanditaires joueront un rôle essentiel, et c'est pour cela que j'ai mentionné le programme des athlètes olympiques RBC. Ils financent non seulement À nous le podium et le COVAN, mais ils ont également créé un programme visant à appuyer les athlètes olympiques une fois leur carrière terminée.
Ils recrutent des athlètes olympiques, et 35 travaillent pour eux actuellement. D'ici le début des Jeux de Vancouver, ils prévoient de doubler ce chiffre pour le porter à 70 athlètes olympiques, qu'ils soient en activité ou à la retraite; ceux-ci travaillent à la banque avec des horaires souples pour l'entraînement. Les athlètes qui continuent de participer à des compétitions travaillent un peu à la banque et font beaucoup de travail communautaire, tandis que ceux qui sont retraités travaillent principalement à la banque.
Je pense que, s'ils ont l'assurance que leur investissement est conséquent et protégé, alors ils continueront d'investir en dehors du contrat de commandites proprement dit et aideront la marque olympique à se développer.
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Je peux vous donner trois autres exemples de groupes commanditaires avec lesquels nous travaillons.
À l'heure actuelle, RONA finance 100 sportifs à hauteur de 5 000 $ par année. L'entreprise a pris un engagement de cinq ans. Elle finance les sportifs pour qu'ils puissent s'entraîner et participer à des compétitions, mais aussi faire du travail d'intérêt général dans leurs magasins. C'est un excellent programme.
La Compagnie de la Baie d'Hudson finance 200 sportifs à raison de 8 000 $ par année. Vous avez sans doute vu le programme Courons pour le Canada de HBC et d'autres manifestations de souscription réservées exclusivement aux sportifs.
Petro-Canada participe depuis les jeux de 1988. Nous avons sans doute tous des verres de Petro-Canada à la maison. Il existe actuellement un fonds de 10 millions de dollars créé par Petro-Canada en 1988. Pendant la période préparatoire aux Jeux de 2010, la société s'est engagée à financer encore une fois les sportifs. On parle ici de sportifs de niveau local.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie l'ensemble des témoins d'être venus aujourd'hui.
Madame Rowden, j'ai proposé des amendements sur les points qui vous préoccupent.
Je suis étonné que le gouvernement m'ait montré des amendements hier. Ils n'ont pas été déposés ici. Les miens l'ont été, et je suis donc surpris que nous ne les ayons pas vus. Je pense que cela faciliterait le débat.
Vous avez notamment parlé de la difficulté que présentent les injonctions. C'est un long processus. On a proposé de désigner un juge pour la période visée, qui devrait rendre sa décision dans les 48 heures.
Est-ce une bonne idée? De cette façon, on ne dépendrait pas de l'appareil judiciaire, et des décisions indépendantes pourraient être prises à l'extérieur du COVAN. Est-ce que cela serait utile?
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Dans les milieux du droit, tout le monde souhaite avoir accès facilement et rapidement aux tribunaux. Plus cela se fait vite, mieux c'est. Dans le domaine commercial, si l'affaire est urgente, il est possible de recourir au tribunal en moins d'une journée.
Comme les membres de notre association ne se sont pas penchés sur la question, je vais vous donner ma réponse plutôt que celle de l'IPIC. Les parties qui s'adressent à des tribunaux spécialisés parlent d'un bilan mitigé. Si, après avoir été entendu, vous concluez que le juge a un parti pris, vous êtes son prisonnier à tout jamais. Une solution tout aussi acceptable serait de faire en sorte qu'il y ait une possibilité d'accès adéquate. La Cour fédérale, par exemple, sans doute le tribunal qui serait chargé d'entendre les causes relatives aux Olympiques, devrait être vivement encouragée à constituer une équipe de juges capables d'entendre facilement sur demande ces questions.
La Cour fédérale a maintenant de l'expérience en matière de propriété intellectuelle. Un de nos anciens membres siège d'ailleurs actuellement à la Cour fédérale et celle-ci ferait sans doute bon accueil à une demande de ce genre. Au lieu de créer un tribunal spécial, il serait préférable de jouir d'un accès sans entrave à tout le bassin de juges.
La loi adoptée en Australie en prévision des Jeux de 2000 était très semblable à celle que vous avez sous les yeux aujourd'hui. Il n'y avait donc pas de dispositions pour les sportifs; ceux-ci avaient toutefois beaucoup de mal à obtenir des commandites pour faire leur promotion et amasser les fonds nécessaires à leur entraînement et à leur participation aux compétitions.
Le gouvernement a donc apporté une modification en 2001 pour permettre aux sportifs et aux associations sportives de jouir d'un peu plus de liberté, les sportifs en particulier, pour qu'ils puissent se désigner olympiens et paralympiens et être désignés tels par leurs partisans.
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Merci beaucoup aux témoins de nous avoir présenté des éléments sur les mérites et les sujets de préoccupation de la loi dont nous sommes saisis.
Tous les membres du comité appuient vigoureusement les efforts déployés par le Canada et le comité olympique de Vancouver pour organiser les meilleurs Jeux olympiques qui soient, mais certains membres du comité éprouvent des inquiétudes. Le problème est ou bien opaque ou bien translucide; vous êtes avec nous ou vous êtes contre nous.
Ce qu'on entend ici, c'est qu'il y a des inquiétudes au sujet du projet de loi qui vont peut-être au-delà de la loi actuelle, qui peuvent créer une norme différente d'attentes au-delà de ce qui est englobé par la Loi sur les marques de commerce ou la Loi sur le droit d'auteur.
Pour aller droit au but, madame Rowden, si un gouvernement provincial devait tenir une manifestation semblable, des jeux provinciaux, et utiliser « 2010 » — même « 10 » —, pourrait-il, à strictement parler, enfreindre le projet de loi s'il devait être adopté.
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Dans cette situation, tous les commanditaires de jeux provinciaux seraient frappés par les interdictions de la loi.
Le paragraphe 3(1) interdit l'emploi d'un certain nombre d'expressions spécifiquement olympiques. Tant que les jeux provinciaux n'emploient pas ces expressions, c'est permis.
De même, à l'annexe 2 sont mentionnées un certain nombre d'expressions spécifiques aux jeux de Vancouver.
Le risque, c'est que les expressions de l'annexe 3 et la façon dont elles pourraient être interprétées laissent un doute dans l'esprit des commanditaires concernant les activités qui pourraient aller à l'encontre de la loi. Il serait préférable que le tribunal se voit accorder un plus grand pouvoir de discrétion pour statuer sur les activités expressément visées par la loi. Ce qui est expressément visé, ce sont les activités qui laissent entendre à tort une affiliation avec les Olympiques.
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L'organisation que vous représentez compte quelque 1 700 membres, juristes et autres qui travaillent dans cette branche. Le comité olympique de Vancouver nous a dit qu'il respectera l'esprit de la loi. Il sera indulgent quand il s'agira d'accrocs commis par les petits, mais interviendra quand il s'agira de poids lourds. Il agira pour s'assurer que les droits de tous les commanditaires sont bien protégés.
Nous nous fions à des lignes directrices volontaires qui seront publiées après coup, après que la loi aura reçu la sanction royale. C'est ce que nous a dit le comité olympique de Vancouver.
Cela inquiète-t-il votre organisation? Est-on en train de créer un ensemble de règlements non réglementaires, non fondés sur une loi, dans un ensemble de lignes directrices volontaires, ce qui devrait être englobé dans la loi?
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Lorsqu'il interprète un incident particulier, un tribunal examine généralement le libellé de la loi. Le libellé des lignes directrices n'a pas force exécutoire sur le tribunal. Les lignes directrices peuvent avoir un impact sur la façon dont l'organisation traite la législation, mais elles ne sont pas exécutoires pour le tribunal. Par conséquent, si le COVAN ou toute autre organisation qui est protégée par le projet de loi veut que d'autres questions soient prises en compte par le tribunal, ces questions devraient se trouver dans le projet de loi et ne devraient pas faire partie de lignes directrices facultatives.
Une autre de nos préoccupations, c'est qu'étant donné la façon dont le projet de loi a été rédigé, il est clair que d'autres mots peuvent être ajoutés à la loi avec une modification au règlement. Par exemple, il est possible d'ajouter des mots aux annexes, de sorte qu'il pourrait y avoir beaucoup plus de choses qui pourraient être interdites par la loi que ce que nous voyons à l'heure actuelle, lorsque le règlement sera complet, ou d'ici 2010.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Dans votre dernière déclaration, madame Rowden, vous avez mentionné que l'IPIC aimerait que les lois sur la contrefaçon soient resserrées. Votre témoignage aujourd'hui me laisse un peu perplexe, car il semble contredire votre témoignage précédent. Nous venons tout juste de faire une étude sur la contrefaçon, et la prépondérance des témoignages que nous avons entendus révèle que les lois canadiennes ne sont pas assez sévères et que nous ne sommes pas assez rigoureux.
Vous avez ajouté que le COVAN serait traité différemment pour ce qui est de sa capacité d'obtenir des injonctions interlocutoires. Je ne crois pas que cela soit le cas. Nous avons d'autres cas pour lesquels il y a une exemption. Le COVAN n'est pas la seule entité qui ait un recours particulier à un redressement interlocutoire, le règlement sur les médicaments brevetés prévoyant un sursis automatique de 24 mois pour les sociétés pharmaceutiques qui veulent empêcher un concurrent soupçonné de fabriquer un produit générique de pénétrer le marché.
J'aimerais que vous m'expliquiez cette divergence d'opinions. Il semble que d'une part l'IPIC veuille que nous resserrions nos lois sur la contrefaçon, mais ici vous dites presque que nous allons trop loin.
Pourriez-vous expliquer cette divergence au comité?
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Certainement. Le projet de loi ne porte pas surtout sur la contrefaçon; il porte surtout sur le marketing insidieux. C'est l'intention explicite. On ne trouve pas le terme dans le projet de loi, mais c'est là l'impact qu'a le projet de loi.
L'IPIC appuie fermement les lois qui améliorent la position internationale du Canada, qui aux yeux de bon nombre d'intervenants est considérée comme étant insuffisante pour ce qui est de protéger contre la contrefaçon, mais cette loi porte sur de nombreuses activités d'affaires qui n'ont clairement rien à voir avec la contrefaçon; elle porte sur l'appui des athlètes des Jeux olympiques ou sur l'appui des adolescents. C'est donc surtout ces questions dont nous voulions parler.
En ce qui concerne les dommages irréparables, dans le cas des médicaments brevetés, il existe un régime très spécial qui appuie une position très ferme du Canada qui consiste à fournir des médicaments au coût le plus bas possible. C'est fondamental pour la médecine socialisée du Canada. Je pense que la situation dont nous parlons ici en ce qui a trait aux intérêts d'affaires et aux droits des athlètes et des petites entreprises n'a rien à voir avec tout cela.
Les critères de dommages irréparables dont nous parlons ici sont les critères qui s'appliquent à toute autre personne qui recourt aux tribunaux pour demander le type de redressement prévu dans le projet de loi. Le type de redressement pour les médicaments brevetés relève d'un régime tout à fait différent.
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Vous avez également mentionné que s'il y avait un problème, vous pourriez vous adresser très rapidement aux tribunaux. Encore une fois, selon les témoignages que nous venons tout juste d'entendre dans le cadre de notre étude sur la contrefaçon, l'accès aux tribunaux ne serait pas aussi rapide; cela pourrait prendre des mois et des mois.
Comme les Jeux olympiques durent peu de temps, je pense que nous avons pu profiter des pratiques exemplaires ailleurs dans le monde. Je peux parler de Montréal, du Royaume-Uni, de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande et des États-Unis. Dans tous les cas, on a fait quelque chose contre le marketing insidieux. Par exemple, à Montréal, l'interdiction de marketing insidieux devait prendre fin à la fin de 1976; au Royaume-Uni, c'était à la fin de 2010; en Australie, l'interdiction était permanente et en Nouvelle-Zélande également; les États-Unis ont rendu cette interdiction permanente également. Ne pensez-vous pas que ce soit là une bonne idée — d'avoir une interdiction au moins jusqu'à la fin de l'année?
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J'aurais trois observations à faire. Premièrement, le régime actuel de la Loi sur les marques de commerce accorde déjà une protection très spéciale aux organisations olympiques en leur accordant une marque de commerce super qui jusqu'à présent était très efficace pour faire respecter leurs droits.
Deuxièmement, en ce qui concerne le dommage irréparable — je veux être bien certaine de répondre à votre question —, il est très difficile d'avoir accès aux tribunaux en cas de contrefaçon, car souvent on ne sait absolument pas à qui l'on a affaire. On ne sait pas qui a fabriqué ces t-shirts. On ne sait pas où ces gens vivent. On ne sait pas qui est derrière tout cela. On ne sait pas qui finance l'affaire. Ce n'est pas le genre de situation qui pourrait être réglé par le projet de loi.
Dans le cas des t-shirts comme ceux que j'ai vus hier et qui disaient « Go Sens Go », les lois actuelles prévoient des dispositions. Si ces dispositions ne sont pas suffisantes, je ne pense pas que le projet de loi va améliorer la situation. En éliminant la nécessité de démontrer qu'il y a dommage irréparable, le projet de loi ne va pas améliorer la situation pour la contrefaçon lorsqu'on ne peut pas déterminer quelle en est la source. Je ne pense pas que cela va vraiment avoir un impact. Pour avoir un impact, il faut améliorer la situation en ce qui concerne la contrefaçon.
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Je voulais tout d'abord dire que j'ai exercé 27 ans le droit comme avocate spécialisée en marques de commerce et qu'au cours de cette période il y a eu plusieurs jeux olympiques, dont un ou deux au Canada. Nous avons donc déjà quelque expérience de la façon dont on protège les marques olympiques. Nous avons déjà une certaine jurisprudence, des lois qui font précédent et qui permettent aux parties de savoir à quoi s'en tenir.
En outre, les marques officielles qui ont déjà été protégées sont publiées. Elles figurent à la base de données du Bureau des marques de commerce, et il est facile de les y retrouver. Ce projet de loi crée de toutes nouvelles règles et chaque fois que l'on a une nouvelle loi, cela crée une certaine imprévisibilité et incertitude. Si l'on veut avoir ce projet de loi pour s'attaquer au marketing insidieux, faisons-le. Voyons comment cela fonctionne jusqu'en 2010, après quoi nous constaterons peut-être que cela n'a absolument pas amélioré la protection qui existe déjà dans la Loi sur les marques de commerce. Nous constaterons peut-être que c'est totalement insatisfaisant. C'est la raison pour laquelle nous pensons qu'il serait préférable de prendre le temps, après les Jeux olympiques, d'examiner la situation et de voir quelle est la meilleure façon de protéger toutes les parties concernées.
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Il ne fait aucun doute que les athlètes ont beaucoup plus de possibilités de s'entraîner et de bénéficier d'appuis financiers. Le gouvernement canadien offre un programme, le Programme des athlètes brevetés, qui aide environ 2 000 athlètes et nous, À nous le podium, qui préparons les athlètes pour 2010, offrons à 300 ou 400 autres une aide financière supplémentaire. Donc, grâce à ce financement des commanditaires, ces 50 millions de dollars qu'apportent les entreprises commanditaires, nous pourrons payer l'hébergement et d'autres choses mais, comme vous l'avez entendu dire aujourd'hui, fournir aussi des services de massages thérapeutiques, de la physiothérapie, des médecins, d'avantage d'entraîneurs et ainsi offrir aux athlètes de meilleures chances.
L'équipe canadienne, il y a trois ou quatre ans, arrivait au neuvième ou dixième rang aux Jeux olympiques d'hiver. Elle est passée au deuxième rang grâce à ces 40 millions de dollars environ que l'on a dépensés ces deux dernières années. Parmi les 80 pays auxquels nous nous mesurons, nous avons maintenant dépassé les États-Unis, la Russie, la Norvège, l'Autriche et certaines des autres superpuissances en matière de sports d'hiver. Il ne fait aucun doute que c'est le résultat des budgets accrus que nous avons affectés à ce programme. Le gouvernement fédéral et les entreprises s'entendent pour contribuer à part égale au budget de 110 millions de dollars qui nous permet de préparer les équipes pour 2010.
Merci, madame Brunelle.
Merci à tous, mesdames et messieurs, d'être venus.
Chers collègues, nous allons suspendre la séance quelques minutes avant de passer à l'étude article par article du projet de loi.
Vous pouvez rester et assister à nos délibérations si vous le souhaitez.
Nous suspendons donc la séance quelques minutes.
Nous vous remercions tous d'être venus. C'est un honneur que de recevoir un participant aux Jeux olympiques. Je sais que certains membres de ce comité se considèrent comme des athlètes. Nous avons deux gardiens de but. Je ne suis pas sûr que ça en fasse pourtant des athlètes officiels.
M. McTeague a une moyenne de buts alloués de 12, n'est-ce pas?
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Nous reprenons les travaux.
Nous nous retrouvons pour l'étude article par article du projet de loi . Nous avons la salle jusqu'à 14 heures. Je ne sais pas si nous aurons besoin de tout ce temps, mais je voulais simplement vous prévenir que nous avions la salle jusqu'à cette heure-là. Vous devez avoir reçu une série d'amendements et je vais les prendre dans l'ordre que m'a indiqué le greffier législatif.
Permettez-moi de présenter à nouveau les trois témoins. Mme Susan Bincoletto, directrice générale, Industrie Canada; Mme Julie D'Amours...
Êtes-vous d'Industrie Canada ou de Justice Canada.?
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Industrie Canada, Services juridiques, bien.
Et nous avons Mme Darlene Carreau, d'Industrie Canada, Services juridiques également.
Merci à toutes.
Nous allons commencer par l'article 1, le titre abrégé, qui, me dit-on, est réservé, conformément paragraphe 75(1) du Règlement.
(L'article 1 est réservé.)
(L'article 2 est adopté.)
(Article 3 — Marques interdites)
Nous pensons qu'une meilleure façon de l'exprimer serait peut-être de parler des Jeux olympiques ou des Jeux paralympiques... Excusez-moi, j'aimerais prendre quelques minutes.
La disposition commence comme suit :
Il est entendu que ne constitue pas un emploi à l'égard d'une entreprise l'emploi d'une marque olympique ou paralympique ou sa traduction — en quelque langue que ce soit — dans le cadre de la publication ou de la diffusion de nouvelles relatives aux Jeux olympiques ou aux Jeux paralympiques,
« notamment par le moyen de la presse électronique ». Est-ce ce que vous essayez de dire, à savoir que la publication ou la diffusion englobe aussi la presse électronique?
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Au yeux du gouvernement, il est préférable de laisser les tribunaux déterminer ce qui est reproduit à une échelle commerciale. Les tribunaux disposeront de tous les faits pertinents pour prendre une décision éclairée. Il est difficile pour le législateur de tracer la ligne entre ce qui est reproduit à une échelle commerciale et ce qui ne l'est pas. Les artistes travaillent dans toutes sortes de situations très différentes. Voilà pourquoi il nous a semblé plus sage de laisser les tribunaux trancher.
Cela dit, les artistes ne sont pas complètement dans le noir. Le terme « à l'échelle commerciale » est déjà employé dans le contexte de la propriété intellectuelle, notamment dans les discussions sur les mesures anticontrefaçons.
Le juge déterminera si la reproduction s'est faite à des fins de distribution commerciale ou non. Voilà pourquoi nous avons jugé malavisé pour le législateur de tenter de cerner davantage ce concept.
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Je ne veux pas m'étendre sur le sujet, mais voici où je veux en venir: Si jamais quelqu'un ne comprend pas le sens de cette expression et se retrouve devant les tribunaux, nous le regretterions parce que ce n'est pas ce que nous voulons. Je ne crois pas non plus que le comité d'organisation des Jeux olympiques veuille être blâmée pour s'être attaquée à un pauvre artiste... Les artistes n'ont pas toujours les moyens de se défendre devant les tribunaux pour avoir produit 100 reproductions de leur oeuvre.
Ne pourriez-vous pas, dans le règlement, apporter des précisions de sorte que les artistes sans le sou ne se retrouvent pas devant les tribunaux après le fait? Il se pourrait aussi que les artistes hésitent à faire quoi que ce soit de peur de violer les règles. Peut-être hésiteront-ils à faire quoi que ce soit et vous étoufferiez ainsi leur créativité.
Je comprends ce que vous dites. Je suis d'accord. Mais je suis d'avis que vous ne voulez pas apprendre un jour que le Comité des Jeux olympiques de Vancouver s'en est pris à un pauvre artiste qui tire le diable par la queue et qui avait reproduit une de ses oeuvres en 100 exemplaires sans savoir si ça pourrait lui attirer des ennuis ou, au contraire, qu'il a préféré ne pas le faire parce qu'il craignait de violer la loi.
Je crois que la plupart d'entre nous veulent simplement que ce soit plus clair. Nous ne sommes pas contre le projet de loi. Nous voulons simplement nous assurer que personne ne sera accusé de s'être attaqué aux pauvres artistes. C'est tout.
Est-ce que cela pourrait figurer dans le règlement?
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C'étaient là essentiellement mes questions.
Toujours au sujet de l'interprétation de cette disposition législative, il y a par exemple des dessinateurs qui produisent souvent des oeuvres très similaires, même ici à Ottawa. Seraient-ils assujettis à cette règle?
Ils offrent deux ou trois dessins semblables et en ont déjà d'autres qui sont tous pratiquement la même oeuvre. Pourraient-ils faire l'objet d'accusation aux termes de cette disposition?
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais faire une observation.
Il sera impossible de préciser une chiffre, comme l'a fait valoir Susan devant les membres du comité. Il faut laisser cela aux tribunaux.
L'amendement vise à protéger les artistes et non pas à étouffer leur créativité. Il faut penser à l'esprit de cette disposition, et les tribunaux le comprendront également.
Bien entendu, j'aimerais que nous adoptions une loi parfaite qui protégerait tout le monde, mais il y aura toujours des échappatoires dont certains tâcheront de profiter. Il vont reconnaître qu'en proposant cet amendement, le gouvernement veut protéger les artistes et non pas étouffer la créativité.
Je suis favorable à l'amendement.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais revenir un moment sur la légalité ou les questions de compétence en cause dans certains de ces amendements. Nous nous avançons en terrain délicat.
Que je sache, en vertu de l'article 92, le droit de propriété est du ressort des provinces. Pourriez-vous expliquer au comité quelques brèves notions afin que nous ayons l'assurance que ces dispositions ne pourront pas être contestées en vertu de la Constitution, c'est-à-dire qu'elles n'empiètent pas sur des champs de compétence provinciale?
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Merci, monsieur le président
L'amendement que je propose vise à donner certaines garanties aux groupes autochtones et communautaires ainsi qu'aux organismes sans but lucratif. Le COVAN a présenté un bon témoignage, mais cet amendement vise à garantir que le gouverneur en conseil prenne des règlements et des règles de façon transparente en ce qui concerne l'utilisation de licences et de documents.
Certains symboles utilisés pour les Jeux olympiques ont une dimension traditionnelle au Canada et d'autres dimensions. Cet amendement rassurera les groupes autochtones et communautaires ainsi que les organismes sans but lucratif en leur indiquant qu'il y aurait un processus clairement défini sur l'utilisation des licences, processus qui sera établi clairement par un règlement émanant du gouverneur en conseil.
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Si j'ai bien compris le sens de cette motion, elle donnerait au gouverneur en conseil le pouvoir de prendre des règlements relatifs aux conditions d'octroi des licences et aux conditions d'admissibilité, de même qu'aux critères de suspension et de révocation d'une licence.
De prime abord, nous avons certaines réserves après avoir entendu le témoignage de l'IPIC au sujet d'une question qu'on leur avait posée auparavant. Cette disposition semble entraver la capacité du titulaire des droits à déterminer quand, comment et à qui octroyer les licences. Il ne faut pas prendre à la légère l'idée de donner au gouverneur en conseil le pouvoir d'imposer des obligations relatives aux conditions d'attribution des licences.
Le gouvernement s'est montré assez réticent, surtout récemment, à intervenir pour imposer de telles obligations. Il est possible, du reste, que cette disposition empiète sur des champs de compétence provinciale, car les conditions d'attribution de licences relèvent des provinces. Nous avons donc certaines réserves à l'endroit de cette motion.
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Tout à fait. La disposition prévoit que seuls le COVAN, le COC ou le CPC, à des moments différents, auront le droit d'entreprendre des poursuites en justice. Avec le consentement écrit du COVAN, les commanditaires pourront également demander qu'une poursuite soit entreprise, et le COVAN aura 10 jours pour répondre, affirmativement ou négativement.
Nous avons décidé de donner cette possibilité aux commanditaires en dépit du fait que le COVAN, le COC et le CPC soient les titulaires des droits. Les commanditaires, dont les intérêts économiques sont en jeu et qui font également office de partenaires, pourront en effet discuter avec les gens du COVAN et soumettre certaines informations pouvant influencer d'une façon ou d'une autre la décision de l'organisme. Toutefois, la décision finale incombe au COVAN. Pour nous, il était important que ce soit le cas, parce que le mouvement olympique a une réputation à faire respecter.
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L'article 6 a suscité certaines réserves, et je veux proposer un amendement. Cependant, certains députés m'ont demandé de poser une question à nos témoins. Cette question concerne essentiellement le témoignage de l'IPIC.
D'après l'IPIC, les dispositions du projet de loi seraient incompatibles avec d'autres lois. En ce qui concerne les injonctions interlocutoires, le projet de loi établirait des normes différentes de celles qu'appliquent les tribunaux du Canada, en supprimant la nécessité de prouver l'existence d'un préjudice manifeste, indéniable ou irréparable qui ne pourrait être compensé par les dommages-intérêts qui pourraient éventuellement être accordés à l'issue du procès.
Pourriez-vous commenter la position de l'IPIC en ce qui concerne les injonctions interlocutoires et sa recommandation d'abroger l'article 6 du projet de loi? Autrement dit, l'article 6 est-il essentiel? Voilà ma première question.
Deuxièmement, à défaut d'abroger cet article, l'IPIC nous recommande de le modifier pour qu'il se lise comme suit:
Si la cour a des motifs raisonnables de penser que les activités d'une partie feront en sorte que le public croit que ces activités sont « approuvées, autorisées ou sanctionnées... », cela sera alors considéré comme une preuve de préjudice irréparable.
Que pensez-vous de cette recommandation?
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Le premier élément qui a été invoqué, monsieur le président, concerne la non-concordance avec d'autres lois. Mais ce n'est pas le cas ici. En common law, il existe un triple critère qui permet de déterminer les éléments nécessaires pour obtenir une injonction.
Le gouvernement part du principe que dans ce cas-ci, il faut un changement précis pour éliminer la condition du préjudice irréparable. C'est donc dans ce sens que nous modifions le critère actuel en ce qui concerne les injonctions, mais il n'y a pas pour autant contradiction.
Si cela est indispensable ici, c'est parce que, dans ce genre de cause, il est extrêmement difficile pour une partie qui souhaite obtenir une injonction dans une affaire de propriété intellectuelle de prouver qu'il y a préjudice irréparable, principalement parce qu'il s'agit d'argent. En règle générale, le tribunal finit par dire ceci: « Eh bien, nous pouvons simplement donner satisfaction au requérant et le payer plus tard », de sorte que la conduite reprochée peut se poursuivre au détriment du demandeur, et dans ce cas il s'agit du COVAN. L'activité reprochée peut donc continuer, mais plus tard le COVAN sera indemnisé pour l'ensemble des préjudices subis pendant les jeux.
Le gouvernement part du principe que cela n'est pas acceptable pendant les Jeux olympiques. L'attention est ici de remédier immédiatement au problème et d'empêcher ce genre d'activités, et non pas de régler plus tard l'indemnisation financière. En effet, le préjudice aura déjà été subi et peut-être sera-t-il impossible de l'indemniser.
Voulez-vous que je vous parle de la disposition déterminative?
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En fait, je ne vois aucune différence de fond entre ce que propose l'IPIC et ce qu'a déjà fait le gouvernement. Ce que cet organisme propose, c'est de présumer qu'une infraction à l'article 4 constitue la preuve d'un préjudice irréparable.
Le tribunal ne s'est pas encore saisi des autres éléments du critère. Plus important encore, il faut qu'il détermine si la gravité du préjudice est suffisante pour qu'il y ait matière à procès. Et dans ce sens, le tribunal va dont examiner les mérites de la cause, en particulier pour déterminer s'il existe une preuve prima facie d'une violation de notre article 3 ou de notre article 4 de la loi.
De toute manière, le tribunal va se pencher sur cette preuve. Par conséquent, à mon avis, il n'existe en fait aucune différence de fond entre la proposition de l'IPIC et celle du gouvernement.
Dans un deuxième temps, le COVAN va devoir démontrer qu'il y a des preuves suffisantes à l'appui de sa demande d'injonction aux termes de l'article 3 ou de l'article 4, et il va devoir convaincre le tribunal qu'il y a en l'occurrence une question grave à trancher en ce qui concerne l'infraction à l'article 3 ou à l'article 4, et cela avant que l'affaire puisse se poursuivre.
Je pense qu'il est également important de mentionner l'existence du critère de la prépondérance des inconvénients qui fait qu'il ne s'agit pas simplement d'une renonciation aux préjudices irréparables. Nous allons nous pencher sur l'aspect de la question sérieuse, mais également sur celui de la prépondérance des inconvénients. De quoi s'agit-il? Est-il plus commode d'accorder l'injonction au COVAN ou de laisser la partie qui a prétendument commis l'infraction poursuivre son activité en attendant le procès?
Une autre chose encore qu'il importe de signaler est qu'en vertu des différentes règles de procédure, la partie qui demande une injonction — en l'occurrence ici le COVAN — est dans la plupart des cas tenue de souscrire à un engagement en matière de dommages-intérêts. Ainsi, à supposer que le COVAN obtienne son injonction, si le tribunal vient à déterminer à l'issue du procès que cette injonction était inappropriée, le COVAN pourrait devoir payer des dommages-intérêts à l'autre partie, celle qu'il avait accusée d'enfreindre le présent projet de loi.
Enfin, cet amendement n'est pas sans précédent. Nous en avons déjà des exemples aux États-Unis; il y a eu les Jeux de Sydney en Australie, la loi de 2000, et même notre propre loi de 1976 pour les Jeux de Montréal.
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Merci, monsieur le président.
Nous pourrions j'imagine procéder de deux manières. Ce que nous proposons ici, c'est de créer un système extrajudiciaire qui permettrait à une partie intéressée d'interjeter appel devant un mécanisme qui lui donnerait la possibilité d'être entendue par un juge ayant l'expérience du droit de la propriété intellectuelle et qui pourrait ainsi décider ce qu'il doit advenir de la demande d'injonction. Nous avons prévu un délai de 48 heures parce que nous savons que dans les litiges comme ceux-là, le temps est précieux pour les deux parties.
Je crois à l'utilité de ce genre de dispositions parce que cela nous donnerait la garantie d'une impression d'indépendance, puisque le COVAN ne pourrait ainsi pas être considéré à la fois comme le juge, le jury et le bourreau, puisqu'ainsi, il y aurait un juge indépendant, quelqu'un qui a de l'expérience et qui pourra se saisir du litige entre les deux parties avant la tenue des Jeux, mais aussi d'avoir un mécanisme prescrit par la loi pour déterminer s'il y a eu effet préjudiciable, et également on pourrait ainsi savoir comment interjeter appel pour obtenir une injonction a priori.
Ce n'est pas plus compliqué que cela. L'autre solution consiste à renvoyer le tout devant les tribunaux. Nous avons entendu des témoignages aujourd'hui, et le système n'est pas parfait — je l'admets facilement, mais encore une fois, je n'aimerais pas qu'on se contente de tout confier à nouveau aux tribunaux, sans avoir la garantie qu'il y aura une procédure, qu'il y aura un mécanisme, et qu'il y aura également le délai voulu dans l'intérêt du plaignant. En effet, ce serait quelque chose de probablement beaucoup plus onéreux qu'un mécanisme indépendant qui pourrait justement alléger ce fardeau qui serait sinon imposé, notamment à certains groupes ou à certains organismes.
Je voudrais commencer par préciser que, lorsque je parlais un peu plus tôt de l'IPIC, c'était à propos de cette motion-ci et non pas de la motion précédente concernant le secteur non lucratif. C'est Mme Rowden qui a répondu à cela en disant — et je paraphrase — qu'il y a des divergences de vues et qu'il n'y pas unanimité pour dire si c'est un bon ou un mauvais système. Vous ne serez donc pas étonné si cette motion-ci nous pose également problème.
En ce qui concerne la première partie, en fait le droit d'appel existe déjà de toute façon. Par conséquent, cela nous semble un peu redondant de mettre cela dans le projet de loi. Le droit d'appel existe bel et bien.
Quant au second paragraphe, je vais laisser ma collègue du ministère de la Justice vous en parler de façon plus précise. Il est toujours difficile d'imposer par voie législative une date limite aux tribunaux, que ce soit pour rendre une décision ou pour entendre une affaire. Comme l'ont déjà mentionné un peu plus tôt les représentants de l'IPIC, il y a deux façons d'accélérer une procédure. Les parties s'entendent et la cause peut être entendue très rapidement.
Par conséquent, ici encore c'est quelque chose qui n'a pas de précédent dans la législation sur la propriété intellectuelle, et puis il y a d'autres mécanismes qui semblent déjà fort bien fonctionner et qui permettent d'accélérer la procédure. Pour ces deux raisons donc, nous pensons qu'il n'est peut-être pas nécessaire d'envisager ce genre d'amendement et que ce n'est peut-être pas une bonne idée de le faire.
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Vous semblez un peu craindre l'idée qu'un juge indépendant puisse entendre ce genre de cause, mais c'est exactement ce qui va se passer étant donné que les demandes en question vont être introduites à la Cour fédérale ou à la Cour supérieure d'une province, et les juges sont précisément nommés pour être indépendants lorsqu'ils sont appelés à décider dans ce genre d'affaire et parce qu'ils ont une compétence particulière à cet égard, selon ce qui est déterminé par les tribunaux. Cela fait partie intégrante du mécanisme, et c'est pour cette raison que nous avons des recours devant les tribunaux existants pour entendre ce genre de cause.
Par exemple, les tribunaux provinciaux ont une compétence particulière. On considère cela comme un recours équitable en droit, et les tribunaux provinciaux ont une compétence spécialisée lorsqu'il s'agit de traiter des recours équitables. Dans le même ordre d'idées, la Cour fédérale a des dispositions concernant les injonctions interlocutoires, les injonctions provisoires et les appels qui en découlent, de sorte qu'il serait pratiquement impossible de faire ce genre de choses dans un contexte purement administratif. Mais je pense néanmoins que vous pouvez avoir l'assurance que les causes sont entendues dans les meilleurs délais surtout lorsqu'il s'agit d'injonction. C'est simplement la nature de la bête.
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Je ne comprends pas trop bien pourquoi on voudrait microgérer la justice. J'espère vraiment que si jamais il y a appel, cet appel va être entendu par quelqu'un qui a une expérience du droit. Dire qu'il s'agit d'une expérience dans tel ou tel domaine du droit semble un peu absurde, pour un organe parlementaire ou le Parlement du Canada de dire au juge en chef ou au tribunal qui entendra l'appel: « Veillez bien à ce que le type que vous allez nommer est compétent ». Pour moi, c'est pas mal drôle.
En autant que nous devons nous en remettre aux tribunaux pour ce qui est de leur compétence à juger d'une cause, personnellement je serais terrifié à l'idée que l'une de ces modifications puisse servir au bout du compte à justifier de suspendre pour l'appel quelqu'un qui aurait décidé d'accorder l'injonction.
Qu'est-ce que cela donnerait du point de vue de la chronologie?
[Français]
Est-ce que le droit d'en appeler, qui existe peu importe le paragraphe proposé dans l'amendement, aura pour effet de permettre la poursuite de l'activité délétère ou est-ce que durant l'appel l'injonction restera valide?