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Mesdames et messieurs les membres du comité, puis-je vous demander de prendre place?
Nous tenons aujourd’hui la 24e réunion du Comité permanent de l’industrie, des sciences et de la technologie. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, le comité poursuit son étude sur les défis auxquels est confronté le secteur manufacturier canadien.
Nous entendrons aujourd’hui trois témoins qui disposent de 40 minutes chacun. Je les invite, tout comme les membres, à être brefs tant dans leurs exposés que dans les questions et réponses.
Avant toute chose, je tiens à rappeler aux membres que s’ils ont des suggestions à faire pour la semaine du 20 au 24 novembre en ce qui concerne les possibilités de visites que nous pourrions effectuer ou des témoins que nous pourrions vouloir convoquer, d’en faire part le plus rapidement possible au greffier. Nous tiendrons une réunion du comité directeur jeudi matin de 9 heures à 9 h 45 pour discuter du plan de travail de la semaine du 20 novembre.
Mais pour l’instant, nous entendrons notre premier témoin qui aura la parole jusqu’à 16 h 10. Je sais qu’il est parti de la Colombie-Britannique pour venir nous rencontrer. Il s’agit de M. Russ Cameron, président de la Independent Lumber Remanufacturers' Association.
Monsieur Cameron, soyez le bienvenu. Vous avez environ 40 minutes, mais pour laisser le plus de temps possible aux gens qui veulent poser des questions, nous vous demandons d’essayer de présenter votre exposé en moins de 10 minutes, après quoi nous passerons aux questions des membres.
Monsieur Cameron, allez-y, s’il vous plaît.
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Ça devrait me prendre moins de 10 minutes. Je vais simplement lire ceci, après quoi je pourrai répondre aux questions.
Je vous remercie d’avoir invité l’Independent Lumber Remanufacturers' Association, que je désignerai sous le sigle ILRA, à comparaître devant votre comité. Nos 120 sociétés membres représentent la majorité des entreprises du secteur forestier de la Colombie-Britannique qui n’ont pas de concession forestière. Quand nous disons qu’elles ne sont pas titulaires d’une concession forestière, nous voulons dire que nous n’exploitons pas de forêts publiques de bois d’œuvre dont les gouvernements provinciaux ont fixé le prix par voie administrative. Nous payons le prix du marché, en concurrence avec les Américains et le reste du monde pour toute notre fibre ligneuse. Nous sommes de petites entreprises familiales qui emploient plus de 4 000 personnes. Annuellement, notre chiffre de ventes s’élève à 2,5 milliards de dollars pour quatre milliards de pieds-planche. Nous coupons le bois, nous le transformons et nous le vendons en gros. Nous vendons notre bois partout dans le monde, mais notre principal marché, ce sont les États-Unis.
Selon les statuts de l’ILRA, nous devons profiter au maximum des avantages socio-économiques que procure chaque mètre cube de bois d’œuvre exploité chez nous en faisant en sorte que la conjoncture favorise une deuxième transformation des produits du bois au Canada. Nous sommes les seuls à offrir des possibilités de croissance dans le secteur forestier, car nous sommes des entreprises qui emploient plus de Canadiens pour faire plus de travail avec moins de fibre ligneuse et en y ajoutant de la valeur. Nous sommes un groupe d’entrepreneurs habitués à déjouer les obstacles qui se dressent sur notre passage. D’une façon ou d’une autre, il semble que nous trouvions toujours une solution aux problèmes d’approvisionnement, aux fluctuations de la devise, aux fluctuations des marchés, à la concurrence étrangère et autres obstacles du genre.
Aujourd’hui, mes membres veulent que je parle du nouvel obstacle que nous ne serons peut-être pas capables de contourner. Comme vous le savez, un groupe de nos concurrents aux États-Unis, que l’on appelle la Coalition for Fair Lumber Imports, a eu recours au département du Commerce des États-Unis pour nous imposer des conditions qui nous rendent moins concurrentiels sur le marché américain. Nous avons déjà franchi cet obstacle auparavant, et nous savions que nous pouvions répéter cet exploit. L’astuce, c’est de survivre jusqu’à la victoire. La plupart d’entre nous avons effectivement survécu, mais à peine, et nous avons, en bout de ligne, gagné cette bataille sur tous les fronts. Même les tentatives du gouvernement américain pour contourner l’ALENA et nos victoires au sein de l’OMC ont été contrecarrées par le Tribunal du commerce international des États-Unis, qui a récemment ordonné le retrait des droits compensateurs et le remboursement de tous les versements. Non seulement cela, mais nous avons réussi à envoyer la coalition dans les cordes. La coalition a perdu la moitié de ses membres initiaux, comme en témoigne sa capacité de financer d’autres poursuites en justice. Elle a même dû recourir au recrutement de petits propriétaires de terres boisées et de remanufacturiers en promettant de leur verser de l’argent grâce à l’amendement Byrd, mais aujourd’hui, la coalition a même perdu cet outil.
Confrontée à nouveau à l’absence totale de rendement sur les investissements, la coalition avait très peu de chances de réussir à lancer et à financer une cinquième poursuite concernant le bois d’œuvre. Même si la coalition réussissait à présenter une pétition et à obtenir les fonds dont elle a besoin, il est peu probable que le tribunal dispose qu’il y a eu dommage et que l’on impose des sanctions pour les droits compensateurs ou antidumping. On vient tout juste de confirmer à l’ALENA que le taux effectif de droits compensateurs aurait dû être nul pendant tout ce temps, et qu’il est impossible maintenant d’utiliser cela dans le calcul des droits antidumping.
Il ne faut pas oublier non plus que le gouvernement américain cherche à être la grande vedette dans cette série d’accords binationaux sur le libre-échange et ne veut pas être qu’un figurant quelconque ou n’être réduit qu’au rôle de président de l’OMC. Comme vous le savez, les États-Unis sont en train de négocier toute une série d’accords de libre-échange. L’appétit qu’a le gouvernement pour une autre ronde de bois d’œuvre n’est pas aussi grand qu’il était, car il sait que les autres pays avec qui il négocie l’ont regardé manœuvrer pour contourner les obligations que lui confère l’ALENA et se demandent comment ils vont être traités, voyant que les États-Unis ne respectent pas leurs accords même avec leurs amis.
En soi, cela nous amène à nous demander pourquoi quiconque voudrait conclure un accord avec quelqu’un qui ne respecte pas librement les accords déjà conclus. Or, c’est exactement ce que le Canada vient de faire, et maintenant, nous faisons face à un obstacle que nous ne serons peut-être pas capables de franchir. Le gouvernement canadien a joint ses forces à celles de la coalition et du gouvernement américain pour lutter contre nous. On cherche à affaiblir nos victoires devant les tribunaux. On nous prend notre argent que l’on utilise pour financer nos concurrents américains et leur donner du rendement sur leurs investissements. On nous impose des conditions commerciales inapplicables. Le gouvernement canadien joue le jeu du département du Commerce américain, et veille à ce que nos produits ne soient pas concurrentiels aux États-Unis.
L’objectif de la coalition américaine dans cet accord était d’amener notre gouvernement à nous imposer des taxes et des quotas, nous faisant ainsi perdre notre pouvoir concurrentiel sur le marché américain. Faire payer leurs frais juridiques et obtenir un rendement sur l’investissement n’a été qu’un boni. Grâce à l’aide du Canada, les Américains ont réussi. La grande majorité de nos concurrents américains utilisent de la fibre ligneuse produite aux États-Unis pour fabriquer des produits transformés libres de droits, de taxes et de quotas. Nous ne pouvons leur faire concurrence si notre gouvernement fédéral taxe les produits que nous fabriquons au Canada qui sont exportés sur notre marché principal.
Il faut également se rappeler que nous ne sommes pas le seul pays à fabriquer des produits du bois transformés qui sont vendus aux États-Unis. Nous ne pouvons faire concurrence sur le marché américain à des pays comme la Chine quand notre gouvernement taxe nos exportations et que le leur ne le fait pas.
On nous imposait un droit de 10,5 p. 100 qui nous permettait d’expédier autant de bois que nous le voulions. Au lieu de négocier un accord qui aurait permis un libre-échange, ou de s’appuyer sur notre victoire juridique — c’est-à-dire ne payer aucun droit et se faire rembourser tout notre argent — le gouvernement du Canada a apparemment décidé que notre industrie est en meilleure posture si elle est forcée de payer 15 à 22 p. 100 et d’abandonner un milliard de nos dollars à nos concurrents. Et ce, pour s’assurer que nos concurrents seront suffisamment récompensés cette fois-ci, ce qui nous mène pratiquement tout droit à une prochaine fois.
Même la Canadian Lumber Trade Alliance, qui est le groupe de coordination des grandes sociétés forestières canadiennes, reconnaît une telle situation. Vendredi, elle a déposé une réponse à la Cour d’appel des États-Unis où les gouvernements américain et canadien s’affrontent pour que la contestation constitutionnelle menée par la coalition contre le chapitre 19 de l’ALENA soit abandonnée. Pour appuyer la coalition, la Canadian Lumber Trade Alliance a déclaré ceci :
Bien que nous contestions avec véhémence les motifs sans fondement qu’invoque le pétitionnaire et qui ont donné lieu au conflit du bois d’œuvre et la conduite des parties canadiennes, nous reconnaissons toutefois que le pétitionnaire provoquera presque certainement d’autres litiges concernant le bois d’œuvre et que les parties vont à nouveau se retrouver devant des instances de l’ALENA à nouveau.
Comme cet accord nous conduit pratiquement tout droit à une autre poursuite devant les tribunaux, l’Alliance se demande maintenant s’il vaut la peine de s’occuper de l’ALENA, ou s’il ne vaut pas mieux tout bonnement s’adresser directement au Tribunal du commerce international des États-Unis.
Même la capacité de faire des affaires en vertu de cet accord est très douteuse. En fonction d’un prix composite, il y a huit taux de taxes possibles et trois valeurs différentes pour la calculer. Il y a la possibilité de retourner un chargement si l’un des trois niveaux différents d’expédition a été dépassé. Et une telle mesure pourrait s’appliquer soit à l’échelle régionale, soit au niveau individuel. Ces taux de taxes et ces quotas vont changer tous les mois. L’une des taxes sera même rétroactive.
Nos membres sont extrêmement découragés. Permettez-moi de lire un commentaire d’un d’entre eux pour vous en donner un exemple. D’abord, il vous faut savoir ce qu’est un « mécanisme en cas de dépassement ». Les droits de 10,5 p. 100 sont maintenant devenus une taxe de 15 p. 100. Mais si une région fait plus d’expéditions que ne le prévoit son quota au cours d’un mois donné, la taxe monte à 22,5 p. 100. C’est ce que l’on appelle le « mécanisme en cas de dépassement ».
Voici donc le commentaire de notre membre. J’en ai reçu beaucoup, mais celui-ci est particulièrement caractéristique :
La plupart des gens commencent à peine à prendre conscience des nouveaux principes fondamentaux. Je viens tout juste de vivre ma première expérience. Ma dernière coupe m’a permis de faire un très petit profit si la taxe est de 15 p. 100, mais je perds si nous dépassons. Ce qui est intéressant dans tout cela, c’est qu’on a l’impression d’assister à un genre de loterie. Je vais voir le mois prochain si j’ai perdu ou gagné. En outre, je constate que cela amène à prendre une décision commerciale très intéressante. Est-ce que je double la mise? Est-ce que je répète le processus pour doubler mes profits, ou doubler mes pertes? Je ne sais pas si je suis en train de faire ou de perdre de l’argent en tentant de prendre cette décision.
Nous ne pouvons faire des affaires dans un climat pareil. Nous achetons de la fibre ligneuse à des prix commerciaux indépendants, et nous la fabriquons pour desservir des marchés créneaux avec des produits personnalisés. Cela prend du temps. Nous ne pouvons même pas donner de prix à nos clients si nous ne savons pas à quel niveau notre gouvernement va taxer nos expéditions lorsqu’elles seront prêtes à envoyer ou s’il exigera plus de taxes de façon rétroactive à une date ultérieure.
L’incertitude et le manque de stabilité inhérents à cet accord se traduisent déjà dans les questions que posent nos banquiers de plus en plus nerveux. Nos membres croient que leurs exploitations déjà aux prises avec des difficultés vont subir d’autres impacts négatifs si cet accord va de l’avant. À leur avis, cela se traduira par d’autres diminutions du traitement du bois à valeur canadienne ajoutée et il y aura plus de pertes d’emploi et de faillites d’entreprises.
L’Independent Lumber Remanufacturers Association vous invite à recommander de convoquer à nouveau les comités qui s’intéressent au commerce international de sorte que les parties touchées par le projet de loi puissent venir témoigner et exprimer leurs points de vue sur cette mesure législative en voie d’être adoptée.
Nous savons que des séances ont déjà eu lieu dans le cadre de ce processus, puisque nous y avons comparu, mais les choses ont beaucoup changé depuis. Par exemple, on nous avait assurés au départ que tous nos intérêts nous seraient remboursés, mais aujourd’hui on sait que le Canada va en prendre une partie lui aussi. Au départ, on nous avait informés par écrit que nous recouvrerions tout notre argent si nous décidions de ne pas vendre nos produits à rabais à EDC mais maintenant le Canada est en train d’imposer une charge spéciale et viendra puiser dans nos poches également. Au départ, on nous avait dit aussi qu’il fallait avoir 95 p. 100 de soutien, mais comme il n’a pas eu ce soutien, le Canada a changé son fusil d’épaule. On nous a dit au départ également que toutes les contestations devaient être abandonnées, mais puisqu’elles ne l’ont pas été, le gouvernement du Canada a changé cette exigence également.
Nous n’avons pas encore pris connaissance de l’accord final qui a été largement modifié et que le gouvernement du Canada entend nous imposer, et pourtant, nous y sommes déjà assujettis. Maintenant que nous avons gagné de l’expérience à l’égard de cet accord, nous savons quels torts il cause à notre industrie. Nous devons avoir la possibilité de transmettre ces nouvelles connaissances au comité sur le commerce.
Lors de la réunion du comité sur le commerce le 31 juillet, une motion déposée par M. Julian a été adoptée; elle disposait que le comité irait rencontrer les parties touchées et tiendrait des réunions en Colombie-Britannique, au Québec et en Ontario.
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Oui, nous allons être en bien plus mauvaise posture. Nous avons été frappés par le premier accord sur le bois d’œuvre en 1996, lorsqu’on a imposé les quotas, et que notre quota était insuffisant. Mais au moins cette fois-là, si l’on voulait faire plus d’expéditions, on pouvait payer 2,5 p. 100 ou 50 $ les mille pieds. On payait 2,5 p. 100, et ensuite 100 $ les mille pieds et on continuait de faire des expéditions.
Cette fois-ci, nous avons été durement frappés, mais ça va. Nos gars disent qu’ils vont s’en sortir. Nous allons payer les 27 p. 100 pour voir comment ce mécanisme fonctionne et battre les Américains, parce que nous ne croyons pas qu’ils vont préparer une autre poursuite si nous en finissons avec celle-ci.
Oui, nous avons passé un mauvais quart d’heure, et le nombre d’emplois a diminué d’environ 25 p. 100 chez nos membres. Nos expéditions aux États-Unis sont en baisse d’environ 30 p. 100.
Ce que fait cet accord, c’est qu’il vient en quelque sorte institutionnaliser les sanctions que le département du Commerce nous a imposées au bénéfice de la coalition. On prend une taxe ou un droit antidumping de 10,5 p. 100, que nous payons, pour le porter à 15 p. 100. Puis on pourrait encore le porter à 22,5 p. 100. Et si jamais on adopte un système de quotas, Dieu protège les petits, parce qu’il n’y a pas de mécanisme qui vous permette d’expédier un seul pied-planche de plus que ce à quoi votre quota vous donne droit. Par définition, on sait que le quota ne sera pas suffisant.
Il ne suffit plus de dire que nous allons simplement payer 50 $ de plus et nous pouvons envoyer notre expédition. Si on a une commande de 110 000 pieds-planche et que l’on a 109 000 pieds-planche, vous ne l’expédiez pas, sinon vous laissez ces 1 000 pieds dans votre cour.
C’est vraiment déplorable, et nous allons assister à d’autres faillites d’entreprises. Les gens vont tout simplement abandonner, c’est-à-dire les gens qui étaient au bord du gouffre dans cette bataille. On nous avait assurés qu’on allait finir la bataille, mais cela n’a pas été le cas. Bien des gens vont simplement ramasser leurs affaires, et beaucoup d’entre eux vont en subir les conséquences.
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Je pense que l’industrie de l’est du pays se trouve dans une très mauvaise situation. L’Accord sur le bois d’œuvre ne va pas améliorer les choses. La Colombie-Britannique produisait 58 p. 100 des exportations vers les États-Unis et au moins les trois quarts de cette production provenaient de l’intérieur de la province. Les forêts de la province sont infestées par un insecte dévastateur. Alors, au cours des prochaines années, nous allons voir la valeur du bois sur pied diminuer de plus en plus. Les producteurs vendront du bois bleu dont le prix différera de celui exigé auparavant.
Nous avons mis en place la tarification en fonction du marché. En vertu de ce système, les petits joueurs font une offre sur le bois d'œuvre. Puis, à l’aide d’un calcul basé sur les prix payés, on établit la valeur du bois sur pied pour les principaux détenteurs de droits de coupe de l’intérieur de la Colombie-Britannique. Comme ils ne feront pas d'argent, les petits joueurs ne vont pas offrir beaucoup, peu s'en faut, pour le bois d'œuvre, de sorte que la valeur du bois sur pied va diminuer.
En même temps, il y a les grosses entreprises, comme Canfor, West Fraser et Tolko, qui vont accélérer leur production. Elles ont maintenant la capacité de vendre du bois de trois pieds sur sept, puisque nous venons juste d'envoyer tout le bois de la province de l’autre coté de la frontière pour essayer de contrer la barrière tarifaire. Vous avez entendu les Américains s’en plaindre.
Ce bois d’œuvre sera vite épuisé. Je suis d'accord avec une théorie, bien que je ne sois pas certain qu’elle se réalisera. Imaginons les chefs de la direction des grandes entreprises détentrices de droits de coupe à l’intérieur de la Colombie-Britannique en train de discuter avec leurs directeurs financiers. Ils savent qu’ils devront payer un droit à l’exportation de 15 p. 100 et qu’ils occuperont une plus petite part du marché. S’ils augmentent leur production, ils vont dépasser la limite permise fixée à 30 p. 100 plus 10 p. 100, et le droit exigé sera alors de 22,5 p. 100. La question est donc la suivante: doivent-ils fonctionner sur une base réduite et se maintenir au niveau de production correspondant à 15 p. 100 ou doivent-ils dépasser la limite dont j’ai parlé tout à l’heure, tout en essayant de réduire leurs coûts de 7,5 p. 100?
Si les directeurs financiers réagissent en disant : « Avec le déclin de la valeur du bois sur pied, si nous produisons du bois de trois sur sept, nous pouvons réduire nos coûts de plus de 7,5 p. 100 », et c’est ce qu’ils feront. Nous verrons alors, plus que jamais auparavant, le bois provenir de l'intérieur de la Colombie-Britannique. Tout le vide laissé par la réduction de la production au Québec et en Ontario sera comblé par les scieries de la Colombie-Britannique. Une fois que les producteurs acquitteront le droit de 22,5 p. 100 exigé lorsque la production excède de 10 p. 100 la limite régionale, peu importe qu’ils dépassent la limite de 150 ou de 200 p. 100, le droit à payer est toujours de 22,5 p. 100. Une fois que vous avez atteint 22,5 p. 100, plus vous produisez, plus c’est avantageux pour vous, puisque vous allez pouvoir réduire davantage vos coûts fixes. Ce scénario me semble très vraisemblable. Et la situation deviendra alors vraiment difficile au Québec et en Ontario.
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Merci, monsieur le président et merci aux membres du comité de m’avoir invitée ici, aujourd’hui.
Comme M. le président vient de le dire, je suis la directrice générale de Polytechnics Canada, un organisme regroupant huit grandes écoles polytechniques publiques du Canada. Ensemble, nous formons annuellement plus de 500 000 travailleurs qualifiés, dont les compétences sont essentielles pour soutenir l’infrastructure de niveau intermédiaire requise pour l’innovation, la recherche et la productivité, soit les éléments sur lesquels se fonde la compétitivité du Canada.
Situés dans les régions considérées comme le moteur de l’économie canadienne et le reflet de la diversité de la main-d’œuvre, ces établissements offrent des ressources d’apprentissage et de recherche qui forment la masse critique nécessaire à la résolution des problèmes auxquels font face les entreprises.
Les écoles polytechniques sont bien placées pour répondre rapidement aux besoins de l’industrie en matière de programmes de formation et d'apprentissage, nouveaux ou modifiés, ainsi qu’en matière de recherche appliquée. Par exemple, l’un de nos membres, le collège Conestoga, a élaboré avec Toyota un programme de maintenance polyvalent visant à former le personnel technique de l’entreprise en vue du fonctionnement efficace des lignes d'assemblage automatisées de pointe.
La recherche appliquée effectuée dans les écoles polytechniques aide les fabricants à améliorer leurs produits et leurs processus afin d’assurer leur compétitivité. Leur recherche est axée sur les enjeux et les possibilités actuels. Elle est menée avec rapidité, et ses résultats peuvent être mis en œuvre sur-le-champ.
Selon les fabricants canadiens, la pénurie de main-d’œuvre qualifiée et l’amélioration de la productivité constituent les principaux défis qu’ils ont à relever. En 2006-2007, les participants au sondage mené par les Manufacturiers et exportateurs du Canada sur les enjeux de la gestion ont indiqué que les facteurs clés qui limitent le rendement et nuisent à l’innovation sont les ressources limitées et le manque de personnel qualifié.
Le rapport 2006 de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle fournit des preuves récentes du faible rendement du Canada pour ce qui est des investissements en recherche. Depuis 1995, il y a eu une augmentation importante du nombre de demandes de brevet en provenance des pays en développement, dont la République de Corée, la Chine, l’Inde et le Brésil. Le Bureau canadien des brevets ne se trouve pas parmi les 15 principaux bureaux ayant reçu le plus de demandes de brevet déposées par les ressortissants d’un pays. Le Canada se situe au 30e rang dans le monde en ce qui a trait au nombre de brevets déposés par des Canadiens par million de dollars consacrés à la recherche et au développement; au sein des pays industrialisés, il est dans les derniers, légèrement au-dessus d’Israël, du Mexique, de la Turquie et de la Belgique.
Plusieurs économies émergentes et pays en transition ont un taux élevé de demandes de brevets selon le PIB, particulièrement les pays qui favorisent l’apprentissage dans les écoles polytechniques. Avec un taux de 4,3, le Canada se classe au 26e rang pour le nombre de demandes de brevet par Canadien par milliard de dollars de PIB. Il est clair que les investissements réalisés par le passé dans l’enseignement postsecondaire, la formation axée sur les compétences et la recherche fondamentale ne réussissent pas à résoudre les problèmes actuels du Canada en matière de pénurie de main-d’œuvre qualifiée ni à améliorer comme il se doit la productivité du pays.
Polytechnics Canada préconise les actions suivantes en vue d'améliorer la productivité des fabricants canadiens et de renforcer l’économie canadienne. Premièrement, il faudrait mettre en œuvre une stratégie nationale sur les ressources humaines et les compétences, sous la surveillance d'un conseil de haut niveau formé de représentants des entreprises, des gouvernements, des collèges et des universités. Ce conseil aurait la responsabilité d’établir des objectifs à court et à long termes visant à nous assurer que nous disposons de la main-d’œuvre requise. Il devrait également examiner les progrès réalisés et faire connaître les résultats de ses activités à l’échelle nationale.
Deuxièmement, il faudrait concevoir et mettre en œuvre un système national de transfert de crédits afin de servir la population mobile en plus d’établir des normes en matière d'apprentissage et de reconnaissance des compétences, afin de permettre aux apprenants adultes de combler leurs besoins en formation et d'acquérir des compétences sans délai.
Troisièmement, nous recommandons l’amélioration de l’apprentissage en ligne au Canada, tant la prestation de services que le contenu, afin de permettre aux apprenants adultes d'y accéder.
Quatrièmement, il faudrait maximiser et mettre à profit les diverses ressources en matière de formation appliquée, d’apprentissage et de recherche offertes par les membres de Polytechnics Canada pour former le nombre de travailleurs qualifiés requis pour la transmission des connaissances en technologie et l’amélioration de la productivité des fabricants canadiens. Voici un excellent exemple de ce qu’il faut faire. Récemment, l’un de nos membres, le Northern Alberta Institute of Technology (NAIT), en partenariat avec Shell Canada et le gouvernement provincial, a annoncé le lancement d’une campagne pour la construction d’un centre de technologies appliquées qui lui permettra d'accroître ses capacités de formation en apprentissage.
Cinquièmement, il faudrait investir davantage dans la recherche appliquée en soutenant les institutions qui ont la capacité de travailler avec l’industrie et de lui fournir des solutions pour régler ses problèmes tout en procurant aux étudiants la formation technique requise. Nous avons donné de bonnes assises à la recherche fondamentale, mais nous n’avons pas assez investi dans les travaux de recherche appliquée qui amélioreraient la qualité et la productivité de l’industrie de la fabrication, et qui mettraient à contribution les étudiants et les professeurs des écoles polytechniques.
Un exemple illustre bien ce que je viens de dire. Il s’agit du centre de fabrication intégrée qui a récemment été mis sur pied par l’un de nos membres, le collège Humber. Ce centre fournit dans un même emplacement intégré les technologies et les laboratoires liés à tous les aspects de la fabrication, de la conception au processus, ce qui permet d’offrir aux étudiants une plateforme d'apprentissage intégrée.
Merci.
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L’obstacle auquel Polytechnics, comme les établissements d’enseignement, a dû faire face est le parti pris généralisé pour une forme particulière d’apprentissage qu’on considère supérieure aux autres, c’est-à-dire la formation universitaire. Bien sûr, je ne veux pas dire que la formation universitaire n’est pas valable, au contraire.
Je suis ici pour vous dire qu’il faut tenir compte de toutes les options possibles. Nous devons chercher un mode de formation complémentaire capable de fournir les compétences et l’apprentissage qui soient le reflet parfait de nos habiletés. Malheureusement, nous vivons encore dans une société et une culture où les parents souhaitent que leurs enfants obtiennent un diplôme universitaire, sans prendre en compte la nécessité d'être bien formés pour bien s’intégrer au marché du travail.
L’un des problèmes les plus importants est que les décideurs de tous les gouvernements, tant au niveau politique que bureaucratique, examinent la question de le la formation appliquée en étant influencés par ce parti pris généralisé et sans en comprendre la nature et les avantages.
Les gens de ma génération doivent se montrer plus attentifs aux besoins des jeunes et reconnaître que ceux ci doivent occuper un emploi conforme à leurs compétences pour pouvoir tirer profit de l’économie hautement concurrentielle.
Ce qui fait la réussite du collège Humber et d'autres établissements d'enseignement que j’ai mentionnés au début de mon témoignage, c’est qu’ils sont à l’œuvre depuis longtemps. Ces établissements sont de véritables chefs de file dans leur domaine. Ils se démarquent des autres établissements parce qu’ils s’occupent à la fois de formation appliquée et de recherche appliquée. Par conséquent, ils offrent une formation complète avec différents niveaux, de l’apprentissage à la maîtrise, sans oublier la recherche appliquée. Les étudiants apprennent en classe puis en industrie et ils participent aux recherches, de sorte qu’ils aident l’industrie à régler ses problèmes tout en apprenant.
Nous formons des étudiants qui transmettent la technologie au monde du travail, c’est ce qu’on appelle une économie axée sur les connaissances. Pour exceller dans leur domaine, tous ces établissements, Humber, BCIT, Conestoga et Seneca, ont tissé des liens avec le secteur privé.
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Je crois que l’on doit établir une stratégie nationale. Je pense qu’il doit sûrement y avoir certains objectifs qui ont été établis grâce au concours de personnes qui comprennent vraiment la situation, parce que lorsque vous me demandez comment nous prévoyons les problèmes, je crois que cela fait partie du défi.
L’autre chose que l’on peut certainement faire, si de nouveaux crédits n’apparaissent pas, c’est de regarder les investissements que nous avons faits et de nous assurer que l’argent va aux bons établissements, à ceux qui vont effectivement former le genre de personnes de qualité dont nous avons besoin pour combler les pénuries de main-d’œuvre spécialisée. Cela veut donc dire financer les infrastructures de ces établissements et reconnaître la masse critique qu’ils représentent.
L’autre élément, très certainement, c’est la recherche appliquée. Il y a une lacune très marquée dans ce domaine. Environ 92 p. 100 des 11 milliards de dollars accordés pour la recherche sont allés à la recherche pure, donc il semble que l’une des choses qui pourraient être faites assez facilement, je crois, c’est de nous assurer que les critères des organismes de financement sont effectivement le reflet des besoins lorsque l’on parle de recherche appliquée.
Cela veut peut-être dire créer des chaires de recherche qui sont en fait vouées à la recherche appliquée, accroître la capacité des établissements de faire de la recherche appliquée parce que c’est là que l’on commence à aider les PME.
Lorsque je cite les chiffres des MEC, ce que je veux dire, c’est que les PME n’ont pas ces ressources. Elles n’ont pas les infrastructures nécessaires, elles n’ont pas nécessairement besoin d’avoir ces infrastructures parce qu’il existe ici une ressource potentielle qui, si elle est appuyée et exploitée, constituerait une entité qui ne réclame qu’un peu plus d’aide pour être plus en mesure de répondre aux besoins du marché des PME et certainement des grandes entreprises. Nous travaillons avec beaucoup de grandes entreprises.
Nous avons entrepris depuis quelques mois une étude au Comité des ressources humaines et du développement social sur l’employabilité, qui rejoint probablement assez bien ce que vous êtes en train de nous dire ici aujourd’hui.
On nous a dit que l’industrie, tout compte fait, emploie les corps de métiers spécialisés ou quel que soit le nom qu’on leur donne, alors que certaines personnes sont venues nous dire qu’il y a des corps de métiers spécialisés, mais qu’on ne les engage tout simplement pas. Il y a une disjonction entre ce qui est nécessaire — ce dont on nous parle tout le temps — et le fait que beaucoup de personnes possèdent les compétences mais ne semblent pas pouvoir les utiliser.
Je sais que dans le Nord de l’Ontario, il y a actuellement un petit regain d’intérêt dans l’industrie minière, mais on ne trouve pas suffisamment de main-d’œuvre spécialisée là bas. Et pourtant, je sais, d’après les personnes que je rencontre et qui vivaient dans le Nord de l’Ontario, qu’elles aimeraient y retourner et y travailler, qu’elles auraient peut-être les compétences ou qu’elles pourraient être formées, mais que l’industrie cherche des solutions rapides, semble-t-il. Elles ne sont pas disposées à investir elles-mêmes dans la formation.
Vous avez cité des statistiques au début de votre exposé au sujet des investissements que nous faisons actuellement dans la formation, dans le perfectionnement professionnel et la recherche. Donc, la question que je veux vous poser est de savoir comment amener à nouveau l’industrie à s’intéresser à faire ces investissements et à reconnaître qu’ils peuvent être rentables? Quelqu’un a dit l’autre jour à la réunion que l’industrie perçoit en réalité cela comme un coût et non comme un investissement, alors comment pouvons-nous la faire changer d’avis?
Pour vous donner une autre analogie, lorsque je vivais à Wawa dans les années soixante et soixante-dix et que l’Algoma Steel et l’Algoma Ore étaient en pleine effervescence, il y avait des tas de jeunes hommes et de jeunes femmes dans les programmes d’apprentis qui travaillaient dans ces mines et dans ces industries. L’entreprise comme telle, en partenariat avec le gouvernement, payait leur formation et dans certains cas les envoyait au George Brown College, par exemple, à Toronto, elle payait leur appartement et tout. Mais la société a alors formé des personnes compétentes qui sont encore là aujourd’hui.
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Je suis d’accord que la dynamique ici doit être alimentée par l’industrie en ce sens qu’elle doit reconnaître et déterminer quels sont les problèmes et quelle est la capacité dont elle dispose pour que l’écart puisse être comblé. Comment encourager le secteur privé à aller dans ce sens? Dans beaucoup de lectures que je fais, on dit que l’industrie est en train de reconnaître qu’elle doit procéder ainsi, et nonobstant le risque de former quelqu’un et de le perdre, si elle n’investit pas de cette façon, elle ne va pas attirer les gens dont elle a besoin et elle ne va pas garder les gens pour lesquels elle a dépensé tout cet argent. Je pense souvent à la comparaison avec le commerce de détail. Vous dépensez tout cet argent à tenter d’attirer de nouveaux clients. Pourquoi ne pas dépenser davantage pour garder les clients que vous avez déjà et qui sont heureux? Dans un sens, c’est un investissement plus sûr.
Je crois que c’est une combinaison de plusieurs éléments. Je pense que les leaders d’opinion doivent montrer la voie, tout comme les grands décisionnaires, et de toute évidence les gouvernements. Je pense que le secteur des entreprises doit aussi montrer la voie, et je crois qu’il le fait déjà. Il y a eu quelques symposiums où des entreprises, tant Microsoft que Toyota, ont parlé de la nécessité de faire cela. Pour inciter les entreprises, il faudrait peut-être une combinaison de mesures fiscales ou de crédits d’impôt qui les encourageraient à dépenser de l’argent pour leurs employés. Par contre, nous devons faire la même chose pour les employés qui veulent investir dans leur propre éducation et leur offrir un quelconque régime enregistré d’épargne-retraite pour qu’ils puissent investir dans leurs propres études.
Je crois également que si nous n’investissons pas dans les infrastructures des établissements qui sont capables d’offrir une éducation de grande qualité comme celle dont nous parlons, nous n’aurons pas une dynamique complète. Je crois donc que nous avons vraiment besoin d’une approche exhaustive pour voir où sont nos investissements, où l’argent est dépensé, où il pourrait être mieux dépensé pour régler le problème, et comment nous pourrions encourager le secteur privé, trouver le leadership nécessaire pour être capables de sensibiliser le gouvernement du pays à cette problématique s’il ne l’est pas déjà. Dans certains cercles, c’est le cas, mais dans bien d’autres, c’est le contraire.
Parler de compétitivité n’est pas si intéressant que cela, on le comprendra, mais lorsqu’on commence à parler aux gens de prospérité et de ce qu’ils veulent pour l’avenir de leurs enfants, alors là je pense que les gens ont tendance à être attentifs, surtout si l’on commence à parler de gens qui sont sous-employés et qui n’ont pas de chances d’avancement parce que poursuivre des études est coûteux, qu’il leur faudrait quitter leur travail, et qu’ils ne peuvent vraiment pas se le permettre.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
M. David Podruzny est ici avec moi aujourd’hui, il est vice-président des affaires commerciales et de l’économie au sein de l’association. Il est venu en tant qu’observateur mais comme vous avez un grand nombre d’excellentes questions, j’aurai sans doute besoin d’aide pour y répondre.
Je vous remercie beaucoup de me donner l’occasion de prendre la parole devant le comité.
[Français]
Je vais parler en anglais, parce que c'est plus facile pour moi et parce que ce sera plus clair pour vous.
[Traduction]
Je tiens à féliciter les membres du comité d’insister sur la compétitivité dans le secteur de la fabrication. Notre association soutient, depuis de nombreuses années, que cette question est importante pour le Canada mais il a été un peu difficile d’attirer l’attention. Nous sommes donc très heureux que vous vous y intéressiez.
Il devient de plus en clair chaque jour que le secteur manufacturier canadien est en difficulté et que cela se répercute sur la croissance globale de l’économie canadienne, particulièrement en Ontario et au Québec. Cette situation touche des emplois et des collectivités d’un bout à l’autre du pays. Le comité met sans conteste l’accent sur un problème qui prendra probablement encore de l’ampleur au cours des prochains mois.
Le Canada n’a pas un secteur manufacturier fort. Ce serait une grave erreur que de ne pas saisir l’occasion de régler certains des problèmes auxquels les manufacturiers sont confrontés pour réaliser, dix ans plus tard, que les Canadiens ont perdu l’un des éléments constitutifs de leur économie, ainsi que les emplois et les investissements dans nos collectivités qui vont avec.
Je tiens également à féliciter le comité pour son rapport provisoire. Je crois que vous avez correctement identifié les grands enjeux du secteur manufacturier. L’appréciation du dollar, par exemple, a coûté aux manufacturiers de produits chimiques entre 30 et 40 p. 100 de leurs revenus, car 87 p. 100 de nos exportations sont destinées aux États-Unis et sont payées en dollars américains.
Les coûts de l’énergie constituent également un problème. D’après une étude sur nos entreprises que Dave a effectuée avec une autre société d’experts-conseils, les coûts de l’énergie nuisent grandement aux nouveaux investissements au Canada. La disponibilité des matières premières et les coûts d’électricité représentent, pour les producteurs de produits chimiques particulièrement, un empêchement majeur à l’investissement. En fait, les coûts de l’énergie et la disponibilité des matières premières ont été les principaux facteurs à l’origine de la fermeture de sept usines de notre secteur au cours des deux dernières années. L’énergie est un problème et vous l’avez correctement identifié.
Le troisième facteur que vous avez identifié est la concurrence en provenance de l’Asie et du Moyen-Orient. Sur les 100 usines de produits chimiques qui seront construites dans le monde, aucune ne le sera en Amérique du Nord; elles seront toutes construites en Asie ou au Moyen-Orient. Cette concurrence se joue ici et maintenant et elle est bien réelle et c’est maintenant qu’elle touche nos entreprises.
Je constate que vous avez également inclus des questions de réglementation. Ces questions demeurent un problème majeur pour notre secteur, particulièrement en ce qui concerne la politique environnementale. Je ferai des commentaires à ce sujet plus tard.
Votre rapport contient beaucoup de propositions, énumérées dans l’annexe, sur la façon de régler le problème relativement unique que nous connaissons dans le secteur manufacturier actuellement au Canada. J’insisterai aujourd’hui sur une proposition mentionnée par plusieurs autres associations, comme Manufacturiers et exportateurs canadiens et l’Association des produits forestiers du Canada. Il s’agit de la déduction pour amortissement accéléré.
Je l’ai fait intentionnellement car je crois que vous voudrez peut-être avoir davantage d’information à ce sujet au moment de fixer vos priorités et de rédiger votre rapport.
Notre association considère, à ce moment-ci, qu’il s’agit là du changement le plus important que le gouvernement fédéral pourrait apporter et que celui-ci aurait un impact sur l’industrie de la fabrication et améliorerait notre compétitivité. Pourquoi est-ce si important? Comment cette déduction fonctionnerait-elle pour diminuer les problèmes économiques auxquels les fabricants sont confrontés? Pour aider le Comité, nous avons fait circuler un tableau qui explique la différence entre la déduction pour amortissement accéléré et notre structure actuelle.
Vous verrez sur le tableau que la structure actuelle est fondée sur un solde dégressif de 30 p. 100. Cela signifie que ce pourcentage de 30 p. 100 se trouve pour toujours sur votre solde; « toujours » c’est-à-dire environ 11 ans. Comparativement, aux États-Unis la période de radiation de la dette est de quatre à cinq ans.
Lorsque vous faites un investissement de 100 à 200 millions de dollars, ce qui est la moyenne pour les gros investissements dans nos usines — mais certains sont d’environ un milliard de dollars — au cours des deux premières années de la construction de l’usine, vous n’avez pas de revenu. Vous avez mis 100 millions, 200 millions, peut-être même un milliard de dollars en jeu jusqu’à ce que l’usine soit construite. À un moment donné vous commencez à obtenir un revenu, mais il y a toujours un petit problème de démarrage qui dure un certain temps.
En appliquant ce système, votre actif commence à se déprécier selon le régime fiscal. Vous pouvez voir comment cela fonctionne. La ligne blanche vous montre que si vous investissez 177 millions de dollars, vous avez 17 millions de dollars la première année, puis 48 millions, ensuite 34 millions et le montant continue de diminuer jusqu’en 2016. En moyenne, en tenant compte des coûts et du temps de construction, vous mettrez environ 11 ans à vous libérer de la dette.
En appliquant une déduction pour amortissement (DPA) de deux ans, vous constaterez une grande différence dans vos flux de trésorerie. Et actuellement, les flux de trésorerie sont très importants pour une entreprise, en particulier à cause de l’augmentation des coûts de l’énergie, qui les gruge; de l’appréciation du dollar, qui a réduit les revenus de 30 à 40 p. 100 et de la concurrence de l’Asie, qui semble entraîner le prix des produits à la baisse. Les flux de trésorerie sont donc extrêmement importants.
Lorsque vous examinez la DPA sur une période de deux ans, au cours de la première année, la ligne grise… en fait il ne s’agit pas de deux ans, mais de trois ans. Selon les règles, vous ne pouvez éliminer du bilan ou radier une dette qu’après six mois au cours de la première année, il s’agit donc effectivement de trois ans, auxquels s’ajoute la période de construction, qui durera probablement deux ans. Vous pouvez donc constater à quel point la dette s’efface vite, 35 millions, 71 millions, 71 millions, puis plus rien.
La déduction pour amortissement accéléré vous incite à investir des capitaux. Les gouvernements continuent de soutenir que les niveaux de productivité sont importants, que la compétitivité est importante. Cette déduction aiderait grandement l’industrie qui doit actuellement composer avec l’appréciation du dollar, les coûts de l’énergie et la concurrence que lui livre l’Asie.
J’ajouterai un deuxième avantage que vous trouverez peut-être un peu inhabituel. Le deuxième avantage d’une déduction pour amortissement accéléré pourrait être le rendement environnemental.
Actuellement, lorsque les gens pensent au rendement environnemental, ils croient qu’on y parvient par la réglementation. Mais je vais vous démontrer qu’en fait c’est la DPA qui vous permet de l’obtenir. Le véritable incitatif au rendement dans le domaine de l’environnement est en fait le roulement du capital-actions.
Je tiens à mentionner que M. Crête, qui était présent à notre semaine parlementaire la semaine dernière, nous a dit que nous devrions nous assurer que les gens connaissent notre rendement. Nous avons donc à cet effet publié un article dans The Hill Times la semaine dernière. Vous serez probablement surpris — la majorité des 50 députés que nous avons rencontrés ont été très surpris — de notre rendement au chapitre des émissions dans l’environnement.
Par exemple, les entreprises qui font partie de l’Association canadienne des fabricants de produits chimiques sont aujourd’hui à 43 p. 100 des objectifs de Kyoto. Donc, si vous voulez un plafond strict, nous sommes d’accord. Si vous voulez nous imposer une plafond inférieur aux objectifs de Kyoto, c’est parfait. En 2010, nous serons à 56 p. 100 de Kyoto. Depuis 1992, nous avons réduit nos émissions dans l’eau de 98 p. 100 et les émissions des principales substances qui causent le smog de 82 p. 100.
Et pourquoi l’avons-nous fait? En fait, nous ne sommes pas les seuls. Le secteur de la fabrication en général est à 7 p. 100 des objectifs de Kyoto fixés en 1990 et les gros manufacturiers à 20 p. 100. Ce n’est pas très connu, mais si vous y pensez et si vous vous demandez pourquoi, la réponse est dans l’investissement — dans le roulement du capital-actions. Le fait de stimuler ce type d’investissement fait grandement chuter les émissions.
Le comité a en outre correctement identifié la réglementation comme l’un des défis que le secteur de la fabrication devra relever. La raison pour laquelle l’innovation en matière de réglementation est si importante pour nous est que, malheureusement, peu importe le niveau de rendement, les propositions faites par l’ancien gouvernement en vue de régler le problème des gaz à effet de serre ne tiennent aucunement compte de ce rendement. En fait, l’approche met l’ensemble de l’industrie dans le même bloc, ceux qui affichent une croissance exponentielle et les autres. Elle ne tient pas compte du niveau de rendement du secteur de la fabrication. L’approche prévoit l’ajout d’un niveau uniforme d’amélioration de l’ordre de 12 p. 100. Elle dit ensuite, en substance, que si vous ne pouvez y parvenir, vous n’avez qu’à acheter des crédits.
À notre avis, c’est cet ensemble de facteurs qui aurait entraîné une baisse de rendement au chapitre de la protection de l’environnement, plutôt que les autres approches. Nous espérons que l’approche de réglementation prévue dans la loi sur l’air pur sera plus novatrice et tablera sur les succès du secteur de la fabrication.
Je veux maintenant revenir à la raison pour laquelle le roulement du capital-actions est si important pour le rendement en ce qui concerne les émissions.
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J’en ai, absolument. Je pense que c’est un domaine dans lequel le gouvernement fédéral pourrait jouer un rôle beaucoup plus actif, mais qu’il s’est gardé de le faire; cependant, la principale question pour nous, se pose aux gouvernements provinciaux. Si on examine la politique énergétique de l’Ontario des cinq ou six dernières années ou si on examine ce qu’il advient aux coûts de l’électricité et à la disponibilité de l’électricité, c’est, à peu de choses près, une catastrophe. Peut-être n’aimons nous pas le nucléaire, mais, désormais, nous aimons le nucléaire. Deux des usines que nous avons fermées, l’ont été entièrement à cause des coûts de l’électricité et de leur imprévisibilité en Ontario. En outre, à propos, la plus grande partie de leurs produits était destinée à l’industrie forestière. Connaissant les problèmes de cette dernière, ces coûts imprévisibles et étant incapable d’envisager la poursuite des affaires avec les entreprises forestières, la direction de ces usines a dû les fermer. Voyez l’effet d’entraînement.
Ce sont des domaines du ressort des provinces, vous ne pouvez probablement pas y changer grand chose à l’échelon fédéral, mais, un programme nucléaire solide élaboré par le fédéral aiderait considérablement à résoudre beaucoup de problèmes, notamment ceux des coûts et des émissions.
Ce qui aiderait, ce serait de disposer d’une sorte de cadre pour l’examen du problème dont nous parlions tantôt, par exemple, d’un point de vue national. Nous devrions maximiser l’emploi de notre éventail de ressources. Il y a trois ou quatre ans, le gouvernement fédéral incitait les gouvernements à utiliser le gaz naturel pour produire de l’électricité, alors que nous manquions désespérément de matières premières. Voilà qui prouve qu’il faut une pensée nationale sur les ressources énergétiques. Visiblement, l’hydroélectricité est fantastique — le Québec a fait de l’excellent travail en la matière — mais le nucléaire est une autre chose formidable. Nous ne devrions pas brûler de gaz naturel pour fabriquer de l’électricité, sauf en période de pointe de consommation.
Nous étions presque en train d’oublier les possibilités offertes par le charbon. On peut prétendre qu’il porte atteinte à l’environnement, mais nous devrions rechercher un charbon « propre », parce que nous en possédons, au Canada, une réserve pour 300 ans, et il n’est pas très raisonnable de négliger cette ressource. Le charbon pourrait nous aider beaucoup. Autrefois, le charbon nous donnait des matières premières, mais il n’est plus facile de l’utiliser.
Je pense que vous avez à examiner ces atouts et à réfléchir en tant que pays sur la façon de maximiser l’éventail des ressources disponibles pour produire une énergie qui présente un bon rapport coûts-efficacité, tout en ayant de bonnes performances environnementales.