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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vais tenter de respecter vos indications. Manifestement, ce qui vous intéresse est de poser des questions; par conséquent, je m'efforcerai de procéder rapidement. Il y a une présentation en PowerPoint et je crois que vous avez tous un exemplaire de ce document.
Pour commencer, je me dois de dire que nous avons tous lu votre rapport intérimaire avec beaucoup d'intérêt. Il s'agit d'une étude importante, et de nombreux défis se posent au secteur manufacturier canadien. Nous sommes heureux d'avoir l'occasion de vous parler de la façon dont l'énergie entre dans cette image d'ensemble et comment l'énergie et la fabrication sont intimement reliés. Ce sont deux éléments importants de l'économie canadienne qui dépendent l'un de l'autre, de manières importantes.
Nous fournissons l'énergie au secteur manufacturier, mais nous sommes également d'importants consommateurs des produits et services de l'économie industrielle canadienne. Par conséquent, il s'agit d'une relation mutuellement avantageuse qui existe depuis longtemps.
Comme je l'ai dit, les secteurs de l'énergie et de l'industrie sont intimement reliés dans un système d'ensemble. Le secteur de l'énergie est un fournisseur de carburants fiables et à faible coût pour le secteur manufacturier, mais en même temps, il est un consommateur d'acier, de ciment, d'équipement et de toute une variété de services de la haute technologie provenant de l'économie canadienne, de même que d'intrants provenant de partout dans le monde. Le secteur de l'énergie lui-même est un système ou une série de sous-systèmes, et selon nous il est important de voir tout cela dans une perspective globale et de le savoir quand vous parlez d'énergie, de l'endroit où elle est acheminée et des forces d'impulsion des divers éléments de ce système.
L'utilisation de l'énergie à des fins industrielles est la composante la plus importante de la demande énergétique au Canada. Ce n'est pas le segment qui connaît la croissance la plus rapide. Selon moi, ce phénomène présente des éléments importants et positifs. Le secteur industriel a fait d'immenses progrès dans la réduction de sa consommation d'énergie, en partie grâce à l'accroissement de son efficacité énergétique. Cela a grandement contribué à maintenir la compétitivité de l'industrie canadienne, malgré l'augmentation des coûts d'énergie. Pour continuer d'aller de l'avant, il faudra encore des efforts, pour des raisons environnementales et économiques. Jusqu'à maintenant, nous avons pu constater de bons progrès. Je suis sûr que vous avez entendu nos autres collègues de l'industrie au cours des dernières années. Manifestement, cet aspect devra continuer d'être mis en valeur pour que nous puissions progresser.
Si vous prenez la demande globale du secteur manufacturier, vous constatez qu'environ 30 p. 100 est liée au secteur de l'énergie, surtout l'industrie pétrolière et gazière, le secteur amont de l'industrie. La pression exercée par les coûts est ressentie par tout le secteur manufacturier, particulièrement le secteur des pâtes et papiers. Une bon part de la croissance de la demande est attribuable au secteur des hydrocarbures, particulièrement au cours des dix dernières années. Cela a été un grand succès pour l'économie canadienne, mais ce succès contribue également à la demande d'énergie au Canada.
Où nous procurons-nous cette énergie? Le Canada est favorisé par la diversité de ses sources énergétiques. Le secteur de l'industrie utilise du gaz, de l'électricité et des produits raffinés et une part importante de son énergie lui vient de sources privées, particulièrement le secteur forestier où l'on utilise de plus en plus la biomasse. C'est ainsi que les choix en matière de combustible constituent une importante considération de politique, de même que les options quant aux façons d'améliorer l'efficacité énergétique.
La diapositive suivante est une sorte de portrait macro de l'énergie à des fins industrielles. Il importe de signaler ici que des gains importants ont été réalisés au chapitre de l'efficience et des changements dans la structure industrielle. Au fil du temps, l'économie canadienne, de même que celle de tout pays développé, est de moins en moins dépendante de l'énergie en raison de la structure de base. Nous nous déplaçons tranquillement vers des produits comme la production de pointe, qui utilise beaucoup moins d'énergie. Mais le Canada a toujours une structure industrielle fortement axée sur l'énergie et cela durera encore longtemps. Il s'agit d'une approche qui a longtemps profité aux Canadiens et nous devons nous préoccuper de la façon dont les Canadiens pourront en profiter dans le futur.
La diapositive suivante représente l'autre aspect de l'équation, si vous voulez. Parallèlement à l'accroissement de notre capacité de produire de l'énergie au Canada nous avons profité de nos succès en matière d'exportation de pétrole, de gaz et aussi d'électricité, d'uranium et aussi de certaines autres formes d'énergie. Le Canada a connu beaucoup de succès à ce chapitre et le secteur de l'énergie veut poursuivre sur cette lancée tout en assurant la pérennité de notre approvisionnement énergétique pour l'économie canadienne et pour les Canadiens en général.
Passons à la diapositive suivante. Le président a mentionné que l'énergie est une industrie de plein droit, un grand acteur économique, plus particulièrement en ce qui a trait aux exportations et aux investissements, là où l'énergie est un élément très important de l'économie canadienne et, bien sûr, de la capitalisation du marché boursier — un phénomène relativement nouveau ces dernières années, mais d'une très grande importante.
Je m'attarde également au dernier point de cette diapositive. L'énergie rapporte beaucoup aux gouvernements, à tous les gouvernements du pays: ceux de provinces comme l'Alberta grâce aux royautés, mais également au gouvernement fédéral et aux autres niveaux de gouvernement par le biais de l'impôt des sociétés, et, indirectement, par les impôts payés par les employés.
La diapositive suivante donne une image régionale. Vous pourriez vous attarder longuement à cette diapo, mais je vous prie de noter que la répartition régionale de l'énergie dans le cadre de l'économie est assez étendue, concentrée surtout en Alberta, mais également un peu partout dans les provinces canadiennes. L'énergie constitue un élément important du PIB et une part étonnamment élevée des exportations des provinces, encore une fois à l'échelle du pays.
Permettez-moi de prendre quelques minutes pour passer en revue les divers secteurs. Trois de ces secteurs sont représentés ici aujourd'hui, c'est-à-dire les principaux secteurs qui contribuent à l'industrie: l'électricité, le gaz naturel et les produits pétroliers. Nous avons différents marchés, nous prenons diverses formes et nous occupons divers territoires géographiques, le pétrole étant le plus déréglementé, le plus concurrentiel et le plus mondial en termes de marché. Le gaz naturel est un marché continental, largement déréglementé. L'électricité est le moins déréglementé et le plus régional dans sa structure de base.
La diapositive suivante concerne le pétrole — M. Baily pourra vous donner plus de détails sur cette question — et quelques éléments clés méritent d'être notés. Un de ces éléments est que les marchés de produits sont très étroitement liés au prix sous-jacent du brut. Ce prix du brut est lui-même dérivé d'un marché mondial et les prix des produits auront tendance à suivre l'évolution de ce prix. Il y a bien quelques différences régionales et des décalages régionaux, selon la logistique de marchés régionaux particuliers et d'éléments comme des normes de produit. Cela pourrait bien être encore plus vrai au fur et à mesure où nous avançons. De toute façon, il existe un lien très étroit entre les deux.
La diapositive suivante illustre la relation existant entre le prix mondial du brut et le prix des produits raffinés. Si vous examinez les cinq secteurs de compétence illustrés et que vous éliminez l'effet des taxes — il s'agit ici du diesel — vous arrivez à un prix sous-jacent qui est très similaire. Les prix de ces produits interagissent entre les continents comme c'est le cas du prix du brut.
Pour résumer, disons que la demande de brut est en croissance dans les pays en développement, ce qui exerce de fortes pressions à la hausse sur les prix et que cela risque de continuer. Nous connaissons tous l'incertitude géopolitique qui sous-tend les prix du pétrole, le mouvement de va-et-vient. Actuellement, nous sommes en période de détente, ce qui entraîne une réduction des prix.
La capacité de raffinage continuera de poser un problème de taille en Amérique du Nord et dans le monde développé de manière générale, et ce secteur fera l'objet de pressions de plus en plus grandes.
À tout cela s'ajoute la nécessité d'intégrer les biocombustibles. De toute évidence, il y a beaucoup de pression politique en vue de faire une plus grande place aux biocombustibles. Ils doivent être incorporés dans le flux des produits pétroliers raffinés d'une manière qui favorise le fonctionnement des marchés.
La diapositive suivante porte sur le gaz naturel. Il s'agit d'un marché très développé et bien établi en Amérique du Nord qui fonctionne généralement bien, mais qui depuis cinq ans subit de fortes pressions en raison d'un équilibre très serré de l'offre et de la demande.
Le graphique montre plusieurs pointes au cours des dernières années alors que cet équilibre très précaire de l'offre et de la demande a été affecté dans une grande mesure par les conditions météorologiques, mais il y a derrière tout cela une tendance à la hausse à plus long terme. La raison en est que les coûts reliés à la découverte et à l'exploitation du gaz naturel sont en hausse constante et que cela risque de se maintenir à plus long terme.
Le gaz naturel liquéfié arrive sur le marché nord-américain, il y arrive maintenant et il unifiera les marchés nord-américains et mondiaux. Malgré cela, vous observez ici un phénomène à l'échelle mondiale.
La diapositive suivante s'attarde à la situation future du gaz naturel en Amérique du Nord. Globalement, il y a beaucoup de gaz de provenances diverses: il vient du Nord, de la partie profonde du golfe du Mexique, des Rocheuses aux États-Unis et dans une très large mesure de sources étrangères sous forme de gaz naturel liquéfié. C'est donc dire qu'il y a beaucoup de gaz. Cela signifie également que le gaz coûtera augmentera et qu'il y aura de plus en plus de pressions pour aménager des systèmes de transport en fonction des régions géographiques. Par conséquent, l'investissement dans le transport prendra de plus en plus d'importance.
La page 15 résume tout cela: coûts plus élevés, provenance plus éloignée, besoin de moins en moins conventionnels d'investissements pour soutenir l'approvisionnement.
Passons maintenant brièvement à l'électricité à la diapositive 16. Plusieurs choses pourraient être dites mais certains éléments méritent d'être signalés. Le Canada occupe toujours une position de force en matière d'hydroélectricité. C'est un de nos gros avantages et un avantage que nous pourrons maintenir si nous parvenons à matérialiser des projets de centrales hydroélectriques. Mais il y a toujours une dépendance accrue sur l'énergie fossile et une intégration de plus en plus forte entre les marchés de l'énergie fossile, du charbon, du gaz naturel et de l'électricité. J'en reviens à mon point de départ concernant le système énergétique. Ils sont liés d'une foule de manières.
La page 17 compare les prix de l'électricité dans divers secteurs de compétence en Amérique du Nord. Au plan historique, le Canada a un certain avantage en matière d'électricité. Cet avantage s'est par contre érodé quelque peu ces dernières années, bien que le Canada demeure concurrentiel dans le contexte nord-américain. Certaines régions subissent des pressions plus fortes que d'autres, mais de manière générale, notre position n'est pas si mauvaise.
Je pourrais également noter quelque chose que vous voudrez sans doute mettre à jour dans votre rapport éventuel, c'est-à-dire les conditions de prix d'aujourd'hui, qui diffèrent grandement de ce qu'elles étaient à la fin de l'an dernier, au moment où se terminait votre rapport intérimaire. À la fin de l'année dernière, vous aviez sans doute des prix de l'ordre de 13 à 14 $. Aujourd'hui, ils se situent à environ quatre dollars. Ce que je veux dire, c'est que les prix évoluent. Ils peuvent évoluer très rapidement et ils peuvent évoluer beaucoup, mais ils fluctuent dans les deux sens.
En ce qui a trait à l'électricité, le marché a été réglementé, ce qui tend à geler les prix pour diverses raisons que nous comprenons tous. Les consommateurs s'y sont habitués, et ils se sentent heureux de cette situation. Tout va bien jusqu'à ce que les prix commencent à augmenter. Plusieurs raisons font qu'ils évolueront sans doute à la hausse — notamment en raison des coûts du combustible, de la nécessité d'établir de nouvelles infrastructures et d'améliorer l'infrastructure existante pour mieux gérer les pressions environnementales croissantes.
Monsieur le président, la dernière diapositive résume plusieurs des raisons pour lesquelles l'énergie est importante au Canada, des raisons que vous connaissez sans doute fort bien. C'est une industrie de plein droit, qui joue un rôle très important dans l'industrie canadienne.
D'autre part, nous avons une diversité de plus en plus grande de sources d'énergie. Nous sommes de plus en plus efficaces au plan énergétique, mais nous devons faire plus. Cela doit être un élément important du problème. Nous entrons dans une période où le coût de l'énergie sera de plus en plus élevé. Chose certaine, il n'est pas question d'un retour en arrière, à l'époque où les coûts étaient faibles jusqu'au tournant du siècle. Nous devons développer l'offre d'énergie en temps opportun.
Monsieur le président, je vous rends le flambeau.
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Oui, on peut dire essentiellement que les mesures ayant été prises ont été utiles pour améliorer le climat d'investissement, et c'est une chose que nous réclamions depuis déjà un bon bout de temps. Mais, il y a toujours place à l'amélioration. C'est pourquoi les discussions relatives au taux de déduction pour amortissement sont importantes pour ce qui est de stimuler certains investissements particuliers.
Les répercussions les plus importantes découleront de l'adoption d'une vision politique claire en ce qui a trait à ce que le Canada souhaite voir arriver sur le plan des investissements dans le secteur de l'énergie, autrement dit, si les politiques sont claires. La majorité de nos secteurs investissent de larges blocs de capitaux durant de longues périodes, donc ce n'est pas aujourd'hui qui les inquiète, mais plutôt de savoir s'il y aura une certaine continuité au cours des vingt ou quarante prochaines années. Si j'investis 1 milliard de dollars aujourd'hui, est-ce que cette somme deviendra soudainement un placement à risque en raison des fluctuations politiques que l'on peut anticiper? Si c'est le cas, alors les investisseurs ne feront pas ce placement initial.
C'est pourquoi nous parlons d'un cadre en matière d'énergie qui soit explicite, de sorte que les gens soient à même de voir à quoi les gouvernements se sont engagés. Lorsque les futurs gouvernements examineront ce cadre stratégique, eux aussi pourront voir ce que nous en avions dit, et comprendre là où nous voulions en venir. Rien ne dure éternellement. Il y aura toujours des changements, mais au moins la mise en place d'un cadre stratégique est garante d'un sentiment de plus grande stabilité.
Et pour poursuivre dans la même veine, le pacte réglementaire doit être conçu de telle sorte que les investisseurs puissent dire, que s'ils veulent investir 1 milliard, 2 milliards ou 3 milliards de dollars dans l'établissement d'une infrastructure quelconque, ils devront savoir combien de temps il leur faudra attendre pour obtenir leurs permis. Pourront-ils dire qu'ils investiront 100 millions pour vérifier la solidité de leur investissement et avoir certaines garanties que d'ici deux ans, ils obtiendront une réponse positive ou négative? Si la réponse est négative, pas de problème non plus, parce qu'ils en ont vu d'autres. Si nous découvrons que cette option n'est pas viable, alors nous pourrons toujours aller dans une autre direction. Il y a toujours d'autres options.
Donc, l'ensemble d'éléments le plus important est sans doute d'obtenir un certain degré de prévisibilité et de cohérence au fil du temps, plutôt que des ajustements fiscaux précis — non pas qu'ils ne soient pas utiles ou nécessaires, mais ils arrivent en deuxième lieu. Pour ce qui est de mettre en place un cadre fiscal favorable, vous avez fait des pas dans la bonne direction, et nous vous en félicitons, mais il faut que la situation dans son ensemble soit favorable.
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C'est une bonne question. Je pense que cette panne a eu des effets très positifs sur le plan des mesures correctives ayant été mises en place. Pour commencer, l'incident a été examiné sous toutes les coutures, et on en a tiré des enseignements.
Ironiquement, on en est arrivé à des conclusions comme quoi des gestes très simples auraient pu faire toute la différence -- notamment l'émondage des arbres. Tout le monde a cru que quelqu'un allait s'occuper de la question des droits de passage, mais on a constaté finalement qu'en dépit des exigences d'un conseil de fiabilité volontaire pour assurer l'entretien des lignes, la première chose qui a été éliminée lorsqu'il y a eu des réductions budgétaires, ce fut un élément discrétionnaire comme l'émondage des arbres. Il y a eu des lacunes à cet égard, et il n'aura fallu qu'une branche tombée au mauvais moment pour endommager la ligne et couper le courant.
Aujourd'hui, on est beaucoup plus exigeant à cet égard. Le système de conformité volontaire aux exigences de fiabilité a été remplacé par un système obligatoire. Il se trouve actuellement en plein processus de transition, mais il est mis en place. En Ontario, par exemple, il est obligatoire de se conformer à ces exigences internationales en matière de fiabilité du réseau.
La coordination, à l'échelle régionale, de sorte que les pratiques aux États-Unis et au Canada soient les mêmes -- et franchement, l'enquête a montré que nos pratiques étaient supérieures à celles d'un certain nombre d'entités américaines -- est en passe de devenir beaucoup plus homogène pour ce qui est du rendement.
Je pense que les causes fondamentales ont été déterminées, et qu'un plan massif a été mis sur pied pour les corriger. Ce plan est en cours de mise en oeuvre. Il existe une organisation internationale de fiabilité jouissant d'une autorité conférée par la loi aux États-Unis, et par la réglementation, dans certaines juridictions au Canada. Il est à espérer qu'un jour toutes les juridictions les rendront obligatoires.
Ce sont là les mesures ayant été prises, de concert avec les audits qui servent à examiner le rendement préalable aux incidents plutôt que de d'effectuer des analyses après le fait, afin que ces incidents ne se reproduisent plus. Des efforts énormes ont été consacrés à cet égard.
Le Canada et les États-Unis ont publié un rapport binational qui expose ces recommandations. Les autorités réglementaires voient aujourd'hui à ce que ces recommandations soient mises en oeuvre.