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Chers collègues, je déclare ouverte la 42
e séance du Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous poursuivons notre étude sur la déréglementation du secteur des télécommunications. Nous recevrons aujourd'hui deux groupes de témoins. Une heure sera réservée à chacun.
Dans notre premier groupe, nous avons des représentants de quatre compagnies de câblodistribution. Tout d'abord, nous entendrons M. Jean Brazeau, vice-président aux télécommunications de Shaw Communications. Ensuite, de COGECO Inc., nous entendrons M. Yves Mayrand, vice-président aux affaires corporatives. Troisièmement, de Rogers Communications Inc., nous avons M. Kenneth Engelhart, vice-président aux affaires réglementaires. Quatrièmement, de Vidéotron Ltée, nous avons M. Luc Lavoie, vice-président exécutif aux affaires corporatives de Quebecor Inc.
Messieurs, nous allons commencer par entendre l'allocution liminaire de chacun; vous avez jusqu'à trois minutes. Il nous restera ensuite 45 minutes pour que vous puissiez répondre aux questions des membres du comité.
Nous allons commencer avec M. Brazeau, s'il vous plaît.
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Merci, monsieur le président, et membres du comité. Shaw apprécie l'occasion qui lui est donnée de comparaître devant le comité afin de faire valoir son opinion sur les initiatives du gouvernement dans le marché des télécommunications locales.
Shaw a déclaré publiquement son appui aux initiatives proposées par le gouvernement parce que ces mesures reconnaissent le fait que l'intérêt des consommateurs doit primer. Les consommateurs canadiens tireront davantage profit d'une approche axée sur le libre jeu du marché et la concurrence des entreprises dotées d'installations. Les initiatives lancées par le ministre permettront la mise en oeuvre de ces principes, et ce sont les consommateurs canadiens qui en profiteront. Cependant, Shaw croit que les consommateurs obtiendront des avantages encore plus grands si les questions suivantes sont résolues.
Parlons premièrement de l'interconnexion et de l'accès aux structures de soutien. L'interconnexion au système téléphonique public et l'accès aux structures de soutien et aux droits de passage sont les piliers de la concurrence fondée sur les installations. Sans l'interconnexion, les concurrents dotés d'installations ne peuvent pas desservir leurs abonnés. Sans l'accès aux poteaux et aux conduits des compagnies, nous ne pouvons pas construire nos réseaux. Il est donc essentiel de conclure des ententes d'interconnexion et d'obtenir l'accès aux structures de soutien des titulaires de manière opportune et efficace si l'on veut assurer une concurrence durable fondée sur les installations. Cependant, les délais arbitraires ou le refus d'accès et d'interconnexion surviennent assez fréquemment.
Si le gouvernement souhaite assurer la cohérence avec sa politique visant à promouvoir la concurrence fondée sur les installations et faire en sorte que les consommateurs obtiennent tous les avantages associés à l'ordonnance proposée, il doit ordonner au CRTC de s'assurer que les nouveaux venus dotés d'installations puissent obtenir l'interconnexion et avoir accès aux structures de soutien et aux droits de passage, et ce, de manière rentable, opportune et efficace.
Parlons maintenant de la reconquête d'abonnés. L'ordonnance proposée prévoit l'élimination immédiate des restrictions en matière de reconquête d'abonnés. Les compagnies de téléphone souhaitent être exemptées de la réglementation afin de pouvoir reconquérir des abonnés par l'entremise de promotions commerciales ciblées. Les compagnies de téléphone n'ont que peu ou pas d'intérêt à mettre en oeuvre des réductions générales de tarifs pour leurs services locaux; elles préfèrent plutôt obtenir l'élimination des restrictions en matière de reconquête afin de conserver leur part de marché dominante, et non pas être exemptées de la réglementation. Shaw croit donc que les restrictions en matière de reconquête ne devraient pas être éliminées jusqu'à ce que les critères d'abstention de la réglementation soient satisfaits.
Dernière question, la nécessité d'assurer l'égalité des chances entre les compagnies de téléphone et les câblodistributeurs. Si le câble doit servir de faire-valoir à la déréglementation des compagnies de téléphone, une plus grande flexibilité devra être conférée aux restrictions actuellement imposées aux câblodistributeurs afin de permettre à ces derniers de faire concurrence le plus efficacement possible aux compagnies de téléphone. À l'heure actuelle, les câblodistributeurs sont soumis à une réglementation stricte en vertu de la Loi sur la radiodiffusion. Cette loi limite leur capacité de répondre à la demande des consommateurs. Ces règles devraient être révisées et remplacées, dans la mesure du possible, par le libre jeu du marché de sorte que les câblodistributeurs aient la flexibilité voulue pour concurrencer fortement les compagnies de téléphone. Plus particulièrement, cela permettrait de s'assurer que les consommateurs profitent au maximum de la concurrence.
En conclusion, Shaw appuie l'ordonnance proposée ainsi que la directive du ministre; toutefois, les trois changements que nous avons proposés doivent être intégrés à l'ordonnance publiée par le ministre.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président, et membres du comité.
Nous vous remercions de nous donner l'occasion de présenter le point de vue de Cogeco Cable sur le projet de décret du gouvernement visant à modifier la décision du CRTC sur l'abstention de réglementation des services téléphoniques d'accès local des compagnies de téléphone établies au Canada. Comme j'ai peu de temps, je serai bref.
Premièrement, permettez-moi d'exprimer notre grave préoccupation du fait que la prise de décisions politiques semble être devenue la norme pour les télécommunications canadiennes, et avoir préséance sur la prise de décisions quasi judiciaires par l'organisme administratif indépendant dûment mandaté par le Parlement pour statuer sur les questions de réglementation des télécommunications, y compris l'abstention de réglementation. Par conséquent, l'enquête indépendante sur les faits, l'évaluation appropriée de la preuve et le processus objectif s'en trouvent bafoués selon nous, avec pour résultat une perte de confiance envers le processus objectif.
La vision du gouvernement canadien pour la réglementation intelligente inclut la confiance, au même titre que l'innovation et la protection du public. À notre avis, le projet de décret est contraire à cette vision.
[Français]
Deuxièmement, le projet de décret est également contraire, selon nous, aux principes de base du droit de la concurrence puisqu'il fait fi de la position de marché dominante et de la part de marché réelle des compagnies de téléphone établies là où leur position de marché dominante demeure. Par conséquent, les compagnies de téléphone établies ayant une part de marché jusqu'à 100 p. 100 dans certains marchés géographiques locaux seraient déréglementées en fonction de la seule présence de facilités de télécommunications filaires et sans fil offrant d'autres services d'accès local.
Troisièmement, le projet de décret éliminerait immédiatement la restriction de 90 jours sur la reconquête pour les compagnies de téléphone établies partout au Canada, même là où il n'y a pas encore d'alternative aux services d'accès local. En pratique, cela veut dire que dans les circonscriptions locales où Cogeco Câble n'a pas encore été capable de lancer un service concurrent à cause de contraintes liées aux facilités ou à l'interconnexion — et il y en a plusieurs à l'intérieur de notre zone de desserte —, la compagnie de téléphone établie pourrait immédiatement cibler dans ses marchés locaux tous et chacun des nouveaux clients qui veulent s'abonner à notre service concurrentiel et ce, avec des offres particulières et confidentielles, ce qui rendrait notre entrée dans ces marchés non rentable.
[Traduction]
Quatrièmement, le projet de décret est contraire à plusieurs recommandations du rapport des propres experts du gouvernement, le Groupe de travail sur la révision de la politique des télécommunications, publié il y a moins d'un an, sur la manière de gérer la transition vers la déréglementation des compagnies de téléphone établies.
Mais plus fondamentalement, quand verrons-nous le gouvernement s'occuper de présenter une nouvelle loi sur les télécommunications au lieu de réécrire les décisions de son organisme de réglementation?
Merci de nous avoir entendus. Nous serons heureux de répondre aux questions que vous pourriez avoir à ce sujet.
Si on examine l'ordonnance d'abstention du CRTC, il y est dit, comme de nombreux régulateurs ailleurs dans le monde l'auraient dit aussi, qu'il y aura déréglementation après que les compagnies de téléphone auront perdu une part importante du marché, et il a établi le seuil de déréglementation à 25 p. 100 de la part de marché. Nous pensons que ce seuil est approprié. Mais si l'on voit les parts de marché que les compagnies de téléphone ont perdues sur la plupart des grands marchés, elles ont déjà atteint le seuil de 25 p. 100 ou n'en sont pas loin.
Comment se fait-il que ces autres compagnies n'aient pas tout simplement demandé qu'il y ait déréglementation dans le respect de l'ordonnance du CRTC? Pourquoi s'opposent-elles tellement au processus du CRTC et pourquoi sont-elles tellement en faveur de cette ordonnance? Il y a en fait deux raisons, que mes collègues ont abordées.
La première, c'est que le projet de décret, contrairement à la décision du CRTC, élimine immédiatement les restrictions relatives à la reconquête. Ces règles seront supprimées dès que le décret entrera en vigueur, alors que le CRTC a statué que les compagnies de téléphone devaient avoir perdu 20 p. 100 de leur part du marché pour que les règles relatives à la reconquête soient supprimées.
La deuxième raison, ce sont les normes de qualité en matière de service. Le projet de décret affaiblit ces normes.
Je crois que ces deux changements sont très importants.
Prenons d'abord les règles relatives à la reconquête. Ces règles disent que, dans les trois premiers mois après qu'on a recruté un client, la compagnie perdante ne peut pas téléphoner à ce client pour lui faire une offre particulière.
C'étaient les mêmes règles qu'on appliquait pour la câblodistribution. En fait, ces mêmes règles existent aujourd'hui pour la câblodistribution en ce qui concerne les immeubles et les immeubles en copropriété, afin de protéger Bell ExpressVu, qui s'était battue bec et ongles pour les garder. Ces règles existent parce que, dans un réseau, les compagnies savent exactement quels clients elles ont, et elles savent exactement à quel moment ces clients passent à la concurrence. On donne ainsi au concurrent la chance de faire ses preuves avant que la concurrence ne l'exclue.
Les normes relatives à la qualité du service sont également importantes. Elles sont importantes parce que, ce qu'elles disent, c'est que lorsque vous recevez des services d'interconnexion ou autres de la compagnie sortante, ou des avantages commerciaux, pour des entreprises comme Rogers, qui ont accès à des circuits dégroupés pour le marché commercial ou des connexions à haute vitesse des entreprises de téléphonie; ou, pour des entreprises comme Rogers qui offrent des services de téléphonie là où nous n'avons pas le câble — nous offrons ces services à Montréal, Calgary et Vancouver, et nous n'avons pas de câble là-bas, et nous devons nous servir des circuits des compagnies de téléphone — elles sont obligées de vous donner le même service de qualité sur ces installations globales qu'elles donnent à leurs simples abonnées. Et ce n'est jamais le cas; il y a toujours des lacunes au niveau de la qualité du service.
Lorsque le CRTC les a obligées à respecter ces normes relatives à la qualité du service avant d'autoriser la déréglementation, nous avons tout de suite vu une amélioration rapide dans la qualité du service, amélioration radicale qui sera chose du passé, à mon avis, une fois que le projet de décret deviendra définitif et qu'il aura pour effet d'affaiblir ces normes relatives à la qualité du service.
Merci beaucoup.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je serai très bref et je répéterai ce que nous avons dit sur la place publique au moment où le ministre a annoncé sa décision l'automne dernier.
Vidéotron et sa compagnie mère, Quebecor, sont essentiellement favorables à l'approche prônée par le ministre, à savoir une approche qui fait appel au libre marché, aux forces du marché et à la plus large déréglementation possible.
Il est vrai que nous nous sommes présentés devant vous l'automne dernier en demandant que la période transitoire soit prolongée. Toutefois, comme vous le savez peut-être, Vidéotron a annoncé hier par voie de communiqué que nous venions de dépasser le chiffre de 400 000 abonnés de notre service de téléphonie locale et résidentielle. Par conséquent, nous croyons qu'à l'heure actuelle, les forces du marché peuvent pleinement jouer leur rôle.
Le consommateur en est le premier bénéficiaire. La preuve en est que quand Vidéotron a lancé son service de téléphonie résidentielle en janvier 2005, les prix de la téléphonie ont diminué pour la première fois de l'histoire du Canada. Ils ont diminué de façon extrêmement marquée. Cette pression sur le marché a servi les consommateurs.
Essentiellement, nous avons dit, et nous le répétons, que nous encourageons le ministre à continuer sur la même voie, à aller au bout de sa logique et à pousser, avec toute la capacité politique qu'il a, pour qu'on procède également à la déréglementation de tout le secteur de la câblodistribution.
Avec la révolution numérique qui en train de se dérouler sous nos yeux, les câblodistributeurs sont de moins en moins des câblodistributeurs et de plus en plus des entreprises de télécommunications qui doivent être actives dans tous les champs des télécommunications. À l'heure actuelle, les compagnies de câblodistribution sont face à une réglementation pointilleuse, une réglementation qui n'est ni dans l'intérêt des consommateurs, ni dans l'intérêt du marché, ni dans l'intérêt de l'économie canadienne.
Nous encourageons le ministre et le gouvernement à continuer sur la voie de la déréglementation et du libre marché, et nous encourageons le gouvernement à accélérer l'arrivée de nouvelles concurrences dans la téléphonie mobile. Nous croyons que la prochaine frontière se situe dans ce domaine et que la nouvelle concurrence dans la téléphonie mobile fera en sorte que les Canadiens cesseront de payer 60 p. 100 de plus que leurs voisins du Sud pour leur téléphone. Au chapitre du taux de pénétration, à l'heure actuelle, le Canada se situe au 30e rang parmi les pays de l'OCDE.
Les Canadiens n'ont pas accès à la dernière technologie comme ils le devraient. À l'heure actuelle, cette dernière est en train de devenir la norme en Europe, en Asie et très rapidement aux États-Unis. Les Canadiens accumulent du retard alors que cette nouvelle génération technologique est beaucoup plus que de la téléphonie mobile: il s'agit d'un instrument de transport, un véhicule de la culture, de la musique et des émissions de télévision qui deviendra un véhicule universel de communication.
Nous encourageons donc le gouvernement à faire tout ce qu'il faut pour qu'il y ait davantage de concurrence dans ce secteur.
Merci, monsieur le président.
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Pour vous donner un exemple, nous sommes un distributeur doté d'installations. Cette politique, la directive du gouvernement, a pour but de favoriser la concurrence chez ce genre d'entreprise. Mais il faut brancher ces installations au réseau existant du titulaire. C'est lui qui contrôle le réseau local. Il faut que je l'appelle pour brancher mon réseau; ce n'est pas lui qui m'appelle. Nous avons eu de la difficulté à opérer le branchement à temps et de manière efficace.
Prenons le cas de Vancouver. Il nous faudra sans doute au moins neuf mois pour brancher notre réseau local à celui de TELUS à Vancouver. Le problème c'est que nous sommes en train de brancher la totalité de notre réseau dans certaines villes de l'Alberta, de la Colombie-Britannique, de la Saskatchewan et du Manitoba. Il est très difficile de convaincre les titulaires de s'en charger. Bien sûr, on peut demander au CRTC d'intervenir, mais il hésite à faire ce qu'il appelle de la microgestion. On en est réduit à quémander ou à hurler au téléphone pour amener les titulaires à effectuer le branchement.
Si nous ne sommes pas branchés, nous ne pouvons pas offrir le service et la concurrence qui est censée s'exercer n'existe pas. C'est cela notre gros problème.
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Merci, monsieur le président.
Premièrement, je veux vous remercier parce que ce sont vos témoignages, en octobre dernier, qui ont incité les membres du comité à demander un délai, jusqu'en mars 2007 pour faire le tour de la situation. En décembre, le ministre a décidé de passer outre à notre motion, mais comme cela ne faisait pas l'affaire du comité, nous avons adopté une motion pour faire une étude complète de la question de la réglementation.
Êtes-vous favorables à l'idée que le ministre attende le résultat de nos consultations, qui s'échelonneront sur huit séances, avant de décider quelle directive il émettra en termes de déréglementation?
J'aimerais avoir une réponse de chacun d'entre vous. J'ai lu dans trois mémoires sur quatre qu'il y avait des oppositions importantes.
M. Lavoie ne semble pas avoir d'opposition, mais j'aimerais avoir son opinion sur la pertinence de mener une étude pour s'assurer que le modèle retenu sera le résultat d'un processus démocratique acceptable.
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Ce n'est sûrement pas le message qu'on veut vous donner.
Cependant, au nom de Cogeco Câble inc., nous vous disons aujourd'hui, comme nous l'avons dit le 19 octobre dernier, que nous sommes préoccupés par la façon dont sont produits ces ordonnances et ces décrets.
Notre entreprise ainsi que moult autres parties — pas seulement des gens de l'industrie, mais aussi des consommateurs, des utilisateurs de services téléphoniques et des groupes d'intérêts de tous genres — ont dépensé beaucoup de temps et d'efforts à faire des présentations et à présenter des preuves précises au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, le CRTC, sur les problèmes d'entrée en concurrence dans des marchés géographiques donnés. Nous avons l'impression qu'on n'a pas tenu compte de tout ce travail, qu'il a été en fait évacué. On n'a toujours pas le plan directeur, qui est une nouvelle loi des télécommunications et dont les objectifs seront conformes à la vision que vous avait exposée le groupe d'experts nommé par le gouvernement lui-même. Cela nous préoccupe. Sans tarder indûment, il est important de faire les choses correctement.
En ce qui a trait spécifiquement à l'ordonnance relative à la décision de l'abstention de réglementation, le fait qu'on fasse fi de toute notion de pouvoir de marché dominant ou de position de marché dominante, quel que soit le marché géographique, nous préoccupe particulièrement.
Il faut comprendre que le développement de la concurrence ne se fait pas au même rythme selon la taille et l'emplacement des marchés. Dans les petits marchés des régions rurales, cela se fait plus lentement, c'est plus difficile et la base économique pour permettre une entrée en concurrence est beaucoup plus petite.
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Je pense qu'on doit avoir une notion de ce qu'est le marché géographique pertinent. Les autorités de concurrence ont une méthode pour définir des marchés géographiques un peu partout dans le monde. Ce n'est pas une invention particulière au Canada.
On peut débattre longuement de la question de savoir si ce devrait être des unités aussi petites que les circonscriptions locales ou des unités plus grandes. Or, il faut qu'il y ait une définition de marché géographique et il faut examiner les choses marché géographique par marché géographique.
Je trouve un peu bizarre qu'on admette que, lors de la déréglementation d'une entreprise établie de téléphonie dans un marché géographique donné, on ne se préoccupe pas du fait que celle-ci puisse avoir jusqu'à 100 p. 100 du marché, alors que des entreprises qui souhaiteraient combiner leurs activités pour avoir des parts de marché beaucoup moins considérables que 100 p. 100, par une opération de fusion ou d'acquisition, feraient l'objet, dans ce même marché, d'une révision du Bureau de la concurrence.
Je pense que c'est une bonne idée parce qu'une des choses qui nous inquiète, comme le disait Yves, c'est que le CRTC compulse des milliers de pages de témoignages. Il entend une foule de témoins. Il tient des audiences orales. Les comptes rendus sont volumineux.
Les ministres, eux, sont très occupés. J'imagine que lorsqu'il est question des projets de décret, ils reçoivent une séance d'information d'une heure ou deux. Ils n'ont pas accès à toute l'étendue d'information dont dispose le Conseil. Si le comité tient comme il l'envisage huit jours d'audience, le ministre aurait pour prendre sa décision une quantité précieuse d'information.
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Elle m'inquiète beaucoup. Le gouvernement a parfois ce qui semble être une bonne idée; cela a ensuite des conséquences imprévues. C'est peut-être le cas ici.
La directive parle de maximiser le recours aux forces du marché. Nous tous — moi, en tout cas — sommes fermement convaincus que les forces du marché sont préférables aux mesures de réglementation. Comment dans ce cas peut-on être exagérément critique à l'endroit de la directive? Par contre, maintenant qu'elle est en vigueur, on s'aperçoit qu'elle est venue bouleverser tout le travail du CRTC.
Je vais vous donner un exemple. Dans le monde des télécommunications qui est le nôtre, les compagnies de téléphone offrent des installations mixtes. Ce sont de petites salles dans les bureaux centraux dont on se sert quand on acquiert d'elles des installations dégroupées. Vous payez le loyer de ces salles, l'électricité et d'autres frais.
Eh bien, le CRTC a jugé qu'on nous faisait payer trop cher l'électricité et d'autres services. Il a estimé que le calcul des coûts effectué par TELUS, dans le cas présent, était erroné. Il a donc rendu une décision. Comme il en avait le droit, TELUS a interjeté appel de la décision alléguant que le Conseil ne pouvait pas contester les estimations de coûts de TELUS et que le CRTC avait entrepris l'audience il y a cinq ans et qu'il était trop tard pour donner un remboursement à son concurrent. C'est le genre de bataille que nous menons continuellement.
TELUS a maintenant déposé des documents auprès du Conseil disant qu'à cause de la directive TELUS avait sûrement raison. À cause de la directive, vous ne pouvez pas contester les études de calcul de coûts ni nos avis juridiques sur les questions dont vous êtes saisis. Elle soutient — et j'espère que le Conseil rejettera cet argument — que la directive change tout et que toutes les décisions doivent être réécrites et que les vieilles règles doivent être écartées.
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Je peux répondre brièvement.
De notre point de vue, les directives, c'est terminé. Nous ne sommes pas venus ici pour demander de revenir en arrière et de défaire ce qui a été fait. Nous avons dit craindre que la directive telle que rédigée et mise en place crée plus de difficultés qu'elle ne va en résoudre.
Nous aimerions que vous compreniez qu'une des grosses difficultés que Cogeco Câble a rencontrées dernièrement dans toute cette histoire, c'est l'application inégale de certains passages des recommandations du rapport du Groupe d'étude sur le cadre réglementaire des télécommunications. Le rapport envisageait une orientation stratégique — cela ne fait pas de doute — et nous n'avons rien à redire en principe contre cela, mais il contenait un certain nombre d'autres recommandations liées, y compris celle que le gouvernement adopte une directive mais change la loi pour abroger le pouvoir du Cabinet de modifier telle ou telle décision du CRTC.
Une grande partie de notre malaise tient au fait que les mesures sont adoptées de manière fragmentaire plutôt que sous forme de politique révisée globale des télécommunications tout en écartant certaines considérations fondamentales, comme la conclusion du Groupe d'étude selon laquelle il n'est pas indiqué, en régime démocratique, d'avoir recours à la fois à des directives et des décisions isolées qui viennent récrire le corps réglementaire.
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Je pense que le temps presse. Le marché bouge à un rythme effréné. La révolution numérique change du tout au tout l'univers des télécommunications. Cela vient changer les délais que l'on peut appliquer aux décisions de ce genre.
Le ministre a bien fait d'agir rapidement, mais je pense qu'il devra en faire autant dans d'autres secteurs pour les déréglementer parce qu'au moment où je vous parle, on constate — et on pourrait en discuter longuement — que le protocole IP, l'Internet, est en train de devenir le véhicule universel pour toutes sortes de communications.
Sous peu, le comité n'invitera pas des câblodistributeurs comme nous, parce que vous ne pourrez plus nous définir comme des câblodistributeurs. Actuellement, chez Vidéotron — et je sais que c'est le cas pour les autres — nous avons plus de 700 000 abonnés à Internet; nous avons 400 000 abonnés au téléphone filaire et nous avons 1,6 million ou à peu près d'abonnés à notre réseau de télédistribution, numérique et analogique. Sommes-nous toujours un câblodistributeur? Non. Nous appartenons à la révolution numérique; nous sommes une compagnie de télécommunications.
Nous n'avons pas des années pour y réfléchir; sinon nous allons rater le coche au Canada et nous prendrons du retard technologique.
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Merci, messieurs, d'être venus aujourd'hui.
Pour commencer, je vais me lancer dans une tirade purement partisane. Votre nom de famille, monsieur Engelhart, est le même que celui d'un village de ma circonscription qui vote NPD. Vous êtes donc de toute évidence un homme fort intelligent et avisé. Il fallait que le je dise d'entrée de jeu.
Des voix: Oh, oh!
M. Charlie Angus: J'ai été intéressé par les diverses interventions cet après-midi. Cela m'intéresse parce que nous voyons des cas comme celui de Shaw, où des entreprises s'adressent au CRTC pour apporter des changements pour pouvoir entrer sur le marché du téléphone, et pourtant aussi bien Shaw que Vidéotron défient actuellement publiquement les modalités de leur licence dans le dossier du Fonds canadien de la télévision.
Je vous pose la question à vous et à Vidéotron. Allez-vous payer votre contribution au FCT cette année?
Encore une fois, revenons au début des années 90, quand les compagnies de câble sont venues nous demander de l'aide pour mettre fin à la concurrence venant des satellites. À l'époque, il a été décidé de déréglementer et d'augmenter les frais d'abonnement pour pénétrer le marché. Puis, après ce changement, il a été décidé de créer le fonds de production des câblodistributeurs, qui est devenu le FCT. Maintenant il y a un changement de direction chez les câblodistributeurs, et j'essaie de voir s'ils vont continuer à faire ce qu'ils disent publiquement, qu'ils ne vont pas payer après le 31 août dans ce fonds et vont réclamer une autre série d'arrangements.
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Merci, monsieur le président.
Merci de vos exposés, messieurs.
Les 11 et 12 décembre, peu après que le ministre a annoncé ses intentions de publier une ordonnance modificative, la plupart des compagnies — et on le perçoit à la table encore une fois aujourd'hui — ont publié des communiqués dans lesquels ils approuvaient vigoureusement l'action du ministre. Elles se sont dites en faveur de la déréglementation et ont annoncé leur intention de travailler avec le ministre, disant que la déréglementation est la meilleure solution pour le consommateur. En général, à quelques variantes près, il y avait presque consensus unanime dans le secteur du câble.
On laisse maintenant entendre que lorsque le ministre examine les décisions du CRTC et envisage la possibilité d'un décret de modification, le ministre a une heure ou deux pour revoir la décision et reçoit une séance d'information d'une heure ou deux. Je trouve cette déclaration un peu étrange étant donné qu'il est rare pour un ministre de prendre un décret de modification d'une décision du CRTC. Le ministre en cause l'a fait de manière régulière.
Vous avez publié des communiqués mais maintenant vous dites qu'il ne s'agit pas forcément de déréglementation complète. D'après votre témoignage, votre secteur a encore besoin de certaines protections réglementaires pour vous permettre de rivaliser dans des parts de marché. Comme vous avez la possibilité de grouper des services, vous avez obtenu une pénétration importante du marché dans des secteurs à faible coût, par exemple, au-delà des 25 p. 100. Le fait que vous voulez conserver les restrictions sur la reconquête et d'autres éléments ne figurait pas dans vos communiqués à l'origine. La plupart de vos compagnies sont fortement capitalisées. De fait, dans le cas de Rogers, je pense que votre capitalisation boursière est égale à celle de Bell Canada ou la dépasse.
Comme membre du comité, désireux de donner des conseils à la Chambre, j'aimerais que vous me prêtiez main-forte ici. Comment vais-je faire comprendre à mes collègues qu'il s'agit d'une bonne politique et de déréglementation avisée, carte blanche, mais que du même coup il faut encore sélectionner des mécanismes de protection pour un secteur qui a pénétré l'accès au marché, gagné des clients et est encore à la recherche de protections?
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Eh bien, nous n'avons publié aucun communiqué en faveur du projet de décret ou de la directive. Je sais que certains de mes collègues l'ont fait; libre à eux de les expliquer.
Nous, chez Rogers, sommes absolument convaincus que la déréglementation est la bonne formule, que les forces du marché sont la solution et que la concurrence est la bonne façon de faire. Mais la quasi-totalité des pays occidentaux ont imité la démarche du CRTC. On ne décide pas du jour au lendemain d'instaurer la concurrence débridée. Il faut une période de transition. Comme je l'ai dit dans mon exposé, ou bien vous le faites au moyen du projet de décret ou en vertu de la décision du CRTC; de toute manière, la période de transition est à peu près terminée. On est à peu près à 25 p. 100. Il est temps de déréglementer.
Mes sujets de préoccupation à propos de la façon dont cela se fait en vertu du projet de décret sont la perte des encouragements à la qualité du service — je pense qu'il aurait été très utile de conserver cette partie de l'ordonnance du CRTC — et deuxièmement, les règles de reconquête pour les marchés où il n'y a pas de concurrence aujourd'hui. Vous constaterez peut-être que certains de ces marchés n'obtiendront jamais les avantages de la concurrence maintenant que les règles de reconquête ont été supprimées. Mais je pense comme vous que le protectionnisme est une mauvaise chose, que la concurrence est une bonne chose, et qu'après la période de transition vous voulez lui donner libre cours.
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Merci, monsieur le président.
Je vous souhaite la bienvenue à tous, notamment à ceux d'entre vous qui ont déjà comparu devant nous. J'ai hâte d'entendre le reste de la discussion, quoique nous allons manquer de temps.
Je m'adresse à vous, monsieur Engelhart, au sujet des efforts visant les reconquêtes.
On estime que dans tous les marchés de télécommunications du Canada, le but essentiel est d'empêcher de rappeler dans les 90 jours, comme vous l'avez dit. Je pense que dans son rapport de mars dernier, le groupe des télécommunications a expliqué que la possibilité de faire des offres et des contre-offres aux mêmes clients est l'essence même de la concurrence et que, de manière générale, les autorités réglementaires ne devraient pas restreindre les campagnes visant à récupérer les clients qui ont déserté la compagnie. Je me demande si vous pourriez faire des observations là-dessus.
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Avec votre indulgence, je voudrais lire ce que Bell a déclaré au sujet des règles de reconquête dans le marché du câble. Cette déclaration, citée dans le numéro du 28 janvier 2005 d'une publication intitulée
Canadian Communication Reports, a été faite par le directeur des affaires réglementaires à l'appui des règles de reconquête dans le marché du câble.
Je cite:
On investit beaucoup d'argent dans un immeuble pour y installer du matériel, pour commercialiser nos produits dans cet immeuble, etc. Quand on fait un tel investissement, on doit compter sur une certaine pénétration ne serait-ce que pour rentrer dans son argent, fait-il remarquer. Peu importe qu'il s'agisse d'un service de télévision ou de quoi que ce soit d'autre. Quand on vend un service dans un immeuble, il faut pouvoir compter sur un certain taux de pénétration uniquement pour rentrer dans son argent. Quand on ouvre un commerce de beignets ou de quoi que ce soit dans le hall d'entrée, on doit supposer qu'on enregistrera un certain volume de ventes pour que ça en vaille la peine. Et si le vendeur de beignets de la porte à côté déclare tout à coup: « N'achetez pas vos beignets chez lui, moi, je vais vous les vendre à moitié prix », alors il n'y a plus aucune possibilité de faire des affaires. Va-t-on alors aller s'installer dans un autre immeuble pour y perdre de l'argent également? La compagnie de câblodistribution peut vous pourchasser d'un bout à l'autre de la ville jusqu'à ce que vous n'ayez plus d'argent. (La règle révisée sur la reconquête) est une autre mesure que le Conseil a mis en place pour donner à la concurrence l'occasion de s'établir sur le marché... C'est seulement un créneau de 90 jours pour prouver aux clients que l'on a la capacité de leur fournir le service qu'ils veulent.
Voilà donc ce que dit Bell — une grande entreprise, qui a déjà lancé des satellites puissants — dont les représentants estiment avoir besoin de cette protection pour s'établir sur le marché, et la compagnie bénéficie d'ailleurs toujours de cette protection aujourd'hui.
Je suis d'accord avec vous, monsieur, pour dire que le protectionnisme, normalement, nous amène toujours à nous demander si les responsables de la réglementation ne sont pas dans l'erreur. Mais cette formule qui consiste à mettre en place des règles de reconquête a bien fonctionné. Je crains que, dans cinq ans, nous irons nous implanter dans quelques marchés de petite envergure où il n'y aura pas de service téléphonique, à cause de l'élimination de ces règles.
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Mesdames et messieurs les membres du comité, nous commençons notre deuxième heure de séance et nous entendons notre deuxième groupe de témoins, qui représente les entreprises de services locaux concurrents.
Nous accueillons aujourd'hui trois témoins. Premièrement, de Primus Télécommunications Canada, nous accueillons Ted Chislett, président et chef des opérations. Deuxièmement, de MTS Allstream, nous entendrons Chris Peirce, chef des affaires réglementaires. Troisièmement, de Vonage Canada, nous accueillons Joe Parent, vice-président du marketing et du développement des entreprises.
Nous allons vous entendre dans le même ordre, en commençant par vous, monsieur Chislett. Vous avez la parole.
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Merci beaucoup de m'avoir invité ici aujourd'hui. Vous avez sans doute reçu copie de mon exposé et vous pourrez suivre.
Aujourd'hui, étant donné le peu de temps dont je dispose, je vais insister sur la nécessité d'adopter, dans l'industrie des télécommunications de l'après-déréglementation, un régime d'accès aux services de gros ainsi qu'un programme de réglementation et de surveillance permettant de réagir aux activités des grands concurrents. Cela me semble nécessaire pour la vitalité d'un marché de détail concurrentiel et pour s'assurer qu'aucun obstacle ne vienne freiner la saine concurrence.
Parlons de nous. Primus Canada constitue le plus important fournisseur de services de remplacement et une des dernières entreprises de services locaux concurrentiels indépendantes d'une entreprise titulaire ou d'un câblodistributeur. Primus Canada dessert environ un million de Canadiens.
Quelqu'un vous a peut-être fait croire que la concurrence est très vivace dans le marché des services locaux au Canada. Ne vous méprenez pas sur l'étendue de cette concurrence et sur les raisons qui sont invoquées. Tous les fournisseurs de services ont besoin soit du téléphone ou de l'accès local d'un câblodistributeur pour fournir une large bande ainsi que d'autres services à leurs clients. La concurrence vive et élargie qui existe dans les services locaux et les services à large bande chez des joueurs comme Primus et d'autres est le résultat direct des politiques actuelles du CRTC et de son mandat de donner accès aux services de gros.
Le service téléphonique local se distingue des autres services de télécommunications comme celui de l'interurbain puisqu'il constitue un « monopole naturel » au même titre que l'électricité, le gaz ou la distribution d'eau potable. Pour une entreprise comme Primus, le coût de reconstruire le dernier mille câblé, c'est-à-dire en creusant les rues et les cours arrière, est prohibitif et demeure une barrière insurmontable à l'entrée.
Pour que les Canadiens puissent profiter d'une saine concurrence dans l'industrie des télécommunications, nous avons besoin de plusieurs entreprises qui puissent innover et rivaliser, pas d'un monopole ou d'un duopole. Un régime d'accès aux services de gros encouragerait une concurrence saine dans les marchés de services locaux et, conséquemment, permettrait que s'exercent librement les forces du marché, éliminant ainsi le besoin de recourir à la réglementation des prix et tarifs au détail.
Cependant, après la réglementation des services locaux, même en considérant l'accès aux services de gros, il n'en demeure pas moins que nous sommes toujours préoccupés par les pouvoirs dont disposent encore les entreprises titulaires et les câblodistributeurs. Nous nous inquiétons du fait qu'ils disposent d'avantages pour affaiblir considérablement les forces du marché, ce qui pourrait résulter en une élévation des prix, en une baisse des innovations et en une dégradation de la qualité des services de télécommunications. Aussi, une surveillance continuelle est nécessaire pour s'assurer que les activités des joueurs dominants, qu'elles soient individuelles ou conjointes, ne puissent nuire à la concurrence, ni être préjudiciables aux objectifs de la Loi sur les télécommunications. Cette surveillance ne devrait pas être contrariante, mais le CRTC a besoin de conserver son pouvoir et de s'interposer lorsque nécessaire afin de promouvoir notre industrie.
Voici quelques exemples. Imaginons qu'une entreprise titulaire appelle chacun de ses anciens clients pour les convaincre de revenir avec elle moyennant 1 000 $. Je pense que tout le monde serait d'accord pour dire qu'il s'agit là d'une pratique déloyale. Bien que nous n'ayons pas encore vu un tel montant d'argent, nous savons que des clients ayant joint une entreprise concurrente sont appelés et que certains d'entre eux ont reçu des offres de plus de 400 $. Nous avons aussi constaté que des crédits sur des services interurbains ont été appliqués sur des factures d'abonnés aux services locaux, ce qui viole les règles du CRTC.
Prenons un autre exemple. Si le service offert aux clients de services de gros est continuellement plus mauvais que celui offert par le joueur dominant à son propre client dans le marché local, des pénalités ou même une séparation institutionnelle pourraient être requises.
Des normes devraient aussi être instaurées dans le domaine de la promotion. Des réductions à court terme ou des incitatifs sont légitimes dans un marché de libre concurrence. Mais il serait injuste que des clients qui retournent vers une entreprise titulaire se voient offrir une tarification réduite à long terme, à laquelle n'ont pas droit les clients fidèles à l'entreprise titulaire. Cette pratique établit deux classes de clients, ce qui est injuste.
Une intervention serait aussi de mise lorsque les prix au détail sont inférieurs aux prix de gros, ou si un concurrent ne peut plus revendre des services parce qu'ils ne sont pas rendus disponibles. Aussi, il peut être nécessaire de réclamer la neutralité du réseau, d'interdire les opérations de blocage des contenus et de définir ce qui est acceptable en ce qui concerne les priorités dans l'acheminement des paquets.
La surveillance a une portée plus large et est plus précise que les lois générales sur la pratique concurrentielle: elle est conséquente avec les objectifs de la Loi sur les télécommunications et elle favorise l'émergence d'un environnement qui stimule l'innovation et la saine concurrence dans une industrie naturellement monopolistique. Nous avons besoin du CRTC comme organisme de réglementation pour l'industrie et pour assurer cette surveillance.
En définitive, alors que l'industrie des télécommunications passe de la réglementation à la déréglementation, nous avons besoin de mettre en place un nouveau régime de services de gros ainsi qu'un programme de surveillance des activités des principaux joueurs afin d'assurer aux Canadiens qu'ils pourront tirer profit d'un marché de saine concurrence.
Merci.
MTS Allstream est un important fournisseur national de solutions de communication. Au Manitoba, nous sommes l'entreprise titulaire et nous devons maintenant faire face à la concurrence de Shaw. Notre situation est unique parmi les fournisseurs qui détenaient auparavant un monopole: plus de la moitié de nos recettes découlent en effet de notre engagement envers une stratégie de croissance caractérisée par une expansion dans tout le pays, où nous ne disposons d'aucun des avantages évidents d'une entreprise titulaire. Au niveau national, nous sommes le premier fournisseur de solutions concurrentielles auprès des entreprises canadiennes, qu'elles soient petites, moyennes ou grandes.
De par notre nature même, nous appuyons l'objectif qui consiste à mettre en place des marchés entièrement concurrentiels, ce qui va dans l'intérêt des clients canadiens. Grâce au libre jeu du marché, les innovations se présenteront plus vite, les choix pour les consommateurs seront plus nombreux et les prix deviendront plus compétitifs. Au contraire, les forces du marché non concurrentielles, où un acteur prédominant est libre de profiter de sa position, ralentissent l'innovation, limitent le choix pour les clients et gonflent les prix. Il est important de souligner que nous appuyons aussi les instructions en matière de politique émises en décembre par le gouvernement et qui, dans leur forme finale, ont tenu compte des préoccupations que nous avions soulevées devant ce comité.
Toutefois, nous ne pouvons accorder notre soutien au projet de décret qui, dans sa forme actuelle, frappe au coeur même des conditions déterminant si le CRTC peut ou ne doit pas décider d'accorder une abstention, en vertu de la Loi sur les télécommunications.
Le projet de décret offre à un demandeur qui cherche à obtenir la déréglementation des tarifs au détail un choix entre deux tests. D'abord, le test mentionné lundi par Sheridan Scott, commissaire de la concurrence, qui comprend plusieurs volets. Bien qu'ambigu, ce test tient au moins compte de l'existence de positions dominantes sur le marché, en couvrant les aspects que sont la part de marché, le nombre de concurrents offrant des services et la rivalité active, le tout pour déterminer l'existence du libre jeu du marché concurrentiel. Deuxièmement, un test qui ne tient compte d'aucune caractéristique du libre jeu du marché concurrentiel et demande simplement à l'organisme de réglementation de dénombrer les fournisseurs qui offrent apparemment des services, soit deux fournisseurs disposant de leurs installations, et pour les marchés résidentiels, un autre fournisseur de services sans fil.
De toute évidence, il ne viendrait à l'esprit d'aucun ancien monopole de choisir le test de Mme Scott. Profiter d'une déréglementation sur le marché local sans que sa position dominante sur le marché ne soit même prise en compte est un cadeau du ciel pour les anciens monopoles, mais non pour les consommateurs.
Tout aussi clairement, le second test que j'appellerai le test de la « simple présence » est contraire à l'approche spécifiquement recommandée par le rapport du GECRT, selon laquelle la déréglementation ne devrait se produire que dans les marchés où il n'y a pas de fournisseur en position dominante.
Le test de la simple présence est également incompatible avec les Instructions en matière de politique au CRTC, qui ont reconnu la capacité des anciens monopoles à exercer un pouvoir sur le marché de détail en l'absence d'un régime mis à jour sur les installations essentielles pour les concurrents. Le CRTC y était mandaté pour mettre en place un tel régime, ce qui ne sera pas terminé avant 2008.
Nos remarques détaillées soumises au gouvernement en réponse au projet de décret soulignent que le test de la simple présence est fondamentalement incompatible avec la loi sur la concurrence. Nulle part ailleurs dans le monde — à l'exception des États-Unis, où l'on est en voie de rétablir les monopoles — un organisme de réglementation n'envisagerait de déréglementer les tarifs d'une entreprise titulaire sans examiner l'état courant de la concurrence sur le marché. De plus, comme l'a souligné Richard French lundi, le test de la simple présence est si vague qu'il en devient inutilisable.
Surtout, nous nous inquiétons de la légalité du décret proposé, qui remplace les obligations d'origine législative du CRTC par le test de la simple présence. Le projet de décret abroge dans les faits les paragraphes 34(1) et 34(3) de la Loi sur les télécommunications.
Il est évident que le Cabinet ne peut pas lui-même modifier la loi. À notre humble avis, la mesure proposée ne résistera pas à un examen judiciaire.
Malgré notre appui sans réserve à l'objectif ayant trait au libre jeu du marché et à la déréglementation du marché de détail qui l'accompagne, nous ne pouvons adhérer au projet de décret. La décision d'abstention existante offre en effet plus de certitude et demeure, bien honnêtement, plus simple d'application.
Merci de votre attention.
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Je remercie le comité de m'avoir invité.
Pour les députés qui ne connaissent pas encore Vonage Canada, je rappelle que nous sommes un fournisseur indépendant majeur d'un service téléphonique convivial et novateur sur large bande connu sous le nom de « voix sur IP » ou « VoIP ». Nous sommes présents dans le secteur des télécommunications depuis un peu plus de deux ans, mais nous avons déjà créé dans le secteur technologique du Canada plus de 200 emplois bien rémunérés.
Nous croyons que les Canadiens ont soif d'alternatives novatrices et à bon prix aux services des grandes compagnies de téléphone et de câblodistribution. Nous voulons continuer à bâtir notre entreprise à forte croissance et offrir ce choix aux consommateurs et aux entreprises.
L'étude du comité a pour titre « la déréglementation des télécommunications ». Vonage Canada est en faveur d'un marché déréglementé des télécommunications comme moyen d'abaisser les prix, d'offrir plus de choix et d'augmenter l'innovation pour les Canadiens et notre économie. Cependant, il ne suffit pas de vouloir ce marché concurrentiel pour qu'il se matérialise. Le CRTC, un organisme de réglementation indépendant, a déployé de grands efforts pour mettre au point un plan solide de transition d'un marché encore dominé par les anciens monopoles vers une concurrence durable. Par contraste, le projet d'arrêté ministériel modifiant la décision sur l'abstention de la réglementation des services locaux suppose l'existence d'un marché concurrentiel alors qu'il est évident que les anciens monopoles dominent toujours. Il le fait en contradiction avec les critères du Bureau de la concurrence et en contradiction même avec la Loi sur les télécommunications.
Mais la principale raison qui nous pousse à nous adresser à vous aujourd'hui, c'est que le projet d'arrêté engage le Canada dans la voie non pas d'une augmentation, mais d'une diminution de l'innovation et du choix. Le projet d'arrêté ministériel remplacerait les critères du CRTC par une insistance exclusive sur la présence du réseau d'un concurrent sur le marché géographique. Ce critère de présence concurrentielle fait complètement abstraction de l'emprise sur le marché que continue d'avoir une compagnie de téléphone.
Un petit fournisseur comme Vonage Canada, c'est David contre le Goliath de Bell. On ne peut pas faire abstraction de la position dominante des anciens monopoles, qui est réelle et qui se manifeste tous les jours. Bell et TELUS ont et exercent le pouvoir d'empêcher la concurrence en refusant à Vonage Canada l'accès à leurs sites publicitaires en ligne et en limitant l'offre de connexions sur large bande nécessaires à la VoIP.
En outre, aux termes du projet d'arrêté, Bell et TELUS auraient la possibilité de communiquer avec chacun des nouveaux clients de Vonage Canada dès qu'il donne suite à sa décision de changer. Fortes des connaissances qu'elles ont acquises à la faveur de leur position monopolistique, les compagnies de téléphone pourront offrir à ces clients et uniquement à ces clients un forfait spécial. La vaste majorité de leurs clients actuels ne profiteront pas pour autant de prix réduits.
À notre avis, le critère de présence concurrentielle adopté dans le projet d'arrêté aura simplement pour effet de nous faire passer du monopole d'une compagnie de téléphone à un duopole comprenant la compagnie de câblodistribution. Ces compagnies ont intérêt à protéger leur part de marché, mais rien ne les incite à rivaliser vigoureusement entre elles pour la clientèle des Canadiens en innovant ou en contribuant à la productivité nationale. Les compagnies de câblodistribution se contentent d'offrir le même produit et les mêmes prix que la compagnie de téléphone. C'est peut-être dans leur intérêt commercial, mais il n'en résulte pas pour les Canadiens un choix réel ou une véritable innovation.
Les Canadiens ne se contenteront pas et n'ont pas à se contenter d'un choix aussi limité et d'une imagination aussi pauvre. Ni, selon nous, leur gouvernement.
Merci.
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Je vous remercie de votre présence parmi nous aujourd'hui ainsi que de la franchise et de la brièveté avec lesquelles vous nous avez fait part de vos préoccupations. Je vous assure que l'opposition est profondément préoccupée par la hâte avec laquelle le ministre a décidé d'aller de l'avant, cela en dépit des nombreuses recommandations figurant dans le PTER.
J'aimerais maintenant rappeler à mon collègue M. Shipley que la genèse du projet de loi est le , et que c'est votre humble serviteur qui a tout mis en branle pour qu'on le présente. Malheureusement, à l'époque, nous avons dû faire face à une très forte opposition, y compris de la part de votre propre parti.
Monsieur Shipley, je n'ignore pas que vous n'étiez pas ici à l'époque, mais je tiens à ce que vous sachiez de façon on ne peut plus claire que la question des amendes nous préoccupe. Si elles ne prennent que la forme de sanctions administratives pécuniaires qui seront ensuite reversées aux recettes générales, compte tenu de tout le temps qu'il faut pour percevoir ce genre de somme, eh bien, ça ne peut certainement pas être utile à la partie lésée.
Pouvez-vous me dire ce que vous pensez de ces amendes — en supposant que vos diverses entreprises aient fait l'objet d'atteintes graves — c'est-à-dire, est-ce qu'elles aideront votre entreprise à demeurer à flot ou aurez-vous déjà sombré?
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Je tiens d'abord à dire brièvement que je suis tout à fait d'accord avec ceux qui estiment que les sanctions administratives pécuniaires ne sont nullement un remède. Si une loi sur la concurrence permettait vraiment d'avoir accès aux intérêts privés de manière à obtenir un remède, la situation serait différente, mais ainsi que vous l'a dit Ken Engelhart, il existe déjà des amendes conçues pour sanctionner des problèmes de qualité de service.
Ainsi, par exemple, nous venons tout juste de recevoir un autre chèque de plus de 300 000 $ de la part de Bell et que la compagnie a dû payer en guise d'amende pour un service de qualité inférieure pendant le quatrième trimestre de 2006. Il ne fait aucun doute qu'à ses yeux, les amendes font simplement partie des coûts d'entreprise et qu'il est préférable de les payer plutôt que d'améliorer la qualité du service.
Nous estimons donc qu'il faut modifier la définition dans la loi d'un agissement anticoncurrentiel dans le secteur des télécommunications, parce qu'en soi, les amendes ne remédient nullement à nos problèmes.
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À l'heure actuelle, aux termes de l'article 34 de la Loi sur les télécommunications, le CRTC, après examen au cas par cas, doit tenir pour avéré qu'il y a une concurrence suffisante pour justifier une ordonnance d'abstention en faveur d'un titulaire de permis de service.
Certes, le ré-examen des politiques de télécommunications recommande de substituer un nouveau texte à cet article, mais cela nécessite que l'on amende la loi. Par rapport à une telle ordonnance d'abstention, on pourrait choisir la norme telle que proposée par Sheridan Scott, laquelle se fonde sur divers indices d'emprise sur le marché. Toutefois, là où le bât blesse, c'est que le fournisseur établi a le droit de choisir la norme et, naturellement. Il ne choisira pas celle qui se fonde sur la position de force sur le marché mais plutôt celle qui demande simplement que l'on fasse le décompte des fournisseurs de service, que l'on établisse s'il y a en sur le marché.
Maintenant, par rapport à la question posée plus tôt, à savoir ce qui se passerait dans un milieu rural ou dans une municipalité en région si de petits câblodistributeurs auxquels nous aurions accordé le titre de fournisseurs grossistes cherchaient à se lancer sur le marché des télécommunications mais apprennent que le fournisseur établi en profiterait pour demander l'abstention, ils hésiteraient beaucoup à le faire. C'est pour cela qu'à notre avis, dans les faits, cet article est supplanté par la proposition d'une ordonnance d'abstention.
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Ma prochaine question s'adresse à M. Parent.
À l'avant-dernière page de votre mémoire, vous faites allusion aux compagnies qui ont intérêt à protéger leur part de marché. Vous dites, et je cite:
[...] mais rien ne les incite à rivaliser vigoureusement entre elles pour la clientèle des Canadiens en innovant ou en contribuant à la productivité nationale. Les compagnies de câblodistribution se contentent d’offrir le même produit et les mêmes prix que la compagnie de téléphone. C’est peut-être dans leur intérêt commercial, mais il n’en résulte pas pour les Canadiens un choix réel ou une véritable innovation.
Selon ce que je comprends, les compagnies de câblodistribution ou de téléphonie offriront un prix et les joueurs qui voudront se greffer à ces entreprises seront coincés, parce qu'il y aura un prix à payer pour atteindre le réseau. Il faudra qu'ils paient et ils ne pourront alors pas être concurrentiels.
J'aimerais donc entendre vos commentaires à ce sujet.
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Je devrais d'abord expliquer la remarque portant sur l'alignement des prix. Si l'on observe les produits offerts par les câblodistributeurs, on peut aisément penser qu'ils ont été conçus de telle façon à imiter parfaitement ou quasi-parfaitement ceux que fournissent déjà les compagnies de téléphonie. On se trouve donc simplement à acheter un service local puis à le payer en tant qu'abonné permanent ou à acheter un service groupé de minutes d'interurbain, par exemple.
À notre avis, la manière dont ces services ont été commercialisés et présentés et la façon dont leur prix a été fixé n'innovent pas vraiment, et leur valeur inhérente non plus. À titre d'exemple du contraire, les services offerts par Vonage ont été conçus de manière à éliminer la distinction entre le service local et les appels interurbains; on achète un service donnant accès à l'ensemble de l'Amérique du Nord. Une innovation de ce genre ne se réalisera que grâce aux petites entreprises, parce qu'il n'est dans l'intérêt ni des câblodiffuseurs, ni des compagnies de téléphonie de modifier la situation. Ces dernières se disputent simplement une part de marché dans l'espoir d'en tirer les prix et les bénéfices les plus élevés pour leurs entreprises respectives, tandis que les petites entreprises comme Vonage n'ont d'autre choix que d'innover pour survivre. Si nous n'avons rien de différent à offrir, nous n'avons pas de raison d'être.
Le maintien des politiques actuelles et l'immobilisme des structures qui en découlent ne permettront pas l'arrivée sur le marché de nouveaux produits, ni d'améliorations sensibles des prix et de la compétitivité de la part des fournisseurs établis.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je vous remercie d'être venu cet après-midi.
J'aimerais ici circonscrire la question et passer de nouveau aux choses fondamentales. Vous n'ignorez pas qu'il y a quelques semaines, les membres d'en face ont présenté une motion imposant un moratoire de six mois par rapport à la mise en oeuvre de la nouvelle orientation.
Étant donné que la ministre a présenté cette proposition en juin, et que depuis, l'industrie a eu amplement le temps d'y réfléchir, et vous-même y avez répondu, je dois vous poser une question fondamentale. Au sujet de l'orientation des politiques, est-ce qu'il aurait été préférable et plus constructif d'attendre six mois de plus avant de mettre tout cela en oeuvre?
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Merci, monsieur le président.
Merci, messieurs, d'être venus.
Monsieur Chislett, j'ai une courte question à poser. Dans votre mémoire et dans votre exposé, vous avez dit que votre compagnie est au courant des entorses à la réglementation et aux critères. Quand vous en avez vent, que faites-vous? Le signalez-vous? Que se passe-t-il alors?
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En fait, ce que l'on espère, c'est que le critère pour l'abstention, le cadre stratégique — peu importe la façon dont il est modifié — nous donnera de la certitude.
N'oubliez pas qu'au Manitoba, nous chercherons à obtenir l'abstention pour la ville de Winnipeg parce que c'est là où Shaw est présente. À l'échelle nationale, nous voulons nous assurer que l'abstention n'est pas accordée dans les marchés tant qu'il n'y aura pas de concurrence.
Le problème que nous avons, c'est que ce critère de la simple présence, le dénombrement des fournisseurs, n'a en fait rien à voir avec la présence ou non de forces concurrentielles sur le marché. Et si nous voulons ce genre de concurrences, il faudrait suivre la recommandation précise contenue dans le rapport du groupe d'étude sur le cadre réglementaire des télécommunications, à savoir de procéder à une étude, et si les forces du marché s'exercent effectivement, ne vous abstenez pas de réglementer le prix au détail des titulaires; si les forces du marché sont absentes, alors abstenez-vous.
Nous préférerions donc que le décret soit révisé. Si six mois d'audience nous aideraient à le faire, alors nous sommes pour.
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Nous ne disons pas que la conséquence pour nous sera de nous faire disparaître. Dans le dernier rapport de surveillance du secteur des télécommunications du CRTC, il est question d'accélérer le rythme de la concurrence. Le rapport le plus récent montre que dans le marché commercial canadien, la part des concurrents des recettes commerciales est passée de 14 à 12 p. 100 de 2005 à 2006. Il ne fait pas de doute que les titulaires dominent sur le marché commercial dans notre marché au Canada aujourd'hui. C'est un marché très concurrentiel. Parce que la majorité de leurs activités est actuellement couverte par l'abstention. Il est certain que le marché serait encore plus difficile pour les concurrents. Comme je l'ai dit, 70 p. 100 du marché des télécommunications est couvert par l'abstention. La seule chose qui est vraiment réglementée, ce sont les tarifs des centres urbains des anciens monopoles.
Quelque soit le degré d'abstention, c'est le niveau maximum de la part de marché d'un concurrent. Pour les services interurbains, de transmission des données ou de tout autre service de ce genre, après l'abstention le titulaire récupère des parts de marché, ce qui n'est pas le cas des concurrents. C'est ce qui s'est toujours passé au Canada, sans exception.
Il faut s'attendre que si l'abstention s'applique dorénavant aux services de détail locaux, on atteindra sans doute le maximum de la part du marché des concurrents là aussi. Nous n'avons qu'une seule part de marché à l'heure actuelle pour ce qui est de la plupart des concurrents, comme Ken Englehart l'a dit, et elle avoisine les 25 p. 100 dans un certain nombre de municipalités — plus à Halifax.
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Dans les secteurs dont on a parlé, la proposition d'abstention nécessite certainement plus de travail en matière de surveillance constante par la suite. C'est certainement une lacune, plus pour ce qui concerne le CRTC.
Comme la proposition du conseil d'administration est essentiellement de modifier cela, elle a les mêmes lacunes. Il serait bon d'examiner cela et de voir ce que seront les conséquences de ce que nous faisons.
Je ne sais pas ce qu'est la bonne réponse pour ceux qui bénéficient de l'abstention. On est mieux d'avoir une façon de surveiller cela après pour être certain qu'on a bien ce qu'on s'attend à avoir, qu'on puisse intervenir et qu'on sache ce qui se passe. C'est une bonne idée d'examiner cette question. Je pense que nous n'avons pas suffisamment étudié ce que seront les conséquences et ce que sont les possibilités après.
Le seuil m'inquiète moins. Je m'inquiète plus de la surveillance qui se fera après coup pour s'assurer que les objectifs sont suivis.