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Merci, monsieur le président.
Merci de nous donner la possibilité de discuter de cette importante question avec le comité.
Permettez-moi d’abord de décrire brièvement ce qu’est Electro-Federation. Il s’agit d’une association de manufacturiers de produits électriques et électroniques et de grossistes de produits électroniques. Notre groupe comprend sept conseils, dont l’Association canadienne des fabricants de gros appareils électroménagers, l’Electrical Equipment Manufacturers' Association of Canada et des fabricants de produits électroniques de consommation dont des fabricants de matériel de télécommunications. Voilà pour certaines des entreprises qui font partie de notre groupe.
Les produits que fabriquent nos membres vont des congélateurs et des réfrigérateurs aux téléphones cellulaires en passant par les lampes, les prises murales, les moteurs électriques, l’équipement d’informatisation, les systèmes de divertissement au foyer et des BlackBerry. Cela vous donne une idée de l’ampleur des différents types de produits que fabriquent nos membres.
Notre association compte quelque 300 sociétés membres, qui affichent un chiffre d’affaires annuel d’environ 50 milliards de dollars, et qui emploient quelque 130 000 Canadiens d’un bout à l’autre du pays.
Une fois l’an, nos membres viennent à Ottawa rencontrer des députés dans le but d’aborder diverses questions. Cette année, à la mi-octobre, notre rencontre a porté sur les préoccupations relatives à la compétitivité manufacturière au Canada. Nous y avons délégué un certain nombre de représentants; vous trouverez dans les documents qui vous ont été distribués, de même que dans la note d’accompagnement, les exposés qu’ils y ont présentés.
Premièrement, j’aimerais aborder un certain nombre de points essentiels qui ont été soulevés dans le cadre de ces exposés, pour proposer ensuite quelques pistes d’orientation — dont bon nombre d’entre elles vous sont déjà familières — dans lesquelles nous appuyons une coalition plus large d’industries, tout en mettant particulièrement l’accent sur notre secteur et les besoins de nos membres.
D’abord, on constate que nos membres sont des entreprises dynamiques qui engagent des ressources pour faire preuve d’innovation et accroître la productivité; ces entreprises déploient de nombreux efforts pour contenir leurs coûts dans un milieu hautement concurrentiel. L’exposé qui décrit très bien tout le processus a été rédigé par Pierre-Paul Riopel, vice-président, Produits manufacturiers, à la société Thomas & Betts Canada.
Thomas & Betts engage quelque 1 300 personnes dans le secteur manufacturier, surtout au Québec et dans les Cantons de l’Est. Il s’agit d’une filiale d’une entreprise américaine qui conçoit des produits au Canada qui sont destinés aux marchés intérieurs et extérieurs. Elle offre tous les services d’ingénierie et de fabrication et c’est un membre très important de notre association.
Certains des éléments soulevés dans cet exposé concernent les mesures à prendre pour mettre en œuvre des méthodes de production allégée. Cela nécessite beaucoup de formation, de dévouement, de ressources qui sont affectées à la formation — c’est pourquoi, comme vous le verrez tout à l’heure, nous formulons certaines des recommandations concernant les politiques — et des investissements dans la nouvelle technologie et la TI pour s’assurer d’avoir les processus les plus modernes et les plus rentables.
Quand on regarde la variété des produits que fabriquent nos membres, cela comprend des produits d’automatisation industrielle et des appareils électroménagers écoénergétiques — qui portent la mention EnergyStar — comme des lampes, des moteurs de haute efficacité énergétique et des produits semblables qui contribuent à l’accroissement de la productivité et à la diminution de la consommation et des coûts d’énergie. Autrement dit, en appuyant les activités de nos membres pour qu’ils soient concurrentiels, leurs activités contribuent à la compétitivité de la communauté manufacturière dans son ensemble au Canada.
S’agissant des difficultés auxquelles sont confrontés nos fabricants — et beaucoup de ces éléments ont déjà été énoncés dans votre rapport préliminaire, et que nous reprenons ici — nos membres ont été frappés à la fois par des coûts énergétiques plus élevés, la volatilité des prix et la hausse pour leurs produits et une rapide plus-value de la devise canadienne, en plus de tous les effets habituels de la mondialisation: l’effet Wal-Mart, l’accroissement de la concurrence, la réduction des prix et les répercussions des produits en provenance de l’Asie.
Les deux éléments suivants que nous avons soulevés dans nos exposés figuraient dans celui de M. Wood qui nous en donnera les détails.
Les manufacturiers canadiens doivent payer des taxes plus élevées que les importateurs, ce qui représente une différence importante dans le coût des produits. Nos membres estiment que cela est un désavantage concurrentiel insoutenable qui, en plus, est exacerbé par la valeur élevée de notre devise. À cela s’ajoute le problème du mode de perception des taxes. À notre avis, ce problème est aussi important que le montant des taxes qui sont perçues. Et cela revêt une importance particulière lorsqu’on fait le lien avec les répercussions des taxes sur les produits intérieurs et leur impact sur les compétiteurs étrangers.
M. Barrett, qui est le PDG d’Emerson Canada — une entreprise qui compte 3 000 employés dans 12 usines — a décrit dans son exposé... exposé que nous avons présenté en collaboration avec les Manufacturiers et Exportateurs du Canada. M. Barrett est un de nos membres, mais il est aussi président des MEC (Manufacturiers et Exportateurs du Canada).
Il parle du processus d’approbation des projets d’immobilisations, notamment de la nécessité d’obtenir un rendement du capital supérieur aux coûts ajustés à des valeurs de risques et de la méthode d’évaluation des risques associés à une période de remboursement à plus long terme. En d’autres mots, les projets assortis d’une période de récupération plus courte sont de toute évidence considérés comme plus souhaitables et moins risqués.
Il nous décrit — et vous avez le document de l’exposé — les étapes à suivre et les investissements du fabricant, mais aussi les postes où le secteur public peut faire des investissements, à savoir: dans les infrastructures, dans l’écoulement des produits, notamment par l’accès aux ports, dans l’aide à la formation et le perfectionnement des compétences. En son absence, je me ferai un plaisir de répondre à certaines des questions qui peuvent découler de son exposé.
Cela étant dit, en collaboration avec d’autres associations industrielles, nous appuyons plusieurs mesures.
La première concerne la radiation de deux ans pour les investissements — la déduction pour amortissement — pour les techniques de fabrication, de transformation, de communication et d’information connexes, pour l’énergie et la technologie de l’environnement; autrement dit, pas seulement pour la machinerie, mais pour l’ensemble complet des investissements qui doivent être effectués pour assurer une bonne concurrence du secteur manufacturier.
Nous endossons en tous points l’initiative du gouvernement et militons en faveur du maintien de son engagement à diminuer la taxe fédérale sur les entreprises pour la porter de 21 p. 100 qu’elle est actuellement à 19 p. 100 et, éventuellement, à 17 p. 100.
Nous croyons qu’il y a place pour l’amélioration dans la recherche scientifique et l’élaboration d’un crédit d’impôt au développement expérimental. Ici, le problème est un problème d’accessibilité, c’est à dire la certitude de pouvoir inclure le remboursement, et non un crédit, dans l’évaluation du projet dès le départ. Ce remboursement devrait être étalé de façon plus large et inclure la recherche et le développement en collaboration avec des partenaires internationaux, les coûts de l’établissement des brevets, les prototypes, les essais des produits et d’autres activités préalables à la commercialisation; on veut que ces activités-là ne soient pas restreintes. C’est un très bon programme, mais un peu restrictif, et à notre avis, si sa portée était élargie, nous en récolterions des avantages.
Nous avons mentionné la formation. Celle-ci est essentielle et nécessite un énorme investissement de la part des fabricants, notamment la mise en œuvre de nouvelles technologies de TI, qui sont essentielles aux communications afin de régler des problèmes comme le commerce inter-frontalier — lorsqu’il faut traiter avec le courtier, présenter la documentation à temps, nous assurer que les produits passent la frontière rapidement — le perfectionnement des compétences portant sur les nouvelles technologies d’informatisation, et ainsi de suite. Les entreprises qui font de tels investissements devraient pouvoir bénéficier d’un crédit d’impôt pour les primes d’assurance-emploi, le gouvernement reconnaissant ainsi qu’une main-d’œuvre mieux formée contribuerait à alléger le fardeau des réclamations à l’assurance-emploi.
Enfin, la dernière piste d’orientation que nous aimerions proposer porte sur les droits d’utilisation et toutes les mesures réglementaires. Nous croyons que les droits d’utilisation devraient être appliqués aux fins pour lesquelles ils sont perçus, qu’il devrait y avoir une piste de vérification et de responsabilisation, et que tout le processus réglementaire devrait être concurrentiel en ce qui concerne les coûts et les délais. Nous croyons qu’il y a place pour l’introduction de règlements intelligents et la conclusion d’accords mutuels avec d’autres pays où les tests sont semblables ou identiques — par exemple, la qualification des produits. Donc, tout le milieu réglementaire devient partie du milieu concurrentiel des fabricants.
En conclusion, nous croyons à l’avenir prometteur du secteur manufacturier dans les secteurs électrique et électronique au Canada. Nous avons bien hâte de travailler avec vous pour accroître la compétitivité du secteur manufacturier et nous croyons qu’il est temps d’agir.
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Merci, c’est une excellente question.
Vous nous demandez comment nous relevons le défi des taxes qui sont payées sur un bien importé, soit de l’ordre de 18 $, comparativement aux taxes sur un bien manufacturé de 52,28 $. Je crois que l’élément le plus important qu’a reconnu le comité, c’est que la fabrication au Canada devient de plus en plus difficile, que ce soit à cause de l’augmentation du dollar canadien, de l’augmentation du prix des produits ou de la concurrence qui se fait à l’échelle mondiale.
Pour la concurrence à l’échelle mondiale, la Chine jouit d’un avantage important en ce qui concerne la main-d’œuvre. Tout le monde le sait, mais elle subit un désavantage important en matière de main-d’œuvre spécialisée de même que pour le transport. Le plus gros avantage pour le secteur des appareils ménagers, ce sont les taxes, comme vous l’avez fait remarquer. Il y a une différence totale de 11 p. 100 dans les coûts, d’après le fardeau fiscal.
Dans la proposition que nous vous avons fait parvenir, on établit, à l’avant-dernière page de l’exposé, une autre méthode de calcul de la taxe. Cette proposition viendrait réduire l’impôt sur le revenu de 53 p. 100, l’impôt sur les sociétés de 20 p. 100 et les taxes foncières de 50 p. 100, éliminant entièrement les taxes sur le capital tout en réduisant les charges sociales de 8 p. 100. Ces taxes peuvent être compensées par des augmentations de la TPS imposée par les provinces, de la TPS fédérale et les taxes à la consommation, qui sont plus importantes pour le produit importé. Actuellement, le produit importé permet de recueillir seulement 22 p. 100 de recettes fiscales pour le Canada alors que le produit manufacturé y contribue à hauteur de plus de 80 p. 100.
Cette proposition viendrait doubler les taxes imposées aux produits importés pour les porter à 43 p. 100 des recettes produites à tous les niveaux du gouvernement, et elle réduirait cet écart, comme vous l’avez noté, entre les 52 $ payés par un manufacturier et les 18 $ payés par un importateur, d’environ 40 p. 100. Ainsi, nous serions plus en mesure de livrer concurrence. En fait, cela nous permettrait d’exporter des produits moins taxés et de livrer concurrence non pas seulement au Canada, mais dans le monde entier.
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Commençons par la Chine. L’impôt du timbre d'accise repose sur l’impôt que nous payons au Canada. Du point de vue du gouvernement, il s’agit d’un montant perçu. Pour chaque électroménager que nous importons — réfrigérateur, déshumidificateur, four à micro-ondes ou autre appareil — les taxes perçues par le gouvernement diminuent d’environ 70 p. 100.
Les Chinois paient des impôts. Toutefois, leur modèle d’imposition est totalement différent. En Chine, les charges sociales sont une fraction des nôtres, en partie parce que leurs coûts salariaux sont une fraction des nôtres. Ils obtiennent un crédit d’impôt pour tout ce qu’ils exportent, entre 13 et 17 p. 100.
C’est à peu près tout ce qu’ils paient d’impôt, car le fardeau fiscal se fonde en grande partie sur un modèle de consommation. De plus, ils ne paient pas d’impôt foncier, puisque, en Chine, on ne possède pas les terrains, on les loue.
On peut donc dire que les Chinois paient des impôts, qui sont relativement peu élevés même par rapport à la TPS, puisqu’ils obtiennent des crédits pour une grande partie de leurs taxes lorsque leurs produits sont exportés.
Pour ce qui est des États-Unis, ce pays a également un modèle d’imposition très différent. Si on compare de nombreux aspects, les Américains sont éloignés du Canada, puisqu’ils ne paient pas de taxe fédérale à la consommation, ce qui constitue un avantage pour l’exportation.
Toutefois, de nombreux États ont franchi le pas. Par exemple, l’État de l’Ohio est passé de l’impôt sur le revenu à la taxe de vente. Vous payez maintenant « l’impôt sur le revenu »... L’impôt versé à l’État se base sur les ventes effectuées uniquement dans l’État. Pour tous les réfrigérateurs et congélateurs exportés à l’extérieur de l’État, vous ne payez pas de taxe. C’est ce genre de paradis fiscal qui attire les investisseurs vers l’Ohio, et c’est pourquoi l’Ohio arrive maintenant à rebâtir son secteur manufacturier.
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Merci, monsieur le président.
Cela ne me prendra pas plus dix minutes au total.
Je remercie le comité pour l'opportunité de me présenter devant vous. Je me présente avec notre vice-présidente des Relations extérieures et gouvernementales, Mme Suzanne Corbeil
Il s’agit de la 21e présentation de la FCI devant un comité du Parlement depuis sa fondation en 1997. Je souhaite vous parler aujourd'hui du rôle que la FCI joue en vue de contribuer à assurer la prospérité et la compétitivité futures du Canada dans le contexte de votre étude sur les défis auxquels fait face le secteur manufacturier canadien.
Dans votre rapport provisoire de juin 2006, vous citez cinq principaux défis auxquels fait face le secteur manufacturier canadien. Mes propos, aujourd’hui, porteront sur le rôle que joue la CFI en vue d'essayer de résoudre deux de ces défis, à savoir, la concurrence provenant des économies émergentes et le développement d'une main-d’œuvre qualifiée.
Nous faisons face, en tant que pays au XXIe siècle, à des défis bien connus que sont notamment la population vieillissante et la concurrence internationale toujours plus forte. Face à ces défis, le Canada n'a pas le droit à l’erreur dans cette course mondiale.
En termes génériques, la prospérité du Canada au XXIe siècle repose sur notre aptitude en tant que pays à innover, à générer de nouvelles connaissances et de nouvelles idées, et à mettre tout en œuvre pour que celles-ci se traduisent par des produits, des services, des processus et des politiques qui produiront des richesses, qui consolideront nos fondations sociales et amélioreront notre qualité de vie. En bref, le Canada doit devenir un pays d’innovation.
Les sociétés innovatrices se caractérisent de plus en plus par trois éléments: premièrement, par des recherches à la fine pointe de la technologie; deuxièmement, par une main-d’oeuvre hautement compétente et qualifiée, et troisièmement, par des environnements commercial, réglementaire et social qui encouragent l’entreprenariat et la créativité.
La Fondation canadienne pour l'innovation (FCI) joue un rôle important dans l’évolution du Canada en un pays d'innovation. Elle renforce les capacités de recherche du Canada, lui procure l'infrastructure de pointe requise pour former du personnel hautement qualifié — à savoir, une infrastructure humaine qui est la ressource la plus importante, et remplaçable, dans une économie du savoir — et favorise le développement des grappes de technologies par le biais de collaborations entre les établissements publics de recherche et le secteur privé.
Depuis neuf ans qu'elle remplit son mandat, la FCI a investi trois milliards de dollars dans 4 700 projets d'infrastructure menés par 128 établissements localisés dans 62 municipalités partout au pays. Ces investissements comprennent plus de 153 millions de dollars destinés à appuyer 230 projets de recherche de pointe dans une vaste panoplie de secteurs dont la foresterie, l’automobile, l’aérospatial, la biotechnologie et la nanotechnologie, pour n’en nommer que certains. Des détails à ce sujet se trouvent en annexe.
Nous effectuons nos financements stratégiques à la lumière d’une rigoureuse évaluation de mérite, établie selon des normes internationales afin de déterminer les potentialités des projets dans le but d'accroître les capacités d’universités, de collèges et d’établissements canadiens de recherche à but non lucratif à concurrencer le marché international et à produire des retombées qui profiteront à tous les Canadiens.
Les investissements de la FCI ont été transformateurs. Qui m’aurait cru si je m’étais adressé à votre comité en 1996 pour vous annoncer que, dix ans plus tard, Saskatoon abriterait le centre du rayonnement synchrotron, le plus important projet scientifique au Canada en une génération; que Chicoutimi serait le chef de file mondial en matière de développement du dégivrage des ailes d’avions commerciaux et des câbles hydroélectriques; que l’Université Saint Mary’s (Nouvelle-Écosse) serait reconnue comme le leader en matière d’astrophysique et que l’Université McGill, de Montréal, serait la pionnière attitrée en matière de développement des technologies permettant aux scientifiques d’élucider l’origine génétique des maladies humaines. Si je m’étais présenté devant vous et vous aviez prédit tout cela, entre autres, il est fort probable que vous ne m’auriez pas cru. Pourtant nous voilà en 2006, dix ans plus tard, et je suis content de dire que, grâce aux investissements de la FCI, toutes ces percées technologiques sont bien réelles.
D’ici 2010, le montant total des dépenses d'investissements de la FCI destinés à l’infrastructure de la recherche, aux centres de recherche et à leurs partenaires, dépasseront la somme totale de 11 milliards de dollars. Nos financements créent des emplois et débouchent sur des solutions innovatrices dans certains des domaines de recherche les plus importants et les plus passionnants à l’heure actuelle. Ceux-ci varient, par exemple, des matériaux intelligents aux produits pharmaceutiques en passant par l’énergie renouvelable, le calcul de haute performance, la fabrication de pointe et l’éducation des jeunes enfants.
En outre, les découvertes sont transférées des laboratoires au marché. On crée des entreprises essaimées afin qu’elles fournissent des technologies en grande demande, notamment dans les secteurs de la biotechnologie, des communications, de l’aérospatial et d’autres secteurs apparentés, et on forme du personnel hautement qualifié qui travaillera dans les secteurs public et privé.
Pourtant, la FCI a lancé son dernier concours d’envergure au cours de l’été passé et les résultats seront annoncés d’ici deux mois. Notre capacité de financement de la recherche d’avant garde sera sérieusement réduite après ce dernier concours. À moins de savoir suffisamment à l’avance que nous disposons de financements supplémentaires, les centres de recherche, les universités et les collèges vont avoir désormais de plus en plus de difficultés à planifier leurs projets d’infrastructure dont la conception et l’élaboration pourraient prendre plusieurs années. Par conséquent, le Canada va commencer à perdre son avantage concurrentiel qu’il avait difficilement obtenu en R et D.
Comme je l’ai déjà mentionné, l’innovation est tributaire d’une génération de nouvelles connaissances et d’idées issues de la recherche qui, en définitive et généralement parlant, engendre une santé économique et des avantages sociaux. Mais la corrélation entre la création des connaissances et le développement technologique n’est pas toujours évidente à première vue; pourtant, les gouvernements qui, tout naturellement, financent généreusement la recherche dans le secteur public cherchent souvent à obtenir des preuves que leurs financements ont donné des résultats satisfaisants.
Ces preuves peuvent provenir de plusieurs études sur les répercussions économiques des investissements en recherche. À titre d’exemple, et les exemples sont nombreux, je pourrais citer le cas d’une étude qui a fait date et qui porte sur plus de 100 000 technologies industrielles brevetées aux États-Unis en 1993-1994. Il ressortait de cette étude que 73 p. 100 des références scientifiques des brevets du secteur privé provenaient de recherches d’établissements publics, pour la plupart des universités. Seulement 27 p. 100 des références scientifiques étaient issues de recherches effectuées par l’industrie.
Je suis presque certain que les statistiques sur les brevets industriels canadiens seraient très semblables. De fait, de nombreuses citations scientifiques dans ces demandes de brevets américains provenaient de recherches faites au Canada.
Cependant, le processus de transfert des connaissances dont il s’agit ici ne se résume pas à une simple question de propriétés intellectuelles acquises par le secteur privé. Le transfert des connaissances repose plutôt sur une collaboration étroite entre les secteurs public et privé, qui, à terme, implique la libre circulation des personnes et des idées entre les deux secteurs.
Cette influence réciproque entre les forces d’approvisionnement scientifique et les forces de la demande du marché facilite considérablement le transfert des connaissances et sa commercialisation éventuelle. Comme on le dit souvent: le transfert des technologies est un sport de contact.
La FCI encourage le processus de transfert des connaissances en favorisant le développement des grappes de technologies aux niveaux local et régional. Cela permet le rapprochement entre les entreprises de fabrication, les entreprises financières et les universités ainsi que le rapprochement de leurs réserves respectives de talents. Nous le faisons parce que ces grappes partagent souvent leurs infrastructures ou leurs technologies spécialisées.
La FCI contribue ainsi à s'assurer que les universités et les collèges jouent un rôle critique dans le développement durable, à la fois social et économique, des communautés grandes ou petites d’un bout à l'autre du Canada et, ainsi, concourt à la prospérité et la compétitivité du Canada.
Pour conclure, en investissant dans la recherche de pointe partout au Canada, en appuyant l’expertise de calibre mondial dans les universités et dans d’autres établissements de recherche, en mettant en œuvre les conditions favorables pour attirer et retenir des chercheurs de haut calibre au Canada, et en formant les jeunes Canadiens en préparation à une économie du savoir — en faisant tout cela — nous mettons tout en œuvre pour que le Canada devienne un pays d’innovation, qui est apte à se mesurer avec succès au sein d’une économie du savoir mondiale afin de produire des bénéfices qui profiteront à tous les Canadiens. Nous devons maintenir notre engagement au nom des futures générations.
Merci.
Merci, monsieur le président.
Je remercie les membres du comité pour l’opportunité de leur faire part de ce que nous pensons des défis auxquels fait face le secteur manufacturier canadien.
Je m’appelle Graham Taylor. Je suis le vice-président de Precarn Incorporated. J’aimerais transmettre les excuses de Jean Paul Boillot, notre président du conseil d’administration, et de Paul Johnston, président et PDG de Precarn. Malheureusement, ils sont tous les deux à l’étranger pour des rendez-vous d’affaires qu’ils n'ont pas pu remettre. Donc vous me comprenez et j'espère que cela vous conviendra à tous.
J’aimerais vous dire aujourd'hui que stimuler la productivité et la compétitivité de l’industrie de fabrication nécessitera une démarche exhaustive. Des mesures de politiques visant à établir les conditions économiques doivent être notre première priorité, mais obtenir simplement certaines conjonctures économiques favorables ne sera pas suffisant. De judicieux investissements de fonds publics peuvent compléter le cadre stratégique en encourageant un partage du risque et en favorisant les investissements et les relations d’affaires appropriées.
Nous devons encourager, en particulier, la collaboration axée sur l’industrie à cette étape cruciale et difficile, à laquelle M. Phillipson a fait allusion, qui est le passage de l'élaboration d’une idée à son adoption par le marché. Nous devons investir plus de ressources privées et gouvernementales dans un point d'interface entre les entreprises, les universités, les collèges et les laboratoires gouvernementaux, de telle façon que le secteur privé prennent les devants.
En premier lieu, j’aimerais vous parler un peu de Precarn. Precarn Incorporated est une entreprise indépendante privée et sans but lucratif qui appuie la recherche coopérative et le développement de ce que nous appelons les technologies mobilisatrices telles que la robotique, les systèmes intelligents, et l’information et les technologies de communication de pointe. Depuis qu’elle a été fondée en 1987 par quelques individus visionnaires du secteur privé, Precarn a obtenu des résultats impressionnants en investissant des subventions fédérales modérées dans des projets dirigés et principalement financés par des entreprises spécialisées dans les technologies d’avant-garde.
Nous assurons également depuis 16 ans la gestion d'un réseau de centres d’excellence, l’Institut de robotique et d'intelligence des systèmes (IRIS), qui a permis la création de 38 jeunes entreprises. Ce réseau demeure l’unique réseau de centres d'excellence (RCE) géré en dehors d’une université. Nous l’avons intégré à notre réseau industriel.
Le modèle efficace de collaboration de Precarn rapproche des entreprises conceptrices de technologies, des entreprises utilisatrices finales, des universités, des collèges et des laboratoires gouvernementaux dans le cadre de projets qui utilisent les nouvelles technologies depuis les idées jusqu’aux prototypes fonctionnels. L’effet de levier financier qu’il procure élargit l’échelle et la portée de la recherche, permet le partage des coûts et atténue les risques techniques. Le fait qu’un utilisateur final participe au projet depuis son étape initiale augmente les chances d’obtenir une réussite commerciale, et augmente de ce fait les retombées des investissements gouvernementaux en R et D.
Mes commentaires aujourd’hui s'appuient sur 18 ans d’expérience que Precarn a dans l’application de ce modèle. Celui-ci a consisté à appuyer plus de 200 projets — auxquels des centaines d'entreprises, environ 200 professeurs et 3 000 étudiants de troisième cycle dans 25 universités ont participé — et à travailler avec des partenaires d’un bout à l’autre du pays, y compris de nombreux organismes gouvernementaux fédéraux et provinciaux.
À ce propos, j’aimerais en profiter pour remercier Industrie Canada pour leur soutien et leurs bons conseils qu’ils nous ont prodigués durant ces dernières années.
Supposez quelques instants que nous concevions l’économie canadienne comme si elle était une entreprise commerciale. À quoi ressemblerait le plan d’activités du Canada? Entre autres, notre plan d'activités tiendrait compte du fait qu’un projet en R et D qui est axé sur l’opportunité et la vision et sur le principe de dépense judicieuse est fondamental. Il reconnaîtrait que, pour être le leader du marché, nous devons faire plus, faire mieux, ou faire différemment que nos concurrents.
Attendre simplement des signes de nos concurrents ne suffit pas. Cela signifierait que la réussite de l’entreprise « Canada » repose sur les décisions d’individus qui travaillent ensemble et qui ont confiance dans leur capacité mutuelle de traduire des propositions risquées en réussites commerciales.
Comment pouvons-nous dans ce cas favoriser l’accroissement des investissements commerciaux en R et D? Comment pouvons-nous mieux rentabiliser l’argent investi dans la recherche? Si nous avions un dollar de plus à consacrer à la science et à la technologie, comment l’investirions-nous pour en obtenir meilleur profit?
L’entreprise au Canada se porte bien. Si nous nous tournons vers l’avenir, nous avons la possibilité d'être le leader mondial en matière de développement et d’application des technologies de pointe. Partout ailleurs dans le monde, les coûts de main-d’œuvre sont plus avantageux et nous sommes en retard en ce qui a trait aux investissements majeurs dans les domaines émergents. Nous avons des acquis fondamentaux comme l’éducation, la recherche académique, les services sociaux, et les systèmes de gouvernance qui doivent demeurer solides. Mais, il faut améliorer d’autres aspects.
L'entreprise au Canada a besoin d’améliorer son secteur de R et D. Nous sommes bons quand il s’agit d'ouvrir la voie à de nouvelles découvertes et d'étendre nos connaissances mais pas vraiment quand il faut assurer le suivi sous forme d’investissements pour les traduire en revenus.
Nos nombreux crédits d’impôts en R et D bénéficient positivement aux entreprises mais peuvent encore être améliorés. Je ne m’étendrai pas sur ce sujet puisque vous avez déjà entendu le témoignage de personnes qui sont plus expertes que moi en la matière. Je dirai simplement que nous devons être confiants que ces incitatifs se traduiront par davantage d’investissements du secteur privé en R et D, plutôt que simplement réduire les prix de revient d'une entreprise.
Ces crédits d’impôts sont en partie destinés à combler l’écart bien documenté entre la recherche et le marché. Certains parlent de « lacunes de la commercialisation », d’autres de « vallée de la mort ». C'est à cette étape que les fonds publics commencent à être retirés, parce que des intérêts privés profitent de plus en plus des rendements, mais l’argent des particuliers n’est pas encore complètement engagé et, en fait, a tendance à faire défaut au fil du temps parce que les risques encourus s’avèrent très élevés.
Est-ce que des mesures en matière de cadres stratégiques, de pair avec un soutien continu à la recherche universitaire, combleront cet écart?
À vrai dire, des encouragements fiscaux n’aideront pas une entreprise qui obtient de moins bons résultats en R et D à créer des relations productives avec les chercheurs universitaires. Des mesures visant l’environnement de l’entreprise, en tant que telles, ne montreront pas à l'entreprise de quelle manière obtenir un effet de levier financier à partir de fonds de R et D. Les subventions aux universités, aussi opportunes soient-elles, ne seront d’aucun secours pour qu’une entreprise comprenne comment atteindre un profil compétitif en collaborant avec des fournisseurs, des clients, des universités, des collèges et des laboratoires gouvernementaux.
Precarn recommande que le Canada ait un plan d’activités axé sur la collaboration. Ce dernier devrait favoriser les technologies qui offrent les plus vastes retombées. Il devrait permettre que la demande du marché entraîne des investissements, que le leadership soit assumé par des concepteurs de technologie industriels qui travaillent de concert avec leur clientèle. Il devrait conjuguer le financement de projets à d'autres services et relations qui sont indispensables à la réussite commerciale. Il devrait aider les entreprises à apprendre à collaborer avec succès.
Pour illustrer la pertinence de tout ce que je viens de dire avec le secteur manufacturier, permettez-moi de parler du secteur des pièces pour véhicules automobiles.
Il n'est pas nécessaire de vous dire à quel point l’industrie automobile est importante. La semaine dernière, je crois, vous avez entendu mon collègue et collaborateur, M. Peter Frise, d’AUT021, qui connaît beaucoup mieux cette question que moi.
Le secteur de la fabrication de pièces pour véhicules automobiles compte plusieurs centaines de petites, moyennes et grandes entreprises. Celles-ci sont parties intégrantes d’une industrie de plus en plus mondialisée. Ces entreprises se trouvent aux prises avec une pression concurrentielle féroce. Les assembleurs de véhicules automobiles se montrent de plus en plus entreprenants pour réduire les coûts et exercer une pression sur les fournisseurs. Les rôles du développement et de la conception disparaissent pour céder toute la place à la chaîne d’approvisionnement. Chacun vise à répondre aux besoins impérieux en matière de nouvelles idées et de technologies intelligentes afin d’améliorer à la fois les produits et la productivité.
Étant donné que la production à forte intensité de main d'œuvre se trouve maintenant déplacée à l'étranger, l’industrie canadienne des pièces automobiles dépend de sa capacité d'innover, de montrer l’exemple en adoptant de nouvelles technologies et de collaborer. Aussi bien le Conseil du Partenariat du secteur canadien de l'automobile (CPSCA) que l’Association des fabricants de pièces d'automobile du Canada (l'APMA) l’ont constaté dans leurs nouveaux documents d’orientation.
Il y a beaucoup à faire en R et D. Magna est la seule compagnie au Canada du secteur automobile qui se classe parmi les cent premiers participants industriels en R et D. L’apport du Canada dans la production mondiale de véhicules est de 4,2 p. 100 mais de 0,6 p. 100 environ en R et D.
L’enjeu le plus important pour la plupart des entreprises du secteur des pièces de véhicules automobiles est qu'elles manquent de ressources de trésorerie. Elles manquent également d’expertise technique. De plus, leurs relations avec leur clientèle sont, étonnamment, souvent plus conflictuelles que collaboratives.
C’est pourtant une formidable industrie et ses marchés mondiaux ne cessent de croître —, parce que les gens continuent d'acheter des véhicules automobiles. Les entreprises ont besoin d’élaborer de nouvelles méthodes de faire les choses: de nouvelles façons de collaborer avec les chaînes d’approvisionnement, d’obtenir de l’expertise et des compétences dont ils ont besoin et d’employer les technologies pour jouer un rôle de leader du marché plutôt que de se contenter de rester dans la course.
C’est pour cette raison que Precarn a associé ses forces à AUT021, aux Centres d'excellence de l'Ontario (CEO) et à l’APMA, dans le but de proposer une fondation qui créera des collaborations de R et D entre les compagnies de pièces de véhicules automobiles, leurs clients et les fournisseurs, les universités et les laboratoires gouvernementaux. La fondation unifiera le modèle de collaboration éprouvé de Precarn avec les méthodes réussies d' AUT021, des CEO et de l’APMA, ce qui permettra aux entreprises de recourir aux connaissances approfondies, à l’expérience, aux capacités de recherche et au personnel hautement qualifié et compétent des leurs partenaires.
La plupart des fonds alloués aux projets proviendront des entreprises. Mais, les investissements des gouvernements fédéraux et provinciaux seront nécessaires étant donné les risques associés aux premiers projets de la R et D avant la commercialisation et vu la nécessité de faire des affaires selon de nouvelles méthodes.
Pour conclure, monsieur le président, stimuler la productivité et la compétitivité dans l’industrie de la fabrication nécessitera une démarche exhaustive. Obtenir un cadre stratégique approprié est la première chose à faire. Mais nous devons aussi ouvrir une interface pour une collaboration entre les chercheurs, les concepteurs de technologies et les utilisateurs de ces technologies. Consolider ces relations atténue les risques en matière de R et D et d’investissements technologiques tout en accélérant la commercialisation. De plus, faire appel aux interactions du marché des utilisateurs finaux, afin qu’elles remontent jusqu'aux laboratoires de recherche permettra de tirer profit des investissements du Canada dans la recherche scientifique.
Messieurs le président et membres du comité, Precarn aimerait profiter de cette opportunité pour fournir aux membres du Comité, soit en groupe, soit à titre individuel, un exposé plus exhaustif sur notre modèle de collaboration en R et D. Pour le moment, je vous invite à me poser des questions. Ceci met fin à mes commentaires.
Merci
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Merci beaucoup d’avoir accepté de m’écouter.
Mes collègues Eliot et Graham ont abordé un certain nombre de sujets que j’aurais pu aussi aborder. J’imagine que, puisque je comparais à la fin de vos audiences, certaines des choses que je dirai ont probablement déjà été dites par d’autres, mais je les dirai quand même. J’essaierai néanmoins de résumer ma présentation pour ne pas traîner en longueur.
J’aimerais commencer en soulignant l’importance critique de la R et D pour le secteur manufacturier et pour la compétitivité industrielle. La R et D est omniprésente. Nous la voyons dans nos vies; nous la voyons dans des applications sociales et environnementales. Mais nous voyons aussi très directement comment elle favorise la prospérité. Dans notre économie mondiale du XXIe siècle, notre compétitivité est de plus en plus dépendante de la R et D et de l’application de celle-ci dans la création d’avantages compétitifs.
La R et D crée des avantages compétitifs d’un certain nombre de façons, comme vous le savez probablement. Elle aide les sociétés à créer de nouveaux produits et services qu’elles peuvent utiliser pour se ménager des créneaux; elle appuie des innovations de processus qui accroissent la productivité de leur production industrielle; et elle se manifeste aussi dans le matériel et l’outillage de dernier cri qu’elles achètent.
La part d’innovations produites par le Canada dans le monde est faible. Mais nous sommes de grands consommateurs d’innovation. Notre principal mode de consommation est l’achat de biens et services qui servent dans les procédés de production — les investissements dans le matériel et l’outillage.
Les investissements dans la R et D sont source de nombreux avantages: les compagnies peuvent offrir de nouveaux produits, elles s’adaptent à la mobilité, elles sont plus efficaces dans leurs processus de production. Ces derniers les rendent plus robustes et plus capables de résister aux processus de changement sur le marché que nous connaissons.
Si nous examinons l’importance de la R et D pour la production industrielle, pour la fabrication et pour la compétitivité, nous devons nous demander quelle est la performance de notre pays en matière d’appui à la R et D.
Le Canada a fait de grands progrès au cours des dix dernières années en matière de renforcement de la capacité de la R et D nationale. Nous l’avons constaté à l’occasion des investissements énormes qui ont été réalisés dans notre capacité de R et D en matière d’éducation supérieure. Eliot, bien entendu, représente ici l’une des initiatives qui découlent de ces investissements dans le renforcement de la capacité de la R et D.
En fait, nous sommes parvenus au point où le Canada est maintenant le premier parmi le G-7 et le deuxième dans l’OCDE en ce qui concerne la R et D réalisée en proportion du PIB dans le secteur de l’enseignement supérieur. C’est notre point fort; nous sommes en position de leadership.
Nous obtenons aussi de très bons résultats dans les résultats de ces investissements. Ce n’est pas que nous sommes de gros consommateurs; notre rendement est également bon. Le Canada se place très bien par rapport au volume des publications. Nous faisons progresser les connaissances dans le monde. Nous faisons aussi de la recherche de bonne qualité. Les chercheurs canadiens sont fréquemment mentionnés. Nos résultats en matière de R et D appliquée à l’éducation supérieure sont également satisfaisants.
La R et D appliquée à l’éducation supérieure est importante non seulement pour produire des idées premières ou des recherches de base; c’est aussi là où nous formons nos talents, nos jeunes innovateurs de demain, nos travailleurs très spécialisés, qui vont quitter l’université ou le collège pour s’insérer sur le marché du travail, dans les laboratoires des gouvernements et dans ceux des universités pour y effectuer des recherches. Et le Canada accuse, là aussi, des résultats relativement bons.
En matière d’éducation postsecondaire nous accusons également de très bons résultats, mais quand nous commençons à analyser les résultats de cette éducation postsecondaire, nous constatons que nous accusons de moins bons résultats en matière de diplômes supérieurs — en sciences et en génie, ces matières qui sont importantes pour faire avancer une économie innovatrice. En fait, si vous examinez notre position en ce qui concerne la production de tous les niveaux d’éducation postsecondaire, nous sommes les premiers dans l’OCDE — mais cela inclut les collèges, juste certaines études postsecondaires. S’agissant de diplômes supérieurs, tels que les PhD, nous sommes en fait au 18e rang. Nous ne fournissons donc pas nécessairement le niveau de talents que requiert une économie innovatrice à forte teneur en R et D.
Un autre aspect intéressant est notre utilisation d’ouvriers très qualifiés. Premièrement, si vous observez presque tous les secteurs industriels du Canada et des États-Unis, vous vous apercevrez que le Canada utilise moins de diplômés de l’enseignement supérieur en recherche que les États-Unis dans le même secteur industriel; deuxièmement, la rémunération de ces diplômés est inférieure. Plus le diplôme est élevé, plus l’écart se creuse, et la différence de bonus pour détenir ce diplôme supérieur sur le marché du travail diminue.
Nous produisons peut-être moins de diplômés, nous ne produisons peut-être pas autant de diplômés en recherche de la bonne catégorie et, en tant que société, notre marché du travail est peut-être plus flexible. Mais ce marché du travail est fortement influencé par la demande du secteur privé en matière de diplômes en recherche, parce que 54 p. 100 de la R et D au Canada sont dus au secteur privé. C’est ce qui nous indique que la demande d’investissements du secteur privé est faible en ce qui concerne le type d’apport dont il a besoin pour effectuer de la R et D. En fait, quand vous examinez les performances de notre R et D dans le secteur des affaires, vous commencez à vous apercevoir que ces résultats sont renforcés.
En ce qui concerne la proportion de R et D effectuée, le Canada se place au-dessous de la moyenne de l’OCDE pour la part réalisée dans le secteur commercial. L’intensité de la R et D de l’économie canadienne dans le secteur privé est plus faible au Canada qu’aux États-Unis et plus faible que la moyenne de l’OCDE. Nous sommes au sixième rang parmi les pays du G-7. Les compagnies canadiennes dépensent normalement moins dans la R et D.
Par ailleurs, quand nous dépensons dans la R et D, nous créons généralement moins d’innovations avec chaque dollar dépensé. D’après certains indices relevés par Pierre Therrien et d’autres quant au rendement sur l’investissement découlant des innovations que crée le secteur privé, le Canada, encore une fois, accuse des résultats moyens. Dans l’ensemble, certains sondages permettent de constater que les compagnies canadiennes utilisent l’innovation moins souvent que la réduction des coûts comme stratégie concurrentielle, bien que les résultats soient un peu mélangés.
Si nous examinons quels types de facteurs expliquent pourquoi le Canada dépense moins dans la R et D, pourquoi nous investissons moins dans la R et D commerciale, il y a un certain nombre d’explications, mais nous devons dire que nous n’avons pas la réponse exacte. Certains analystes ont mentionné nos structures industrielles au Canada — le profil de notre économie, pour ainsi dire. Si vous regardez certains secteurs industriels tels que l’industrie pharmaceutique ou les technologies de l'information et de la communication, le Canada est très compétitif par rapport aux États-Unis pour ce qui est du niveau d’investissements dans la R et D industrielle, mais ce sont des secteurs de l’économie plus réduits qu’aux États-Unis.
En revanche, comme Graham vient de le mentionner, le secteur de l’automobile occupe une place importante dans l’économie canadienne, et il investit moins dans la R et D, aussi surprenant que cela puisse paraître. D’autres pays où existe un secteur de l’automobile accusent des investissements plus élevés dans l’innovation.
En ce qui concerne les autres facteurs, nous bénéficions de vastes ressources naturelles. Parce que l’innovation ou la compétitivité fonctionne sur un cycle plus long que, peut-être, les technologies de l'information et de la communication, vous constatez qu’ils pourraient réaliser moins d’investissements, ce qui pourrait contribuer à notre rendement global en matière de R et D. D’autres font remarquer que nous avons un grand nombre de PME. D’autres encore signalent les intérêts étrangers, l'idée étant que ce sont les sièges qui attirent les mandats de R et D; étant donné qu’il existe des intérêts étrangers au Canada, cela influence nos résultats. Enfin, d’autres signalent les cadres de politique, et se demandent si nous avons la bonne intensité concurrentielle au Canada, etc.
Les raisons pour lesquelles nous investissons moins dans la R et D commerciale suscitent beaucoup d’intérêt. Industrie Canada et bien d’autres mènent des recherches dans ce sens depuis quelque temps mais il s’agit encore d’un domaine dans lequel davantage de recherches sont nécessaires tout comme d’autres conseils sur les améliorations que l’on pourrait apporter. À quoi sont dues les piètres performances de la R et D commerciale et que pourrait-on faire précisément dans ce domaine?
En résumé, la R et D joue un rôle clé pour la compétitivité à long terme. En fait, dans le secteur de l’éducation supérieure la R et D est très forte au Canada, et notre défi consiste à soutenir et maintenir ce niveau d’excellence. Cependant, ce transfert d’idées, le transfert de ces jeunes gens dans des applications du secteur privé susceptibles d’influer sur la productivité, est plus faible.
Les gouvernements du monde entier jouent un rôle dans ces domaines. L’une des toutes premières choses qu’ils veulent faire est de créer un milieu compétitif dans lequel les compagnies sont poussées à rivaliser entre elles sur la base de l’innovation, au lieu de le faire sur celle de la réduction des coûts.
Les gouvernements travaillent aussi pour s’assurer que nous avons des marchés efficaces, de bons cadres réglementaires dans lesquels les consommateurs comprennent les produits de la biotechnologie et saisissent les critères de santé et de sécurité à la base des nouveaux produits. Les gouvernements fournissent un cadre de réglementation qui permet au marché de fonctionner efficacement avec des produits innovateurs.
Par ailleurs, le gouvernement joue un rôle clé dans le soutien de la recherche de base. Comme je l’ai déjà mentionné, le gouvernement du Canada réalise des investissements durables en faveur de la R et D dans l’éducation supérieure. Nous avons en effet consacré environ 2,2 milliards de dollars chaque année, en 2004 et en 2005, à appuyer la recherche, à aider des étudiants à participer à des recherches, à appuyer des professeurs, à attirer des professeurs pour qu’ils viennent effectuer leurs recherches ici, à appuyer les coûts indirects de la recherche universitaire, et à aider des réseaux du genre de ceux qu’a mentionnés Graham lorsqu’il faisait allusion ISIS, qui se trouvait dans les réseaux de centres d’excellence et constituait une initiative appuyée par le gouvernement, parmi d’autres parrains également.
Enfin, le gouvernement peut jouer un rôle important dans l’encouragement de liens, en essayant de brancher des universités qui bénéficieraient d’un flux de talents et d’idées provenant des milieux universitaires. Il existe de nombreuses façons de le faire et, actuellement, divers programme sont en place. Qu’il s’agisse de l’initiative de concertation du Conseil national de recherches du Canada, de réseaux de centres d’excellence, de Precarn ou d’autres, l’idée est de rassembler des chercheurs et utilisateurs de la R et D pour obtenir ces applications pratiques de l'innovation.
En conclusion, mon ministre se trouvait ici il y a deux jours. Il a mentionné qu'il déposerait une stratégie en matière de sciences et de technologie qui abordera dans un proche avenir tous ces enjeux.
Merci beaucoup.