Nous reprenons donc notre ordre du jour. Il est prévu que la réunion dure deux heures, et nous accueillons cinq témoins qui discuteront avec nous des prix du pétrole et des marges de raffinage. Nous menons cette étude conformément au paragraphe 108(2) du Règlement.
Comme je viens de le dire, nous accueillons aujourd'hui cinq témoins. Premièrement, de l'Association québécoise des indépendants du pétrole, nous accueillons Mme Sonia Marcotte, présidente-directrice générale; M. René Blouin, conseiller principal, et M. Pierre Crevier, président de Les Pétroles Crevier, et membre du comité des affaires économiques de l'AQUIP. Et, de la Canadian Independent Petroleum Marketers Association, nous accueillons Mme Jane Savage, président et chef de la direction. Enfin, de l'organisme L'essence à juste prix, nous accueillons M. Frédéric Quintal, qui en est le porte-parole.
Je crois qu'il est prévu que les représentants de chaque groupe fasse un exposé liminaire de cinq à sept minutes. C'est ce que j'ai cru comprendre. Peut-être pourrais-je demander à Mme Marcotte de commencer.
Comptez-vous faire l'exposé au nom de votre association? Très bien; je vous cède tout de suite la parole.
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Monsieur le président, membres du comité, permettez-moi d'abord de vous présenter les personnes qui m'accompagnent. M. Pierre Crevier est président du conseil d'administration de l'AQUIP et président des Pétroles Crevier. M. René Blouin est conseiller principal de l'AQUIP. Je m'appelle Sonia Marcotte et je suis présidente-directrice générale de l'Association québécoise des indépendants du pétrole.
Nous tenons à remercier les membres du comité qui nous ont invités à présenter notre position sur ces importantes questions. Nous le faisons au nom des membres de l'AQUIP, qui regroupe les entreprises pétrolières à intérêt québécois.
Leur champ d'activité est lié à l'importation, la distribution et la vente au détail de carburant, de mazout et de lubrifiant. Les ventes au détail des entreprises pétrolières québécoises totalisent annuellement plus d'un milliard de dollars.
Nous ne nous attarderons pas aujourd'hui longuement à l'importance stratégique de la présence des indépendants du pétrole, puisqu'il a été démontré que leur présence et l'apport concurrentiel qu'ils insufflent à l'industrie pétrolière du Québec, notamment grâce à l'importation de produits finis par cargo, permet aux consommateurs du Québec de profiter d'un avantage financier que l'on peut évaluer à 361 millions de dollars par année.
Aujourd'hui, nous voulons aborder principalement la question des hausses de prix des carburants tant décriées par les consommateurs. Au mois de janvier 1999, le consommateur montréalais déboursait autour de 50 ¢ pour se procurer un litre d'essence. À cette époque, les raffineries de Montréal devaient débourser 11,1 ¢ le litre pour acquérir un litre de pétrole brut. Elles exigeaient un marge de raffinage de 4,4 ¢ avant d'offrir leur essence en vente aux rampes de chargement. Toujours en janvier 1999, la marge du détaillant s'établissait à Montréal à 3,6 ¢ le litre. Cette marge ne permettait même pas de couvrir l'ensemble des coûts d'exploitation d'une essencerie efficace.
Voyons maintenant comment la situation a évolué. Les plus récentes données disponibles révèlent que, pour le mois de mai dernier, les raffineries de Montréal déboursaient 44,8 ¢ pour obtenir un litre de pétrole brut. Elles exigeaient alors une marge de raffinage de 25,7 ¢ par litre, soit une augmentation de 484 p. 100 par rapport à la situation de janvier 1999.
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Permettez-moi, tout d'abord, de vous remercier de votre invitation à présenter les vues de l'Association sur les prix du pétrole et les marges de raffinage.
Je représente les négociants indépendants en carburant. Ces derniers achètent du carburant de gros. Les négociants indépendants n'effectuent pas le raffinage du pétrole brut et ne fabriquent pas non plus de l'essence; ils achètent de l'essence, surtout à des raffineurs, et la vendent ensuite soit à un détaillant, soit directement au consommateur par l'entremise de leurs stations-service.
Les hausses du prix de l'essence sont presque toujours directement attribuables à l'augmentation des prix de gros, plutôt que des marges de détail. En fait, la plus récente augmentation des prix de gros est le résultat de marges records du raffineur. Les données indiquent que les marges de détail sont restées relativement constantes au cours des dernières années, mais aussi que les marges du raffineur se sont accrues, en règle générale, au fur et à mesure que la capacité de raffinage diminuait et que la demande de carburant augmentait.
Par exemple, si l'on compare la situation qui prévalait en mai 2006 à celle de mai 2007, les prix du pétrole au Canada sont passés à 1,12 $, soit une augmentation de 6,5 ¢. Il s'agit là du prix moyen au Canada. Au cours de cette période, le cours du pétrole brut a diminué de 6 ¢ le litre, alors que les marges du raffineur sont passées à 28,8 ¢ — un niveau record — ce qui représente une hausse de 13 ¢ le litre. Il convient de faire remarquer à ce sujet que ces marges du raffineur sont plus importantes que celles qui se pratiquaient en septembre 2005, à l'époque de l'ouragan Katrina.
On me demande souvent pourquoi le prix de l'essence augmente de nouveau. Eh bien, la réponse simpliste consiste à dire que le prix mondial de l'essence brute est plus élevé, et à rappeler que le Canada fait partie intégrante de l'économie mondiale. Tout cela est vrai. Puisque nous sommes un acteur mondial dans un secteur d'activité non réglementé, il faut bien que nos prix correspondent aux cours mondiaux; autrement, nous risquons de connaître une pénurie d'approvisionnement. Mais, ce qui n'est pas évident dans cette explication, c'est que le prix de gros de l'essence au Canada est non seulement plus élevé qu'il ne devrait l'être, mais nous sommes exposés à des pénuries de carburant et à des hausses importantes de prix au Canada, comme nous l'avons vu l'hiver dernier.
Comment donc se fait-il que les prix de gros de l'essence soient parmi les plus élevés du continent au Canada, alors que nous sommes plus exposés à une pénurie du carburant? Si vous me permettez, je voudrais expliquer ce phénomène avant de soumettre à l'examen du comité un certain nombre de recommandations bien claires.
Premièrement, comment se fait-il que les prix de gros de l'essence soient parmi les plus élevés du continent? D'abord, l'offre est insuffisante. Dans plusieurs régions différentes, et notamment en Ontario et dans les Prairies, nous importons de l'essence de l'extérieur du Canada. À la fois l'Ontario et la région des Prairies n'ont aucun accès à la mer pendant les mois d'hiver, ce qui empêche les gros cargos de venir régler les problèmes d'approvisionnement.
Deuxièmement, nous avons trop peu de fournisseurs. Au Canada, il n'y a qu'une poignée de raffineurs — contrairement aux États-Unis, où il y en a beaucoup plus — qui contrôlent les marchés de gros, si bien qu'il y a peu de concurrence dans les prix au niveau de gros. C'est un marché de fournisseurs. On peut comparer cela aux marchés de détail, où de nombreux concurrents se font la lutte pour fidéliser les Canadiens et de nombreuses stations-service sont sur le point de fermer, étant donné que les marges de détail sont maigres.
Troisièmement, l'infrastructure des pipelines et des terminaux est contrôlée presque exclusivement par cette poignée de raffineurs. Contrairement aux États-Unis, où les pipelines et terminaux publics sont plus courants, au Canada les négociants, grossistes et indépendants n'ont guère d'accès aux marchés de gros du carburant.
Pris ensemble, ces trois facteurs — soit l'insuffisance de la capacité de raffinage, le faible nombre d'acteurs et le fait que ces derniers contrôlent entièrement l'infrastructure, à l'exception d'un terminal indépendant à Montréal — ont donné lieu à des prix de gros élevés, une pénurie de carburant et la possibilité de nouvelles pénuries de carburant, pas seulement en Ontario et dans les Prairies, mais là où il n'existe pas de ports en eau profonde, et dans toutes les régions du pays.
Le quatrième facteur concerne le fait que, contrairement aux États-Unis, il n'est pas obligatoire au Canada de rendre compte devant le public canadien de ses inventaires. On pourrait soutenir que les produits du pétrole fabriqués par les raffineries constituent des produits essentiels pour la population du Canada. Même si nous travaillons fort afin de réduire cette dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles, le fait est que les Canadiens dépendent encore beaucoup des produits du pétrole. Nous avons besoin de mazout pour chauffer nos maisons, de gazole pour transporter nos produits d'alimentation et des biens de tous types, et d'essence pour emmener nos enfants à l'école, pour faire le trajet entre notre domicile et notre lieu de travail et pour diriger nos entreprises.
Aux États-Unis, les raffineurs et les exploitants de terminaux font état chaque semaine de leurs stocks au ministère de l'Énergie. Il s'agit d'une mesure de responsabilisation et d'un système de préalerte au sujet de pénuries potentielles, qu'il est ensuite possible d'atténuer. Un tel système de responsabilisation n'existe pas au Canada.
Le cinquième facteur ou réalité, et dont nous avons eu des preuves manifestes pendant la pénurie de carburant, concerne le manque d'uniformité des spécifications de l'essence par rapport aux États avoisinant le Canada et l'incapacité du ministre, en raison des exigences de la loi actuelle, de renoncer à certaines spécifications clés afin de permettre l'importation d'essence d'États avoisinants.
Sur papier, le Canada et les États-Unis ont la même norme en ce qui concerne la teneur en soufre de l'essence. C'est la bonne spécification et la teneur est très faible. Par contre, ce que nous avons découvert pendant la période de pénurie d'essence, c'est que même si les réservoirs étaient pratiquement vides en Ontario, aux États-Unis, l'essence coulait à flots, pour ainsi dire, alors qu'il nous était impossible d'en importer en raison des infimes différences entre la façon d'administrer la spécification dans les deux pays.
Je passe maintenant à nos recommandations, qui sont au nombre de cinq. Je vais vous les présenter rapidement.
Premièrement, le gouvernement fédéral doit imposer l'harmonisation de nos spécifications avec celles qu'appliquent les États américains avoisinants, afin de s'assurer de la libre circulation des stocks sur les marchés, de sorte que, lors de la prochaine pénurie de carburant, on pourra facilement importer de l'essence et atténuer ainsi les pressions qui s'exercent sur les prix et sur l'offre. À tout le moins, le ministre devrait détenir le pouvoir d'intervenir dans l'éventualité d'une pénurie.
Deuxièmement, il faut explorer la possibilité de solutions de rechange par rapport à la structure, la propriété et l'utilisation des pipelines et des terminaux, et encourager la participation aux marchés et une offre accrue de produits du pétrole. Au Canada, les pipelines relèvent de la responsabilité du gouvernement fédéral.
Troisièmement, nous souhaitons que le gouvernement fédéral crée un système permettant de garantir la responsabilité à l'égard du public, système en vertu duquel il serait possible de surveiller sur une base hebdomadaire les stocks de produits essentiels du pétrole. Ceci permettrait non seulement de rehausser la responsabilisation, mais de créer un système d'alerte rapide, afin que les grossistes, les importateurs et les négociateurs indépendants fassent le nécessaire pour renflouer les stocks; ainsi, dans l'éventualité d'une interruption de production dans les raffineries à un moment où les stocks sont bas — et c'est justement cela qui s'est produit en février 2007 en Ontario — nous serions en mesure d'atténuer les effets d'une telle interruption.
Quatrièmement, nous recommandons que les coûts-bénéfices des échanges de produits entre les raffineries soient réexaminés. Ces derniers ont été approuvés et justifiés pour des raisons d'efficacité, mais il en est résulté une baisse des stocks et une vulnérabilité accrue à des ruptures de stocks. Un autre résultat a été une diminution du nombre d'acteurs, ce qui réduit la concurrence.
Cinquièmement — et c'est notre dernière recommandation — nous tenons à répéter que, afin de favoriser et de renforcer la concurrence dans la vente de l'essence au détail, nous demandons aux parlementaires d'entreprendre quelque chose qui s'impose à présent, soit la modernisation de la Loi sur la concurrence. En l'absence de mesures visant à moderniser celle-ci, très peu d'efforts sont déployés afin de préserver la concurrence dans le secteur de la vente au détail de l'essence. Nous insistons de nouveau sur le fait que, à la fois sur les marchés de vente au détail et de gros de l'essence, il n'y a pas de meilleur moyen de modérer les prix que la concurrence.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président. Merci, chers membres du comité de permettre cette présentation aujourd'hui.
C'est ma quatrième expérience depuis quatre ans dans le processus parlementaire. J'ai déjà vu la plupart d'entre vous.
Je suis observateur et intervenant du secteur du pétrole depuis l'an 2000. Il y a deux ans, j'ai publié un livre sur le sujet, qui est un survol des années 2000 à 2005 sur l'actualité pétrolière au Canada.
Le but de la rencontre d'aujourd'hui est d'expliquer les récentes fluctuations au raffinage, principalement en avril et mai 2007. Je vais faire un rappel rapide de la situation de la marge de raffinage.
Au cours des années 1980 et 1990, il y a eu une baisse de la capacité de raffinage, une augmentation de la demande et un système de prix communs sur les produits raffinés. À partir de 1999, la demande a augmenté. La capacité s'est croisée avec la demande, et depuis ce temps, un effet spéculatif s'exerce sur la demande. C'est ce qu'on appelle la fluctuation sur la marge de raffinage.
Le système de marge de raffinage est en vigueur depuis le 1er juin 1985. Au Québec, Esso en a fait la publication dans les médias le vendredi 21 juin 1985, et la même annonce a été faite à Toronto le 2 juillet 1985. Je présente l'explication dans un documentaire qui sortira à l'automne et auquel je travaille depuis quelques mois.
Aujourd'hui, on associe beaucoup le prix du pétrole au prix de l'essence. Personne dans l'industrie pétrolière ne s'est empressé d'expliquer aux médias la différence entre le pétrole coté en bourse et les produits des raffineries, qui sont aussi cotés en bourse. Pour la population, c'est encore flou, ambigu et confus, alors que c'est assez simple en réalité. Je vais donner un exemple de matière première sur un autre marché, qui est peut-être plus concret. L'orange est cotée en bourse, mais les jus d'orange ne le sont pas. Il y a une concurrence.
Je parle de l'annonce importante faite en juin 1985, parce qu'elle a été dénoncée dans le rapport O'Farrell. Monsieur McTeague, je m'en rappelle, vous aviez travaillé à ce rapport. Ce dernier présentait des recommandations au gouvernement conservateur en décembre 1985 afin d'empêcher la mise en place d'un nouveau système de prix publiés des produits raffinés et de faire en sorte que Petro-Canada, qui était alors une société d'État, ne suive pas le reste de l'industrie.
Mais malheureusement, ces recommandations ont simplement été ignorées. On en subit les pleines conséquences, qui sont associées à l'accord de libre-échange. Les prix des produits raffinés au Canada doivent suivre les prix américains sur la bourse Nymex.
Depuis avril et mai 2007, sur quoi la valeur spéculative est-elle uniquement fondée? Tous les mercredis, le département de l'énergie américain publie le niveau des inventaires de produits du pétrole brut et de produits raffinés. Si le niveau des inventaires ne répond pas aux attentes des analystes, il en résulte une spéculation à la hausse ou à la baisse. Les inventaires ne sont pas en péril; ils passent simplement de 37 à 36 jours, et non de 2 à 3 jours. Cela ne met rien en péril, mais cela suffit à attribuer une valeur spéculative à un produit qui n'a aucune valeur ajoutée pour le consommateur.
Le 30 avril, sur le Nymex, c'est le gallon d'essence qui sert de référence au litre d'essence au Canada. Il était à 2,44 $, soit au même prix que le 30 août 2005, en pleine période de forte consommation d'essence pour le déplacement des vacanciers et après le passage de l'ouragan Katrina sur quelque 16 raffineries en Nouvelle-Orléans. Les mois de mai et d'août 2007 sont une période d'accalmie. C'est entre deux saisons. Les raffineries ne produisent pas d'huile à chauffage et la période de forte demande pour les vacances d'été n'est pas encore commencée. Or, on a atteint le même prix record de 2,44 $US le gallon.
Vers où se dirige-t-on? Si ce n'est pas là la démonstration qu'une crise se prépare, rien ne le démontrera. Le mot crise, comparativement aux années 1980, ne semble pas faire partie du discours des chefs d'État, et c'est malheureux. C'est sans doute attribuable à la mondialisation ou au développement du merveilleux monde des communications et des relations publiques.
Il serait peut-être bon de faire des interventions politiques musclées. Certains politiciens ici présents m'ont déjà reproché de sortir le spectre de cette expression. En effet, de telles interventions ont eu lieu dans le passé, et elles ont coûté cher. Je vais vous donner un exemple. Le document du vérificateur général a établi clairement que le coût du programme de subvention du pétrole importé de 1974 à 1985 avait coûté 5,8 milliards de dollars.
On a dit que ça avait eu comme effet de gonfler la dette canadienne, et on me l'a reproché. Le 1er juin 1985, la dette canadienne était de 190 milliards de dollars, et je ne crois pas que ce soit ça qui l'ait fait gonfler à ce moment-là. Par contre, on a peut-être oublié de mentionner que la politique pétrolière nationale avait permis aux producteurs de pétrole de l'Alberta de faire en sorte que tous les gens situés à l'ouest de l'Outaouais achètent leur pétrole à un prix supérieur au prix mondial pendant 13 ans, soit de 1960 à 1973.
L'analyse du rapport Bertrand, au sujet de laquelle les pro-pétroliers oublient de mentionner qu'ils n'ont pas passé le test, indique que les raffineurs ont facturé, en dollars constants de 1980, 5,3 milliards de dollars en trop aux consommateurs canadiens. Pourtant, on n'en parle pas. À ce sujet, je parlais plus tôt d'intervention musclée. La dernière grande invention du Parti conservateur a été, l'année dernière, de réduire la TPS de 1 p. 100. Il semble que ce soit le plus loin qu'on se soit rendu en termes d'efforts pour soulager le consommateur. Pourtant, le prix du même produit, avant taxes, au cours de la seule année 2005, soit de janvier à août, a fluctué de 114 p. 100. Entre 1999 et 2007, il a connu des fluctuations de l'ordre de 234 p. 100.
Si ces pourcentages n'indiquent pas qu'il commence à y avoir une crise pour le consommateur... Voici un autre exemple. L'industrie a connu une crise quand, en mars 1986, le prix du pétrole a beaucoup baissé. Le gouvernement conservateur avait alors décidé d'éliminer ou de réduire plus rapidement un impôt sur le pétrole et le gaz, d'une valeur de deux milliards de dollars, et d'imposer aux consommateurs une taxe additionnelle de 3 ¢ sur l'essence.
En 1986, on a aidé l'industrie, qui était en crise, mais tout ce qu'on a fait depuis a été de réduire la TPS de 1 p. 100. En février 2003, le budget de M. Manley a permis à l'industrie pétrolière de bénéficier d'une réduction fiscale assez massive. Il s'agissait de permettre que les redevances provinciales soient de nouveau inscrites dans les dépenses, et de faire passer le taux d'imposition de 28 p. 100 à 21 p. 100. J'ai fait le calcul pour un poste seulement, et j'ai constaté que les redevances pétrolières de l'Alberta en 2003, 2004 et 2005, à un taux d'imposition de 21 p. 100, ont permis aux pétrolières de bénéficier d'une diminution d'impôt de 6,5 milliards de dollars. Or, le document de présentation du ministre des Finances parle de 165 millions de dollars pour ces trois années.
Si vous avez de la difficulté à trouver des façons d'intervenir pour aider les consommateurs, comment se fait-il qu'il soit si facile d'octroyer d'immenses réductions à cette industrie, qui semble multiplier ses profits de façon incroyable, d'année en année?
Merci d'avoir écouté mon exposé, monsieur le président.
:
Celles de 2002 et de 2003, de même que la réponse faite par le gouvernement de l'époque, monsieur le président — renseignements que nous pourrions prendre en délibéré.
Je vous remercie.
[Français]
Je remercie les témoins d'avoir comparu devant notre comité. M. Quintal a soulevé un point à plusieurs reprises.
[Traduction]
Je voudrais tout de même mentionner que la dynamique continue à évoluer. Par contre, le fait que vous mettiez l'accent sur les raffineries me semble tout à fait opportun et important. Nous avons souvent parlé du pétrole brut, et les médias continuent à en parler, mais nous savons tous très bien que ce n'est pas du pétrole brut que nous mettons dans les réservoirs de nos voitures.
Il a beaucoup été question du coût de l'essence dans les stations-service. Les gens s'énervent beaucoup en se disant qu'il y a collusion, mais je pense qu'on pourrait sans doute remplir le SkyDome, ou ce qu'on appelle maintenant le Centre Rogers de Toronto, avec les dizaines de milliers de propriétaires de stations-service qui existent. Personne ne semble parler les quatre raffineries qui contrôlent la production d'une région à l'autre du Canada.
Étant donné que le Bureau de la concurrence a déclaré qu'il n'y a pas de preuve d'activités anticoncurrentielles, et que ce dernier n'a pas pris le temps d'examiner l'incidence globale des fusions, qui sont antérieures aux préoccupations que nous avons exprimées dernièrement, je me demande…
Madame Savage, vous avez parlé des recommandations qu'il conviendrait d'examiner et qui permettraient non seulement de rétablir la concurrence et des prix appropriés, mais aussi de s'assurer que la population ontarienne, entre autres… Je constate que dans l'ouest du Canada, mon collègue, le président du comité, supporte des prix qui sont encore plus élevés que ceux pratiqués en Ontario. Donc, quelles mesures pouvons-nous prendre afin de nous assurer que les Canadiens pourront toujours s'approvisionner, ce qui constitue à mon avis une préoccupation plus importante pour les consommateurs — peut-être même la préoccupation la plus importante? On peut toujours contester le prix; il est trop élevé. D'ailleurs, je vous remercie d'avoir fait état dans votre exposé des grosses marges qui sont pratiquées, et je dois dire que je suis très préoccupé, comme devraient l'être tous les Canadiens, au sujet de la suffisance de nos stocks, notamment en hiver.
Pourriez-vous donc nous parler un peu de votre recommandation au sujet du suivi des stocks et en quoi cela pourrait nous aider?
:
Il faut comprendre la dynamique des prix, comment les prix sont fixés. Premièrement, en ce qui a trait aux prix à la pompe, on sait très bien que le secteur du brut est important. On sait que le prix du pétrole brut n'a pas cessé d'augmenter depuis plusieurs mois, voire plusieurs années. Il en est de même pour les marges de raffinage.
Cependant, les marges du secteur du détail à Montréal, par exemple, sont demeurées assez constantes, variant entre 4 ¢ et 6 ¢. D'ailleurs, nous avons ici un document que vous pourrez consulter, éventuellement. On constate donc que le prix du pétrole brut a augmenté, que la marge de raffinage a augmenté et que la marge de détail est demeurée stable.
Pourquoi la marge de raffinage a-t-elle augmenté de la sorte? Il faut voir ce qui se passe aux États-Unis. Les prix qui sont fixés à Montréal, par exemple, sont le reflet de ce qui se passe aux États-Unis. Les prix sont établis par rapport à ce qui s'y passe. Par exemple, en 1981 aux États-Unis, 189 compagnies faisaient fonctionner 324 raffineries et, en 2005, il ne restait que 55 compagnies et 148 raffineries.
On peut donc constater qu'il y a eu une concentration du marché. Si on allait voir un peu plus loin, on découvrirait que les 15 compagnies les plus importantes aux États-Unis contrôlent 85,3 p. 100 de la capacité de raffinage. Cette concentration a une influence directe sur les marges de raffinage.
En fait, il se crée une rareté artificielle parce que les stocks de produits pétroliers sont maintenus à des niveaux très bas, suffisants pour répondre à la demande, mais vraiment très serrés sur le plan de l'offre. Dès qu'un événement se produit, on voit les marges bondir.
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais remercier tous nos témoins pour leur présence parmi nous aujourd'hui.
Cette étude est un peu frustrante, en réalité. Je vous dis qu'elle est frustrante, et la dernière fois, j'ai dit que — et là, je voudrais en profiter pour tirer au clair mes propos — que c'est un peu comme les OVNI: c'est-à-dire que tout le monde croit qu'ils existent, mais les gouvernements continuent à nous dire qu'ils n'existent pas. Il en va de même pour le prix de l'essence.
Plus nous approfondissons la question, plus nous obtenons des explications assez sensées qui concernent les prix actuels de l'essence. Quand je regarde l'activité à la Bourse de Toronto, je constate que les actions de Shell et Imperial — et, si je ne m'abuse, ces deux dernières compagnies appartiennent à Exxon et à toutes les autres — continuent de se négocier; donc, on peut encore acheter des actions, et ces compagnies continuent à faire rapport à leurs actionnaires. Je ne dis pas que cela correspond nécessairement à mon optique, mais je commence maintenant à me faire une opinion. J'ai l'impression que ces gens-là ont enfin compris et ont donc décidé de cesser de se tuer pour que leurs raffineries continuent à tourner à plein régime. Ils préfèrent que les stocks soient justes et, par conséquent, ils n'ont pas trop besoin de se préoccuper d'une surabondance et de la possibilité de dumping sur le marché.
Ne seriez-vous pas d'accord pour dire qu'il s'agit là tout simplement d'une bonne stratégie commerciale? Y a-t-il dans cela quelque chose d'illégal?
Je vois que vous dites oui de la tête. M. Quintal voudrait peut-être se prononcer sur la question.
Y a-t-il quelque chose d'illégal dans tout cela?
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Merci, monsieur McTeague, Le problème, c'est que j'en ai à peu près 20.
Premièrement, je tiens à vous remercier tous de votre présence aujourd'hui. Et je vous remercie également d'avoir mis l'accent sur la marge du raffineur, étant donné que la grande majorité des questions portaient là-dessus.
Je voudrais adresser quelques questions à Mme Savage. J'ai beaucoup aimé votre exposé, parce qu'il était très précis et très direct. Donc, je vais vous poser mes questions et si vous pouvez y répondre rapidement, je vous serais très reconnaissant.
S'agissant de l'insuffisance de l'actuelle capacité de raffinage, je crois savoir que nous avons actuellement 19 raffineries qui utilisent 95 p. 100 de leur capacité de production. Ma première question est donc celle-ci: de combien de raffineries aurions-nous besoin environ, afin de régler ce problème?
En ce qui concerne ma deuxième question, vous avez parlé du fait que le nombre de fournisseurs sur le marché de gros est insuffisant. Encore une fois, pourriez-vous nous donner une estimation du nombre de fournisseurs de plus qu'il faudrait avoir, selon vous?
Ensuite, vous avez parlé du petit nombre de raffineurs. S'agit-il des fournisseurs, ou faites-vous une distinction entre les deux?
Ensuite, en ce qui concerne les stocks, dans quelle mesure serait-il difficile de créer un système de suivi des stocks, afin que nous sachions exactement où nous en sommes?
J'ai beaucoup d'autres questions, mais peut-être pourriez-vous répondre à celles-ci. S'il était possible d'obtenir ces renseignements-là, je pense qu'il faudrait les faire traduire… Mais si vous voulez bien nous faire des recommandations, nous allons les faire traduire dans les deux langues officielles et les faire parvenir aux membres.
Pourriez-vous donc répondre à ces trois questions?