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Je déclare ouverte la 48
e séance du Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous poursuivons aujourd'hui notre étude de la déréglementation du secteur des télécommunications.
Nous allons avoir trois sessions — deux d'une demi-heure et une d'une heure pour terminer.
Mesdames et messieurs, nous devons être à la Chambre à 17 h 45 et nous allons faire de notre mieux pour respecter notre horaire.
Notre premier témoin aujourd'hui — pendant une demi-heure — est M. John Meldrum, vice-président, affaires juridiques et réglementaires, de SaskTel.
Vu que le temps nous est compté, monsieur Meldrum, nous allons vous demander de nous présenter directement votre déclaration liminaire, qui ne devrait pas dépasser cinq minutes, et les membres vous poseront ensuite leurs questions.
Bienvenue.
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Je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître à nouveau devant le comité.
J'aimerais aborder aujourd'hui trois sujets qui dominent les délibérations du comité.
Premièrement, j'aimerais exprimer notre point de vue sur la façon dont la concurrence s'exerce dans les régions rurales de la Saskatchewan.
Les entreprises de câblodistribution qui ont comparu devant vous voudraient vous faire croire que si elles n'assurent pas une concurrence au niveau local les consommateurs n'auront aucun choix. Elles soutiennent que si nous voulons une concurrence locale dans les régions rurales, il ne faut pas modifier la décision du CRTC.
Malheureusement, c'est là un point de vue intéressé et totalement dépourvu de fondement. Par exemple, elles font fi du service cellulaire. Le cellulaire prend un peu plus le pas chaque jour. De plus en plus de gens dans tout le pays adoptent le cellulaire comme unique service téléphonique. C'est le cas en particulier des jeunes et des personnes appartenant aux couches socioéconomiques inférieures. Même en Saskatchewan, cela va représenter 5 p. 100 du marché cette année.
Qui plus est, les numéros de téléphone devraient être entièrement transférables à compter du 14 mars. Il sera alors possible de transférer n'importe quel numéro entre services ou fournisseurs de service. Autrement dit, les clients ruraux pourront faire débrancher leur ligne téléphonique de SaskTel et transférer leur numéro à leur cellulaire Rogers ou Telus.
Je ne saurais trop insister sur l'aspect que voici: la concurrence future, en particulier en zone rurale, s'articulera autour de l'accès Internet à haute vitesse. En Saskatchewan, SaskTel offre un service Internet à haute vitesse à 85 p. 100 de la population. Les petites villes et les villages disposent de l'accès Internet à haute vitesse grâce auquel ils peuvent se prévaloir des services VoIP de nombreux fournisseurs, tels Vonage et Skype.
Mais surtout, bon nombre de résidents et d'entreprises de la Saskatchewan ne sont pas tributaires de SaskTel pour leur accès à large bande car les câblodistributeurs l'offrent aussi. Tout aussi important, il existe un nombre croissant de fournisseurs de services à haute vitesse sans fil. Grâce aux nouvelles technologies sans fil, ces fournisseurs et d'autres entreprises peuvent soutenir la concurrence de façon rentable, ce qui était autrefois impossible. En Saskatchewan, par exemple, l'entreprise Yourlink a conclu une alliance stratégique avec le Saskatchewan Wheat Pool pour installer la communication sans fil à haute vitesse sur ses silos à grains en béton. Elle peut ainsi desservir une zone importante et offre des services VoIP en même temps que l'Internet haute vitesse.
Aussi, si les câblodistributeurs se croient irremplaçables, ils ne sont que l'un d'une gamme de services en concurrence, même dans le Saskatchewan rural.
Le second point que j'aimerais aborder est l'affirmation voulant que les ruraux devront payer plus cher pour un moindre service si la décision d'abstention locale est annulée. En Saskatchewan, la déréglementation des marchés n'a tout simplement pas eu pour effet que les régions rurales prennent du retard sur les agglomérations urbaines. En ce qui concerne le service interurbain, tous les habitants de la Saskatchewan bénéficient d'offres concurrentielles qui ont entraîné des réductions de tarif et l'offre de nombreux barèmes tarifaires novateurs. Nous n'avons pas non plus établi de distinction entre les clients urbains et ruraux de notre service cellulaire; tous nos forfaits sont offerts partout sans restriction fondée sur le lieu de résidence. À ce que nous sachions, aucun de nos concurrents dans le service cellulaire ne distingue entre les clients ruraux et urbains.
En bref, les zones rurales de la Saskatchewan ont bénéficié de la même concurrence que connaissent les villes dans un marché déréglementé. Et je fais remarquer au comité que nous nous sommes engagés à conserver les tarifs ruraux les plus faibles du pays.
Enfin, le comité a longuement entendu parler de l'état de la concurrence et de l'impact de la déréglementation sur divers acteurs de l'industrie. Pour SaskTel, l'essentiel est l'uniformisation des règles du jeu.
Dans le document que j'ai distribué figure un tableau analytique du cadre réglementaire applicable aux entreprises de câblodistribution titulaires comparé à ce qui nous est imposé. Les différences sont tellement énormes que l'on penserait que le câble et les télécommunications sont régis par deux autorités de réglementation différentes. Pour ne prendre que l'exemple des reconquêtes, le câble n'est plus astreint à aucune limite, hormis les habitations à logements multiples. Et s'il n'existe guère de grands immeubles dans les campagnes de la Saskatchewan au départ, ces restrictions sont imposées à Shaw uniquement en Saskatchewan. Et bien que divers câblodistributeurs aient prévenu le comité que nous allions reconquérir des clients avant même que leur service téléphonique soit installé, une telle manoeuvre est clairement interdite par le CRTC.
Par contre, les câblodistributeurs ne sont soumis à aucune de ces restrictions et dès qu'ils reçoivent un appel d'un client qui envisage de changer de fournisseur, ils peuvent lui proposer des offres très alléchantes avant l'installation de notre service de télévision et ils ne s'en privent pas. Cela nous ravit-il? Pas du tout, mais la concurrence le veut ainsi.
Pour terminer, le Groupe d'étude sur le cadre réglementaire des télécommunications a recommandé une vaste réforme de la réglementation au Canada, qui consiste à s'en remettre aux forces du marché, à laisser les consommateurs déterminer les gagnants et les perdants et à imposer des règles du jeu équitables aux concurrents. À notre humble avis, toutes les mesures de réforme prises jusqu'ici cadrent avec ces principaux fondamentaux.
Je me ferai un plaisir de répondre de mon mieux à vos questions.
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Merci d'être venu, monsieur Meldrum. Je suis désolé que les conditions météorologiques vous aient empêché d'être là plus tôt.
Je n'ai pas votre rapport au complet, mais je me souviens de votre exposé initial et vous avez eu l'occasion de répondre ici à au moins l'un de vos détracteurs. Sur le plan de tout ce que cela pourrait amener, je serais intéressé de savoir comment vous voyez le paysage concurrentiel dans une ville comme Regina, où vous avez clairement eu pendant très longtemps un avantage sur virtuellement tout le monde, câble compris. Mais sachant que vous, à ce stade, en tant que société...
Vous n'êtes plus une société d'État, n'est-ce pas?
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La première remarque que je ferai, c'est que la libéralisation n'est pas automatique. Elle n'arrive pas le premier jour. Il faut présenter une demande au Conseil. Le Conseil suit ensuite une procédure pour déterminer s'il va s'abstenir ou non de réglementer sur le marché concerné et je crois que la décision se fait attendre entre quatre et six mois.
Dans le cas de Saskatoon, où le concurrent offre un service depuis bien plus longtemps, il avoisine 5 p. 100 de gain de part de marché au cours des trois derniers mois. Il progresse sensiblement, dirais-je, avec des offres très concurrentielles sur le marché.
Dans le cas de Regina, vous avez parlé d'Access Communications et cette entreprise vient d'annoncer le mois dernier qu'elle va faire une campagne de publicité active, vendre et commercialiser sur ce marché et nous n'avons aucune raison de croire qu'elle ne va pas enregistrer le même succès que Shaw.
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Permettez-moi de changer de braquet. Vous avez mentionné deux autres choses.
Vous avez dit d'abord que vous considérez le téléphone cellulaire comme un substitut de... et vous avez cité 5 p. 100. Je dirais que ce n'est pas un substitut et je soupçonne que les autres 95 p. 100, dont beaucoup peuvent avoir des cellulaires, utilisent les deux, et ne se contentent pas d'un seul... Il y a donc complémentarité plutôt que substitution, ce qui est une règle importante qui a été totalement ignorée par cette décision particulière, mais je n'en suis pas surpris.
Pour ce qui est de votre deuxième argument, la question de l'infrastructure dans les zones rurales — la question des installations essentielles — comme vous le savez, les audiences concernant les tarifs DSL et Ethernet ne sont pas terminées. Ne vaudrait-il pas mieux, à votre avis, pour assurer la cohérence avec la directive de politique, attendre la décision finale, la conclusion de cette importante étude et cette importante ordonnance avant de procéder à la libéralisation? Il semble que l'on met la charrue avant les boeufs, et c'est ce que vous préconisez, si je saisis bien.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur, vous dites dans votre document qu'il n'y a pas de distinction entre les clients des régions urbaines et ceux des régions rurales, qu'il y existe la même compétition, notamment pour la téléphonie cellulaire.
Je ne sais pas si c'est attribuable à la géographie des lieux, mais au Québec et dans les Maritimes, la qualité du service cellulaire dans les régions rurales n'est pas du tout la même que dans les régions urbaines.
Dans ma circonscription, quand je descends une côte, il n'y a plus de service et lorsque je la remonte, le système fonctionne.
Avez-vous réglé ce genre de problème chez vous?
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Je pense que c'est les deux.
Je ne voulais pas me montrer facétieux en disant que la Saskatchewan est plate, mais vous obtenez une bien meilleure couverture lorsque vous n'avez pas des vallées profondes et, dans certains cas, les arbres eux-mêmes tendent à étouffer le signal. Le sud de la Saskatchewan n'a pas non plus beaucoup d'arbres. Donc, la géographie est certainement un facteur.
Encore une fois, c'est du fait de notre statut de société d'État que nous privilégions notre rôle de service public. L'une de nos initiatives a consisté à étendre le service cellulaire jusque dans les régions rurales reculées. Nous couvrons 95 p. 100 de la population avec notre service cellulaire et nous avons investi des dizaines de millions de dollars pour améliorer la couverture. Même aujourd'hui, certains vous diront qu'il subsiste des interstices et des trous dans la couverture. Nous avons des plans d'expansion encore plus poussés en cours cette année. Nous allons ériger de 30 à 50 tours de plus pour fournir le service à ceux qui n'en ont pas.
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J'ai l'impression que le ministre nous a mis le bras dans l'engrenage et que tout le corps est en train d'y passer.
Si on accepte le fait qu'il y a une proposition pour déréglementer la téléphonie locale et qu'il y en a une autre visant à imposer des amendes additionnelles gérées par le Bureau de la concurrence, qui est le projet de loi ... C'est tiré du gros rapport. Ce sont deux mesures, et vous dites que les mesures seront prises dans le bon sens.
Selon vous, on peut adopter ces mesures sans craindre qu'on ne puisse pas mettre les autres éléments en place par la suite. La semaine dernière, le ministre nous a dit qu'il n'avait préparé aucun texte législatif pour réviser la loi. Il est donc bien possible qu'on apporte quelques corrections à la directive sur la téléphonie locale, si jamais on y arrive, et qu'on reporte le reste aux calendes grecques.
Ne pensez-vous pas qu'il est dangereux d'avoir mis de l'avant seulement ces deux mesures et laissé le reste se développer au hasard? Est-il essentiel d'avoir l'autre partie, soit la réforme de la Loi sur les télécommunications?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci beaucoup d'être venu nous rencontrer. J'ai apprécié votre exposé la dernière fois et j'ai de nouveau apprécié celui d'aujourd'hui. Mais j'aimerais une clarification car l'opposition ne cesse de prétendre que le gouvernement et le ministre picorent dans les recommandation du groupe d'étude.
Je renvoie l'opposition au sommaire, page 14. J'aimerais vous lire ce paragraphe:
Le Groupe d'étude suggère que le gouvernement mette en oeuvre ses recommandations en deux phases:
Durant la première phase, le gouvernement devrait émettre des énoncés de politique préconisant la création d'une stratégie nationale d'adoption des TIC ainsi que la mise en oeuvre d'un nouveau cadre de réglementation, et prendre des mesures en vue de la réforme des institutions d'élaboration des politiques et de la réglementation. De plus, le gouvernement devrait utiliser les pouvoirs conférés par la Loi sur les télécommunications pour émettre une directive de politique au CRTC afin que ce dernier interprète les objectifs de politique de la loi d'une manière qui soit, en général, conforme aux grandes reformes recommandées dans le présent rapport du Groupe d'étude.
Au cours de la deuxième phase, le gouvernement devrait mettre à exécution les recommandations qui requièrent des modifications aux lois existantes.
Autrement dit, le groupe d'étude recommande que le gouvernement agisse précisément comme il est en train de le faire.
J'aimerais que vous nous disiez, pour le compte rendu, si vous considérez effectivement que le gouvernement picore parmi les recommandations du groupe d'étude ou bien s'il ne fait pas précisément ce que préconise ce groupe d'étude, lequel a été mis sur pied par le gouvernement libéral précédent?
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La notion qu'il nous faut perdre 25 p. 100 de part de marché avant d'être autorisés à livrer pleinement concurrence est extrêmement problématique pour une entreprise de relativement faible envergure comme la nôtre.
Aujourd'hui, les conditions économiques sont bonnes pour SaskTel; en tant que société d'État; nous avons pu offrir des niveaux de service élevés à la province la moins densément peuplée du Canada. Pour sauver cela, nous devons abandonner 25 p. 100 de notre marché de base et pourtant continuer à suivre ces objectifs de service public que sont l'Internet haute vitesse dans les régions reculées et le service cellulaire à toutes les zones non desservies. Je ne suis pas sûr que les conditions économiques resteront favorables pour SaskTel en étant confiné à l'intérieur de la Saskatchewan.
Pour ce qui est d'une expansion en dehors de la province, nous avons toujours une division internationale. Mais pour exister, celle-ci dépend des ressources de la société de téléphonie. Dans la mesure où nous continuons à subir trop de contraintes économiques, nous aurons du mal à fournir des services internationaux et à continuer sur la voie de l'innovation, où notre société s'est distinguée au fil des décennies.
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Nous nous sommes implantés en Nouvelle-Zélande dans les années 90. Nous avions un partenaire câblodistributeur à Wellington et nous sommes allés rivaliser contre Telecom New Zealand. Il n'y avait alors même pas d'autorité réglementaire, il n'y avait que la menace d'une réglementation.
Nous avons pu négocier des accords avec Telecom New Zealand et nous avons construit et exploité un système de télécommunications à Wellington. Cela a été couronné de succès et lorsque nous avons vendu, nous avons réalisé une plus-value sur cette opération.
Il est intéressant de noter que, là-bas, nous avons dû tout construire à partir de zéro, contrairement aux sociétés titulaires. Lorsque celles-ci ont mis en route leur service, elles couvraient déjà la totalité de la région desservie. À Wellington, nous avons dû tout construire à partir de zéro et nous étions affrontés à Telecom New Zealand qui modifiait ses tarifs rue par rue. Nous avons néanmoins réussi à nous imposer.
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D'accord. C'est là où j'ai de la difficulté avec la façon dont les choses avancent. Le volet politique publique est très important. On peut parler de picorage, de choisir les choses les plus faciles à faire, de choses avec lesquelles on est d'accord ou non, selon le cas. Le Groupe d'étude des télécommunications a été mis sur pied après un examen en 2002 et le gouvernement précédent n'a introduit aucune législation. Le rapport a été déposé il y a maintenant presque un an et le ministre actuel n'a toujours pas déposé de loi. Le rapport est terminé et nous n'avons toujours pas de loi. Ma préoccupation est que nous sommes engagés dans ce processus alors qu'il y a un vide au niveau de la politique publique.
Cette étude du cadre réglementaire des télécommunications a été lancée par un ministre précédent qui a tourné casaque et a rejoint le gouvernement actuel et qui avait sélectionné lui-même les membres de ce groupe expert. Ce dernier a produit une série de recommandations, plus de 100, et le ministre actuel, qui est maintenant collègue de l'ancien, choisit les recommandations qu'il veut dans ce rapport.
Je comprends votre crainte qu'une réforme complète se fasse attendre trop longtemps, mais ne serait-il pas mieux pour tout le monde, surtout lorsqu'on sait que cette industrie est bien plus avancée au Canada qu'aux États-Unis... d'avoir une politique législative qui établisse un cadre général, au lieu qu'une personne seule ne prenne des décrets comme bon lui semble?
Nous voulons vous remercier, monsieur Meldrum, d'être venu nous rencontrer aujourd'hui. Nous apprécions que vous ayez fait l'effort de venir. Sachez aussi que si vous avez d'autres renseignements pour les membres du comité, vous pouvez me les transmettre, ou bien au greffier, et nous veillerons à ce qu'ils soient distribués à tous.
C'était une session très courte aujourd'hui. Veuillez nous en excuser, mais nous avons deux autres groupes de témoins. Nous allons suspendre la séance pour une minute, le temps que nos témoins suivants s'installent.
Madame Wendy Sol, nous vous invitons à vous asseoir immédiatement à la table.
Nous allons suspendre pendant une minute.
Merci.
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Je veux tout d'abord vous remercier de m'avoir invitée à comparaître devant vous aujourd'hui.
Je me nomme Wendy Sol et je suis vice-présidente du Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier. Nous avons 150 000 membres dans toutes les régions du pays. Mes racines dans le secteur des télécommunications proviennent de Manitoba Telecom Services. J'ai travaillé dans le département des finances de cette société pendant une vingtaine d'années avant d'être employée à temps plein par le syndicat.
Le SCEP est le plus grand syndicat de travailleurs du secteur des télécommunications et comprend des membres travaillant pour Bell Canada et toutes ses filiales. Nous représentons également les travailleurs de Manitoba Telecom, d'Aliant dans la région atlantique, de SaskTel, et de Navigata en Colombie-Britannique. Nous sommes également le plus gros syndicat des travailleurs de l'audiovisuel et principalement du secteur de la radiodiffusion. Par exemple, des membres du SCEP travaillent pour CTV, CanWest Global, TVOntario, CHUM TV et des douzaines de stations de radio à travers le pays.
Vos délibérations et vos décisions importent énormément aux membres du SCEP. En tant que participants de première ligne dans ces secteurs économiques et culturels de la plus haute importance pour le pays, nous considérons les pressions actuelles en vue de l'élimination des restrictions applicables à la propriété étrangère des entreprises de télécommunication et de radiodifussion comme le principal enjeu réglementaire en ce moment.
Nous savons que votre comité s'est déjà prononcé publiquement pour la suppression de ces restrictions. Et nous savons que vous avez entendu monsieur Bernier, notre ministre de l'Industrie actuel, s'exprimer en faveur de l'ouverture du secteur à la propriété et au contrôle étrangers. Je viens aujourd'hui réitérer notre désir de voir maintenues les restrictions réglementaires actuelles à la propriété étrangère des télécommunications et de la radiodiffusion, câblodistribution comprise.
Bien que les règlements et les politiques en vigueur établissent une distinction entre les télécommunications et la radiodiffusion, la réalité est que les deux sont devenues tellement entremêlées sur le plan de la technologie et de la structure d'entreprise qu'il faut les considérer comme une seule et même industrie. Entreprises Bell Canada n'est pas seulement la plus grande société de télécommunications du pays, elle est aussi l'une des plus grosses entreprises de média et de radiodiffusion. De même, Quebecor est bien plus qu'une maison d'édition, elle contrôle l'un des fournisseurs de services de câblodistribution et de téléphonie les plus prospères du Canada. Et la liste se prolonge, englobant Rogers, Shaw et Telus.
Particulièrement avec la venue de nouveaux médias et de services tels que les services de communication vocale sur protocole Internet, la convergence technologique et la propriété croisée ont effacé ce qui distinguait le créateur de contenu du distributeur de contenu. En somme, nous pensons qu'il n'est pas possible de chambarder une partie de l'industrie sans causer une perturbation massive dans l'autre. Si vous ouvrez les télécommunications à la propriété et au contrôle étrangers, nous perdrons le contrôle national non seulement d'un des moteurs les plus importants du développement économique de notre pays, mais aussi de notre développement culturel et de notre souveraineté.
Comme vos collègues parlementaires du Comité du patrimoine l'ont indiqué dans leur rapport exhaustif sur la culture il y a seulement quelques années:
Même si des conglomérats américains comme AOL-Time-Warner et d'importantes entreprises de câblodistribution et de télécommunications telles que Rogers souhaitent que les plafonds imposés à la propriété étrangère soient relevés, voire levés complètement, le Comité estime qu'un faux pas à cet égard causerait un tort irréparable au système canadien. Une fois ce pas franchi, il ne pourra y avoir de retour en arrière. Pour cette raison, le Comité est d'avis que l'on se trompe lourdement si l'on croit que les restrictions imposées à la propriété étrangère peuvent être levées dans le secteur des télécommunications sans vraiment nuire au contenu de la radiodiffusion.
D'autres raisons encore font qu'il ne serait pas judicieux de confier le contrôle des télécommunications à des intérêts étrangers. Si les décisions d'exploitation courantes sont prises à New York plutôt qu'à Winnipeg et si les plans d'investissement à long terme dans l'expansion ou l'entretien du réseau sont dressés à Miami plutôt qu'à Montréal, les priorités sociales et économiques canadiennes seront négligées. Cette industrie a toujours été et devrait continuer d'être un outil pour assurer à tous les Canadiens de toutes les collectivités des services universels, abordables et accessibles.
Une dernière préoccupation que nous nourrissons au sujet de la cession de notre industrie canadienne à des intérêts américains, en particulier, est la nouvelle législation américaine qui impose aux entreprises américaines de soumettre tous leurs dossiers à l'examen des différents organismes de sécurité nationale. Pourquoi les Canadiens voudraient-ils de cette atteinte à leur vie privée? Je fais valoir que les Canadiens ne veulent réellement pas que leurs conversations soient épiées par les services de sécurité américains ni aucun autre espion. Je sais que, pour ma part, je n'en veux pas. Et vous?
Merci.
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Merci beaucoup d'être venue comparaître, madame Sol.
Du point de vue du travail effectué par vous et votre syndicat, je suis extrêmement préoccupé par le rapport CRT. Seul un petit nombre des recommandations qu'il contient sont reprises par cette ordonnance de dérogation.
Je me demande si le syndicat a eu l'occasion de se pencher sur les conséquences qui résulteraient pour vos membres si nous devions à l'avenir revenir au bon vieux temps où il n'existait guère que deux gros fournisseurs au Canada et dans les agglomérations, soit Bell Canada et, selon la région, Rogers, Shaw ou Telus. En quoi cela serait-il avantageux pour les membres de votre syndicat?
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Je suis issue du système téléphonique du Manitoba où il existait un monopole d'État et nous avons pu voir de première main ce qui s'est passé après la privatisation. Comme l'a dit le témoin précédent, la société d'État, du fait de sa politique de service public, était en mesure d'offrir un bon service, un service concurrentiel, dans toute la province.
Aujourd'hui, au Manitoba, la société privée ne va que là où se trouve l'argent, ne s'intéresse qu'à la crème. Lorsqu'on parle de concurrence, les concurrents ne s'intéressent qu'à ce marché, celui des centres urbains.
Au Manitoba, avant la privatisation, le SCEP avait 32 sections locales à travers la province et nos emplois étaient bien rémunérés. Aujourd'hui, nous n'avons plus que trois implantations dans la province. La concurrence ne s'intéresse pas à la campagne, elle ne s'intéresse pas aux régions éloignées. Je fais donc valoir qu'en ayant la possibilité de livrer concurrence sur un pied d'égalité, MTS va maintenant pouvoir réinvestir dans ces régions rurales. Pour elle, l'obligation de perdre 25 p. 100 de son marché avant de pouvoir concurrencer des compagnies qui sont tout aussi importantes qu'elle-même, comme l'a dit le témoin précédent, revient à lui lier les mains derrière le dos.
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C'est intéressant, car nous étudions aussi le et je reçois beaucoup d'appels de vos syndiqués à ce sujet, par opposition à la question des télécoms. J'ai l'impression que le problème des télécoms va probablement toucher beaucoup plus vos membres au portefeuille.
Le commentaire que vous avez fait au sujet de la concentration dans le secteur audiovisuel n'a pas échappé à ce comité, et moi-même je ne cesse de sonner l'alarme depuis 2000. Lorsqu'une même entreprise de téléphonie possède aussi une grande chaîne nationale de radiodiffusion et un grand journal, certaines choses seulement seront couvertes dans ces médias. Et la même chose vaut pour son concurrent, qui se trouve lui aussi avoir à peu près la même configuration.
Comment voyez-vous la prochaine vague de fusions? Cela va être la deuxième. Moi-même, je suis évidemment très inquiet. Paradoxalement, on ne parle jamais de ces choses-là ni dans le National Post ni dans le Globe and Mail. Néanmoins, quelles répercussions de ces prises de contrôle multimédia, de ces fusions, voyez-vous pour vos membres? Vous avez mentionné CHUM, par exemple, et A-Channel en est un autre. J'ai parlé à un certain nombre de journalistes. Ils sont très inquiets. Certaines salles de presse ont déjà été décimées.
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Merci, monsieur le président et merci de comparaître aujourd'hui. En fait vous êtes la première — et je dirais que c'est un élément important qui a été absent de la discussion — à aborder le problème de la Patriot Act. Il s'agit là de la législation dont vous faites état.
La LPRPDE ne couvre pas les sociétés canadiennes ou les sociétés américaines en dehors du territoire de ce pays. C'est là le problème qui se pose. Une fois que les données sont passées aux États-Unis, et souvent c'est à des fins de facturation ou autres, et ce peut être le fait d'une tierce partie — différentes banques et organisations procèdent de cette façon — les compagnies qui en sont propriétaires, bien qu'ayant leur siège au Canada, ne sont même pas averties par ces autres que le Department of Homeland Security, ou le FBI, ou quelque autre service se saisit de cette information et la transmet aux organismes gouvernementaux américains. Il n'y a pas non plus de mécanisme pour rectifier les données erronées après évaluation.
Vous soulevez donc là un problème très important car il met en jeu la protection des renseignements personnels des Canadiens, et il y a eu plusieurs poursuites en justice retentissantes à ce sujet. C'est pourquoi certaines provinces ont pris des mesures pour assurer une forme de protection à leurs consommateurs, mais pour y parvenir il faudra vraiment en fin de compte une entente commerciale.
Peut-être pourriez-vous parler un peu de protection de la vie privée en général, de certaines des craintes à cet égard, car vous soulevez la question de l'effet de la Patriot Act dans notre propre pays. Pouvez-vous parler un peu des difficultés rencontrées sur le plan de la protection de notre vie privée?
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Oui, et il importe de savoir à ce sujet qu'il y a très peu de restrictions à l'investissement d'étrangers. Les restrictions s'appliquent réellement aux actions de contrôle. C'est une distinction importante qui est souvent négligée.
Par ailleurs, j'aimerais savoir si le SCEP a une position sur la neutralité de réseau. Savez-vous de quoi il s'agit? Un fournisseur de services Internet peut favoriser divers fournisseurs ou acheteurs de services. Si amazon.com, mettons, paie un droit supplémentaire ou achète un service, il va obtenir un accès plus rapide que d'autres sur ce site. Le gouvernement actuel, le ministre, n'a pas réellement de position sur cette neutralité — et je pense que notre pays a besoin d'une loi à cet égard. Les États-Unis sont en train d'y réfléchir.
Est-ce que le SCEP a eu une discussion sur ce sujet ou bien est-ce entièrement nouveau pour vous?
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Merci beaucoup, monsieur Masse.
Madame Sol, j'aimerais clarifier une chose, à savoir principalement la position de votre syndicat concernant les dispositions de reconquête. Vous avez mentionné cela, mais j'aimerais préciser votre position.
Comme vous le savez, par l'une des décisions dont nous parlons, le CRTC a imposé des restrictions aux ESLT sous forme d'une période d'attente de trois mois pour les reconquêtes. Aujourd'hui, le ministre propose que dans certaines régions, si les titulaires remplissent les conditions fixées par lui, il supprimerait les restrictions à la reconquête.
Quelle est la position officielle de votre syndicat sur les restrictions à la reconquête?
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier également les membres du comité de me donner l'occasion de leur présenter le RISQ.
J'ai transmis un mémoire au comité. Je vous demanderais de vous y référer. Le RISQ est un réseau privé de télécommunications au service des établissements d'enseignement et de recherche du Québec. Le RISQ a été établi en 1989 pour permettre aux universités d'utiliser un tout nouveau protocole qui n'était pas disponible commercialement. Ce protocole, c'est Internet. Nous avons été le premier maillon d'Internet au Québec.
[Traduction]
Le RISQ est ce que nous appelons un réseau de recherche et d'éducation. Il existe de tels réseaux privés dans toutes les provinces du Canada et dans la plupart des pays du monde. Par exemple, en Ontario, il y a ORION. Il y a BCNet en Colombie-Britannique, Netera, en Alberta, et le réseau fédérateur CANARIE, qui relie entre eux tous les réseaux provinciaux de recherche et d'éducation du Canada.
Aux États-Unis, il y a Internet2, et en Europe, cela s'appelle GÉANT. Je pourrais continuer ainsi pendant plusieurs minutes.
[Français]
À partir du mémoire présenté au comité, j'aimerais vous mentionner simplement quelques-uns des rôles que le RISQ joue à cet égard. Tout d'abord, le RISQ est principalement une infrastructure pour la recherche, pour les universités, qui met de l'avant les nouvelles technologies de l'Internet qui offrent des services de communications à très large bande pour des collaborations tant au palier régional que national et international.
Un autre rôle que je voudrais mentionner au comité, c'est la contribution au développement régional qu'offrent les réseaux de recherche et d'enseignement, et en particulier le RISQ, si l'on pense à la formation à distance. Dans des régions éloignées, des programmes qui ne seraient pas viables à cause du manque de clientèle peuvent être offerts par nos établissements d'enseignement, à l'aide des technologies de vidéoconférence et d'autres technologies de formation à distance. Au Québec, il y a deux programmes de ce genre: le premier est Cégeps en réseau et le second, à l'intention des niveaux primaire et secondaire, s'appelle Écoles éloignées en réseau. À ma connaissance, il y a d'autres programmes de ce type un peu partout au Canada.
En ce qui a trait à l'entreprise privée, il est important de bien comprendre que le RISQ n'est pas une entreprise de télécommunications au sens de la Loi sur les télécommunications. Le RISQ est un organisme sans but lucratif constitué par voie de lettres patentes, qui limite ses activités au secteur de l'enseignement et de la recherche.
Monsieur le président, le RISQ n'intervient pas dans la concurrence que se livrent les entreprises de télécommunications. Vous me demanderez pourquoi le RISQ vient témoigner ici, au comité. Nous le faisons pour les raisons suivantes. Nous voulons nous assurer que les changements à la réglementation n'affecteront pas la poursuite de nos activités pour le bénéfice des établissements d'enseignement et de recherche au Québec et ailleurs au pays. Notre première préoccupation à cet égard est que les changements n'augmentent pas nos coûts de fonctionnement. Nous sommes financés essentiellement par des établissements d'enseignement, et toute augmentation de nos coûts serait transférée directement aux universités et collèges au Québec. Notre seconde préoccupation est que les changements ne diminuent pas les accès que nous avons aux infrastructures de télécommunications des compagnies de télécommunications avec lesquelles, en partenariat, nous avons bâti notre réseau privé.
En conclusion, le RISQ et les organismes similaires ne devraient pas être traités comme des concurrents des entreprises de télécommunications en cas de changement à la loi et aux règlements que la Chambre des communes voudra bien envisager. Le RISQ et les organismes similaires ne devraient pas être obligés non plus de se constituer en entreprises de télécommunications pour poursuivre leurs activités.
Je vous remercie de votre attention. C'était mes remarques.
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Merci beaucoup, monsieur Vanier.
Nous allons maintenant entendre notre deuxième témoin, M. Daniel Krewski, professeur et directeur, Centre McLaughlin d'évaluation du risque pour la santé des populations, Institut de recherche sur la santé des populations.
Monsieur Krewski, je vous invite tout de suite à faire votre déclaration. Vous disposez de cinq minutes au maximum, après quoi nous passerons aux questions des membres du comité.
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Je voudrais commencer par remercier le comité de me donner l'occasion de faire quelques commentaires au sujet des fréquences.
[Traduction]
Notre programme à l'Université d'Ottawa porte sur les risques potentiels pour la santé liés aux champs de radiofréquences, y compris ceux en provenance de dispositifs de télécommunications sans fil. On parle donc de téléphones mobiles, de transmetteurs de station de base et d'autres sources d'exposition aux champs de radiofréquences.
Nous oeuvrons dans ce domaine depuis plus d'une décennie. L'une de nos principales contributions est que nous maintenons un site Web exhaustif — www.frcom.ca, si cela vous intéresse d'aller y faire un tour — qui résume la documentation publiée dans le monde au sujet des risques de santé potentiels liés aux champs de radiofréquences.
Nous participons également à l'étude en cours de l'Organisation mondiale de la Santé sur les risques de cancer potentiel liés à l'utilisation des téléphones mobiles. Il s'agit là d'une question qui préoccupe beaucoup de gens et qui n'est pas très bien comprise. Ce sera la plus vaste étude du genre jamais entreprise. Elle dure depuis près de dix ans déjà. Elle recouvre 13 pays, 5 000 cas de cancer et 10 000 autres participants. Nous avons quelque 60 enquêteurs qui oeuvrent à l'interprétation de ces résultats. Nous nous attendons à ce que ces résultats soient disponibles vers le milieu de l'année 2007. Ce sera une contribution fort importante, peut-être la plus importante, à la documentation sur les risques de santé potentiels liés à l'utilisation de téléphones mobiles.
J'ai également participé, il y a de cela plusieurs années, en ma qualité de président d'un panel de la Société royale du Canada, à une étude sur les risques de santé potentiels des champs de radiofréquences. Ce panel a fait un examen exhaustif de la documentation existante. Il a passé en revue plus de 1 000 articles scientifiques. À l'époque, soit en 1999, notre conclusion avait été qu'il n'y avait aucun effet néfaste pour la santé qui soit clairement lié aux champs de radiofréquences. Il y avait certains effets biologiques d'importance clinique indéterminée et qui méritaient d'être tirés au clair. Nous avions recommandé que soient entreprises des recherches supplémentaires, et il s'en est justement fait, dont cette étude, et c'est ainsi qu'a vu le jour une étude épidémiologique à grande échelle du type de celle que mène à l'heure actuelle l'Organisation mondiale de la Santé. Nous faisons des mises à jour périodiques de tout ce qui est publié, et cela vient s'ajouter au rapport original de la Société royale, et nous poursuivons notre travail dans ce domaine.
Voilà un aperçu général du programme. Nous servons de ressource pour l'industrie, le gouvernement et le public. Nous intervenons auprès de presque tous ces secteurs en vue de fournir des conseils sanitaires au sujet des questions liées aux risques des champs de radiofréquences.
Merci.
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Les partenariats que nous avons développés avec l'entreprise privée et l'industrie des télécommunications l'ont été essentiellement pour la construction du réseau.
Le RISQ a effectivement acheté de la fibre optique des compagnies de téléphone et de câble. Le RISQ paie, bon an, mal an, des frais importants aux compagnies de téléphone et de câble pour l'entretien de son réseau. C'est le premier type de partenariat que nous avons eu avec l'industrie des télécommunications.
En réponse à votre autre question, je dirai que l'industrie des télécommunications n'utilise pas les capacités très importantes du RISQ à des fins commerciales.
Il arrive qu'il y ait chevauchement avec l'industrie des télécommunications au Canada. Vous comprendrez que les universités, dans le cadre de leur mandat de recherche, développent de plus en plus de liens avec les centres de recherche industriels. Par exemple, l'Institut international des télécommunications, dont le siège social est à Montréal, est membre du RISQ et peut utiliser l'infrastructure du RISQ pour tester de nouveaux protocoles.
Je peux vous mentionner que certains centres de recherche industriels, qui ont des activités en lien avec les universités, peuvent aussi être membres du RISQ. C'est un peu les mêmes règles que celles qui s'appliquent à l'organisme fédéral CANARIE, qui est régi par Industrie Canada.
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Dans le cas des lignes terrestres, je pense que l'exposition potentielle à des champs de radiofréquences n'est pas un sujet de préoccupation. Comme je l'ai dit plus tôt, dans le monde du sans fil, ce qui préoccupe les gens ce sont les téléphones portables, les appareils qui sont tenus dans la main ou proches du corps. Comme je l'ai dit tout à l'heure, les niveaux d'intensité des champs des transmetteurs de station de base ou les niveaux ambiants là où vit la population sont bien inférieurs à ce à quoi vous êtes exposé lorsque vous utilisez un appareil portable.
Il y a également d'autres sources potentielles d'exposition qui commencent à devenir plus courantes, notamment les réseaux informatiques sans fil. Nous sommes peut-être en ce moment-même en présence de communications sans fil, s'il y a dans cette zone un réseau sans fil. Mais, encore une fois, les intensités de champ se rapprocheraient dans ce cas de celles auxquelles vous seriez exposé avec un transmetteur de station de base, et seraient de beaucoup inférieures à ce à quoi vous exposerait un dispositif mobile.
D'un point de vue sanitaire, donc, toute l'attention a réellement été axée sur les téléphones mobiles eux-mêmes.
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Merci, monsieur le président.
Merci aux membres de la délégation d'être ici.
Je vais commencer avec M. Krewski.
Un témoin qui vous a précédé, M. Meldrum, de SaskTel, a souligné un aspect qui est souvent vrai. Il a mentionné le fait que son fils avait dit qu'il n'avait pas de ligne terrestre chez lui. Ce n'est pas sa maison qui a besoin d'un téléphone, mais lui. C'est souvent ce que pensent les jeunes gens et ceux qui ne veulent pas payer le coût d'une ligne terrestre chez eux et les frais mensuels versus la portabilité, et ainsi de suite.
En ce qui concerne votre travail, est-il donc probable...? Je ne veux pas préjuger de vos résultats, mais quel est le risque ou le risque potentiel pour ceux qui utilisent des dispositifs portables par opposition à des téléphones conventionnels? Quelle est la différence entre les deux? Avec tout ce débat au sujet de la déréglementation, une partie de la concurrence que l'on vise serait livrée par d'autres technologies versus une autre technologie. Qu'en dites-vous?
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Nous avons constaté une explosion de l'utilisation de dispositifs sans fil, leur nombre passant d'environ 100 000 au Canada en 1986 à plus de 17 millions aujourd'hui. Si vous prenez le cas de certains pays européens, la pénétration sur le marché est de plus de 100 p. 100, ce qui veut dire que certaines personnes possèdent plus d'un téléphone cellulaire et qu'en moyenne chacun en a au moins un. Votre observation quant à la plus grande utilisation de cette technologie parmi la population est donc tout à fait juste.
Vous pourriez exprimer des inquiétudes face au plus grand nombre de personnes qui utilisent la technologie et aux périodes de temps plus longues qu'ils passent au téléphone, augmentant ainsi leur exposition aux champs de radiofréquences. S'il y a un risque, alors il y a un plus grand nombre de personnes qui y sont exposées.
Ayant examiné presque chaque petit bout de donnée scientifique jamais produit sur la question, je peux dire qu'à ce stade-ci — et il y a eu plus de 40 études épidémiologiques sur les effets des champs de radiofréquences sur la santé — nous ne disposons d'aucune preuve concluante d'un lien entre les champs de radiofréquences et des problèmes de santé.
Comme je l'ai dit dans mes remarques liminaires, il survient certains changements biologiques subtils, des choses comme des altérations dans le rythme auquel certains ions sont transportés à travers les membranes cellulaires, qui n'ont aucune signification clinique connue, mais qui méritent sans doute qu'on les examine de plus près. C'est pourquoi nous nous sommes lancés dans des travaux de recherche supplémentaires, dont le plus important est selon moi l'étude de l'Organisation mondiale de la Santé portant sur 13 pays, et qui va examiner plusieurs sous-groupes de la population, dont un de fréquents utilisateurs à long terme de téléphones cellulaires. Lorsque les résultats deviendront disponibles plus tard cette année, je pense que nous pourrons vous fournir certaines données scientifiques factuelles en réponse à votre question.
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Nous sommes un assez grand centre de recherche. Plus de 100 enquêteurs à temps plein travaillent à l'Institut de recherche sur la santé des populations, qui a été lancé par l'université il y a environ six ans, alors c'est une belle histoire de réussite que d'avoir atteint ce niveau.
Dans le cas de mon programme, qui est axé sur les risques pour la santé, nous obtenons du financement de quantité de sources différentes: les trois conseils subventionnaires fédéraux ici au Canada, le gouvernement fédéral, des organismes internationaux, des organismes subventionnaires aux États-Unis, ainsi que des fondations privées.
Environ 10 p. 100 de notre financement provient du secteur privé, et le tout est administré conformément aux lignes directrices en matière de conflits d'intérêts qui ont été instaurées en vue d'empêcher toute influence de la part de parrains du secteur privé relativement aux résultats des travaux de recherche. Le mécanisme que nous utilisons le plus couramment est le programme de partenariats universités-industrie des Instituts de recherche en santé du Canada, qui permet à l'industrie de contribuer financièrement à la recherche sans s'y ingérer. Nous préparerions une subvention pour les IRSC de la même façon que s'il n'y avait aucune participation de l'industrie — elle serait examinée par des pairs et la recherche serait alors exécutée de façon indépendante —, et nous utilisons en fait ce mécanisme pour certains de nos travaux sur les champs de radiofréquences.
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Merci d'avoir précisé votre question. J'en comprends bien la portée maintenant.
C'est déjà arrivé. Comme je l'ai mentionné dans mon allocution d'ouverture, le RISQ a été créé à l'origine pour utiliser un protocole de communication appelé TCP/IP. Celui-ci n'était pas disponible sur les réseaux commerciaux dans les années 1980. Or, il est maintenant le protocole le plus répandu sur la planète, y compris dans l'industrie des télécommunications. Il reste que le RISQ a continué à gérer son réseau et va continuer à utiliser et promouvoir de nouveaux protocoles de ce type au fil des ans.
Ce n'est pas nécessairement relié. On joue un rôle d'adopteur précoce et on peut même tester de nouvelles technologies. On peut penser, par exemple, aux universités dont le département d'ingénierie compte des chercheurs en télécommunications. Une fois que ces protocoles sont testés, l'adoption par l'industrie représente une deuxième étape. Celle-ci ne remet pas en cause l'existence de notre réseau à proprement parler.
À partir du moment où on a la propriété d'une infrastructure de fibre optique, on peut utiliser l'équipement et les protocoles qu'on veut, y compris pour tester de nouveaux protocoles.
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Bien. Je suppose que votre réseau a été conçu pour servir la recherche et l'éducation.
Une question, maintenant, pour M. Krewski, et je m'excuse d'avoir eu à m'éclipser. Vous avez mentionné tout à l'heure qu'il n'y avait aucune indication claire que les radio-quelque chose — je ne sais plus si vous parliez de signaux de radio ou d'ondes — ne posaient pas un risque pour la santé, d'après les recherches que vous avez faites. Mais vous avez ensuite poursuivi en disant que l'OMS, c'est-à-dire l'Organisation mondiale de la Santé, faisait d'importants travaux de recherche sur le cancer.
Il n'y a eu aucune indication quant à l'existence d'un risque pour la santé, sauf que l'OMS continue de faire des études laissant supposer qu'il y en a, ou bien est-ce...? Je vais m'arrêter là, car je ne sais trop quelle serait la partie suivante de la question.
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Il y a plusieurs raisons de poursuivre cette enquête. Tout d'abord, il y a la littérature scientifique existante. La science n'est pas absolument sûre en ce qui concerne tous les aspects de la recherche, et il demeure certaines incertitudes.
J'ai mentionné qu'il y a certains effets biologiques qui méritent d'être tirés au clair. Plusieurs des études épidémiologiques ont été d'envergure limitée. S'il y a un risque, il est vraisemblablement très faible. Mais il faut, pour établir cela, une étude de grande envergure, et c'est justement ce qui est en cours.
Quoi qu'il en ressorte, nous bénéficierons de cette étude. S'il appert qu'il n'y a en fait aucun risque, alors nous aurons, grâce à cette vaste étude, cette assurance-là, et s'il existe en fait un petit risque qui n'avait pas été relevé dans le cadre d'études antérieures plus limitées, alors nous pourrons intervenir et nous attaquer au problème dans les plus brefs délais.