:
Mesdames et messieurs, la séance est ouverte. C'est la 53
e réunion du Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, il s'agit de la première de nos réunions consacrées à l'étude du Régime canadien d'accès aux médicaments.
Bienvenue à tous.
Avant de vous présenter nos témoins,
[Français]
j'aimerais souhaiter la bienvenue à Mme Brunelle, députée de Trois-Rivières, qui devient un nouveau membre de ce comité à la suite du départ de M. Paul Crête.
[Traduction]
Merci.
M. Crête va nous manquer. Il accomplissait un excellent travail au sein de notre comité. Nous souhaitons la bienvenue à Mme Brunelle. Nous sommes convaincus qu'elle s'acquittera également très bien de son rôle.
Nous passons maintenant à l'ordre du jour. Nous recevons aujourd'hui cinq témoins qui représentent quatre ministères.
Tout d'abord, du ministère de la Santé, nous accueillons M. David Lee, directeur, Bureau des médicaments brevetés et de la liaison, Direction des produits thérapeutiques, Direction générale des produits de santé et des aliments. Bienvenue, monsieur Lee.
Nous avons deux représentants du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international. Nous accueillons M. Douglas George, directeur, Division de la politique commerciale sur la propriété intellectuelle, l'information et la technologie; nous accueillons également M. Robert Fry, coordonnateur ministériel principal, Préparation à l'intervention, Direction générale de la sécurité humaine et des droits de la personne.
Le troisième ministère représenté est l'Agence canadienne de développement international. Nous recevons M. Christopher Armstrong, chef d'équipe, VIH/sida.
Du quatrième ministère présent, celui de l'Industrie, nous accueillons M. Douglas Clark, directeur, Politiques des brevets.
Nous allons débuter avec le ministère de l'Industrie. Nous passerons ensuite au ministère des Affaires étrangères et du Commerce international qui sera suivi par celui de la Santé. Nous terminerons avec l'ACDI. Je crois que c'est dans cet ordre qu'il a été convenu de procéder.
Chaque ministère a droit à une déclaration préliminaire de six minutes. Monsieur Clark, à vous l'honneur.
Je sais que pour certains d'entre vous cela va sonner comme une vieille rengaine, mais comme je vois des visages qui n'étaient pas là lors de ma dernière visite, j'ai pensé qu'il serait utile de préparer un exposé pour jeter les bases de la discussion à venir.
Comme vous le savez tous, un brevet offre à un inventeur un monopole d'une durée limitée sur son invention afin d'encourager la R-D ainsi que la diffusion des connaissances. Au Canada comme dans tous les autres pays membres de l'OMC, la protection conférée par un brevet s'applique pendant une période de 20 ans à compter de la date du dépôt du brevet. Dans certaines circonstances, les gouvernements peuvent toutefois déroger à un brevet, sous réserve de certaines obligations internationales. Ils peuvent ainsi autoriser un tiers à fabriquer, utiliser ou vendre l'invention brevetée.
L'OMC et l'ALENA prescrivent les conditions en vertu desquelles une licence obligatoire peut être octroyée pour déroger aux droits conférés par un brevet. L'une des exigences à remplir, autrefois en tout cas, c'est-à-dire jusqu'en 2003, en vertu de l'Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) de l'OMC, voulait qu'un gouvernement puisse déroger à un brevet et octroyer une licence obligatoire uniquement lorsqu'il agit principalement pour l'approvisionnement de son marché intérieur. Les membres de l'OMC ont jugé cette condition problématique parce qu'elle empêchait des pays développés comme le Canada d'octroyer des licences obligatoires à des entreprises pharmaceutiques pour la fabrication de versions génériques de médicaments brevetés aux fins d'exportation vers des pays ne disposant pas d'une telle capacité de fabrication. Cette obligation était considérée comme un obstacle.
Cette exigence de dérogation fondée principalement sur les besoins en approvisionnement du marché intérieur était vue comme une barrière empêchant les pays développés de contribuer au développement des pays moins biens nantis. En août 2003, les membres de l'OMC ont convenu de déroger à cette exigence concernant le marché intérieur, mais sous réserve d'un certain nombre de modalités et de conditions strictes que devraient respecter tant le pays exportateur, soit le pays développé, que le pays importateur, soit le pays en développement ou moins avancé. Les parties demeurent toutefois assujetties à toutes les autres obligations contenues dans l'ADPIC relativement aux licences obligatoires.
La diapositive 4 présente quelques-unes des modalités et conditions dont j'ai parlé. Les différents points exposés se rapportent non seulement aux modalités et conditions applicables au pays se prévalant de la dérogation, mais concernent également, dans une certaine mesure, les autres obligations applicables de l'ADPIC. Ainsi, seuls certains pays peuvent importer des médicaments en vertu de la dérogation. Il s'agit des pays les moins développés parmi les membres de l'OMC. Les pays en voie de développement peuvent importer des médicaments, mais sont tenus d'aviser l'OMC et de lui fournir différents renseignements lorsqu'ils souhaitent se prévaloir de la dérogation. Je vous donnerai de plus amples détails à ce sujet tout à l'heure.
Vous pouvez lire quelques-unes des autres conditions. Le pays importateur doit indiquer le nom du médicament souhaité et la quantité requise. Le titulaire de licence doit verser une rémunération adéquate au breveté. La dérogation doit être utilisée de bonne foi et non pour des objectifs commerciaux ou industriels.
Cette dérogation a été approuvée en août 2003. Le Canada a été l'un des premiers pays à annoncer son intention de la mettre en oeuvre. Il ne s'agit pas d'une obligation formelle. Chacun des pays développés membres de l'OMC peut choisir de l'appliquer ou non. En mai 2005, avec l'application du règlement afférent, la loi créant le Régime canadien d'accès aux médicaments (RCAM), qui comprenait des modifications à la Loi sur les brevets et à la Loi sur les aliments et les drogues, est entrée en vigueur. Compte tenu de la nature sans précédent de l'initiative du RCAM, cette loi comprenait une disposition instituant un examen obligatoire. Comme vous le savez, les ministères représentés ici sont en train d'effectuer cet examen.
La diapositive 6 présente les principes directeurs qui consistent à faciliter l'accès aux médicaments pour les pays en développement; à offrir aux fabricants canadiens de médicaments génériques des incitatifs suffisants pour les encourager à participer au RCAM, ce qui découle en fait directement du premier objectif, tout en assurant l'intégrité du Régime canadien des brevets; et à garantir que les médicaments exportés en vertu du RCAM sont aussi sûrs, efficaces et de haute qualité que ceux vendus au Canada.
Quelques-unes des caractéristiques principales de notre régime sont présentées aux pages 7 et 8. Comme vous le savez peut-être, il existe des listes préalablement approuvées d'importateurs admissibles au régime et de médicaments pouvant être exportés vers ces pays. Les pays sont classés en fonction de leur degré de développement et de leur adhésion à l'OMC. Les obligations qui s'ensuivent sont fonction de leur situation particulière. J'y reviendrai tout à l'heure.
Bien que la dérogation soit le fruit d'une entente entre pays, un tiers non gouvernemental peut acheter des médicaments en vertu du régime canadien avec la permission d'un pays importateur.
La liste de médicaments préalablement approuvés pouvant être exportés était fondée au départ sur la liste des médicaments essentiels établie par l'OMS qui comprend les médications les plus efficientes pour les maladies prioritaires dans un système de base de soins de santé. Cette liste a été modifiée à deux reprises depuis l'entrée en vigueur du Régime canadien d'accès aux médicaments.
Pour ce qui est du processus de demande, je crois que nous allons probablement beaucoup discuter des détails de ce mécanisme aujourd'hui. Il est essentiellement composé de deux étapes. Le fabricant de médicaments génériques qui veut obtenir une licence obligatoire pour l'exportation adresse d'abord une demande au commissaire aux brevets en indiquant le nom du médicament et la version qu'il souhaite produire, c'est-à-dire le dosage, la forme, la concentration, le mode d'administration, etc.; la quantité qu'on veut fabriquer et exporter; les brevets applicables à ce médicament et les détenteurs de ces brevets; le nom du pays importateur; et celui de l'acheteur, s'il est différent du pays.
Il leur suffit de remplir les formulaires pour fournir tous ces éléments d'information. Je peux vous fournir des exemplaires de ces formulaires si cela vous intéresse. Ce sont les renseignements qui doivent être produits. Certaines autres conditions doivent également être remplies. Le ministre de la Santé doit certifier que le médicament est sûr et efficace et qu'il peut être différencié de la version brevetée vendue au Canada. Une copie de l'avis émis par le pays importateur, que ce soit à l'OMC, dans le cas d'un pays membre, ou au Canada, dans le cas d'un pays non membre, doit également être fournie. Le demandeur, soit le fabricant de médicaments génériques, doit alors faire différentes déclarations, lesquelles varient également en fonction de l'état de développement du pays importateur.
Depuis que le Canada a annoncé son intention de mettre en oeuvre la dérogation en 2003, sept autres pays lui ont emboîté le pas: la Norvège, les Pays-Bas, la Suisse, l'Union européenne, l'Inde, la Chine et la Corée. Il existe bon nombre de similitudes. À la base, je crois que l'objectif visé est toujours le même. Chacun des pays utilise des mécanismes différents pour la mise en oeuvre. Il y a bien évidement plus d'une façon d'arriver à ses fins, mais les régimes sont fondamentalement semblables. Il existe quelques différences notables entre le régime canadien et celui de certains autres pays, mais tous exigent notamment le paiement d'une rémunération adéquate et la mise en place d'un site Web pour informer les gens qu'un médicament sera exporté dans le cadre du régime.
Aucun de ces régimes ne s'appuie sur une liste préalablement approuvée de médicaments à exporter ou de pays importateurs admissibles. Parmi les exigences à remplir avant d'obtenir une licence obligatoire — et j'aurais dû le mentionner tout à l'heure, mais j'ai oublié — il y a la nécessité pour le demandeur de tenter d'obtenir du breveté une licence volontaire, au moins 30 jours avant de s'adresser au commissaire pour une licence obligatoire. Cette exigence s'applique dans tous les autres pays, conformément à une obligation établie dans l'ADPIC, article 33(b). La plupart des pays renoncent à l'application de cette exigence concernant la licence volontaire dans des situations d'urgence nationale ou d'extrême urgence.
Les régimes de certains autres pays ne prévoient pas un processus d'examen obligatoire des médicaments destinés à l'exportation. En Suisse et au sein de l'Union européenne, par exemple, un tel mécanisme est facultatif.
Si nous sommes tous réunis ici aujourd'hui, je présume que c'est parce qu'aucun médicament n'a été exporté du Canada depuis l'entrée en vigueur du régime en mai 2005. Il en va de même des régimes des sept pays que je viens de mentionner.
C'est ce qui a incité le ministre de la Santé à annoncer, à la conférence sur le sida tenue en 2006 à Toronto, un examen anticipé du régime. Cet examen a débuté en novembre avec la publication d'un document de consultation. Les parties intéressées disposaient de 60 jours pour soumettre leurs observations concernant le régime. Cette période de consultation est maintenant terminée.
La diapositive 11 résume ces observations de façon très succincte. Au cours de la prochaine semaine, vous pourrez vous adresser directement à la source pour en savoir davantage sur les points de vue des différents intervenants, ce qui fait que je ne m'y attarderai pas davantage aujourd'hui. Pour gagner du temps, je vais passer directement à la diapositive suivante.
Pour ce qui est de l'état de l'examen législatif du RCAM, voilà où nous en sommes aujourd'hui... Malheureusement, certains des groupes qui ne se sont pas exprimés dans le contexte du document de consultation sont ceux-là même que le régime est destiné à servir, à savoir les pays en développement. À ce titre, le gouvernement participera cette semaine à un atelier organisé par des ONG où les pays en développement seront représentés. Nous espérons ainsi avoir une meilleure idée des obstacles systémiques auxquels ces pays sont confrontés quand vient le moment de se prévaloir de la dérogation mise en oeuvre par le Canada et d'autres pays.
Les contributions obtenues à l'occasion de cet atelier et tout nouveau renseignement pouvant émaner des présentes discussions seront intégrés au rapport que le ministre doit déposer à la conclusion de l'examen, ce qui devrait se faire, espérons-le, d'ici la fin du printemps.
Dans l'intervalle, les quatre ministères ici représentés profiteront de toutes les occasions pour promouvoir la participation à notre régime à l'échelle internationale. Vous ne pouvez vous imaginer le nombre de séances d'information que j'ai présentées à différentes délégations, surtout en Afrique. Nous avons également créé un site Web ainsi qu'un guide de l'utilisateur pour le régime de même qu'un CD-ROM que nous avons distribué à différents pays africains.
Merci de votre indulgence.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous parle aujourd'hui au nom du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international. Notre ministère est impliqué dans le Régime canadien d'accès aux médicaments en ce qui concerne les aspects reliés à l'Organisation mondiale du commerce ainsi que ceux associés à la politique étrangère.
Mon collègue M. Fry, qui travaille au sein de la Direction générale de la sécurité humaine et des droits de la personne, est également présent pour répondre à vos questions sur les aspects reliés à la politique étrangère.
[Traduction]
Comme mon collègue d'Industrie Canada a traité de bon nombre des aspects touchant l'OMC dans son exposé, je vais me concentrer sur un changement qui a été apporté depuis que la dérogation a été adoptée.
Au moment de son adoption, la dérogation était considérée essentiellement comme une solution temporaire. Les membres de l'OMC ont donc décidé d'en faire une solution permanente et ont convenu, le 6 décembre 2005, de transformer la décision d'août 2003 concernant la dérogation en un amendement permanent.
Cet amendement a essentiellement pour effet de transposer le contenu de la dérogation sans en modifier les principaux éléments. L'amendement prendra effet lorsque les deux tiers des pays membres l'auront accepté. Ils ont jusqu'au 1er décembre prochain pour ce faire, mais l'échéance pourra être reportée au besoin. Je précise que la dérogation demeurera en vigueur jusqu'à ce que l'amendement prenne effet, ce qui permettra une transition sans discontinuité.
Le Canada a accueilli très favorablement la décision concernant l'amendement, car elle démontre de façon positive comment les membres de l'OMC peuvent collaborer afin de répondre aux besoins des pays en développement et moins avancés. Nous demeurons déterminés à coopérer avec les pays membres de l'OMC pour faire en sorte que l'amendement soit accepté d'ici l'échéance du 1er décembre.
Je vais maintenant vous parler des autres programmes et initiatives visant à aider les pays en développement à traiter les questions de santé.
[Français]
Le Canada est déterminé à aider les pays en développement à gérer les questions de santé, et le RCAM ne constitue qu'un seul des outils utilisés à cette fin. Bien que nous discutions aujourd'hui du RCAM, il pourrait s'avérer utile pour le comité de connaître la portée d'autres programmes et initiatives.
[Traduction]
Je vais vous en faire le résumé.
En juin 2006, lors de la réunion de haut niveau de l'ONU sur le VIH/sida, le Canada s'est engagé, à l'instar d'autres États membres, à appuyer les efforts déployés en vue de progresser vers un accès universel à la prévention, aux soins, aux traitements et au soutien liés au VIH d'ici 2010.
Le G-8 appuie déjà cet objectif de façon sentie et continue. À l'occasion du sommet tenu en juillet 2006 à Saint-Petersbourg, les dirigeants du G-8 ont reconnu qu'un accès accru aux moyens de prévention, aux traitements et aux soins dans de nombreux pays est essentiel pour faire reculer les maladies infectieuses. Les dirigeants ont aussi noté la possibilité pour les pays membres de l'OMC de profiter de la marge de manoeuvre offerte par la dérogation convenue.
En outre, le droit aux normes atteignables les plus élevées de santé physique et mentale est prévu dans de nombreux instruments de l'ONU relatifs aux droits de la personne, notamment la Déclaration universelle des droits de l'homme de l'ONU et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. Bien que ce pacte exige de chaque pays qu'il favorise le droit à la santé au sein de sa propre population, il n'existe aucune obligation entre les États de protéger ce droit dans d'autres pays. Bien que toute aide au développement international, y compris l'assistance relative à la santé, soit une obligation morale, et non juridique, le Canada est l'un des principaux donateurs pour les initiatives liées à la santé dans les pays en développement.
En plus d'être très engagé sur le plan politique, le Canada appuie également un large éventail d'organismes et d'activités qui contribuent à favoriser la santé mondiale et dont bon nombre traitent de la question de l'accès aux médicaments. Chris Armstrong, mon collègue de l'ACDI, vous fournira de plus amples détails à ce sujet dans son exposé.
[Français]
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'exprimer devant le comité. Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Je veux vous exposer très brièvement le rôle de Santé Canada dans le cadre du Régime canadien d'accès aux médicaments.
Nous avons en fait un rôle triple. Premièrement, notre ministère doit procéder à l'examen réglementaire des présentations de médicaments afin de vérifier si le produit répond aux mêmes exigences en termes de sécurité, d'efficacité et de qualité que les médicaments accessibles aux Canadiens. Ces examens portent principalement sur les médicaments génériques; il s'agit de comparer un médicament générique et un médicament breveté pour s'assurer qu'ils sont tous les deux acceptables.
Deuxièmement, nous devons nous assurer que l'on puisse distinguer le produit pharmaceutique de la version brevetée disponible au Canada, conformément à une exigence réglementaire établie. Par exemple, un médicament administré sous forme solide par voie orale doit avoir une couleur primaire différente et porter une indication marquant la distinction. Ces mesures visent à empêcher le détournement ou la réimportation du produit.
Troisièmement, Santé Canada doit procéder aux inspections préalables à l'exportation pour vérifier, entre autres, que les caractéristiques particulières dont je viens de parler sont vraiment présentes et qu'il s'agit bien des quantités qu'on doit exporter. Ces détails sont inscrits sur la demande de licence obligatoire qui est soumise au commissaire aux brevets. Nous devons vraiment travailler en coordination avec le commissaire de manière à réaliser notre examen concernant la qualité, l'efficacité et la sûreté du produit, en communiquer les résultats, puis procéder à nos inspections avant son exportation.
Nous possédons une expérience des deux premiers volets de notre rôle. Autrement dit, nous avons reçu des présentations de médicaments génériques dans le cadre du régime et ces médicaments ont été soumis à notre examen en matière de sécurité, d'efficacité et de qualité, ce qui fait qu'ils sont prêts à passer à l'étape suivante du point de vue de la réglementation des aliments et des drogues. Les vérifications relatives aux caractéristiques distinctives ont également été effectuées. On attend donc pour ces médicaments que le reste du processus soit terminé, à savoir qu'une licence soit octroyée par le commissaire aux brevets.
Pour ce qui est des médicaments présentés, nous ne demandons pas mieux que de continuer à jouer notre rôle en nous assurant de leur qualité, de leur efficacité et de leur sûreté avant qu'ils ne soient mis à la disposition de qui que ce soit. Quant à l'inspection préalable à l'exportation, je dois dire que nous n'avons pas encore acquis d'expérience à ce chapitre. C'est un nouveau processus instauré dans le cadre du régime et d'ici à ce qu'un produit soit prêt à être exporté en vertu d'une licence, nous ne nous livrerons pas à de telles inspections.
Santé Canada considère qu'il ne devrait y avoir aucun problème de deux poids deux mesures — autrement dit, les examens que nous effectuons sont les mêmes que pour les médicaments génériques destinés au marché canadien — ni aucune préoccupation à l'effet qu'un médicament quittant le Canada à des fins humanitaires pourrait présenter certains risques.
Merci, monsieur le président, de m'avoir donné l'occasion de présenter cet exposé.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je travaille au sein de la direction générale des politiques de l'ACDI en tant que conseiller en matière de santé et de VIH/sida. C'est un grand plaisir pour moi d'être ici. Mon exposé sera plutôt bref. Je vais seulement vous présenter un aperçu de la situation en matière de santé dans les pays en développement, vous citer quelques-unes des difficultés auxquelles ces pays sont confrontés pour ce qui de l'accès aux médicaments et vous fournir quelques exemples des efforts déployés par l'ACDI pour appuyer les pays en développement dans le secteur de la santé.
Mon exposé ne sera donc pas très long, mais je suis tout à fait disposé à répondre à vos questions et à vous fournir tous les compléments d'information dont vous avez besoin.
Aux fins de mon exposé, je vais me référer à une présentation PowerPoint. C'est le document bleu que j'espère que vous avez tous en main. Concernant la deuxième diapositive intitulée « Engagements internationaux du Canada dans le domaine de la santé », comme mon collègue Doug George vous a déjà parlé de quelques-uns de ces engagements, je ne vais pas répéter ce qu'il vous a dit.
À ce sujet, j'attire votre attention sur les Objectifs du Millénaire pour le développement qui ont été adoptés en 2000 avec l'adhésion du Canada. Ces objectifs établissent essentiellement le cadre de nos interventions aux fins du développement, les objectifs à atteindre par les pays en développement et ceux au titre desquels le Canada, en tant que pays donateur, leur apporte son soutien.
Quatre des huit Objectifs du Millénaire pour le développement concernent directement la santé. L'un d'eux est de réduire la mortalité infantile. Un autre vise l'amélioration de la santé maternelle. Un dernier qui touche précisément la santé consiste à combattre le VIH/sida, le paludisme et d'autres maladies.
La diapositive suivante concernant la santé dans le monde en développement vise simplement à vous donner un aperçu de quelques-uns des problèmes auxquels les pays en développement sont confrontés en matière de santé. Il ne s'agit d'aucune façon d'un portrait complet de la santé dans le monde, mais j'ai cru que quelques-unes de ces statistiques pourraient vous interpeller.
Si l'on s'intéresse à la santé des mères et des enfants, en lien direct avec les Objectifs du Millénaire pour le développement dont je viens de vous parler, les Nations Unies estiment que 99 p. 100 des décès maternels attribuables à la grossesse ou à l'accouchement et plus de 90 p. 100 des décès infantiles — pour un total ahurissant de 11 millions de morts par année — se produisent dans les pays en développement.
Le paludisme est un autre exemple. Il est responsable de quelque 1,2 million de décès par année, dont environ 1 million en Afrique seulement. Il est donc facile de voir quelles sont les régions les plus touchées.
Pour ce qui est du VIH/sida, un dossier auquel je consacre une grande partie de mon temps, des 40 millions de personnes qui vivent avec le VIH/sida, suivant l'estimation établie par ONUSIDA, on en retrouve plus de 90 p. 100 dans les pays en développement. Le VIH/sida fait encore 3 millions de morts par année et l'on recense annuellement un peu moins de 5 millions de nouveaux cas à l'échelle planétaire. Parmi les quelque 6,8 millions de personnes qui pourraient recevoir, dans les pays en développement tout particulièrement, un traitement antirétroviral, seulement 1,6 million en bénéficient actuellement. Il s'agit d'une nette amélioration par rapport aux chiffres des années précédentes, mais il est bien évident que l'on n'a pas encore atteint l'objectif d'accès universel dont Doug George nous a parlé.
La diapositive suivante traite des difficultés que vivent les pays en développement lorsqu'il s'agit d'obtenir des médicaments. Encore là, ce ne sont que quelques exemples. Il s'agit d'une question complexe qui est assortie de nombreuses difficultés, mais simplement pour vous en donner une petite idée, et traiter également de quelques problèmes non reliés à l'ADPIC, disons que l'inefficacité des systèmes de santé continue de peser lourd sur les pays africains et les autres pays en développement. À titre d'exemple, l'Afrique ne dispose que de 1,3 p. 100 des ressources humaines mondiales en santé, mais elle est aux prises avec 25 p. 100 du fardeau mondial de la maladie. Dans le cas de l'Afrique subsaharienne, on estime que seulement 30 p. 100 de la population a accès à des services de santé de base.
Les pays en développement demeurent confrontés à quelques-uns des problèmes plus spécifiques reliés à l'accès aux médicaments, des problèmes liés à la capacité de ces pays quant aux questions réglementaires et à la chaîne d'approvisionnement. Cela fait partie des questions que les intervenants en développement, y compris l'ACDI, s'efforcent de régler en travaillant auprès des pays en développement.
Le deuxième point est l'inaptitude à profiter de la souplesse prévue par l'ADPIC. C'est une question de capacité et de cadres législatifs au sein de ces pays. On ne connaît pas nécessairement les possibilités offertes par l'ADPIC ou l'on ne dispose pas des personnes possédant les connaissances nécessaires à cet égard ou sur une législation adéquate à l'instar des mesures mises en place par le Canada pour établir des dispositions permettant l'octroi de licences obligatoires. Est-ce que l'équivalent existe dans les pays en développement? Dans bien des cas, la réponse est non.
La dernière difficulté vous est certes familière: il s'agit du manque de financement. Quelles sont les ressources disponibles? Simplement à titre d'exemple, je vous dirais qu'on estime à trois milliards de dollars les fonds nécessaires pour atteindre l'objectif de réduire de moitié l'incidence du paludisme d'ici 2010. À l'heure actuelle, quelque 600 millions de dollars sont dépensés à cette fin. Pour le VIH/sida, les estimations établies par ONUSIDA pour 2007 indiquent des besoins annuels d'environ 18 milliards de dollars. Cette somme s'applique à l'ensemble des questions liées au VIH/sida et pas uniquement au traitement. Les montants actuellement investis se chiffreraient aux environs de huit milliards à dix milliards de dollars, tant en provenance de donateurs que des budgets des pays en développement eux-mêmes.
La diapositive suivante présente un aperçu des priorités de l'ACDI en matière de santé et du travail que nous effectuons auprès des pays en développement pour les aider à améliorer leurs résultats en santé. Les mesures prises peuvent se répartir en deux catégories. Dans un premier temps, il nous faut intensifier les efforts visant à prévenir et à contrôler les maladies à forte charge de morbidité associées à la pauvreté comme le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme. Nous nous attaquons également aux problèmes de santé des nourrissons et des enfants ainsi que de santé sexuelle et reproductive, y compris la santé maternelle. Nous nous intéressons enfin aux questions de sécurité alimentaire et de nutrition. Dans un deuxième temps, il nous faut renforcer les systèmes de santé. Vous vous souviendrez que je viens de parler de leur inefficacité comme d'un obstacle très important à l'accès aux médicaments.
Enfin, la dernière diapositive, résume nos activités — encore là, à des fins d'illustration, et non dans un souci d'exhaustivité — pour l'exercice 2006-2007, qui vient tout juste de se terminer. Les estimations indiquent que nous aurons dépensé quelque 822 millions de dollars pour le soutien au secteur de la santé dans les pays en développement. Cela représente environ 30 p. 100 des dépenses sectorielles totales de l'ACDI.
Si vous me laissez encore quelques minutes, monsieur le président, j'aimerais seulement vous donner quelques exemples de nos programmes. Je suis persuadé que plusieurs d'entre vous connaissez le Fonds mondial de lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme. Le Canada est un important contributeur à ce fonds. Je crois que nous nous situons actuellement au septième rang parmi les donateurs; nous venons d'ailleurs d'annoncer une contribution de 250 millions de dollars sur deux ans. Le fonds contribue grandement à faciliter l'accès aux médicaments dans les pays en développement et il continuera à agir en ce sens. Je suis en outre persuadé que le Canada poursuivra sa participation.
Nous avons également soutenu l'Organisation mondiale de la santé, surtout dans le cadre de ses efforts en faveur de l'accès aux traitements contre le VIH/sida. Si j'ai pu vous dire tout à l'heure que quelque 1,6 million de personnes ont maintenant accès à ce traitement, c'est en grande partie grâce à l'excellent travail accompli par la division de l'OMS s'occupant du VIH/sida, le Canada figurant parmi les principaux donateurs.
Nous avons annoncé récemment des investissements de 450 millions de dollars au cours des deux prochaines années dans le cadre de l'Initiative des systèmes de santé en Afrique. Nous apportons du soutien aux ministères de la Santé des pays africains et du reste de la planète relativement aux stratégies de lutte contre le VIH/sida. La Mozambique et la Tanzanie en sont deux exemples.
J'ai aussi donné l'exemple d'une initiative de peu d'envergure du point de vue financier, mais que j'estime importante dans le dossier qui vous intéresse. Je n'entrerai pas dans les détails, parce que je crois que vous allez recevoir les représentants de l'Université de Toronto plus tard cette semaine pour discuter de l'Initiative d'accès aux médicaments. Il s'agit en fait d'un soutien que nous avons fourni à l'Université de Toronto pour qu'elle travaille auprès du gouvernement du Ghana afin de l'aider à tirer parti des flexibilités qu'offre l'ADPIC. L'Université de Toronto a également entrepris de nouveaux travaux sur les approches régionales en matière d'accès aux médicaments.
Le dernier exemple est le dispositif mondial pour l'approvisionnement en médicaments antituberculeux, une mesure que le Canada finance généreusement après avoir contribué à sa mise en place. Jusqu'à maintenant, ce dispositif a permis de traiter plus de six millions de patients. Notre soutien financier se chiffre à environ 90 millions de dollars.
Merci, monsieur le président.
:
Pour ce qui est de la rémunération, il est difficile de dire ce qui est raisonnable. Ce qui l'est dans un contexte ne l'est pas dans un autre. Ici, au Canada, nous avons adopté un genre de formule qui calcule les redevances que doivent payer les détenteurs de licence aux brevetés en fonction du statut de développement du pays importateur. Lorsqu'un détenteur de licence doit calculer combien il doit payer au breveté, il consulte la liste des pays en développement des Nations Unies et fait un calcul en fonction du rang qu'occupe le pays dans cette liste.
Par exemple, la Sierra Leone est le pays le moins développé de la liste. En effet, parmi les 176 pays, elle occupe le 176e rang. Selon la formule que nous avons établie par l'entremise du règlement, les redevances dans ce cas seraient de 0,02 p. 100. Pour ce qui est du pays qui occupe le premier rang de cette même liste, le taux serait aux alentours de 4 p. 100. Il s'agit du taux le plus élevé.
Nous ne sommes pas les seuls à utiliser cette formule. C'est le Canada qui l'a conçue, mais la Suisse a adopté la même. Je pense que d'autres pays d'Europe ont établi une redevance de 4 p. 100. Vous voyez que ce taux se situe entre 0,02 p. 100 et 4 p. 100. Pour ce qui est des redevances, nos taux sont dans le même ordre de grandeur. Il faut dire que de 1969 à 1992, le Canada a appliqué un système de licence obligatoire pour les médicaments. Ce dernier prévoyait, dans un contexte commercial, une redevance de 4 p. 100. Nous nous situons toujours en-deçà de ce seuil.
Pour ce qui est de la façon d'utiliser la dérogation à des fins non commerciales, le Canada a essayé de mettre en oeuvre cette obligation en vertu des articles 21.16 et 21.17. Selon ces derniers, le détenteur de brevet peut contester une licence accordée à un fabricant de médicaments génériques si le prix du produit est égal ou supérieur à 25 p. 100 du prix moyen au Canada du produit équivalent vendu par le breveté. C'est de cette façon que le Canada a appliqué ce concept. Parmi les huit pays qui ont mis en vigueur la décision, le Canada est le seul à avoir prévu une mesure précise pour mettre en oeuvre cette obligation.
:
Je vous remercie pour cette question. Nous faisons tellement pour ces choses. J'étais venu ici pour vous parler particulièrement de l'aspect de la santé, dont je suis plus au courant, alors il se peut que je doive vous communiquer ultérieurement des détails sur les autres aspects, comme l'environnement, le transport et l'infrastructure. L'ACDI ne s'investit pas autant dans certains de ces domaines que, surtout, dans celui de la santé. C'est notre principal domaine d'intérêt.
Cela étant dit, tous ces aspects sont interreliés, comme je l'ai dit, au plan des défis qu'ils posent pour les pays en développement. Je ne faisais qu'en décrire quelques-uns. Mais le message important à retenir, c'est que ce sont des problèmes que nous arrivons à surmonter. Il y a quelques années à peine, si quelqu'un venait devant votre comité parler du traitement contre le VIH et le sida, on vous parlait d'obstacles, et on vous disait que presque personne ne bénéficiait de tels traitements en Afrique. Ils étaient vraiment très peu. Maintenant, plus d'un million de personnes sont traitées contre le VIH et le sida en Afrique. C'est grâce aux moyens novateurs d'administrer les soins médicaux, au renforcement des systèmes de santé, aux dons plus généreux des donateurs, et aux pays en développement eux-mêmes qui investissent plus dans les systèmes de santé, la nutrition et l'eau salubre.
Ces défis n'ont pas disparu, mais il y a eu, vraiment, de grands succès, et le Canada y a certainement été un important participant. Dans cette période, le fonds mondial, dont j'ai parlé plus tôt, a investi d'énormes ressources en santé, pour le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose.
Tout cela, absolument, est spécifiquement lié au RCAM, qui a créé les conditions propices pour que les pays en développement puissent livrer les médicaments. Le RCAM est une initiative très spécifique en ce sens qu'il favorise, nous l'espérons, une plus grande disponibilité et crée plus d'occasions pour les pays en développement d'accéder aux médicaments, et qu'il permet aux fournisseurs canadiens, par la licence obligatoire, de le faire. Il y a donc bien des solutions, et de meilleures solutions pour que les pays en développement puissent accéder aux médicaments.
C'est spécifiquement pour l'achat et la disponibilité de médicaments à prix abordable. Mais vous avez raison, tout cela s'insère dans un contexte beaucoup plus vaste dans lequel le Canada a lourdement investi, et où il a remporté d'importantes victoires. Nous continuerons d'y investir, et de faire encore plus.
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Nous avons tous eu l'occasion, chacun de nous, à cette table, de dialoguer avec les représentants de ces pays. Nous avons d'ailleurs dressé une liste, en plus du site Web qui a été créé, et des guides d'utilisation en ligne ainsi que le cédérom que nous avons distribué, de toutes les activités d'information que nous avons menées. Elle est assez longue.
Du moins de mon côté, d'après ce que j'ai entendu... c'est en trois parties, en fait. J'ai fait des présentations sur le Régime au groupe africain dans le cadre du Conseil des ADPIC à Genève, ainsi qu'à plusieurs délégations africaines. Au départ, ce que j'ai entendu, c'est qu'ils s'intéressaient plus au transfert technologique — et on peut le comprendre. Ils veulent pouvoir régler d'eux-mêmes de ces question de santé publique, au bout du compte. C'est une chose.
L'autre, c'est qu'ils n'ont pas l'infrastructure administrative nécessaire pour vraiment s'en prévaloir. Comme je le disais au début, le pays importateur doit respecter diverses modalités et conditions rigoureuses. Il doit notamment déterminer si le médicament est breveté chez lui et indiquer, dans l'affirmative, s'il a délivré ou peut délivrer une licence obligatoire. Si ce n'est pas l'un des pays les moins développés, il doit indiquer s'il a des capacités insuffisantes, ou pas de capacité de produire le médicament.
Cela peut paraître relativement simple aux habitants des pays développés, mais pour eux, cela semble poser un obstacle à l'utilisation.
Et puis la dernière chose, c'est l'aspect des ressources financières, bien évidemment.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Il semble que cette question de savoir s'il y a eu une réaction populaire aux demandes portant sur quelque chose qui, selon nous, réglerait une crise internationale... D'après nous, ce sera utile. Tous ces pays en ont désespérément besoin, alors il est permis de penser qu'il pourrait y avoir un, deux ou trois... En fait, il serait permis de penser qu'il pourrait y en avoir 35 ou 50 qui saisiraient l'occasion s'il y avait une espèce de moyen pratique ou facile de le faire. Nous savons que les compagnies font preuve de générosité. Pourtant, au bout du compte, rien ne semble se passer.
Cela étant dit, j'aimerais seulement demander pourquoi le Canada semble toujours être le premier à agir, avec toutes ces décisions de l'OMC? Prenons l'exemple de l'agriculture, à propos de notre conformité à la déclaration de Doha. Dans votre liste des pays qui ont mis en oeuvre la décision de l'OMC, il semble encore qu'il n'en est pas question. Vous avez parlé de la Suède, de la Norvège et des Pays-Bas, mais ne font-ils pas partie de l'Union européenne? Et puis vous avez parlé de l'Union européenne. Il ne nous resterait donc que la Corée du Sud, l'Inde, la Chine, l'Union européenne et le Canada, dans ceci. Peut-être pourriez-vous commencer par là.
Je comprends que le Canada aime être le leader et a besoin de l'être, et qu'il le démontre parce que nous avons de la compassion, de l'empathie, et une fonction publique compétente qui veut concrétiser ceci, mais il semble que personne ne se manifeste, bien que nous ayons tout préparé et que c'est prêt.
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Je vous remercie pour cette question.
Il ne manque pas de tribune de la santé dans le monde, où ces questions sont soulevées. Les pays en développement se réunissent avec les donateurs, les organismes des Nations Unies et d'autres organes multilatéraux, comme le fonds mondial, pour discuter des questions de santé.
Il n'en manque certainement pas au Canada. En sa qualité de participant aux enjeux de la santé mondiale, je ne prétendrais pas que nous assistons à toutes les conférences sur la santé. Nous y assistons toutefois quand c'est pertinent, et quand nous estimons que le thème traité est important. Il est certain que c'est un aspect que nous soulevons et dont nous discutons à toutes les occasions qui se présentent, quand c'est le plus logique. Nous le faisons dans le cadre des conférences internationales sur le sida tout comme de congrès de haut niveau sur la santé.
L'un de mes collègues est censé assister à une réunion sur l'accès aux médicaments vers la fin de cette semaine, au Royaume-Uni.
Nous donnons notre appui à une rencontre qui doit avoir lieu ici, à Ottawa, dont a parlé mon collègue Doug Clark, qui réunit les pays en développement avec les représentants du gouvernement, les ONG et les membres de l'industrie pour parler précisément de l'accès aux médicaments et examiner certains des défis qui se posent aux pays en développement et à l'industrie pour réaliser ceci.
L'un des grands problèmes, qu'il nous faut comprendre, c'est que le gouvernement du Canada ne fournit pas les médicaments. Ce sont les fabricants et l'industrie pharmaceutique du Canada qui, au bout du compte, fourniront les médicaments dans le monde entier. Il faut des efforts pour que tout cela puisse se faire aussi.
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Merci, monsieur le président.
Dimanche dernier, j'ai eu la chance d'être dans ma collectivité pour participer à des cérémonies pour commémorer le 13e anniversaire du génocide au Rwanda. Un des chapitres les plus sombres de ce génocide, c'est le fait que nous ayons assisté à cette catastrophe sans rien faire. Par ailleurs, nous assistons actuellement au Rwanda à une explosion de sida et d'un certain nombre d'autres maladies différentes à cause de ce qui est arrivé là-bas. Ils sont sérieusement touchés par cette maladie maintenant.
Il semble que cela se produit également dans un certain nombre de pays à l'heure actuelle. Nous avons une loi. Il est toujours utile de voir là où vous allez ou là où vous voulez aller en revenant à votre point de départ. Et à notre point de départ, il était assez clair que nous voulions devenir un modèle, donner l'exemple aux autres nations, pour adopter une loi qui permettrait d'avoir des médicaments que l'on pourrait envoyer dans les pays en développement partout dans le monde, et pas seulement en Afrique, pour lutter contre la tuberculose, le paludisme et une série de maladies différentes.
Maintenant, nous nous sommes heurtés à ces difficultés de notre côté, du fait que nous sommes des pionniers en cette matière. Y a-t-il eu des discussions entre nos différents ministères ou les ministres de nos pays frères qui se retrouvent, encore une fois, dans cette situation, où notre loi, peu importe quelle était son intention, ne produit pas de résultats tangibles pour les personnes qui sont touchées par ces maladies et les pays que nous avions dit que nous aiderions... venant du pays qui a été le premier à demander à l'OMC de faire cela? C'est là que tout a commencé. Y a-t-il eu cette discussion avec nos collègues qui ont effectivement présenté ou élaboré un texte législatif qui ne fonctionne pas, comme c'est le cas pour tous ceux d'entre nous qui avons tenté de le faire?
J'ai essayé, tout au long de vos présentations, de ne pas faire le bilan des réussites du système. Je résiste à peine.
Une trentaine de pays, de concert avec l'Organisation mondiale du commerce, ont conclu des ententes pour faire exception à des lois importantes. Au Canada, on a amorcé des négociations avec deux entreprises, soit Apotek et une autre, dont le nom est confidentiel, pour voir si on pourrait y arriver. À 15 h 30 cet après-midi, quand nous nous sommes réunis, pas une seule pilule n'avait été envoyée dans un pays sous-développé par un seul des 30 pays, y compris ceux de l'Union européenne. Pas une! Des dizaines de milliers de mots plus tard, à 17 h 6, je parie que pas encore une seule pilule n'a été envoyée.
Je vois à cette table une organisation aussi prestigieuse que Santé Canada, qui me dit qu'elle veille à ce que les pilules qu'on enverra un jour soient distinctes de celles qu'on vend au Canada. Je vois une organisation aussi sérieuse que le ministère des Affaires étrangères du Canada nous dire avoir établi tous les contacts nécessaires avec les organismes internationaux pour gagner une certaine efficacité, mais qui n'est pas encore capable d'émettre des passeports à temps pour les Canadiens qui en ont besoin. Je vois le chef d'équipe VIH/sida, qui est devenu, dans le monde entier, le père Noël avec une feuille d'érable, mais qui n'a pas encore pensé que cela aurait été une bonne idée d'envoyer des médicaments que des compagnies auraient pu fournir.
Si j'avais acheté une boîte d'Advil avant de venir à cette séance du comité et que je l'avais envoyée à un directeur d'hôpital à Ouagadougou, j'aurais fait plus que tout ce que vous avez réussi à faire avec 30 pays en deux ans.
Puisque vous avez le mandat, à Industrie Canada, de réexaminer cette entente en vue de l'améliorer, j'essaie de comprendre ce que cela vous prendra de plus pour avouer que votre projet est un misérable échec. De quoi avez-vous besoin de plus pour arrêter de faire des voyages un peu partout afin d'essayer de convaincre les gens? De quoi avez-vous besoin de plus pour que ce système soit le moindrement efficace? Qu'attendez-vous pour abandonner et passer à autre chose?
En tant que président, je vais vous poser quelques questions, puisque tous les autres membres ont eu l'occasion de le faire au moins une fois.
Monsieur Clark, vous avez mentionné quelques renseignements sur les activités de rayonnement que vous avez effectuées dans les pays en développement. Vous n'avez pas besoin de les aborder au complet maintenant, mais si vous avez ces renseignements à portée de la main, pouvez-vous nous fournir tout ce que vous avez, peut-être par écrit, sur les initiatives que vous avez entreprises? Le CD que vous avez mentionné pourrait s'avérer très utile.
La deuxième question que j'aimerais soulever, c'est la question des annexes. À la page 11 de votre exposé, vous avez les « Positions des intervenants sur le RCAM », où vous dites que les ONG « souhaitent une libéralisation immédiate du régime, (p. ex. éliminer les restrictions quant aux importateurs et aux médicaments admissibles...). »
Vous avez également mentionné plus tôt, à la page 9, que parmi les autres pays ayant élaboré une loi similaire à la nôtre, « aucun ne s'appuie sur des listes préalablement approuvées d'importateurs admissibles ou de médicaments. » Je crois que vous avez dit aujourd'hui que le fait d'avoir ces annexes facilitait en réalité, ou faciliterait, la livraison plus rapide des médicaments. Pouvez-vous expliquer pourquoi le Canada a choisi cette voie et s'il serait effectivement plus rapide, comme certains l'ont suggéré, d'éliminer ces annexes.
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Ma deuxième question concerne le nombre d'entreprises et d'ONG...
Il y a deux cas. Le premier est un cas public et l'autre est confidentiel, en ce qui a trait à l'acceptation du système. À la page 10, vous faites la déclaration suivante:
• Le ministre de la Santé a annoncé un examen anticipé du RCAM....
• Le 24 novembre 2006, le gouvernement a publié un document de consultation....
• Au cours de la période de consultation subséquente d'une durée de 60 jours, Industrie Canada et Santé Canada ont reçu environ 30 observations écrites de parties intéressées....
De toute évidence, il y a un intérêt envers la loi, envers la question. Un système est déjà en place. Je ne suis pas sûr si c'est le système qui ne fonctionne pas bien ou si c'est l'acceptation dans le système. M. Byrne a certainement soulevé des questions valides pour savoir si vous avez besoin d'un certain leadership de la part de l'ACDI.
En ce qui concerne le système, nous n'avons pas beaucoup de cas pour analyser si cela fonctionne bien ou non. Le seul cas qui est public et dont on peut parler, c'est le cas d'Apotex et d'un médicament qui s'appelle, je crois, APO-TriAvir. Selon les observations d'Apotex présentées à l'examen de cette législation par le gouvernement, tel que prévu par la loi, cela ne s'est pas encore produit à cause de la complexité du processus; rien n'a donc bougé depuis.
En utilisant seulement ce cas, car c'est le seul cas dont on peut parler, pouvez-vous expliquer au comité l'élaboration de ce processus et pourquoi ce processus n'a pas progressé du point de vue de la réglementation?