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Je vous remercie, monsieur Rajotte.
Monsieur le président, Bell Canada estime que le cadre du ministre Bernier pour l'abstention de réglementation des services de détail dans les marchés téléphoniques locaux est approprié et qu'un tel cadre aurait dû être adopté depuis longtemps. Le ministre a devant lui les données qui prouvent que le Canada a pris du retard par rapport au reste du monde dans un secteur crucial de l'économie. Il a l'appui des consommateurs — vos électeurs, nos clients — ceux-là mêmes qui devraient bénéficier aujourd'hui de la concurrence, mais qui en sont privés. Il a l'appui des chambres de commerce, des représentants des travailleurs et des entreprises, grandes et petites, d'un océan à l'autre.
Avec la mise en oeuvre de la proposition du ministre, les Canadiens commenceront enfin à profiter d'une concurrence vigoureuse. Bell se prépare déjà au jour où le décret proposé sera en vigueur, et met au point des offres nouvelles, innovatrices, qui procureront une valeur supérieure aux consommateurs. Des offres que nous ne pouvons pas faire maintenant, mais que nos concurrents ont le droit de faire. Des promotions adaptées aux différents besoins des clients — les gens qui déménagent, les personnes qui essaient de nouveaux services ou celles qui veulent simplement améliorer leurs services existants. Des forfaits qui permettent aux consommateurs d'obtenir la vraie valeur de services multiples.
Les consommateurs veulent maintenant ces avantages. Pourtant, vous n'avez pas entendu la voix des consommateurs parmi vos nombreux témoins, seulement les doléances des concurrents, particulièrement ceux du marché des services de gros, dont l'existence même dépend du gouvernement. Des 12 témoins que vous avez entendus jusqu'ici, neuf étaient soit des concurrents, soit des représentants des concurrents. Les seuls experts indépendants que vous avez entendus — le vice-président du CRTC, Richard French, la commissaire de la concurrence, Sheridan Scott, et Hank Intven représentant le Groupe d'étude sur le cadre réglementaire des télécommunications — appuyaient tous essentiellement les propositions du ministre. Et pour paraphraser le groupe « The Who » — et trahir mon âge — « Don't get fooled again », ne vous laissez pas prendre une autre fois.
Lors de ma dernière comparution devant vous, j'ai cité un sondage mené auprès des consommateurs en 2005 par Decima, qui avait été commandé par Bell, Telus et le Centre pour la défense de l'intérêt public — chacun ayant revu et approuvé les questions. Dans ce sondage, 89 p. 100 des Canadiens estimaient que les mêmes règles devraient s'appliquer aux compagnies de téléphone et aux entreprises de câblodistribution. Cet appui à des règles du jeu uniformes et à une concurrence ouverte est resté ferme d'un sondage à l'autre.
Les efforts subséquents pour alarmer les Canadiens au sujet de changements de la réglementation, par ceux qui prétendent parler au nom des consommateurs, n'ont pas affaibli la volonté des consommateurs. Tout au contraire, leur volonté s'est renforcée, comme nous l'avons constaté après avoir commandé à Ipsos Reid un sondage exhaustif auprès des consommateurs au début de janvier. Maintenant, 93 p. 100 des consommateurs croient que les politiques fédérales devraient traiter de façon égale tous les concurrents du secteur des télécommunications. Soixante-dix-sept pour cent sont d'avis que le consommateur — et non la réglementation gouvernementale — devrait déterminer le prix qu'il faut payer pour les services téléphoniques locaux; 79 p. 100 croient que les compagnies de téléphone devraient pouvoir offrir des promotions; et 85 p. 100 sont d'avis que les compagnies de téléphone devraient pouvoir entrer en concurrence immédiate pour récupérer leurs clients. Notons, de plus, que ces chiffres sont très semblables partout au pays.
Comme l'a signalé le Groupe d'étude sur le cadre réglementaire des télécommunications, pendant trop longtemps la politique et la réglementation des télécoms ont visé la protection des concurrents, perçue à tort comme nécessaire. Les entreprises de câblodistribution n'ont pas besoin de protection — elles sont parmi les plus vastes et les plus florissantes entreprises au Canada, elles ont des réseaux omniprésents, offrent des produits multiples et misent sur des clientèles bien établies.
Un an s'est écoulé depuis que le rapport sur le cadre réglementaire des télécommunications a signalé l'urgence de procéder à un retrait progressif, sur une période de 12 à 18 mois, de la réglementation des services de détail. Il n'y a pas encore eu d'abstention de réglementation. Aucune. Pourtant, au cours de la même période, les quatre câblodistributeurs les plus importants ont vu leur capitalisation boursière combinée augmenter de 14,4 milliards de dollars. Il s'agit d'une hausse de 61 p. 100. Vous avez été témoins d'un vaste transfert de richesse, en grande partie provenant des consommateurs, en faveur des propriétaires des entreprises de câblodistribution. Pourquoi? Parce que les consommateurs n'ont pas encore vu les avantages financiers qu'ils attendent d'une concurrence vigoureuse.
Monsieur le président, le Groupe d'étude sur le cadre réglementaire des télécommunications a conclu, il y a un an, que le Canada accusait du retard par rapport au reste du monde en matière de politique de télécommunications. Le message du groupe d'étude était clair : « L'urgence de la réforme... et les contraintes de temps imposées par le processus législatif » exigent la prise de mesures « dans le contexte du cadre législatif actuel, avant les modifications législatives, afin d'amorcer le processus de la réforme plus tôt. »
En agissant de façon décisive, le ministre ne va pas trop vite ni trop loin. De notre point de vue, il procède trop lentement, et nous croyons que c'est l'avis également des consommateurs.
Comme vous l'a dit M. French la semaine dernière, le ministre agit clairement à l'intérieur de ses attributions. Et il a proposé un critère économique approprié, appuyé par le Bureau de la concurrence et le Groupe d'étude sur le cadre réglementaire des télécommunications. Il a décidé de prendre des mesures et d'exercer les pouvoirs qui lui sont dévolus par la Loi sur les télécommunications.
David Lloyd George, lui-même un grand parlementaire, a dit un jour : « Ne craignez pas de prendre une grande décision quand elle s'impose. On ne peut franchir un gouffre énorme en deux courts bonds. » C'est le genre de leadership qui permettra aux consommateurs de finalement profiter des avantages complets d'une concurrence directe pour obtenir leur clientèle.
Je vous remercie.
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Monsieur le président, membres du comité, c'est un honneur pour moi d'être ici.
Bell Aliant communications régionales succède aux compagnies qui, pendant de nombreuses années, ont fourni les services téléphoniques dans les quatre provinces de l'Atlantique. Depuis le mois de juillet de l'année dernière, nous avons également fait l'acquisition des activités régionales de Bell Canada en Ontario et au Québec. Ainsi, nous exerçons nos activités sur un territoire plutôt vaste qui s'étend sur six provinces.
Le territoire que nous desservons comprend certaines des régions les plus rurales et les plus éloignées du Canada. Il compte de plus certains des marchés des télécommunications les plus concurrentiels au Canada. En fait, la téléphonie par câble a débuté il y a huit ans en Nouvelle-Écosse avec l'arrivée sur le marché du câblodistributeur EastLink. Le CRTC lui-même a reconnu l'intense rivalité concurrentielle qui existe dans différentes parties de notre région. Comme EastLink le proclame sur son propre site Web, l'indicatif régional 902 est « le central téléphonique le plus concurrentiel en Amérique du Nord ».
Nous pouvons donc pardonner aux clients de se demander pourquoi, après huit ans de concurrence, nous ne leur offrons toujours pas le même type de forfaits de services que nos concurrents leur proposent; pourquoi nous ne pouvons leur offrir le même type de promotions que nos concurrents leur offrent; pourquoi nous ne pouvons leur offrir d'annuler leurs frais de service lorsqu'ils songent à s'abonner à nos services; pourquoi, en fait, nous ne pouvons même pas communiquer avec eux — non seulement pour leur parler de notre service téléphonique local, mais aussi de tout autre service que nous offrons — au cours des trois mois qui suivent leur abonnement au service local d'un concurrent.
Les clients ne comprennent pas ces règlements. En fait, la plupart des gens auxquels j'ai parlé ont du mal à me prendre au sérieux quand je leur explique que de tels règlements existent toujours sur le marché. De plus, c'est vraiment le cas.
Monsieur le président, il y a près de trois ans, nous avons demandé au CRTC d'éliminer la réglementation des prix de détail dans certaines régions du Canada atlantique, plus particulièrement à Halifax. Deux ans plus tard, cette requête a été refusée en raison de la décision d'abstention dont il est question ici, et ce, malgré le fait qu'à la fin de 2005 nous ayons perdu 35 p. 100 de nos services de téléphonie fixe. Nous pouvons pardonner aux Canadiens de l'Atlantique de voir dans cette situation une injustice découlant de ce cadre de réglementation.
C'est pourquoi, dans nos observations sur le décret proposé, nous avons demandé au gouvernement de rectifier la situation en accordant une abstention à Halifax. Halifax doit certainement être ajoutée à la liste des villes à traiter en priorité. Il serait ironique en soi que la région de l'Atlantique, où se trouve le marché le plus concurrentiel au pays, ne soit pas présente sur cette liste.
Sauf le respect que nous devons au CRTC, celui-ci a, selon nous, perdu de vue l'objectif de la réglementation qui est de protéger les consommateurs contre des prix potentiellement élevés dans des secteurs d'activités pour lesquels ils ont peu ou pas de choix. Comme l'a confirmé le groupe d'étude qui a procédé à l'analyse de la politique des télécommunications, le CRTC a plutôt essayé de protéger les concurrents des forces du marché par l'imposition de règlements qui ont depuis longtemps été abandonnés dans d'autres pays ou qui n'y sont même jamais entrés en vigueur. Ironiquement, la plupart de ces pays qui sont beaucoup moins réglementés disposent d'infrastructures bien moins concurrentielles que le Canada.
C'est pour toutes ces raisons que nous appuyons aussi fermement le leadership que reflètent les modifications proposées à la décision d'abstention du CRTC présentées par le ministre.
Bon nombre des opposants à ces modifications, qui sont en grande partie nos concurrents bien établis et bien financés, ont essayé de faire peur au public en évoquant des conséquences désastreuses découlant de ce qu'ils appellent la « déréglementation ». Soyons clairs, monsieur le président : ce qui est proposé dans le décret n'est pas une déréglementation, loin de là. N'oubliez pas ce que les modifications proposées apporteront.
Dans les régions où le critère de la concurrence n'a pas été satisfait, selon toute probabilité dans les régions plus rurales, le CRTC imposera toujours une réglementation complète sur les services de détail, dont les règlements sur les prix et la qualité du service. Mais même dans les régions où le critère de la concurrence a été satisfait et l'abstention accordée, un prix de détail plafond demeurera en vigueur pour tous les clients du service résidentiel. Je vous pose la question : Combien d'industries concurrentielles se voient imposer cela?
De plus, le CRTC continuera de réglementer les services et les interconnexions essentielles de gros, s'assurant ainsi que la concurrence ne sera pas freinée. Il continuera d'imposer des règlements sociaux pour s'assurer que les services comme le service d'urgence 911 et les services pour les personnes handicapées continueront d'être fournis.
Je vous demande donc de réfléchir à cette question : Est-ce que cette réalité correspond à l'image de déréglementation généralisée que nos concurrents tentent de vous faire valoir lorsque le décret proposé sera adopté? Je crois que nous pouvons nous entendre pour dire que tel n'est pas le cas.
S'agit-il d'une réforme? Oui, le mot est juste. Une réforme réglementaire qui aurait dû avoir lieu depuis longtemps. Une réforme qui est en harmonie avec les règlements adoptés par les principaux partenaires commerciaux du Canada, avec les types de réformes recommandées par le groupe d'étude qui a procédé à l'analyse de la politique des télécommunications il y a près d'un an, avec les désirs des clients et des entreprises canadiennes et avec ce qu'ils méritent.
Le Canada ne peut se permettre de remettre à plus tard une réforme réglementaire alors que d'autres nations ont déjà pris les devants et vont de l'avant. Ofcom, l'organisme de réglementation du Royaume-Uni, a constaté récemment, lorsqu'il a levé les restrictions sur les prix de détail, que « la réglementation, si elle est trop importante, peut avoir des effets négatifs sur le développement de la concurrence, l'innovation du service et les investissements à long terme ».
Il est également important de ne pas oublier la relation qui existe entre la productivité et la réglementation. Dans une étude parue l'an passé, l'OCDE a remarqué une productivité inférieure dans les pays qui ont une politique d'encadrement du marché plus restrictive.
Pour toutes ces raisons, nous croyons, monsieur le président, que le Canada devrait adopter la réforme de la réglementation dans ce secteur essentiel de notre économie. Nous pouvons faire un grand pas dans cette direction en mettant en oeuvre les types de modifications incluses dans le décret proposé.
Merci à vous, monsieur le président, et aux membres du comité.
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Je vous remercie, monsieur le président.
En ce qui concerne les observations faites plus tôt par M. Hunter, je tiens à le rassurer, de même que tous les autres : notre greffier fait de son mieux pour s'assurer que toutes les parties intéressées auront la possibilité de comparaître devant le comité. Il s'agissait vraiment d'une question du premier arrivé, premier servi.
Monsieur Hunter, je suis un peu déconcerté par vos commentaires mais pas surpris. Je sais que le PIAC, le Centre pour la défense de l'intérêt public, a comparu devant nous, et vous savez qu'il a comparu devant nous, et qu'il n'appuyait pas à l'époque la décision initiale. L'Union des consommateurs n'a pas appuyé la position du gouvernement non plus, et je suis sûr qu'il y a d'autres groupes de consommateurs que nous entendrons au cours des jours à venir.
Mais je suis surtout déconcerté par les commentaires que vous avez faits au sujet des consommateurs. Il existe un sondage que vous-mêmes, monsieur Carrie et le gouvernement avez cité constamment, un sondage que vous avez commandé, d'après ce que je crois comprendre. Il s'agit du plus récent sondage Ipsos Reid, d'où vous tirez les chiffres de 93 p. 100 et de 77 p. 100 —
Il s'agit du sondage Ipsos Reid que votre entreprise a commandé.
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Tout d'abord, je ne suis absolument pas d'accord avec l'interprétation que vous faites de notre position. Nous sommes ceux, comme vous le savez peut-être, qui depuis longtemps incitent le gouvernement — y compris votre gouvernement, j'ajouterais, qui a mis sur pied le groupe d'étude en question — à faire une étude exhaustive, non seulement de la réglementation mais du secteur des technologies de l'information et des communications.
En passant, permettez-moi simplement de paraphraser un extrait de l'étude de l'OCDE, que M. Henry a cité. La productivité est un grave problème dans notre pays. L'étude de l'OCDE indique que depuis 1995 le Canada, à cause d'une réglementation excessive, a vu sa productivité diminuer de 0,75 p. 100 chaque année.
Imaginez ce que cela signifierait pour la productivité de notre économie. Notre secteur fait l'objet d'une réglementation excessive. L'OCDE et de nombreux autres organismes internationaux sont du même avis: la réglementation est excessive.
Mais permettez-moi de revenir au point que vous avez soulevé à propos de l'étude dans son ensemble. En ce qui concerne l'aspect réglementaire et économique, j'ai examiné —
C'est vous qui avez posé la question, monsieur McTeague. Voulez-vous une réponse ou non?
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Hunter, vous citez David Lloyd George, qui disait « Ne craignez pas de prendre une grande décision quand elle s'impose. On ne peut franchir un gouffre énorme en deux courts bonds. » Je vous dirais, néanmoins, qu'on n'est pas obligés de se précipiter dans le gouffre. Il faut prendre le temps d'étudier la situation.
Le ministre, dans toute sa bonne volonté, a voulu précipiter les choses, mais il semble s'être rendu compte que l'idée de faire une étude approfondie n'était pas si mauvaise. On peut lire ce qui suit, en date du 9 février dernier :
Je serais très heureux de me présenter devant INDU pour discuter des télécommunications avec les membres du Comité. Compte tenu de mon horaire très chargé, je crois que le 19 février 2007 serait la première date à laquelle j'aurais des disponibilités.
Il semblait donc trouver l'idée acceptable. Il doit répondre d'ici le 6 avril. On va essayer de lui donner un avis.
Plus loin, il disait ce qui suit :
Je compte sur le Comité pour fournir une contribution importante aux discussions entourant ces questions et à la compréhension de ces questions.
Ça inclut même la question de la propriété étrangère. La téléphonie est une question, soit, mais l'ensemble du cadre stratégique qui nous est donné exige une étude plus approfondie.
Cela dit, j'aimerais savoir si vous seriez prêt à recommander des modifications à la directive actuelle du ministre. Il s'agit de voir si nous pourrions tenir compte des commentaires qui nous sont faits, entre autres par les groupes représentant des consommateurs, de façon à nous sentir suffisamment protégés. Pour nous, le commissaire de la concurrence évoque le pétrole, l'essence. Or, ce modèle, les conservateurs ne le trouvent pas trop sûr. Avant de se lancer dans une opération du genre, ils veulent être sûrs que le garde-fou est suffisamment solide.
Qu'en pensez-vous?
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Faisons un petit rappel historique. Il n'y avait pas de règles de reconquête pour les câblodiffuseurs, pas du tout. Comme vous le savez, ils ont eu droit à la déréglementation lorsqu'ils ont perdu 5 p. 100 de leur part du marché, il y a longtemps. C'était parce qu'on présumait que la diffusion par satellite était un concurrent omniprésent des câblodiffuseurs.
En réalité, les propriétaires de condominiums ou ceux qui vivent en appartement savent que la diffusion par satellite n'est pas un concurrent efficace dans ces cas-là. On parle de part de marché élevée. Nous avons fait une étude de la part de marché de Rogers pour le vidéo, dans les immeubles à logements multiples de Toronto qui représentent 40 p. 100 de tous les ménages. Je crois bien que cela équivalait à 90 p. 100 ou plus, parce qu'il n'y a pas de réelle concurrence.
Quand la règle de reconquête nous a été imposée, nous nous sommes plaints au conseil, en affirmant qu'il devrait y avoir cette règle. Ils ont eu 90 jours, mais cela ne s'applique qu'aux immeubles à logements multiples et nulle part ailleurs.
En passant, il y a deux ans, j'ai dit publiquement à Ken Engelhart que je n'y croyais pas et que j'étais prêt à m'entendre avec lui pour qu'ensemble nous demandions au conseil de retirer cette règle. Il ne m'a pas répondu. J'ai donné suite à cette proposition, en disant à Ken que j'avais préparé la proposition, que j'étais prêt à appuyer l'élimination de cette règle pour lui, s'il l'appuyait pour nous. Savez-vous ce qu'il a répondu?
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Non, pas du tout. Je ne sais pas bien par où commencer.
Au Nouveau-Brunswick, il y a Rogers à Moncton, Fredericton et Saint John, où se trouve environ 30 p. 100 de la population, et Rogers sera bientôt à Bathurst, Edmundston et deux ou trois autres villes, où se trouve environ 30 p. 100 de la population aussi.
Il y a ensuite EastLink à Sackville, au Nouveau-Brunswick. À l'Île-du-Prince-Édouard, EastLink occupe pratiquement toute l'île. En Nouvelle-Écosse, EastLink a une grande partie de la province, pas seulement Halifax et Sydney. Nous avons Wolfville, Kentville, Mount Uniacke, Mahone Bay. Il s'agit de toutes petites collectivités.
À Terre-Neuve, Persona a annoncé son projet d'investir le marché résidentiel en force, et nous avons déjà la concurrence de Rogers, par son acquisition du Groupe Telecom, il y a quelque temps. La concurrence est donc très vive aussi à St. John's, Terre-Neuve.
Au Québec et en Ontario... c'est un peu partout. À Jonquière, Orangeville —
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Merci, monsieur le président.
Je remercie nos témoins d'être venus aujourd'hui.
J'aimerais revenir à vos propos liminaires. Je ne voudrais pas partir du mauvais pied, mais je tiens sincèrement à dire comme il m'est difficile de croire que vous ne pensez qu'aux droits des consommateurs, étant donné les conflits historiques de Bell en matière d'équité salariale pour ses travailleurs, et certains problèmes pour les clients de ma circonscription, sans oublier les plaintes qui nous parviennent.
Ce qui me tient à coeur, c'est quand vous dites que vous ne pouvez pas offrir les mêmes services que vos rivaux. Je pense qu'il est important d'avoir des précisions ou du moins de connaître le contexte, afin que le client moyen qui ne lit pas toutes les petites dispositions juridiques puisse voir la différence, dans la réalité.
J'aimerais savoir ce que vous avez à dire là-dessus.
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Oui et malheureusement, vous ne serez peut-être pas complètement satisfait, puisque ce que je voulais faire comprendre, c'est que nous consacrons beaucoup de temps à la configuration des offres, des promotions, des forfaits et des prix que nous offrirons à nos clients, quand nous en aurons la possibilité. Je pense qu'il est vraiment injuste de nous demander aujourd'hui de vous dire quel produit ou quel prix sera offert, c'est impossible pour nous. Si nous le faisions, ce serait comme communiquer nos intentions à nos rivaux.
Je vous garantis que ce que nous voulons dire, ce n'est pas que nous demandons cela pour rien. Nous le demandons parce que nous voulons faire ces offres aux consommateurs. Nous devons pouvoir être concurrentiels.
Laissez-moi vous parler d'une chose dont nous nous sommes plaints et que nous n'avons pu faire. Nous ne pouvons pas dissocier les prix de la moyenne, autrement dit, si nous voulons baisser nos prix, il faut le faire pour toute la clientèle de notre territoire, ou pour tout l'Ontario et le Québec.
Prenons l'exemple du Québec. Cogeco et Vidéotron ont pénétré nos marchés et ont des prix différents, ceux de Vidéotron étant inférieurs à ceux de Cogeco. Si pour rivaliser avec Vidéotron, nous voulons offrir le même bas prix, il nous faudrait baisser nos prix pour toute la province, même là où il n'y a pas de concurrence, et même là où Cogeco a un prix supérieur. Ce n'est pas ainsi que fonctionne normalement un marché. Si nous agissions ainsi, Cogeco crierait au meurtre, dénoncerait notre concurrence déloyale du fait que nos prix sont bien inférieurs aux siens et si nous offrions ces prix dans des territoires où il n'y a ni Cogeco ni Vidéotron, ils crieraient tout de même au meurtre, prétextant que nous agissons pour éliminer la concurrence à l'avance.
Nous ne pouvons donc pas adapter nos prix géographiquement. C'est évidemment quelque chose d'essentiel pour nous, puisque nous voulons pouvoir être concurrentiels tant qu'il y a de la concurrence, et c'est en ce moment impossible.
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Je ne pense pas qu'il s'agisse de choisir parmi les mesures, le rapport déclarant qu'il faut faire ce qu'on peut maintenant, parce que les modifications législatives prendront du temps. C'est ce que fait le gouvernement. C'est tout à fait conforme au rapport.
Je l'ai déjà dit, faire ce qu'on peut dans le régime actuel ne modifie pas fondamentalement la loi, ne change pas ses critères. Or, cela doit être fait. Je pense qu'il y a encore du travail à faire.
Le rapport lui-même dit toutefois qu'on ne peut pas tout faire à la fois, il n'y aura pas de bouleversements complets. Je le répète, il y a dans le rapport des choses très importantes au sujet du secteur des TIC, notamment par rapport à la productivité, la disponibilité de larges bandes aussi. Il ne s'agit pas nécessairement dans ces cas-là de modifications législatives. Du côté de la réglementation, comme je le disais, je pense qu'ils vont très loin. Mais rien n'est fait. Il faut d'abord s'occuper des bases législatives. Les objectifs de la loi doivent être changés, et il faudra pour cela plus de temps.
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Ce qui me frappe, c'est qu'on dirait qu'il s'agit d'un duel entre David et Goliath, entre les gros intervenants et les petits. Vous avez parlé de BCE, qui est sans doute un très gros intervenant, de même que Rogers. En termes de capitalisation boursière, Rogers a dépassé BCE.
Dans les grands centres urbains, vous avez prouvé qu'il y avait une bonne concurrence. Certains prétendent que c'est encore fragile, et que certaines directives pourraient l'éliminer rapidement.
Parlons des endroits auxquels on songe moins souvent: les marchés ruraux, les endroits où les services coûtent plus chers. Pour la concurrence, il n'y a pas eu beaucoup d'activités dans ma province, pour les collectivités éloignées, malgré le fait que ce marché soit ouvert. Les entreprises disposant d'installations dominent encore le marché, et Bell Aliant est presque seule en ville, dans la plupart des cas.
Qu'est-ce que cela donnera pour les collectivités rurales? Si ces changements sont adoptés, j'aimerais particulièrement savoir ce que fera Bell Aliant, à votre avis?
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Il ne fait aucun doute que le choix n'existe pas dans certains milieux ruraux, et le régime actuel va s'appliquer dans ces cas-là. Les prix seront intégralement réglementés. Maintenant, cela va changer avec le temps, avec l'avènement de la concurrence.
Dans les autres milieux, comme je l'ai dit — Ces marchés n'ont pas besoin d'être très grands pour que les câblodistributeurs y pénètrent. Aux petits câblodistributeurs qui vont sur ces marchés et qui disent qu'ils n'y investiront pas, je répéterai le conseil de Lawson : ne vous faites pas avoir une autre fois.
Il ne s'agit que de services groupés; ils doivent investir. Comme l'a dit M. French, tout l'avenir est là.
Je suis allé voir leur site Web hier, et la plupart offrent Internet haute vitesse, ce qui veut dire qu'elles ont déjà le protocole Internet.
D'après un rapport récent d'un grand courtier en investissement, il en coûte trois fois moins pour les câblodistributeurs de prendre pied dans la téléphonie locale qu'il n'en coûte aux compagnies téléphoniques de se lancer dans la vidéo. Les câblodistributeurs ont donc un avantage énorme. Une fois qu'ils ont le réseau haute vitesse, le coût de mise à niveau est très raisonnable. En fait, je crois avoir lu dans ce rapport que, pour un câblodistributeur, 70 p. 100 de ses dépenses en immobilisations sont régies par la demande. Pour une compagnie de téléphone, 70 p. 100 est pour la téléphonie fixe. Ce qui veut dire que ces réseaux sont très mobiles. On va les y voir un jour; cela ne fait aucun doute dans mon esprit.
EastLink l'a prouvé, et je vous rappelle qu'EastLink a un réseau à commutation de circuit. Les autres entreprises vont passer au réseau à service de communication vocale ou à protocole Internet. Elles vont donc probablement avoir un avantage concurrentiel même par rapport à EastLink.
On n'a jamais vu de câblodistributeur manquer son coup en tentant de pénétrer le marché de la téléphonie locale. À l'échelle internationale, personne n'admet l'argument que j'entends, à savoir qu'il nous faut ces dispositifs de reconquête sans quoi nous allons faire faillite. Comment se fait-il que ces dispositifs n'existent pas ailleurs dans le monde,entre autres aux États-Unis? C'est un argument qu'on n'admet pas.
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Je crois que la question essentielle ici, c'est de savoir qui peut faire de l'argent. Quant à l'industrie de la câblodistribution, comme je l'ai dit plus tôt, comme sa capitalisation a atteint les 61 p. 100 en une année, soit 14,4 milliards de dollars, c'est parce que le marché est assuré que ces compagnies peuvent offrir un produit efficient.
Vous vous rappelez peut-être que Jim Shaw — et je ne sais pas s'il a dit ça lorsqu'il était ici — dans une de ses analyses trimestrielles, a dit que les câblodiffuseurs avaient — Je ne sais pas de quoi on parlait au juste, mais je dirai qu'il ne s'agit peut-être que de quelques centaines de milliers d'abonnés, ce qui n'est pas beaucoup dans ce métier, mais que ces compagnies étaient déjà rentables. Leur marge d'EBE était de 40 p. 100, et ils s'attendaient à ce qu'elle passe à 50 p. 100. Cela vous fait de jolis profits. Il a écrit également que personne ne nous sort de ce marché.
Il y a donc de l'argent à faire ici, et ces compagnies vont rester, et c'est une bonne chose pour le consommateur. Je vais être franc avec vous, comme je l'ai dit plus tôt, le régime réglementaire que nous avons aujourd'hui nous empêche d'être concurrentiels, ce qui est une mauvaise chose pour le consommateur, et ça ne stimule pas la concurrence chez les autres, ce qui est une mauvaise chose. Ils n'ont pas à être concurrentiels. On leur donne tout cuit dans le bec. Et à nous, on ne nous donne rien. Pour le long terme, essentiellement, c'est ce qui ne va pas avec ce régime.
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Je n'ai pas beaucoup de bonnes choses à dire à propos du conseil, malheureusement, parce que je crois qu'il a été témoin de ce transfert massif de richesses — sinon l'architecte de ce transfert, comme je l'ai dit, qui est à mon avis totalement inapproprié du point de vue de la politique gouvernementale.
Vous le savez peut-être, j'ai déjà été à la tête du Bureau de la concurrence, et je crois que le décret dont nous parlons aujourd'hui a été largement mon oeuvre. J'ai peut-être eu un parti pris à ce sujet, mais à l'époque — et je crois encore aujourd'hui, voyez ce qui se fait ailleurs dans le monde, le Canada a l'une des meilleures loi sur la concurrence dans le monde. C'est une loi de calibre mondial, qui est compatible avec ce que font les autres pays, et je crois que cette loi nous dessert bien.
Je crois que le conseil va continuer d'avoir son rôle, cependant. Je crois que côté technique de la réglementation, pour ce qui est de la réglementation sociale, il est évident que le conseil a encore un rôle à jouer. Mais je crois que, comme l'a recommandé le groupe d'étude, et comme cela se fait dans d'autres pays, nous devons laisser l'aspect réglementation économique au bureau et laisser l'aspect social et technique au conseil.
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J'ai deux ou trois réponses à cela.
Tout d'abord, le sans-fil est offert presque partout au pays et dans presque toutes les régions rurales aussi, il y a donc concurrence de ce côté. Telus va offrir le service dans les régions rurales du Québec où il n'y a pas de service filé. Nous allons aussi voir à l'avenir — et je ne peux pas vous dire si ça va se faire maintenant — avec l'avènement de meilleures technologies sans fil — le WiMAX, par exemple — un véritable accès à Internet haute vitesse sans fil. Cela va aussi commencer à remplacer le réseau câblé.
Pour ce qui est de savoir s'il y aura d'autres concurrents, nous avons déjà des obligations concernant la vente de gros obligatoire. À notre avis, ça va trop loin, mais pour des aspects vraiment essentiels de notre réseau, nous croyons qu'il y a encore un besoin pour cela, et nous sommes très heureux de rendre ces segments vraiment essentiels du réseau accessibles aux tierces parties.
Mais il y a une chose dont vous devez vous méfier ici. Toutes les études, dont le rapport du groupe d'étude, disent que ce genre de concurrence à la revente constitue une concurrence agressive et artificielle. Si on y pense bien, tout ce qu'ils font vraiment, c'est prendre notre produit, le réétiqueter et lui donner un autre nom. Ils l'achètent de nous, ils profitent donc de notre investissement. Leur marge de manoeuvre est pas mal limitée, quoi qu'il en soit, parce qu'on se sert essentiellement de notre service. Voilà pourquoi je crois que le fait d'encourager les compagnies à posséder leurs propres installations va créer un genre de concurrence plus soutenable.
C'est ce qui est malheureux dans ce régime de gros du CRTC, parce qu'essentiellement, on décourage les compagnies à investir pour se doter de leur propre réseau. C'est une mauvaise politique gouvernementale, comme l'ont dit tous ceux qui l'ont étudiée. En fait, il y a à peine deux semaines, le conseil a rendu une décision. Nous sommes une ESLC, l'une de ces petites entreprises de l'Ouest, et nous achetons de Telus. Le conseil est intervenu et a baissé le prix des services de Telus. Nous avions pour politique d'acheter notre propre matériel et de nous doter de nos propres installations, mais nous avons examiné la situation et nous nous sommes dit: « Pourquoi faire ça? Nous n'avons qu'à acheter de Telus. » Ce n'est pas ça qui va produire le genre de concurrence dont nous avons vraiment besoin ici.
:
Chers collègues, reprenons place, nous allons entendre nos prochains témoins.
Pour la seconde heure, il était prévu que nous allions entendre Telus Communications et Sask Tel. Pour le compte de Sask Tel, nous étions censés recevoir John Meldrum, vice-président du contentieux et des affaires réglementaires. Il nous a fait part de ses regrets les plus sincères, mais il est incapable d'être des nôtres aujourd'hui. C'était inévitable, son avion n'a pas pu décoller de Regina à cause de l'une de ces tempêtes de neige dont nous avons l'habitude dans l'Ouest canadien; nous espérons donc que nous pourrons entendre M. Meldrum plus tard. Mais nous avons son texte ici. Je crois qu'il a été remis aux membres du comité dans les deux langues officielles.
Nous avons deux invités de Telus Communications. Tout d'abord, nous allons entendre Janet Yale, vice-présidente exécutive aux affaires corporatives. Nous avons également devant nous Ian Scott, vice-président aux relations avec le gouvernement fédéral et aux affaires corporatives.
Bienvenue à tous les deux.
Madame Yale, je crois que vous allez prendre la parole au nom de Telus.
:
Oui, merci, monsieur le président et membres du comité.
[Français]
Je tiens à vous remercier d'avoir invité TELUS à venir s'entretenir avec vous aujourd'hui.
[Traduction]
Comme vous le savez, Telus est un chef de file national au niveau des télécommunications, avec des revenus annuels de 8,5 milliards de dollars et 10,5 millions de connexions d'abonnés, dont près de cinq millions d'abonnés au service sans fil, 4,6 millions de lignes d'accès au réseau filaire, et 1,1 million d'abonnés au service Internet.
Nous fournissons une vaste gamme de produits et services de communications et faisons face à une concurrence intense dans tous les marchés où nous sommes présents. Nous croyons d'ailleurs que cette concurrence a transformé profondément la nature de nos activités. Le service téléphonique de base, qui constituait autrefois un monopole, ne représente désormais que 37 p. 100 de nos revenus alors qu'il en représentait 72 p. 100 en 2000. C'est un changement colossal qui s'est opéré en moins de six ans.
Telus appuie entièrement le projet du ministre Bernier, qui vise à offrir aux Canadiens les avantages de la concurrence dans le secteur des télécommunications. Nous croyons qu'il en résultera plus de choix et des tarifs plus flexibles pour les abonnés ainsi qu'une productivité accrue pour l'économie canadienne. Cela étant dit, le ministre s'est assuré que les Canadiens qui n'ont pas la possibilité de choisir leurs fournisseurs de télécommunications continuent d'obtenir des tarifs raisonnables, et que tous les Canadiens puissent se procurer le service local de base à un tarif plafonné.
La concurrence dans le marché de la téléphonie locale s'est accrue depuis l'avènement des sociétés de câblodistribution dans ce marché. Les principales sociétés de câblodistribution canadiennes, soit Rogers, Vidéotron, Cogeco et Shaw, font une promotion féroce de leur service téléphonique local. Si l'on en croit les récentes recommandations des analystes financiers, les investisseurs considèrent désormais le câble comme étant un secteur plus attrayant que les télécommunications.
Les consommateurs ont clairement démontré qu'ils sont prêts à changer de fournisseur pour obtenir le service téléphonique local. Sur notre territoire, Shaw est allé chercher près de 300 000 nouveaux abonnés depuis qu'il a lancé son service téléphonique en février 2005. Rien que pour vous donner une idée, Shaw a acquis plus de clients pour son service téléphonique depuis février 2005 que tous les autres concurrents dans ce marché avant la percée de Shaw. Ce fut une pénétration foudroyante, et très rapide.
[Français]
Deux ans après son lancement, Vidéotron compte plus de 400 000 abonnés à son service téléphonique, et il décrit la croissance de ce service téléphonique comme étant soutenue et impressionnante.
[Traduction]
Les sociétés de câblodistribution sont des adversaires féroces pour ce qu'on appelle les compagnies de téléphone déjà installées. Contrairement aux nouveaux venus fragiles d'il y a quelques années, les câblodiffuseurs sont dotés d'installations numériques abouties qui rejoignent la plupart des foyers canadiens. Contrairement aux concurrents du passé, Rogers, Vidéotron et Shaw disposent de vastes ressources financières, de marques reconnues, d'une base d'abonnés bien établie, et elles ont la capacité de regrouper les services en forfaits plus attrayants. Et comme on l'a fait remarquer ici aujourd'hui, la capitalisation boursière de Rogers a récemment dépassé celle de BCE. Et, ce qui est peut-être le plus important, les sociétés de câblodistribution fournissent à faible coût un forfait de services regroupant entre autres le service Internet à haute vitesse, la télévision numérique et, dans bien des cas, le service sans fil.
Les sociétés de câblodistribution ne sont pas nos seuls concurrents. Internet a bouleversé les facteurs économiques liés à la percée du marché de la téléphonie locale, permettant à une vingtaine d'entreprises étrangères et canadiennes de fournir des services téléphoniques au Canada. De plus, le remplacement du service filaire par le sans-fil s'est accru de 8 p. 100 en Alberta et de 10 p. 100 dans la vallée du Bas-Fraser en Colombie-Britannique.
Les sociétés de câblodistribution vous ont dit qu'elles s'opposaient à l'élimination des règles relatives à la reconquête avant la déréglementation. Nous croyons que ce n'est pas ça, la concurrence. Il ne s'agit pas de priver nos consommateurs de nos meilleures offres. Pire encore, les règles relatives à la reconquête font en sorte que nos concurrents ne sont nullement tenus de présenter leurs offres les plus intéressantes puisque les abonnés ne peuvent recevoir d'offres de reconquête de la part de Telus. Ce n'est pas ça, la vraie concurrence.
Comme vous l'a dit le groupe d'étude lundi, les restrictions comme celles du CRTC relatives à la reconquête datent d'une époque différente, soit l'époque où les concurrents louaient des installations des compagnies de téléphone établies. À cette époque, le CRTC jugeait que cela favorisait la création d'une base d'abonnés plus stable pour les concurrents.
[Français]
Les choses ont bien changé aujourd'hui. Les sociétés de câblodistribution possèdent déjà une base d'abonnés stable et vaste, et leurs installations numériques sont présentes dans 90 p. 100 des foyers canadiens. Ainsi, une concurrence féroce règne déjà dans les principaux marchés.
[Traduction]
Tous les faits observés au Canada et à l'étranger démontrent qu'au sein d'un environnement déréglementé, une concurrence étendue et dynamique apporte toute une panoplie de choix nouveaux et novateurs pour les consommateurs. Il suffit pour s'en convaincre d'aller aux États-Unis, où la téléphonie par câble, qui est active dans un marché déréglementé, a entraîné en peu de temps la création d'une concurrence vaste et féroce sur le plan des services téléphoniques locaux.
Le projet de décret du gouvernement tombe pile pour le Canada. Il tient compte des changements majeurs survenus au sein de l'environnement concurrentiel, changements jusque là ignorés par le CRTC. Mais surtout, il fait en sorte que les consommateurs, qui sont vraiment au coeur de ce cadre réglementaire, profitent de tous les avantages découlant d'un marché concurrentiel et sain.
Merci.
[Français]
Je me ferai maintenant un plaisir de répondre à vos questions.
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Madame Yale, merci beaucoup d'être là vous aussi. Je vous connais tous les deux, vous et Ian, depuis une étude que nous avons déjà faite. Il est bon de vous revoir tous les deux aujourd'hui.
J'aimerais d'entrée de jeu vous adresser tous mes compliments, mais il se peut que j'aie un conflit d'intérêts, monsieur le président, étant donné que j'ai tellement de travailleurs de Telus dans ma circonscription. Son siège social est à deux pas de ma circonscription, en face de CTV. Il ne faut y voir bien sûr aucune ironie.
Si vous me le permettez, madame Yale, je voudrais vous demander si vous avez pris en compte le document qui a été rédigé par Lee Selwyn et Helen Golding, de la Economics and Technology Inc., et qui s'intitule « Avoiding the Missteps Made South of the Border: Learning from the US Experience in Competitive Telecom Policy ». On y trouve un certain nombre de recommandations, mais il y est dit surtout que l'industrie américaine des télécommunications sera bientôt presque aussi concentrée que ce n'était le cas avant le démantèlement de la vieille AT&T en 1984.
Même si on ne retient pas toutes les recommandations que contient ce rapport, ce avec quoi nous sommes d'accord et ce qu'a confirmé M. Intven, des préoccupations sérieuses subsistent, et l'on croit qu'il faudrait tenir compte de la perspective globale. Pensez-vous que nous devrions procéder à une refonte de la politique des télécommunications en suivant cet exemple? Ou pensez-vous plutôt qu'il faut s'en tenir seulement aux recommandations du ministre, lesquelles ne reprennent qu'un tout petit nombre des recommandations faites par le groupe d'étude?
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J'aime bien l'expression « marché concurrentiel sain ». En effet, si l'on a des doutes sur le fait que ce sera mis en place en vertu de la directive brute du ministre, y a-t-il des amendements que vous êtes prêts à suggérer à la direction du ministre qui permettraient de développer un consensus acceptable?
Je fais une comparaison qui est peut-être un peu boiteuse, mais on nous dit à répétition que le marché de l'essence est un marché concurrentiel sain, mais il n'y a pas 20 p. 100 des gens qui le pensent. Peut-être est-il concurrentiel de temps à autre, mais il n'est pas sain pour l'économie, globalement. En tout cas, c'est ma perception. On en a déjà eu l'exemple.
Compte tenu de la directive du ministre, telle qu'elle est, qu'est-ce qui nous dit que dans cinq ans, nous ne serons pas devant une réalité telle que nous dirons que nous le savions et que nous sommes arrivés à la même chose?
Seriez-vous prêts à suggérer des garde-fous qu'on pourrait inclure dans la directive, de sorte qu'elle devienne raisonnablement acceptable? En ce qui concerne Bell, j'ai parlé plus tôt de la question d'une durée de vie, d'une clause crépusculaire. Seriez-vous prêts à proposer celle-là et d'autres mesures semblables?
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Le dernier marché de notre secteur encore réglementé est celui de la téléphonie locale. Tous les autres aspects de notre secteur sont déréglementés. Nous attendons avec impatience en fait l'arrivée des concurrents dans la téléphonie locale afin que la réglementation change à cet égard aussi. Chez nous, chez Telus, nous avons toujours convenu que la réglementation nous avait avantagés, mais je ne veux pas entrer dans ce débat. Je peux aussi vous dire que les cadres de direction ne sont pas de cet avis.
Cela dit, la réglementation remplace la concurrence, en ce sens qu'elle permet de protéger le consommateur. Quand Shaw est arrivé à Fort McMurray, une grande ville en pleine croissance, elle a accaparé 30 p. 100 du marché en moins d'un an. Ce sont de nouveaux foyers. Les nouveaux arrivants à Fort McMurray savent qu'ils ont le choix entre Shaw et Telus et plus de 50 p. 100 des nouveaux foyers préfèrent Shaw, ce qui explique que nous ayons perdu 30 p. 100 de notre part de marché en un an. Là où elle existe, la concurrence est vigoureuse et assure la meilleure protection du consommateur.
Cela dit, cela ne signifie pas qu'il ne faut pas prévoir des mesures de protection. D'ailleurs, quand il a entamé la déréglementation, le conseil a prévu de telles mesures de protection. Ces mesures sont nombreuses. Il ne reste donc plus qu'à déterminer à quel moment on fait suffisamment confiance à la concurrence pour supprimer toute réglementation. Nous estimons que le critère du ministre est préférable à celui qui a été mis en place par le conseil.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Et je tiens également à vous remercier, madame Yale.
Je viens du nord de l'Ontario, et c'est une région qui n'est pas très peuplée et plutôt rurale et certains aspects me préoccupent sérieusement. Je ne veux pas que vous commentiez l'une des déclarations faites par M. Hunter, mais il a mentionné qu'il voulait diminuer les prix pour exercer une concurrence dans certains secteurs géographiques.
Lorsque j'entends parler de certains secteurs géographiques ou d'exercer une concurrence selon le secteur géographique, j'en déduis que vous voulez exercer une concurrence dans la grande région métropolitaine de Toronto, de Montréal, ce qui laisse en fait de côté le Nord de l'Ontario ou les régions rurales. Je considère que les services téléphoniques constituent un service essentiel. C'est un service important, surtout dans les collectivités isolées où votre voisin le plus proche vit à trois ou quatre milles de là avec un peu de chance; sinon peut-être à une vingtaine de milles.
Qu'est-ce qui empêchera les entreprises de télécommunications de cesser d'offrir des niveaux de services acceptables? J'aborde cet aspect en particulier parce que nous pouvons dire oui, nous aurons un service, mais s'il n'y a personne pour offrir un service satisfaisant, cela commence à m'inquiéter.
J'aimerais faire également le lien avec un autre aspect, et je sais que vous êtes très solides dans le domaine du sans-fil. Sur les cinq entreprises qui se sont vues accorder des licences, il n'en reste que trois essentiellement. Elles sont présentes, elles exercent une concurrence, mais au cours des cinq dernières années environ — et j'utiliserai Telus à titre d'exemple, et je ne veux pas être irrespectueux —, les services sans fil dans le Nord de l'Ontario sont loin d'avoir été excellents.
La situation que je redoute — et je suis peut-être un peu paranoïaque mais je me fonde sur mon expérience — et que je constate est la suivante : les grands centres bénéficient de prix et de services exceptionnels et les régions rurales du Nord de l'Ontario se voient abandonnées. J'aimerais entendre vos commentaires à ce sujet.
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Comme je l'ai dit plus tôt, nous avons l'obligation d'offrir des services partout. Donc, chaque fois qu'une nouvelle maison est construite, nous avons l'obligation de fournir une ligne à cette maison dans le cadre de nos obligations prévues par voie réglementaire. Comme je l'ai dit, c'est une obligation intéressante, étant donné que dans le Lower Mainland de la Colombie-Britannique, 10 p. 100 des foyers ne demandent pas en fait de service, même si nous avons une ligne qui y est installée.
Donc, partout où il y a des foyers, nous sommes obligés d'offrir un service à ce foyer, et jusqu'à présent, le CRTC a réglementé chaque aspect de ces services, pas uniquement le prix mais aussi la qualité. Nous avons des mesures de qualité du service qui s'appliquent à la fourniture de nos services au niveau du détail pour ce qui est des installations, des délais de répartition, des délais dans lesquels on répond au téléphone à nos centres d'appel, etc. Chaque aspect de notre service est réglementé de sorte qu'on ne réduit pas la qualité parce que cet aspect de notre service est réglementé aujourd'hui et que des fonctions sont prévues lorsqu'on ne respecte pas nos obligations en matière de qualité de service.
Donc, je ne crois pas que l'absence de concurrence représente une menace pour les clients, parce qu'ils sont complètement protégés par le cadre réglementaire qui existe aujourd'hui. Je ne crois pas que les clients des régions rurales et éloignées courent un risque en ce qui concerne l'abandon ou la détérioration des services. Cela dit, là où la concurrence est plus intense, nous ne voulons pas simplement perdre des clients parce que nous ne pouvons pas rivaliser avec nos nouveaux concurrents, mais nous voulons être en mesure de leur offrir des forfaits novateurs.
Est-ce que cela signifie que nous allons limiter les avantages de la concurrence à ces clients en particulier sans essayer d'offrir des services et des produits novateurs aux clients de tous les secteurs de notre territoire? Je pense que la concurrence bénéficiera à l'ensemble des clients et pas seulement à ceux qui vivent dans les régions où la concurrence est arrivée.
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Un peu plus tôt, je vous ai posé une question à laquelle vous n'avez pas répondu. J'ai mentionné le fait que les associations de consommateurs nous disent exactement le contraire de ce que vous affirmez. Nous allons devoir choisir, à tout le moins comprendre ce que le message de chacun veut dire. Au fond, les consommateurs disent que ce n'est pas vrai qu'on est prêt à faire face à une déréglementation totale. Ils préféraient l'approche du CRTC, quitte à abaisser le pourcentage.
Qu'est-ce qui devrait nous convaincre que la réalité est telle que vous nous la décrivez, et non pas conforme à ce qu'ils disent? Ils ont un passé et ils savent que le consommateur, à part en ce qui a trait au prix, n'a pas grand contrôle sur ce qui est offert.
Juste pour finir, j'aimerais donner l'exemple de l'aviation, qui, pour moi, parle beaucoup. On a déréglementé et aujourd'hui, aller de Rimouski à Ottawa, c'est l'enfer! Cela coûte terriblement cher et il n'y a à peu près plus de vols. S'il faut que ce soit la même chose sur le plan de la téléphonie, ce ne sera pas drôle.
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Je veux simplement faire appui sur ce que M. Shipley vient de dire, et je crois qu'il a parlé quelque peu de services sans fil. J'aimerais connaître le point de vue de votre entreprise. Les services sans fil ont un rôle important à jouer dans un marché relativement déréglementé, mais qui tient compte, évidemment, de la licence d'utilisation du spectre dont vous êtes titulaires depuis un certain temps.
Nous avons vu deux concurrents vigoureux se retirer du marché, et dans le même temps, il y a eu une augmentation déridée des prix ou une concordance des prix entre les deux concurrents qui demeurent actifs sur le marché. Nous voyons également ici, d'après le rapport du groupe d'étude, que le Canada accuse un retard par rapport au reste du monde au chapitre d'un certain nombre de services et de caractéristiques nouvelles de la télécommunication mobile sans fil. Peut-être l'écart le plus important entre le Canada, les États-Unis et d'autres pays concerne-t-il la mise en place de la troisième génération de services de données à haut débit.
Je reviens à la page précédente et tout particulièrement à la page 1-18 du rapport, où on parle du nombre d'abonnés des services mobiles sans fil, par 100 habitants, dans les pays membres de l'OCDE : le Canada est avant-dernier, avec 47,2 p. 100, tout juste entre la Turquie et le Mexique.
En fait, vous avez une présence assez forte sur le marché du sans-fil, et tout le monde voit en ce marché la solution de l'avenir. Mais si c'est une indication de quoi que ce soit, et compte tenu de ces exemples, je pense que le comité devrait être plutôt nerveux car, puisque nous sommes en train de parler de sans-fil, il se peut que nous nous retrouvions en situation de monopole de nouveau, monopole des trois grands acteurs de la télécommunication locale, un peu comme ce qu'on pourrait voir aux États-Unis, où de nombreux nouveaux acteurs ont tout simplement quitté le secteur, ce qui a laissé les consommateurs avec moins d'innovations, moins de nouveaux produits et, bien entendu, des prix élevés constants.
Comment expliquez-vous la position de votre entreprise au chapitre du sans-fil compte tenu des prix élevés comme l'a fait voir la comparaison de Merrill Lynch aux États-Unis et compte tenu de ce que nous apprend le rapport du groupe d'étude sur le CRT?
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Évidemment, nous avons un point de vue différent concernant la compétitivité du marché du sans-fil. Étant donné que c'est mon lot quotidien, je peux vous dire que la concurrence est très vive quand on cherche à gagner des clients.
Nous croyons donc que l'industrie est très concurrentielle. Le marché compte de nombreux produits. Il n'y a pas que les trois grands acteurs qui possèdent leur propre infrastructure. En effet, il y a d'autres produits à partir desquels on peut choisir — Virgin, Fido, etc. Je crois que c'est trompeur de regarder le marché simplement à partir du point de vue du client, alors que les trois grands acteurs ont leur propre infrastructure.
Deuxièmement, il y a eu des baisses considérables de prix ces dernières années. En fait, nous avons préparé une étude dans laquelle nous avons examiné l'état de la concurrence dans le secteur du sans-fil. Nous serions heureux de vous en fournir un exemplaire. L'étude propose une interprétation très différente des faits de la vôtre.
Une des différences entre le Canada et les États-Unis dont on doit tenir compte, c'est l'état de l'évolution de la concurrence dans le marché du sans-fil. Celle-ci a commencé au Canada des années plus tard qu'aux États-Unis. Cela étant, si vous comparez l'état de notre marché du sans-fil compte tenu du nombre d'années de son existence, nous sommes alors sur un pied d'égalité avec les États-Unis.
Je pourrais m'étendre là-dessus et vous donner toutes sortes d'exemples qui vous montrent les faits quant à l'état de la concurrence sur le marché du sans-fil. Je ne pense pas qu'il y ait de risque de perte de concurrence sur le marché du sans-fil, et je ne pense pas non plus qu'il y ait de risque de retour à un monopole sur le marché de la téléphonie locale filaire. Chaque foyer est branché à deux fils, le câble et le téléphone, et les deux sont des fils à large bande qui peuvent offrir un bouquet de services: téléphone, Internet et télévision, le tout à l'avantage des clients.
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Merci, monsieur McTeague.
Je serai le prochain conservateur à intervenir. C'est la prérogative du président.
Il est clair que la mise en oeuvre a été une des questions soulevées ici. Le groupe de travail sur les télécommunications dit clairement, à la page 14, si je ne m'abuse, que le ministre aurait dû, dans un premier temps, émettre une directive en matière de politique en même temps que le décret proposé, la mettre en oeuvre, puis, dans un deuxième temps, modifier la Loi sur les télécommunications.
Une question a été soulevée par le vice-président, et c'est très légitime, concernant le fait que le CRTC — et des témoins l'ont confirmé — prend ses décisions plus vite que le Tribunal de la concurrence. C'est une question qui nous préoccupe. C'est pourquoi le groupe de travail sur le CRT a recommandé la création d'un tribunal de la concurrence en télécommunications.
Je veux simplement qu'on l'inscrive ceci au compte rendu, même si je crois connaître la réponse : Telus appuie l'établissement d'un tel tribunal de la concurrence en télécommunications.
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D'accord, merci beaucoup. Je vous suis reconnaissant à tous les deux d'être venus nous rencontrer aujourd'hui.
Nous avons le mémoire de Sask Tel, comme je l'ai dit, et nous encourageons tous les membres du comité à le lire également. Si vous avez d'autres informations que vous voudriez faire parvenir au comité, vous n'avez qu'à les envoyer au greffier.
Chers collègues, pourrais-je vous demander de rester un peu puisque nous devons discuter de nos travaux futurs à 17 h 30. Je sais que certains députés sont déjà partis. Je crois bien que nous pourrons expédier tout cela en cinq ou dix minutes, puisque nous nous entendons sur certains points.
La séance est suspendue pour une minute.
[La séance se poursuit à huis clos.]