:
Bon après-midi, monsieur le président, et merci beaucoup. Bon après-midi, membres du comité. Bonjour, Mesdames et Messieurs.
L'Association canadienne des producteurs d'acier est heureuse de pouvoir participer à vos délibérations. L'étude que vous avez entreprise est tout à fait nécessaire et n'a même que trop tardé. Beaucoup trop de Canadiens tiennent le secteur manufacturier pour acquis ou, pis encore, s'imaginent que notre économie peut prospérer sans une assise industrielle compétitive et diversifiée.
Le secteur de l'acier est directement intéressé par votre étude à la fois parce que c'est un secteur manufacturier important mais aussi parce que sa clientèle englobe d'autres secteurs de fabrication et de transformation des ressources. En outre, notre secteur est un gros client de nombreux autres tels que les mines, le transport ou le génie. Nos relations de chaînes d'approvisionnement s'étendent donc en amont et en aval.
Les sociétés membres de l'ACPA sont présentes dans cinq provinces pour répondre aux besoins de clients des secteurs industriel, commercial, résidentiel, de grande consommation et des services publics.
[Français]
Avec des ventes annuelles d'environ 13,5 milliards de dollars, nos membres emploient quelque 35 000 Canadiens et Canadiennes pour fabriquer 15 à 16 millions de tonnes métriques d'acier par année. Nous exportons plus d'un tiers de cette production, principalement aux États-Unis. En somme, cependant, le Canada est un importateur net d'acier. L'année dernière, les importations ont totalisé que 9,3 millions de tonnes métriques contre des exportations de 5,4 millions de tonnes.
[Traduction]
L'ACPA partage les préoccupations exprimées dans le rapport provisoire du comité, notamment les conséquences de la triple augmentation de la valeur du dollar canadien, des prix de l'énergie et de la concurrence mondiale. Notre industrie a déjà fait beaucoup de progrès pour y faire face mais elle a encore de grands défis à relever.
Depuis plusieurs années, nos gains de productivité dépassent largement la moyenne du secteur manufacturier. Nous enregistrons un rythme d'innovation effréné. Nous faisons de grands progrès sur le plan de l'efficience énergétique et avons réussi à réduire considérablement les GES et les polluants, en termes absolus et en intensité.
Nos progrès futurs dans ces domaines exigeront des investissements et des réinvestissements dans les usines, l'équipement, l'innovation et la main-d'oeuvre. On ne comprend pas assez, selon nous, que la mondialisation oblige à faire concurrence non seulement pour décrocher des marchés mais aussi pour effectuer des investissements. Si nous voulons attirer le capital nécessaire, d'autres pays ou d'entreprises mondiales, nous devrons tout simplement offrir des conditions concurrentielles par rapport aux autres possibilités d'investissement.
Par conséquent, l'ACPA approuve les mesures d'investissement déjà proposées à votre comité par plusieurs secteurs manufacturiers. Premièrement, l'amortissement en deux ans de l'investissement dans les nouveaux équipements et machines productifs accélérerait le taux de remplacement des immobilisations, ce qui favoriserait l'amélioration des structures de coût et de productivité, l'efficience énergétique et les gains environnementaux. Deuxièmement, une nouvelle réduction du taux d'imposition des sociétés pour le ramener à 17 % en cinq ou six ans. Troisièmement, des améliorations pour la recherche et développement afin de stimuler l'innovation. Quatrièmement, un crédit d'impôt pour la formation professionnelle financée par l'employeur, afin de rehausser la productivité de la main-d'oeuvre. Cela pourrait prendre la forme, par exemple, d'un crédit pour les primes d'assurance-emploi de l'employeur.
Je sais que votre comité est déjà très bien informé sur ces diverses questions et qu'il s'est aussi penché sur d'autres qui sont importantes à nos yeux, comme la tarification, la disponibilité et la fiabilité de l'énergie, ainsi que la nécessité d'accélérer la mise au point de sources d'énergie nouvelles et de remplacement. Nous pourrons également discuter de la nécessité largement admise d'améliorer l'infrastructure et les procédures frontalières. Au lieu de répéter ce que d'autres vous ont dit sur ces questions, je préfère en aborder d'autres qui ont jusqu'à présent moins retenu l'attention.
La première est le commerce international, notamment l'industrialisation rapide de pays comme la Chine et l'Inde, ce qui est pour le Canada un couteau à deux tranchants. Manifestement, ce phénomène crée pour nos entreprises de nouveaux marchés que nous devrions attaquer de manière plus agressive. Par contre, il signifie aussi que ces pays ont pour politique délibérée d'appuyer les industries qu'ils jugent cruciales, comme l'acier, au moyen de subventions directes et indirectes, de la protection des marchés et d'aides à l'exportation.
Autre phénomène ayant une incidence moins évidente sur notre secteur manufacturier, le subventionnement des exportations de biens contenant de l'acier, comme les appareils ménagers et l'équipement industriel. Ces produits supplantent une production intérieure en Amérique du Nord, à la fois dans ces secteurs mêmes et dans ceux qui les approvisionnent, comme le nôtre.
Le secteur de l'acier chinois est fondamental à cet égard. Même avec une croissance inférieure à deux chiffres, c'est devenu un important secteur d'exportation net grâce à de nombreuses mesures gouvernementales d'accroissement de la capacité chinoise et de subventionnement des exportations. La constitution rapide d'une capacité excédentaire en Chine et dans d'autres économies émergentes considérant que l'acier est un secteur stratégique provoquera inévitablement des distorsions sur les marchés du Canada et d'ailleurs. Je souligne que cette capacité excédentaire continue d'augmenter très rapidement.
Permettez-moi cependant de préciser que nous ne sommes pas ici pour proposer de nouvelles mesures de protection commerciale ni pour réclamer des subventions à la production. Nous recommandons plutôt à votre comité d'entériner l'importance d'appliquer les règles commerciales existantes car les pratiques déloyales causent des distorsions dans le secteur manufacturier canadien. Il serait d'ailleurs encore préférable de lutter contre ces pratiques avant qu'elles ne causent des problèmes encore plus graves, voire des litiges commerciaux.
J'aborde maintenant un deuxième thème, tout à fait différent, qui est la nécessité de créer des grappes industrielles et de consolider les relations de chaînes d'approvisionnement. Comme la mondialisation a pour effet d'étaler géographiquement les chaînes d'approvisionnement, nous pouvons renforcer notre compétitivité intérieure en créant des grappes locales ou régionales d'industries et d'infrastructures reliées.
Les grappes industrielles sont des regroupements de fournisseurs et de gros clients, ce qui crée un bassin plus large pour former et conserver une main-d'oeuvre qualifiée. Elles sont efficientes sur le plan des transports et permettent aux entreprises de collaborer à la mise au point de technologies, produits et procédés nouveaux. Nous devrions donc chercher des moyens compétitifs et pragmatiques de renforcer nos grappes industrielles ainsi que nos liens industriels et technologiques intérieurs. L'une des possibilités en est offerte par l'infrastructure de la recherche. Vous entendrez plus tard le Dr Frise, d'AUTO21, qui vous racontera une histoire impressionnante à ce sujet.
Le transfert à Hamilton des laboratoires CANMET de Ressources naturelles Canada représente une occasion importante pour le secteur de l'acier. En effet, cela réunira les capacités de l'industrie, de l'université et de la technologie gouvernementale pour créer un nouveau centre d'excellence canadien dans le secteur de la science des matériaux et de la métallurgie.
La troisième question que je souhaite aborder est celle d'une main-d'oeuvre adaptable et bien informée pour répondre aux besoins du secteur manufacturier du 21e siècle. Les programmes de ressources humaines, qu'ils soient fédéraux ou provinciaux, devraient être axés plus directement sur les connaissances techniques de pointe et les métiers très qualifiés dans lequels on s'attend à des pénuries. En outre, comme je l'ai déjà dit, un incitatif fiscal à la formation industrielle favoriserait l'apprentissage continu et le perfectionnement des compétences de la main-d'oeuvre existante.
Il convient par ailleurs d'agir plus tôt dans ce domaine. Trop d'éducateurs et d'étudiants ont une image désuète du secteur manufacturier. Les gouvernements et les entreprises doivent collaborer avec eux pour faire connaître à la population active de demain l'attrait d'une carrière dans le secteur manufacturier. Nous sommes très heureux que votre comité ait formulé des recommandations à ce sujet.
Finalement, il convient de se demander comment intégrer le mieux possible tous ces facteurs pour appuyer les intérêts du secteur manufacturier à moyen et à long terme. En bref, l'établissement de mécanismes de partenariat permettrait de conjuguer les forces des principales parties prenantes pour fixer des objectifs réalistes, cerner les mesures à prendre et rehausser les chances de succès des entreprises canadiennes.
Les partenariats avec l'industrie pourraient prendre de nombreuses formes différentes. Quelle que soit leur structure, ils offriraient une chance unique pour le Canada de prendre des mesures pour rehausser sa compétitivité mondiale. Le Canada eat particulièrement apte à agir de cette manière et cela pourrait nous donner un avantage compétitif.
Le secteur de l'acier a été particulièrement actif dans ce domaine. Nous travaillons depuis de nombreuses années avec les syndicats dans le cadre du Conseil canadien du commerce et de l'emploi dans la sidérurgie, qui formule actuellement des propositions concernant les besoins de compétences du secteur. Bon nombre de secteurs industriels du Canada ont une population active vieillissante, plus de la moitié de leur main-d'oeuvre étant âgée de plus de 45 ans.
À l'échelle internationale, les gouvernements de l'ALENA et leurs entreprises sidérurgiques ont formé le Conseil nord-américain du commerce de l'acier et, dans le cadre du Partenariat pour la sécurité et la prospérité, nous avons formulé une stratégie nord-américaine de l'acier, approuvée par les trois gouvernements.
Plus récemment, l'ACPA a intégré des représentants de niveau supérieur de nos gouvernements, de nos clients, de nos fournisseurs, de nos travailleurs et du monde universitaire. La prochaine étape de ce processus consistera à formuler une vision commune à long terme et des initiatives qui permettront aux participants d'agir ensemble pour continuer à faire progresser le secteur sidérurgique canadien.
Cela met fin à mes remarques liminaires, monsieur le président. Comme je l'ai dit, je n'ai abordé que les questions qui ont jusqu'à présent moins retenu l'attention. Nous remercions le comité de son intérêt à l'égard de nos recommandations et nous participerons activement à la période des questions.
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Merci, monsieur le président.
M. Watkins et M. Samson, merci d'être venus aujourd'hui et d'avoir présenté de manière si concise les thèses de votre secteur.
J'ai quelques questions d'ordre général à vous poser. Vous avez parlé de problèmes de capacité et de l'avenir de votre secteur qui a déjà connu un certain nombre de changements, à la fois quant au nombre d'entreprises et à leur production, ainsi qu'à la valeur même du secteur qui a sensiblement augmenté, ce dont nous sommes tous très heureux, avec la hausse des prix de l'acier.
Je voudrais avoir votre point de vue sur certaines questions d'ordre stratégique. Il me semble que nos entreprises ont abandonné certaines parties du marché de l'acier. Par exemple, nous ne produisons plus d'acier inoxydable. Il serait difficile, je crois, de trouver un seul producteur canadien au niveau primaire de la fabrication d'acier. On a plutôt tendance aujourd'hui à produire à un niveau plus élevé, et je trouve surprenant qu'un pays qui a une telle abondance de...
La dernière société qui fabriquait de l'acier inoxydable vient d'être rachetée et nous constatons que le prix de l'acier inoxydable atteint des sommets inouïs.
Nous voyons aussi quelle incidence cela peut avoir sur d'autres types de fabrications. Le comité entendra peut-être des représentants des nombreux utilisateurs d'acier inoxydable qui se plaignent de ne plus avoir accès à une production canadienne et d'être tributaires des vicissitudes d'un marché international pour qui le Canada est tout à fait secondaire sur le plan de la consommation. Qu'en pensez-vous?
Je voudrais avoir aussi ce que vous pensez de l'évolution du secteur. Le rachat de nombreuses entreprises est-il préoccupant? Je sais que nous n'en sommes plus à Minmetals mais je pense, par exemple, au rachat de nos aciéries de Hamilton par Arcelor.
Finalement, j'aimerais vous demander — et je vous pose cette question très sérieusement — si l'annonce du 31 octobre concernant les fiducies de revenu aura une incidence négative ou neutre sur votre secteur.
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Merci beaucoup, monsieur le président. C'est un honneur et un plaisir d'être ici.
Dans mon mémoire, auquel je ferai référence, je présente AUTO21, qui est l'un de plus de 20 réseaux de centres d'excellence financés par le gouvernement fédéral canadien dans des secteurs tels que la fabrication et le génie, la santé et les ressources naturelles. Je vais vous parler aujourd'hui de l'importance des RCE pour le Canada, notamment d'AUTO21, et aussi de la problématique du système canadien d'innovation qui, à mon avis, joue un rôle important dans l'amélioration de notre compétitivité mondiale.
Sur le plan socio-économique, le secteur de l'automobile est le plus grand secteur de fabrication au Canada, comme vous le savez tous. Vous trouverez des chiffres à ce sujet à la première page de mon mémoire et ils seront peut-être utiles à ceux d'entre vous qui ne connaissent pas bien ce secteur.
C'est un secteur très dynamique. Pratiquement toutes les chiffres concernant l'automobile sont énormes et, très franchement, le Canada occupe une très grande place dans ce secteur. Depuis 2000, nous sommes passés du cinquième au huitième rang comme pays fabriquant des automobiles mais, en fait, nous fabriquons aujourd'hui un peu plus d'automobiles et de camions qu'à l'époque et ce, malgré la montée d'autres économies comme la Chine. J'appuie vigoureusement à cet égard ce que les témoins précédents vous ont dit : nous devons faire concurrence à l'échelle mondiale, la situation est très dynamique et les choses changent très vite.
L'une des principales statistiques de la page 1 porte sur la surcapacité mondiale. Vous pouvez constater que le monde est capable de produire 80 millions de véhicules par an alors qu'il n'en produit que de 62 à 64 millions, ce qui reflète une surcapacité énorme. De fait, cette surcapacité est exactement égale à la capacité d'assemblage de véhicules en Amérique du Nord, ce qui veut dire que nous devons nous battre pour obtenir chaque emploi possible dans le secteur de l'automobile et chaque possibilité de production partout où c'est possible, et nous ne pouvons le faire qu'avec l'innovation. Comme je l'affirme à la page 2 de mon mémoire, nous ne pouvons pas faire ça au rabais. Nous ne pouvons le faire qu'en étant rapides, agiles, fiables et innovateurs, en produisant des choses de grande qualité.
Je voudrais faire une remarque d'ordre général sur le rôle des organismes de recherche universitaires et du secteur public.
À mes yeux, le rôle des organismes de recherche des universités et du secteur public est de produire du savoir pour nous faire avancer dans beaucoup de domaines différents et pour éduquer la population afin de rehausser son employabilité et stimuler son énergie créatrice. Les universités ne fabriquent pas d'automobiles ni de pièces détachées et je pense qu'il est important, alors que nous entreprenons — je l'espère — un examen systématique du système d'innovation du Canada, de nous assurer que tout le monde joue le rôle qui lui revient et s'en tient à ce qu'il sait faire.
AUTO21, j'espère que vous en conviendrez, a été un excellent investissement pour les Canadiens. C'est un partenariat public-privé efficace et efficient dans tous les sens de ces mots. Le conseil d'administration est dirigé par... et la majorité des administrateurs sont du secteur privé, d'entreprises actives d'une manière ou d'une autre dans le secteur de l'automobile. Ce sont des cadres de très haut niveau qui sont résolus à consacrer beaucoup de temps et d'énergie à gérer AUTO21 de manière efficace et efficiente, conformément aux règles du programme des RCE.
L'une des choses les plus excitantes des réseaux de centres d'excellence est qu'ils permettent de franchir harmonieusement les frontières de nombreuses disciplines différentes. Je crois qu'il est important de comprendre qu'il faut permettre aux bonnes personnes de se pencher sur les bons problèmes. Tous les problèmes ne peuvent pas nécessairement être résolus par les gens d'une même discipline. En fait, certains des plus difficiles exigent une approche pluridisciplinaire.
Par exemple, au sujet d'un problème de sécurité des véhicules dont nous nous occupions récemment, nous avions une équipe regroupant des infirmières, des médecins, des ingénieurs, des physiothérapeutes, des spécialistes de la cinétique humaine et des sociologues. Ce genre de chose est très important. Dans le système classique de financement de la recherche au Canada, il n'est pas facile à des gens couvrant un aussi large éventail de disciplines différentes de travailler ensemble parce que les conseils de subventionnement ont tendance à avoir des mandats relativement rigides. Certes, ils essayent de surmonter cet obstacle mais je pense qu'AUTO21 et d'autres organismes semblables ont une souplesse qui est très utile pour s'attaquer à ce genre de problèmes.
Ceci m'amène au thème central de mon message pour votre comité. Je crois que vous avez trois questions à prendre en considération et j'espère obtenir votre appui à ce sujet.
Tout d'abord, il convient d'apporter un changement à la réglementation afin d'éliminer la clause crépusculaire de 14 ans s'appliquant aux RCE. Les centres d'excellence ont été structurés au Canada — et c'est une invention canadienne de la fin des années 80 — avec un mandat originel de sept ans pouvant être reconduit sur demande pendant sept autres années.
Permettez-moi de dire immédiatement, et je le redirai sans doute, que je ne crois absolument pas à l'idée des droits acquis. AUTO21 ne s'oppose absolument pas un examen minutieux, rigoureux et attentif de ses activités, l'obligeant par exemple à faire la démonstration de ce qu'il apporte avec les deniers publics qui lui sont donnés. En revanche, je pense qu'il serait absurde de travailler d'arrache-pied pour créer un bon programme obtenant l'adhésion du secteur utilisateur — l'industrie — et offrant une possibilité d'éducation exceptionnelle aux jeunes Canadiens et de le fermer ensuite simplement parce qu'un certain nombre d'années se sont écoulés. Je pense que ça ne tiendrait pas debout. Pourtant, c'est comme ça que le programme a été conçu et j'estime que c'est une erreur.
Aux pages 4 et 5 de mon mémoire, je donne l'exemple du programme australien de centres de recherche en collaboration dont les auteurs se sont inspirés du programme canadien de RCE. L'un des derniers centres de recherche en collaboration de l'Australie s'appelle AutoRTC et il est directement copié sur AUTO21. C'est dit clairement dans la proposition. Ce programme australien permet aux réseaux de demander continuellement à être reconduits pendant des périodes successives et les demandes sont généralement accordées tant qu'ils bénéficient de l'appui du secteur utilisateur. Tant que ce secteur reste engagé — notamment sur le plan financier — à faire un investissement en contrepartie des fonds du secteur public, le gouvernement maintient son engagement. Cela a permis à l'Australie de faire des progrès dans la recherche et, ce qui est encore plus important, d'appuyer des secteurs économiques clés à un niveau largement supérieur, à mon avis, à ce que pourrait normalement faire un pays de 21 ou 22 millions d'habitants. Je pense que c'est parce que son programme a été systématiquement conçu pour réussir et pour produire certains résultats. J'estime que nous devrions en examiner attentivement les caractéristiques.
Je le répète, je ne crois pas aux droits acquis. Si AUTO21 cesse de fonctionner correctement et de créer de la valeur, et si l'industrie cesse de l'appuyer, je serai le premier à suggérer son élimination.
L'autre question que je souhaite aborder brièvement est la collaboration entre les divers organismes fédéraux de financement de la recherche. J'en donne plusieurs exemples dans mon mémoire. À l'heure actuelle, on doit adresser à un organisme une demande d'aide pour financer l'équipement et à un autre une demande pour financer le personnel. Or, ces deux organismes ne communiquent pas vraiment très bien, ce qui est fâcheux. Il faut une démarche plus systémique.
Finalement, je pense que le financement des programmes créant de la valeur et de l'emploi devrait comporter un facteur inflationniste pour leur permettre de rester compétitifs. S'il est vrai que les entreprises doivent faire concurrence à l'échelle mondiale, c'est vrai aussi pour les organismes de recherche qui veulent obtenir les meilleurs chercheurs, le meilleur équipement et les meilleures idées. Je pense que le Canada a beaucoup fait ces dernières années pour appuyer la recherche et l'innovation mais j'estime qu'il a encore beaucoup à faire.
Je recommande par conséquent au comité d'envisager une révision systématique de la manière dont tous les programmes fonctionnent et s'intègrent pour faire en sorte que les choses se passent de manière cohérente.
Comme je pense que je n'ai plus de temps, je vous remercie beaucoup de votre attention.
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Merci beaucoup, monsieur le président et membres du comité. C'est un plaisir pour moi de m'adresser à vous cet après-midi.
Comme l'a dit le président, j'ai mené une carrière assez diversifiée. Je passe actuellement du temps à Ottawa pour le Conseil national de recherches mais, avant cela, j'étais un entrepreneur oeuvrant dans le secteur du capital-risque. Autrement dit, je m'occupais d'innovation technologique et de commercialisation de l'innovation.
Je m'adresse à vous aujourd'hui au nom d'un organisme appelé EnergyNet, qui est un consortium impartial, à but non lucratif et ne faisant pas de lobbying d'entités du gouvernement et de l'industrie soucieux d'accélérer l'innovation technologique dans le secteur de l'énergie.
Je ne viens vous demander rien de particulier mais plutôt vous présenter la situation de l'innovation dans le secteur de l'énergie du Canada afin de vous montrer qu'elle n'est pas aussi efficace qu'elle devrait l'être et qu'elle pourrait être améliorée.
Tout d'abord, il est évident qu'un approvisionnement sûr et fiable d'énergie sous la bonne forme, au bon endroit, au bon moment et pour les bons clients est crucial pour les entreprises et pour l'ensemble de la société. Je ne doute pas que beaucoup de témoins vous l'ont déjà dit ces derniers mois. Pour ma part, je veux parler de l'énergie elle-même et de son importance, puis de l'innovation dans ce secteur, qui n'est pas aussi efficace qu'elle pourrait l'être.
La première diapositive, au bas de la première page, fait ressortir le lien indéniable et essentiel entre consommation d'énergie et prospérité économique. Certes, l'angle de cette courbe pourrait être différent mais il ne fait aucun doute que, si l'on veut passer du bas au sommet de la courbe, on doit consommer plus d'énergie, que ça nous plaise ou non. Cela fait partie de la durabilité, mot que j'emploie ici pour désigner la durabilité économique et la durabilité de notre société et de notre mode de vie, en plus de son sens usuel relié à l'environnement.
L'énergie est-elle une plaie ou un bienfait? Comme je viens de le dire, la consommation d'énergie est étroitement reliée au PIB et au niveau de vie, et elle est manifestement très importante pour assurer la prospérité du secteur manufacturier. L'une des choses les plus importantes que je tiens à vous dire est que la production et la consommation d'énergie ne contribuent pas en soi de manière importante au réchauffement climatique. Si l'on convertissait en chaleur chaque joule d'énergie produite — et la thermodynamique détermine que la majeure partie est convertie en chaleur — cela ne relèverait pas la température de la planète de plus de 1/10e ou 2/10e de degré. Ce sont les sous-produits de la consommation et de la production d'énergie qui contribuent au réchauffement de la planète.
Donc, l'accroissement de la consommation d'énergie n'est pas axiomatiquement problématique et ne va pas à l'encontre d'un usage responsable, de la durabilité ou de saines politiques environnementales. De fait, l'énergie contribue à la résolution de maints problèmes mondiaux, d'ordre social ou environnemental.
Le dessalement de l'eau de mer exige de l'énergie, tout comme la séquestration du bioxyde de carbone, etc. J'affirme donc que nous devrions accélérer activement les technologies de production d'énergie tout en atténuant les sous-produits de la production et de l'utilisation pour empêcher la détérioration continue de l'environnement. Et cela vaut autant pour les énergies fossiles que pour les énergies renouvelables ou de remplacement.
L'augmentation de la demande mondiale d'énergie n'est pas causée uniquement par le Canada — en fait, le Canada n'y contribue que de manière mineure — mais surtout par des pays comme la Chine et l'Inde, et vous connaissez les statistiques que je vous montre ici. L'augmentation de la consommation mondiale d'énergie est inévitable. La bonne nouvelle est qu'il y a beaucoup de sources d'énergie dans le monde. La question est seulement d'arriver à les exploiter et à les utiliser.
En réalité, on peut affirmer qu'il y a suffisamment de sources d'énergie dans le monde pour des centaines d'années, si ce n'est indéfiniment. Ce sont les technologies d'extraction et les sous-produits de ces industries qui posent problème, et il n'y a pas de solution magique. Chaque source d'énergie sera nécessaire et les combustibles fossiles — les sources d'énergie de carbone — continueront de subvenir aux besoins mondiaux d'énergie pendant les 100 ou 200 prochaines années. C'est une réalité incontournable.
Le recours aux sources d'énergie renouvelables augmentera rapidement mais celles-ci ne représenteront encore que 20 % à peine de la consommation mondiale d'ici à 2050 si nous faisons du bon travail en matière d'innovation.
Nous pouvons envisager plusieurs options pour l'avenir. Nous pouvons continuer à faire comme nous avons toujours fait, ce qui aggravera les tensions géopolitiques, perturbera l'approvisionnement, intensifiera la détérioration de l'environnement et le changement climatique et provoquera plus d'instabilité sur les marchés et sur les approvisionnements, ou nous pouvons entrer dans une ère d'approvisionnement énergétique responsable et durable axée sur les combustibles fossiles, en particulier, mais en en réduisant l'empreinte carbonique et les exigences en ressources secondaires, c'est-à-dire en eau. Nous devons intégrer toutes les sources d'énergie au réseau de distribution et au marché en envisageant l'énergie de manière systémique. Nous devons accélérer la mise au point de sources d'énergie non conventionnelles et de remplacement pour qu'elles puissent entrer progressivement dans le circuit de l'énergie et nous mener vers un type d'énergie plus verte. Cela veut dire qu'on met l'accent sur la mise au point et le déploiement de nouvelles technologies, mais aussi sur une réglementation adaptée et sur un environnement commercial plus certain et plus stable permettant de faire des investissements à long terme dans les nouvelles technologies d'énergie.
Je répète qu'il faut admettre que les combustibles fossiles continueront d'être la principale source d'approvisionnement mondial pendant les 100 prochaines années, à peu près — il va bien falloir l'admettre — et que la technologie peut être extrêmement utile pour atténuer certaines des difficultés qu'ils causent. Pour vous donner une idée de la manière dont la technologie peut être utilisée, j'ai préparé une diapositive montrant comment les ressources de la mer du Nord ont évolué depuis leur découverte en 1976. Les trois couleurs différentes — je crois c'est seulement en noir et blanc sur vos copies — montrent comment la technologie a fait doubler à deux reprises les réserves disponibles en mer du Nord.
Le défi n'est donc pas d'apprendre à utiliser moins d'énergie, bien que je n'aie strictement rien contre l'amélioration de l'efficience énergétique et la conservation dans la panoplie des solutions à nos problèmes, mais de libérer l'innovation technologique pour accroître nos approvisionnements tout en en minimisant l'incidence environnementale. La solution au problème est d'intégrer et d'équilibrer une chaîne d'innovation pour mettre en oeuvre des solutions efficaces.
Que veut-on dire par chaîne d'innovation? Qu'est-ce que c'est? La diapositive suivante, qui est un peu plus complexe, je m'en excuse, montre comment les idées se transforment en produits, du bas vers le haut et de la gauche vers la droite, et débouchent sur un bienfait économique. Voilà ce qu'est une chaîne d'innovation. Elle démarre avec le savoir et s'achève avec un produit donnant un bienfait économique. Si nous n'avons pas une chaîne d'innovation fonctionnant exactement de la même manière que les chaînes d'approvisionnement traditionnelles, mais une chaîne de savoir comportant de bons liens intégrés et des acteurs différents en cours de route, nous n'obtiendrons pas les bienfaits économiques qui devraient résulter des millions de dollars dépensés au début de la chaîne.
Si vous voulez comparer la performance du Canada en matière d'innovation, examinez la diapositive suivante qui résulte d'études réalisées par un groupe composé de moi-même et de Lipsey, de Simon Fraser, avec la contribution de Michael Porter. On y voit certaines statistiques comparant le Canada à certaines des économies les plus innovantes au monde. Vous pouvez voir que les chiffres des pratiques exemplaires indiquent un ratio de R-D privée égale à trois fois la contribution publique. Ce n'est pas clair sur ce tableau mais ça devrait être trois parts du secteur privé pour une part du secteur public. Voyez où en est le Canada.
Le résultat est que nous avons un déséquilibre au Canada puisque la recherche est plus poussée par le gouvernement que tirée par le marché. Nous avons une économie de l'innovation identique à l'économie de l'offre — découvrons des choses, quelqu'un s'en servira. Nous n'avons pas une chaîne d'innovation intégrée. Les parties actives dans la chaîne de l'innovation ne partagent pas une vision et des objectifs communs. Nous n'avons pas de politiques holistiques. Nous avons plus de 200 programmes gouvernementaux axés sur l'innovation mais presque tous sont trop petits ou trop difficiles à mettre en oeuvre, si j'en crois mes collègues du secteur privé. Les organismes concernés sont diffus et non coordonnés. Et, finalement, les indicateurs statistiques et les données de référence ne concordent pas ou diffèrent d'une partie à l'autre. Je pourrai vous en donner des exemples. Nous avons donc une chaîne d'innovation déséquilibrée et inefficace sur le plan des bienfaits économiques qu'elle produit par rapport aux efforts énormes qui y sont investis.
Le problème vient en partie des méthodes de financement. Le graphique suivant montre que le gouvernement fournit la majeure partie de son argent au début, là où les idées se forment dans les universités et les laboratoires, alors que le secteur privé fournit la majeure partie de son argent à la fin, quand on arrive à un produit — ce qui n'est pas étonnant. Le problème est qu'il y a un fossé au milieu et qu'on manque d'argent pour financer la partie la plus difficile de l'innovation et du transfert et de la commercialisation de la technologie, c'est-à-dire l'étape de l'usine pilote, de la démonstration et de la mise en marché. C'est tout simplement parce que c'est une étape où le risque politique est plus élevé. Les sommes en jeu sont importantes, le nombre de projets est petit et le gouvernement se fait accuser de choisir les gagnants et d'investir des centaines de millions dans des choses qui ne marchent pas. Mais c'est aussi là où le secteur privé considère que son risque financier est le plus élevé. Voilà pourquoi il faut absolument que les deux secteurs agissent en partenaires.
Le secteur de l'énergie est l'un de ceux où les produits ne sont pas différenciés. On y trouve des choses telles que des essences ou des électrons et il est très difficile de mesurer le rendement des innovations technologiques quand les concurrents qui n'innovent pas produisent exactement la même chose, indifférenciable.
Finalement, pour résumer ce que devrait faire le gouvernement pour améliorer le cycle de l'innovation, il devrait avant tout partager innovation technologique et risques d'exécution, peut-être avec des mécanismes d'assurance, et renforcer la chaîne de l'innovation pour rehausser le rendement de l'innovation technologique. Si l'on se concentre sur le secteur de l'énergie, je peux vous garantir que ça débouchera sur des gains énormes d'exportations technologiques et contribuera peut-être plus que n'importe quoi d'autre à la durabilité globale.
Merci, monsieur le président, de m'avoir donné l'occasion de m'adresser au comité.
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Je vous remercie de votre question.
Vous avez raison quand vous dites que les fabricants d'automobiles appartiennent à des sociétés étrangères, mais on a constaté — et c'est vrai depuis longtemps, chacun des fabricants étant un peu différent des autres à cet égard — que les filiales canadiennes de certaines de ces cinq grandes entreprises ont des mandats importants de recherche et développement de leur société mère.
Pour obtenir ces mandats, elles doivent faire une concurrence interne mais les gens du centre de génie régional de General Motors à Oshawa, les gens de l'ARDC de DaimlerChrysler à Windsor, les gens du centre d'innovation que Ford va bientôt ouvrir à Oakville, et ceux du centre international d'innovation de camions et de moteurs à Windsor ont fait concurrence avec succès au sein de leurs entreprises respectives pour s'occuper de certains éléments de R-D. Aucune entreprise ne veut concentrer toute sa R-D dans un seul endroit.
L'autre facteur clé est que la R-D a tendance depuis un certain temps à suivre le talent, et ça devrait continuer. On la fait là où il y a des gens capables de la faire, qui ont les connaissances, l'énergie et l'intuition requises pour réussir. Que ces gens vivent au Canada ou ailleurs, l'activité se fera là où ils sont.
Avec AUTO21, nous constatons que nous suscitons l'intérêt d'entreprises d'autres pays qui veulent avoir accès au talent et au savoir-faire canadiens, la clé étant pour nous d'accorder cet accès sans risquer de perdre le talent. De fait, je crois que le talent que nous développons ici nous rapportera des investissements et des bienfaits nets.
Finalement, dans le secteur des pièces, il y a beaucoup d'entreprises à propriété canadienne dont le siège social se trouve sur notre territoire, et nous devons leur accorder un appui très solide pour nous assurer qu'elles maintiennent leurs activités d'innovation ici même et qu'elles emploient nos jeunes.
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Vous avez parfaitement raison. Comme ce ratio est probablement la mesure la plus cruciale d'un système d'innovation dynamique, on pourrait dire que, si le secteur privé n'est pas prêt à investir plus d'argent dans la R-D, le gouvernement devrait en investir moins pour ramener le ratio à trois sur un car on a prouvé que ce ratio, ou même un ratio supérieur à trois sur un, est absolument optimal pour une économie innovante.
Cela dit, je nerecommande pas nécessairement de réduire la contribution. Ce qui compte, c'est qu'elle soit bien ciblée. Si vous faites participer directement l'industrie à cette activité, vous constaterez que les entreprises seront prêtes à investir plus en R-D. Je ne pense pas qu'il s'agisse d'une politique unique — je ne suis pas un fiscaliste mais, par exemple, si je prends les seuls RS&DE, c'est une manière non holistique d'aborder la question, et ça ne permettra d'agir que sur une partie de la chaîne d'innovation. Or, il faut envisager la chaîne dans son ensemble et voir comment on peut encourager le secteur privé à faire plus de R-D.
Une bonne décision dans l'immédiat consisterait à donner plus de gouvernance du secteur privé dans le financement du secteur public de façon à avoir plus de R-D tirée par le marché en même temps qu'elle est poussée par la technologie. Il faut les deux. On ne peut pas faire l'une sans l'autre. Comme je l'ai dit, il y a actuellement un déséquilibre entre la recherche poussée par la technologie et la recherche tirée par le marché.
Voici un exemple. Je me trouvais hier au laboratoire de CANMET à Devon pour une allocution. En sortant, des gens de l'industrie m'ont dit ceci : « Superbes laboratoires. Des gens extrêmement brillants. Ils n'étudient aucun des problèmes qui nous intéressent. Pourquoi finance-t-on ça? »
Si cet argent était ciblé et si ce laboratoire faisait partie d'un partenariat, on pourrait dire : « Nous allons donner de l'argent, vous allez en donner aussi, secteur privé, mais c'est vous qui allez arrêter le programme pour trouver des technologies répondant à vos problèmes ». Si on faisait ça, je vous garantis que le secteur privé ne tarderait pas à monter dans le bateau.
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Vous avez tous les deux fait des remarques très intéressantes et je vous en remercie.
Je voudrais revenir sur deux commentaires. M. Frise, vous avez parlé de notre pays, notre argent, au sujet du cas de Nokia en Finlande et de son succès mondial avec les téléphones cellulaires. M. Raymont, vous avez parlé de certains succès que vous avez eus en matière de commercialisation au sud de la frontière.
Je me suis souvent demandé, et c'est une question qui revient souvent dans ce comité, si nous avons un problème d'économie d'échelle au Canada ou plutôt un manque de coordination, comme vous semblez l'indiquer, M. Raymont, des différents programmes qui existent — ou si ce n'est pas simplement le fait qu'il est impossible de forger une stratégie fondée sur la coordination des différents secteurs industriels, tout simplement parce que les industries sont contrôlées par des décisions prises bien en dehors du Canada.
En disant ça, je ne veux pas brandir le vieil étendard du nationalisme mais simplement souligner que pratiquement chaque pays que vous avez mentionné a des entreprises qui sont des leaders dans leur secteur. Leur siège social se trouve sur leur territoire et c'est là que sont prises les grandes décisions. Il peut alors y avoir le genre de synergie qui débouche sur de nouveaux produits. Je m'interroge souvent sur le cas de l'industrie pharmaceutique où l'on trouve fort peu de mandats mondiaux alors qu'on y fait beaucoup de recherche et de développement, souvent afin de correspondre aux lois canadiennes sur les brevets pour pouvoir vendre les produits.
En ce qui concerne l'énergie et l'automobile, puisque j'ai été directeur des relations publiques chez Toyota Canada pendant plusieurs années, je trouve bizarre que, même si elle n'a peut-être pas de subventions directes du gouvernement et de protection de son marché, ce qui est une autre question, elle fonctionne avec le paradigme des keiretsu où une société transige avec plusieurs autres. Il y a une relation commerciale dans laquelle on ne peut pas s'immiscer. C'est pratiquement aussi fort que l'organisation étatique. Je ne vois pas comment le Canada pourrait échapper à cette réalité étant donné que beaucoup des décisions prises dans le secteur de l'automobile — et je parle d'expérience — proviennent d'autres régions du monde.
Sur la question précise de l'innovation, si une entreprise arrivait et, par exemple, était capable de baisser ces lumières de 50 %, vous ne pourriez pas être sensible au changement du point de vue de la lumière émise. Il me semble que ce genre de technologie pourrait être appuyé mais la réalité pour les entreprises qui pourraient faire ce genre d'invention est que la plupart estiment qu'elles doivent d'abord la commercialiser au sud de la frontière, là où il y a les marchés financiers et l'accès au capital pour faire ce genre de choses.
Comment devrions-nous développer ou coordonner l'économie canadienne, étant donné le paysage économique actuel en ce qui concerne qui contrôle quoi dans nos secteurs clés? Comment coordonner un tel résultat lorsque les décisions et les marchés de capitaux ont tendance à se trouver ailleurs?
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Franchement, je ne sais pas pourquoi on a adopté cette clause et je ne sais pas de qui ça relève. J'aimerais bien le savoir.
Pour ce qui est des autres questions, je dirai simplement qu'il faut généralement beaucoup trop de temps pour que des décisions soient prises dans les programmes canadiens — pas seulement celui des RCE.
M. Raymont a dit la même chose en parlant de l'obligation de rédiger un document de 44 pages pour demander quelques centaines de milliers de dollars. Dans les milieux de la recherche, on dit souvent qu'il y a des centaines de personnes qui se battent pour quelques poignées de dollars.
Dans le cas du CRC australien, l'AutoCRC, la proposition au complet faisait 20 pages. Pour AUTO21, c'étaient trois annuaires téléphoniques. Bon, je n'ai rien contre un processus rigoureux et exigeant mais on perd beaucoup trop de temps à répondre à toutes sortes de questions.
Le renouvellement de notre programme sera décidé l'an prochain et je suis sûr que ça passera comme du beurre dans la poêle et que nous allons réussir. Il n'empêche que ça va nous paralyser pendant de nombreux mois parce que nous serons obligés de passer par tout le processus de formulation d'une nouvelle proposition et que nous devrons donc de suspendre toutes nos activités pour nous occuper de ça. Ensuite, il y aura un long processus de décision.
Tout ce processus prend près de 20 mois alors que nous avons déjà fait nos preuves pendant cinq ans et demi, qu'il y a eu des vérifications externes sans aucun problème, que nous avons un conseil d'administration indépendant qui est très exigeant, et que nous avons dans 40 universités du Canada des chercheurs dont les travaux sont révisés totalement par des pairs et qui supervisent cinq cents étudiants de niveau supérieur et ont besoin de ce financement. Pourtant, nous avons devoir tout arrêter pendant 20 mois en attendant qu'on décide si nous pouvons continuer ou non.
Voilà le genre de situation dans laquelle nous nous trouvons.