:
Mesdames et messieurs, je déclare la séance ouverte. Bienvenue à tout le monde, et plus particulièrement aux témoins que nous accueillons aujourd'hui. C'est la première séance publique de notre comité cet automne, même si nous nous sommes déjà réunis deux fois la semaine dernière. Bon retour.
Conformément au Règlement, nous allons examiner cet après-midi le chapitre 4 du rapport de mai 2006 du Vérificateur général du Canada sur le Programme canadien des armes à feu. Nous accueillons à cette occasion la vérificatrice générale, Sheila Fraser, ainsi que Peter Kasurak, premier directeur principal de son bureau.
Nous recevons également M. Ian Bennett, sous-ministre adjoint intérimaire, Direction générale des approvisionnements au ministère des Travaux publics et des Services gouvernementaux.
Le sous-commissaire Peter Martin, des Services nationaux de police de la Gendarmerie royale du Canada est aussi des nôtres.
Nous recevons aussi M. François Bidal, directeur général du Centre des armes à feu Canada qui est accompagné par Denis Bilodeau, avocat-conseil et chef des Services juridiques du Centre.
Nous attendons M. William Baker, qui comparaît à titre personnel. M. Baker était l'ancien commissaire du Centre des armes à feu Canada, et il devrait arriver d'une minute à l'autre.
Avant d'inviter la vérificatrice générale à faire sa déclaration liminaire, je crois que M. Nadeau a une information ou une objection à formuler.
:
Je vous remercie, monsieur le président, de m'avoir invitée à vous parler de notre vérification sur le Centre des armes à feu Canada. Comme vous l'avez dit, je suis accompagné par M. Peter Kasurak, premier directeur principal de l'équipe de vérification de la sécurité publique qui était responsable de cette vérification.
J'aimerais profiter de l'occasion pour donner au comité un aperçu de nos constatations sur le fonctionnement du Programme des armes à feu. Cette vérification était un suivi de celle que nous avions effectué en 2002 sur les coûts du Programme canadien des armes à feu. Nous n'avions pu terminer notre vérification en 2002, car l'information financière n'était pas fiable et ne présentait pas fidèlement les coûts nets du programme.
Cette année, nous avons pu affirmer que le Centre a fait des progrès satisfaisants en ce qui concerne le mise en oeuvre de nos recommandations, sauf que nous avons relevé des erreurs dans la comptabilisation des coûts de son nouveau système d'information. Des comités parlementaires, dont le vôtre, ont déjà tenu de longues audiences sur nos rapports signalant des erreurs comptables et leurs répercussions sur le contrôle exercé par le Parlement sur le Trésor public. Ainsi, je vais plutôt insister aujourd'hui sur les autres éléments que nous avons constatés.
Comme vous le savez, après notre vérification, le gouvernement a annoncé des changements au programme. Les changements les plus importants sont le transfert du Programme canadien des armes à feu à la GRC et le dépôt d'une loi destinée à abolir le registre des armes d'épaule. J'ai tenu compte de ces changements dans ma déclaration d'aujourd'hui, mais nous n'avons évidemment effectué aucune autre vérification dans ce dossier depuis notre rapport de mai dernier.
[Français]
Nous avons constaté que le Centre des armes à feu avait accompli des progrès importants lorsqu'il est devenu une agence distincte et qu'il a réglé bon nombre de problèmes opérationnels et contractuels. Cependant, nous avons relevé quelques problèmes non réglés, dont les plus sérieux concernent ce qui suit: les rapports sur le rendement du programme à l'intention du Parlement; l'exactitude des renseignements consignés dans le registre; et des difficultés récurrentes liées au nouveau système d'information.
Dans l'ensemble, l'information sur le rendement communiquée au Parlement s'est améliorée depuis notre vérification de 2002. Au moment de notre vérification de 2006, les rapports sur le rendement présentaient beaucoup plus de renseignements. Cependant, nous avons observé que l'information sur le rendement demeurait limitée sur le plan des résultats atteints. En effet, le centre ne s'était pas fixé d'objectifs de rendement et présentait peu d'exemples sur les résultats du programme. De plus, les rapports sur le rendement du Centre des armes à feu contenaient des erreurs qui ont causé une surestimation de l'amélioration des délais de traitement des demandes de permis et d'enregistrement d'armes à feu.
Passons au deuxième point, soit l'exactitude de l'information consignée dans le registre. Si l'on veut qu'elle soit utile aux services de police et qu'elle permette de réduire les risques à l'égard de la sécurité publique, l'information consignée dans le registre doit absolument être exacte. Nous avons trouvé de sérieux problèmes relatifs à la qualité de l'information contenue dans la base de données:
- l'adresse des propriétaires d'armes à feu était incorrecte dans de nombreux cas;
- la vérification nous a permis de relever de nombreux cas où l'information sur le mécanisme de l'arme à feu, sa marque ou son numéro de série était incorrecte;
- seulement la moitié des 1,2 million d'armes à feu enregistrées dans l'ancien Système d'enregistrement des armes à feu à autorisation restreinte avaient été enregistrées dans le nouveau système. L'information sur ces armes à feu n'avait pas été mise à jour, même si on savait que bon nombre des anciens dossiers renfermaient des renseignements inexacts. L'exactitude des données sur les armes à feu est un problème non réglé à ce jour;
- enfin, le centre ne connaissait pas l'état de 62 p. 100 des armes à feu dont le certificat d'enregistrement a été révoqué pendant trois mois en 2005.
[Traduction]
Je vais maintenant vous parler des difficultés du système d'information.
Le Centre a connu des difficultés récurrentes dans la gestion du système d'information de son registre. Sa première tentative, le SCIRAF I, avait coûté beaucoup plus cher que prévu puisque, en date de mars 2005, près de 190 millions de dollars y avaient été consacrés, y compris pour la maintenance et l'exploitation. Bien que les estimations initiales des coûts du système étaient de l'ordre de 13 à 20 millions de dollars, l'ampleur du dépassement des coûts est difficile à évaluer du fait que les coûts pour le développement et l'exploitation n'étaient pas différenciés. Le fait que l'on ait tenté de mettre au point le système avant l'adoption de la loi et des règlements afférents compte parmi les principaux facteurs ayant causé le dépassement des coûts.
En 2001, le Centre a décidé qu'il fallait un nouveau système d'information, le SCIRAF II, mais a refait l'erreur d'essayer de mettre le système au point avant la modification de la loi et des règlements afférents. Le SCIRAF II a aussi connu des dépassements de coûts importants, dont des retards qui ont coûté 30,6 millions de dollars à la suite de l'interruption du développement du projet par le Centre. Lors de notre vérification, le SCIRAF II accusait un retard de plus de deux ans, n'était toujours pas au point et avait coûté environ 90 millions de dollars.
Monsieur le président, la GRC est maintenant chargée de gérer le programme et de tenir le Parlement informé des progrès réalisés. Étant donné que le Centre des armes à feu est d'accord avec nos recommandations et qu'il propose des actions correctrices, le comité pourrait vouloir obtenir un renouvellement de l'engagement pris par le Centre au sujet de la suite à donner à notre rapport.
Monsieur le président, je termine ainsi ma déclaration d'ouverture. Nous serons heureux de répondre aux questions du comité. Merci.
:
Oui. Merci, monsieur le président.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, j'aimerais vous présenter Scott Leslie, qui est le directeur principal qui a travaillé très étroitement avec le Centre et continue de le faire avec la GRC.
Je veux vous remercier de me donner l'occasion de parler des services de passation de marchés offerts par le gouvernement fédéral dans le contexte du chapitre 4 du rapport de mai 2006 de la vérificatrice générale.
[Français]
Afin d'offrir des services d'approvisionnement au meilleur rapport qualité-prix, Travaux publics et Services gouvernementaux Canada joue le rôle de partenaire stratégique auprès des ministères clients. À ce titre, nous les appuyons à toutes les étapes du processus d'approvisionnement en les aidant à définir leurs exigences et à choisir les méthodes d'approvisionnement, en gérant le processus d'appel d'offres et en leur donnant un coup de main pour assurer leur reddition des comptes pendant toute la durée du contrat.
[Traduction]
Le ministère des Travaux publics et des Services gouvernementaux a soutenu le Centre canadien des armes à feu depuis sa création en lui offrant des services de passation des marchés entre autres ayant trait à la TI.
Le ministère a établi deux contrats principaux, tous deux attribués à l'issue d'appels d'offres publics à l'appui des Systèmes canadiens d'information relativement aux armes à feu. Désignés sous le nom de SCIRAF I et SCIRAF II, ces contrats sont mis en évidence dans le chapitre 4 du rapport de la vérificatrice générale.
La gestion de ces deux contrats SCIRAF dans un cadre opérationnel et législatif incertain s'est révélée une tâche fort ardue. Bon nombre de modifications ont dû être apportées à ces deux contrats au fil des ans à des fins d'adaptation aux réalités changeantes. Nous reconnaissons toutefois ne pas avoir suffisamment tenu compte des leçons tirées de nos expériences avec le SCIRAF I dans le processus d'approvisionnement lié à l'élaboration du SCIRAF II, qui a été particulièrement épineux. Bien des hypothèses sur lesquelles il était fondé ont dû être ajustées en raison de l'évolution de la situation, en particulier en ce qui concerne la Loi sur les armes à feu.
Sur la foi d'une analyse réalisée par une tierce partie, Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, le Centre des armes à feu Canada de la GRC et l'entrepreneur du SCIRAF II ont convenu de mettre un terme aux travaux afin de garantir qu'aucune autre dépense ne sera engagée pendant que nous évaluons la situation.
La vérificatrice générale a donné des exemples pour la période allant de 1997 à 2004 montrant que le Centre des armes à feu Canada a retenu, durant plusieurs années, les services d'un certain nombre d'entrepreneurs, utilisant pour ce faire le marché des services professionnels en informatique, cette base de données gérée par TPSGC grâce à laquelle les ministères fédéraux pouvaient trouver des experts-conseils à partir de la liste des compétences et expériences de ces derniers. Les ministères se sont servis de cet outil pour justifier le recours à un processus d'approvisionnement non concurrentiel. La vérificatrice générale affirme que, dans bien des cas, les recherches effectuées dans cette base de données ne permettaient d'obtenir que le nom de l'entrepreneur titulaire. TPSGC convient qu'il n'aurait pas fallu qu'on donne l'impression que ces contrats avaient été attribués par voie concurrentielle. Le Centre a abandonné cette pratique en 2004.
La vérificatrice générale recommande que Travaux publics et Services gouvernementaux passe en revue la manière dont les ministères clients utilisent ses outils de passation de marchés et qu'il soit en mesure de donner l'assurance qu'ils ne s'en servent pas pour se soustraire aux exigences des politiques et marches à suivre relativement à la passation de marchés. Nous prenons très sérieux la recommandation de la vérificatrice générale et nous sommes en voie d'adopter des mesures correctives pour régler les problèmes soulignés dans le chapitre susmentionné. Au nombre de ces mesures, signalons la formation des utilisateurs en ce qui a trait à leurs responsabilités, aux politiques et aux marches à suivre, le contrôle et la comptabilisation accrus de l'utilisation de ces outils et, au besoin, la restriction de celle-ci. En décembre dernier, TPSGC a amélioré sa base de données, l'a renommée — elle s'appelle désormais les Services professionnels en ligne — et l'a élargie afin de pouvoir mieux contrôler l'usage qu'en font les ministères.
En conclusion, nous voulons trouver d'autres façons d'améliorer les services que nous offrons aux organismes clients, tout en continuant à servir de frein et de contrepoids dans l'intérêt des Canadiens. TPSGC est en voie de transformer sa façon de faire. Nous sommes à la recherche de nouveaux modes de prestation des services qui sont plus intelligents, plus rapides et moins coûteux pour les Canadiens. Nous avons à coeur d'adopter des stratégies concurrentielles de passation de marchés équitables, ouvertes et transparentes qui répondent aux exigences du gouvernement, tout en garantissant l'accès égal aux entreprises qui résisteront à l'épreuve de l'examen public.
Merci. C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions, monsieur le président.
Merci, monsieur le président.
Bonjour, monsieur le président, et mesdames et messieurs les membres du comité.
Je suis ici aujourd'hui en compagnie de hauts dirigeants du Centre des armes à feu Canada de la GRC.
Je suis heureux de venir vous rencontrer pour discuter de différentes questions touchant le Centre des armes à feu.
Le 17 mai dernier, l'honorable Stockwell Day, ministre de la Sécurité publique, a fait l'annonce de décisions importantes du gouvernement sur l'avenir du Programme canadien de contrôle des armes à feu. La première initiative comprenait le transfert à la GRC de la responsabilité de l'administration et du fonctionnement du Centre des armes à feu Canada. Depuis ce moment, nous avons mis en oeuvre des principes de saine intendance pour harmoniser les fonctions administratives qui ont entraîné des économies d'échelle, tout en maintenant l'orientation du mandat du Centre des armes à feu.
Nous poursuivons nos démarches en vue d'harmoniser encore davantage les fonctions qui permettront à la GRC de réinvestir stratégiquement dans d'importantes initiatives liées à son mandat. Nous avons également examiné le chapitre 4 du rapport de la vérificatrice générale du Canada, déposé en mai dernier, et la direction de la GRC a élaboré un plan d'action pour mettre en oeuvre les recommandations qui y sont présentées.
J'aimerais vous remercier d'avoir invité la GRC à comparaître devant votre comité, et je suis prêt à répondre à vos questions.
:
Merci beaucoup, monsieur Martin.
Messieurs Bidal et Bilodeau avez-vous une déclaration à faire?
D'accord. Chers collègues, les déclarations liminaires des témoins sont terminées. Nous allons maintenant passer aux questions.
Juste avant de donner la parole à M. Wrzesnewskyj, j'aimerais demander aux membres de poser des questions brèves et directes, sans faire de long préambule.
Je prierais également les témoins de nous donner des réponses courtes et claires. Notre comité ne tolère absolument pas les longues réponses confuses qui n'ont aucun rapport avec la question posée.
Enfin, je rappellerais aux membres que notre comité s'occupe de questions financières, de la légitimité, de la régularité et de l'aspect économique du sujet à l'étude et non des aspects politiques, c'est-à-dire de savoir si notre pays doit ou non avoir un registre des armes à feu. C'est une question de principe qui est du ressort du gouvernement au pouvoir, et notre comité n'a évidemment aucune opinion là-dessus. Je demanderais aux membres de poser leurs questions en conséquence.
Cela dit, une dernière chose avant de donner la parole à M. Wrzesnewskyj, je vous signale que le vérificateur général de la province de Québec est dans la salle. Il pourrait peut-être se lever et nous saluer.
Des voix: Bravo!
Bienvenue.
Monsieur Wrzesnewskyj.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais commencer en citant le rapport de mai 2006, où on peut lire, à la page 148, au paragraphe 4.114, et je cite:
l'état d'avancement du projet du SCIRAF (retards et dépassements de budget), qui est en grande partie attribuable aux décisions hâtives prises en 2001 et en 2002; le manque de conformité aux bonnes pratiques de passation de contrats qui remonte à 1997; et le fait que l'équipe de gestion a hérité d'une structure organisationnelle instable.
Un peu plus loin, la vérificatrice ajoute:
L'équipe de gestion actuelle a fait des progrès remarquables à l'égard d'un bon nombre de questions, dont la création d'un ministère.
Je remarque aujourd'hui que la vérificatrice a déclaré au point 6:
Nous avons constaté que le Centre des armes à feu avait accompli des progrès importants lorsqu'il est devenu une agence distincte et qu'il a réglé bon nombre de problèmes opérationnels et contractuels.
Nous observons donc qu'il y a eu, de toute évidence, des problèmes de démarrage et ce, pour diverses raisons. Malheureusement, comme l'a indiqué M. Bennett dans sa déclaration, la gestion des deux contrats dans un cadre opérationnel et législatif incertain s'est révélée une tâche fort ardue. Malgré cela, il semble y avoir eu, d'après la vérificatrice générale, des « progrès importants ».
Maintenant, pour revenir au rapport de mai, au paragraphe 4.8, la vérificatrice indique: « Nous n'avons pas examiné l'efficacité du Programme ni ses répercussions sur le plan social. » On peut comprendre les difficultés que représente une vérification de cette nature mais, dans tout ce débat sur les dépassements de coûts — coûts qui sont hélas irrécupérables maintenant —, nous avons un centre qui semble avoir réalisé des progrès importants et je ne peux en évaluer l'efficacité qu'en tenant compte de la détermination de ses intentions.
Je ne peux m'empêcher de penser au moment où, après la fusillade au Collège Dawson, la Sûreté du Québec a lancé une enquête après qu'un adolescent de 14 ans eut proféré des menaces dans le site Internet vampire.com. Après avoir vérifié le registre, les policiers ont constaté que son père possédait des armes à feu et il les ont confisquées. De plus, des chiffres intéressants nous indiquent que la police a interrogé le système 5 000 fois par jour, que, l'an dernier, le système a permis de délivrer 3 000 affidavits et que des milliers de permis ont été refusé ou révoqué à des particuliers.
Il est impossible de savoir combien de vies le Centre ou les progrès importants réalisés ont permis de sauver. J'aimerais toutefois demander au représentant de la GRC ce qu'il pense de ces récentes réalisations et de certains des chiffres sur l'efficacité du Centre, plus particulièrement les 5 000 consultations par jour du système et les 3 000 affidavits délivrés par le Centre?
:
Les questions législatives sont du ressort du gouvernement et non des services de police.
Au sujet de l'exemple que vous avez donné sur les adresses, la vérificatrice générale a effectivement souligné que la qualité des informations posait un problème. Nous avons chargé une équipe de s'occuper de la qualité des données et nous avons examiné où se trouvaient les problèmes; nous avons déjà constaté qu'il y en avait un à propos des adresses.
Nous avons accordé la priorité aux secteurs de risque. Comme vous le savez probablement, l'adresse est une information plus importante que le code postal. Nous avons mis l'accent sur les aspects à risque élevé de la qualité des données. Jusqu'ici, environ 25 000 adresses ont été corrigées. Il nous en reste environ 3 000 à vérifier, et nous continuons d'améliorer de façon importante la qualité de la base de données.
Je me reporte également aux paragraphes 4.38 et 4.39 à la page 124 du chapitre 4 de ce rapport, qui a été déposé en mai dernier.
Madame la vérificatrice générale, le résultat stratégique du centre est de réduire les risques, pour les communautés, associés armes à feu. En rapport avec le paragraphe 4.39, vous avez constaté des problèmes financiers et d'installation du système. Au bout du compte, plusieurs activités relatives à l'enregistrement des armes à feu et à la délivrance des permis avaient été menées, mais on avait peu insisté sur l'évaluation des rendements.
Dans votre analyse, avez-vous précisé le fait qu'il n'y avait pas suffisamment de statistiques pour conclure qu'on n'était pas en mesure de juger de l'efficacité réelle du système?
:
D'entrée de jeu, je dirai que si on se souvient tous de l'endroit où on était le 11 septembre 2001, je me souviens très bien, pour ma part, de celui où j'étais le 6 décembre 1989. On sait très bien que de cet événement est née toute la polémique entourant l'existence d'un registre des armes à feu, existence que j'appuie à 100 p. 100.
Il n'en demeure pas moins que j'ai eu l'impression qu'on me sciait les deux jambes le jour où j'ai appris que sa mise en oeuvre avait coûté une fortune.
Je ne comprends peut-être pas le sens des mots employés, mais on parle ici du rendement du Registre des armes à feu, et dans mon esprit, l'objectif qu'on veut atteindre, c'est de sauver des vies, éviter des drames. Il est difficile de déterminer concrètement combien de personnes on a pu sauver grâce au registre et de comparer ces données à celles datant de l'époque où le registre n'existait pas.
Je ne veux pas accuser les gens du domaine des chiffes ou de la comptabilité, mais j'aimerais savoir comment on peut comparer le rendement d'un tel programme à celui d'un autre qui n'a pas nécessairement comme objectif de sauver des vies.
Est-ce qu'il y a une façon de faire les calculs et d'en arriver à un résultat purement comptable?
:
Merci, monsieur le président.
Souvent, les mesures de rendement ne sont pas des chiffres ou ne peuvent pas être exprimées en chiffres. On parle d'améliorer la sécurité publique, mais il serait probablement très difficile de le faire de façon quantitative. En outre, il est difficile d'établir un lien entre le registre et un résultat à la fin de tout cela.
Dans le rapport, on précise par contre que présentement, le rapport de rendement est beaucoup axé sur les résultats, entre autres le nombre d'inscriptions au registre et le nombre de fois qu'un policier a recours à ce dernier, mais il ne donne pas d'indications sur l'utilité de telles données.
Il s'agirait peut-être de réaliser quelque chose d'aussi simple qu'un sondage auprès des corps policiers afin de savoir s'ils se sont servis du registre et si, le cas échéant, les renseignements obtenus étaient exacts et utiles. Il existe des méthodes. Il serait aussi possible de présenter des exemples démontrant de quelle façon le registre a été utile et comment il a contribué à améliorer la sécurité publique.
Pour le moment, le fait de connaître le nombre d'inscriptions ne nous est pas très utile. Nous disons donc qu'il pourrait y avoir quelques indicateurs précisant les résultats obtenus par le registre.
:
Le régime établi a pour mandat, d'après ce que je peux comprendre, d'améliorer la sécurité publique. C'est l'objectif primordial. Partant de ce principe de base, le système dépend beaucoup de la qualité des données et, nécessairement, si les informations introduites dans le système sont incorrectes, on comprend qu'il va y avoir des problèmes.
Maintenant, je viens de la Saskatchewan. Je sais que, dans ma province, quelqu'un a enregistré un séchoir à cheveux, en indiquant le mécanisme, le modèle et le numéro de série je pense, et un autre un pistolet à souder.
J'aimerais vous demander, monsieur Martin, par curiosité, si enregistrer des séchoirs à cheveux et des pistolets à souder améliore d'une façon quelconque la sécurité publique d'après vous.
:
Bon, d'accord. Je ne fais que soulever la question.
Il y a un autre problème, et ce n'est pas un cas isolé parce qu'il y a de nombreux exemples de cela. En effet, on a appris au cours de son procès que Mom Boucher, qui a un très lourd dossier et purge une peine d'emprisonnement de 25 ans pour meurtre, possédait des fusils à pompe et un revolver dûment enregistrés.
Je vous pose encore la question, monsieur: la sécurité publique de notre pays est-elle assurée quand des gens comme Mom Boucher peuvent posséder en toute légalité des revolvers et des fusils à pompe?
:
Bien, mais je veux faire valoir que ce sont des choses qui arrivent, monsieur.
J'essaie de montrer qu'il est important que les données qui se trouvent dans le système soient exactes. J'ai pris connaissance du rapport de la vérificatrice générale sur le mécanisme des armes à feu — j'imagine que celui d'un séchoir à cheveux et d'un pistolet à souder serait électrique —, le modèle, la marque et le numéro de série de ces armes.
Dans le cas de la cession des armes à feu, le taux d'erreur est très élevé. N'importe quel analyste statistique vous dirait que c'est grave, surtout quand on parle d'un taux d'erreur de plus de 10 p. 100. Je me demande ce que je ferais à la place du pilote sur le point d'atterrir à l'aéroport de Toronto qui apprend que le taux d'erreur du système de contrôle du trafic aérien est de 12 p. 100, mais qu'il n'a pas à s'inquiéter, qu'il peut atterrir parce que nous en assumons les risques.
Les données du système comportent beaucoup d'erreurs.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci beaucoup à vous tous d'être venus nous rencontrer aujourd'hui.
J'aimerais d'abord dire que les choses ne vont pas trop mal maintenant. Il y a des problèmes, et nous allons en parler. Mais pour commencer sur une note positive, s'il y a eu énormément de problèmes avant la vérification de 2002, qu'on a fait beaucoup de reproches, il semble que les choses se sont rétablies, même si elles ne sont pas idéales. Il faut vous féliciter pour cela. Je pense que c'est un bon début.
Cela dit, je veux revenir sur un aspect que la vérificatrice générale a jugé important dans sa déclaration liminaire et dont d'autres ont parlé. Il s'agit de toute la question des objectifs de rendement et de la responsabilité du rendement.
Le paragraphe 4.36 du rapport de la vérificatrice générale dit, et je cite:
En particulier, le Centre n'a pas établi de cibles de rendement et a donné peu d'exemples de ses résultats. Au lieu de rendre compte des principaux résultats obtenus, il décrit ses activités et ses services.
La recommandation formulée au paragraphe 4.41, page 125, est la suivante:
Le Centre des armes à feu Canada devrait améliorer l'information communiquée sur le rendement du Programme canadien des armes à feu en présentant les cibles et les résultats fondés sur des données probantes et en décrivant, au moyen d'un chaîne de résultats, comment ces résultats pourraient contribuer à l'atteinte des objectifs de sécurité publique.
Il semblerait qu'en 2002, au moment de la dernière vérification, d'après ce que le personnel de la Bibliothèque explique dans la note d'information que les membres ont entre les mains... C'est ce que la vérification de 2002 a indiqué, et je cite:
Ces rapports donnent un aperçu, que l'on peut qualifier de passable à satisfaisant, de son contexte organisationnel et des résultats stratégiques prévus. Le Centre n'a cependant pas indiqué les cibles à atteindre et n'a fourni que très peu d'exemples de résultats à atteindre. Il a également omis de décrire la chaîne de résultats montrant comment ceux-ci pourraient contribuer à l'atteinte des objectifs de sécurité publique. La vérificatrice générale a recommandé d'améliorer les rapports sur le rendement en indiquant les cibles visées et les résultats fondés sur des données probantes, et en présentant une chaîne de résultats. Le Centre était d'accord avec cela.
Pendant que je vais poser quelques questions à Mme Fraser, M. Bidal, à qui je vais m'adresser ensuite, pourrait réfléchir afin de pouvoir me dire pourquoi rien n'a été fait. Pourquoi un deuxième rapport de vérification vient nous dire que le problème qui existait en 2002 existe encore en 2006? Vous pouvez réfléchir à la question pendant quelques instants.
Madame Fraser, vous pourriez peut-être nous expliquer ce qu'on entend par résultats en matière de rendement. Pourriez-vous dire à en termes simples pour des profanes ce qui manque exactement?
:
Comme nous l'avons dit, les résultats stratégiques du Centre consistaient à améliorer la sécurité publique ou à réduire les risques en matière de sécurité publique. Il peut être difficile d'établir un lien entre le registre et la sécurité publique. Il n'y a pas de lien automatique et différentes étapes doivent être prises pour en établir un. C'est ce que nous appelons la chaîne de résultats. Par exemple, on pourrait fournir de meilleurs renseignements aux policiers qui pourraient à leur tour s'en servir pour améliorer la sécurité publique.
À notre avis, le Centre devait élaborer cette chaîne de résultats et établir des indicateurs pour déterminer les résultats du registre — pas seulement pour ce qui est de l'octroi des permis et l'enregistrement ainsi que le nombre d'interrogations par jour, parce que ce sont des statistiques sur les activités, comme nous le disons. Elles ne permettent pas vraiment de savoir comment le Centre contribue à améliorer la sécurité publique.
Dans un cas extrême, il peut y avoir 5 000 interrogations par jour mais, si les informations sont erronées, les gens peuvent-ils s'en servir? Et est-ce que cela contribue à la sécurité publique? Le lien qu'on peut faire est le suivant: Oui, il y a 5 000 interrogations par jour, les renseignements sont valables, les policiers disent qu'ils s'en servent et qu'ils leur ont été utiles. Cela sert, de façon logique, à établir la chaîne de résultats pour cette activité.
:
C'est l'ancien commissaire.
Quand notre nouvelle équipe est arrivée, en 2003, nous avions un certain nombre de problèmes, à vrai dire, sans compter que le cycle de production nous demandait encore beaucoup de temps; c'est le premier point. Nous faisions très peu confiance aux données de base. À moins de connaître le nombre de permis, d'enregistrements et de requêtes, vous avez du mal à pousser l'analyse et à prévoir les répercussions sur la sécurité publique. Notre priorité a été d'avoir les données les plus précises et les plus à jour possible.
Évidemment ce n'est pas le seul aspect sur lequel nous avons concentré nos efforts, comme vous pouvez le comprendre, avec la production, l'amélioration des services dispensés aux Canadiens et le reste.
Nous en étions arrivés, probablement vers la fin de 2005, à pouvoir commencer à établir certains outils d'analyse en ce sens. Ce n'était pas évident au moment de la vérification; nous en étions encore aux premiers balbutiements. Et comme M. Bidal l'a indiqué, les travaux se sont poursuivis depuis.
:
Sauf votre respect, il s'agit là d'un point discutable.
En tant que commissaire, je pensais, à l'époque, que si l'on essayait de produire des analyses et des rapports sans être sûrs de l'exactitude des données fondamentales, on courrait le risque d'être ridiculisé, étant donné l'attention incroyable que l'on portait aux données et aux rapports fournis par le Centre. J'ai plutôt préféré mettre l'accent sur l'intégrité des données qui figuraient dans nos rapports.
Je prends note de ce que vous dites. On pourra certainement en tenir compte plus tard.
:
Certains de ces renseignements existent déjà. Beaucoup de progrès ont été accomplis. L'introduction de nouveaux outils analytiques va également nous aider.
Permettez-moi de vous donner quelques chiffres. À ce jour, 17 861 permis d'armes à feu ont été révoqués. Le centre peut, par le biais du système d'information de la police canadienne, vérifier qu'un titulaire de permis ne s'est pas livré à une activité qui lui interdit de posséder une arme. Dans ces cas-là, nous effectuons des vérifications par le truchement du système. Ce n'est là qu'un exemple parmi d'autres de la façon dont un permis peut être révoqué.
Il est essentiel de communiquer ces renseignements.
Autre lien manquant: les rapports sur les cas que le système contribue à régler. Encore une fois, je pense que le fait de relier le centre aux services de police facilite la communication des informations de ce genre.
Prenons l'exemple de cette personne qui a été appréhendée dans l'Ouest au moment où elle s'apprêtait à commettre un crime. Il s'agit d'un cas réel. Elle était en possession d'une arme qui n'a pas été utilisée lors de la perpétration du crime. Nous avons vérifié, par l'entremise du centre, qui était le propriétaire de l'arme. Ce n'était pas cette personne, mais quelqu'un d'autre. Nous avons vérifié les antécédents du propriétaire enregistré. Il avait plusieurs armes en sa possession — un nombre exceptionnel. Nous avons, de concert avec le centre, obtenu un mandat de perquisition et fouillé les lieux où il habitait. Nous n'avons rien trouvé. En fait, il s'agissait d'un trafiquant d'armes. Nous avons été en mesure de régler le dossier en nous fondant sur l'information que nous a fournie le centre.
:
D'abord, j'aimerais vous remercier d'avoir établi le lien que recherchait la vérificatrice générale.
Je ne peux répondre à la question. Je présume qu'elle s'est adressée à Statistique Canada pour obtenir ces renseignements. Si j'ai bien compris, la vérificatrice générale n'a pas dit que les données étaient inexistantes; elle a dit que les liens faisaient défaut. Comme je viens de l'indiquer, il existe des renseignements très utiles dans la base de données sur la révocation des permis. Le défi consiste, en partie, à rassembler toutes ces données et à les produire sous forme de rapport.
Il est vrai que certaines données doivent être actualisées; toutefois, elles sont très utiles et valables.
:
J'invite Mme Ratansi à déposer l'étude. J'aimerais bien la lire. Je me demande moi aussi comment un groupe peut arriver à établir un lien entre le registre et le nombre de vies sauvées, compte tenu du fait que le centre n'a pas été en mesure de le faire.
J'aimerais revenir à ce chiffre que vous mentionnez constamment : soit le fait que les policiers interrogent le registre 5 000 fois par jour. Les partisans du registre utilisent ce chiffre sans arrêt. Je crois qu'il est fort trompeur.
J'ai rencontré de nombreux policiers — certains sont de très bons amis —, et je leur ai demandé ce qu'ils en pensaient. Or, je n'ai trouvé aucun policier qui a eu accès au registre des armes à feu, ou encore qui connaît quelqu'un qui l'a consulté. Un policier, qui dessert très bien la collectivité, m'a même dit qu'il ne savait pas comment interroger le registre. Il s'agit d'un policier expérimenté qui est tenu en haute estime par la collectivité. C'est quelqu'un pour qui j'ai beaucoup de respect.
J'ai donc fait quelques recherches. J'ai trouvé que les 5 000 demandes d'accès par jour ne correspondent pas au nombre de fois qu'un policier consulte le système et se dit, « J'aimerais vérifier si telle et telle personne possède une arme à feu. » Ce chiffre correspond au nombre de fois que l'on recherche le nom d'une personne dans le registre, pour différentes raisons. Par exemple, si un policier accuse une personne d'une peccadille, vérifie si elle a un dossier et constate qu'elle possède une arme à feu, cette vérification est prise en compte dans le chiffre 5 000.
J'aimerais que l'on me dise en quoi ce chiffre est important s'il inclut le nombre de fois que des dossiers sont vérifiés.
Ces renseignements ont été confirmés par des fonctionnaires du ministère. Votre réponse m'intéresse au plus haut point, car s'il n'a aucune importance, l'information que l'on nous a transmise est fausse.
:
Merci d'avoir posé la question.
En fait, ce point a été abordé quand j'ai accompagné le ministre Day à une réunion du Conseil du Trésor. L'information, dans le milieu policier... ce que nous essayons de faire, c'est d'être aussi efficaces que possible et d'éviter les chevauchements. Les personnes accusées d'une peccadille ne font pas l'objet d'une vérification dans le registre. Toutefois, dans certaines régions du pays — Toronto, la vallée du bas Fraser en Colombie-Britannique —, il y a des infractions qui font l'objet d'une vérification automatique par le biais du CIPC. Si je me suis livré à certains types d'activités et que l'on m'interroge, que ce soit à Toronto ou en Colombie-Britannique, la consultation du CIPC va automatiquement entraîner une vérification du registre des armes à feu.
Les procédures opérationnelles...
:
Merci, monsieur Poilievre.
Merci beaucoup, madame Fraser.
Avant que nous ne passions au deuxième tour, j'aimerais vous poser une question, monsieur Martin.
De très nombreuses préoccupations ont été formulées au sujet du programme des armes à feu avant qu'il ne fasse l'objet d'un rapport au Parlement. Tous les ministères et organismes présentent au Parlement des rapports sur leurs plans et leurs priorités. Aujourd'hui, 70 ou 80 rapports de ce genre ont été déposés. Nous avons jeté un coup d'oeil rapide à celui de la GRC. Il ne fait aucune mention du registre des armes à feu.
Est-ce qu'il en est question dans le rapport d'un autre ministère? Pouvez-vous nous donner des précisions là-dessus?
:
Je suis heureux que vous ayez reconnu qu'il s'agissait là d'un méfait public. Qu'on ait fait un tel geste pour miner une chose aussi importante que le registre des armes à feu, qui vise à sauver des vies, c'est ahurissant.
J'aimerais revenir sur ce dont je parlais. Je suis fort préoccupé par le fait que, sur le 1,2 million d'armes à autorisation restreinte inscrites, seulement la moitié ont été enregistrées, soit 600 000. Je sais qu'il est impossible de faire le lien. Cela remonte à la promesse d'amnistie du gouvernement actuel.
Je me demandais. Vous êtes maintenant sous-commissaire à la GRC, et vous avez la responsabilité de vous assurer que ce système fonctionne pour protéger la vie des Canadiens. Qu'en pensez-vous? On a parlé d'amnistier ceux qui ont enfreint la loi. Quel est votre opinion là-dessus, maintenant que vous avez reçu le mandat de rendre ce registre plus efficace? Que pensez-vous de cette décision et de la tâche qu'on vous a confiée?
:
Je crois qu'il est question de deux aspects : les mécanismes qui étaient en place pour vérifier les données entrantes, et le système d'information utilisé. À maints égards, les deux sont distincts.
Lorsqu'on regarde l'historique de ce programme et en particulier la date limite d'enregistrement des armes à feu, fixée au 31 décembre 2002 -- bien entendu, il y a eu quelques prolongations après cela --, on voit que le centre a reçu des millions de demandes d'inscription dans un court laps de temps. Cela s'est produit avant mon arrivée; je suis entré en fonction quand c'était presque terminé.
Avant mon arrivée, on avait pris la décision de ne pas procéder à une validation extraordinaire de cette information, car ce que nous voulions, car on voulait remettre un certificat d'enregistrement aux propriétaires d'armes à feu pour qu'ils puissent prouver qu'ils respectaient la Loi. Pour nous assurer de la fiabilité des données, ce que nous avons fait -- et j'ignore si c'est encore la pratique --, c'est que chaque fois qu'une arme à feu changeait de mains, nous en profitions pour vérifier l'information et nous assurer que la base de données était à jour. Il n'est pas faisable, sur le plan administratif, de communiquer avec les propriétaires d'armes à feu pour vérifier les données sur les armes que 2 millions de Canadiens possèdent. Compte tenu de la circulation normale des armes à feu, c'est cette approche que nous avons privilégiée.
:
Depuis son instauration en 1995, le système d'enregistrement des armes à feu a soulevé plusieurs controverses au sein de la population. Ces controverses ont quand même eu des effets collatéraux bénéfiques. J'ai la conviction que depuis 1995, le grand public est mieux informé — les utilisateurs comme les non-utilisateurs — des dangers des armes à feu. Le but ultime est d'augmenter la sécurité publique. On observe également que tant les utilisateurs que les non-utilisateurs sont plus au fait de l'enregistrement, de l'entreposage et de l'utilisation des armes à feu.
On est bien conscients que les statistiques ne disent pas tout. Je vous donne un exemple. J'ai personnellement connu des gens chez qui il est arrivé un accident avec une arme à feu avant l'instauration du registre en 1995. Des adolescents ont joué avec une arme à feu qui n'était pas entreposée, et un des deux en est mort. Je crois que cet accident ne se serait sans doute pas produit si le nouveau programme d'enregistrement avait été en vigueur. On a tendance à évaluer le registre uniquement en fonction du nombre de fois qu'il est consulté par jour, des armes qui y sont inscrites, etc. Mais l'ensemble du programme a d'autres effets, notamment sur la sécurité publique et la diminution des accidents ou incidents.
Monsieur Martin, vous disiez tout à l'heure qu'il existe également un programme de formation au Centre des armes à feu. Ce programme vise-t-il vraiment le grand public, ou seulement les utilisateurs? Je pense qu'un volet consacré à l'information du grand public sur le danger des armes à feu et sur leur utilisation — il faut en même temps respecter les utilisateurs — aurait beaucoup d'effets positifs. Il faudrait informer le grand public à la fois des dangers et de l'effet de mesures trop contraignantes sur les utilisateurs, et faire valoir qu'on peut utiliser des armes à feu, mais que le système d'enregistrement permet de le faire de façon plus sécuritaire.
Madame Fraser, ne pourrait-il pas y avoir un meilleur programme au chapitre de l'éducation, et serait-il mesurable?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
J'ai une question simple à poser au sous commissaire. Au onzième point de sa déclaration faite aujourd'hui, la vérificatrice générale a recommandé au comité qu'il envisage de demander à la GRC de prendre un engagement formel, comme l'a fait le centre quand il était autonome, envers ces recommandations. Autrement dit, ils ont accepté de les mettre en oeuvre.
Pour le compte rendu, au nom de la GRC, qui est maintenant responsable, seriez-vous assez aimable à vous engager à accepter aussi les recommandations et que vous les suivrez comme le centre l'avait fait précédemment?
:
Je suis content que nos collègues du Parti conservateur veulent avoir plus de détails sur les morts des agents tués au moyen d'armes à feu. Ce tableau peut être fourni, mais je pense que juste pour illustrer... C'est tragique, mais cette information est très importante dans cette discussion.
En 2006, l'agent Marc Bourdage, a été malheureusement tué au moyen d'une arme d'épaule au Saskatchewan. Le même jour, l'agent Robin Cameron, lui aussi de la GRC, a été tué au moyen d'une arme d'épaule en Saskatchewan.
En 2005, l'agent Brock Warren Myrol, l'agent Anthony Fitzgerald Orion Gordon, l'agent Leo Nicholas Johnson et l'agent Peter Christopher Schiemann ont tous été tués au moyen d'armes d'épaule et de différentes armes à feu.
En 2004, tragiquement, l'agent James W. Galloway, d'Edmonton, Alberta, est mort à cause d'une arme d'épaule.
Malheureusement, la liste continue.
:
Votre temps est écoulé, M. Wrzesnewskyj. Nous vous remercions pour ces renseignements.
Encore une fois, membres du comité, un grand nombre de ces renseignements et les questions se rapportent vraiment à des questions de politique. Nous avons un registre des armes à feu, jusqu'au moment où il sera changé par un gouvernement élu démocratiquement. Notre travail ici consiste à examiner son fonctionnement, la régularité, la propriété, l'économie -- la façon dont il est géré du point de vue du contribuable.
J'ai encore interrompu beaucoup trop de personnes.
La dernière intervention est celle de M. Fitzpatrick pendant cinq minutes.
:
Je voudrais faire une observation. En 1995, nous avons mis en place un système en pensant qu'il empêcherait ce genre de tragédie. Mais soyons clairs, au mois de septembre de cette année, une tragédie de ce genre a eu lieu et le système que nous avons créé ne l'a pas empêchée. Soyons clairs à ce sujet. Peu importe comment vous le présentez, le fait est là.
La recherche du jeune âgé de 14 ans est du bon travail de la police, très franchement. Ils ont navigué dans Internet, trouvé les blogues où des gens dérangés lançaient des menaces et ils ont commencé à partir de là. Que les armes à feu dans cette maison aient été enregistrées ou non n'est pas important. Les policiers ont fait du bon travail en identifiant ce jeune âgé de 14 ans à partir des blogues sur Internet. Dommage qu'il n'ont pas trouver l'autre individu quelques semaines avant, mais nous tirons des leçons de nos mauvaises expériences. Donc je pense qu'on passe à côté de quelque chose très important --le bon travail que les policiers ont fait avant que nous arrivions même à cette étape -- si l'on essaie de faire de cela une panacée.
Je pense que c'est une préoccupation grave. Ce serait une grave erreur pour la police de supposer que toutes les armes d'épaule au Canada sont dans le système. À mon avis, dans la plupart des cas dont a parlé cette personne, il s'agit probablement d'armes à feu qui n'ont jamais été enregistrées dans le système. Donc je ne vois pas ce que cela prouve.