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À l'ordre. Cette séance du 10 mars 2010 du Comité permanent de la justice et des droits de la personne est ouverte. Nous poursuivons notre étude du crime organisé.
Comme vous le savez, nous tenons des audiences dans tout le pays afin de recueillir des recommandations sur la manière de lutter contre le crime organisé, du moins du point de vue fédéral. Nous sommes déjà allés à Halifax, Montréal, Toronto, Edmonton et Vancouver, et nous tenons nos dernières audiences à Winnipeg.
Nous prévoyons publier un rapport au cours des deux ou trois prochains mois dans le but d'aider le Canada à prendre des mesures pour lutter contre le crime organisé.
Nous sommes très heureux que vous ayez pu vous joindre à nous.
Nous accueillons d'abord Kimberly Fussey, de l'Agence des services frontaliers du Canada.
Nous entendrons ensuite Robert Bonnefoy, Christer McLauchlan et Tim Van der Hoek — qui n'est pas apparenté à Ted Vanderhoek, l'ancien chef de la police d'Abbotsford, en Colombie Britannique — du Service correctionnel du Canada.
Nous aurons également l'inspecteur John Ferguson et l'inspecteur Robert Bazin, de la Gendarmerie royale du Canada.
Du Service de police de Saskatoon, nous accueillerons Clive Weighill.
Finalement, nous aurons l'agent Nick Leone et l'inspecteur Jim Poole, du Service de police de Winnipeg.
Je vous souhaite la bienvenue à tous. Je pense que vous connaissez la procédure. Chaque organisation aura 10 minutes pour une déclaration liminaire, après quoi nous passerons à une période de questions.
Nous commençons avec l'Agence des services frontaliers du Canada.
Madame Fussey, vous avez 10 minutes.
Monsieur le président, honorables membres du comité, je vous remercie d'avoir invité l'Agence des services frontaliers du Canada à participer à l'audience d'aujourd'hui.
La région des Prairies de l'ASFC est responsable de la sécurité à la frontière dans les bureaux d'entrée des Prairies, des T.N.-O. et du Canada, ce qui représente 37 postes frontaliers terrestres, cinq aéroports et deux ports maritimes.
À titre de directrice de l'exécution de la loi dans les bureaux intérieurs du programme de l'Immigration pour la région des Prairies, je suis responsable des opérations relatives à l'exécution de la loi et des audiences de l'immigration au Manitoba, en Saskatchewan, en Alberta et dans les T.N.-O.
Les opérations de l'exécution de la loi dans les bureaux intérieurs, qui sont responsables des enquêtes, de la détection et de l'arrestation des contrevenants à l'égard de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, la LIPR, sont situées dans les villes suivantes : Winnipeg, Regina, Saskatoon, Calgary, Lethbridge et Edmonton.
Les opérations des audiences, qui sont responsables de représenter les intérêts de l'ASFC et de Citoyenneté et Immigration Canada devant la Division de l'immigration, la Division des appels de l'immigration, la Division de la protection des réfugiés, et les procédures judiciaires de la Cour fédérale, sont situées à Winnipeg, Calgary et Edmonton.
Les agents d'exécution de la loi dans les bureaux intérieurs de l'immigration de la région collaborent avec les employés des opérations dans nos bureaux d'entrée et avec ceux de la Division des enquêtes criminelles et du renseignement, tant à l'échelle régionale que nationale, afin de respecter le mandat du programme.
Le mandat de l'exécution de la loi...
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Le mandat de l'exécution de la loi dans les bureaux intérieurs comprend la tenue d'enquêtes longues et complexes à l'égard de présumés criminels de guerre, de cas de sécurité nationale et de groupes du crime organisé. Nos agents de l'exécution de la loi dans les bureaux intérieurs localisent et renvoient les ressortissants étrangers qui entrent au Canada illégalement ainsi que les individus, y compris les résidents permanents, dont le statut d'admissibilité a changé après leur entrée au Canada.
Cette activité comprend les enquêtes menées en collaboration avec d'autres organismes d'exécution de la loi, dont la GRC et les services de police municipaux canadiens. Un bon nombre des personnes renvoyées de la région des Prairies ont été jugé interdites de territoire à cause d'activités criminelles perpétrées au Canada ou à l'étranger. Certains de ces individus ont été ou sont membres de divers groupes du crime organisé connus, y compris des membres de bandes de motards criminalisées comme Afrikan Mafia, MS-13, Clippers, Fresh Off the Boat, et Fresh Off the Boat Killers.
L'exécution de la loi à l'égard du crime organisé revêt une grande importance pour notre division étant donné qu'un article de la LIPR stipule que l'appartenance à un groupe du crime organisé constitue un motif d'interdiction de territoire au Canada. Il s'agit de l'article 37.
L'article 37 concerne les résidents permanents et les étrangers qui sont interdits de territoire pour raisons de criminalité organisée :
a) être membre d'une organisation dont il y a des motifs raisonnables de croire qu'elle se livre où s'est livrée à des activités faisant partie d'un plan d'activités criminelles organisées par plusieurs personnes agissant de concert en vue de la perpétration d'une infraction à une loi fédérale punissable par mise en accusation ou de la perpétration, hors du Canada, d'une infraction qui, commise au Canada, constituerait une telle infraction, ou se livrer à des activités faisant partie d'un tel plan ;
b) se livrer, dans le cadre de la criminalité transnationale, à des activités telles que le passage clandestin, le trafic de personnes ou le recyclage des produits de la criminalité.
L'ASFC aide à protéger la population du Canada contre les risques liés à la frontière.
Je crois comprendre que votre étude ne porte pas essentiellement sur des statistiques ou sur des cas particuliers. Toutefois, si cela vous intéresse, j'ai des informations à ce sujet. Sinon, je suis maintenant prête à répondre à vos questions.
Je m'appelle Robert Bonnefoy et je dirige l'établissement de Stony Mountain, qui se trouve au nord de Winnipeg, au Manitoba. Je suis ici avec Christer McLauchlan, agent du renseignement de sécurité à l'établissement de Stony Mountain, et Tim Van der Hoek, un ancien agent du renseignement de sécurité à l'établissement de Stony Mountain qui occupe maintenant le poste d'agent principal de projet à Sécurité préventive et renseignements de sécurité, à l'administration centrale.
Je vous remercie de me donner l'occasion, aujourd'hui, de vous fournir de l'information sur les gangs et la gestion des gangs dans nos établissements correctionnels fédéraux.
Les organisations criminelles constituent une menace sérieuse de compromettre la gestion sûre, ordonnée et efficace des établissements du Service correctionnel du Canada. À l'heure actuelle, on compte environ 54 différents types de gangs qui opèrent à l'intérieur de nos établissements. Leurs membres pour la plupart adhéraient déjà un gang avant leur incarcération et, en janvier 2010, environ 29 p. 100 d'entre eux purgeaient une peine pour des infractions liées aux drogues.
Le SCC a adopté une stratégie multidimensionnelle de lutte énergique contre le problème complexe des gangs et du crime organisé ainsi que de leur gestion, en particulier des criminels notoires qui sont mêlés au crime organisé.
Comme Mme Fox l'a dit hier, le SCC utilise un modèle de gestion des risques fondé sur les renseignements, qui permet d'orienter les activités en privilégiant des mesures préventives et proactives. Nous travaillons en étroite collaboration avec nos partenaires de la justice pénale, et nous veillons à communiquer en temps opportun des renseignements clairs et complets à nos partenaires, aux intervenants locaux, nationaux et internationaux, aux services de police et aux collectivités.
La gestion des gangs est une question complexe qui nécessitera d'autres investissements pour en améliorer l'efficacité. Le SCC constate l'augmentation du nombre de délinquants qui sont membres de gangs ou d'organisations criminelles ou y sont affiliés depuis l'adoption par les organismes responsables de l'exécution de la loi d'une approche intégrée en matière de gangs.
Le nombre de délinquants parmi la population carcérale qui font partie de gangs à l'intérieur des établissements du SCC correspond à l'évolution des gangs dans la communauté. Ce qui veut dire que nous sommes confrontés à une myriade de types de gangs comme des organisations criminelles traditionnelles, des bandes de motards organisées et des gangs de rue. Toutefois, depuis l'émergence des gangs de rue et d'autres types de bandes comme les bandes autochtones, le SCC a été témoin de tout un changement dans sa population carcérale, particulièrement en ce qui concerne le nombre de gangs.
En janvier 2010, 2 019 criminels sous l'autorité du SCC étaient reconnus comme membres affiliés d'une organisation criminelle, y compris les gangs. Soixante-cinq pour cent de ces délinquants étaient incarcérés et 36 p. 100 faisaient l'objet d'une surveillance dans la collectivité. En décembre 2009, 491 délinquants incarcérés faisaient partie d'un gang autochtone — le type de gang le plus important dans le SCC aujourd'hui — ou y étaient associés, et la Région des Prairies gérait 87 p. 100 de ces membres des gangs autochtones.
L'extension constante des gangs a créé plusieurs problèmes pour le SCC, soit des questions de pouvoir et de contrôle découlant de l'intimidation, de l'extorsion et de la violence; des incompatibilités et des rivalités entre les divers groupes criminalisés; de la distribution de drogues dans les établissements et le maintien de relations avec des organisations criminelles de l'extérieur; du recrutement de nouveaux membres de gangs et de sympathisants d'idéologies extrémistes; la possibilité d'intimidation, d'infiltration, de manipulation et de corruption du personnel; des tentatives d'ingérence par les chefs de gang dans les opérations correctionnelles, soit par l'attribution d'argent ou par l'intervention des réseaux externes.
Bien que le SCC privilégie l'intégration des délinquants, la dynamique complexe et la structure variable des gangs empêche l'adoption d'une stratégie universelle pour la gestion des gangs. Les rivalités et les incompatibilités entre les gangs peuvent obliger le SCC à séparer certains types de gangs.
Le SCC évalue chaque situation au cas par cas et détermine les interventions appropriées à l'échelon local qui seront les plus efficaces. Cela comprend d'offrir à tous les membres de gangs la possibilité de rompre avec leur gang et de prendre les mesures nécessaires pour empêcher ceux qui maintiennent leur affiliation d'exercer leur pouvoir et leur influence dans nos établissements et dans la collectivité.
Le SCC concentre ses ressources sur le perfectionnement accru de son personnel en matière de dynamique des gangs et de sensibilisation aux gangs ainsi qu'en techniques d'interview motivationnelle, ciblant particulièrement les membres des gangs autochtones. Dans la Région des Prairies, nous collaborons avec nos syndicats et nos partenaires de l'exécution de la loi au Manitoba relativement aux questions liées aux gangs autochtones.
À titre de directeur de l'établissement de Stony Mountain, je suis responsable de quelque 550 délinquants incarcérés. Pour ce qui est du profil de notre population, 204 délinquants incarcérés font partie d'un gang, soit 38 p. 100 de notre population carcérale, et 158 de ceux-ci, soit 77 p. 100, sont membres d'un gang autochtone. Par rapport aux autres établissements dans la Région des Prairies, nous comptons le plus grand nombre de détenus qui adhèrent à un gang dans un établissement à sécurité moyenne, de détenus de moins de 30 ans purgeant une peine pour un crime violent, de délinquants autochtones âgés de moins de 30 ans — en fait, ils représentent le tiers de notre population carcérale —, et le plus grand nombre de délinquants de moins de 30 ans qui purgent des peines d'emprisonnement de deux à trois ans.
Étant donné l'étendue et la complexité du profil de nos délinquants, la gestion de la population carcérale a été un outil d'une importance incroyable pour gérer nos gangs. L'établissement de Stony Mountain est divisé en cinq unités opérationnelles, y compris quatre sous-unités qui servent à abriter les membres de gangs incompatibles. La gestion d'un grand nombre de délinquants affiliés à un gang est un défi de taille à relever chaque jour du fait des incidences sur nos activités opérationnelles courantes. Nous devons nous assurer de surveiller étroitement le mouvement des gangs incompatibles. L'établissement des horaires des programmes et des activités est également difficile du fait que nous ne pouvons pas intégrer les gangs incompatibles dans les mêmes programmes ou les affecter aux mêmes tâches.
Cela étant, grâce à la gestion efficace de la population carcérale, nous avons réussi l'année dernière à réduire le nombre d'incidents dans l'établissement.
Lorsqu'on aborde la dynamique des gangs, il est important de savoir que les renseignements de sécurité que nous recevons sont fluctuants et qu'ils changent constamment. Il est impératif que nous continuions à suivre les tendances dans les établissements et à recueillir et à analyser quotidiennement les renseignements de sécurité à l'échelle locale et régionale. C'est ainsi que nous avons procédé à deux réorganisations à l'établissement de Stony Mountain au cours de l'exercice financier en cours.
L'embauche d'un troisième agent du renseignement de sécurité a également permis de nous concentrer sur la gestion fondée sur le renseignement. En plus de notre travail de gestion des gangs et de la population carcérale à l'échelle locale, nos agents du renseignement de sécurité ont travaillé très étroitement avec leurs homologues provinciaux et les services de police locaux. Ainsi, nous nous assurons de collaborer les uns avec les autres plutôt que de travailler isolément lorsque nous nous penchons sur les questions liées aux gangs et à la dynamique des gangs. Nous sommes en mesure de communiquer rapidement l'information et d'aborder de façon intégrée les questions au fur et à mesure qu'elles se présentent.
Outre les stratégies de gestion susmentionnées, l'établissement de Stony Mountain a aussi ciblé le secteur des interventions en milieu correctionnel pour l'aider à gérer les gangs. Nous avons été les premiers au pays à mettre en place la première unité des Sentiers autochtones. Notre Sentier autochtone s'occupe de 78 délinquants et est voué à la fourniture d'un environnement de guérison traditionnel à l'intention des délinquants qui sont résolus à suivre une démarche de guérison autochtone.
Le cadre opérationnel de l'unité adhère au principe de guérison enseigné par les Anciens et les conseillers spirituels. Nos initiatives, nos interventions, notre gestion des cas et nos services aux délinquants sont adaptés aux besoins des Autochtones. Tous les membres du personnel de l'unité reçoivent une formation pour les sensibiliser à la culture. L'équipe met en pratique une approche multidisciplinaire qui a aidé les délinquants à rompre avec les gangs autochtones et leur a assuré une transition sécuritaire dans des établissements à sécurité minimale ou des centres de guérison.
Je vous remercie pour votre attention aujourd'hui.
Pour l'information des membres du comité qui ne connaissent pas le MIOCTF, il s'agit d'une unité financée par la province comprenant le Service de police de Winnipeg, le Service de police de Brandon et la GRC. Il a pour mission d'attaquer le crime organisé à sa source.
Au Manitoba comme dans plus ou moins tout le Canada, le même constat s'impose : le crime organisé continue d'évoluer et de proliférer. Technologie et partenariats aidant, de petites organisations deviennent de grands réseaux habiles et complexes. Les voilà qui s'adonnent simultanément à plusieurs activités illicites. Bien que le commerce de la drogue reste pour elles une pierre angulaire, les organisations criminelles du Manitoba pratiquent maintenant plusieurs activités comme la contrefaçon et la contrebande.
Ce genre d'évolution aggrave la menace et les torts potentiels. Les sommes en jeu ne cessant d'augmenter, les organisations défendent leurs intérêts de plus en plus férocement. Non seulement elles sont plus violentes qu'avant, mais elles vont aussi plus loin dans leur tentative d'infiltrer et de corrompre les forces de l'ordre, les organismes gouvernementaux ainsi que les entreprises des domaines de la finance et des transports. Signe d'un penchant accru pour la violence, 61 des 179 homicides survenus au Manitoba entre 2007 et 2009 sont attribuables aux trois plus importants gangs de rue de la province. Selon nos estimations, entre 30 et 35 p. 100 des homicides de cette période étaient imputables au crime organisé.
Les organisations criminelles grandissent et évoluent, mais les forces de l'ordre manitobaines réagissent. Misant sur de judicieux partenariats et sur des enquêtes à la fois structurées et intégrées, elles prennent les devants et remportent certaines victoires.
En 2007, les forces de l'ordre manitobaines ont formé le Comité directeur des priorités opérationnelles, un groupe qui devait leur permettre d'échanger au sujet de leurs enquêtes sur le crime organisé. Composé de gestionnaires intermédiaires issus des secteurs du renseignement et des opérations des plus grands services de police du Manitoba et de l'Agence des services frontaliers du Canada, le comité se réunit tous les trois mois pour discuter d'initiatives courantes et futures, et aussi pour désigner les organisations criminelles et les classifier selon la menace qu'elles représentent. Ainsi, il est possible de repérer les failles du renseignement ainsi que des avenues d'enquête non explorées. Incontestablement, ce comité est un atout dans la lutte au crime organisé. Il nous a permis non seulement de cibler certains groupes à des fins de répression, mais aussi de discuter ouvertement et d'échanger des renseignements dans un esprit de confiance et de coopération.
Le travail du MIOCTF et celui du Groupe intégré du renseignement sur les gangs, le GIRG, illustrent fort bien la collaboration accrue entre organismes partenaires.
Les bandes de motards criminalisées et les gangs de rue sont probablement les deux types d'organisations qui font le plus de mal à nos collectivités. Entre février 2006 et décembre 2009, le MIOCTF a réussi trois grandes enquêtes qui ont mené à l'arrestation de cinq membres en règle des Hells Angels et de 57 associés, y compris le « club école » Zig Zag Crew au complet. Le procès des individus arrêtés au terme de la troisième enquête n'est pas terminé, mais des 31 personnes arrêtées au terme des deux premières, 29 ont été condamnées. Leur peine totale s'élève à 190 années de prison, ce qui signifie une moyenne de six ans et demi par personne.
Regroupant des enquêteurs policiers et des agents des services correctionnels, le GIRG a pour mandat de recueillir des renseignements sur les 26 gangs de rue connus au Manitoba. Dans les deux dernières années, les renseignements recueillis par le GIRG ont permis l'arrestation de 23 membres de ces gangs, impliqués dans 12 meurtres. Ils ont aussi grandement aidé le service de police de Winnipeg à ouvrir une enquête sur le Paa Pii Wak Safe Haven for Men, initiative antigang subventionnée. Cette enquête a révélé que des membres du gang de rue le plus puissant du Manitoba avaient infiltré l'organisme et s'étaient mis à y embaucher des complices. Se faisant passer pour des préposés au programme, ces gangsters s'arrangeaient pour que leurs associés soient transférés de la prison au centre Paa Pii Wak, où ils pouvaient ensuite poursuivre leurs activités criminelles. Au terme de notre enquête, nous avons arrêté plusieurs gangsters, et le centre et le programme ont perdu toutes leurs subventions gouvernementales.
Malgré nos victoires, nous sommes conscients de devoir nous aussi évoluer dans certains domaines clés. Il nous faut prendre appui sur nos pratiques exemplaires, comme le Comité directeur des priorités opérationnelles, consolider nos partenariats, et miser sur une collaboration de plus en plus étroite. Bref, il faut passer d'un point de vue organisationnel à un point de vue provincial. Le crime organisé transcende les frontières, et il est temps que les forces de l'ordre en fassent autant.
Nous devons poursuivre l'expansion de nos groupes intégrés, mais aussi adopter un nouveau modèle qui garantira à nos échanges de renseignements un caractère structuré, continu et par-dessus tout, pertinent. En regardant chez nos voisins, nous constatons qu'une certaine formule a fait ses preuves : confier à un organe centralisé d'une part la collecte et la communication du renseignement dans toute la province, et d'autre part l'évaluation des risques et des avenues d'enquête à l'aide de l'évaluation provinciale de la menace.
Nous voulons nous doter d'une structure qui, propice à la circulation de l'information et des renseignements, fera évoluer notre modèle d'enquête dans le sens de la cohérence. Au Manitoba, nous savons ce qu'il y a à faire et nous allons le faire.
Monsieur le président, l'inspecteur Bazin et moi-même avons été informés que nous aurions 10 minutes chacun. Je crois comprendre que tel n'est pas le cas. J'avais l'intention de vous parler de certaines des difficultés que pose la lutte contre le crime organisé. Ces informations se trouvent dans mon mémoire et je vais donc m'arrêter ici pour permettre à l'inspecteur Bazin de continuer.
Je remercie le comité de nous avoir invités à venir parler du problème important du crime organisé dans nos collectivités.
Je serai bref et n'aborderai que quelques points essentiels.
Je suis l'agent responsable de l'intégrité de la frontière. C'est l'un des programmes fédéraux de la GRC au Manitoba. J'ai le plaisir de travailler dans ma province d'origine puisque j'ai été transféré ici en 2008 après des affectations à Ottawa et dans plusieurs collectivités de la Saskatchewan. Je travaille dans le secteur du renseignement sur le crime organisé depuis 2002.
Comme l'a dit mon collègue, l'inspecteur Ferguson, les groupes du crime organisé sont très actifs au Manitoba et nous causent des difficultés incroyables pour assurer la sécurité de nos collectivités. Je tiens cependant à préfacer mes remarques sur les activités du crime organisé en mentionnant la frontière que nous partageons avec les États-Unis.
Comme d'autres témoins vous l'ont certainement dit, le crime organisé se manifeste dans toutes les collectivités de notre province, de Winnipeg jusqu'aux plus petits villages. Les vastes régions rurales de notre province sont loin d'être immunisées contre cette menace. De fait, le crime organisé a évolué et agit efficacement dans bon nombre de nos petites collectivités rurales, des hameaux et des villages.
En voici un bon exemple. En 2005, près de Sundown, une petite collectivité du sud de la province située à quelques kilomètres seulement de la frontière américaine, juste au sud de Winnipeg, notre équipe intégrée de sécurité de la frontière de Rivière Rouge a découvert un réseau important du crime organisé. L'enquête menée à ce sujet — sous le nom de code Project Determine — avec la collaboration de nos collègues américains a permis de démanteler une opération très pointue et à très grande échelle de culture de marijuana dirigée par un groupe du crime organisé autochtone de l'Ontario ayant des liens en Colombie-Britannique. L'enquête a produit 37 arrestations et la saisie de plus de 28 000 plants de marijuana et 5 500 graines de marijuana, d'une valeur totale de plus de 39 millions de dollars.
Bien qu'il soit nécessaire d'intégrer nos enquêtes avec nos collègues nationaux et internationaux, travailler dans un environnement intégré commun comporte sa part de difficultés. Ainsi, certaines restrictions législatives et leur interprétation entravent notre aptitude à partager des informations avec nos partenaires canadiens et, surtout, internationaux. Nous avons donc besoin d'un dispositif législatif qui soit clair en ce qui concerne le partage de renseignements criminels de façon à faciliter des enquêtes plus efficaces et plus efficientes contre le crime organisé.
Au Manitoba, nous partageons une longue frontière avec les États-Unis — de 460 km — où l'on trouve un chapelet de petites collectivités, de lacs, de marécages et de forêts. Les groupes du crime organisé sont parfaitement conscients des avantages que leur offre cette géographie, notamment un risque minime de dépistage de leurs activités. En outre, la proximité des États-Unis leur est attrayante avec leurs vastes populations, leurs nombreux clients potentiels de marchandises illicites et, surtout, l'accès facile à toutes sortes d'armes à feu, outil de travail numéro un du crime organisé.
C'est dans ce contexte que la GRC du Manitoba exploite une équipe intégrée de sécurité de la frontière conjointement avec l'Agence des services frontaliers du Canada ainsi que, du côté américain, U.S. Border Patrol, U.S. Immigration and Customs Enforcement, et U.S. Customs and Border Protection. Ensemble, nous nous efforçons de dépister et de perturber l'action des criminels et les menaces à la sécurité nationale à et entre nos ports d'entrée.
Le crime organisé n'a qu'une raison d'être, l'argent. Je pourrais dire aussi la cupidité, la corruption, et le pouvoir qui en résulte. Bon nombre de groupes du crime organisé se diversifient en s'éloignant des activités à haut risque et à haut rendement, comme le trafic de drogue, afin de chercher des activités à faible risque et haut rendement.
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Merci, monsieur le président.
L'une de ces activités, qui prend de plus en plus d'importance au Manitoba et dans l'ensemble du pays, est l'importation et la vente de biens contrefaits. Aujourd'hui, on peut contrefaire pratiquement n'importe quoi, comme des lunettes de soleil, des piles électriques ou des pièces automobiles, pour ne donner que quelques exemples. Il faut cependant ajouter à la liste les produits pharmaceutiques qui, de par leur nature, posent des risques énormes à la sécurité publique.
Le risque d'appréhension en cas d'infraction aux lois sur la contrefaçon et sur les marques de commerce est extrêmement faible. Les enquêtes, qui sont souvent internationales, peuvent être très complexes et concerner des victimes de plusieurs juridictions et pays, ce qui rend les poursuites difficiles, voire impossibles.
Plusieurs groupes du crime organisé du Manitoba se sont lancés dans le trafic et la distribution de tabac de contrebande, lequel provient essentiellement du sud de l'Ontario. Les pertes de recettes fiscales qui en résultent pour les gouvernements ont une incidence profonde sur l'activité économique du pays et de la province.
Je ne saurais parler de la menace du crime organisé au Manitoba sans mentionner brièvement le port de Churchill, tout au nord du Manitoba. C'est le port océanique le plus proche des vastes régions productrices de céréales de l'Ouest canadien. Bien qu'il ne soit actuellement ouvert que cinq mois par an environ, le réchauffement climatique a une incidence profonde sur la région. Selon des estimations du gouvernement et d'autres organisations, l'accès océanique à la baie d'Hudson pourrait être libre de glaces entre 2013 et 2050.
En octobre 2007, par exemple, un premier navire est arrivé directement à Churchill du port russe de Mourmansk. Certes, il n'existe pas encore de renseignements indiquant que le crime organisé cible ce port mais on ne saurait négliger le fait que le crime organisé pourrait avoir un accès relativement facile à l'Amérique du Nord de cette manière. De ce fait, cette région reste un secteur prioritaire pour le programme d'intégrité de la frontière de la GRC.
Permettez-moi d'aborder très brièvement une difficulté particulière que nous rencontrons dans nos enquêtes. Il s'agit du décalage qui existe entre la technologie et nos lois. En effet, il conviendrait d'actualiser les dispositions de nos lois sur « l'accès légal », ce dont vous avez déjà certainement entendu parler.
Le crime organisé est particulièrement adepte à exploiter la nouvelle technologie pour éviter ou retarder l'interception de ses communications par les organismes de police. Par exemple, il utilise fréquemment des téléphones cellulaires avec paiement à la pièce pour éviter les systèmes d'écoute de la police et il en change fréquemment. À l'heure actuelle, aucune loi n'exige que l'acheteur d'un téléphone cellulaire avec paiement à la pièce présente une pièce d'identité ou que le détaillant tienne un registre de sa clientèle.
Il est crucial qu'on actualise la législation sur l'accès légal de façon à renforcer notre aptitude à intercepter les communications privées, outil fondamental des enquêtes sur le crime organisé.
Voilà, monsieur le président, les quelques remarques que je voulais faire sur le crime organisé. Mes collègues et moi-même serons très heureux de répondre aux questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je m'appelle Clive Weighill et je suis chef de la police de Saskatoon.
Pour ceux d'entre vous qui ne connaissent pas Saskatoon, c'est la plus grande ville de la Saskatchewan, dotée d'un service de police regroupant plus de 600 agents assermentés et employés civils. C'est avec plaisir que je m'adresse à vous au sujet de la criminalité des gangs et du crime organisé en Saskatchewan, notamment à Saskatoon.
D'un point de vue général, la Saskatchewan n'est pas confrontée à beaucoup des problèmes de crime organisé que connaissent d'autres provinces ou de plus grandes villes telles que Vancouver, Toronto, Montréal ou Winnipeg. Il y a divers groupes de gangs de motards criminels à Regina et Saskatoon et nous avons pu constater ces dernières années, à cause du boum économique, le début d'une activité de gangs originaires de la Colombie-Britannique et de l'Alberta.
Toutefois, la majeure partie de l'activité des gangs est essentiellement attribuable à des gangs de rue autochtones locaux. Cette activité a commencé au début des années 1990 avec des détenus des centres correctionnels qui, dès leur libération, redevenaient actifs dans leurs gangs.
À mon avis, l'attrait principal de la vie en gang résulte de la marginalisation de la population autochtone dans notre province. Une proportion élevée de la population autochtone vit dans la pauvreté, dans des logements insalubres, et fait face au racisme, aux retombées continues des pensionnats et aux aspects restrictifs de la Loi sur les Indiens.
Avant la formation des gangs de rue, le commerce du sexe et de la drogue au centre-ville était géré par des familles qui protégeaient leur territoire. Cette situation a radicalement changé puisque nous avons aujourd'hui environ 17 gangs de rue confirmés dans la province de la Saskatchewan, dont sept dans la seule ville de Saskatoon.
La plupart des gangs ont une structure très fluide, certains de leurs membres pouvant à l'occasion changer d'allégeance quand des alliances sont bénéfiques. Il n'ont pas encore atteint le degré d'organisation du crime organisé traditionnel mais ils ont leur hiérarchie, avec leurs gros bras. Le trafic de drogue est leur principale activité.
Si vous me le permettez, j'aimerais vous donner une idée très générale et stéréotypée du mode de vie qui pousse les jeunes dans les gangs.
Un jeune se réveille un matin en se demandant où est son frère. A-t-il été ramassé par la police hier soir? Il descend à la cuisine prendre son petit-déjeuner. Ses parents ne sont pas là, ou il vit avec un seul parent qui doit s'occuper de nombreux enfants. Il ne trouve rien pour prendre son petit-déjeuner, ou pas grand-chose. Il décide de s'habiller mais n'a pas beaucoup de vêtements à sa disposition, ou en tout cas peu de vêtements propres. Il s'habille comme il peut et se prépare à partir à l'école. Il cherche ses livres d'école et réalise peut-être qu'il n'a pas fait ses devoirs la veille.
En route vers l'école, sa plus grande peur est que quelqu'un lui saute dessus pour voler l'argent qu'il a pour déjeuner, ou peut-être simplement pour s'amuser.
Quand il arrive à l'école, il n'est peut-être pas bien préparé pour la journée. Il n'a peut-être pas étudié pour un examen, n'a peut-être pas fait ses devoirs et n'a probablement pas de très bons résultats scolaires. Au fond, il ne se sent pas du tout à l'aise à l'école et n'a pas le sentiment d'y être à sa place.
En quittant l'école, il rencontre quelques types qui parlent de détrousser quelqu'un dans la rue pour acheter de la bière. Il commence à trouver que la violence, la drogue et l'alcool sont une source d'excitation et de pouvoir. Les membres du gang l'incitent à se joindre à eux, à commencer à livrer de la drogue et à faire du recouvrement de dettes par la force en intimidant des victimes et des témoins.
Ce jeune ne tarde pas à posséder un certain pouvoir et à avoir un sentiment d'appartenance que ni sa famille, ni l'école ne peuvent lui procurer.
Les gangs sont devenus beaucoup plus structurés et plus violents. En 2006, il y a eu quatre homicides reliés à l'activité de gangs; en 2007, trois; en 2009, quatre.
Nous avons aussi constaté une augmentation soutenue du nombre d'introductions par effraction dans des domiciles reliées à la drogue et aux gangs, ainsi que du nombre d'agressions et de vols. Plus récemment, nous avons vu des cas de simples passants n'ayant strictement rien à voir avec l'activité criminelle se faire arrêter en pleine rue et se faire balafrer à coups de tessons de bière par des jeunes voulant montrer leur audace pour se faire accepter dans un gang.
Hélas, l'intimidation se manifeste sur deux fronts : criminel et social. En ce qui concerne l'activité criminelle, les victimes sont menacées de mesures de rétorsion si elles se plaignent à la police. On menace les témoins pour qu'ils ne coopèrent pas avec la police. Il n'est pas rare de voir quelqu'un témoigner dans un tribunal alors que se trouvent dans la galerie du public quelques membres d'un gang faisant le geste de pointer un revolver sur sa tête ou de lui trancher la gorge. Ça n'incite certainement pas d'autres témoins à collaborer avec la police et ça favorise incroyablement la perte de mémoire. Nos enquêteurs passent des heures innombrables à essayer de rassurer les témoins et à les protéger avant et après leur témoignage.
Pour ce qui est du social, il y a beaucoup d'excellents citoyens qui vivent au centre-ville. Quand ils mènent une action sociale pour améliorer leur collectivité et, peut-être, signaler des problèmes de gang, on entre chez eux par effraction et on essaye de les agresser ou de les intimider pour qu'ils aient peur de refaire la même chose.
Notre service travaille avec la Fédération des nations indiennes de la Saskatchewan, le Conseil tribal de Saskatoon, la Fondation des métis du centre-ville et les ministères provinciaux de la Justice, des Services sociaux, de la Santé et de l'Éducation, ainsi que les organismes communautaires, pour dresser des stratégies de prévention, d'intervention et d'exécution afin de réprimer l'activité des gangs.
Je dois dire, monsieur le président, qu'engager plus d'agents de police n'est pas la solution. La prison ferme pour un trirécidiviste ne l'est pas non plus, ni allonger les peines de prison. Si nous ne réussissons pas à résoudre les problèmes sociaux qui contribuent à la criminalité — pauvreté, logements insalubres, racisme, toxicomanie et agressivité —, l'activité des gangs sera florissante et ceux-ci resteront une option viable pour les marginalisés. On peut bien emprisonner les membres des gangs, ils retrouveront en sortant de prison le même environnement et il est très probable qu'ils reprendront les mêmes activités.
Vous savez, je pars de temps en temps en patrouille avec les agents de police. J'enlève mon insigne de chef — j'ai alors l'air d'être l'agent de police le plus âgé de Saskatoon — et je les accompagne. Il y a quelque temps, nous étions au centre-ville et nous nous étions arrêtés en bord de route pour rédiger certains rapports. Un groupe de 17 ou 18 jeunes enfants s'est approché de notre voiture de police en courant. C'étaient des enfants de 8, 9 ou 10 ans et un adolescent de leur quartier les avait pourchassés pour leur tirer dessus avec une carabine à plombs.
En voyant le quartier, je me suis demandé qui allait bien pouvoir aider ces enfants. Il y en avait 17 ou 18, certains étaient autochtones, d'autres non, et tous portaient des vêtements déplorables. On pouvait voir les maisons dans lesquelles ils vivaient et la détresse de leur vie. Dans un cas comme ça, on se dit : est-ce que ça va changer un jour?
Nous avons des problèmes au Manitoba, en Saskatchewan, dans le nord de l'Alberta et dans les territoires du Nord. Nous avons un problème de vaste population marginalisée.
Je ne cesse d'évoquer ces questions, monsieur le président. Si nous n'arrivons pas à résoudre les problèmes sociaux sous-jacents, un million de flics n'y changeront jamais rien.
Merci beaucoup de votre attention.
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Bon après-midi, monsieur le président. Au nom du Service de police de Winnipeg et du chef Keith McCaskill, merci de nous donner la parole aujourd'hui.
Je m'appelle Jim Poole et je suis inspecteur de police. Je supervise plusieurs unités, dont l'unité des crimes de rue. Je suis accompagné de l'agent Nick Leone, de notre unité du crime organisé, qui est un expert sur le thème de votre étude.
L'histoire des gangs de rue au Manitoba, notamment à Winnipeg, est caractérisée par la violence. En 1998, Winnipeg a vu apparaître le premier gang de rue structuré, rapidement suivi de gangs rivaux. La rivalité sur les couleurs, le territoire et le commerce de la drogue s'est rapidement intensifiée. Ensuite, nous avons vu apparaître des gangs de rue d'immigrants.
Certains de ces groupes ont forgé des relations de coopération. À l'heure actuelle, beaucoup des gangs de rue et des groupes du crime organisé basés à Winnipeg ont établi des liens interprovinciaux qui facilitent leurs activités criminelles.
Il y a à n'importe quel moment au moins 12 gangs de rue actifs dans la ville de Winnipeg, chiffre qui augmente si l'on tient compte des divers groupes dissidents et des groupes d'origine rurale qui ont des liens de criminalité étroits avec les gangs de Winnipeg ou qui viennent dans la ville pour commettre des actes criminels.
Le point commun de tous ces gangs de rue est le recours à la violence et à l'intimidation, comme nos collègues l'ont déjà dit. Les gangs assurent la discipline dans leurs rangs et règlent les conflits qu'ils ont les uns avec les autres au moyen de la violence, ce qui peut aller jusqu'au meurtre. Les gangs de rue n'hésitent aucunement à tabasser leurs propres membres en guise d'exemple pour le groupe.
Les gangs de rue ont recours à l'intimidation et à la peur pour empêcher les témoins et les victimes de signaler les incidents à la police et de témoigner aux procès. À Winnipeg, l'intimidation a atteint le niveau des menaces et d'actes de violence contre des membres des organismes d'application des lois et de l'appareil judiciaire. Je précise que l'activité des gangs est l'un des crimes les moins fréquemment dénoncés à cause d'une sous-culture de non-coopération et de rétorsion.
L'acquisition et l'utilisation d'armes à feu par les gangs de rue ne cesse d'augmenter et les cas d'armes à feu déchargées en pleine rue devient de plus en plus fréquent à Winnipeg. L'intensification de la violence entre les gangs rivaux a une incidence profonde sur la sécurité publique ainsi que sur la sécurité des agents de police.
Bien des Canadiens seraient étonnés d'apprendre qu'on trouve des enfants soldats dans beaucoup de nos villes. C'est une tendance inquiétante. Des chefs de gangs recrutent des enfants et de jeunes adolescents dans le seul but de leur faire commettre des actes violents pouvant aller jusqu'au meurtre. Ces chefs de gangs exploitent ainsi la faiblesse de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents afin d'échapper aux poursuites. Ils se disent que la peine infligée à un jeune sera légère pour un crime qui serait passible de la prison à vie s'il était commis par un adulte. Entre 2007 et 2009, 12 des 30 homicides de gangs commis à Winnipeg l'ont été par des jeunes.
Outre les actes prémédités de violence et d'intimidation, on continue d'assister à une escalade de la violence fortuite commise par des membres de gangs contre des victimes innocentes de vols et d'agressions. Les voleurs d'automobiles, dont beaucoup à Winnipeg sont reliés à divers gangs, conduisent des véhicules volés au mépris des règles de la route, déclenchant des poursuites et défonçant délibérément des voitures de police. Deux civils innocents ont perdu la vie récemment à cause de ce genre d'activité totalement irréfléchie et insensée.
Grâce au succès de la stratégie de répression des vols de voitures de Winnipeg, la stratégie WATSS, le nombre de véhicules volés a sensiblement baissé ces dernières années. On ne saurait cependant crier victoire car tout véhicule volé expose les citoyens à un risque extrême.
Outre qu'ils étendent leurs activités vers les régions rurales à partir de Winnipeg, les gangs de rue, même les plus petits et les moins sophistiqués, les étendent aussi interprovincialement. Cette tendance pose des problèmes aux organismes d'application des lois car elle oblige à coordonner les enquêtes entre plusieurs organismes de police dont l'action est souvent entravée par des différences du point des politiques, des budgets et des objectifs.
Enquêter sur des membres de gangs qui commettent des actes criminels interprovincialement peut être difficile car l'information et le renseignement ne sont pas toujours échangés efficacement ni à temps.
Les enquêtes concernant les gangs de rue et le crime organisé ont tendance à être plus complexes que les enquêtes de police traditionnelles. Elles portent sur un nombre multiple d'accusés qui participent à différents types de crimes à des degrés variables. Elles peuvent déboucher sur des douzaines d'arrestations, des centaines de motifs d'inculpation et des milliers d'éléments de preuve. Ces crimes exigent souvent une myriade de techniques d'investigation policière spécialisées, comme les crimes à caractère commercial ou financier qui se moquent des frontières internationales, les crimes technologiques, les crimes reliés à la drogue, les crimes de gangs, le trafic d'êtres humains et l'homicide.
Il devient alors indispensable aux organismes d'application des lois de s'adapter et de créer des unités spécialisées d'enquêteurs pouvant travailler ensemble. Les organismes d'application des lois doivent comprendre que la philosophie traditionnelle de l'enquêteur, personne capable de faire tous les métiers sans en maîtriser aucun, ne saurait être efficace contre les gangs de rue et le crime organisé.
Étant donné l'échelle énorme de leurs activités illégales, les groupes du crime organisé et les gangs de rue emploient la technologie électronique la plus moderne et la plus pointue et ce, pour deux raisons : pour éviter d'être repérés par la police, et aussi, comme dans toute entreprise rentable, pour faciliter la circulation de vastes quantités de produits — dans le cas présent, de contrebande — et d'argent d'un lieu à un autre.
Les groupes du crime organisé utilisent des BlackBerrys, du courriel et de la messagerie chiffrés et il est de plus en plus difficile d'intercepter leurs communications par les méthodes d'écoute clandestine traditionnelles. L'utilisation de serveurs hors site pour entreposer des données illégales est devenue plus fréquente, ce qui rend difficile l'obtention d'informations comme éléments de preuve.
Ces technologies font que les techniques policières traditionnelles d'infiltration et d'écoute clandestine sont désuètes. La possibilité pour les agences d'exécution des lois de surveiller ces technologies est limitée par le caractère dispendieux de ce genre d'enquête. Le crime organisé en est parfaitement conscient et utilise donc la technologie de pointe à son avantage.
Quand on est dans le crime organisé ou dans un gang de rue, c'est pour la vie. Le critère de succès est l'argent et le pouvoir. Pour atteindre cet objectif, les groupes et les individus considèrent leurs activités criminelles comme des activités commerciales ordinaires qui fonctionnent 24 heures par jour, sept jours sur sept. Soyons clairs : on peut pas s'attendre à ce que la police démantèle en quelques mois ce que le crime organisé et les gangs de rue mettent des années à bâtir.
Les services de police doivent eux aussi se fixer des objectifs à long terme en ayant recours à la Loi sur la protection des renseignements personnels et à des activités d'infiltration et de surveillance clandestine. Il faut parfois des mois, voire des années, pour que les enquêtes portent fruit. Voilà pourquoi les services de police ont besoin d'outils spéciaux et de ressources dédiées pour lutter contre le crime organisé, parce que c'est une lutte spécialisée.
À Winnipeg, dans le but de réprimer l'activité violente des gangs qui s'est intensifiée l'été dernier, la province du Manitoba et le Service de police de Winnipeg ont joint leurs forces à celles de l'unité de répression des organisations criminelles et des délinquants à haut risque, des services de probation du Service correctionnel, et du bureau du procureur de la Couronne. Leurs cibles sont les membres des gangs de rue, au moyen du plan de répression et de suppression des gangs, le GRASP. C'est un programme financé en partie par la province qui a fourni du personnel pour appuyer nos processus.
Bon nombre des aspects du GRASP sont inspirés de la stratégie WATSS de la police de Winnipeg, c'est-à-dire de l'unité des vols de voitures. Cet outil a fait ses preuves pour réduire les vols de voitures et nous voulons l'appliquer aux gangs. Le programme WATSS a eu du succès contre les vols de voitures.
Le GRASP est un programme de collaboration destiné non seulement à réduire la violence des gangs à Winnipeg mais aussi à rehausser les communications entre les organismes d'exécution des lois et à recueillir plus de renseignements sur les membres des gangs. Mis en oeuvre en janvier 2010, il assure une intense supervision des détenus libérés sous des conditions fixées par le tribunal étant donné qu'ils feront l'objet d'un contrôle exercé deux fois par semaine par des membres du GRASP. En cas de transgression des conditions, des mesures vigoureuses seront prises pour les renvoyer devant la justice.
Le GRASP surveillera aussi les délinquants les plus susceptibles de récidiver avec violence. Ceux qui sont ciblés par notre programme sont enregistrés dans le CIPC. Afin d'assurer la sécurité des agents et l'obtention de renseignements, ils y sont identifiés comme sujets du GRASP. C'est l'unité des crimes de rue du Service de police de Winnipeg qui a la responsabilité de cette initiative.
Afin d'établir les priorités de surveillance du GRASP, une équipe d'évaluation intégrée comprenant des membres de l'appareil judiciaire du Manitoba et du Service de police de Winnipeg examinent au peigne fin le passé des membres des gangs. Ceux-ci sont classés en fonction de critères précis puis inclus dans notre programme. La liste de priorité des membres des gangs sera revue régulièrement afin d'ajouter au programme les personnes d'intérêt supérieur qui bénéficient d'une libération.
Voilà donc l'une des mesures que nous avons prises récemment au sujet du problème des gangs à Winnipeg.
Je vais en rester là en vous remerciant de votre attention. Nous sommes prêts à répondre à vos questions.
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Je remercie tous les témoins de leur présence. Nous avons recueilli beaucoup d'excellents témoignages dans les diverses villes où nous nous sommes rendus et je crois percevoir l'émergence d'un accord entre les législateurs et les témoins. Si j'ai bien compris, on nous dit que les chefs des gangs, les cerveaux, essayent toujours de se blinder contre la culpabilité. Ils utilisent des enfants soldats ou d'autres pions, c'est une tendance. Nous convenons tous que ces caïds doivent être punis le plus sévèrement possible pour être mis hors d'état de nuire.
Nous sommes également d'accord, je crois, au sujet de la justice pénale appliquée aux jeunes — le chef de Saskatoon a très bien exposé leur détresse —, c'est-à-dire que ce sont de simples pions. De longues peines de prison ne les dissuaderont pas et ne les changeront pas. Quand ce sont des enfants, on ne doit pas nécessairement les incarcérer sans leur offrir un traitement. Je crois qu'il y a un accord virtuellement universel à ce sujet. Il y a aussi accord sur l'intervention précoce, et il y a accord sur l'accès légal, sur la technologie et sur la saisie de l'argent du crime organisé et de la contrefaçon. On s'entend sur toutes ces questions-là.
La zone grise, la zone difficile, c'est le point de contact entre le pion et le caïd. C'est à ce niveau que les Canadiens s'attendent à ce que quiconque commet un meurtre, quel que soit son âge, fasse l'objet d'une peine le retirant de la société pendant un certain temps afin de dissuader les autres et, idéalement, de favoriser une certaine forme de réadaptation.
Que pouvez-vous nous dire pour nous aider avec cette zone grise? Comme vous le savez, nous allons réfléchir à des modifications pouvant être apportés à la LJPA afin de répondre aux besoins de la société. Que pouvez-vous dire pour nous aider à lutter contre le crime organisé dans nos villes? Cette question ne concerne pas vraiment de vastes pans du Canada rural et c'est pourquoi cette étude est effectuée dans les grandes villes. C'est un phénomène urbain qui exploite l'arrière-pays.
Quelles mesures pénales pourrions-nous prévoir pour trouver un juste équilibre? Vous avez parlé de mettre les caïds hors d'état de nuire tout en protégeant les pions qui sont récupérables.
Je m'adresse d'abord au chef — à cause de votre âge, chef, mais aussi parce que ce que vous avez dit de la détresse de ces jeunes a retenu mon attention.
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Vous vouliez simplement commencer par le benjamin.
M. Brian Murphy: C'est ça.
Chef Clive Weighill: Je conviens qu'il faut changer la loi. Je ne suis certainement pas laxiste quand il s'agit du crime mais, quand on parle de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents, l'un des écueils...
Vous savez, elle permet à la police d'employer d'autres méthodes que des poursuites pénales. Pour des infractions mineures, nous pouvons appliquer d'autres sanctions et, quand quelqu'un entre dans un gang, il commence généralement par commettre des infractions mineures. Le problème de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents est qu'il n'y a pas de structure. On peut bien dire que la police peut donner des avertissements officiels, et nous le faisons lorsqu'il s'agit d'infractions mineures mais, lorsque les crimes sont plus graves, que pouvons-nous faire de ces jeunes? Où se trouvent les centres de désintoxication des jeunes qui ont besoin d'aide? Où se trouvent les programmes pour les jeunes qui ont besoin d'aide?
C'est bien beau de dire dans la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents que la police peut les orienter vers d'autres services mais ceux-ci n'existent pas. De ce fait, nous sommes obligés de les renvoyer dans l'appareil de justice pénale et ils se retrouvent finalement dans des centres de détention de jeunes dont ils sortent en étant des criminels encore plus aguerris qu'avant.
Je sais que cela peut vous donner l'impression que je suis laxiste, et presque académique et théorique, mais j'ai vraiment la conviction que la solution n'est pas législative, à mon humble avis, si on ne s'attaque pas en même temps aux causes profondes du problème. Comme je l'ai dit, vous pouvez enfermer les gens aussi longtemps que vous voulez, les menacer autant que vous voulez mais, si leurs conditions de vie sont déplorables et que nous n'avons aucun mécanisme pour les aider sans les jeter dans l'appareil de justice pénale, on aura toujours le même résultat, à mon humble avis.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins d'être venus aujourd'hui.
Je veux simplement m'adresser aux deux représentants de la police municipale.
Inspecteur Poole, vous avez parlé de modification de la LJPA. Les modifications proposées concernaient précisément les récidivistes violents. J'aimerais connaître votre avis sur ces modifications, ou propositions de modifications, et je parlerai ensuite des services qui sont disponibles.
Je voudrais également demander au chef Weighill de parler de certaines des questions entourant ce que vous faites quand... Vous dites qu'il n'y a aucun service pour traiter ces adolescents mais, ce matin, nous avons accueilli plusieurs dames, certes moins nombreuses que vous, messieurs, qui dispensent des services, et nous sommes également allés dans d'autres villes du Canada où il y a des lieux et des entités dans la communauté qui s'occupent réellement des enfants délinquants ou aident leurs parents.
Peut-être pourriez-vous donc préciser votre pensée, inspecteur Poole? Vouliez-vous parler des récidivistes violents quand vous parliez de jeunes délinquants?
Monsieur Bonnefoy, vous avez dit que votre établissement de Stony Mountain est à sécurité moyenne.
Dans ma circonscription, nous avons Warkworth, aussi à sécurité moyenne. Dieu merci, on y a lancé le programme Sentiers qui fonctionne très bien.
Pourriez-vous nous donner des précisions à ce sujet? Je vous demande cela parce que je fais partie d'un autre comité, le Comité de la sécurité publique et nationale, où l'on discute des programmes qui existent pour les détenus.
Évidemment, à Warkworth, nous avons tout, de la fabrication de meubles jusqu'à la réparation de grands véhicules militaires. Ils finiront bientôt leur 200e.
Quels autres programmes avez-vous pour que les gens gagnent leur vie une fois qu'ils sont sortis? Bien sûr, nous savons que subvenir à ses propres besoins et à ceux de sa famille est crucial. Pouvez-vous donc nous dire quels services vous fournissez, outre l'éducation, pour aider ces gens à gagner leur vie après l'incarcération?
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Merci, monsieur le président.
Nous avons parlé d'argent. Nous savons que l'argent est le nerf de la guerre. Nous avons parlé des gangs et des jeunes, de l'intervention et de toutes ces choses-là.
Nous n'avons pas parlé d'armes à feu. Nous avons eu certains témoignages aujourd'hui à ce sujet, ce qui était nouveau pour moi, et on nous a dit, ce qui est encore pire, qu'elles sont de plus en plus fréquentes.
Monsieur Bazin, je crois que c'est vous qui avez parlé de la prolifération des armes à feu dans l'exécution d'actes criminels.
Voici donc une courte question pour les trois services de police : le problème des armes à feu est-il en train d'empirer dans nos collectivités? Les lois actuelles — et, s'il vous plaît, ne me parlez pas du registre — sont-elles utiles? Il existe un régime beaucoup plus ancien pour les armes de poing, en vertu du Code criminel, des armes à autorisation restreinte, etc. Que pouvons-nous faire, législativement ou autrement — c'est peut-être plus une question de frontière — à ce sujet? À moins que tout aille bien, ou mieux.
Vous pouvez commencer comme vous voulez. Pourquoi ne répondez-vous pas de gauche à droite? C'est un peu notre tendance naturelle, de ce côté.
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Durant deux ou trois jours et d'autres périodes antérieurement où nous nous sommes penchés sur le crime organisé... L'étude que nous faisons porte sur le crime organisé. Notre gouvernement va proposer différentes lois qui sont actuellement à l'étude, etc. Les mots qui reviennent souvent sont « renseignement », « information ». Le renseignement est à la fois bon pour la réhabilitation et aussi pour la dissuasion, pour savoir à qui nous avons affaire.
On parle avec différents groupes qui représentent les forces de l'ordre, que ce soit des policiers, des agents frontaliers ou autres. En ce qui concerne les jeunes contrevenants, vous avez de la difficulté à obtenir des renseignements. En tant qu'avocat, je peux vous dire que c'est très difficile. Je ne sais pas comment vous les avez obtenus. Car dans bien des cas, quand un jeune est condamné à l'extérieur du système judiciaire, vous n'avez pas les renseignements et vous ne savez même pas ce qu'il a fait. Lorsque son cas est répertorié dans le système pour la première fois, c'est considéré comme s'il s'agissait d'une seule fois. Lorsque le juge veut savoir qui il a devant lui, il n'a pas les renseignements. Alors, s'il ne les a pas, vous ne les avez pas. Donc, il y a déjà un problème, à savoir comment le jeune va réagir et comment travaille le crime organisé.
Ensuite, il y a beaucoup de renseignements que nous n'avons pas. Par exemple, ce matin, plusieurs personnes venant du milieu autochtone nous ont parlé des dommages causés à leur communauté par les orphelinats, etc. Dans les orphelinats, il y a eu beaucoup de cas de pédophilie, mais rien n'est indiqué dans les statistiques du Canada. Moi-même, je ne le savais pas; j'apprends cela au fur et à mesure.
J'ai besoin de savoir ce que vous savez et comment je peux vous aider ou comment vous pouvez nous aider, parce qu'il nous manque des renseignements. Vous êtes sur le terrain. Vous travaillez fort et je vous encourage à continuer. Cependant, il y a un problème de renseignements. J'ai besoin de renseignements. Comment le crime organisé contrôle-t-il les jeunes? On a même appris qu'il y avait des cas de divulgation de preuve qui servent au crime organisé, afin que ces gens sachent qui les a trahis et qu'ils puissent ensuite leur régler leur compte. C'est là où en est rendue la divulgation de la preuve. Dans bien des cas, c'est dangereux.
Avez-vous quelque chose à nous proposer? Nous avons besoin de vous parce que vous êtes nos yeux sur le terrain, que ce soit sur le plan carcéral, en ce qui concerne la GRC, ou au palier municipal. On a besoin de renseignements, car les renseignements concernant les crimes — et non pas concernant les gens... Il ne peut pas y avoir d'augmentation parce que vous n'avez pas les renseignements et moi non plus, je ne les ai pas.
Ma question s'adresse à M. Ferguson, et au monsieur de Winnipeg qui pourrait peut-être nous donner des réponses. Quelles suggestions pourriez-vous nous faire?