[Français]
Monsieur le président, distingués membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invité à vous parler du rôle que joue mon groupe, celui du sous-ministre adjoint, Infrastructure et environnement, en ce qui a trait à la disponibilité opérationnelle de l'Aviation royale canadienne.
Comme vous l'a mentionné le lieutenant-général Michael Hood le 14 avril dernier, la disponibilité opérationnelle comprend à la fois nos gens, nos aéronefs et nos systèmes, et d'autres ressources qui fournissent la capacité de puissance aérienne dont le gouvernement a besoin pour servir les Canadiens et Canadiennes et les intérêts canadiens. L'infrastructure constitue un important portefeuille de ces autres ressources qui relèvent de mon groupe.
[Traduction]
Le SMA(IE) gère plus de 26 milliards de dollars en actifs immobiliers pour le compte de la Défense nationale, ce qui comprend les bâtiments, les routes, les hangars d'aviation, les aérodromes et les pistes, partout au Canada. En d'autres mots, si ces installations ne sont pas conçues, construites et entretenues selon les normes modernes, la disponibilité opérationnelle de notre force aérienne peut se trouver gravement compromise.
Permettez-moi de dire quelques mots sur la façon dont le SMA(IE) aide la Force aérienne à s'acquitter de son mandat au chapitre de la reconnaissance, de la mobilité, de l'aide humanitaire, de la recherche et du sauvetage et des capacités de la force qu'il fournit au gouvernement du Canada. À partir de 2014, le SMA(IE) a progressivement pris en charge la gestion de l'infrastructure de la Défense et, le 1er avril 2016, nous avons atteint la capacité opérationnelle totale et nous sommes devenus l'unique gardien de plus de 26 milliards de dollars de biens immobiliers des Forces armées canadiennes et des commandements de l'Armée, de la Marine et de l'Aviation.
Cette centralisation permettra au Commandant de la Force aérienne de se concentrer sur la préparation et le bon fonctionnement de sa force aérienne sans avoir à s'occuper de planification et d'exploitation d'une base d'infrastructure diversifiée et complexe. En bout de ligne, mon rôle est d'établir les priorités en ce qui touche aux ressources d'infrastructures qui viennent en appui aux opérations et à l'entraînement, tout en tenant compte des besoins et des contraintes du ministère. Par exemple, le général Hood devait, par le passé, veiller à ce que les pistes et les hangars d'aviation soient en bon état, mais il devait aussi s'assurer que les manèges militaires locaux étaient également en bon état, que l'hôpital était bien entretenu et que les toits ne coulaient pas. C'est le SMA(IE) qui s'occupe de tout cela désormais et qui établit les priorités en ce qui a trait aux ressources d'infrastructures du MDN. La centralisation permettra au SMA(IE) d'affecter ces ressources plus rapidement, de veiller à ce que les ressources appropriées soient utilisées pour les actifs appropriés et au moment approprié.
Afin d'assister le SMA(IE) dans ces entreprises, le gouvernement du Canada a lancé le Programme fédéral d'investissement dans l'infrastructure, le PFII, qui prévoit un investissement de 452 millions de dollars sur deux ans afin de permettre la réparation et l'amélioration des installations des Forces armées canadiennes, partout au Canada. À Trenton, nous avons entrepris un projet de 234 millions de dollars visant à reconfigurer la piste, à agrandir l'aire de stationnement pour les aéronefs, et à moderniser le drainage et les systèmes d'éclairage.
À Comox, nous avons investi 52 millions de dollars et 18 autres millions au titre du PFII dans l'amélioration des services publics, ainsi que dans les mesures de contrôle des inondations, dans la protection contre l'érosion de la rive, dans les logements militaires, de même que dans les réparations du hangar et de l'aérodrome.
À Cold Lake, nous avons arrêté 132 millions de dollars pour améliorer les routes, les services publics, les pistes et l'aérodrome, de même que pour construire un nouveau centre de soins de santé, ce qui représente un investissement total d'un peu moins de 18 millions de dollars au titre du PFII.
À Bagotville, nous avons prévu des investissements de 175 millions de dollars et, en plus, nous allons construire un nouveau quartier général et améliorer les pistes, l'aérodrome et les logements, ce qui représente à ce niveau un investissement total de 16 millions de dollars en vertu du PFII.
À Winnipeg, il est question de 68 millions de dollars d'investissements et de 4 millions de dollars en vertu du PFII pour réparer les portes des hangars, pour refaire les toitures et pour réparer le système d'éclairage, etc.
Dans le Nord, nous sommes en train de mettre sur pied une section de génie de l'aérodrome qui nous permettra de maintenir notre capacité aérienne cruciale pour cette région éloignée.
[Français]
Monsieur le président, ce sont des projets comme ceux-ci qui permettront au sous-ministre adjoint, Infrastructure et environnement, de se concentrer sur la rationalisation et le maintien du portefeuille immobilier de la Défense nationale tout en tenant compte des besoins militaires, des responsabilités financières et de la bonne intendance des ressources.
:
Monsieur le président, membres du Comité, merci pour cette invitation à comparaître devant vous afin de répondre aux questions que vous aurez à me poser au sujet de votre étude de la défense de l'Amérique du Nord.
[Français]
En tant que sous-ministre adjoint, Matériels, du ministère de la Défense nationale, je m'occupe de l'acquisition et du soutien relatifs à tout l'équipement militaire, c'est-à-dire que mes efforts se concentrent principalement sur la disponibilité technique des Forces armées canadiennes. Je supervise également la certification du matériel pour l'équipement militaire, comme le fait le ministère des Transports pour l'équipement civil.
[Traduction]
Mon groupe, qui gère un budget d'environ 6 milliards de dollars par année, se compose d'une équipe de 4 000 personnes qui veillent à la tâche, en plus de 12 000 marchés gérés en collaboration avec mes collègues de Services partagés et Approvisionnement Canada. Le travail ne manque pas et il est très complexe. La grande majorité des projets d'approvisionnement se déroulent comme prévu sur une base continue. Les projets d'approvisionnement pour le matériel clé, par contre, sont dans une catégorie à part.
L'approvisionnement en matière de défense est une tâche complexe, surtout en ce qui concerne le gros matériel, comme les aéronefs, les navires et les véhicules blindés. Les décisions que l'on prend concernant l'équipement sont souvent des décisions dont la portée s'étend sur un demi-siècle : par exemple, les prochains navires de combat que nous allons livrer seront encore en service en 2070, tandis que bon nombre des aéronefs que nous cherchons à obtenir voleront bien au-delà de la première moitié de ce siècle.
En même temps, les menaces qui guettent cet équipement évoluent sans arrêt. Cela signifie qu'il faut trouver un équilibre entre la durée de vie prévue de l'équipement, mesurée en décennie, tout en tenant compte du besoin de moderniser l'équipement continuellement, afin de pouvoir répondre aux menaces en constante évolution. Pour ce faire, les mécanismes de la chaîne d'approvisionnement et du soutien doivent pouvoir s'adapter et durer, afin de répondre aux besoins des Forces armées canadiennes.
En outre, l'équipement n'atteint jamais sa configuration définitive, puisque la modernisation d'aéronefs, de navires et de véhicules de combat est un processus continu et que la mise en service des nouvelles configurations est un projet complexe qui exige une collaboration très étroite entre les divers éléments du ministère de la Défense nationale.
[Français]
Cela dit, nous continuons de progresser et de remplir nos engagements dans le cadre de divers programmes qui continueront d'accroître la capacité des Forces armées canadiennes. En ce qui concerne le domaine de l'aérospatiale, mentionnons les programmes suivants :
[Traduction]
La livraison du cinquième C-17 et la clôture définitive du projet; la mise en service du C-130J et les mises à niveau de nos appareils en fonction du bloc 7.1; l'amélioration des Aurora et le projet de prolongation de leur durée de vie, projet pour lequel la livraison des appareils de bloc Ill progresse bien, tandis que nous sommes en train de définir le bloc IV; la remise en service des hélicoptères Chinook en ordre de bataille; la transition vers le Projet de l'hélicoptère maritime Cyclone et l'entraînement sur les appareils du bloc 1.1 qui devrait débuter dans les prochains mois; le parachèvement du processus d'évaluation de l'avion de recherche et de sauvetage d'ici cet été.
Le MDN ne se contente pas uniquement de mettre ces appareils en service, il est également en bonne posture pour fournir le soutien nécessaire à ces appareils et veiller à leur bonne utilisation opérationnelle.
Au sein du groupe du matériel, nous sommes très fiers de pouvoir travailler étroitement avec les Forces armées canadiennes en vue d'assurer la défense du Canada et de projeter les valeurs canadiennes à l'étranger.
[Français]
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de vous livrer cette brève présentation.
Je suis maintenant prêt à répondre à vos questions.
:
Bonjour à vous tous et à vous toutes, je suis heureuse d'être ici.
Je m'appelle Lisa Campbell et je suis sous-ministre adjointe à Services publics et Approvisionnement Canada.
Les gouvernements du monde entier dépensent beaucoup d'argent en biens et services pour répondre aux besoins de leurs citoyens et le Canada ne fait pas exception sur ce plan.
[Français]
Les montants versés par l'ensemble des gouvernements provinciaux, territoriaux et municipaux canadiens totalisent plus de 100 milliards de dollars par année.
[Traduction]
Les marchés de l'État fédéral représentent près de 1 % du produit intérieur brut, annuellement. Au cours des 10 dernières années, le gouvernement fédéral a émis plus de 500 000 contrats en moyenne par année, ce qui représentait 18 milliards de dollars annuellement. Ces dépenses ont permis d'acheter tout un éventail de biens et de services allant des fournitures de bureau aux technologies de l'information, en passant par le matériel militaire, comme des avions et des chars d'assaut. Près de la moitié des dépenses fédérales vont à la défense et l'autre permet de répondre à tous les autres besoins du gouvernement, qu'il s'agisse de ponts, d'infrastructures, d'installations nucléaires ou de vaccins.
Ce qui est peu connu et que je tiens à vous préciser, c'est que plus de 80 % des contrats fédéraux sont conclus par les ministères eux-mêmes. Services publics et Approvisionnement Canada ne traite donc que 12 % des contrats qui représentent cependant 80 % des montants. Comme il se doit, je pense, nous nous concentrons sur les acquisitions les plus complexes. C'est là que nous déployons nos compétences spécialisées en matière de marchés publics.
Au Canada, en vertu de la loi et des politiques qui nous régissent, nous partons du principe que les marchés publics fédéraux doivent être équitables, ouverts et transparents et représenter la meilleure valeur possible pour le pays. Des représentants de l'industrie — que nous consultons régulièrement par le truchement des comités consultatifs de fournisseurs et, plus récemment, par celui du groupe de l'industrie de la défense — nous ont dit que la procédure est trop complexe et qu'elle leur impose un lourd fardeau administratif. Nous sommes d'accord. Notre a pour mandat de moderniser les approvisionnements et, pour tout vous dire, c'est effectivement l'une de nos priorités.
Permettez-moi de m'arrêter un temps sur la dynamique très complexe qui caractérise le secteur des approvisionnements. Le fait d'acheter n'est pas, en soi, très compliqué, mais c'est ce que nous faisons durant le processus d'acquisition qui fait que les choses sont complexes. Le Canada est signataire d'un certain nombre d'accords commerciaux qui exigent que nous ouvrions les marchés de l'État au reste du monde pour jouer le jeu de la concurrence. Par ailleurs, nous essayons de réaliser des retombées industrielles et socioéconomiques pour le Canada. Il existe une tension naturelle entre ceux deux objectifs dynamiques, tension qui est sans doute plus perceptible dans les marchés de la défense.
Nous avons pour mandat de moderniser les pratiques d'approvisionnement du gouvernement du Canada afin de les simplifier et d'être en mesure d'appliquer des méthodes modernes de contrôle de sorte à travailler dans le sens des objectifs de la politique économique, notamment sous la forme d'achats verts et à caractère social. Dans le cadre de cette modernisation, nous avons commencé à examiner nos processus contractuels. Nous nous intéressons non seulement à ce que font d'autres administrations dans le monde, mais nous nous intéressons aussi à ce que fait le secteur privé parce que nous voulons voir comment les entreprises s'y sont prises pour simplifier et rationaliser les formes de contrats de base. Par ailleurs, nous examinons nos offres permanentes et nos arrangements en matière d'approvisionnement pour déterminer s'il y a moyen de les optimiser. Cela simplifierait l'acte de vente pour les entreprises et l'acte d'achat pour les ministères.
Par ailleurs, et c'est très important, nous venons de lancer un appel de propositions portant sur une solution d'approvisionnement en ligne. Je ne dis pas que nous allons nous transformer en Amazon, mais c'est à peu près l'orientation que nous prenons. Nous voulons essentiellement que la fonction d'approvisionnement du gouvernement du Canada obéisse à un modèle de commerce en ligne, s'appuyant sur les pratiques exemplaires de l'industrie et tenant compte des fardeaux que représentent les coûts et les processus pour les ministères et organismes fédéraux, et pour les fournisseurs.
Les petites et moyennes entreprises du Canada sont bénéficiaires d'à peu près la moitié des contrats que nous émettons. Idéalement, nous aimerions qu'elles puissent traiter avec nous à partir de leur téléphone intelligent, se connecter avec leurs fournisseurs, connaître les occasions d'affaires, faire de la publicité, vérifier leurs contrats, et déterminer la façon dont les choses se déroulent.
Nous travaillons aussi avec mes collègues de la Défense nationale et avec ceux d'Innovation, Sciences et Développement économique Canada. Nous collaborons avec les représentants des associations de l'industrie afin d'améliorer notre approche générale en matière d'affermage des travaux d'entretien et de réparation du matériel militaire. On insiste beaucoup sur les premiers temps d'un contrat, mais, honnêtement, de plus en plus de travail concerne le soutien technique et la réparation du matériel militaire avec lequel il faut travailler une bonne trentaine d'années après l'achat.
Il fut un temps où l'on pouvait conclure un contrat et laisser faire les choses pendant 30 ans, mais cela ne fonctionne plus de la même façon parce que, à cause du concept de soutien en service, tout le cycle de vie d'approvisionnement est plus court et plus complexe. Nous sommes en train d'examiner nos stocks et flux et de revoir certains contrats pour les lier au rendement. Tandis que le principe du prix fixe a pu fonctionner par le passé, nous sommes en train d'annoncer aux entreprises que nous allons brandir une carotte pendant les cinq prochaines années pour leur donner éventuellement une nouvelle tranche de travail, mais pour cela, elles devront faire preuve de leur rendement.
Nous avons constaté que cette démarche est très efficace, tant du point de vue de l'industrie que du nôtre. Nous obtenons un meilleur rapport qualité-prix.
Nous estimons que l'ensemble de ces mesures nous aideront à moderniser la fonction d'achat du gouvernement fédéral, à stimuler la concurrence et l'innovation et à nous appuyer davantage sur le programme d'achat pour tendre vers nos objectifs économiques, sociaux et écologiques pour le plus grand bénéfice du Canada et des Canadiens.
[Français]
Merci beaucoup.
:
C'est ce dont je m'occupe. De plus, nous ne nous occupons pas simplement de l'acquisition du matériel, puisque nous avons aussi un pouvoir technique dans le cas du matériel en service; nous travaillons sur ce plan.
Nous arrivons presque au terme d'un vaste programme destiné à maintenir ces avions en opération jusqu'en 2020. Ce programme se chiffre en milliards de dollars. Nous disposons d'un plan très détaillé portant sur des révisions et des réparations structurelles, et aussi sur un certain nombre de mise à niveau dans le cas des systèmes de communications et des senseurs de bord. Nous faisons cela pour les 77 chasseurs.
Nous estimons que, pour assurer un prolongement de 2020 à 2025, il nous faudrait environ 400 millions de dollars de plus. Nous sommes en train d'affiner nos calculs. Permettez-moi de vous expliquer ce qui se passe. Près de la moitié du budget sera consacré aux pièces de rechange et aux travaux d'entretien. Sans égard aux avions dont nous serons dotés — et l'on peut partir du principe qu'il s'agira de chasseurs —, nous devrons faire ces dépenses en plus de qui est prévu dans l'ordre de bataille.
Nous avons aussi réservé environ 200 millions de dollars supplémentaires. Le travail que nous avons réalisé jusqu'ici, pour améliorer les structures des appareils et prolonger leur durée de vie jusqu'à 2020, a donné d'excellents résultats. Les choses ont bien fonctionné. Je dirais même que la note a été moins élevée que prévu parce que notre procédure consiste à complètement démonter chaque avion, à inspecter l'ensemble de la cellule, toute sa structure, puis à réparer ce qui doit éventuellement être réparé. Il est souvent arrivé que le nombre de réparations soit inférieur à ce que nous avions prévu.
Nous envisageons de poursuivre selon le même régime. Nous allons ainsi faire passer en grande révision le plus grand nombre d'avions possible pour aller jusqu'en 2025. Pour l'instant, je ne suis pas en mesure de vous dire combien nous en aurons à terme. Il existe aussi un cycle de visites annuelles qui va absorber une partie de notre investissement en immobilisations destiné à nous permettre de prolonger la durée de vie utile des cellules.
Sur ces 400 millions de dollars, nous avons réservé environ 20 % — et encore une fois, il ne s'agit que d'un ordre d'idée — pour les futures mises à niveau. Si l'ensemble de nos alliés devaient adopter un nouveau système de chiffrement des communications, nous devrions mettre nos avions à niveau en conséquence. Voilà l'intention.
La moitié de ce budget sera dépensé dans tous les cas de figure. Il s'agit d'environ 200 millions de dollars pour les structures et éventuellement pour d'autres pièces.
Voilà donc tout ce que nous ferons pour prolonger la durée de vie utile des avions. Quant à l'efficacité opérationnelle, je vous invite à vous adresser à la Forces aérienne.
:
Je voudrais juste revenir sur votre remarque précédente, je ne crois pas que l'accident était lié aux problèmes de moyeu de rotor de queue des Cormorant.
Concernant le Cyclone, il n'y a pas de coupes dans ce projet. Il y a une réduction budgétaire. Je voudrais dire au Comité que dans le processus par lequel nous examinons le capital du crédit 5, mes gestionnaires de projet, avec deux ans d'avance et de manière récurrente dans le processus parlementaire, étalent les paiements afin d'estimer ce que seront les taux de change, ce que sera le taux de livraison, quelles seront les formations et comment toutes sortes de choses vont se dérouler.
Nous revoyons ces budgets tous les ans et à vrai dire nous introduisons différentes méthodes pour essayer de les resserrer, car très franchement, parmi les centaines de projets que j'ai, à mesure que l'on avance, ils deviennent une source non négligeable d'écarts dans les réaffectations. C'est très difficile à prévoir, c'est très difficile d'utiliser une boule de cristal.
Par conséquent les modifications dans les attributions du projet se font en réalité à ma demande, selon ce que je peux dépenser au cours de cette année fiscale et au cours de la prochaine. Là encore, en travaillant avec des fournisseurs comme Sikorsky et d'autres.
Nous avons livré environ le tiers de l'aéronef. Nous sommes en phase de transition. Nous allons commencer l'entraînement sur ce qui s'appelle l'aéronef block 1.1 et nous continuons afin d'offrir la plus grande capacité.
Nous avons un plan très robuste et c'est un projet dans lequel il y a quelques années nous étions vraiment en désaccord avec le fournisseur — des deux côtés. Nous avons renégocié ce projet et nous sommes finalement passés à une méthode de livraison et d'introduction de capacité qui est très positive.
Les Cyclones sont en mer en ce moment pour effectuer des essais. Nous avons récemment mené une série d'essais de l'interface navire-hélicoptère. Nous avons bien avancé dans les essais de pièces en service, donc nous nous rapprochons du moment où nous pourrons introduire la capacité. Nous les avons essayés sur une zone d'essais des États-Unis que l'on appelle AUTEC, à la poursuite de sous-marins et de cibles. Leurs capacités dans ce domaine sont très impressionnantes.
Comme je l'ai dit, les changements de budget résultent en réalité des nécessités que mon organisation a mises en avant via le processus parlementaire, via la MJANR, via les budgets. On ne nous a pas imposé de coupes.
:
Ce projet est en cours d'évaluation. À vrai dire nous venons de terminer cette semaine les essais en vol du deuxième appareil. Il ne reste que deux fournisseurs dans cette compétition. Là encore, il y a des enseignements tirés du passé — dont j'ai parlé tout à l'heure — concernant la durée de vie en service de ces appareils, de sorte que nous procédons à des analyses de tests très poussées avant de faire notre choix.
Nous sommes sortis avec l'avion d'Alenia et avec celui d'Airbus. Nous avons fait un certain nombre de vols et de travaux, ça c'est terminé. Le processus d'évaluation doit se terminer cet été, nous passerons ensuite au processus normal de validation en interne et bien sûr, nous passerons devant le gouvernement. Nous pensons signer le contrat avant la fin de cette année.
Lorsque nous menons des consultations auprès de l'industrie, nous avons parfois tendance à être très agressifs et à vouloir obtenir une livraison rapide. Dans le cas présent, nous avons rencontré tous les constructeurs d'avions qui nous ont tous dit qu'avec la complexité de ce projet, le carnet de commandes et le rassemblement du matériel, le premier avion serait livré trois ans après l'attribution du contrat. Nous envisageons donc la livraison du premier appareil à la fin de la décennie, avec un rythme assez rapide pour les livraisons suivantes. Voilà pour la livraison de l'avion. Il y a aussi les entraînements, les formateurs, les pièces détachées, un certain nombre d'années nous séparent encore de la mise en service de cet avion, quelle que soit son affectation, pour continuer à remplir la fonction d'aéronef de recherche et de sauvetage à voilure fixe.
Je vous dirais que malgré l'âge du Buffalo — et encore une fois je suis le responsable du matériel pour les Forces armées canadiennes —, nous ne faisons pas voler d'avions qui ne soient pas sûrs et nous avons beaucoup d'expérience, qui peut-être bonne ou mauvaise, dans l'exploitation d'avions plus anciens. Ce sont aussi des avions qui sont exploités ailleurs dans le monde, nous sommes donc en mesure de nous procurer des pièces de rechange et nous avons un programme très rigoureux de navigabilité technique pour garantir que les avions actuels sont non seulement en mesure de remplir leur rôle, mais qu'ils sont aussi sécuritaires pour le personnel des Forces armées canadiennes. Pour moi, c'est la priorité numéro un dans mon travail.
:
Je vous remercie beaucoup de cette excellente question.
En effet, cela commence à porter ses fruits.
Le but de la stratégie est de mieux planifier où nous essayons d'investir. Nous avons maintenant un système selon lequel nous évaluons les soumissions des compagnies en fonction de ce qu'elles fournissent au Canada. C'est très mathématique. Nous déterminons des quotas lors de l'évaluation globale des soumissions, par exemple 20 %. Cela signifie que le fournisseur doit attirer des avantages au Canada dans une proportion de 20 %, qu'il s'agisse d'emplois ou d'investissements en recherche-développement économique.
De plus en plus, notre approche se veut stratégique. Cela s'applique maintenant à tous les achats militaires d'un certain montant. Nous travaillons avec Innovation, Sciences et Développement économique Canada. Nous préparons une carte du Canada permettant de voir où sont les capacités. Nous voulons quand même être raisonnables. Nous ne voulons pas forcer des investissements là où il n'y a aucune capacité. Nous voulons voir des investissements là où il y a déjà des capacités, afin d'alimenter celles-ci. Ultimement, nous voulons développer des capacités qui peuvent faire partie de la chaîne globale de fournisseurs. C'est le but. L'industrie est très excitée par cette orientation, parce que cela veut dire qu'elle a vraiment une possibilité.
Nous avons commencé à mettre en place quelques nuances. Nous exigeons que ce ne soit pas exclusif. Un fournisseur ne doit donc pas s'engager avec une seule compagnie. Il peut participer à plusieurs soumissions. C'est très important pour l'industrie canadienne. Ainsi, les petites et moyennes entreprises qui essaient de savoir où elles devraient s'aligner ont plusieurs possibilités. Pour le gouvernement du Canada, cela veut dire qu'il y a plus de concurrence, plus d'innovation, et c'est ce qu'il veut encourager.
J'espère que cela répond à votre question.
:
Il me semble que nous ne pouvons prévoir ni mieux ni moins bien que n'importe qui d'autre, comme vous l'avez dit.
Parlons des navires. J'ai passé beaucoup de temps dans ce domaine. Comme vous l'avez indiqué, les coûts se répartissent à environ un tiers pour l'acquisition et un tiers pour le personnel. Si vous prenez les 100 millions de dollars que nous prévoyons plus ou moins pour toute la durée de vie de la prochaine génération de navires de guerre, c'est de cela que nous parlons. Pour une partie d'entre eux, cela en ferait partie — je veux dire les coûts relatif au personnel. Nous regardons aussi les coûts passés.
Lorsque nous avons établi les coûts sur l'ensemble de la durée de vie, les estimations grossières pour les navires de combat de surface, c'était basé sur notre expérience de la classe Halifax, de la classe Iroquois, et ce genre de choses.
Dans notre processus budgétaire, bien sûr, nous avons pour le capital, l'accumulation à long terme et le profil budgétaire à long terme. Pour ce qui est du personnel d'exploitation et de maintenance, comme vous le comprendrez aisément, nous avons le crédit 1 qui intervient en fait tous les ans dans les estimations. Donc, parfois nous regardons l'argent disponible et nous réagissons en conséquence.
C'est difficile à prévoir, mais nous avons des décennies de recul sur la manière dont nous effectuons la maintenance. Il y a un cycle quasi naturel de flux et de reflux. Nous voyons quand nous pouvons effectuer une maintenance plus lourde et quand nous devons différer la maintenance, puis quand nous pouvons reprendre. Surtout dans ces longs cycles de maintenance lourde.
Au-delà des estimations grossières d'ordre de grandeur, nous ne pouvons pas nous exprimer sur les coûts à l'échelle de la durée de vie entière du matériel, mais nous travaillons beaucoup. Notre directeur financier s'y consacre énormément. Il a un économiste qui regarde les coûts futurs, y compris le carburant. Nous avons un modèle économique pour le ministère. Nous avons un manuel des coûts standards qui prend tout cela en compte de façon annuelle. Chaque année, nous prenons les coûts de personnel et les coûts d'exploitation et de maintenance de toutes nos grandes flottes, ainsi que les coûts de personnel, ce qui nous permet de nous projeter dans l'avenir. Cela dit, c'est à l'échelle macroéconomique, au mieux.
Lorsque nous travaillons sur une durée de trois ans, nous faisons une analyse des coûts très détaillée, par exemple pour la maintenance. Pour les fonds que je reçois dans le cadre du budget d'achat national — environ 2,5 milliards de dollars par an —, nous faisons également un travail très détaillé. Nous avons un plan de bonne qualité portant sur trois à cinq années et des estimations d'ordres de grandeur beaucoup plus grossières sur des durées plus longues.
Je pense que c'est la même chose pour tous nos alliés. D'ailleurs, je dirais qu'ils évitent tous d'effectuer une analyse de coûts sur la durée de vie des projets. Comme je le disais, même au niveau des acquisitions, ils ont tendance à examiner chaque produit séparément en ne touchant pas aux infrastructures et autres.
Franchement, je crois qu'au Canada nous anticipons davantage en ce qui concerne le budget total, le coût total. La plupart de nos alliés ne vont pas si loin.
:
Je vous suis très reconnaissante de cette occasion de vous adresser la parole au sujet de cette importante étude.
[Français]
Je suis désolée, mais je n'ai pas eu le temps d'envoyer mes remarques à l'avance afin qu'elles soient traduites. J'ai cependant fourni des exemplaires de ma présentation aux fins de l'interprétation.
[Traduction]
Mes remarques liminaires porteront sur la question de la participation du Canada au système stratégique antimissile balistique américain pour la défense de l'Amérique du Nord.
Je dois signaler qu'à titre de conseillère en politique internationale en matière de sécurité auprès du ministre des Affaires étrangères de l'époque, Joe Clark, dans le gouvernement Mulroney, j'ai pris part de très près à la décision du Canada de ne pas participer à l'initiative du président Reagan pour la défense stratégique de gouvernement à gouvernement. Le Canada avait pris cette décision en 1985, au plus fort de la guerre froide au motif que la participation à ce qui n'était alors qu'un travail de recherche, et qui était une initiative prudente pour les États-Unis, ne concordait pas avec les priorités canadiennes en matière de défense et de sécurité. Comme tout le monde le sait, en 2005, le Canada a décidé à nouveau de ne pas participer à ce qui était devenu un programme non seulement de recherche, mais de développement.
En bref, j'estime que ces deux décisions de ne pas participer étaient conformes aux priorités canadiennes de défense et de sécurité et qu'il en est toujours ainsi aujourd'hui. Je vais vous donner six raisons pour lesquelles la participation canadienne à l'initiative de défense antimissile balistique des États-Unis pour l'Amérique du Nord ne devrait pas être une priorité canadienne.
Premièrement, le système américain de la BMD, dit aussi GMD, ou système de défense antimissile au sol axé sur la phase de mi-parcours, n'est pas fiable malgré 30 années d'efforts et des milliards de dollars investis.
Deuxièmement, la défense antimissile balistique stratégique ne fait qu'inciter la Russie et la Chine à construire des systèmes offensifs de plus en plus nombreux et efficaces pour combattre ces défenses si elles étaient dirigées contre eux un jour. Il est infiniment moins cher de construire des systèmes offensifs. Autrement dit, l'initiative a des implications très négatives pour la sécurité.
Troisièmement, comme de hauts fonctionnaires du MDN l'ont dit devant vous le 22 mars, le Canada ne fait pas l'objet d'une menace militaire de la part de la Corée du Nord ou de l'Iran. En tout état de cause, le problème que pose la Corée du Nord relève de la non-prolifération et nous devrions l'aborder comme telle, tout comme on l'a fait pour l'Iran avec tant de succès.
Quatrièmement, il est très peu probable que la participation du Canada à la défense antimissile lui donnerait le siège tant convoité à la table de la BMD. En 2004, les États-Unis ont décidé de localiser le commandement de la défense antimissile balistique au NORTHCOM, et non pas au NORAD, et au cours de nos négociations ultérieures sur la participation, ils n'ont donné aucune garantie que le Canada jouerait un rôle opérationnel significatif dans la BMD pas plus qu'une garantie que les villes canadiennes seraient défendues.
Cinquièmement, le fait que les membres européens de l'OTAN participent à une version tactique de la défense antimissile et à la défense régionale est une question entièrement distincte de celle de savoir si le Canada devrait participer à un système stratégique qui ne fonctionne pas pour l'Amérique du Nord. Il pourrait y avoir un débat distinct quant à savoir si le Canada devrait participer de quelque façon aux systèmes de l'OTAN — par exemple à bord de navires —, mais ce n'est pas la question qui nous occupe ici.
Sixièmement, la participation canadienne à la BMD entraînera des coûts financiers importants à un moment — et vous en avez discuté ce matin —, où le ministère de la Défense nationale est confronté à un véritable abîme de retard dans les approvisionnements, sans parler de l'importante modernisation du Système d'alerte du Nord qui doit être effectuée d'ici une dizaine d'années.
Pour toutes ces raisons, je soutiens qu'il n'est pas dans l'intérêt de la défense et de la sécurité du Canada de poursuivre la participation au programme américain de défense antimissile balistique pour l'Amérique du Nord en ce moment. Permettez-moi d'ajouter quelques précisions sur deux ou trois de ces raisons.
Sur le fait que le BMD ne fonctionne pas, je me contenterai de répondre à vos questions si cela vous intéresse. Je vais parler de la deuxième raison, qui porte sur la question vitale du contrôle des armements, sachant que j'ai été ambassadrice du Canada pour le désarmement auprès de l'ONU et que je m'intéresse donc tout spécialement à ces questions.
Il convient de rappeler brièvement pourquoi l'Union soviétique et les États-Unis ont accepté le traité de 1972 sur les antimissiles balistiques, qui a imposé des limites rigoureuses à ce type de défense. Le raisonnement était très simple. Il est beaucoup plus facile et beaucoup moins cher de construire des systèmes offensifs susceptibles d'écraser les systèmes défensifs comme le BMD que de mettre au point un système de défense fiable, avec le risque éventuel de déclencher une course aux armements nucléaires offensifs.
Au minimum, la Russie et la Chine doivent tenir compte de l'effet potentiel d'un système de BMD qui annihilent leur capacité de rétorsion, ce qui veut dire qu'ils doivent conserver la possibilité de constituer des forces offensives pour se prémunir contre le développement de la BMD par les États-Unis, qu'ils croient oui ou non les affirmations américaines que le système ne les vise pas eux actuellement, mais les États voyous.
Le système américain BMD agit également comme un catalyseur pour la modernisation des armes nucléaires, car la Russie et la Chine cherchent non seulement à augmenter le nombre des armes nucléaires, mais aussi une maniabilité accrue pour échapper aux défenses. C'est la prévention de ces évolutions extrêmement déstabilisantes qui avait motivé le traité antimissile balistique, que George W. Bush a abandonné en 2002 pour poursuivre la chimère de la BMD. Ce sont précisément ces évolutions déstabilisantes que nous avons vu augmenter depuis lors, en particulier en ce qui concerne la maniabilité.
Concernant la troisième raison, le faible degré de la menace nord-coréenne peut mieux être abordé dans le cadre de la non-prolifération. Comme vous avez entendu des témoignages à ce sujet, je laisserai cela pour la période des questions.
Au sujet la quatrième raison, c'est-à-dire que la participation à la BMD ne donnera pas au Canada un siège significatif à la table, le fait d'être physiquement assis à la table ne veut pas dire nécessairement que l'on ait son mot à dire. À cet égard, je voudrais souligner l'excellente étude commandée par le MDN, NORAD in Perpetuity?, datée du 31 mars 2014, et en particulier la page 34, qui tire la même conclusion.
Pour gagner du temps, je ne vais pas insister sur le manque de pertinence des systèmes de défense antimissile de l'OTAN pour la participation du Canada à la BMD stratégique des États-Unis pour l'Amérique du Nord.
Pour terminer, la participation canadienne à la BMD entraînera des coûts financiers importants à un moment où il y a tant de priorités concurrentes. Le rapport NORAD in Perpetuity? dont je viens de parler examine cette question des coûts.
Pour toutes ces raisons, demander la participation canadienne à la BMD en ce moment, à mon avis, ne répond pas aux priorités du Canada en matière de défense et de sécurité ni à la question de la non-prolifération, et c'est à cela que tout se résume : quelles sont les priorités? Nous ne pouvons pas tout faire.
J'aimerais ajouter un autre point. Le 28 octobre 2014, lors des audiences du Comité sur la défense de l'Amérique du Nord, l'un des auteurs du rapport NORAD in Perpetuity?, M. James Fergusson, a témoigné. Jusqu'alors, il avait sûrement été le plus éminent expert universitaire canadien à promouvoir la participation du Canada à la BMD américaine, mais son témoignage du 28 octobre 2014 était tout différent.
Il avait, après tout, travaillé au rapport NORAD in Perpetuity?, qui a mis en évidence la très faible probabilité que le Canada puisse obtenir un siège significatif à la table de la BMD, ainsi que les coûts associés à la participation du Canada. À ces raisons, il a ajouté le faible degré de menace que posent les missiles balistiques des États voyous et les nombreux besoins pressants de la Défense nationale en matière d'approvisionnement, surtout pour une « bonne partie de la flotte canadienne », comme il l'a dit.
Pour toutes ces raisons, il a déclaré en réponse à une question directe sur la priorité qu'il accorderait à la BMD, « ... j'arriverais naturellement à la conclusion que ce ne serait pas une grande priorité à l'heure actuelle ».
Merci. Je répondrai volontiers à vos questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président et membres du Comité, de m'avoir invité aujourd'hui. J'estime que cette étude sur la défense nord-américaine est importante, à la fois dans le cadre de la révision de la politique de défense actuelle et au-delà, parce que je pense que la situation stratégique entourant la défense nord-américaine s'est sensiblement aggravée depuis deux ans. Je pense que cette étude est opportune.
Depuis plus de deux décennies, les systèmes de défense et de sécurité de l'Amérique du Nord se sont essentiellement préoccupés de menaces non étatiques, des questions comme le trafic de stupéfiants et le terrorisme. Je dirais que le Canada est actuellement très bien placé pour se défendre contre ces types de menaces.
Il me semble, cependant, que nous sommes beaucoup moins bien préparés pour nous défendre contre les menaces de pays comme la Corée du Nord et ses menaces de lancer des missiles balistiques. La Corée du Nord développe cette technologie depuis plusieurs années et travaille maintenant à intégrer ces types de missiles à ses sous-marins. Les États-Unis ont développé de leur côté le système de défense au sol à mi-parcours, dont ma collègue vient de parler, et avaient à l'origine demandé au Canada d'y participer, ce que le Canada a refusé de faire. En conséquence, je pense que la seule chose qui est sûre et certaine à propos de la défense antimissile balistique au Canada, c'est que le Canada n'a absolument rien à dire pour le moment au sujet de l'éventuelle défense des Canadiens.
Au-delà de missiles balistiques, les événements des deux dernières années ont réintroduit la nécessité de défendre l'Amérique du Nord contre d'autres menaces provenant d'un pays. L'armée russe a considérablement amélioré ses forces aériennes et navales ces dernières années et elle continue de le faire. Ces deux dernières années en particulier, les Russes ont démontré l'efficacité de ce nouvel équipement, ainsi que la volonté de l'utiliser pour faire avancer leurs propres intérêts.
En Syrie, les forces russes ont employé avec succès une nouvelle classe de missiles de croisière conventionnels air-air et mer-air qui ont une portée beaucoup plus longue, sont difficiles à observer et sont capables d'une très grande précision. Trois aspects de ce développement sont troublants.
Tout d'abord, ces armes sont à la fois nucléaires et conventionnelles. Deuxièmement, elles peuvent être portées sur de longues distances par des avions de patrouille russes et leurs sous-marins les plus récents très performants, et depuis 10 ans, la Russie a repris le déploiement de ces deux types de dispositifs en Amérique du Nord et autour. Troisièmement, en raison de l'augmentation des distances à partir desquelles ces nouveaux missiles peuvent frapper des cibles et de leurs caractéristiques de faible observabilité, les arrangements actuels pour la défense de l'Amérique du Nord contre eux doivent être mis à niveau pour les contrer efficacement
En somme, la Russie a développé et récemment utilisé à l'étranger une nouvelle technologie de pointe qui pourrait être déployée contre l'Amérique du Nord au moyen des avions et sous-marins qui patrouillent maintenant régulièrement l'air et les eaux autour du Canada et des États-Unis. Je dirais que ce n'est pas une question de savoir si les Russes arrivent, parce qu'ils sont déjà là; la question est de savoir quelles sont leurs intentions et comment nous devrions réagir.
Dans le cadre de l'examen de la politique de défense du Canada, je soutiens que nous devons accroître notre capacité à détecter et à contrer efficacement ce type d'activité émanant d'un pays. En conséquence, je recommande cinq mesures à prendre pour améliorer la capacité du Canada à défendre l'Amérique du Nord.
Premièrement, nous devrions sérieusement envisager de devenir un partenaire à part entière de la défense balistique de l'Amérique du Nord, et si les conditions nous conviennent et les Américains le veulent bien, nous devrions nous y joindre. Cela donnerait au gouvernement canadien la capacité de défendre potentiellement les Canadiens contre les missiles balistiques, quelque chose qu'il ne peut faire à l'heure actuelle.
Au minimum, même si le Canada n'est pas directement menacé par la Corée du Nord, les États-Unis pensent clairement qu'il l'est. Cela veut dire que les Canadiens pourraient être menacés par un lancement accidentel ou un missile égaré en provenance de la Corée du Nord, même s'il est destiné au sud de la frontière. Personnellement, je me méfie un peu trop de la technologie nord-coréenne pour pouvoir éliminer le risque qu'un missile vienne accidentellement frapper Vancouver alors qu'il visait Seattle. À l'heure actuelle, le gouvernement canadien ne peut absolument rien faire pour empêcher que cela ne se produise.
Deuxièmement, l'intensification de l'activité russe autour de l'Amérique du Nord exige que nous améliorions notre capacité de savoir ce qui se passe dans notre espace aérien et nos approches maritimes, en particulier dans l'Arctique canadien. Depuis 2007, les Russes ont effectué des patrouilles aériennes de longue portée vers l'espace aérien de l'Arctique canadien, et ils l'ont fait d'une manière qui indique qu'ils sont enclins à lier ce type d'activité à des affrontements stratégiques avec le Canada ailleurs dans le monde
De même, les patrouilles de sous-marins russes dans l'Atlantique ont récemment atteint des niveaux jamais vus depuis la guerre froide. Il faut donc prolonger le cycle de vie et améliorer les plateformes que nous utilisons actuellement pour les missions de renseignement, de surveillance et de reconnaissance pour que nous demeurions au courant de ces activités. À moyen et long terme, nous devons acquérir de nouvelles plateformes pour améliorer notre capacité en ce sens. Cela devrait inclure la mise à niveau du volet canadien du Système d'alerte du Nord avec un système mieux adapté à l'environnement de la menace actuelle et future.
Troisièmement, le gouvernement devrait agir rapidement pour remplacer notre flotte d'avions de combat CF-18 pour maintenir notre capacité à intercepter avec succès les avions de longue portée qui approchent l'espace aérien canadien, à la fois aujourd'hui et dans l'avenir. Puisque le gouvernement s'est engagé à tenir un concours complètement ouvert à tous les soumissionnaires intéressés, il s'agirait de commencer le plus tôt possible.
Quatrièmement, le gouvernement doit investir dans des capacités de guerre anti-sous-marine pour pouvoir contrer l'activité des sous-marins russes au besoin. Les sous-marins canadiens actuels, qui sont nos actifs de guerre anti-sous-marine les plus performants, approchent rapidement la fin de leur vie. Il faut étudier au plus tôt les options pour prolonger la vie de cette flotte et lancer sans plus tarder un projet d'acquisition de nouveaux sous-marins pour patrouiller les trois océans du Canada.
Cinquièmement, le gouvernement doit veiller à ce que le ministère de la Défense nationale possède les ressources financières et humaines nécessaires pour acquérir des biens d'équipement modernes pour défendre l'Amérique du Nord. Il ne le fait pas pour l'instant, à mon sens.
Selon les arrangements financiers actuels, un certain nombre de projets nécessaires pour maintenir une capacité moderne permettant de défendre le Canada contre les menaces aérospatiales ne font pas partie du plan d'investissement du MDN et ne sont donc pas financés. La liste des projets non financés comprendrait la mise à niveau du Système d'alerte du Nord, le remplacement de nos avions de patrouille maritime et le prolongement de la vie et l'éventuel remplacement des flottes de sous-marins du Canada. Il faut trouver les moyens de financer ces projets.
Par ailleurs, le système d'approvisionnement de la défense canadienne continue d'être incapable d'acquérir le matériel militaire nécessaire dans les délais. En mars dernier, 4 milliards de dollars alloués pour l'achat de biens d'équipement ont été reportés. C'est la troisième fois en six ans que cela se produit. Le financement de biens d'équipement de près de 10 milliards de dollars a été reporté et cet équipement n'a donc pas été acquis.
Pour une défense adéquate de l'Amérique du Nord, il faut un meilleur système d'approvisionnement de la défense. À mon avis, l'amélioration de l'approvisionnement de matériel militaire exigerait, au minimum, que le gouvernement indique clairement que la recapitalisation de l'armée est une priorité, qu'il donne la priorité aux projets d'équipement que la Défense nationale veut réaliser dans le cadre de l'examen de la politique de défense, qu'il rationalise le processus complexe actuel d'achat de cet équipement et enfin, qu'il augmente la capacité des effectifs dans le secteur de l'approvisionnement.
La combinaison de ces mesures permettrait d'améliorer considérablement la capacité du Canada à défendre l'Amérique du Nord en collaboration avec les États-Unis.
Je répondrai maintenant avec plaisir à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Il y a un beau débat ici. Actuellement, il y a vraiment deux façons de voir les choses. Mon collègue M. Gerretsen a bien entamé la discussion.
Madame Mason, depuis le début, nous avons reçu plusieurs témoins, dont des gens du ministère de la Défense nationale, qui nous ont dit qu'il n'y avait pas de menace. Par contre, plusieurs autres témoins, tant civils que militaires, nous ont confirmé qu'il y avait une menace potentielle énorme. Elle n'existait peut-être pas il y a 10 ans, mais actuellement elle est présente.
Nous revenons de Cheyenne Mountain, où le NORAD a des installations. Mardi, nous y avons eu de très bonnes discussions avec nos collègues américains et canadiens, et ils nous l'ont démontré de façon pratique. Nous avons vraiment compris la menace.
Madame Mason, j'aimerais aborder un aspect davantage d'ordre politique au sujet de la participation ou de la non-participation du Canada. Je crois que vous avez mentionné que notre participation au programme antimissile nous empêcherait d'avoir un siège à l'ONU. En quoi le fait d'avoir un siège à l'ONU prime-t-il sur la sécurité des Canadiens?
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Quand je parlais des systèmes offensifs, je faisais état des conséquences très néfastes qu'auraient sur la sécurité internationale et le contrôle des armements les efforts pour mettre en place une défense antimissile. Je tiens à signaler qu'il n'est pas du tout illogique, à mon sens, de prétendre que le système de BMD, tel qu'il est actuellement configuré, ne fonctionne pas, mais que les responsables russes et chinois des plans de défense se doivent, par prudence, de miser sur la possibilité qu'il pourrait bien fonctionner un jour. C'est l'objet même de l'établissement des plans de défense.
Je ne préconise pas la mise en place d'un système offensif massif, mais je ferai remarquer que nous observons actuellement, parmi les neuf puissances nucléaires déclarées, un effort relativement important de modernisation. Ce que je faisais valoir, c'est que toute la logique de la guerre froide, quand l'Union soviétique et les États-Unis se dressaient face à face — et je maintiens que c'est encore vrai aujourd'hui —, interdisait à chacun d'investir dans leurs défenses contre les missiles parce qu'il est tellement facile… S'il est si difficile pour les systèmes de défense antimissile de prévaloir, c'est parce qu'ils doivent être précis à 100 % de manière à ne rien laisser passer. Quant aux systèmes offensifs, la fameuse doctrine de Nitze veut qu'ils soient « économiques ».
La question de l'économie est périphérique. Il sera toujours moins coûteux de construire plus de systèmes offensifs. Si vous optez pour la défense antimissile, même si vous réussissez à avoir un système passablement fiable, ce qui n'est pas le cas du système actuel, vous incitez l'autre camp, ceux qui sont concernés — la Russie et la Chine en particulier — à couvrir leur mise en construisant des systèmes offensifs plus nombreux plus manoeuvrables.
Il était tacitement compris, du temps de la guerre froide, qu'aucun des deux camps ne devait se doter de systèmes de défense antimissile, exception faite d'un seul très restreint. Mais il y avait aussi une entente d'interdiction des MIRV, les missiles à ogives multiples indépendamment guidées. À ce chapitre également, le gouvernement Bush a accusé un recul en abandonnant le Traité ABM, si bien que la Chine oriente maintenant ses efforts en ce sens.
Le fond de l'argument, c'est que les preuves ne manquent pas pour montrer que cette option a des conséquences néfastes sur le contrôle des armements et que, par ailleurs, un tel système offre très peu de retombées positives.
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Je tâcherai de ne pas dépasser sept minutes et de reporter le reste de mon temps de parole.
Je formulerai des observations en guise de question, et je vous demanderai d'y réagir. Ce débat, au niveau auquel il se déroule, est vraiment très utile pour le Comité et il laisse aussi voir la nécessité d'examiner les choses de façon plus poussée, de ne pas rejeter simplement du revers de la main l'option de s'engager dans la BMD, mais de la faire avancer.
Je tiens à dire que, compte tenu de la perception du public et de la valeur ajoutée réelle en tant que dispositif canadien utile à adopter, le système doit être cloisonné, il doit être confiné, sa portée doit être réduite en deçà de celle actuellement pressentie pour la BMD.
D'entrée de jeu, je veux vous féliciter, madame Mason, du travail extraordinaire que vous faites en matière de désarmement et de non-prolifération. Ceux-ci doivent demeurer le point de mire parce que c'est là que résident les réponses aux vraies menaces.
Par le même raisonnement, la BMD doit être une combinaison essentiellement parfaite quant à son fonctionnement, mais également avoir une portée restreinte à son niveau actuel. Dès que nous en étendrons la portée, elle constituera une menace politique pour la Russie et la Chine qui, comme vous l'avez signalé si justement, devront la contrer par une réaction stratégique. La BMD doit donc demeurer circonscrite à l'intérieur du paradigme ayant pour termes une technologie plus vieille, des États voyous et un dévoiement éventuel vers des protagonistes non étatiques, parce que la technologie qui est arrivée assez facilement entre les mains de la Corée du Nord et de l'Iran pourrait bien un jour se trouver dans les mains d'une entité non étatique.
Le niveau de risque combine, en fait, la probabilité d'un événement et la gravité de ses répercussions et, même si la probabilité peut ne pas être très grande, la gravité des répercussions serait extraordinaire. Nous devons donc tâcher de réduire le niveau de risque, mais nous devons certainement travailler aussi sur le plan politique pour confiner le système dans sa portée et faire très clairement comprendre à la Russie et à la Chine qu'il demeurera confiné et qu'il n'est dirigé que contre les entités voyous.
Cela étant dit, je vois une occasion de recherche-développement pour le Canada au chapitre du perfectionnement du système. Le Comité a entendu des témoignages sur la performance du système, en fait, il a été lui-même témoin d'une démonstration du système, au point de voir que son imperfection tient vraiment, comme mon collègue l'a signalé à juste titre, à l'utilisation de leurres, à l'incapacité du système de défense de pouvoir dans l'avenir identifier correctement le missile.
Si la recherche-développement pouvait cibler ce problème, afin de permettre de mieux pister la menace réelle plutôt que les leurres qui auraient été déployés avec d'autres projectiles, voire dans le même projectile, cela représenterait pour nous une occasion de nous engager à un coût éventuellement raisonnable, mais aussi d'accroître notre crédibilité en étant actifs dans le dossier. Ce qu'une telle participation entraînerait réellement est une question opérationnelle. Nous sommes en très forte position à la table de négociation grâce au NORAD et nous pourrions la rendre encore plus forte, comme vous l'avez signalé, monsieur Perry, à la faveur d'un engagement dans la BMD.
Je termine là-dessus afin de laisser à chacun de vous quelques minutes pour nous donner vos réactions.
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Je relèverai quelques points que vous avez mentionnés.
L'aspect mathématique de la situation que vous décrivez reflète, je pense, le fait qu'il ne s'agit pas d'un système déstabilisant. À l'heure actuelle, il y a moins de 50 intercepteurs qui doivent percuter un missile en approche. Les Russes ont des milliers de missiles balistiques et les Chinois plusieurs centaines. Ne serait-ce qu'en raison de cette disproportion mathématique et de la façon dont ils seront employés, pour le moment je ne vois pas comment cela pourrait contribuer à une déstabilisation.
Je pense que l'utilisation de ce système, même contre un État voyou, pour composer avec les différents problèmes posés par les leurres en est une où… Il n'y a pas de capacité étendue de se défendre contre de nombreux différents genres d'attaques tout simplement à cause des limitations et de l'écart mathématique. Si le Canada avait l'occasion de participer sur le plan de la recherche-développement, ce serait, il me semble, une prime supplémentaire. Mais je pense que la principale raison d'une participation est d'apporter une sécurité aux Canadiens.
Je voudrais revenir sur un point soulevé plus tôt au sujet de la menace et de l'existence d'une menace directe pour le Canada. Selon la définition traditionnelle, la menace est la rencontre d'une capacité et d'une intention. Les Nord-Coréens ont la capacité. Peut-être qu'en ce moment nous ne pensons pas qu'ils aient l'intention de vraiment viser directement le Canada. Mais là encore, je dirais que le Pacifique est large de plus de 8 000 kilomètres et que la distance qui sépare Seattle de Victoria — j'ai vérifié avant de venir — est d'environ 130 kilomètres à vol d'oiseau; Vancouver en est distant de moins de 250 kilomètres.
Je ne crois pas qu'il soit déraisonnable de penser que même si la cible est Seattle, où se trouvent à proximité des objectifs industriels majeurs comme l'usine de Boeing et des installations militaires majeures… Si Seattle est vu comme une cible stratégique par quelque État voyou, je ne pense pas qu'il soit tout à fait improbable que certains des missiles qui lui seront destinés puissent atterrir du côté canadien de la frontière bien que le point visé se trouve plus au sud. Nous ne savons pas quelle sera l'intention des Nord-Coréens dans l'avenir, ni comment elle pourrait évoluer, mais si nous n'avons pas la capacité, ou aucun moyen qui nous soit propre, de nous défendre, notre sécurité sera laissée à la discrétion des autres.