Mille fois merci de donner à l'Association navale du Canada l'occasion de comparaître devant le Comité. C'est un plaisir, surtout pour moi, puisqu'il s'agit de ma première comparution qui ne soit pas requise par un ministre.
Je vous entretiendrai sur la question stratégique de la Marine qu'a et qu'aura le Canada s'il continue sur sa lancée, après quoi je céderai la parole à mes collègues.
La Marine réagit à la présence d'autres puissances dans les eaux nationales et les dissuade d'y agir en collaboration bien sûr avec la Force aérienne. Mais le gouvernement a aussi fréquemment fait appel à elle pour intervenir chaque fois que les intérêts nationaux du Canada ont été contestés, au lieu d'attendre que lesdites contestations atteignent nos côtes. Les gouvernements ont ordonné de tels déploiements parce que l’appui à l’ordre international fondé sur des règles a produit la paix et la sécurité dont dépendent notre commerce et notre prospérité. En effet, de telles opérations ont constitué l’activité principale que nos gouvernements successifs ont envoyé la Marine exercer à l’étranger, montant des dizaines de déploiements, dans le monde, de nos navires, sous-marins et aéronefs et de nos groupes opérationnels au cours des vingt dernières années, pendant que la flotte, au Canada, assurait notre sécurité.
Nonobstant sa suite ininterrompue de succès lors d’opérations ici et à l’étranger, les capacités et le potentiel de la Marine se sont tranquillement érodés au fil des deux dernières décennies, compromettant progressivement, mais toujours davantage son aptitude à défendre le Canada ou à tenir, à l’étranger, un rôle de force au service du bien. Certaines choses ont progressé récemment. Nos frégates ont maintenant largement passé la force de l’âge, mais elles ont été modernisées correctement, et nos sous-marins sont opérationnels. D’autre part, la Stratégie nationale de construction navale, une entreprise d’importance porteuse de promesses considérables, a été lancée.
La question ne consiste pas à savoir si le Canada réussira à construire des navires de guerre : il n’en a jamais été autrement. Elle consiste plutôt à savoir si nous construirons le nombre de navires dont nous avons besoin et si ces navires posséderont les capacités requises afin que nous puissions relever adéquatement les défis que l’on voit déjà se dessiner. Cela dit, l’Association navale observe avec regret qu’au cours des vingt dernières années, une succession de gouvernements au cours de huit législatures ont été incapables de doter durablement en ressources la Défense. Le signe le plus clair de cette carence a été que ce pays du G7, qui a des intérêts maritimes ici et à l’étranger, a vu ses navires ravitailleurs — deux d’entre eux — et ses contre-torpilleurs atteindre la mi-quarantaine avant d’être déclassés faute d’autre option, non seulement en l’absence de relève, pas de façon provisoire, mais sans que les gouvernements aient conclu de marchés pour la construction de leurs remplaçants.
Les réussites de la marine au cours des 20 dernières années ont été attribuables à des investissements, faits il y a des décennies, dans les parcs de combat qui défendent le Canada. J'ai inscrit sur cette liste les sous-marins, les frégates, les contre-torpilleurs, les aéronefs de patrouille maritimes et, bien sûr, les CF-18 qui survolent les mers. En outre, la plus jeune de ces plateformes a déjà plus de 20 ans. La plus vieille est le Athabaskan, qui a 44 ans. La capacité du présent gouvernement et de ceux qui suivront de vivre du produit de ces investissements approche rapidement à sa fin, alors même que les risques stratégiques pour le gouvernement s'aggravent. Quels sont ces risques aujourd'hui? En plus du fait que nous possédons moins de navires aptes à nous défendre, nous avons aussi perdu certaines capacités dont nous bénéficions depuis longtemps.
Le Canada n’a plus la capacité de contrôler indépendamment les événements en mer, car il a perdu sa capacité de défense aérienne, qui faisait partie des groupes opérationnels. Il n’a plus la capacité de maintenir indépendamment des forces déployées à l’étranger et doit donc s’en remettre à d’autres pour son ravitaillement en mer et pour son soutien logistique, même dans nos propres eaux. Par conséquent, il n’a guère de chances d’être en mesure d’exercer une intervention prolongée, à rotations multiples, en cas d’événements internationaux et n’a guère de chances non plus qu’on lui donne l’occasion d’exercer le leadership maritime important que permet ce genre d’intervention, particulièrement dans des opérations complexes de la nature de celles dont nous nous sommes chargés souvent, comme l’appui que nous avons donné à nos alliés américains au Moyen-Orient pendant de nombreuses années après les événements du 11 septembre 2001.
À l’avenir, si le cap actuel est maintenu, les futurs gouvernements seront confrontés à de plus grandes réductions et à des risques croissants. Déjà, le parc de combat de la Marine royale canadienne, qui est composé de sous-marins et de navires de combat de surface, est plus modeste que ce que des recherches ont estimé nécessaire à la production de retombées durables des politiques bipartisanes recherchées par les gouvernements, comme le maintien de la souveraineté du Canada et sa contribution à la paix et à la sécurité internationales.
Comme le directeur parlementaire du budget et d’autres l’ont signalé, notamment Dave Perry, qui est venu vous voir au printemps, les Forces armées ne seront pas soutenables pendant la décennie à venir, probablement à hauteur de dizaines de milliards de dollars. Les plans, donc, visant à restaurer le parc de combat, y compris les projets de prolongation de la vie utile des quatre sous-marins canadiens très capables de la classe Victoria jusqu’au milieu des années 2030 et leur remplacement subséquent par une nouvelle capacité, ainsi que le remplacement de nos avions de patrouille maritime Aurora, ne sont pas qu’en danger : ils piquent du nez.
Aux niveaux budgétaires actuels, alors, il faut s’attendre à voir fondre encore davantage le parc de combat de la Marine royale canadienne au fil des quinze prochaines années, réduction jusqu’à un nombre, selon la presse du moins, de tout juste neuf navires de combat de surface, ce qui signifierait une coupure de 40 % par rapport aux 15 navires d’il y a à peine deux ans. Pendant ce temps, les sous-marins et les avions de patrouille maritime de la Force aérienne ne seront vraisemblablement pas abordables, et ne seront probablement pas remplacés, du moins pas tels qu’on les connaît actuellement.
Chacun de ces changements viendra de toute évidence s’ajouter aux risques dont j’ai déjà parlé en érodant encore plus lourdement les capacités et le potentiel maritimes nécessaires pour faire une contribution significative aux opérations continentales ou internationales. Pendant des décennies, le gouvernement a été en mesure d’ordonner le déploiement de grands navires de guerre dans deux théâtres simultanément; une flotte réduite ne le permettra pas. Mais, surtout, une telle force ne conviendra pas et ne sera pas adéquate pour relever les vastes défis que nous pose la défense de nos eaux territoriales réparties sur trois océans.
L’Association navale est d’avis que cette future flotte beaucoup plus petite, débalancée, ne permettra pas de répondre aux besoins nationaux, particulièrement au vu des changements rapides qui sont en train de se produire dans l’ordre maritime mondial, à notre époque où les pays du monde entier, et particulièrement la Russie et la Chine, s’affairent à combler les fossés technologiques dont les marines occidentales ont profité pendant des décennies et continuent de faire des investissements importants et, de fait, disproportionnés dans leurs forces maritimes, particulièrement dans la région Asie-Pacifique, où la coopération entre grands États continue de céder le pas à la concurrence et à la confrontation au détriment d’un ordre international fondé sur des règles, particulièrement en mer et, surtout, dans les mers de Chine méridionale et de Chine orientale, et où le troisième et le plus vaste, mais aussi le moins accessible et le plus fragile, des espaces océaniques du Canada s’ouvre à la navigation commerciale et à l’extraction de ressources, tandis que la Marine et la Force aérienne assurent notre souveraineté là-bas.
Pour l’Association navale, le succès de l’Examen de la politique de défense est tributaire du rééquilibrage des niveaux de dépenses dans la plage du moyen au long terme, et des résultats de défense auxquels s’attend le gouvernement. L’Association navale soutient, comme je le fais, que le nouvel environnement stratégique dans lequel il faut défendre le Canada requerra des investissements accrus, et pas des investissements réduits, pour réaliser ce que le gouvernement attend des Forces armées.
L’Association navale souligne qu’en procédant à de tels investissements, le Canada, en plus d’assurer sa défense, se donnera l’assurance sans égale, contre le risque stratégique et contre les chocs mondiaux imprévus, qu’est une force maritime équilibrée et polyvalente apte au combat.
L'Association croit aussi que l'examen de la politique de défense s'assortit de possibilités stratégiques pas seulement pour trouver un juste équilibre entre les résultats et les ressources de défense, mais aussi pour permettre aux Forces armées de se restructurer en vue des défis que lui réserve le siècle actuel. La structure actuelle des forces, qui est celle du XXe siècle, doit être révisée à la lumière des défis qui surgiront à l'avenir.
De telles mesures axées sur la stratégie exigeront une vision, un engagement et de la détermination, mais il en résulterait assurément des Forces armées beaucoup mieux préparées à défendre le Canada.
Merci beaucoup de votre intérêt. Je serai heureux de répondre à vos questions.
:
Comme le laisse sous-entendre le vice-amiral Robertson, l'Association navale du Canada estime qu'il est très difficile d'examiner l'état de la Marine royale canadienne uniquement du point de vue de la défense de l'Amérique du Nord, puisque la Marine canadienne joue un rôle important et complémentaire bien au-delà des mers territoriales de 12 miles marins qui l'entourent.
L'Association navale du Canada estime aussi qu'il est propice de vous donner une brève perspective du genre de marine dont a besoin le Canada. Comme notre pays et son domaine océanique, les questions sous-jacentes sont vastes. Ces remarques de mise en scène ne feront qu'effleurer la surface de nombreuses considérations. Pour gagner du temps, je vais seulement lire les portions surlignées en gris dans le document de 15 pages que j'ai remis au greffier vendredi dernier.
[Traduction]
L'Association navale du Canada croit que les Forces armées canadiennes et la Marine royale canadienne doivent être aptes au combat. Si les forces militaires sont suffisamment aptes au combat, normalement, elles ont peu de difficulté à exécuter des tâches moins exigeantes.
Les contributions du Canada en matière de défense et de sécurité à l'Organisation des Nations Unies, à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord et à d'autres arrangements de défense et de sécurité, en particulier ceux avec les États-Unis, doivent être significatives.
Sans la mise en place et l'entretien continu de forces maritimes et aériennes prêtes à déployer, prêtes à agir, capables et efficaces, et conçues pour agir contre les menaces actuelles et futures dans les eaux canadiennes, internationales et lointaines, les intérêts nationaux de paix, de sécurité et de prospérité économique seront en péril.
[Français]
Le nombre de plateformes navales et d'équipages ainsi que leurs caractéristiques sont principalement fonction de cinq facteurs : la menace ou le risque pour la défense, la sécurité et la prospérité économique de la nation; les effets de défense et de sécurité maritimes souhaités par le gouvernement; les exigences d'entretien des plateformes et de leurs équipements; les considérations de qualité de vie des membres d'équipage; et les ressources financières disponibles pour I'acquisition du matériel, les opérations, la formation et l'entretien.
[Traduction]
L'Association navale du Canada est d'accord avec l'évaluation de la menace nord-américaine qui a été mise en lumière dans le rapport de septembre sur le NORAD et la préparation aérienne. La menace la plus importante à évaluer est celle de l'avenir. Malheureusement, c'est aussi la plus difficile à prédire. Une évaluation incertaine ou discutable des menaces futures ne facilite pas le choix difficile des capacités militaires et des équipements. Les forces militaires optimales qui prennent des années à concevoir et à acquérir et, dans plusieurs instances, des décennies, ne peuvent pas être correctement identifiées si la menace future n'a pas été correctement prédite.
[Français]
Les armes menaçantes sont aujourd'hui plus rapides, plus furtives, de plus grande portée et plus efficaces. La prolifération et l'amélioration des sous-marins, des mines, des torpilles antinavires, des missiles antinavires, et des missiles de croisière et balistiques en particulier, représentent un potentiel croissant de menaces directes ou indirectes pour l'Amérique du Nord. Ces menaces en constante évolution ne devraient pas être ignorées, et des mesures de prévention ou de protection doivent être examinées et mises en oeuvre.
L'Association navale du Canada croit que la Marine canadienne, sous réserve de choix de matériel difficile, a un rôle important à jouer pour contrer toutes ces menaces.
[Traduction]
La nécessité d'effectuer de l'entretien et des essais et de dispenser de la formation individuelle et collective ajoute au nombre total de plates-formes requises pour générer un ensemble donné de résultats navals. Compte tenu de la difficulté à prédire correctement l'avenir, l'acquisition et le maintien de forces militaires équilibrées, polyvalentes, flexibles, aptes au combat, sur terre, sur et sous les mers et dans l'air, semble prudent.
Des navires, des sous-marins et des aéronefs maritimes, qui sont aptes au combat, et leurs détecteurs, leurs armes et leurs systèmes de communications coûtent cher. Dépenser pour la défense et pour la Marine royale canadienne, c'est comme acheter une police d'assurance : il faut payer pour cela à l'avance; vous ne savez pas quand vous aurez besoin d'utiliser sa pleine capacité; et vous ne pouvez pas facilement en acquérir ou en acquérir davantage lorsqu'une crise surgit tout à coup.
[Français]
La Marine royale canadienne est principalement chargée de ce qui suit : assurer la surveillance du domaine océanique canadien et de ses approches; si nécessaire, faire valoir et défendre la souveraineté maritime du Canada; et, tel qu'ordonné par le gouvernement, contribuer à la paix et à la sécurité internationales.
Afin d'exercer sa souveraineté, une nation doit tout d'abord savoir ce qui se passe à l'intérieur, tout près et parfois très loin de son territoire, que ce soit sur terre, sur et sous les mers et dans les airs, ce qui est normalement réalisé par la surveillance. De plus, elle doit être en mesure de répondre en temps opportun, normalement avec des actifs mobiles, aux incidents et aux défis potentiels ou réels.
Le but, la nature, le coût et l'efficacité des technologies de surveillance varient considérablement. Il n'est pas facile d'optimiser une seule solution pour de multiples usages.
Au-dessus de la terre et des mers, les technologies de surveillance sont pour la plupart électromagnétiques, alors que sous l'eau, la plupart des technologies de surveillance sont acoustiques.
Au-delà de la menace croissante posée par les missiles, entre autres armes, qui peuvent être lancés depuis des sous-marins submergés, la nécessité d'effectuer une surveillance sous-marine ne doit pas être négligée.
[Traduction]
Une fois qu'un tableau de surveillance est dressé, un ou plusieurs actifs de réponse mobiles peuvent être déployés, s'ils ne le sont pas déjà, pour affiner le tableau ou prendre des mesures nécessaires. Navires et sous-marins peuvent être déployés avec peu ou pas de soutien à des endroits éloignés et rester sur place pendant de longues périodes. Une réponse maritime peut prendre deux formes. Soit les actifs sont appelés à l'action depuis leur port d'attache, soit ils sont déjà en mer et ils sont donc capables de réagir plus rapidement.
Les Forces armées canadiennes et la Marine royale canadienne doivent pouvoir exercer un degré raisonnable de contrôle de la mer, au-dessus et au-dessous de la surface de l'océan, là où ils sont chargés d'œuvrer. Idéalement, les Forces armées canadiennes et la Marine royale canadienne doivent être en mesure d'exercer un contrôle de la mer sans assistance alliée lorsqu'ils exercent leurs activités dans les eaux canadiennes. Parce qu'il est difficile de prévoir les situations et les menaces futures, il faut acquérir et maintenir le bon nombre, le bon mélange et la bonne qualité de plates-formes et de services d'appui.
[Français]
Afin que les gouvernements futurs puissent être en mesure de faire des contributions significatives en période de tension, de crise ou de guerre, l'Association navale du Canada croit qu'il est dans l'intérêt national d'acquérir et de maintenir une flotte maritime moderne, équilibrée, polyvalente, souple et apte au combat.
[Traduction]
Les océans et les marines ont joué des rôles clés dans la prospérité, la sécurité et la défense de la plupart des nations, si ce n'est pas toutes les nations, surtout les nations côtières. À l'avenir, les océans continueront probablement à jouer un rôle important dans la prospérité, la sécurité et la défense du Canada. Le Canada continuera d'avoir besoin d'une marine équilibrée, polyvalente, souple, et apte au combat. Une marine capable et efficace ne peut pas être facilement et rapidement créée quand un besoin se fait sentir. Pour qu'elle soit utile en cas de besoin, elle doit exister avant que des situations difficiles se manifestent.
[Français]
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour, et merci aux membres du Comité de me donner l'occasion de représenter la Ligue navale du Canada durant la réunion d'aujourd'hui qui porte sur la Marine royale canadienne et la disponibilité opérationnelle des forces navales. Je regrette sincèrement ne pas avoir eu le temps de présenter ma déclaration préliminaire d'avance. Cependant, j'ai échoué ma retraite, et la semaine dernière était particulièrement chargée. Dans mon travail de jour, les gens me paient et s'attendent à ce que je livre la marchandise.
En guise de contexte, j'ai pris ma retraite il y a quatre ans après plus de 36 ans de service comme officier navigant, y compris au commandement de trois navires de combat, dans le cadre d'affectations en tant qu'officier supérieur canadien au quartier général des forces navales de l'ONU au Royaume-Uni et comme attaché à Londres et Copenhague. Cependant, je suis ici aujourd'hui en tant que vice-président des Affaires maritimes de la Ligue navale du Canada, un poste bénévole que j'occupe depuis près de trois ans.
La Ligue navale du Canada a été créée en 1895. Son objectif était de promouvoir l'intérêt à l'égard des affaires maritimes. La Ligue est aussi un des principaux facteurs ayant mené à la création de la marine du Canada en 1910.
Aujourd'hui, la Ligue navale du Canada met surtout l'accent sur ses deux programmes de cadets auxquels participent plus de 10 000 jeunes Canadiens dans plus de 260 collectivités du pays. Cependant, nous continuons de réaliser notre mandat touchant les affaires maritimes dans le but de promouvoir les intérêts maritimes du Canada, ce qui explique ma comparution ici aujourd'hui.
Aujourd'hui, dans le cadre de ma déclaration, je veux souligner trois points, qui, selon moi, sont interreliés.
Le premier concerne la notion de disponibilité opérationnelle en tant que telle au chapitre de la génération de forces navales capables de faire ce que le gouvernement leur demande.
Le deuxième point concerne le fait que le Canada est décrit comme un pays maritime, et ce que cela signifie pour le rôle de la marine.
Enfin, tandis que nous préparons la flotte de l'avenir, la Ligue navale du Canada croit que la souplesse des capacités est un facteur habilitant crucial de la disponibilité opérationnelle générale, c'est-à-dire que la MRC doit pouvoir être déployée rapidement pour défendre le Canada et les intérêts canadiens.
La notion de disponibilité opérationnelle est multidimensionnelle, mais, au bout du compte, il s'agit de compter sur une flotte pouvant être déployée rapidement, dans certains cas, en quelques heures, pour avoir un impact concret ou pour s'acquitter d'une tâche attribuée par le gouvernement du Canada. Cette notion englobe la disponibilité opérationnelle du personnel et du matériel, la disponibilité technique et la préparation au combat.
Cela inclut les bâtiments de garde qui sont traditionnellement prêts à appareiller en quelques heures pour mener une opération de recherche et sauvetage ou pour aider d'autres ministères du gouvernement à appliquer les lois canadiennes.
Cela inclut aussi la possibilité de déployer des navires en quelques jours pour fournir une aide humanitaire ou intervenir en cas de catastrophe. Dans de telles situations, la préparation dure le temps qu'il faut pour définir la portée générale de la mission, puis il faut charger les fournitures appropriées sur les navires.
La disponibilité opérationnelle, c'est aussi le déploiement préventif de navires prêts au combat un peu partout dans le monde dans le cadre d'activités de groupes opérationnels de l'OTAN ou auprès d'autres partenaires et alliés. Cela signifie aussi la capacité de déployer un groupe opérationnel naval moyennant aussi peu que 10 jours de préavis en soutien à toute une gamme d'opérations complexes.
Dans un premier temps, la disponibilité opérationnelle signifie compter sur une flotte de navires, de sous-marins et d'aéronefs compétente, équilibrée et souple ainsi que des installations côtières efficaces pour les recevoir.
Une fois qu'on possède ces capacités, il faut les maintenir. Les bâtiments de guerre, les sous-marins et les aéronefs sont des systèmes extrêmement compliqués, et ils doivent fonctionner dans des conditions environnementales difficiles. Dans les collèges d'état-major, on entend souvent dire qu'aucun plan ne survit au premier contact avec l'ennemi, ce qui, selon moi, est tout à fait vrai, mais le corollaire de ce dicton, dans le milieu naval, c'est que rien ne survit à l'eau de mer. Pour assurer une maintenance appropriée, il faut posséder le potentiel industriel à l'interne ou pouvoir se procurer les ressources afin de pouvoir travailler sur ces machines complexes et aussi avoir les pièces de rechange appropriées en stock et une chaîne d'approvisionnement établie capable de répondre aux demandes.
Puis, bien sûr, il faut veiller à l'éducation et à la formation des équipages des navires qui exploitent ces plateformes. Il y a une expression que les formateurs dans le domaine maritime utilisent souvent : « Tout ce que nous faisons au large est tout à fait sécuritaire jusqu'à ce qu'on oublie à quel point c'est extrêmement dangereux ». La seule façon d'atténuer ces risques, c'est de compter sur des équipages compétents. Cette compétence, on l'acquiert grâce à une formation individuelle exigeante et complète, des formations de mise à niveau, de la formation en équipe, des exercices de formation faisant intervenir tout l'équipage d'un navire dans le cadre de programmes d'entraînement préparatoires difficiles et des exercices de formation faisant intervenir plusieurs navires, à l'échelle tant nationale que multinationale.
En passant, je voulais revenir sur quelque chose que le vice-amiral Ron Lloyd a dit il y a quelques mois au sujet de ces exercices multinationaux qui non seulement sont essentiels pour assurer la disponibilité opérationnelle, mais — ce qui est encore plus important — sont aussi fondamentaux au maintien de la cohésion des alliances et à la capacité d'afficher la détermination de groupe en cas d'événements déstabilisants, tout en prouvant la capacité de la MRC d'oeuvrer dans un contexte d'interopérabilité et de mettre en commun des renseignements, du soutien logistique et des renseignements. À de nombreux égards, ce sont là les piliers d'un service armé fructueux, qu'il faille atteindre un objectif national, participer au déploiement d'une alliance ou renforcer nos capacités de concert avec nos partenaires régionaux.
J'aimerais maintenant passer à cette idée que le Canada est un pays maritime. Le Canada est bordé par trois océans, il possède le littoral le plus long, il détient le deuxième plateau continental en importance et il représente la cinquième zone économique exclusive en importance. En tant que nation commerçante, je crois qu'il est juste d'affirmer que nous dépendons des océans. Cela signifie que le Canada est, par définition, une nation maritime, même si certains semblent ne pas s'en rendre compte et ne semblent pas savoir ce que cela signifie au chapitre des capacités.
Les défis potentiels à la sécurité nationale qui découlent de cette dépendance sont complexes. Par conséquent, nous n'avons pas toujours outillé nos forces navales comme il le fallait.
Une marine bien équipée et qui possède un niveau approprié de disponibilité opérationnelle est fondamentalement souple. Elle offre au gouvernement toute une gamme d'options stratégiques d'un bout à l'autre du spectre, du conflit à la diplomatie en passant par les opérations humanitaires, les opérations policières, les opérations de soutien de la paix mondiale, qui sont souvent complexes, tout, jusqu'aux opérations de guerre, au besoin.
La Ligue navale croit qu'une flotte équilibrée, polyvalente et prête au combat est essentielle à cette souplesse. La marine doit être en mesure d'assurer la souveraineté canadienne et de protéger les intérêts canadiens, que ce soit sur le territoire national, dans le cadre d'opérations de déploiement avancé ou durant les multiples opérations d'urgence dans lesquelles nous nous retrouvons aujourd'hui.
D'aussi loin que je me souvienne, la MRC a toujours été assez occupée, depuis l'époque où j'étais un combattant de la guerre froide jusqu'à celle où j'ai été commandant de frégate dans le golfe Persique, durant les hostilités de 2003. C'était une expérience incroyable, soit dit en passant. Je n'oublierai jamais le privilège de mener environ 240 des Canadiens les plus remarquables et les plus courageux dans le cadre d'une mission dont les résultats étaient incertains, et ce, à tous les points de vue.
La réussite de cette mission est un exemple parfait de souplesse et illustre à merveille la raison pour laquelle la disponibilité opérationnelle est importante, que ce soit lorsqu'on mène les opérations d'escorte dans le détroit d'Hormuz, des opérations d'interception maritime et d'arraisonnement dans la région plus générale du golfe ou lorsqu'on sauve la vie d'un marin marchand irakien grièvement brûlé tout juste au nord de Dubaï.
En fait, à ce moment-là, l'amiral Robertson était le commandant de ma flotte, et il revenait tout juste de la région du golfe où il avait été le premier commandant du groupe opérationnel canadien à être déployé immédiatement après les attaques à New York et Washington.
Même si on pourrait dire que la menace d'anéantissement nucléaire associée à la guerre froide faisait en sorte que les enjeux restaient comparativement élevés, j'estime que les opérations navales canadiennes des 20 dernières années environ sont devenues de plus en plus complexes et dangereuses, tout comme le contexte d'après-guerre froide est devenu lui aussi plus complexe et plus dangereux. La marine a toujours été à la hauteur de la tâche; c'est simplement qu'elle n'a pas toujours bien raconté son histoire au vaste public.
Participer à divers déploiements en soutien de la campagne internationale contre le terrorisme, mener des opérations de répression des drogues, fournir une protection dans le cadre du Programme alimentaire mondial et lutter contre la menace des pirates modernes au large des côtes de la Somalie sont tous des exemples de ce que la marine canadienne a fait récemment, et tous montrent l'importance de compter sur une flotte permanente bénéficiant d'un niveau de disponibilité opérationnelle approprié. Bien sûr, ces missions se poursuivent de nos jours, des navires canadiens se trouvant en déploiement avancé auprès de l'OTAN et d'autres alliés pour promouvoir la stabilité et la sécurité régionales.
Vu leur capacité de prendre le large très rapidement, les marines peuvent aussi être utilisées pour soutenir les opérations d'assistance humanitaire et de secours dans les zones sinistrées. Au fil des ans, la MRC s'est souvent trouvée aux premières lignes de ces opérations.
L'opération de recherche et de récupération en réaction à l'écrasement du vol 111 de Swissair en 1998 en mer, près de Halifax, et le déploiement de 2010 en soutien à la population d'Haïti durement touchée par le tremblement de terre ne sont que quelques exemples parmi tant d'autres. Cependant, nos navires ne sont pas nécessairement très bien équipés pour jouer un tel rôle.
À ce sujet, la Ligne navale croit que les classes Rotterdam et Karel Doorman de la Marine royale néerlandaise ou encore la classe Bay de la Flotte royale auxiliaire du Royaume-Uni ou encore la classe Absalon de la Marine royale danoise ont été utilisées efficacement dans une diversité d'opérations, de l'aide humanitaire aux interventions en cas de catastrophe en passant par des opérations de soutien à terre.
La Ligue navale croit qu'une telle capacité augmenterait grandement la souplesse et la disponibilité opérationnelle générale de la MRC, mais il ne faut pas le faire aux dépens de navires de type frégate prêts au combat, qui ont souvent et constamment prouvé leur utilité dans le cadre d'opérations plus difficiles.
Cependant, nous sommes préoccupés par l'érosion constante de la flotte, du point de vue tant des capacités que du nombre, malgré le fait que les navires qui nous restent sont, à tous les égards, de première qualité, particulièrement à la suite du programme de modernisation de la classe Halifax. On dirait que, au moment même où le nombre et la complexité des opérations auxquelles participent les forces navales, comme les opérations multifonctionnelles et multinationales menées en soutien des mandats des Nations Unies, augmentent, la capacité du Canada de participer à de telles opérations diminue en raison de la réduction de ses capacités.
En conclusion, on entend souvent dire que le monde a besoin d'une présence canadienne accrue. J'ai servi à l'étranger auprès d'alliés et de partenaires, et j'ai donc pu voir directement l'excellence constante des Forces canadiennes lorsque nous travaillons dans un environnement international et collectif ou lorsque nous menons de telles opérations. Cependant, on nous attribue du mérite simplement du fait que nous sommes là.
Comme le Dr Jim Boutilier l'a dit avec esprit durant une récente conférence à Victoria sur les défis de la sécurité maritime, si on veut être vu, il faut être vu.
La Ligne navale du Canada croit que la disponibilité opérationnelle de notre marine repose sur une flotte souple, qui compte le bon nombre et les bons types de navires, qui bénéficie de bons réseaux de soutien et qui compte sur des marins et des aviateurs bien formés et expérimentés à qui on fournit le bon niveau de soutien. Nous croyons que la Stratégie nationale de construction navale permettra de répondre aux besoins de la flotte canadienne. Cette stratégie est en mesure de rajeunir la flotte et la base industrielle canadienne qui l'appuie.
Pour terminer, comme bon nombre d'entre vous le savent peut-être, mardi prochain est le Jour de la marine sur la Colline du Parlement. Cet événement est coordonné par la Ligue navale du Canada et réunit le gouvernement, la MRC, la Garde côtière canadienne, l'Alliance des Affaires maritimes et le programme des marins exceptionnels. Nous avons hâte de vous y voir.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion d'échanger avec vous aujourd'hui.
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C'est avec beaucoup de regret que je soulève une question de privilège devant le Comité. Je veux que le Comité fonctionne. Je veux que nous trouvions un consensus et que nous puissions travailler de façon constructive. Cependant, un certain nombre de choses se sont produites dernièrement, et je veux les souligner, parce qu'il s'agit, selon moi, de gestes posés par certaines personnes pour nous intimider, tandis que l'opposition tente de s'acquitter de son rôle.
À la page 83 d'O'Brien et Bosc, on peut lire que « attaquer, menacer, entraver ou intimider un membre ou un agent de la Chambre dans l'exercice de ses fonctions » est considéré comme un outrage.
Je veux soulever ces points et, comme vous le savez, monsieur le président, vous ne pouvez pas trancher, mais le Comité peut déterminer s'il faut déclarer la situation à la Chambre.
Patientez, s'il vous plaît, tandis que je reviens sur ce qui est arrivé. Je ne veux pas revenir et décrire à nouveau ce qui a été dit très clairement dans notre rapport déposé en septembre au sujet de l'atteinte au privilège dont nous avons été témoins au sein du Comité. Les renseignements figurent aux pages 75 et 76.
Je tiens à souligner que la seule chose dont nous n'avons pas parlé, après, c'est du fait que les membres conservateurs ont bel et bien lu les délibérations tenues au cours de la réunion durant laquelle le rapport a été peaufiné, et nous avons trouvé que certains des commentaires formulés — particulièrement par vous, monsieur le président — n'étaient pas très élogieux, d'une manière ou d'une autre. Nous avons jugé que certaines choses étaient, selon nous, en tant que membres de l'opposition, contraires à l'attitude et au comportement généraux que nous adoptons ici et à la manière dont nous devrions nous comporter en tant que membres du Comité. Cependant, puisque la réunion en question se tenait à huis clos, nous ne pouvons pas discuter en public de ce qui a été dit.
Je veux maintenant parler de deux ou trois choses. Premièrement, si vous regardez la dernière réunion officielle, c'est-à-dire celle du 29 septembre, vous constaterez que la secrétaire parlementaire, , a participé en tant que remplaçante. C'est une secrétaire parlementaire. Durant cette réunion, j'ai souligné le fait que sa présence allait à l'encontre de ce qui a été écrit dans la lettre de mandat du leader parlementaire du gouvernement.
C'est en fait une lettre du premier ministre, et je comprends bien que le contenu de la lettre n'a pas encore été intégré dans le Règlement, mais il y a tout de même une lettre du premier ministre au leader parlementaire du gouvernement dans laquelle il est écrit ce qui suit :
Renforcer les comités parlementaires afin qu’ils puissent mieux surveiller les lois. Ceci inclut : veiller à ce que les comités parlementaires aient les ressources adéquates afin de faire venir des témoins experts et qu’ils aient le personnel nécessaire afin de continuer à effectuer de la recherche fiable et non partisane; renforcer le rôle des présidents des comités parlementaires, y compris la tenue de votes par scrutin secret; et modifier les règles de manière à ce que les ministres et les secrétaires parlementaires n’aient plus le droit de vote au sein des comités.