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Monsieur le président, mesdames et messieurs, je suis le brigadier-général Pierre Boucher et je représente Réserve 2000 Québec, dont je suis président. Je suis accompagné de mon collègue le lieutenant-colonel John Selkirk, qui représente Réserves 2000.
Réserve 2000 Québec a pour but de défendre et promouvoir les intérêts des Forces armées canadiennes en général et, plus particulièrement, les intérêts et les valeurs de la Milice, c'est-à-dire la Réserve de l’Armée de terre, au Québec, ainsi que de ses membres. Les membres de Réserve 2000 Québec sont des militaires retraités, incluant des militaires au grade de colonel honoraire.
Réserve 2000 Québec travaille de concert avec Réserves 2000, qui oeuvre plus particulièrement dans le reste du Canada. Cette organisation est représentée par mon collègue le lieutenant-colonel John Selkirk, ici présent. Nous avons tous les deux beaucoup d'expérience au sein de la Réserve.
En ce qui me concerne, j'ai accumulé 28 ans de service avec la Réserve, c'est-à-dire la Milice, et 18 ans de plus comme colonel honoraire. J'ai commandé le Régiment de Maisonneuve, le District no 2 du Québec et le Secteur de l'Est de la Milice. J'ai été chef d'état-major de la Réserve au Quartier général de l'Armée de terre et colonel honoraire du Régiment de Maisonneuve, comme je l'ai déjà dit, pendant 18 ans. Par la suite, j'ai été président du Conseil des colonels honoraires du Canada. Actuellement, je suis président de la filiale du Québec du Fonds du Souvenir.
Mon collègue le lieutenant-colonel John Selkirk a lui aussi une vaste expérience dans la Réserve. Il a commencé son service comme étudiant dans la Milice, ou la Réserve de l'Armée de terre. Il a été, par la suite, officier d'infanterie dans la Force régulière pendant 20 ans. Ensuite, il a quitté la Force régulière et s'est joint à The Brockville Rifles, une unité de la Milice, comme commandant adjoint et commandant pendant six ans. Finalement, il a été lieutenant-colonel et colonel honoraire pendant neuf ans, dans la même unité. Il a également été membre du Conseil des colonels honoraires du Canada. Depuis 1998, il est directeur général de Réserves 2000.
Je vais laisser le colonel Selkirk vous exposer les vues communes de Réserves 2000 et de Réserve 2000 Québec. Par la suite, je m'adresserai de nouveau à vous pour la conclusion.
Je cède la parole au lieutenant-colonel John Selkirk.
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Merci beaucoup, Pierre.
Monsieur le président, mesdames et messieurs, je vous remercie de me donner l'occasion de vous parler aujourd'hui et de répondre à vos questions sur la réserve de l'Armée de terre, ou la milice, comme on la désigne encore dans plusieurs milieux du Canada.
Réserves 2000 est une alliance nationale de Canadiens qui ont à coeur de préserver une réserve de l'Armée de terre vitale et viable. Réserve 2000 Québec est le pendant de Réserves 2000 dans la province de Québec. Nous fonctionnons dans deux langues différentes, mais nous parlons le même langage.
Un examen de la défense offre une rare occasion de changer le tableau des effectifs et des moyens de défense du Canada — et on peut espérer que c'est pour le mieux. La réserve de l'Armée de terre, le lien vital entre les Canadiens et leur armée, bénéficiera sans doute d'un examen fondamental de sa finalité et de ses capacités actuelles. Au cours des 50 dernières années, des livres blancs de la défense et les produits d'autres examens de la défense, comme la stratégie de défense Le Canada d'abord, ont très peu parlé de l'importance des forces de réserves du Canada. C'est peut-être dû au fait que le public n'avait pas été largement consulté ou que les points de vue des personnes qui appuient la réserve ont été ignorés. Aujourd'hui, dans le sillage du déploiement en Afghanistan, la valeur de la réserve de l'Armée de terre du Canada est reconnue plus que jamais et il est essentiel qu'une discussion approfondie de son avenir fasse partie intégrante de l'examen de la défense en cours.
Les soldats à temps partiel fournissaient environ 20 % des soldats déployés en Afghanistan et aujourd'hui, ils représentent environ la moitié des soldats dans l'Armée canadienne. On les trouve dans 123 unités réparties dans 117 collectivités du pays et ils ont prouvé leur valeur à maintes reprises ces dernières années dans une vaste gamme d'opérations au pays et à l'étranger. Rien ne devrait empêcher la réserve de l'Armée de terre d'adopter une plus grande contribution à la capacité de défense, mais vu la situation périlleuse dont le vérificateur général a fait état ce mois-ci, il est douloureusement évident qu'il y a longtemps qu'on aurait dû revoir les hypothèses qui gouvernent la réserve de l'Armée de terre depuis le milieu du siècle dernier.
Les soldats de la réserve de l'Armée de terre sont rentables. Sans compter tous les autres avantages et bienfaits, le maintien de réservistes à temps partiel est plus rentable que celui de leurs homologues à temps plein et des employés civils du ministère de la Défense nationale. Le récent rapport du vérificateur général révèle que dans l'exercice 2014-2015, l'Armée canadienne a prévu 243 millions de dollars, soit à peine 1,2 % du budget de la défense de 20 milliards de dollars du Canada, pour payer et entraîner 19 471 soldats à temps partiel. Cela revient à 12 480 $ par soldat. Une très petite partie du budget fournit donc la moitié des soldats de l'Armée canadienne. Par ailleurs, le dernier gouvernement avait dit dans la stratégie de défense Le Canada d'abord que, tous frais compris, l'ajout d'un soldat à temps plein coûtait 150 000 $.
Le vérificateur général a également souligné des lacunes importantes dans la comptabilité du MDN des coûts de la réserve de l'Armée de terre. Il a souligné des lacunes dans la comptabilité actuelle du MDN, à savoir les frais généraux, le fait que 1 500 réservistes de l'armée à temps plein sont inclus dans le budget de la réserve de l'armée, l'imputation injustifiée de charges pour le soutien de la base à des unités de la réserve et d'autres écarts, par exemple des sommes consacrées à d'autres programmes que la réserve de l'Armée de terre, occultent le coût global des soldats à temps partiel. Par conséquent, il ne fournit pas dans son rapport de chiffres pour le coût total de la réserve de l'Armée de terre à temps partiel, mais en tenant compte de tous ces facteurs, Réserves 2000 calcule qu'un coût global raisonnable par an pour un soldat à temps partiel devrait s'élever à environ 25 000 $. J'ai déjà mentionné le salaire, qui représente environ 12 000 $. Lorsqu'on ajoute le reste, on obtient environ 25 000 $ par soldat. Autrement dit, pour le coût d'un soldat à temps plein — 150 000 $ —, le Canada pourrait avoir six soldats à temps partiel.
Environ 50 % du budget de la défense actuel est consommé par les coûts liés au personnel à temps plein. Il semble assez clair que le transfert d'une plus grande partie des responsabilités à l'égard de la capacité de défense à des réservistes à temps partiel devrait être une option attrayante pour un gouvernement soumis à des pressions financières.
La réserve de l'Armée de terre peut-elle relever le défi?
Nous connaissons bien l'argument éculé selon lequel les soldats à temps partiel, faute d'un décret, n'ont aucune obligation de servir à temps plein et qu'en conséquence, on ne peut compter sur eux en cas d'urgence. Toutefois, au cours des deux dernières décennies, les réservistes de l'Armée de terre ont de plein gré et avec enthousiasme répondu « Présent! » en nombre suffisant pour plus que combler les demandes de l'armée au Canada ou à l'étranger.
Il y a aussi l'argument selon lequel un soldat à temps partiel n'est pas aussi bien entraîné qu'un soldat à temps plein. L'entraînement en vue de missions expéditionnaires nécessite beaucoup de promotion du travail d'équipe et d'intégration. Exception faite des rares unités d'intervention rapide que l'armée régulière à court de ressources est capable de maintenir, toutes les unités de l'armée ont besoin d'une intense préparation avant leur déploiement. C'est un fait avéré sur le plan opérationnel que les réservistes dans les rangs étaient tout aussi opérationnels que leurs frères d'armes de l'armée régulière au moment où l'unité a quitté le Canada pour être déployée en Bosnie et en Afghanistan.
Dans les opérations au Canada, les compétences des soldats à temps partiel sont plus qu'évidentes. Les réservistes maintiennent de hauts niveaux d'expertise en matière de compétences militaires de base par leurs activités d'entraînement régulières, hebdomadaires, mensuelles et estivales et ils sont capables de réagir rapidement en cas de catastrophe, souvent parce qu'ils sont déjà sur place.
Les collectivités canadiennes apprécient leurs unités. En plus d'ajouter une profondeur abordable au tableau d'effectifs et de moyens de défense du Canada, les unités de réserve fournissent à leur collectivité d'attache beaucoup d'autres avantages intangibles au quotidien. La réserve de l'Armée de terre fournit tous les avantages d'une infrastructure fédérale disponible en temps utile et d'une capacité de relève locale, organisée et bien entraînée pour les premiers répondants.
D'innombrables maires et préfets de municipalités canadiennes ont donné publiquement leur appui enthousiaste à leurs unités locales et s'empressent de s'opposer énergiquement lorsque leur avenir est menacé. Les dirigeants municipaux s'empressent aussi de rallier tous les appuis à leur disposition pour bien faire comprendre les avantages de la présence d'unités de réserve dans leur collectivité. En effet, elles sont une source de bons emplois à temps partiel pour la jeunesse, elles offrent de la formation préparatoire à l'emploi, de la formation au leadership et à la citoyenneté, et elles jouent un rôle de moteur économique important pour l'ensemble de la collectivité en raison des salaires à temps plein et à temps partiel et d'achats locaux substantiels de biens et de services.
Plus la collectivité est petite, plus son unité de réserve est précieuse parce que les bons emplois à temps partiel sont plus rares et qu'il y a moins d'infrastructures redondantes que dans de grandes collectivités. Les contribuables qui vivent hors des grandes régions métropolitaines ont l'impression d'avoir les mêmes droits aux avantages découlant d'une unité de réserve dans leur municipalité que leurs homologues en ville.
Malheureusement, la réserve de l'Armée de terre est à un point de rupture. En effet, la réserve de l'Armée de terre du Canada est dans un état périlleux et incertain. Le vérificateur général rapporte que l'effectif diminue d'environ 5 % par an depuis les cinq dernières années et que si le budget prévoyait 21 000 soldats de réserve pour l'exercice 2014-2015, le nombre moyen réel de réservistes entraînés et participant aux parades régulières s'élevait à 13 944 seulement.
L'effectif actif est le Saint-Graal de la viabilité d'une unité, et de nombreuses unités, surtout dans les plus petites collectivités, risquent maintenant d'être incapables de fonctionner en raison de la pénurie de dirigeants et de soldats. Cette situation doit changer et des mesures audacieuses doivent être prises pour maintenir cet actif irremplaçable et faire en sorte qu'il s'épanouisse pour tous les lendemains que nous pouvons entrevoir.
Il faut également reconnaître que les unités ne sont pas responsables de leur décroissance. Le problème découle manifestement de mauvaises politiques nationales qui ont produit des contingents de recrutement insuffisants, de mauvaises politiques et procédures de recrutement gravement lacunaires et des possibilités d'emploi estival insuffisantes pour offrir aux jeunes soldats, qui forment la plus grande partie des effectifs des unités, un salaire suffisant pour qu'ils puissent continuer à servir à temps partiel pendant qu'ils poursuivent leurs études.
Les Canadiens ont manifesté beaucoup d'affection et de soutien pour leurs unités locales de la réserve de l'Armée de terre. Pour eux, la perte ou la fusion d'unités serait très préoccupante et, bien franchement, inacceptable.
Nous vous demandons de recommander que la réserve de l'Armée de terre soit revitalisée, élargie, nourrie et équipée pour soutenir des capacités de défense plus rentables tout en permettant aux collectivités d'offrir la possibilité à des Canadiens de grandir tout en servant leur pays à temps partiel. Nous vous demandons de ne pas laisser tomber la réserve de l'Armée de terre.
Votre Comité exerce une grande influence dans le cadre de l'examen de la défense. Depuis la création du Canada, la milice, le soldat citoyen, a été le pilier même de notre tableau d'effectifs et de moyens militaires. Ces soldats sont nécessaires aujourd'hui plus que jamais. Il est temps de faire notre part et d'aider les vaillants jeunes volontaires qui sont toujours prêts à mettre leur vie en suspens dans l'intérêt de leur pays. Je vous en prie, faites ce qu'il faut pour les aider à rester prêts.
Voilà qui termine mon exposé. Je serai très heureux de répondre à vos questions.
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La Réserve de l’armée a toujours été et doit continuer à être une institution nationale très présente dans la communauté et qui contribue à former de meilleurs Canadiens.
Elle a déjà certains rôles opérationnels, comme les groupes-compagnies d’intervention dans l’Arctique, qui correspondent bien aux besoins actuels et futurs, et elle pourrait en assumer d’autres, s'il y avait une augmentation adéquate des effectifs. À titre d’exemple, elle pourrait assumer un rôle dans la guerre cybernétique, dans la défense NBC et dans les opérations de sécurité pour venir en aide aux pouvoirs civils, et cela, avec un ratio coûts-bénéfices très favorable. Compte tenu de la situation internationale fragile et non prévisible, elle devrait aussi avoir pour rôle de constituer une base d’augmentation considérable des effectifs.
Pour être pleinement efficace, elle a besoin des améliorations suivantes. Tout d'abord, il lui faut des effectifs qui lui permettent de générer son personnel d’encadrement supérieur, c'est-à-dire avoir une masse critique par unité. Ensuite, elle a besoin d'un budget adéquat, stable et dédié uniquement à ses activités. De plus, il faudrait une révision et une décentralisation du processus d’enrôlement, car un des gros problèmes de la Réserve de l'Armée de terre, actuellement, est le temps indu qu'il faut pour enrôler un soldat. En outre, il faudrait des cours de formation adaptés à la réalité des réservistes et offerts selon leur disponibilité. Il faudrait également des conditions de service qui facilitent la rétention de ses membres, par exemple des emplois d’été d’un minimum garanti de six à huit semaines et des tâches opérationnelles. Enfin, elle a besoin d'un équipement adéquat et facilement disponible pour l’entraînement.
Étant donné les défis qu’aura à affronter le gouvernement canadien, les priorités nationales qu’il devra se donner et sa capacité relative d’investir dans la défense, il devra considérer sérieusement la Réserve dans son exercice de révision de la politique de défense. Elle offre une capacité pertinente et à moindres coûts, pourvu que des améliorations y soient apportées.
Cela conclut nos observations de départ.
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Merci, monsieur le président.
Messieurs, je vous souhaite la bienvenue.
Monsieur Boucher, il faut croire que vous nous avez convaincus, Pierre Paul-Hus et moi-même, à Trois-Rivières, qu'il était de mise de vous recevoir ici, au Comité. Comme vous le savez, notre temps est limité. Il faut aussi prendre en considération tout le respect que nous vous devons; notre ministre de la Défense a fait partie de la Réserve.
J'ai seulement sept minutes de temps de parole. Je vais vous poser des questions qui font suite aux commentaires que vous nous avez faits à Trois-Rivières.
Il est important que mes collègues ici comprennent le lien que vous avez avec la Force régulière. Qu'est-ce qui a changé au fil du temps entre la Réserve et la Force régulière?
Parlons des problèmes que vous avez concernant le recrutement et les effectifs. Vous m'avez donné des chiffres sur les effectifs, à Trois-Rivières. Les analystes m'en ont fourni et j'en ai entendu ce matin. Pouvez-vous nous donner un portrait de ce qu'ils sont réellement et de ce qu'ils devraient être? Je sais que nous avons pour objectif d'atteindre 28 500 réservistes. Où en sommes-nous?
En ce qui a trait à l'équipement, à vos équipements, vous avez mentionné très clairement qu'il existait un problème. Vous êtes considérés comme une seconde classe. C'est ce que nous avons compris.
S'il reste du temps après que vous aurez répondu à ces questions, j'aimerais que vous m'expliquiez quel est le lien avec les cadets.
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Tout d'abord, il importe de parler de l'évolution de la Milice. Pendant mes années de service, j'ai toujours désigné cette unité par le nom de la Milice; on l'appelle maintenant la Réserve de l'Armée de terre. On pourrait en discuter longuement, mais cela demeure une question de sémantique.
Jusqu'en 1970, la fonction de la Milice se résumait à la survie nationale. De 1970 à 1992, la Milice a pris le contrôle de son budget et de son entraînement. Elle est partie de loin pour atteindre des niveaux très élevés en 1992. C'est la façon dont je vois les choses, même si cela pourrait faire l'objet de bien des débats. Je sais, puisque j'ai commandé le Secteur de l'Est durant cette période, que des efforts importants ont été déployés en vue de développer une milice forte.
À l'époque, nous disposions à la Milice d'une très grande marge de manoeuvre quant à nos budgets, que nous gérions nous-mêmes, et quant à l'enrôlement, que nous gérions de façon efficace. À partir de 1992, la Force régulière a pris le contrôle de la Milice et s'est mise à gérer nos budgets. À ce moment-là, nous sommes revenus à l'entraînement de base, ce qui a été un dénouement pour bon nombre de réservistes et de miliciens.
De 1992 à 1999, l'évolution s'est poursuivie, et vers 1998-1999, le concept de Force totale a été mis en oeuvre. Il est encore en vigueur aujourd'hui. Ce concept comporte des éléments positifs. En somme, on veut que tous les miliciens soient au même niveau que les membres réguliers. Le hic, cependant, est que les membres réguliers remplissent leurs fonctions à temps plein, alors que les miliciens le font à temps partiel.
La majorité de nos miliciens ou de nos réservistes de l'Armée de terre sont des étudiants. Or comme ils sont étudiants, ils ont évidemment aussi des obligations en ce sens, et il faut en tenir compte. Pour que la Réserve soit efficace et qu'on réponde à ses besoins, il faut tenir compte de ses effectifs.
Or il y a eu une diminution de nos effectifs. À l'heure actuelle, le recrutement au sein de la Réserve est un problème majeur. À l'époque, nous pouvions recruter des gens assez facilement. Nous pouvions avoir recours à ce qu'on appelait le préenrôlement. En d'autres mots, pendant que les enquêtes de sécurité étaient en cours, nous pouvions commencer à équiper les gens et à les entraîner. L'attrait que les jeunes ressentaient pour la Réserve ne disparaissait pas. Aujourd'hui, enrôler un jeune prend entre six mois et un an. Mettez-vous à la place d'un étudiant à qui l'on dit :
[Traduction]
« Ne nous appelez pas. Nous vous appellerons. »
[Français]
Ce délai de six mois à un an fait en sorte qu'il change d'orientation. Par conséquent, le recrutement est difficile.
Il faut respecter les normes de sécurité, soit, mais il faut aussi comprendre qu'un soldat, lors de l'entraînement, n'a pas accès à des documents secrets. Je crois par conséquent qu'on pourrait permettre à ces jeunes d'avoir un emploi et de promouvoir l'appartenance au Canada.
Des experts nous ont dit que la Loi sur la défense nationale leur posait problème. Si on a pu régler de tels problèmes auparavant, je vois mal pourquoi on ne pourrait pas le faire maintenant. Je vois les ambiguïtés que cela peut comporter, mais celles-ci peuvent être réglées très facilement, à mon avis.
Pendant les années 1990, les Forces canadiennes comptaient près de 20 000 personnes, alors qu'elles n'en totalisent aujourd'hui que 13 944, selon les chiffres que John nous a fournis.
Pourquoi ce nombre a-t-il décru? C'est simplement en raison de cette difficulté.
Il faut aussi que les cours soient adaptés à la situation de nos réservistes. Par exemple, certains ne sont disponibles qu'à des périodes données de l'année. Il faut donc pouvoir recourir à eux lorsque c'est possible.
Les emplois d'été constituent aussi un problème important, dans le cas des réservistes. À l'époque, nous pouvions leur garantir un emploi d'été d'une durée de six à huit semaines, alors qu'aujourd'hui on ne leur offre que trois semaines. Un jeune étudiant à qui l'on promet trois semaines d'emploi durant l'été va regarder ailleurs. Il va décrocher.
Tous ces éléments contribuent au problème.
L'autonomie, sur laquelle nous avons beaucoup insisté lors de la rencontre du mois d'avril, est importante. Dans le temps où la Milice, ou la Réserve de l'Armée de terre, contrôlait ses budgets, il était possible d'allouer les budgets de façon adéquate. Je ne veux pas entrer dans les détails, à moins que vous ne le vouliez. Maintenant, nous avons moins de contrôle sur les budgets; ils sont contrôlés par d'autres personnes et nous ne sommes pas certains que l'ensemble du budget consacré à la Milice par la Chambre des communes lui soit réellement alloué.
Ce sont les problèmes majeurs que nous constatons. Je résume : recrutement, contrôle des budgets...
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je pourrais m'asseoir avec nos invités et répondre aux questions; j'ai servi pendant 22 ans dans la Force de réserve, j'ai commandé une unité.
Je crois que ce qui est important, ce matin, pour le Comité, pour les gens qui ne l'ont pas vécu, c'est de comprendre le message. Je veux que ce message sorte de votre bouche, messieurs, et pas de la mienne.
Dans les années 1990, il y a eu intégration de la Force de réserve à la Force régulière, laquelle constitue une façon professionnelle de mener des opérations, bien entendu, pour former ce qu'on appelle la force totale. Je crois que l'objectif derrière la force totale, à l'époque, était noble : on voulait regrouper et encadrer différemment les forces. Cependant, les années nous ont prouvé finalement que, compte tenu de l'aspect culturel, le travail d'un réserviste était différent. Un réserviste peut être professionnel dans son travail militaire, mais la façon de s'enrôler, de travailler, de venir travailler compte tenu de ses occupations d'étudiant ou autres, amène une façon de faire très différente.
Est-ce que vous confirmez, ce matin, que le gouvernement, dans le cadre de sa révision de la politique de défense, devrait revoir entièrement le concept de force totale et ramener les commandements directement aux réservistes, comme c'était le cas à l'époque?
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Je suis entièrement d'accord avec vous. Présentement, un candidat remplit les mêmes formulaires, que ce soit pour la Réserve ou pour la Force régulière. Là ne se situe pas le problème. Le problème a plutôt trait à l'examen médical et à la vérification de la sécurité. Si on pouvait régler ce problème, on pourrait plus facilement enrôler les candidats.
Remplir des formulaires peut se faire assez rapidement. Il suffit de convoquer la personne pour qu'elle remplisse les formulaires.
Pour ce qui est de l'examen médical, selon moi, si un médecin estime qu'un candidat est apte au service militaire, cela devrait être suffisant. Or, il faut envoyer le dossier à Borden, en Ontario — je ne sais pas si c'est encore là qu'on l'envoie maintenant —, et il faut de trois à quatre mois avant que quelqu'un décide s'il est bel et bien apte au service militaire ou non. La personne qui prend la décision ne voit même pas l'individu, d'aucune façon. C'est un problème qu'on pourrait régler.
Par ailleurs, en ce qui a trait à la sécurité, la vérification prend énormément de temps. On m'a dit que, de toutes les vérifications de sécurité effectuées pour la Réserve en entier, aucune demande d'enrôlement n'aurait été rejetée à ce jour. Je dis cela sous toutes réserves; ce sont des ouï-dire.
On dit qu'il faut s'assurer qu'un jeune soldat qui est à l'entraînement n'aura pas accès à certains documents, mais il n'a pas accès à des documents secrets pendant son entraînement.
En ce qui a trait au maniement des armes, j'admets qu'on enseigne cela au soldat quand il entre dans la Réserve, mais il pourrait également recevoir cet enseignement dans des entreprises privées ici même, au Canada.
Ces arguments font en sorte que tout le processus est retardé de six à huit mois. Si on dit à un jeune étudiant d'attendre, il ne le fera pas, il va plutôt trouver autre chose.
Le recrutement est un problème majeur.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais également remercier les témoins de comparaître aujourd'hui. Je tiens aussi à vous remercier pour les services que vous avez rendus au Canada, et je considère que la promotion de Réserves 2000 constitue un service rendu au Canada.
À l'échelle locale, j'ai eu le privilège de connaître le colonel à la retraite Richard Talbot, et je suis sûr que vous savez qu'il est un ancien commandant — et, je présume, toujours le colonel honoraire — du Canadian Scottish Regiment. Ce que vous me dites aujourd'hui ne me surprend pas, car Richard m'a déjà approché dans mon bureau pour attirer fermement mon attention sur ces problèmes.
Je crois que vous avez très bien exposé les problèmes auxquels fait face la réserve, mais aussi ses contributions. La population n'est pas suffisamment sensibilisée à ces contributions. Votre témoignage est très important à cet égard, à la fois en ce qui concerne la question de la profondeur abordable de l'armée, mais également les autres répercussions sur la collectivité.
Je sais que le colonel Talbot a insisté pour souligner ce que nous avons perdu et ce que nous avions autrefois sur l'île de Vancouver, surtout à l'égard des occasions pour les jeunes et des emplois à temps partiel.
J'aimerais vous poser une question sur le recrutement. Nous venons d'en parler, et j'aimerais revenir sur le sujet pendant quelques minutes. Vous dites que le certificat de santé et l'autorisation de sécurité représentent deux obstacles. Est-ce en raison d'un manque de ressources au sein de l'armée ou parce qu'on ne donne pas suffisamment d'attention à la réserve ou qu'on ne lui donne pas priorité?
Je sais que c'est une question difficile.
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Monsieur Garrison, je vous dirais que de nombreux efforts sont investis dans l'amélioration du recrutement, surtout en ce qui concerne l'abominable période d'attente — 167 jours —, alors qu'un jeune doit seulement attendre une semaine pour être embauché dans un McDonald's. Nous ne pouvons tout simplement pas être concurrentiels.
Le 9 octobre 2015, le chef de l'état-major de la Défense a signé une directive de mise en oeuvre qui demande l'augmentation de la taille de toutes les réserves — cela comprend les trois services, plus le service médical, etc. — pour ajouter 1 500 postes, ce qui signifie, on l'espère, 1 500 soldats supplémentaires, d'ici juillet 2019. Toutefois, étant donné qu'il manque environ 5 000 soldats dans l'ensemble de la Première réserve, comment allons-nous réussir à ajouter 1 500 soldats sans modifier grandement la politique, l'attitude et la culture qui prédominent dans notre façon de fonctionner?
Je peux vous dire qu'au cours de la semaine dernière, j'ai tenté d'obtenir l'avis du plus grand nombre possible de nos gens à l'échelle du pays avant de comparaître devant votre Comité, et même si cette directive a été signée en octobre, c'est-à-dire il y a plus de six mois, je leur ai demandé de me décrire les améliorations qui avaient été observées dans chaque unité. On ne m'a signalé aucune amélioration concrète.
Peu importe ce qui se produit, je ne sais pas comment vous y arriverez, mais il faut vraiment faire bouger les choses ici.
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Je dois admettre qu'il y a eu une amélioration du côté de l'équipement individuel. Il y a 20 ou 25 ans, l'équipement que nous avions était désuet comparativement à celui dont disposent maintenant nos miliciens, nos réservistes. C'est davantage l'équipement d'entraînement qui fait défaut. Des véhicules blindés Bison ou Grizzly avaient été achetés, à l'époque. Ils devaient être destinés à la Milice. On nous a dit par la suite que l'entretien de ces véhicules pouvait être déficient si on laissait ceux-ci dans les unités de la Milice, qu'on allait donc les centraliser sur les bases, mais que nous pourrions avoir accès à ces véhicules collectifs quand nous le voudrions. Malheureusement, quand nous avons voulu les utiliser, ils n'étaient pas disponibles.
Je crois que l'équipement individuel, qui comprend notamment l'habillement, ne cause pas de sérieux problèmes. C'est l'équipement destiné à l'entraînement collectif qui en pose.
En ce qui concerne les budgets, lorsque j'étais commandant du Secteur de l'Est de la Milice, je recevais un budget pour la paye et l'entraînement, notamment, mais les bases nous fournissaient tout ce qui touchait au transport, à la nourriture et au logement, entre autres choses. Je n'avais pas de contrôle là-dessus, mais les bases avaient l'obligation de nous fournir cela. Il n'y avait donc pas trop de problèmes. Maintenant, le nouveau système fait en sorte que, dans les limites du budget, chaque unité est responsable de toutes ses dépenses. On devait nous transférer un budget qui couvrirait l'entraînement, le logement, la nourriture, et ainsi de suite. Or le montant qui nous a été transféré n'était pas équivalent à celui qu'on nous allouait auparavant.
Les réservistes de classe B sont ceux qui peuvent être employés à temps plein. Or à un moment donné, il y a eu une inflation: nous nous sommes retrouvés avec 10 000 réservistes de classe B, à temps complet. Il va sans dire que cela grugeait une bonne partie du budget de la Réserve. Le lieutenant-général Leslie a contribué à réduire ce nombre. Il a déterminé que 10 000 réservistes, c'était trop, et il a réduit ce nombre à 4 000. Il reste que, même avec 4 000 réservistes, une bonne partie du budget de la Réserve est drainé.
En somme, nous aimerions avoir un contrôle plus adéquat du budget que la Chambre des communes alloue aux réservistes.
John, voulez-vous émettre des commentaires?
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier le lieutenant-colonel Selkirk et le brigadier-général Boucher d'être ici. Nous sommes reconnaissants de votre travail acharné pour le compte de notre force de réserve.
Je suis d'accord avec tout ce que vous dites sur le recrutement. C'est le point sur lequel nous devons insister davantage, et nous devons rationaliser le processus pour donner aux unités locales plus de pouvoir pour, en fait, faire appel aux candidats et recruter leurs propres membres.
Je veux formuler trois petites remarques qui, à mon avis, concernent toutes l'employabilité.
Vous avez dit que vous vouliez assurer des emplois d'été, particulièrement aux jeunes réservistes et parfois former nos cadets. Quelles autres possibilités exploiteriez-vous à cet égard?
Dans son rapport, le vérificateur général a aussi mentionné que le ministère de la Défense avait plus ou moins pillé le budget mis de côté pour les réserves. Ensuite, bien sûr, nous éprouvons le problème de pénurie d'équipement et d'absence de possibilités de formation.
Voici un troisième élément que vous pourriez aussi mettre dans la balance. Si j'ai bien compris, notre force de réserve n'a pas de contrats comme ceux qui existent dans la force régulière ou comme les réserves aux États-Unis, des contrats qu'elles doivent honorer. Je me demandais si nous ne devrions pas en parler.
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L'emploi d'été pour les réservistes est très important. Si nous proposons un cours de trois semaines à un réserviste et qu'il n'a pas d'emploi auquel retourner, il va probablement s'abstenir de le suivre. Il faut lui offrir de l'emploi durant tout l'été. Nous l'avons fait durant 20 ans. Je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions plus le faire. Vous me direz que c'est une question de répartition du budget, et je suis parfaitement d'accord. Il s'agit d'établir des priorités qui dicteront nos orientations.
Entre autres choses, pour garder nos jeunes dans la Réserve, il faut leur donner la possibilité de relever des défis. Dans le passé, nous avions les tâches opérationnelles. Le jeune soldat qui fait son entraînement de base n'en demandera pas plus au cours du premier été. Cependant, si, le deuxième été, nous lui demandons de faire encore une fois son entraînement de base, il va s'en lasser. Nous pouvons alors lui offrir d'effectuer des tâches opérationnelles. Ce programme avait été suspendu pendant une certaine période de temps, mais nous avons recommencé à octroyer des tâches opérationnelles.
Il est donc important de pouvoir offrir un emploi d'été, du moins tant que la personne est étudiante.
Il y a aussi toute la question de la qualification des réservistes. La Réserve a souffert énormément de la mission canadienne en Afghanistan, pour la simple et bonne raison que toutes les ressources servaient à soutenir l'effort dans ce pays, ce à quoi nous étions favorables. Cependant, pendant ce temps, les cours n'étaient pas offerts, ni les cours de qualification ni les cours destinés aux sous-officiers et aux officiers. En conséquence, nous en payons actuellement la note, du fait que nous manquons de leadership au sein des différentes unités. Il faut tenir compte de la réalité du milicien.
Aussi, pour ce qui est de l'attribution des cours, on a retenu le concept de la force totale. Par exemple, on décide qu'un cours sera offert aux membres de la Force régulière à une date fixée en avril, et les réservistes sont invités à y assister. Le membre de la Force régulière sera disponible, alors que le milicien devra prendre des arrangements avec son employeur. Or, si le cours est annulé après un préavis de deux semaines, le milicien se retrouve le bec à l'eau. Il ne travaillera pas durant deux semaines, et son employeur pourrait être mécontent qu'il ait pris deux semaines de vacances pour suivre un cours qui n'a finalement pas eu lieu.
Il faut que le système soit orienté vers la Milice et établi en fonction de la Milice, et non pas en fonction du système qui existe dans la Force régulière.
[Français]
Bonjour, monsieur le président et tous les membres du Comité.
Je suis Greta Bossenmaier, chef du Centre de la sécurité des télécommunications, aussi appelé le CST. Je suis accompagnée aujourd'hui par M. Dominic Rochon, chef adjoint, Politiques et communications, et par Mme Shelly Bruce, chef adjointe, Renseignement électromagnétique. Nous sommes heureux d'être ici pour vous parler du mandat et du rôle du CST ainsi que des activités qui s'y déroulent.
Cette année marque le 70e anniversaire du CST. Au cours des 70 dernières années, le CST s'est adapté aux immenses changements qui ont marqué la sphère de la sécurité internationale et à l'évolution rapide des technologies de communication. De la guerre froide aux groupes terroristes comme le groupe État islamique, et du télégraphe à Internet, la nature de notre travail est plus complexe et plus diversifiée que jamais.
Permettez-moi tout d'abord de vous expliquer notre contexte. Il y a cinq ans, le CST a accédé au statut d'organisme autonome relevant du ministère de la Défense nationale et devant rendre des comptes au . Aujourd'hui, le CST est l'un des principaux organismes de sécurité et de renseignement du Canada.
Notre mission découle des trois volets du mandat du CST en vertu de la Loi sur la défense nationale.
Le premier volet de notre mandat concerne la collecte et l'analyse de renseignements électromagnétiques étrangers. La Loi sur la défense nationale autorise le CST à cueillir et utiliser l'information provenant de l'infrastructure mondiale d'information dans le but de fournir des renseignements électromagnétiques étrangers, en conformité avec les priorités du gouvernement du Canada en matière de renseignements. Les renseignements ainsi obtenus nous aident à comprendre en profondeur et de façon unique les menaces potentielles auxquelles le Canada doit faire face. Il est important d'insister sur le fait que le CST vise uniquement les entités et les communications étrangères et que la Loi lui interdit de viser des Canadiens ou des personnes se trouvant au Canada.
[Traduction]
Le deuxième volet de notre mandat porte sur la cyberdéfense et la protection. Le CST fournit des avis, des conseils et des services visant à renforcer la protection des infrastructures d'information et des renseignements électroniques importants pour le gouvernement du Canada. Notre expertise dans le domaine de la cybersécurité nous permet de contrer les cybermenaces les plus graves qui pèsent sur les réseaux et les systèmes informatiques et sur les informations qu'ils contiennent.
Enfin, le troisième volet consiste à fournir de l'assistance technique et opérationnelle aux organismes fédéraux chargés de l'application de la loi et de la sécurité en vertu des fonctions qui leur sont légalement conférées. En tant qu'organisme national de cryptologie du Canada, le CST possède un savoir-faire et des capacités uniques. Dans le cadre de son mandat d'assistance, il peut mettre ses capacités à la disposition d'organismes chargés de l'application de la loi ou de la sécurité, conformément à l'autorisation légale de l'organisme demandeur.
Il est aussi très important de souligner que les principes du respect de la loi et de la vie privée font partie intégrante de nos activités. Il nous incombe de protéger la vie privée des Canadiens, et nous prenons cette responsabilité très au sérieux. La protection de la vie privée des Canadiens est un élément fondamental de notre culture organisationnelle et elle fait partie intégrante de nos structures, politiques et processus organisationnels. Le CST est régi par un cadre très rigoureux de protection de la vie privée et il fait l'objet d'examens internes et d'examens externes indépendants.
Le commissaire indépendant du CST est chargé de l'examen externe du Centre de la sécurité des télécommunications. Le commissaire, un juge retraité, et son personnel composé d'experts ont libre accès aux employés du CST, à nos dossiers, à nos systèmes et à nos données. Il a le pouvoir de citer des témoins à comparaître, au besoin. Grâce à ces mesures, on s'assure que le CST effectue ses activités tout en protégeant la vie privée des Canadiens.
Comme je l'ai mentionné, le CST, tout au long de ses 70 ans d'existence, a servi le pays avec fierté, en s'adaptant sans cesse aux changements considérables qui se sont produits sur le plan de la sécurité internationale. Comme vous pouvez l'imaginer, cet environnement dynamique continuera de façonner nos activités.
Parlons de résultats concrets. Les renseignements fournis par le CST jouent un rôle vital à l'appui des opérations militaires du Canada. Le renseignement du CST a permis d'éventer des complots d'extrémistes étrangers qui voulaient attirer, radicaliser et entraîner des individus dans le but de perpétrer des attaques au Canada et dans d'autres régions du monde. Il a également donné lieu à des avertissements en temps opportun qui ont permis de contrer des cybermenaces visant le gouvernement du Canada et des infrastructures et réseaux essentiels. Ce renseignement nous aide à défendre le Canada en nous donnant les moyens de déceler les actes d'hostilité de services de renseignement étrangers. Le renseignement fourni par le CST a grandement servi les intérêts du Canada en fournissant des éléments contextuels sur les crises et les événements mondiaux, permettant ainsi aux intervenants canadiens de prendre des décisions éclairées en matière de sécurité nationale, de défense et de politique étrangère.
Nous nous efforçons sans cesse de continuer à fournir, en temps opportun, de précieux renseignements étrangers qui répondent aux priorités du gouvernement du Canada. Dans un contexte mondial qui devient de plus en plus complexe, il est indispensable d'avoir accès à du renseignement étranger.
Pensons au renseignement essentiel que le CST fournit aux responsables de l'opération IMPACT et qui sert à protéger les troupes canadiennes contre les menaces sur le terrain, en Irak. Le a affirmé que le renseignement a été un aspect important de cette mission, et je suis fière du fait que le CST continuera d'apporter sa contribution à mesure que la mission canadienne évoluera.
Nous continuerons également à mettre l'accent sur la cybersécurité. Au Canada et dans le monde, un nombre sans cesse croissant d'opérations gouvernementales, de nos entreprises, de nos systèmes militaires et d'activités citoyennes sont menés en ligne. La présence accrue de l'information numérique et des systèmes électroniques représente une occasion extraordinaire pour le Canada. Mais elle expose également les systèmes de nos gouvernements, l'industrie canadienne et, en fin de compte, les Canadiens à des risques et à des menaces.
Même si, depuis 70 ans, la protection des communications et des informations les plus sensibles du Canada a toujours fait partie intégrante du mandat du CST, il n'en demeure pas moins que cette dépendance accrue envers l'information numérique exige que nous intensifiions les mesures de cybersécurité. Le Centre de la sécurité des télécommunications a fait ses preuves dans ce domaine, à titre de leader innovateur et de partenaire de confiance, en devenant un centre d'excellence en cybersécurité pour le gouvernement du Canada.
Le nombre d'États et d'entités non étatiques qui sont en mesure de mener des cyberopérations malveillantes et soutenues ne cesse d'augmenter et constitue une menace constante pour le Canada. Les activités de cyberdéfense du CST jouent un rôle déterminant dans l'approche pangouvernementale visant à combattre les cybermenaces.
Par exemple, chaque jour, les mécanismes sophistiqués de cyberdéfense du CST bloquent plus de 100 millions de cyberattaques malveillantes dirigées contre le gouvernement du Canada. De plus, l'information en cyberdéfense que diffuse le CST a permis de prévenir d'importantes pertes économiques, de protéger l'information la plus sensible du Canada, ce qui a aidé les entreprises canadiennes à protéger leurs systèmes et leur information.
Grâce aux initiatives éducatives du CST, comme les 10 meilleures mesures de sécurité des Tl, sur lesquelles je vous ai fourni un document, aujourd'hui, nous aidons à protéger les réseaux Internet et l'information du gouvernement du Canada, nous aidons les professionnels des TI à être au fait des nouvelles menaces et mesures d'atténuation afin de protéger les systèmes du gouvernement du Canada et l'information qu'ils renferment.
[Français]
Enfin, nous sommes déterminés à faire preuve d'une plus grande ouverture et d'une plus grande transparence quant à la manière dont nous protégeons les Canadiens et leur vie privée.
En janvier, le CST a tenu sa toute première séance d'information technique à l'intention des médias et des parlementaires. Il n'est pas toujours facile d'expliquer les aspects techniques et complexes de notre travail dans un environnement non classifié, mais cette séance d'information avec les médias a été un premier pas dans la bonne direction.
Nous mettons d'autres mesures en place pour expliquer aux Canadiens ce que nous faisons pour les protéger. En outre, nous avons récemment fait nos débuts dans les médias sociaux en lançant un compte Twitter. Nous avons affiché des nouveaux contenus dans notre site Web et produit des vidéos sur le travail que nous effectuons en cyberdéfense.
Je vais conclure mon allocution en réitérant ma confiance en notre capacité de persévérer malgré les profonds changements; de réagir aux impératifs toujours plus nombreux imposés par la cybermenace; de fournir en temps opportun des renseignements étrangers et cruciaux au gouvernement du Canada; et de continuer à protéger la vie privée des Canadiens.
Ma confiance repose sur le professionnalisme et sur l'engagement dont fait preuve l'effectif hautement qualifié du CST. Le personnel du CST est la force motrice qui définit notre organisme et nos capacités, et qui nous rend aptes à atteindre nos objectifs. Il s'agit sans doute de notre plus important atout.
Je vous remercie de nous avoir invités aujourd'hui. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
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Je vous remercie pour cette question.
Monsieur le président, comme je l'ai mentionné dans mon exposé, le domaine de la cybersécurité est en constante évolution, car les menaces changent, tout comme la nature des technologies et les auteurs des menaces. C'est un domaine très dynamique et nous mettons l'accent là-dessus dans le cadre de notre collaboration avec nos partenaires dans l'ensemble du gouvernement.
Au cours des dernières années, notre organisme s'est employé principalement à accroître la protection des systèmes du gouvernement du Canada. Je dois dire que nous avons fait beaucoup de progrès ces dernières années sur le plan de la défense des systèmes du gouvernement du Canada et de la protection des infrastructures essentielles du Canada.
Cependant, je m'en voudrais de ne pas mentionner qu'il s'agit d'un défi qui est toujours présent. Nous ne pouvons jamais nous reposer sur nos lauriers en pensant que nous avons fait un bon travail, car c'est un domaine en constante évolution. L'une des principales difficultés dans le cadre de notre collaboration avec nos partenaires au sein du gouvernement sera de continuer à demeurer vigilants et à rester à l'affût des menaces et des demandes.
Même si, à mon avis, nous avons réalisé d'importants progrès, je ne veux pas donner au Comité l'impression que notre travail est fait et qu'il n'y a plus rien à faire. Il s'agit d'un domaine où nous devrons continuer de demeurer vigilant et d'intensifier nos efforts.
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Je vous remercie pour cette question.
Pour ce qui est du partage des renseignements concernant les menaces, je vais me reporter à notre mandat à trois volets. Le premier volet concerne le renseignement électromagnétique étranger et le deuxième, la cyberprotection. Nous partageons des renseignements sur les menaces dans ces deux domaines.
Je vais parler de la cyberprotection, et je vais laisser ma collègue, madame Bruce, parler un peu du renseignement électromagnétique étranger.
En ce qui concerne la cyberprotection, nous partageons des informations sur les menaces avec deux grands groupes, si je puis m'exprimer ainsi. Premièrement, nous partageons l'information avec l'ensemble du gouvernement du Canada. On dit souvent que la cybersécurité est une affaire d'équipe et que, pour que nous soyons véritablement protégés, toutes les entités du gouvernement du Canada doivent travailler ensemble.
L'un des principaux rôles du CST est de partager avec d'autres partenaires du gouvernement du Canada l'information sur les cybermenaces que nous observons et que nous repérons. L'un de ces partenaires est Services partagés Canada, qui joue un rôle très important en fournissant les infrastructures de TI du gouvernement du Canada. Nous partageons également de l'information sur les menaces avec des ministères qui risquent d'être ciblés ou qui sont confrontés à des menaces en particulier. C'est le premier groupe avec lequel nous partageons les renseignements au sujet des cybermenaces. Nous partageons également ces renseignements par l'entremise de nos partenaires au ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile, qui dirige un centre de réponse aux incidents cybernétiques, qui joue un rôle important en fournissant des renseignements au sujet des menaces et des conseils pour atténuer les menaces qui pèsent sur les infrastructures essentielles dans le secteur privé. Il y a donc deux grands groupes avec lesquels nous partageons l'information concernant les cybermenaces.
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Merci de poser la question.
Un grand nombre des questions posées aujourd'hui renvoient au coeur de ce nous voyons selon moi, à savoir un tournant dans la nature de l'environnement cybernétique, dans le genre d'attaques observées. Comme l'a dit le député, il y a un large éventail d'attaques.
Vous faites allusion à des attaques au niveau des États. Nous voyons des attaques contre les infrastructures essentielles de différents pays, contre les systèmes du gouvernement du Canada, qui sont perpétrées par différents acteurs représentant une menace. Nous apprenons quelque chose de chacune de ces attaques, qu'elles aient réussi ou non. L'une des choses que nous apprenons sans cesse renvoie à ce que j'ai dit plus tôt, à savoir que nous ne pouvons pas relâcher notre vigilance, que nous devons toujours continuer de revoir nos méthodes, nos outils, nos techniques et les types d'acteurs malveillants.
Il est impossible de relâcher notre vigilance. Il faut toujours essayer de garder une longueur d'avance.
J'ai également dit qu'il est impératif de travailler en équipe. Aucune autre organisation ou aucun autre pays ne peut tout faire seul. Il faut essentiellement essayer de travailler ensemble et de regrouper les diverses ressources pour contrer ces cyberattaques compliquées.
Nous devrons continuer d'être très vigilants à l'avenir. Nous avons recommandé au gouvernement du Canada nos dix principales mesures de sécurité des TI, mais ces mesures ont évolué. Nous continuons d'apprendre des différentes mesures qui sont prises. Nous apprenons également lorsque des gens suivent nos recommandations. Une fois que ces mesures sont prises, quelles sont les diverses prochaines étapes que nous leur recommandons?
Cela évolue constamment; le travail d'équipe est essentiel; et il est impossible de dire que le travail est fait. Je pense que nous aurons toujours du pain sur la planche dans ce domaine.
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Je vous remercie de votre question.
Je suis plus à l'aise en anglais, donc je vais vous répondre en anglais.
[Traduction]
Je tiens à préciser que notre budget ne vient pas du ministère de la Défense nationale. Les fonds sont accordés au Centre de la sécurité des télécommunications. Comme je l'ai mentionné, il y a environ cinq ans que le Centre de la sécurité des télécommunications est devenu un organisme autonome, qui fait toujours partie du portefeuille de la Défense nationale et qui relève manifestement du , mais il s'agit maintenant d'un organisme distinct. Comme je l'ai dit, cela s'est fait il y a environ cinq ans.
À propos des fonds à notre disposition et des efforts que nous déployons, le député a parfaitement raison. Je peux parler tant du renseignement d'origine électromagnétique étranger que de la protection de l'information. Nous travaillons en étroite collaboration avec nos collègues du ministère de la Défense nationale. Nous avons une relation de longue date qui consiste en 70 années de travail effectué avec les Forces armées canadiennes pour appuyer leurs opérations. Cette relation se poursuit aujourd'hui avec, par exemple, les efforts que nous déployons conjointement dans le cadre de l'opération Impact en Iraq.
En même temps, nous donnons du renseignement d'origine électromagnétique étranger aux décideurs du gouvernement du Canada, non seulement au et à nos collègues de la Défense nationale, mais aussi à d'autres décideurs conformément aux priorités en matière de renseignement fixées par le gouvernement.
Le député a également parfaitement raison pour ce qui est de nos activités de cyberdéfense. Nous travaillons évidemment en étroite collaboration avec le ministère de la Défense nationale pour veiller à ce que ses systèmes soient sécuritaires. Parallèlement, nous collaborons avec nos partenaires pangouvernementaux, qu'il s'agisse encore une fois de Services partagés Canada, des responsables de la gestion des urgences de Sécurité publique, du Secrétariat du Conseil du Trésor ou d'autres ministères, qui contribuent tous aux efforts déployés pour assurer la sécurité des systèmes du gouvernement du Canada.
Les efforts que nous déployons pour remplir nos trois mandats visent en effet à appuyer les priorités du gouvernement du Canada. Nous collaborons non seulement avec nos collègues de la Défense nationale et, bien entendu, les Forces armées canadiennes — nous sommes d'ailleurs très fiers de travailler à leurs côtés —, mais aussi avec d'autres ministères.
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Merci de poser la question.
Pour ce qui est de donner des exemples précis de cybermenaces, j'essaierai de répondre en deux temps. Je vais d'abord parler brièvement des auteurs de cybermenaces, car c'est un aspect important, et ensuite des cybermenaces que nous voyons.
Brièvement, à propos des acteurs, il y a des États-nations sophistiqués qui ciblent et qui essaient d'infiltrer des systèmes. Il y a également des acteurs non étatiques. Dans les rapports des derniers mois, nous constatons de plus en plus souvent que le groupe État islamique est en train de se doter de cybercapacités. Il y a donc les acteurs étatiques et les acteurs non étatiques. Il y a également le cybercrime, comme l'a mentionné il y a un instant un autre membre du Comité, et on observe une augmentation du nombre de cybercriminels qui cherchent à voler de l'information ou des ressources.
Il y a aussi les menaces attribuables aux prétendus pirates militants. Il s'agit d'organisations ou de gens qui tentent de perturber un service gouvernemental ou un système. Il y en a eu des exemples l'année dernière. Parmi les exemples concrets de tentatives de perturbation, mentionnons un certain nombre d'attaques par déni de service, qui sont perpétrées par des gens ou des organisations qui tentent de surcharger de demandes les systèmes gouvernementaux au moyen de divers systèmes qui ralentissent ou entravent les demandes légitimes de Canadiens afin de les empêcher de faire affaire avec le gouvernement.
On peut observer cette nuisance et ces menaces ainsi que la détérioration de sites Web du gouvernement. Le dernier exemple qui a été donné concernait des attaques importantes visant à dérober des éléments de propriété intellectuelle ou à infiltrer des systèmes dans le but d'obtenir des renseignements personnels. L'un de nos pays partenaires a récemment essuyé une attaque majeure lors de laquelle on a essayé d'obtenir des renseignements personnels et de s'en prendre à des employés du gouvernement du Canada ainsi qu'à d'autres travailleurs gouvernementaux.
Pour revenir sur ce que j'ai dit, il s'agit de toutes sortes d'acteurs qui emploient diverses techniques pour arriver à différentes fins, qui visent toutes à perturber ou à paralyser des systèmes et à voler de l'information
J'espère que cela vous donne une idée de la gamme de menaces et d'acteurs que nous voyons.