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La séance est ouverte. Conformément aux paragraphes 108(2) et 81(5) du Règlement, nous sommes ici pour examiner la lettre de mandat du ministre de la Défense et le crédit 1c du Budget supplémentaire des dépenses de 2015-2016.
Je souhaite la bienvenue au ministre de la Défense, M. Sajjan, ainsi qu'au chef d'état-major de la Défense, Jonathan Vance, et au sous-ministre, John Forster.
Comme convenu au préalable, nous passerons la première heure à discuter de la lettre de mandat et la deuxième, à parler du Budget supplémentaire des dépenses (C). Le ministre devra nous quitter une demi-heure après la deuxième heure, c'est-à-dire dans 90 minutes, parce qu'il a une autre obligation.
Je suis conscient que les deux sujets se recoupent quelque peu; j'accorderai donc, le cas échéant et lorsque les conditions s'y prêtent, une certaine latitude quant à la pertinence des questions, mais j'invite les députés à se concentrer d'abord sur la lettre de mandat, puis sur le Budget supplémentaire des dépenses (C). Encore une fois, je sais qu'il risque d'y avoir des chevauchements et je ferai preuve de souplesse à cet égard.
Monsieur Sajjan, vous avez la parole.
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Merci, monsieur le président.
Mesdames et messieurs les membres du Comité, je suis très heureux d'être ici aujourd'hui, d'autant plus que c'est la première fois que je comparais devant vous. C'est un réel honneur de servir en tant que ministre de la Défense nationale.
Comme vous le savez, j'ai servi au sein des Forces armées canadiennes; je sais donc par expérience que nous en demandons beaucoup des hommes et des femmes en uniforme, et je sais qu'ils méritent, en retour, les bons outils et le bon soutien.
L'automne dernier, le a rendu publique la lettre de mandat dans laquelle il a souligné les principales priorités de mon portefeuille. Cette lettre témoigne du degré d'importance que le gouvernement actuel accorde à la défense nationale, et c'est avec plaisir que j'aborderai tout élément qu'elle contient.
Toutefois, dans le but d'établir le contexte de notre discussion, j'aimerais regrouper mes priorités en trois volets d'intervention fondamentaux : une nouvelle politique de défense pour le Canada, une force bien outillée et bien préparée, et les soins offerts à nos militaires.
Permettez-moi de prendre quelques instants pour résumer chacun de ces points. Premièrement, il y a eu beaucoup de changements depuis l'élaboration de la politique de défense précédente, en 2008. Prenez la situation dans le Moyen-Orient avec le soi-disant État islamique en Irak et en Syrie, ou songez aux mesures prises par la Russie contre l'Ukraine. Nous vivons dans une ère d'instabilité, d'incertitudes et de surprises. Aujourd'hui, l'insécurité se présente sous de nombreuses et diverses formes, et elle provient de nombreux endroits différents.
Dans ce contexte, nous devons examiner à fond notre politique afin de créer une vision canadienne pour la défense qui saura répondre au vaste éventail de nouveaux défis. Cette vision doit exprimer clairement nos priorités dans l'environnement de sécurité actuel et fournir des directives utiles concernant nos investissements. L'examen en question sera lancé sous peu, et je prévois qu'il sera achevé d'ici la fin de 2016. Bien sûr, les principaux piliers de la politique de défense du Canada demeurent les mêmes : défendre le Canada, défendre l'Amérique du Nord et contribuer à la paix et à la sécurité dans le monde.
Cet examen nous permettra de nous pencher sur la façon dont nous assumons ces responsabilités et la manière dont nous investissons dans nos forces pour qu'elles puissent, d'une part, continuer de s'adapter à un environnement de sécurité incertain et en évolution et, d'autre part, fournir un soutien aux opérations de paix des Nations unies. Nous nous sommes engagés à mener l'examen de la politique de défense de manière ouverte et transparente. Avec l'aide d'universitaires, de parlementaires, de spécialistes de la défense et d'alliés, nous allons élaborer une vision pour la défense canadienne qui est à la fois crédible et pertinente. À cet égard, je crois que le Comité est particulièrement bien placé pour présenter une perspective éclairée sur la défense canadienne au fur et à mesure que l'examen avancera.
J'ai récemment mis de l'avant une proposition pour que le Comité entreprenne une étude concernant le rôle des Forces armées canadiennes dans la défense du Canada et de l'Amérique du Nord. Cet apport aiderait à façonner les composants fondamentaux de la nouvelle politique de défense du Canada. J'attends avec intérêt vos idées sur cette suggestion.
Deuxièmement, le gouvernement reconnaît l'importance d'une armée bien équipée et dotée d'un ensemble de capacités. La nouvelle politique de défense aidera à définir les besoins à venir des Forces armées canadiennes à long terme.
À court terme, nous devrons aller de l'avant avec quelques projets urgents. Nous nous sommes engagés à construire de nouveaux navires pour la Marine royale canadienne, tout en respectant les engagements pris dans le cadre de la Stratégie nationale d'approvisionnement en matière de construction navale. De plus, je travaille avec la pour lancer un appel d'offres ouvert et transparent dans le but de remplacer les chasseurs CF-18.
Mon ministère gère des projets d'acquisition très complexes et, malgré une saine planification à long terme, ces projets font inévitablement face à des changements sur le plan des délais et des besoins en capital. À ce titre, je suis heureux de dire que je collabore actuellement avec mes collègues de Services publics et Approvisionnement Canada ainsi qu'avec ceux d'Innovation, Sciences et Développement économique Canada pour améliorer ces processus.
Troisièmement, nos militaires constituent l'élément essentiel de notre capacité de défense, et notre plus grand atout. Voilà la raison pour laquelle le niveau de soins qu'ils reçoivent me tient très à coeur.
En tant qu'ancien militaire, je sais que le succès de toute mission repose sur un personnel en santé, bien formé et motivé. Je veux également m'assurer que les fils et les filles du Canada font partie d'une organisation qui offre un milieu de travail sécuritaire qui est exempt de harcèlement et de discrimination, une organisation qui fournit les soins et le soutien nécessaires, à la fois pendant et après leur service militaire. Étant donné ce qu'ils sacrifient pour la population canadienne, ils ne méritent pas moins.
Il s'agit d'une responsabilité partagée entre le ministère de la Défense nationale, les Forces armées canadiennes et Anciens Combattants Canada. C'est pourquoi le ministre associé de la Défense est également le .
Je suis heureux de travailler avec mon collègue, l'honorable , pour renforcer les liens et faciliter la transition entre nos deux ministères. Nous mettrons l'accent sur la simplification et l'accélération de la transition de la vie militaire à la vie civile. Nous étudierons aussi notre soutien du revenu et nos mesures de réadaptation pour simplifier les fonctions et éliminer les lacunes et les redondances dans nos programmes.
Enfin, conscients de l'importance des soins de santé mentale, nous sommes en train de créer une stratégie de prévention du suicide qui tirera parti d'initiatives pangouvernementales existantes et qui augmentera la participation de la direction des Forces armées canadiennes aux programmes actuels. Le bien-être de nos militaires, qu'ils soient actuellement en service ou à la retraite, est notre priorité principale.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie une fois de plus de m'avoir donné l'occasion de comparaître devant vous aujourd'hui. En ma qualité de ministre de la Défense nationale, j'invite tous les parlementaires à nous aider à faire avancer le programme en matière de défense. Le gouvernement s'engage à fournir le meilleur soutien aux hommes et aux femmes des Forces armées canadiennes, et notre travail ici aujourd'hui aidera à leur fournir les outils et le soutien dont ils ont besoin pour continuer à bâtir cette fière histoire.
Sur ce, je suis prêt à répondre à vos questions. Merci.
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Je vous remercie de la question, et je tiens aussi à transmettre mes remerciements à vos fils pour leur service. Ce qu'il faut reconnaître, c'est que les familles des militaires sont aussi au service de notre pays. En fait, dans certains cas, les familles trouvent plus éprouvant le déploiement d'un des leurs — un fils ou une fille, un frère ou une soeur — parce qu'elles ne savent pas ce qui se passe sur le terrain. Nous devons donc être également à l'écoute des besoins des familles.
Peu après mon assermentation, dès les premières semaines, nous nous sommes entretenus avec le chef d'état-major de la Défense et le sous-ministre. Nous avons parlé du bien-être de nos troupes. Fort heureusement, le chef d'état-major de la Défense a déjà fait un travail exceptionnel dans ce dossier, et je reconnais l'importance de notre plus grand atout. Nous parlons de la capacité d'acheter des équipements, mais force est de constater que les hommes et les femmes constituent notre plus grand atout. Leur bien-être doit être notre priorité absolue. À cet égard, l'entraînement et la discipline entrent en ligne de compte, mais nous devons également examiner le soutien que nous leur offrons pendant leur service et déterminer quelle sera la période de transition lorsqu'ils deviendront des anciens combattants. Nous avons des défis à relever et des lacunes à combler.
Nous avons déjà entamé des discussions avec le , et nous collaborons avec lui afin d'élaborer un plan qui favorise la transition sans heurts d'un militaire au statut d'ancien combattant. Par exemple, quand un membre des Forces armées canadiennes est blessé en service, il a recours au système médical, mais malheureusement, dans l'état actuel des choses, lorsqu'on devient ancien combattant, on doit fournir des explications sur les mêmes blessures. Nous voulons éviter toute discontinuité. Voilà une des lacunes que nous aimerions combler. Nous souhaitons aussi harmoniser certaines prestations.
C'est le genre de mesures que nous envisageons de prendre. Nous y travaillons déjà en collaboration avec Anciens Combattants, mais il reste encore beaucoup à faire.
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Merci au ministre d'être venu témoigner devant nous. Je tiens aussi à vous remercier non seulement d'avoir promis de favoriser l'ouverture et la communication, mais aussi d'avoir prêché par l'exemple jusqu'à présent. Vous avez tenu parole, et je vous en sais gré, tant comme membre du Comité que comme député qui représente une importante circonscription militaire.
Dans vos remarques liminaires, vous avez soulevé deux points au sujet desquels j'aimerais vous poser des questions, qui ne figuraient pas, je pense, dans le Budget supplémentaire des dépenses (C). J'ai été déçu de ne pas voir de mention des réservistes ou des employés civils du ministère de la Défense nationale. J'ai deux ou trois autres questions qui, selon moi, devraient être dans l'autre section, et j'y reviendrai.
Je veux commencer par vous poser une question concernant la réorientation de la mission en Irak. Pendant la campagne, les libéraux ont promis très clairement de mettre fin à la mission de combat. Ma question porte sur le rôle visant à fournir de la formation, des conseils et de l’assistance que vous triplez maintenant en Irak. Vous avez reconnu que cela pose des risques accrus pour les Canadiens sur le terrain, et je crois que le général Vance a abondé dans le même sens.
Ma question porte sur les règles d'engagement. Je me demande si elles prévoient la participation aux échanges de coups de feu sur les lignes de front — ce que la plupart des Canadiens verraient comme des combats.
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Je vais laisser au général Vance le soin de discuter des règles d'engagement, mais pour répondre à votre question plus directement en ce qui concerne la mission en tant que telle, comme le l'a mentionné dès le départ, nous voulons être un partenaire responsable de la coalition et faire une contribution importante. Voilà pourquoi nous avons pris le temps de nous assurer que nous disposions des bons renseignements et de parler avec nos partenaires de la coalition pour faire en sorte que, au moment de réorienter nos efforts, nous ne le fassions pas strictement d'un point de vue militaire, mais aussi aux plans de la diplomatie et du développement.
La solution militaire vous fera gagner du temps pour régler le véritable problème, mais la solution politique est tout aussi importante, sinon plus, pour assurer la stabilité à long terme du pays et de la région. Mais avant d'en arriver là, nous devons veiller à ce que les forces de sécurité irakiennes possèdent la formation adéquate et aient instauré la structure nécessaire pour non seulement reprendre leurs villes, mais aussi les garder, car avec l'EIIL, elles ont été incapables de garder leurs villes dès le départ, ce qui explique que nous nous trouvions dans la situation que nous connaissons.
Le point crucial à ce stade est de faire en sorte que nous formions suffisamment de membres des forces de sécurité irakiennes et que les bons groupes ethniques reprennent certaines de ces villes. Pour y arriver, nous avons besoin des renseignements adéquats. L'intervention remonte à il y a plus d'un an. L'ennemi apprendra rapidement notre façon de fonctionner; voilà pourquoi nous devons obtenir de meilleurs renseignements. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous nous assurons de fournir les bons types de renseignements pour donner une perspective de la situation globale dans le théâtre des opérations. Ce sera un précieux atout pour le commandant de la coalition, qui permettra de protéger nos forces, surtout dans le nord, d'anticiper certaines menaces et aussi de participer au processus de ciblage de la coalition.
Je vais laisser au général Vance le soin de répondre à la question sur les règles d'engagement.
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À mon sens, ce n'est ni l'un ni l'autre. Le montant qui a été fixé précédemment a posé problème, ainsi que le nombre de navires. Il est difficile de déterminer le type de capacités recherchées en fonction d'un nombre; par exemple, vous pourriez prendre un certain navire sans avoir décidé du type de systèmes dont vous avez besoin à l'intérieur. Voilà pourquoi nous avons du mal à donner des chiffres.
Dans le cadre de l'examen de la défense, je m'efforce de m'assurer du type de capacités dont nous avons besoin pour nos navires; ou nous pourrions discuter de l'interopérabilité de nos communications dans le contexte du NORAD. En fonction de ce processus, nous déterminerons le type de capacités dont nous avons besoin avant d'en déterminer les coûts. C'est trop tôt pour le faire à ce stade puisque l'on cherche simplement à décider du type de capacités dont on a besoin.
J'espère qu'avec l'examen de la défense, nous serons en mesure de décider des capacités, mais je pense qu'il est trop tôt pour parler du nombre exact de navires et des coûts car, une fois qu'on aura déterminé les types de navires dont on a besoin, la décision pourrait ne pas correspondre au nombre déjà fourni, surtout avec les enjeux économiques auxquels nous pourrions faire face.
La Stratégie nationale d’approvisionnement en matière de construction navale est néanmoins une grande stratégie pour le Canada. Non seulement elle fournira à la marine les capacités dont elle a besoin, mais aussi l'expertise souhaitée. Nous devons régler certaines questions pour en accroître l'efficacité. Comme je l'ai déjà dit, notre processus d'approvisionnement n'a pas bien répondu aux besoins des Forces armées canadiennes, mais nous apprenons constamment. Des améliorations ont déjà été apportées au système, mais nous devons prendre d'autres mesures.
Une mesure simple consiste à collaborer entre ministères. En ce moment, la et moi-même assistons à des séances d'information conjointes. C'est simplement une question de faire des choses du genre. En temps normal, je recevrais un dossier, qui devrait ensuite faire l'objet d'un examen et d'une séance d'information dans un autre ministère. De cette façon, nous pouvons nous épargner des mois de travail. Nous avons pris quelques autres mesures qui nous permettront de réduire le temps de traitement des dossiers de façon dramatique.
Cependant, en ce qui concerne les chiffres, je préfère attendre. Voilà ce que l'examen de la défense nous permettra de faire — nous assurer que nous tenons des consultations approfondies auprès des Canadiens, des universitaires, des spécialistes militaires et de nos alliés pour nous assurer d'avoir les capacités adéquates et décider de ce dont nous aurons besoin à l'avenir. Nous pourrons ensuite discuter du nombre et des types de navires dont nous avons besoin.
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Nous travaillons actuellement à un plan pour nous assurer que non seulement la transition s'effectue entre la vie militaire et la vie civile, mais également que les membres blessés qui ont besoin de soins puissent accéder directement à Anciens Combattants.
Je sais que le général Vance cherche à réorganiser l'Unité interarmées de soutien au personnel, et il pourra traiter de la question dans un instant.
Nos troupes se joignent à l'armée pour pouvoir servir le pays, mais nous devons également nous assurer que les membres recevront des soins adéquats, et c'est à cet égard que nous avons décelé un problème. Je sais que beaucoup a été accompli depuis le début, en ce qui concerne la mission en Afghanistan, du moins, mais nous devons faire bien plus.
En ce qui concerne certaines des difficultés auxquelles nous avons été confrontés dans le passé, je veux vous faire comprendre, à vous et à tous les Canadiens, que les Forces armées canadiennes et Anciens Combattants veulent s'assurer de faire de leur mieux pour nos troupes, mais qu'il n'existe pas de panacée. C'est un processus d'apprentissage continu, dans le cadre duquel nous devons continuellement veiller à combler les besoins, car il s'agit d'un problème très complexe. Nous sommes toutefois déterminés à le résoudre.
Général Vance, souhaitez-vous traiter de l'UISP?
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Merci, monsieur le ministre.
Au cours de la transition, qui s'effectue par l'entremise de l'UISP en partenariat avec ACC, nous avons l'intention de faire en sorte que chaque personne blessée qui doit effectuer cette transition puisse accomplir une des deux missions suivantes : soit se rétablir et reprendre le service, soit réussir à effectuer une transition parfaitement harmonieuse à la retraite, un processus dans le cadre duquel le passage entre les soins des forces armées et ceux d'ACC s'effectue sans heurt, sans retard dans le versement des prestations et sans incertitude à propos des soins, des personnes à consulter, etc.
Des efforts sont actuellement en cours entre les deux ministres et les deux ministères — nous collaborons étroitement avec le général à la retraite Natynczyk — pour veiller à ce qu'ACC et les forces armées coordonnent leurs démarches afin d'offrir un programme personnalisé à chacun. Voilà ce qui manquait, à mon avis. Nous devons offrir à chaque personne des services qui lui sont adaptés et un plan de transition personnalisé qui lui permettra soit de se rétablir et de reprendre le service, soit de retourner à la vie civile avec succès. Il faut personnaliser davantage les services. Pour que les deux ministères y parviennent, il faut qu'ils comblent les besoins de chaque personne et lui offrir ce dont elle devrait avoir besoin au cours de la transition, et ce, sans délai pour que le processus se déroule sans heurt.
Mais ce qui est plus important encore, c'est que bien des gens quittent l'armée en santé, et ce n'est que plus tard que les problèmes se manifestent. Ainsi, les gens doivent pouvoir avoir accès sans difficulté à l'ACC à tout moment et en tout lieu si des problèmes surgissent ultérieurement, qu'il s'agisse de blessures physiques ou psychologiques.
Le système doit en outre permettre à une personne dont les symptômes se manifesteraient tardivement de s'adresser à ACC ou aux Forces canadiennes et de bénéficier instantanément de programmes sans devoir apporter de nombreuses preuves et s'astreindre à un processus complexe pour prouver son identité et ses blessures.
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C'est, je crois, une question avec laquelle bien des pays sont aux prises. Nous sommes confrontés à des défis évolutifs : les conflits ont changé. Par le passé, quand deux États en arrivaient à une entente, nous pouvions affecter des troupes de maintien de la paix pour en assurer le respect.
Les conflits ayant évolué, nous devons admettre que nous ne pouvons recourir uniquement à une solution militaire. Nous devons déterminer comment nous pouvons synchroniser la diplomatie et le développement. Je pense que le Canada est fort bien placé pour permettre à ses alliés de bénéficier de son expérience à cet égard. Nous l'avons fait avec brio.
Mais nous parlons ici d'agir après les faits. Nous devons également mieux déterminer comment nous aurions pu intervenir au début de certains des conflits que nous avons observés. Nous devons voir comment nous décelons certains indicateurs précoces, comme un vide politique qui peut s'être créé dans une région. Que pouvons-nous faire dès le début pour empêcher le problème de prendre de l'ampleur?
Cela nous ramène à notre compréhension des conflits, de certaines régions du globe, de leur dynamique sociale et du lien avec la sphère politique. La situation en Irak constitue un exemple de situation où la violence sectaire et ethnique a créé un vide politique qui a permis à une organisation radicale de prendre pied dans le pays, ce qui a mené à la crise actuelle.
Nous devons pouvoir tirer des leçons et voir comment nous pouvons intervenir précocement pour empêcher les belligérants de former une coalition d'envergure afin de mettre fin à la menace.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, en février 2016, l’Institut international d’études stratégiques a conclu qu'après le long déploiement de ses troupes en Afghanistan, ce n’est pas du jour au lendemain que le Canada pourra réorienter sa position de défense et concilier ses plans et ses ressources.
Monsieur le ministre, nous avons servi tous les deux comme militaires durant la même période. À la fin des années 1990 et au début de l'an 2000, on a vécu la transition d'une armée de temps de paix à une armée plus combattante.
Ma question est simple. Comment croyez-vous que les troupes perçoivent cette transition, elles qui étaient au combat en Afghanistan et qui vont se retrouver pour agir comme Casques bleus dans des missions de l'ONU sans pouvoir intervenir que ce soit pour combattre ou dans les décisions à prendre sur le cours de ces missions de paix?
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Quand on observe de l'extérieur la manière dont le conflit a évolué et la façon dont nous avons effectué la transition... J'ai participé à des opérations de maintien de la paix en Bosnie et à un conflit ouvert. À titre de ministre, je peux vous dire que je suis très fier du fait que les Forces armées canadiennes sont, en raison de leur taille, capables de s'adapter aux situations. Nous offrons une excellente instruction adaptée au théâtre des opérations; ainsi, peu importe la mission que nous entreprendrons, nous aurons la formation adéquate dans l'avenir.
La formation de base sera toujours là en ce qui concerne l'instruction au combat pour les opérations cinétiques. Elle fournit l'instruction de base. Mais ce que les troupes canadiennes apportent, c'est le caractère unique de leur expérience. Je ne peux toujours pas expliquer ce que c'est, pour être honnête, mais si on observe nos troupes à l'étranger, on constate qu'elles appliquent un processus de réflexion sans pareil quand vient le temps de composer avec d'autres cultures et d'autres pays.
Les Forces armées canadiennes sont bien entraînées et peuvent s'adapter très rapidement aux diverses missions. Même en Afghanistan, nous participions aux combats ouverts, mais nous avons aussi parfois fait des choses très semblables à celles que nous avions faites en Bosnie.
Les Canadiens peuvent être fiers du fait que les Forces armées canadiennes sont capables de s'adapter. Cela étant dit, nous devons toujours nous assurer d'avoir les capacités et l'instruction adéquates pour affronter les futures menaces potentielles.
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Merci, monsieur le ministre.
Je suis certainement d'accord avec le ministre. Je pense que nous avons l'avantage d'avoir des troupes bien instruites, bien formées, bien équipées et bien dirigées. Cela nous confère un avantage sur la scène internationale et fait de nous un des meilleurs pays parmi nos plus proches alliés.
Je ne suis pas certain de comprendre ce que vous voulez dire en parlant de notre changement de rôle. Il ne s'agit pas nécessairement d'une transition d'envergure vers un seul type de force. Selon moi, nous demeurons polyvalents. Ce qui fait la réputation du Canada — et sa force, je crois —, c'est que nous apportons en temps opportun la capacité adéquate au cours du bon conflit. Ainsi, si nous devons effectuer des opérations de maintien de la paix, offrir de la formation et de l'aide, ou participer à des opérations de combat, c'est ce que nous faisons.
La capacité de maintenir un bon niveau d'instruction de base permettant d'effectuer rapidement la transition vers une instruction adaptée au théâtre des opérations constitue une des plus grandes compétences et des plus grands talents des forces armées, et je pense que, grâce à la grande expérience que nous avons acquise au fil du temps, notamment dans les Balkans, nous sommes tout à fait capables d'exploiter un éventail d'ensembles de compétences différents, car aucun conflit ne reste maintenant statique et ne conserve qu'une seule forme.
Je pense que vous pouvez avoir la certitude que les forces armées sont — et continueront d'être — parfaitement capables de s'adapter afin de travailler à titre de Casques bleus des Nations unies ou peut-être dans le cadre d'une opération plus cinétique au sein d'une coalition de pays volontaires. Je considère que nous avons cette capacité.
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Sans plus tarder, j'aimerais vous poser deux questions. Je ne crois pas qu'on ait beaucoup discuté ici, sauf peut-être à la première réunion, des soins offerts au personnel militaire, et j'aimerais que nous en parlions davantage.
Je viens de Kingston, où on trouve la BFC Kingston, alors je connais assez bien le Centre de ressources pour les familles des militaires, qui offre des services aux membres de la famille des militaires déployés. Malheureusement, l'une des choses que j'ai constatées, c'est qu'on semble beaucoup trop dépendre de la collectivité pour offrir ces services, et je pense que nous pouvons jouer un rôle plus important.
Je serais curieux de savoir, selon vous, quel est le rôle que devrait assumer le gouvernement à ce chapitre. En cette Journée internationale de la femme, le 8 mars — et nous souhaitons que davantage de femmes s'engagent dans les forces armées —, malheureusement, il y a des pressions accrues pour fournir ces ressources. Les ressources offertes aux familles des militaires en particulier devront changer si un plus grand nombre de femmes sont présentes au sein des forces armées.
Pourriez-vous nous dire de quelle façon vous comptez vous assurer qu'on s'occupe de ces familles? Comme vous l'avez dit avec grande éloquence, elles font partie elles aussi du processus de déploiement.
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Nous nous sommes engagés à prendre soin des familles des militaires et nous allons honorer notre engagement.
Comme tous les Canadiens le savent, lorsque les choses ne vont pas bien à la maison, cela se répercute sur le travail.
C'est encore plus vrai dans le cas de nos hommes et de nos femmes qui servent notre pays, parce qu'ils doivent composer avec des environnements complexes, de l'équipement sophistiqué et des contextes de menace de niveau élevé. Nous devons veiller à ce que leurs familles soient prises en charge, et nous respecterons toujours cet engagement à l'égard de nos troupes.
Pour ce qui est des femmes au sein des Forces armées canadiennes, nous avons la chance d'avoir des forces armées très inclusives. Nous voulons accroître le nombre de femmes. Il y a évidemment des défis à relever si on veut que les femmes envisagent une carrière au sein des forces armées sans avoir l'impression de devoir choisir entre leur famille et leur travail. Par exemple, il existe des congés de paternité, et on encourage nos membres à s'en prévaloir. Toutefois, il y a encore du travail à faire pour renforcer la présence des femmes au sein des forces armées.
Très sincèrement, nos dirigeants se sont engagés à accroître le nombre de femmes en uniforme, et nous allons déployer des efforts dans ce sens. En cette journée particulière, il est d'autant plus important de dire aux Canadiens à quel point cet engagement nous tient à coeur.
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La situation est certes préoccupante, compte tenu de la position de la Russie. On n'a qu'à songer à leurs premiers jours en Crimée, puis en Ukraine, et ensuite à leur intervention en Syrie. La Russie doit revenir à la table et être un partenaire efficace. Quant aux mesures que nous devrions prendre, je crois qu'il est essentiel que les priorités en matière de défense nationale correspondent à celles de mon homologue, le .
À mon avis, il est très important de ramener la Russie à un niveau où elle pourrait être un partenaire responsable. Cela dit, j'ai eu de bonnes discussions avec mes homologues de l'OTAN, où il a été question du renforcement de notre force de réaction. Nous devons nous assurer de pouvoir réagir à l'attitude agressive de la Russie. Nous déployons beaucoup d'efforts, de concert avec nos partenaires de l'OTAN. Nous avons une compagnie en Pologne, une en Ukraine, et des discussions préliminaires sont en cours sur le rôle qu'assumera le Canada au sein de l'OTAN.
Devant l'agression russe, la solidarité de l'OTAN est de la plus haute importance. Nous sommes solidaires. Ce faisant, à mesure que l'OTAN renforcera sa collaboration et sa force de réaction, j'estime qu'on enverra un message puissant à la Russie. De nombreuses réunions avec mon homologue, le sont prévues, et il y a aussi le prochain sommet de l'OTAN qui se tiendra en juillet à Varsovie.
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Si vous me le permettez, je vais maintenant changer de sujet.
Votre lettre de mandat énonce que vous devez travailler de concert avec la au lancement d’un appel d’offres ouvert et transparent pour le remplacement du chasseur CF-18.
Durant la campagne électorale, le Parti libéral a carrément dit qu'il n'achèterait pas de chasseurs-bombardiers furtifs F-35. Maintenant, le Cabinet a mis sur pied un comité secret pour se pencher sur l'approvisionnement. D'ailleurs, il y a à peine quelques semaines, j'ai cru comprendre que le ministère de la Défense nationale avait injecté presque 33 millions de dollars dans ce consortium pour maintenir sa position.
Je me demandais si vous aviez changé d'avis concernant les F-35 et si vous commenciez à penser que c'est quelque chose que veulent nos militaires. On a entendu certains commentaires, comme ceux de George Petrolekas, de l’Institut canadien des affaires mondiales, qui estime qu'on ne réalisera probablement pas des économies importantes en n'achetant pas les F-35 ou en optant pour autre chose. Selon lui, on ne réduirait pas énormément les coûts d'acquisition ni les coûts d'exploitation, puisque les économies seraient réinvesties dans la construction navale.
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Merci, monsieur le président.
Comme vous le savez, je suis aussi ici aujourd’hui pour parler du Budget supplémentaire des dépenses (C) de la Défense. Le ministère demande des autorisations de dépenses supplémentaires de 191,6 millions de dollars pour clore l’exercice 2015-2016. Cette variation nette s'ajoute à l’augmentation de 219,8 millions de dollars du Budget supplémentaire des dépenses (A). L’autorisation budgétaire totale du ministère pour l’exercice 2015-2016 passe donc à 19,7 milliards de dollars.
Comme j’expliquerai, ce financement est demandé principalement pour des opérations à l’étranger, notamment l’opération Impact et l’opération Unifier.
Comme vous le savez, l’opération Impact est notre contribution militaire à la coalition internationale dirigée par les États-Unis pour lutter contre l’EIIL. Le mois dernier, mes collègues du Cabinet et moi-même avons décrit en détail l’effort du gouvernement pour réorienter et améliorer cette mission. Pour être clair, cependant, le financement supplémentaire indiqué dans les présentes estimations est uniquement pour les éléments de cette mission qui sont déjà en cours.
Les Forces armées canadiennes mènent des opérations aériennes au moyen d’avions ravitailleurs Polaris et d’avions de surveillance aérienne Aurora. Elles fournissent de la formation et de l’aide aux forces de sécurité irakiennes, contribuent au renforcement des capacités des forces régionales, et appuient la coalition grâce à du personnel du renseignement hautement qualifié.
Dans cette optique, le financement indiqué dans ces estimations vise surtout les indemnités du personnel, comme les primes de risque, les coûts de fonctionnement pour les aéronefs et les véhicules et les frais de logement.
En tout, le ministère demande un financement supplémentaire de 211,7 millions de dollars pour l’opération Impact pour l’exercice 2015-2016. Les coûts définitifs pour le présent exercice financier seront présentés au Parlement dans notre prochain rapport ministériel sur le rendement. Alors que nous nous penchons sur le prochain exercice financier, le financement pour la mission réorientée sera reflété dans le budget plus tard ce mois-ci. Après le dépôt du budget, le Comité aura l’occasion d’examiner davantage les coûts relatifs à cette opération.
Dans ces estimations, du financement supplémentaire est aussi demandé pour l’opération Unifier, la mission de formation du Canada en Ukraine. Comme vous le savez peut-être, près de 200 militaires offrent de la formation dans les domaines des compétences tactiques des militaires, de la neutralisation des explosifs et munitions, de la police militaire, du soutien médical, de la logistique et de la sécurité aérienne. La mission de formation est un élément important du soutien du Canada à l’Ukraine, alors que ce pays cherche à protéger sa souveraineté et son intégrité territoriale. Comme je l’ai mentionné il y a deux semaines à la Chambre des communes, nos instructeurs militaires figurent parmi les meilleurs du monde. Ils fournissent un service de valeur à nos partenaires ukrainiens. Pour appuyer ces activités, le ministère demande 7,1 millions de dollars.
Cela porte le financement par reconduction totale de l’opération pour cet exercice financier à 16 millions de dollars. De cette somme, 18,9 millions de dollars proviennent d'Affaires mondiales Canada.
Dans les estimations présentées aujourd’hui, le ministère demande aussi du financement pour soutenir les soins de santé offerts à nos hommes et à nos femmes en uniforme. Plus précisément, nous demandons 2,1 millions de dollars pour la construction d’un centre de soins de santé à St-Jean, au Québec.
Des transferts à d’autres ministères contribuent également à ces estimations. Le plus important transfert est celui de 8,8 millions de dollars à Services partagés Canada pour le projet de réaménagement du complexe Carling. À compter de cet automne, le Quartier général de la Défense nationale relogera 8 500 employés ministériels et militaires à un emplacement centralisé au complexe Carling. Pour appuyer ce déménagement, Services partagés Canada entreprend les travaux de modification et d’amélioration nécessaires aux immeubles existants du complexe Carling. La Défense nationale, Services publics et Approvisionnement Canada ainsi que Services partagés Canada travaillent ensemble pour minimiser autant que possible le coût du projet.
En conclusion, le gouvernement demeure résolu à soutenir efficacement les Forces armées canadiennes, au moment où elles entreprennent la mission de défense pour le Canada. Au cours de la prochaine année, comme je l’ai mentionné, j’envisage de mener un examen exhaustif des priorités, des activités et des ressources liées à cette mission de défense. Mais, dans l’immédiat, je vous assure que le présent Budget supplémentaire des dépenses représente les éléments essentiels de la Défense nationale à l'heure actuelle. Ce financement contribue directement au succès opérationnel de nos Forces armées canadiennes et permet de veiller à ce que nos militaires et leurs homologues civils aient les ressources dont ils ont besoin.
Sur cette note, je serai heureux de répondre à vos questions.
Contrairement à la question que je voulais vous poser au début, je vais la réorienter pour parler de votre lettre de mandat.
Je suis surpris de ne pas trouver dans les budgets supplémentaires des fonds destinés au Collège militaire royal de Saint-Jean, dont la garnison se trouve dans cette circonscription.
Étant donné la nouvelle mission des Forces canadiennes, à savoir l'aide militaire et l'accompagnement des populations, le Collège militaire royal de Saint-Jean propose d'offrir un baccalauréat en sciences humaines. Ce dernier serait orienté vers les nouveaux besoins de l'armée et favoriserait le recrutement de Canadiens français dans les Forces canadiennes. En effet, l'ajustement du système scolaire entre le Canada et le Québec pose problème.
Pensez-vous que, dans un prochain budget, des fonds seront prévus pour le Collège militaire royal de Saint-Jean, plus précisément pour un nouveau baccalauréat en sciences humaines?
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Merci, monsieur le président. Je vais partager mon temps de parole avec M. Bezan.
Il y a près de six ans, nos UISP, nos Unités interarmées de soutien au personnel, sont intervenues. Elles offraient leurs services aux anciens combattants à l'époque et desservent actuellement les soldats participant à tous les différents conflits en cours. C'était une bonne façon de s'assurer que les rendez-vous médicaux appropriés soient effectués, mais avec le temps, elles sont devenues victimes de leur succès, en quelque sorte, car elles sont désormais débordées.
Maintenant, on nous apprend que des soldats qui sont dans une situation précaire doivent fixer leurs rendez-vous, plutôt que de se rendre sur place où des gens s'assurent qu'ils ont encore l'impression de faire partie d'une unité active. De plus, les temps d'attente pour obtenir un rendez-vous sont plus longs. On avait redressé la situation en embauchant plus de travailleurs en santé mentale, mais on nous dit qu'il y a actuellement des changements et que les soldats ne reçoivent pas les soins dont ils ont besoin.
Pouvez-vous me dire où ces changements sont apportés dans les budgets supplémentaires des dépenses? Quels sont exactement ces changements qui sont sur le point d'être apportés et qui semblent être incompatibles avec les soins que les soldats recevaient dans le passé?
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Merci, monsieur le président.
Je voulais parler quelques instants du Budget supplémentaire des dépenses (C). Il y a deux transferts d'environ 331 000 $ pour appuyer le personnel ministériel qui participe à des missions à l'étranger. J'imagine que c'est en partie pour l'opération Provision...
Ce n'est pas le cas? Alors cet argent était pour quoi?
Les fonds pour l'opération Provision sont prévus dans quel budget? Nous avions des troupes à l'étranger. Nous devions offrir une protection à ces troupes qui venaient en aide à Citoyenneté et Immigration Canada dans le cadre du processus de sélection des réfugiés. Il y a également les coûts associés à la conversion des casernes d'été en casernes d'hiver pour qu'elles soient adaptées pour accueillir possiblement des réfugiés syriens à Valcartier, à Trenton, à Kingston, à Borden et ailleurs. D'après ce que je comprends, ces fonds n'ont pas encore été utilisés.
D'où proviennent ces coûts? Sont-ils prévus dans les budgets de fonctionnement ordinaires des Forces armées canadiennes? Est-il vraiment acceptable d'avoir préparé pour l'hiver des casernes qui n'ont pas été utilisées?
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Je vais maintenant passer à certains éléments précis du Budget supplémentaire des dépenses (C) pour lesquels j'espérais que des fonds soient alloués. Il y a eu des manques à gagner et des compressions sous les conservateurs dans certains domaines qui ont eu d'importantes répercussions sur les Forces canadiennes.
L'une de ces répercussions touchait la Réserve des Forces canadiennes, dont le manque d'effectif se situe en moyenne entre 20 et 25 %. D'après ce que je comprends, les compressions au chapitre du recrutement constituent l'une des principales raisons.
La deuxième raison, c'est qu'en octobre 2011, les conservateurs ont mis fin à la pratique de transférer les employés civils qui avaient travaillé au MDN pendant trois ans dans des postes permanents. Par conséquent, il y a un nombre de plus en plus important d'employés civils qui occupent des postes temporaires depuis quatre, cinq, six et même sept ans. Ces employés et leur famille doivent absorber les coûts de cette flexibilité dans les Forces canadiennes.
La troisième raison est la fermeture du Centre de formation au maintien de la paix internationale Lester B. Pearson, qui était un chef de file mondial en formation au maintien de la paix depuis 20 ans. Dans votre lettre de mandat, on demande au Canada de rétablir ce rôle de chef de file mondial. À ce sujet, je me demande si on a l'intention de remettre en place le Centre Pearson ou un établissement de ce genre.
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Je vais tout d'abord répondre à la question au sujet de la Force de réserve et du centre de formation au maintien de la paix, puis je vais laisser le soin au sous-ministre de répondre à la question sur les employés civils.
Pour ce qui est des réservistes, j'estime qu'ils jouent un rôle essentiel, et nous le savons. En ce qui concerne le budget, comme je connais très bien la Force de réserve, ce n'est pas une question d'argent. Il y a des problèmes au sein du système de recrutement. L'un de ces problèmes, c'est que lorsqu'il y a un ralentissement au niveau du recrutement, il est difficile de le relancer. Le système change, alors nous devons pouvoir recruter aux différents niveaux, mais nous sommes aux prises avec des obstacles géographiques où, dans certains secteurs, nous n'arrivons pas à recruter à certains niveaux. C'est donc difficile, et d'autres secteurs sont assortis de limites. Nous examinons actuellement des options pour permettre à la Force de réserve de prendre de l'expansion dans certaines régions tout en réglant les problèmes régionaux dans d'autres secteurs. La Force de réserve sera toujours prioritaire. Je ne pense pas qu'il y ait des problèmes d'ordre budgétaire pour la Force de réserve. L'examen de la défense se penchera également sur la façon dont nous utiliserons les ressources de la Force de réserve dans le futur, et de très bonnes idées ont été mises de l'avant en ce sens.
Pour ce qui est du Centre de formation au maintien de la paix, nous examinons des moyens de mieux l'utiliser, mais également à la façon dont il cadre dans la situation d'ensemble. Le centre n'est pas la seule solution. Comment pouvons-nous déterminer le leadership de quel pays adopter et former les intervenants tout en tenant peut-être également compte du renforcement des capacités? Lorsque nous examinons le rôle de leadership d'une autre force militaire, nous nous penchons également sur le renforcement des capacités. J'espère que dans le cadre de notre étude du rôle en matière de maintien de la paix de la Défense nationale dans la situation d'ensemble avec Affaires mondiales et les Nations unies, nous allons examiner toutes les capacités, et pas seulement le centre de formation au maintien de la paix et la façon dont nous pouvons prévenir les conflits plus efficacement.
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Certainement. Merci beaucoup pour cette question.
D’abord, je tiens à préciser que la cybersécurité est un élément très important du mandat du CSTC. Nous analysons la cybersécurité de plusieurs angles, notamment, bien entendu, en ce qui a trait à la protection des réseaux du gouvernement du Canada et des informations qu’ils contiennent. À ce chapitre, nous travaillons en partenariat avec d’autres ministères et organismes, comme Services partagés Canada et le Secrétariat du Conseil du Trésor.
Nous avons également pour mandat d’assurer la protection ou de participer à la protection des systèmes d’importance pour le gouvernement fédéral. À ce chapitre, nous travaillons en partenariat avec le ministère de la Sécurité publique, notamment à la phase deux de la Stratégie de cybersécurité qui se penche sur les infrastructures essentielles. Nous tentons de trouver des façons d’aider le secteur privé en matière de cybersécurité, notamment le secteur des infrastructures essentielles, y compris la mise en commun de renseignements que nous possédons sur les cybermenaces ou la formulation de conseils en matière d’atténuation de la cybermenace, compte tenu de l’attention que nous portons au cyberespace à la demande du gouvernement du Canada.
J'aimerais revenir au point soulevé par mon collègue au sujet de la Force de réserve.
Le rapport de 2011 du général Leslie, qui est maintenant un collègue député, mentionnait des compressions dans la Force de réserve. J'ai moi-même été réserviste et, à ce titre, j'ai connu une époque où les budgets étaient plus ou moins adéquats. À la base, ils sont très intéressants, mais au niveau des unités, il y a des compressions dont on ne connaît pas l'origine.
Pouvez-vous nous confirmer que, dans le cadre des prochains budgets, les fonds prévus pour la Force de réserve seront adéquats sur le plan budgétaire?
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Je vous remercie de la question.
Je crois qu'il est tout à fait vrai que la situation concernant les investissements pour la Force de réserve est semblable à celle de tous les besoins militaires. Pour obtenir le budget qui nous permettra de faire une planification vraiment adéquate, la confiance est nécessaire.
Nous avons pour but de donner confiance à tous les éléments des Forces canadiennes, et cela implique le budget du ministère de la Défense qui est établi sur une période de trois ans. Nous voulons nous assurer de pouvoir rehausser la puissance de nos effectifs, que ce soit par l'entremise de la Force de réserve ou des forces régulières.
Nous avons constaté les taux d'attrition au sein de la Force de réserve. Comme le ministre l'a mentionné déjà, lorsqu'il y a une perte d'effectifs, il est difficile de remonter la pente par l'entremise du recrutement. En ce moment, nous mettons vraiment l'accent sur un programme de renouvellement destiné à la Force de réserve. Il y a quelques mois, le chef d'état-major de la défense a mis en oeuvre un programme de travail au moyen duquel nous voulons renforcer les effectifs de la Force de réserve. Dans le cadre de notre programme budgétaire, nous allons nous assurer de protéger les fonds qui lui sont destinés.
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Conformément à la décision de… d’accord, je comprends.
L’autre transfert, celui de 3 millions de dollars, concerne plusieurs ministères et organismes qui participent au Programme canadien pour la sûreté et la sécurité, notamment Énergie atomique du Canada, l’Agence canadienne d’inspection des aliments, la Commission canadienne de sûreté nucléaire, le Service canadien du renseignement de sécurité, Santé, Industrie, le Conseil national de recherches du Canada, Ressources naturelles et la Gendarmerie royale du Canada.
Pourriez-vous nous parler de ce transfert, dans le contexte du Programme canadien pour la sûreté et la sécurité, et nous dire de quelle façon cet argent sera dépensé?
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Merci beaucoup, général.
Je tiens à remercier sincèrement les témoins d’avoir accepté notre invitation. Nous vous remercions du temps que vous nous avez consacré. Vous pouvez quitter la salle, si vous le désirez, mais si vous voulez rester, vous êtes les bienvenus.
Il nous reste peu de temps, alors nous allons poursuivre. Nous devons quitter la salle dans environ quatre minutes. J’espère que nous aurons le temps de terminer les travaux prévus.
Par un vote à main levée, ai-je le consentement unanime de membres pour mettre aux voix, ensemble, tous les crédits du Budget supplémentaire des dépenses (C)? Levez la main, s’il vous plaît. D’accord. Je semble avoir le consentement unanime des membres.
CENTRE DE LA SÉCURITÉ DES TÉLÉCOMMUNICATIONS
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Crédit 1c—Dépenses de programme..........34 343 682 $
(Le crédit 1c est adopté.)
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Crédit 1c—Dépenses de fonctionnement..........215 485 400 $
ç
Crédit 5c—Dépenses d'immobilisations..........2 148 160 $
(Les crédits 1c et 5c sont adoptés.)
Le président: Dois-je faire rapport de l’adoption des crédits du Budget supplémentaire des dépenses (C) à la Chambre?