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Bonjour à tous. Bienvenue au Comité permanent de la défense nationale. Aujourd'hui, nous entreprenons notre étude sur la contribution du Canada aux efforts internationaux de maintien de la paix.
Représentant Affaires mondiales, nous accueillons M. Mark Gwozdecky, sous-ministre adjoint, Sécurité internationale et affaires politiques, et M. Jeff Senior, directeur adjoint, Programme pour la stabilisation et les opérations de paix. Représentant le ministère de la Défense nationale, nous avons le lieutenant-général Bowes, qui est commandant du Commandement des opérations interarmées du Canada; le major-général Meinzinger, directeur d'état-major de l'État-major interarmées stratégique — je vous félicite de votre nomination à titre de chef d'état-major de la Force aérienne —; le major-général Derek Joyce, directeur général, Politique de sécurité internationale.
À l'arrière de la salle, nous aurons de nombreuses personnes. Ils arriveront de la sécurité, mais je tiens à le souligner parce que nous allons commencer nos travaux. Nous accueillerons aussi des participants au Programme d'études des hauts fonctionnaires parlementaires — probablement 12 ou 13 —, à titre d'observateurs. Ils viennent de 12 pays différents. Nous aurons peut-être l'occasion de les saluer à la fin.
Nous avons un important groupe de témoins aujourd'hui. Habituellement, les gens interviennent lors des questions, ce qui convient parfaitement, mais c'est là que je commence à perdre le contrôle. C'est ainsi, que voulez-vous.
Voici le drapeau blanc qui vous permettra de terminer avec élégance. Si vous voyez ce signal, cela signifie qu'il vous reste 30 secondes pour conclure. Je devrai ensuite donner la parole au prochain intervenant pour que tous aient l'occasion de poser leurs questions. Je vous serais très reconnaissant de jeter un coup d'oeil de mon côté de temps à autre pour que je puisse gérer tout cela.
Cela dit, je crois savoir que deux témoins souhaitent faire un exposé. Je cède maintenant la parole à M. Mark Gwozdecky.
Monsieur, la parole est à vous.
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Merci, monsieur le président.
C'est un plaisir d'être ici aujourd'hui pour discuter de la participation du Canada aux opérations de maintien de la paix. Dans mon exposé, je présenterai certains éléments de contexte historique, mais je tâcherai de me concentrer sur les aspects qui se distinguent des opérations de maintien de la paix conventionnelles et sur la façon dont le Canada contribue à l'établissement d'un nouveau consensus pour le déroulement de ces missions dans une ère caractérisée par le changement.
La question fondamentale concernant la contribution du Canada aux efforts de maintien de la paix est la suivante: pourquoi y participons-nous?
Il y a trois considérations principales. Premièrement, nous appuyons les opérations de maintien de la paix pour des raisons d'intérêt national. Deuxièmement, cela reflète les valeurs canadiennes. Troisièmement, parce que nous voulons contribuer à titre de membre responsable d'un ordre international fondé sur des règles.
Les conflits d'aujourd'hui, même s'ils ont lieu loin de nous, ont une incidence sur tous les Canadiens, car ils favorisent l'enracinement de l'extrémisme et des crimes violents et la création de zones non gouvernées, ce qui entraîne de vastes mouvements de réfugiés et de personnes déplacées et perturbe le développement humain et économique. Tous les pays ont intérêt à maintenir une force multilatérale et efficace en cas de conflit, ce qui signifie qu'ils doivent tous assumer une part des responsabilités et du fardeau. L'ONU a entrepris une période de réflexion et de renouveau à cet égard, ce qui rend d'autant plus importante la participation du Canada à ce moment-ci.
[Français]
La nature du maintien de la paix a évolué dans diverses directions au fil des ans. Les premières missions étaient caractérisées par des interventions dans lesquelles les combattants étaient clairement identifiables. En règle générale, les parties acceptaient l'intervention d'une force neutre pendant que les pourparlers diplomatiques cherchaient à résoudre le conflit.
Les missions de maintien de la paix d'aujourd'hui se déroulent dans un contexte très différent. Les belligérants peuvent être nombreux et variés, et ils peuvent comprendre non seulement des acteurs politiques, mais aussi des criminels et des terroristes qui manifestent peu d'intérêt pour la paix. Plutôt que de surveiller un cessez-le-feu ou un accord de paix, les casques bleus jouent souvent un rôle de force de stabilisation avec des tâches axées sur la protection des civils et la création des conditions propices à l'émergence de la paix. Le maintien de la paix est donc aujourd'hui très différent de celui des générations précédentes, et les outils pour faire face à ces changements constants n'ont pas suffisamment évolué.
Je vais citer notre :
Les offres discrètes et les engagements uniques nous ont menés jusqu’ici, mais nous ne pourrons pas créer des changements réels et transformateurs sans un véritable changement institutionnel. Le Canada est prêt à participer à orienter ces efforts.
[Traduction]
Je traiterai plus tard de la façon dont la nouvelle approche du Canada répond à l'évolution des opérations de maintien de la paix et à notre objectif d'apporter des changements profonds.
Pour le moment, j'aimerais parler de la série d'études de haut niveau commandée par l'ONU ces dernières années. Ces rapports mettent en relief la nécessité d'améliorer les compétences et l'état de préparation pour les opérations de maintien de la paix dans le contexte de demandes et de pressions financières accrues. En outre, nous avons régulièrement fait valoir que les interventions de l'ONU devraient être axées sur la recherche de solutions politiques aux conflits.
À la lumière de ces constatations, le secrétaire général des Nations unies a lancé une ambitieuse réforme du programme de paix et de sécurité, laquelle comprend une proposition visant à restructurer l'architecture de paix et de sécurité de l'ONU et à consacrer plus de ressources et d'efforts à la prévention. Ce programme reflète l'idée selon laquelle le maintien de la paix ne fonctionne pas en vase clos, mais fait partie d'un continuum de mesures qui comprend la consolidation de la paix et la prévention des conflits.
Pour appuyer l'ONU dans ses efforts de réforme et sa réflexion sur le déroulement des missions de maintien de la paix, le Canada a organisé la Réunion de 2017 des ministres de la Défense sur le maintien de la paix des Nations unies. La réunion, la cinquième depuis 2014, s'est tenue à Vancouver en novembre 2017. Elle était axée sur l'effort visant à combler le manque de capacités essentielles relatives aux opérations onusiennes de maintien de la paix et sur les opérations de maintien de la paix dans l'environnement francophone. Cette initiative s'inscrit dans le contexte d'une hausse de la demande d'opérations de maintien de la paix: le nombre de déploiements a doublé au cours des 15 dernières années et plus de 100 000 membres du personnel militaire sont déployés actuellement.
Honnêtement, l'ONU ne suffit plus à la demande. Les conflits dans lesquels elle doit intervenir et les mandats de missions établis par le Conseil de sécurité sont de plus en plus complexes. Les missions menées dans des environnements difficiles requièrent un plus large éventail de compétences, de ressources et de nouvelles technologies. L'ONU fait simultanément l'objet de pressions pour réformer ses activités et réaliser des économies et des gains d'efficience.
Dans ce contexte, les discussions à Vancouver étaient centrées sur le rendement, les partenariats et l'efficacité. Le Canada a tenu cette réunion sous le thème d'une approche novatrice au maintien de la paix. Il s'agit de favoriser l'amélioration de l'efficacité des missions de paix de l'ONU en appuyant la réforme, l'innovation et l'engagement conjoint. Le Canada a annoncé sa nouvelle stratégie en matière de maintien de la paix à Vancouver. Je vais vous présenter les faits saillants et un résumé de ce que nous avons accompli depuis.
Lors de la réunion de Vancouver, nous avons présenté les Principes de Vancouver sur le maintien de la paix et la prévention du recrutement et de l'utilisation d'enfants-soldats. À ce jour, 63 États y ont adhéré. Un guide sur les Principes de Vancouver sera préparé bientôt pour aider les divers États à créer des formations et des politiques nationales adaptées et, à terme, à élaborer des directives opérationnelles sur les interactions avec des enfants-soldats dans le cadre de missions de la paix.
Des consultations avec les intervenants ont été entreprises concernant un autre aspect de notre stratégie, l'Initiative Elsie sur les femmes dans les opérations de paix. Dans le cadre de cette initiative, le Canada travaillera avec l'ONU et d'autres États membres à l'élaboration d'approches novatrices visant l'élimination des obstacles à la participation significative des femmes militaires aux opérations de la paix de l'ONU. Cela comprendra des trousses d'assistance technique adaptées aux pays fournisseurs de contingents militaires et policiers — un ou deux pays —, et des mesures pour aider les pays partenaires à choisir les missions de l'ONU auxquelles ils participeront de façon à créer un contexte réceptif. Nous étudions en outre la création d'un fonds pour soutenir le déploiement de femmes au sein des forces de maintien de la paix. Nous tenons aussi à mentionner les aspects de la recherche, de la surveillance de l'évaluation. Ils visent à s'assurer que les composantes de l'initiative pilote sont bien conçues, qu'elles font l'objet d'un suivi et d'une évaluation et qu'elles sont ajustées au besoin. Le Canada compte annoncer d'ici juin prochain quels seront les pays fournisseurs de contingents militaires et policiers. Il aura un ou deux partenaires.
À Vancouver, le gouvernement a aussi annoncé son intention d'appuyer les opérations de l'ONU par l'offre de capacités militaires de grande valeur sur une période de cinq ans et la mise en oeuvre d'initiatives d'instruction novatrices. Le commandant du Commandement des opérations interarmées du Canada, le lieutenant-général Bowes, qui est avec nous aujourd'hui, est bien placé pour donner plus de détails sur la nature de ces capacités et sur leur utilité dans un contexte de maintien de la paix.
Permettez-moi de préparer le terrain pour son exposé. J'aimerais rappeler l'engagement de notre gouvernement et présenter des observations sur les objectifs généraux qui sont en jeu. En ce qui concerne les capacités militaires, le gouvernement figurait parmi les pays promoteurs d'une nouvelle approche pour l'utilisation des biens militaires lors de missions de maintien de la paix, soit l'approche des engagements conjoints, qui se résument essentiellement à une collaboration plus étroite des États membres pour la rotation des éléments habilitants primordiaux, comme les aéronefs, ou pour satisfaire aux besoins de formation ou aux exigences opérationnelles de l'ONU. L'objectif est d'améliorer la prévisibilité et la planification.
Voici l'offre du Canada dans le cadre de ce nouveau modèle en évolution. D'abord, une force opérationnelle aérienne constituée d'hélicoptères armés et polyvalents et le personnel connexe. Le 19 mars, le gouvernement a annoncé qu'il est prêt à déployer cette force opérationnelle aérienne dans le cadre de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali, aussi connue sous le nom de MINUSMA, pour une période de 12 mois. Le deuxième élément annoncé est le soutien aérien tactique, soit le déploiement d'un ou deux aéronefs de transport, pour un maximum de 12 mois, au centre de service régional des Nations unies à Entebbe, en Ouganda. Le Canada s'est aussi engagé à fournir une force de réaction rapide constituée d'une unité d'environ 200 personnes et d'équipement connexe. Le moment et le lieu du déploiement de cette unité sont à déterminer.
Outre l'offre de capacités militaires particulières, le gouvernement s'est aussi engagé à offrir des programmes de formation novateurs dont l'objectif principal est de répondre aux besoins systémiques et spécialisés de formation des Nations unies, notamment en ce qui concerne le renforcement du rôle des femmes dans les opérations de l'ONU. L'objectif à long terme est d'offrir de la formation pour appuyer l'ONU, l'Union africaine et d'autres pays partenaires, ce qui comprend le recours à des équipes d'instruction mobiles capables de s'adapter rapidement à des besoins précis.
Le Canada s'est engagé à travailler, avant et pendant un déploiement, avec un ou deux pays partenaires par l'intermédiaire de l'équipe canadienne consultative en matière d'instruction pour améliorer leur contribution aux opérations de la paix de l'ONU. Cet engagement sera lié à l'Initiative Elsie qui, comme je l'ai indiqué, vise l'élimination des obstacles à la participation des femmes aux opérations de la paix.
L'intégration de spécialistes des services de police dans ces activités et des déploiements supplémentaires de policiers canadiens dans le cadre de missions de maintien de la paix sont des options étudiées.
En conclusion, j'aimerais souligner quelques points d'ordre général concernant les engagements annoncés à Vancouver. Premièrement, la nouvelle stratégie canadienne relative aux opérations de maintien de la paix — ou opérations de paix, comme on les appelle couramment de nos jours — vise à travailler autrement, travailler mieux et travailler ensemble. Tous les éléments de l'approche canadienne répondent directement aux conclusions des études de haut niveau commandées par les Nations unies.
Deuxièmement, les engagements pris à Vancouver se veulent complémentaires. Nous fournissons diverses capacités opérationnelles très efficaces pour appuyer les missions de l'ONU, mais nous faisons en même temps la promotion de changements au déroulement des opérations de paix, en accordant une attention particulière à la participation des femmes et au problème des enfants-soldats. Nous espérons que la crédibilité acquise par le Canada, en tant que contributeur direct aux missions de l'ONU, aidera à amplifier les efforts que nous déployons pour définir les normes et les pratiques changeantes relatives aux opérations de paix.
Troisièmement, la contribution du Canada s'inscrit dans un mouvement international plus large vers l'évolution des opérations de maintien de la paix. De nos jours, dans ce contexte en évolution, des pays comme le Canada misent davantage sur leurs forces pour leur contribution aux missions de l'ONU. L'époque où la contribution canadienne au maintien de la paix était synonyme de présence sur le terrain est loin derrière nous, en partie parce que les Nations unies ont réussi à obtenir la participation d'un large éventail de pays, principalement dans l'hémisphère sud, y compris la Chine. En outre, en raison de la nature changeante des conflits, les mandats de l'ONU et les exigences de mission nécessitent bien plus que des troupes sur le terrain, mais tout un éventail de nouvelles capacités.
La stratégie et les engagements annoncés à Vancouver reflètent ces besoins changeants et y répondent. Nous commençons ainsi un nouveau chapitre de l'histoire de la participation du Canada au maintien de la paix. Le résultat se veut une réponse à la fois complexe et pragmatique aux nouveaux défis. Nous avons hâte de poursuivre notre collaboration avec l'ONU et ses États membres pour améliorer le taux de réussite des opérations de maintien de la paix.
Merci.
:
Monsieur le président, membre du Comité, bonjour.
Je suis le lieutenant-général Stephen Bowes, commandant du Commandement des opérations interarmées du Canada, et je suis heureux d'être ici aujourd'hui pour discuter de la participation des Forces armées canadiennes aux opérations internationales de soutien de la paix.
En tant que commandant du Commandement des opérations interarmées du Canada, je suis responsable de la préparation et de la conduite des opérations des Forces armées canadiennes, tant en ce qui concerne les opérations visant à défendre le Canada qu'en ce qui concerne celles de partout au monde. Je suis accompagné aujourd'hui du major-général Al Meinzinger, directeur d'état-major de l'État-major interarmées stratégique, et du major-général Derek Joyce, directeur général de la Politique de sécurité internationale.
Ces officiers généraux sont respectivement responsables des aspects militaires politiques et stratégiques en matière de planification et de soutien de toutes les opérations des Forces armées canadiennes, y compris les opérations de soutien de la paix.
[Traduction]
Mon collègue, M. Gwozdecky, a décrit les complexités associées aux opérations de paix modernes et les efforts qui sont en cours à l’ONU pour relever ces défis.
Contrairement aux missions traditionnelles du passé, les opérations de soutien de la paix sont aujourd’hui multidimensionnelles et viennent avec de vastes mandats, allant du soutien aux processus politiques et électoraux à la protection des civils, en passant par la promotion des droits de la personne et la restauration de l’état de droit. Afin d’assurer la réalisation des mandats complexes de ces missions, il faut non seulement du personnel bien formé, mais aussi des capacités habilitantes essentielles dans des domaines tels le transport aérien stratégique et tactique, le génie spécialisé, les hôpitaux de campagne et les systèmes de communication et d’information.
Nous avons actuellement environ 120 militaires des Forces armées canadiennes déployés dans le cadre de telles opérations complexes un peu partout dans le monde, tant dans le cadre de missions menées sous l’égide des Nations unies que d’autres organisations. Des militaires canadiens participent aux missions de l’ONU à Chypre, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud et au Moyen-Orient, effectuant des fonctions vitales dans les domaines de la logistique, de la planification, de la liaison militaire, de l’instruction et de la surveillance des zones démilitarisées. Le Canada participe également à des opérations à l’extérieur du cadre de l’ONU contribuant de façon tout aussi importante à la paix et à la sécurité régionales, notamment avec la Force multinationale et d’observateurs dans la péninsule du Sinaï en Égypte, le Bureau du Coordonnateur à la Sécurité des États-Unis pour Israël et l’Autorité palestinienne, ainsi que la Force pour le Kosovo de l’OTAN.
Le gouvernement du Canada a récemment annoncé plusieurs initiatives visant à renforcer les opérations de soutien de la paix des Nations unies. Ces efforts sont conformes à la Politique de défense du Canada, « Protection, Sécurité, Engagement », qui stipule que les Forces armées canadiennes doivent être prêtes à apporter des contributions concrètes au rôle du Canada en tant qu’acteur international responsable, notamment en participant aux opérations de paix des Nations unies.
[Français]
Comme mon collègue vous l'a dit, le Canada a pris une série d'engagements lors de la réunion ministérielle des Nations unies sur le maintien de la paix qui s'est tenue à Vancouver en novembre dernier, en plus de deux engagements clés concernant l'Initiative Elsie et les Principes de Vancouver. Ces engagements visent à tirer parti de l'expertise et des capacités habilitantes des Forces armées canadiennes, et comprennent notamment l'engagement envers une initiative d'instruction spécialisée, une équipe canadienne consultative en matière d'instruction, le déploiement d'une force de réaction rapide, une contribution planifiée de soutien aérien régional pour le Centre de services régional d'Entebbe et le déploiement d'une force opérationnelle aérienne au Mali en réponse à une demande de l'ONU.
[Traduction]
Le Canada a annoncé son intention de déployer une force opérationnelle aérienne dans le cadre de la MINUSMA à la demande de l'ONU. Les travaux de mise en oeuvre de cette opération sont en cours et continuent de se dérouler rapidement afin de relever le contingent allemand cet été pour une durée d'environ un an. Cette force opérationnelle comprendra des hélicoptères Chinook et Griffon qui seront basés à Gao, dans le nord du Mali, et elle fournira à la MINUSMA une capacité essentielle pour des tâches telles que l'évacuation aéromédicale, le transport et le soutien logistique. Nous prévoyons déployer pour le moment jusqu'à quatre hélicoptères Griffon et deux hélicoptères Chinook, ainsi qu'environ 250 militaires des Forces armées canadiennes. Les détails quant au nombre exact de militaires et au type de capacités à déployer s'affinent au fur et à mesure que nos plans évoluent et que nos discussions se poursuivent avec les Nations unies au sujet des besoins.
Comme mentionné précédemment, les opérations de soutien de la paix revêtent de nos jours de multiples facettes et nécessitent souvent des missions de force de stabilisation afin d'aider à établir les conditions d'un règlement politique. La MINUSMA est une mission du Chapitre VII qui s'inscrit dans cette catégorie. Le recours à la force armée sera par conséquent autorisé afin de protéger les civils et de contrer toutes menaces contre la paix, en cas de rupture de la paix ou d'actes d'agression. La souveraineté, l'unité et l'intégrité territoriale du Mali étant contestées, une partie de son territoire est un refuge pour des acteurs d'une menace transnationale, ce qui augmente assurément les risques de cette mission. Des risques peuvent également provenir d'autres sources, comme l'environnement dans lequel évoluent les Forces armées canadiennes, et ce sera certainement le cas au Mali.
Les Forces armées canadiennes ont l'habitude de mener des opérations dans des environnements à haut risque. C'est pourquoi la gestion et les atténuations des risques sont essentielles à tous les niveaux du processus de planification militaire. Nous nous acquittons de cette tâche de plusieurs façons, notamment en nous assurant que notre personnel est hautement qualifié et doté des bonnes capacités, qu'il dispose de règles d'engagement appropriées pour se défendre et qu'il est soutenu par les arrangements nécessaires avec l'ONU et nos partenaires. Alors que nous nous préparons à nous déployer dans le cadre de la MINUSMA, nous allons prendre toutes les mesures nécessaires — comme pour toutes les opérations des Forces armées canadiennes — pour atténuer le niveau de risque encouru par les hommes et les femmes qui seront déployés.
J'ai parlé plus en détail du déploiement à venir au Mali étant donné que c'est notre tâche principale actuelle en matière de planification. Cependant, je crois qu'il est important de mentionner également les nombreuses autres contributions que les Forces armées canadiennes font déjà pour accroître la paix et la stabilité ailleurs dans le monde. Plus tôt dans mon exposé, j'ai mentionné un certain nombre d'opérations de l'ONU et d'autres opérations connexes. Les membres des Forces armées canadiennes sont en outre déployés dans le cadre d'opérations visant à renforcer la capacité des forces armées de l'Irak, de la Jordanie, du Liban et du Niger, afin de les aider à maintenir la stabilité de leur pays et de leur région. Nous faisons cela de façon bilatérale, dans le cadre de coalitions et en tant qu'allié de l'OTAN, par l'entremise d'activités allant de l'instruction sur la neutralisation des engins explosifs improvisés en Irak à la fourniture d'équipement de patrouille hivernale aux forces armées libanaises. Dans la région du Sahel, les membres des Forces armées canadiennes donnent de l'instruction de renforcement des capacités au Niger. Cela touche divers domaines tels que le tir de précision, l'exécution de patrouilles efficaces et les premiers soins au combat, accroissant du coup la capacité du pays à contrôler efficacement ses frontières et à combattre la menace sans cesse croissante d'organisations extrémistes violentes, tant de façon autonome qu'en coordination avec la Force conjointe du G5 Sahel. Ces efforts, combinés à nos contributions actuelles et futures aux opérations de paix de l'ONU et aux initiatives que nous mènerons avec nos partenaires gouvernementaux sur les questions liées aux enfants-soldats et au rôle des femmes dans les opérations de paix, seront renforcés grâce à l'expertise et aux capacités efficaces du Canada.
[Français]
En conclusion, les Forces armées canadiennes travaillent dans le cadre d'une approche pangouvernementale intégrée afin de concrétiser l'engagement du Canada à accroître son soutien aux opérations de soutien de la paix des Nations unies et d'aider l'organisation à relever les vastes défis complexes auxquels sont confrontées ses missions dans le monde entier.
Je vous remercie de m'avoir invité à comparaître devant vous aujourd'hui et je suis disposé maintenant à répondre à toute question que vous auriez à poser.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens, moi aussi, à féliciter le général Bowes et le général Meinzinger pour leurs nominations à venir.
Comme M. Spengemann l'a dit, c'est notre première séance sur le maintien de la paix, et nous avons tous tendance à nous lancer dans toutes les directions.
J'aimerais dire au président que c'est une motion que j'ai déposée il y a presque un an et demi. Je l'ai formulée en termes plutôt généraux à ce moment-là puisque nous ignorions où nous allions. Nous l'aurions peut-être écrite un peu différemment à la lumière de la situation actuelle.
J'aimerais savoir si nous aurons l'occasion de parler au ministre précisément de la mission au Mali durant notre étude. C'est une suggestion que je soumets au Comité. Certaines questions sont liées à des décisions politiques, et il est préférable de les poser au ministre plutôt qu'aux témoins que nous recevons aujourd'hui.
Monsieur Gwozdecky, vous avez décrit le nouveau rôle que le Canada va assumer, ses nouvelles tâches et sa nouvelle approche. Je ne veux aucunement diminuer l'importance de ces tâches, mais il me semble qu'il s'agit d'un recul relativement au rôle que nous avons joué traditionnellement dans le maintien de la paix. Auparavant, nous ne fournissions pas uniquement des troupes, mais aussi un leadership de très haut niveau, non seulement pour les missions auxquelles des troupes canadiennes participaient, mais aussi pour d'autres missions des Nations unies, en mettant à contribution des responsables tant civils que militaires. Nous offrions aussi de la formation de très haut niveau, qui était organisée au Canada par le Centre Pearson pour le maintien de la paix. J'aimerais savoir s'il y a une impression — et c'est peut-être une de ces questions qu'il est injuste de vous poser — que cette nouvelle approche plus technique au maintien de la paix représente un recul relativement au rôle de chef de file que nous avons joué traditionnellement.
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Depuis que le gouvernement a annoncé la décision, sur le plan stratégique, l'équipe a entrepris la planification militaire et opérationnelle nécessaire à l'avancement de la mission, en collaboration avec nos partenaires des Nations unies.
De plus, nous avons effectué une mission de reconnaissance — ce que l'ONU appelle une visite des lieux — au Mali pour discuter avec nos partenaires. Simultanément, nous avons envoyé des équipes en Europe aussi récemment qu'il y a deux semaines pour parler avec nos principaux partenaires de la façon dont nous entrerons dans le théâtre, pendant que d'autres pays en sortiront.
La semaine dernière, j'étais en Europe pour parler des prochaines étapes avec tous mes collègues européens, un représentant de l'Union européenne et des alliés travaillant en Afrique, y compris les forces françaises et les planificateurs des Nations unies. Au cours des deux prochaines semaines, nous effectuerons une mission de reconnaissance ou une visite des lieux approfondie centrée sur le maintien en puissance de notre mission ou sur l'approche que nous allons employer pour entrer. De plus, nous collaborons étroitement avec l'Allemagne, le pays que nous allons remplacer, pour ce qui touche la force opérationnelle aérienne.
À mesure que les hélicoptères allemands quitteront le théâtre, les hélicoptères canadiens entreront, mais ce ne sera pas fait simultanément. Nous procéderons par étapes. Ce ne sont pas des aéroports internationaux, ce sont de très petits terrains d'aviation et de très petites installations. Lorsqu'un hélicoptère part, un autre vient le remplacer; nous coordonnons cela.
C'est le rythme que suit chaque mission, même lorsqu'il s'agit d'une rotation canadienne. C'est ce qui se produira au cours des prochains mois; nous devrions activer le théâtre en juin. Nos forces et les instances principales arriveront en juillet, les hélicoptères allemands partiront durant la troisième semaine de juillet, et les hélicoptères canadiens seront sur le terrain et opérationnels au début du mois d'août.