:
Bonjour, tout le monde. Bienvenue au comité de la défense.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à notre invité, le député et le président de la Commission sur la défense de la Lettonie, Ainars Latkovskis. Je vais vous appeler M. le président aussi, pour simplifier les choses.
Merci à l'ambassadeur de la Lettonie et à l'attaché de défense d'être venus. Je pense qu'environ 13 heures se sont écoulées depuis notre dernière rencontre, alors j'espère que vous vous portez bien ce matin.
Je vais vous céder la parole pour faire votre exposé liminaire. Nous aimerions savoir comment vont les choses en Lettonie avec le contingent canadien dans le cadre de la présence avancée. Nous aimerions aussi entendre les améliorations que nous pourrions apporter, car nous sommes très résolus à renforcer notre relation avec vous à l'avenir.
Sur ce, monsieur le président, j'aimerais vous céder la parole.
:
Bonjour, tout le monde, et merci, monsieur le président.
Pas tant d'heures se sont écoulées depuis le souper d'hier. Je vais essayer de mettre l'accent sur quelques-uns des points dont nous avons discuté hier, car je pense qu'il est très important que des notes soient prises et que les délibérations soient consignées. À notre comité, chaque séance est enregistrée, et les délibérations sont mises à la disposition du grand public sur demande. N'importe qui peut demander et recevoir un enregistrement. Nous sommes habitués de travailler de la sorte, et nous en sommes très satisfaits.
Premièrement, avant mon arrivée au Canada, mon personnel a préparé un rapport sur notre relation avec le Canada de façon générale, mais principalement à propos des questions de sécurité. C'était un document très intéressant à lire. C'est une petite leçon d'histoire. Mon premier diplôme était en histoire, et en examinant comment nos relations ont évolué avec le temps, croyez-moi, jusqu'en 2016, il n'y avait que deux paragraphes. L'un portait sur la façon dont le Canada est devenu le premier pays à ratifier l'adhésion de la Lettonie à l'OTAN. Merci encore une fois de cette initiative.
Le second paragraphe portait sur le fait que le Canada offrait à nos jeunes officiers de faire des études approfondies de l'anglais et du français, ce qui était très utile. Je connais de nombreux officiers qui sont venus ici pour suivre cette formation. Il est intéressant de voir qu'un plus grand nombre d'entre eux sont venus apprendre le français ici plutôt qu'en France. Nous utilisons désormais ces officiers dans le cadre de notre mission au Mali, si bien que c'est très utile.
L'histoire moderne commence en 2016, le 30 juin, lorsque votre gouvernement a pris la décision d'être un chef de file ou un pays-cadre dans la mission de présence avancée renforcée de l'OTAN en Lettonie. C'est à partir de ce moment-là qu'on commence à lire au sujet d'événements qui se déroulent presque chaque jour ou chaque semaine, de réunions différentes, de planification, de va-et-vient et d'ententes qui sont conclues et signées.
Imaginez un peu la situation. Votre gouvernement a pris une décision le 30 juin, et vos troupes et tout le matériel nécessaire étaient en Lettonie le 18 juin 2017. Il a fallu moins d'un an pour déployer 450 hommes et femmes et l'équipement nécessaire en Lettonie. Deux mois se sont écoulés, et le Canada était un pays-cadre là-bas et, conjointement avec d'autres partenaires, nous sommes pleinement accrédités en tant que bataillon en Lettonie.
Je pense que c'est un énorme succès, tant pour l'OTAN que pour tous les pays qui ont pris ces décisions au pays de Galles et à Varsovie. C'était également possible en raison de votre pays et des personnes concernées, notamment les politiciens et le ministre de la Défense, ainsi que les soldats ordinaires qui sont venus en Lettonie. Je pense que vous vous êtes très bien préparés, et nous en sommes déjà à la deuxième phase, au deuxième contingent, et tout va vraiment bien, à mon avis.
La Lettonie était la plus importante mission de l'OTAN parmi les États baltes et la Pologne. Fait intéressant, il y a plus de troupes en Lettonie qu'en Pologne, et la Pologne en soi, qui reçoit cette aide ou ce soutien, compte environ 200 hommes et chars d'assaut en Lettonie. C'est la preuve que ce n'est pas seulement une question de recevoir de l'aide et qu'il faut aussi en donner. La Lettonie fait pareil; nous participons à six missions à l'étranger. Nos soldats sont actuellement déployés en Afghanistan, au Mali, en Irak et dans d'autres missions, alors nous essayons de faire de notre mieux et de ne pas seulement recevoir de l'aide. Là où nous avons de l'expertise et des connaissances, nous rendons la pareille à nos partenaires, à nos alliés et à l'OTAN en général.
C'est également très difficile pour nous car en tant que pays hôte, nous avons dû consacrer beaucoup d'efforts et d'argent pour accueillir des troupes de six pays différents. Nous avons dû effectuer de nombreux travaux de construction sur notre plus grande base militaire près de Riga Adaži, qui est le plus gros terrain d'entraînement militaire dans les pays baltes.
Au cours de la dernière année, nous avons élargi ce terrain d'entraînement, si bien qu'il est encore plus grand. Nous avons dépensé beaucoup d'argent pour la construction de casernes, alors nos officiers et nos soldats ont maintenant un toit sur la tête depuis l'automne dernier. Nous allons bâtir quatre casernes additionnelles: deux seront complètement financées à même notre budget et deux seront cofinancées avec les Américains.
Je ne vais pas parler en détail de ces projets logistiques. mais nous avons fait le maximum pour que votre armée reste en Lettonie, et pas seulement pour l'accueillir mais aussi pour lui venir en aide, car vos soldats restent dans le plus gros polygone militaire. Ils ne se contentent pas de dormir dans les casernes, de se réveiller, d'assumer des fonctions et d'assurer une présence. Non, ils s'entraînent. Ils s'entraînent ensemble avec les soldats des six pays, et les Lettons participent activement au processus.
À l'avenir, et je sais qu'il y a eu des discussions, il pourrait peut-être être très utile que vous me demandiez de faire une suggestion. Nous avons entrepris cette mission il y a quelques années avec les Américains, et elle s'est avérée très efficace. Les Américains voulaient mettre à l'essai certains de leurs drones en Lettonie. Nous avons dû modifier quelques lois pour ce faire. Nous avons aménagé des voies aériennes autour de la Lettonie pour que ces drones puissent voler. En discutant avec des officiers américains, j'ai appris qu'ils n'avaient même pas au Texas les possibilités territoriales pour s'entraîner et faire voler des drones près de la frontière avec la Russie, bien entendu.
C'est une capacité qui pourrait peut-être vous être utile. J'ai été surpris. Je ne connais pas votre situation. Les Américains ont amplement de terres, mais l'espace aérien où ils peuvent utiliser ces drones se limite à des endroits tels que des installations militaires. Nous avons très rapidement modifié nos lois et nos règlements, si bien qu'ils peuvent maintenant faire voler ces drones. Il y a des voies aériennes spéciales tout autour de la Lettonie où l'on peut utiliser des drones. Je pense que ce serait très intéressant pour vos militaires.
La Lettonie a également mis sur pied en 2014, avec l'aide de l'OTAN, le Centre d'excellence pour la communication stratégique de l'OTAN. Compte tenu des situations géopolitiques à l'heure actuelle dans le monde, de la propagande russe et des différents développements dans ce champ d'activité, ce centre est devenu très utile.
Le Canada participe à ce centre d'excellence depuis le début, a investi de l'argent et a toujours eu des représentants à Riga. À l'heure actuelle, il y a deux Canadiens qui travaillent là-bas. Imaginez que ce centre d'excellence de l'OTAN ne travaille pas précisément pour la Lettonie. Nous disons parfois en riant que le centre n'en fait pas assez pour la Lettonie car il a élaboré différents algorithmes pour savoir d'où proviennent les nouvelles sur les réseaux sociaux, où nos navires sont déployés et où la Russie est présente.
Il y a des algorithmes en anglais et parfois en russes, mais la Lettonie est un petit pays et la langue n'est pas couramment utilisée dans ce centre d'excellence. Quoi qu'il en soit, nous pouvons tirer des leçons de ce que le centre a découvert dans le cadre des études qu'il a réalisées, et les gens qui travaillent à ce centre sont très compétents. C'est une initiative dans laquelle investir pour obtenir des résultats.
Je devrais peut-être m'arrêter ici. Les longs exposés, ce n'est pas ma spécialité. Je suis prêt à répondre à toutes vos questions.
:
Je dois dire que, depuis que nous sommes devenus membres de l'alliance militaire la plus puissante au monde, la situation est très intéressante. Nous participons à des missions à l'étranger. C'est dans ces missions où le personnel militaire peut recevoir une véritable formation — en Afghanistan, en Irak et dans différentes autres régions dans le monde, ainsi qu'au Kosovo et en Albanie il y de cela de nombreuses années. Cependant, il y a aussi évidemment des décisions qui ont été prises aux sommets de l'OTAN au pays de Galles et à Varsovie. Je pense que ces décisions étaient très importantes pour nous, et nous en voyons maintenant les résultats, avec six pays membres de l'OTAN postés en Lettonie.
Du point de vue du grand public, c'est le sentiment de sécurité, le sentiment d'appartenance à l'Occident, à la partie démocratique du monde. C'est difficile à expliquer même pour les gens ordinaires dans la rue, mais c'est l'impression que partagent de nombreux Lettons — et pas seulement les Lettons — qui vivent en Lettonie. Lors de la guerre en Géorgie, peu de politiciens se sont mobilisés en Occident. Mais quand la Russie a annexé la Crimée et que la guerre a éclaté dans l'Est de l'Ukraine, de nombreux Lettons ont posé la question suivante: « Qu'arrivera-t-il si la Russie fait la même chose à la Lettonie? » La vieille génération se disait, « Regardez l'Ukraine, surtout l'Est de l'Ukraine; elle partage une frontière avec la Russie, mais nous aussi ». J'ai assisté à des assemblées publiques où des gens se levaient pour prendre la parole et me dire: « Monsieur Latkovskis, vous affirmez que tout va bien, mais regardez les faits. Nous avons une frontière commune. L'Ukraine compte une population assez importante de russophones; nous aussi dans l'Est. Ce sont deux points que nous avons en commun. »
Les gens avaient tort en comparant des pommes et des oranges. En Lettonie, depuis que nous avons recouvré notre indépendance, nous avons choisi de faire partie à nouveau de l'Occident démocratique. Nous n'avons pas choisi un entre-deux, en raison des intérêts russes en Ukraine, mais de nombreux politiciens qui étaient responsables de ce pays dans les années 1990 et 2000 ont choisi un entre-deux, une zone grise en matière de sécurité. Nous ne pouvons pas être en sécurité lorsque nous sommes dans une zone grise, alors la Lettonie est membre de l'OTAN.
Je vais vous dire comment j'explique habituellement la situation aux journalistes en Lettonie et à la population en général. Vous avez un système de sécurité, qui a été mis sur pied en 1949, et votre pays était l'un des fondateurs de cette organisation. S'il arrive quelque chose, qu'un pays attaque un allié de l'OTAN, et que les pays de l'OTAN ne prennent pas de décision et ne défendent pas cet allié, tout le système de sécurité s'effondre. Que faites-vous? Que décidez-vous? Si la Russie attaque la Lettonie, ce n'est pas si important. Si elle attaque la Norvège, c'est peut-être important. Si elle attaque la France, c'est très important. Ce n'est pas ainsi que les choses fonctionnent. On ne fait pas de calculs. Si vous ne venez pas défendre le pays et n'intervenez pas, tout le système de sécurité s'effondre. Vous faites confiance au système car vous croyez à son efficacité. C'est ainsi qu'il fonctionne.
Cette explication a été reprise par de nombreux autres politiciens de presque tous les partis, et elle a satisfait le grand public. Les gens ont compris.
Le geste le plus important a été posé par deux pays, en fait. Lorsque la Russie a commencé ses opérations en Ukraine, deux pays ont immédiatement pris une décision et ont déployé leurs chasseurs dans les pays baltes pour mener des missions de patrouille des airs. Ces deux pays étaient les États-Unis et le Canada.
Tout le monde sait que les États-Unis sont intervenus. Les gens et les journalistes se rappellent rarement que le Canada a également envoyé ses CF-18 dans les pays baltes dans le cadre de missions de patrouille des airs. C'est quelque chose que vous devriez savoir et dont vous devriez être fiers. C'était important à l'époque. Ce n'était pas aussi important pour la Russie, pour tenter de dissuader les Russes de poursuivre leurs opérations. C'était important pour les Lettons car ils constataient qu'ils avaient des alliés en temps de crise. Merci beaucoup.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur l'ambassadeur, monsieur le président et colonels, c'est un plaisir de vous recevoir au Comité.
Je veux adresser mes questions à M. Latkovskis.
Tout d'abord, je veux remercier la Lettonie d'avoir adopté la loi de Magnitsky. Nous en avons discuté brièvement hier soir, des 63 votes et des 37 abstentions, je pense. Cette initiative montre très bien que la Lettonie, le Canada, les États-Unis et d'autres pays européens font front commun pour demander des comptes aux fonctionnaires étrangers corrompus et aux auteurs de graves violations des droits de la personne. Je sais que la Russie se défend plus fort que n'importe quel autre pays, mais la loi s'applique à l'échelle mondiale; elle ne cible pas seulement les ploutocrates au Kremlin. Je tiens à vous remercier.
Je veux également remercier la Lettonie d'être un pays hôte aussi remarquable pour nos troupes. Tous les membres qui font partie des Forces armées canadiennes à qui j'ai parlé qui ont été stationnés en Lettonie dans le cadre d'une présence avancée renforcée ont beaucoup aimé l'expérience là-bas et la collaboration avec les forces armées très professionnelles de la Lettonie et de tous les autres États qui participent à la présence avancée renforcée pour l'OTAN. C'est une excellente expérience d'apprentissage pour l'interopérabilité et pour les leçons tirées que les pays peuvent échanger.
Comme vous le savez — nous en avons parlé dans le passé lorsque nous étions à Riga —, nous avons discuté des fausses nouvelles en provenance de la Russie et de ceux qui essaient de calmer la Russie dans le contexte européen. Nous avons même ces fausses nouvelles ici au Canada. Nous avons eu des journalistes... Il y a en a un qui me vient à l'esprit. Il écrit pour le Chronicle Herald à Halifax et a récemment déclaré que la présence de nos troupes en Lettonie est un gaspillage d'argent et de ressources militaires. Il dit que c'est « pour contrer une menace non existante du bonhomme Sept-Heures russe ».
Même si nous avons des détracteurs ici au Canada, en tant qu'ancien journaliste, comment expliquez-vous aux médias et à ceux qui veulent calmer la Russie à quel point il est important d'avoir une présence dans les pays baltes?
:
Tout d'abord, je ne connais pas ce journaliste personnellement, mais les journalistes comme celui-là dans notre pays sont très souvent qualifiés d'« idiots utiles ». C'est la meilleure expression pour les qualifier, et il y a des cas plus graves où la Russie achète des gens comme eux. Ils écrivent ce pour quoi ils ont été payés. Je ne parle pas de cet article précis ou de cet auteur précis. Je ne connais pas la personne.
En Lettonie, nous connaissons très bien ces situations. Même si nous les connaissons très bien et depuis longtemps, cela ne signifie pas forcément que ces fausses nouvelles ou informations ne se rendent pas aux oreilles de nos habitants de temps à autre. Les principales cibles pour ce type de nouvelles ou de renseignements ne sont pas les politiciens, si bien que cet article n'a probablement pas été rédigé pour vous. Il était destiné à vos électeurs pour qu'ils puissent vous écrire une lettre ou un courriel et vous dire: « Qu'est-ce qui se passe, nom de Dieu? Pourquoi dépensez-vous de l'argent là-bas? Ce n'est pas important pour nous. »
Vous avez posé la question sur l'adhésion de la Lettonie à l'OTAN en 2004. Nous sommes devenus membres de l'OTAN, et nous avons participé à des missions en Afghanistan, et je faisais déjà de la politique à l'époque et les gens me demandaient ceci: « Pourquoi l'Afghanistan? C'est si loin. » Même si la situation est chaotique là-bas comme en Ouzbékistan, au Kazakhstan, en Russie et à des milliers de kilomètres... pourquoi nous soucions-nous des gens ordinaires?
Premièrement, nous nous soucions d'eux car nous faisons partie de l'alliance militaire. Si nos amis et nos partenaires font leur part et ont pris la décision ensemble, et pas isolément, nous ferons front commun avec eux. Et comme nous le savons, si jamais le jour vient, ils viendront nous aider. C'est ainsi que nous percevons le monde à l'heure actuelle. C'est pourquoi nous participons à six missions, même si lorsque vous regardez notre armée, elle ne compte que 14 000... Nous avons 6 000 professionnels et 8 000 gardes nationaux, qui sont des bénévoles. Ce n'est pas comme si nos ressources sont illimitées, mais nous faisons de notre mieux. Lorsque les mesures sont déjà en place, cela nous aide à obtenir de la formation et de l'expertise, de connaître d'autres officiers et soldats d'autres armées, d'apprendre à travailler avec eux, etc. Par ailleurs, nous faisons également partie de cette merveilleuse alliance militaire, et nous sommes responsables de faire en sorte que le monde soit un lieu sûr. C'est notre responsabilité même si nous sommes un petit pays. Vous avez signé l'entente. Vous ne vous contentez pas d'espérer qu'on vous aidera. Vous signez une entente, vous savez qu'on vous aidera à l'avancement de cette cause. Je pense que c'est ainsi que la démocratie fonctionne. Vous voulez faire partie de ce monde, et vous espérez que tous les pays deviennent démocratiques à un moment donné, et vous aidez à assurer la sécurité dans le monde, peu importe l'endroit. Nous faisons cela.
:
Parlons de l'état de préparation militaire de la Russie. Le pays a tenu le plus important exercice militaire de son histoire l'an dernier. Il avait pour nom
Zapad 2017, qui signifie « Ouest 2017 ». L'exercice s'est déroulé de la mer Noire à la frontière de la Norvège, et touchait aussi l'Ukraine. C'était intéressant à observer, car cela permettait d'évaluer les forces qui pourraient être déployées en cas de conflit. Il était intéressant de constater que l'exercice s'étendait sur des milliers de kilomètres et qu'il visait à isoler les pays baltes ou l'OTAN, mais aussi à empêcher toute aide potentielle de la Norvège. C'est un aspect dont nous devons tenir compte.
J'en arrive ici à la réponse à votre question — et à la vôtre aussi —, parce que PESCO, une sorte d'entité militaire de l'UE... Nous sommes très favorables à ce qu'on appelle un « Schengen militaire », car la plupart des pays de l'OTAN sont situés en Europe et que le déplacement de troupes et d'équipement prend beaucoup de temps.
À cela s'ajoutent les questions de souveraineté. C'est plutôt étrange, car peu de lois ont changé depuis la fin de la guerre froide. Pendant la guerre froide, aucun politicien ne se demandait comment les Américains stationnés au nord de l'Italie se rendraient à la frontière orientale de l'Allemagne, par exemple, pour intervenir en cas d'attaque de la Russie. Personne ne se posait la question; ils y seraient allés, tout simplement. De nos jours, on pose trop de questions: « Comment traverseront-ils la frontière? Leurs armes seront-elles chargées? »
Examiner cet enjeu sous cet angle soulève des problèmes; l'UE l'a d'ailleurs reconnu. Essentiellement, l'UE n'est pas une organisation militaire. La Lettonie s'est jointe à l'UE, ce qui nous donne évidemment un sentiment de sécurité, parce que le pays fait partie d'un important bloc économique, d'une union culturelle, etc. Ce sont des aspects très importants. Les politiciens ne sont pas les seuls à le souligner. C'est aussi le cas des militaires, qui tiennent compte de questions logistiques et de divers exercices qui ont eu lieu en Lettonie ces trois dernières années, en plus du stationnement de troupes — pas nécessairement les vôtres —, notamment les troupes espagnoles et italiennes qui participent à la mission que vous dirigez en tant que pays-cadre. Ils doivent examiner les questions logistiques, comme le déplacement d'équipement et de troupes, les efforts nécessaires et les procédures requises par divers pays. Cela prend du temps, et c'est stupide.
L'UE doit faire quelque chose à ce sujet. Voilà pourquoi c'est important. Au début, nous étions très sceptiques, parce que nous avons une grande confiance en l'OTAN, croyez-moi, mais certains problèmes peuvent être réglés par l'UE.
C'est aussi une question de recherche et développement dans ce domaine. Vous savez, les petits pays, comparés au vôtre... Tous les pays de grande taille, donc ceux qui n'ont pas la taille de la Lettonie, ont leurs propres activités militaires pour l'utilisation d'hélicoptères, etc. Cela mobilise une grande part de leurs ressources. Il convient de faire quelque chose par rapport à ces diverses normes, malgré l'existence de normes communes au sein de l'OTAN.
J'ai entendu toutes sortes de choses de divers politiciens. Un jour, je participais à une importante conférence en France, dans une ville située près de la Manche. C'était peu après la tenue d'élections, et le nouveau président du comité de la défense venait d'être élu. Dans une discussion avec nous, il a indiqué qu'il n'avait rien à faire des absurdités sur la normalisation et tout le reste. Il a dit qu'il était originaire de cette ville et que tout ce dont la France avait besoin devrait être produit en France. Je me suis dit que la discussion n'irait pas très loin.
Voilà le genre d'enjeux sur lesquels l'UE doit se pencher. Je ne sais pas dans quelle mesure elle peut réussir, surtout lorsqu'on pense que la production pour le secteur militaire est synonyme d'emploi, de salaires versés, d'avantages sociaux, etc. Vous savez que c'est important. Vous devez trouver une façon quelconque d'harmoniser certains aspects.
J'aurais adoré avoir l'occasion d'accompagner le comité de la défense en Lettonie, mais nous avons des contraintes financières, de sorte que ce ne sont pas tous les membres qui ont pu y aller. Cela ne veut pas dire que nous n'aurions pas aimé cela. Ce voyage nous a permis d'obtenir d'excellentes informations. Même si certains d'entre nous n'y ont pas participé, ce formidable voyage nous a été très utile. Merci beaucoup.
La raison d'être de notre étude est en quelque sorte liée aux propos de mon collègue James. Je pense que nous sommes rendus, pas seulement au Canada, mais aussi ailleurs, à un point où les questions sont essentiellement les suivantes: avons-nous besoin de l'OTAN? Convient-il de laisser l'OTAN aux Européens? Quelle est l'importance de l'OTAN pour le Canada? En quoi le Canada est-il important pour l'OTAN? Voilà pourquoi nous avons entrepris cette étude et convoqué des témoins.
La Russie est-elle une réelle menace? Je pense que c'est une question légitime. À mon avis, les gens ne pensent pas nécessairement à la possibilité d'une invasion, car nous avons évidemment la présence avancée renforcée, qui a un effet dissuasif.
Vous tiendrez bientôt des élections. On observe une prévalence accrue de cybermenaces, de désinformation et de diverses choses du genre. Notre démocratie est évidemment fondée sur notre capacité d'accéder à ces informations et de tenir des débats démocratiques avec nos citoyens.
Dans quelle mesure ces formes d'ingérence vous préoccupent-elles? Quel appui recevez-vous? Vous avez brièvement parlé du centre d'excellence en cyberdéfense de l'OTAN. À votre avis, cette ingérence est-elle une menace? Si oui, dans quelle mesure?
:
On trouve des exemples dans divers pays qui ont tenu des élections. Il y a quelques années, certains considéraient qu'il était tout à fait impensable que la Russie puisse un jour s'ingérer dans le processus électoral américain. Maintenant, c'est un fait reconnu. C'est aussi arrivé en Europe, pour des élections de moindre importance, mais cela s'est tout de même produit. La Russie laisse sa marque partout.
Ce n'est pas de la peur. Nous connaissons très bien la Russie, car nous vivons juste à côté, et les Russes cohabitent avec nous. Ils ont leurs bulletins de nouvelles et leurs émissions de télévision, ils travaillent parmi nous, et c'est en Lettonie qu'on observe le plus haut taux de mariages mixtes entre ressortissants russes et européens. Nous les connaissons très bien. Nous constatons les changements, nous suivons l'actualité et ce qui se passe ailleurs. Le fait de bien les connaître ne signifie pas nécessairement que nous pourrions être prêts à tout. Nous avons beaucoup investi dans nos capacités de détection des cyberattaques afin de les contrer.
Il y a deux ans, la Lettonie assurait la présidence de l'Union européenne, un rôle que nous avons pris très au sérieux. Nous avons vu les cyberattaques qui se sont produites en Lituanie et, auparavant, en Estonie. Notre comité a été très actif à cet égard. Nous avons eu des rencontres régulières avec nos unités de cyberdéfense et nous nous sommes préparés pour ce genre de situation.
La Russie nous met à l'épreuve de temps à autre. Récemment, nous avons eu des problèmes avec un système informatique du réseau de la santé. Vous allez chez le médecin, il vous prescrit un médicament, et tous les renseignements sont transmis à la pharmacie. Le système a été hors ligne pendant des heures, aux heures de grande affluence des personnes âgées dans les hôpitaux.
:
Je comprends maintenant.
Il y a, depuis toujours, un parti prorusse dans notre assemblée législative. Les années passent, la population évolue, les personnes âgées vieillissent et les jeunes obtiennent le droit de vote. Ce parti essaye aussi de changer. C'est très difficile, car comme dans tout pays démocratique, les personnes plus âgées ont une obligation et participent aux élections. Disons simplement que les jeunes ne sont pas aussi impliqués.
Le parti cherche aussi à s'adapter au changement de mentalité. Il a rejoint les rangs d'un réseau européen de partis sociaux-démocrates et il essayera d'avoir deux votes en même temps. C'est très difficile, car comme je l'ai indiqué, ceux qui ont l'habitude de voter pour ce parti sont principalement des gens de la génération plus âgée, une génération qui a grandi et fait la guerre à l'époque soviétique et qui écoutait les nouvelles de Moscou. Ces gens ont un rôle à jouer.
De toute évidence, ce n'est pas une bonne chose pour la Lettonie, mais comme je l'ai déjà indiqué, cela n'a rien de nouveau pour les Lettons. Tout le monde connaît le parti, les électeurs qui l'appuient et les problèmes connexes. Tout cela est connu depuis les années 1990. Cela a commencé en 1993, et cela se produit constamment. Ce n'est rien de nouveau. On ne s'attend pas à ce que les choses se déroulent comme aux États-Unis, où les choses sont découvertes après coup. Lorsque des choses de ce genre apparaissent sur les réseaux sociaux, les gens les signalent immédiatement. Il n'est pas nécessaire de faire appel à des unités spéciales ou à des centres d'excellence.
Je souligne au passage que l'Union européenne consacre des fonds à la lutte contre les fausses nouvelles et qu'elle a créé une unité spéciale à cette fin, EU Mythbusters, qui fonctionne très bien et que vous pouvez suivre sur Twitter et Facebook. L'unité suit les fausses nouvelles sur de longues périodes, sur une base hebdomadaire ou mensuelle, puis compare la fausse nouvelle et la réalité. On montre une photo contrefaite à l'aide de Photoshop, puis on montre l'original. C'est très populaire et cela fonctionne bien.
:
Merci beaucoup d'être avec nous.
Je voulais poursuivre sur le thème du volet politique de l'Alliance. Le Comité consacrera ses deux ou trois prochaines séances à la politique étrangère et à la défense, et je voulais revenir sur une question qui vous a été posée par mon collègue, M. Bezan, mais dans une perspective plus large, pour discuter avec vous des ensembles de valeurs politiques complémentaires qui ont contribué à l'édification de l'Union européenne et de l'OTAN.
Je crois savoir, si j'ai bien vérifié les faits, que vous avez été élu au Parlement pour la première fois tout juste deux ans avant l'adhésion de la Lettonie à l'Union européenne. Pourriez-vous nous faire part de vos observations sur l'importance de la cohérence des politiques de l'Union européenne à l'égard de la Russie et du monde, en ajoutant à cela vos commentaires sur l'importance du volet politique de l'OTAN, sur son importance sur le plan politique et non seulement en tant qu'alliance militaire? Le Canada n'est pas membre de l'Union européenne, mais il est membre de l'OTAN. Je crois que pour nous, la question d'ordre politique, y compris l'effet dissuasif d'une vision commune des notions de démocratie, de justice et de libertés individuelles pour contrer la Russie et d'autres ennemis potentiels... Il serait très important d'entendre vos commentaires à ce sujet.
:
À quel type de corruption faites-vous référence? La corruption politique?
Très souvent, il n'y a aucune preuve. Très souvent, le programme de la Russie est comme celui des États-Unis: il correspond au programme d'un parti politique ou d'un candidat. Ce n'est pas nécessairement de l'argent. Ce sont souvent les intérêts qui sont communs. La Russie le sait et l'utilise ou en abuse pour son propre profit.
Je crois aussi que très souvent — et c'était le cas pendant la guerre froide —, certaines personnes peuvent être achetées. Il y a certainement des politiciens qui peuvent être achetés. De nombreuses personnes ont des problèmes, surtout les personnes ambitieuses comme nous.
Il existe de nombreuses façons et la Russie les utilise toutes, comme le faisait l'Union soviétique. Le président de la Russie, Poutine, a étudié à l'école du KGB. Les gens autour de lui qui occupent de hautes fonctions sont ses anciens collègues. La façon dont se comporte la Russie, ses tactiques et sa stratégie, sont très semblables à ce qui se faisait dans le passé.
Récemment, j'ai lu un article au sujet d'une personne qui avait réussi à mettre la main sur un manuel du KGB où l'on explique comment travailler avec les étrangers. Je crois qu'il est encore utilisé de nos jours. On parle de prostituées, d'argent, d'alcool... Tout ce que je peux dire aux politiciens, c'est de faire très attention.
Je suis allé à Moscou, avant l'invasion de l'Ukraine. À l'hôtel, on vous appelle le soir et on vous offre toutes sortes de choses. Il n'en revient qu'à vous de choisir. Les Russes utilisent tout ce qu'ils peuvent pour atteindre leurs objectifs, quels qu'ils soient... la position du Canada sur un sujet, par exemple, peu importe. Je ne parle pas seulement de vous, mais ce sont les tactiques utilisées.
Les choses n'ont pas beaucoup changé. Ils en savent peut-être plus maintenant. Ils sont meilleurs avec les technologies. Ils ont compris très rapidement que l'Internet était un bon moyen d'obtenir ce qu'ils voulaient, alors ils l'utilisent.
C'est difficile. Si la séance n'était pas publique, je pourrais vous en dire un peu plus. Je suis membre du Conseil de sécurité national. Chaque mois, nos services de sécurité nous font un compte rendu et ils perçoivent souvent des choses, qu'ils transmettent aux services de sécurité de votre pays ou d'autres pays de l'OTAN. C'est intéressant de voir la façon dont fonctionnent les services de sécurité russes. On se croirait presque au temps du régime soviétique. Ils travaillent de 9 heures à 17 heures. Cela n'a pas d'importance. On remarque souvent que ce sont des Russes parce qu'ils finissent de travailler vers 17 heures là-bas. En Europe, ce serait 15 ou 16 heures et dans votre région du monde, ce serait différent. C'est parfois très facile de les détecter en raison de cela.
:
Si ce sujet vous intéresse, je vous recommande de consulter le site Web du Centre d’excellence pour la communication stratégique de l’OTAN à Riga. Il a réalisé des recherches exhaustives et utilisé des algorithmes. Il a cherché des nouvelles ou des publications sur les réseaux sociaux comme Twitter et Facebook au sujet de la mission de l'OTAN en vue d'une présence avancée en Lettonie. Les résultats étaient surprenants. En effet, 80 % de toutes les publications ou les gazouillis en russe au sujet de la présence de l'OTAN en Lettonie, en Estonie ou en Pologne provenaient de la Russie et étaient rédigés par des robots ou des humains. Vous avez probablement lu au sujet des grandes maisons de Saint-Pétersbourg qui embauchent des gens pour rédiger des articles. C'était 80 % en anglais et en russe. Il n'y avait rien en letton parce que les Russes connaissent mal la langue et que leur centre d'excellence ne rédige et ne génère pas d'algorithme dans cette langue. C'est difficile. Notre grammaire est complexe alors c'est difficile pour eux, mais le russe et l'anglais, c'est jusqu'à 80 %.
Ils ont fait de leur mieux, mais n'ont pas réussi. Peut-être pour certains segments de la population de la Lettonie qui parle le russe, mais pas de manière importante. En anglais, je ne le sais pas. Peut-être que l'auteur de ces articles suit certains de ces robots et lit les fausses nouvelles là-bas, mais ils n'ont pas réussi. Ils ont essayé; il y a eu un cas.
Lorsque les Allemands étaient en poste en Lituanie — un pays-cadre, comme vous en Lettonie — ils ont publié une fausse nouvelle qui disait que les Allemands avaient violé une jeune fille. Il aura fallu une demi-journée à la Lituanie pour démentir la nouvelle. On a vu des dirigeants à la télévision et tous les sites de nouvelles officiels présentaient les faits; ils disaient que c'était faux et divulguaient la source de la nouvelle. Les Russes n'ont pas réussi, mais ils ont essayé. C'est leur manière de procéder. Ils font des tests et ils examinent ce qui se passe. Si une méthode ne fonctionne pas, ils ne l'utiliseront pas, mais si elle fonctionne, ils vont l'utiliser. Ils sont bons.
Nombre de nos pays ont développé une cyberdéfense. Ils ont développé des cyberattaques. Ils sont excellents pour cela. Ce sont probablement les meilleurs. Je ne sais pas si les Américains le font, mais les Russes oui et ils sont très bons. C'est plus difficile de se défendre contre cela.
:
Non, nous ne voudrions demander à personne d'attaquer la Russie par quelque moyen que ce soit. Ce n'est pas notre objectif.
Nous ambitionnons plutôt d'être une démocratie prospère, à l'écart des ennuis. Inutile, donc, d'occuper un voisin ou de s'approprier une partie de son territoire, absolument. Nous avons goûté à cette médecine, d'où notre foi dans le monde occidental moderne et démocratique. Mais, comme nous sommes une démocratie, nous évitons d'agir comme les régimes autoritaires.
Je crois que la Corée du Nord peut mener des cyberattaques, malgré la très grande rareté de téléphones mobiles ou d'appareils de ce genre, même si presque tout y est interdit. Elle le peut, mais comment a-t-elle acquis cette capacité?
Je ne demanderais pas, et je ne crois pas que la Lettonie le demande non plus, à quelqu'un d'attaquer un tiers pour notre compte. Non. Nous n'avons pas l'intention d'attaquer personne et nous ne l'aurons jamais. Absolument jamais. Pas même préventivement. Nous ne sommes pas Israël.
:
Je dois le dire, elle est très positive.
Même avant que le Canada ne devienne un « pays-cadre »... Vous savez, nous partageons tous la même passion pour le hockey sur glace. Notre petit pays brille. Pendant nombre d'années, il est néanmoins resté dans le niveau supérieur de la ligue. Beaucoup de rivaux plus gros que nous, comme l'Italie, en sont évincés. Ils arrivent, ils partent, mais nous, nous restons. Beaucoup de Lettons inscrivent leurs enfants, garçons et filles, dans des ligues de hockey.
C'est ainsi que, parfois, on a l'impression d'être des âmes soeurs. En Lettonie, on ne badine pas avec le hockey. Dans notre esprit du moins, nous considérons que vous en êtes fous. J'ignore ce qu'il en est vraiment, mais j'ai aperçu une patinoire devant votre parlement.
Des voix: Oh, oh!
L'hon. Ainars Latkovskis: Ici, nous n'en avons pas.
:
Oui. Je ne vis pas dans les nuages. J'ai l'occasion de parler à l'homme de la rue.
Je ne joue pas au hockey, mais au foot, trois fois par semaine, avec des gens de différentes professions: ouvriers de la construction, enseignants, propriétaires de grandes entreprises. C'est toujours de politique mais aussi de sécurité qu'ils me parlent.
Je ne fanfaronne pas. C'est apprécié, très apprécié.
Au début, certains ont été étonnés. Pourquoi le Canada? Lui dont on n'entendait plus parler, depuis bien des années. Quelques autres aussi, on ne les voyait plus en Europe.
Maintenant, depuis votre retour, vos soldats n'ont été mêlés à aucun incident. Ils sont très actifs à nos manifestations sportives et ainsi de suite. Nous en organisons et vous y participez, vous venez montrer votre équipement, converser avec les spectateurs, comme je l'ai dit. Beaucoup de Lettons sont polyglottes. Ils peuvent vous parler.
:
Comme vous le savez, le prétendu accord de Budapest, par lequel les Américains, les Britanniques et les Russes ont convenu que l'Ukraine devait se débarrasser de ses armes nucléaires après l'effondrement de l'Union soviétique a aggravé la situation. Comme il promettait le maintien de l'unité territoriale de l'Ukraine, il n'a donc pas eu les résultats escomptés. C'est bien dommage pour cette clause, mais je pense qu'il vaut la peine qu'on se batte pour son respect.
Les décisions que l'Union européenne a prises après l'annexion de la Crimée par la Russie étaient bonnes. Sinon, l'histoire se serait fidèlement répétée, encore une fois. Ç'aurait été comme un retour avant la Seconde Guerre mondiale, ce que les dirigeants de l'Union européenne ne pouvaient pas se permettre; ç'aurait été désastreux.
Pour revenir à certaines des questions, sur les motifs de votre ou de notre intervention, je promets, du fond de mon coeur, que si quelque chose arrive dans l'Arctique, dans les territoires que vous affirmez de bon droit vous appartenir, croyez-moi, nous y serons. Notre peuple tient actuellement un exercice. Il s'exerce à sauter dans l'eau froide à travers la glace et à survivre — pas particulièrement pour cette éventualité, mais c'est ce qu'il faut faire quand on s'exerce. Nous y faisons participer vos soldats aussi, mais je suppose que vous le faites aussi au Canada.
Mais qui le ferait?
:
J'ai déjà essayé d'expliquer. En Lituanie, ils se sont efforcés de produire des nouvelles truquées sur le viol d'une jeune fille. Un pétard mouillé. Ils les ont publiées sur Facebook et dans des messages sur Twitter, en russe et en anglais, qui ciblaient l'OTAN, en insistant davantage, en général, sur l'inutilité de l'organisation, qui n'avait pas à être... Ils répétaient que la Russie est un beau pays. Mais ça na rien donné. Aucune influence sociale.
Je pense qu'il faut regarder froidement les choses. Ils n'essaient pas de cibler vos soldats là-bas. Ils essaient d'influencer la population locale et de la monter contre les soldats, mais ils n'ont pas réussi.
Je vous ai dit hier, mais peut-être que je vous le dirai encore. Votre équipe de hockey, en route vers les Jeux olympiques, a joué sa dernière partie amicale, un exercice, en Lettonie. L'entraîneur de l'équipe nationale de la Lettonie est Canadien. Je joue au foot. Je ne connais pas son nom...
Une voix: Hartley.
L'hon. Ainars Latkovskis: Hartley. Avant la partie, la cérémonie inaugurale a réuni vos soldats et les nôtres. La plus grande patinoire intérieure de Lettonie était pleine de spectateurs en liesse, tous heureux. Les drapeaux canadiens et lettons étaient déployés. Ç'a été la partie la plus regardée, l'année dernière.
Le hic, c'est que toutes ces opérations foirent, il faut le souligner, parce que, comme je l'ai dit, nous les connaissons très bien. Ça ne signifie pas nécessairement que, peut-être, ils réussiront quelque part. Mais ils essaient, comme en Lituanie. Ils ont peut-être essayé en Lettonie, mais les Allemands y sont arrivés les premiers, avant les Canadiens. Ils s'y sont essayés. Ils ont bien vu que ça échouait, qu'ils devaient cesser de perdre leur temps. Ils ont assez de matière pour faire le tour du monde. Ils sont occupés.