:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vais limiter mes remarques à trois idées, afin de vous laisser du temps pour nous poser des questions.
[Traduction]
Il y a trois aspects des questions pour lesquelles nous sommes réunis ici qui me paraissent importants. Le premier est l'aspect mondial, l'autre est l'aspect continental et le troisième est l'aspect canadien.
La situation mondiale et internationale a subi tellement de changements et a vu apparaître tellement de nouveaux concurrents que la position traditionnelle du Canada n'est pas aussi assurée qu'elle l'était. Cela ne met aucunement en cause les acteurs de la chaîne de valeur; cela vient tout simplement du fait que les problèmes de sécurité internationale nous obligent à faire face à un risque qui menace notre position concurrentielle et que cela est nouveau.
Il y a une deuxième raison d'examiner ces questions, c'est la situation continentale et le rôle unique que joue l'éthanol dans les biocarburants, comme un membre du comité l'a mentionné, il y a un instant, tout simplement à cause de la situation de la sécurité. Ce sont les problèmes de sécurité internationale qui donnent à l'éthanol une importance extraordinaire qu'il n'aurait peut-être pas autrement.
La troisième raison d'examiner ces questions est que les valeurs, les attentes de la population en matière de responsabilité, de transparence, d'efficacité, et de façons de faire les choses changent à chaque génération. Les attentes de la population à l'égard de la plupart de ces questions, mais en particulier, à l'égard des questions d'éthique, s'accroissent considérablement à chaque génération et c'est une autre bonne raison d'examiner les questions que nous avons soulevées.
Nous avons présenté une centaine de recommandations. Plutôt que de les passer en revue, j'ai pensé — et Tom est d'accord avec moi — que nous pourrions tout simplement commencer les questions.
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C'est une bonne question. Je vais commencer par y répondre et demanderai ensuite à Tom de poursuivre.
Bien évidemment, nous avons rencontré beaucoup plus d'agriculteurs que de cadres des sociétés céréalières. Si le critère était de savoir qui nous aimaient au départ, alors je devrais vous dire que les agriculteurs nous ont adorés, ce qui n'était pas le cas des sociétés céréalières. Ce n'est pas sur ce critère que nous avons basé nos recommandations, et nous ne sommes pas particulièrement intéressés au conflit qui opposait les sociétés céréalières et les agriculteurs. Nous nous sommes davantage intéressés aux questions de responsabilité et de transparence.
Nous vivons à une époque moderne et démocratique et il est extrêmement important que la population ait le sentiment qu'il est facile de savoir qui prend une décision donnée et en fonction de quels critères elle est prise. Je mentionnerai, à titre d'exemple, la modification proposée de l'expression « au profit des agriculteurs qui se trouve dans la loi ». La loi, dont Tom pourrait vous parler bien mieux que moi, contient des généralités à ce sujet.
Dès qu'une chose appartient un peu à tout le monde, on court le risque que rien ne se fasse. Pourquoi notre air est-il pollué? Parce qu'il n'appartient à personne. Pourquoi est-ce qu'on écrit sur les tables mises à la disposition du public? Parce qu'elles n'appartiennent à personne. Essayez donc d'écrire sur le bureau de votre mère, et vous allez avoir de ses nouvelles.
Nous avons réfléchi à ce qui est viable, à ce qui peut fonctionner, et aux façons de protéger les agriculteurs. Nous pensons que les producteurs seront beaucoup mieux protégés si les mécanismes de protection sont très précis.
Tom, voulez-vous intervenir?
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Merci, monsieur le président.
Messieurs, merci d'être venus ici. Je vais vous poser d'autres questions et vous laisserai ensuite y répondre.
Vous déclarez dans votre rapport que le secteur des grains est à une croisée de chemins. Bien sûr, un des aspects mentionnés est celui des biocarburants, dont j'avais parlé un peu plus tôt et qui constituent, à mon avis, une partie importante de ce processus. Les céréales destinées aux aliments pour animaux et celles qui fournissent l'éthanol, exigent une céréale faible en protéines, ce genre de choses, ce qui est à l'opposé de ce que nous utilisons pour la consommation humaine… Essentiellement, il va y avoir une période de transition pour que le gouvernement influence le marché et ce genre de choses. J'aimerais savoir combien va durer, à votre avis, cette période de transition?
Pour ce qui est de la recherche entreprise par le Laboratoire de recherches sur les grains, le gouvernement va probablement devoir la financer. J'aimerais savoir combien cela va, d'après vous, coûter au gouvernement. En fait, c'est un coût qui est associé à la modernisation de la Commission canadienne des grains.
Autre aspect, l'excellente qualité de nos céréales est reconnue par tous les pays. Pouvons-nous veiller à ce qu'une réforme de l'agence qui est responsable de cette qualité ne suscite pas d'inquiétudes chez nos partenaires commerciaux à l'étranger? Nous ne voudrions pas perdre la place qui est la nôtre sur le plan international.
Y a-t-il d'autres pays qui importent et exportent des céréales et qui ont mis sur pied des agences comparables à la Commission canadienne des grains? Pourriez-vous nous donner quelques exemples?
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Je vais être vraiment très bref et demanderai ensuite à Tom de répondre à vos questions.
Permettez-moi de dire pour résumer que, pour ce qui est des biocarburants, de l'éthanol et de la situation mondiale, nous sommes à une époque de grands changements. L'histoire des prévisions économiques montre qu'il est difficile de faire des prévisions lorsque le monde connaît des bouleversements. C'est pourquoi nous n'avons pas recommandé de solutions. Nous ne disons pas que les biocarburants vont remplacer l'essence, que la production porcine est l'avenir de notre pays ou que tout le monde va conduire des voitures fonctionnant avec un carburant à base de 25 p. 100 d'éthanol. Nous disons simplement que ces changements sont en train de se produire et qu'il faut donc nous demander ce que nous pouvons faire pour renforcer la position concurrentielle du Canada.
Premièrement, il faut faire beaucoup de recherche. Il est stupide de ne pas faire beaucoup de recherche. Nous sommes à une époque axée sur le savoir et la recherche est sous-financée. D'autres pays, comme l'Australie, ont investi beaucoup plus que nous dans la recherche.
Deuxièmement, il est impossible de prévoir avec exactitude comme ces différents secteurs vont contribuer à l'économie ou à l'agriculture. Nous recommandons simplement de privilégier, dans toute la mesure du possible, la transparence et l'ouverture. Une bonne partie de notre rapport consiste à recommander diverses formes de consultation et de table ronde, pour réunir la commission et les intéressés. La difficulté tient du fait que nous ne savons même pas qui sont les intéressés, parce que, dans ce cas-ci, ils sont très nombreux. Nous avons donc eu beaucoup de mal à préciser la composition du conseil d'administration. En fin de compte, nous avons décidé de ne pas faire de recommandations à ce sujet, pour la raison qu'i y avait un si grand nombre d'intéressés.
Étant dans l'impossibilité de savoir exactement quels étaient les intéressés, dans l'impossibilité de prévoir quelle serait la demande d'éthanol ou de biocarburant ou de porcins ou des choses du genre, nous avons simplement dit dans notre rapport que les processus représentent un aspect très important, que la transparence et la responsabilisation…
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Si vous le permettez, je pourrais peut-être répondre directement à certaines de vos questions. Mais, premièrement, pour ce qui est des biocarburants, nous pourrions sans doute consacrer une après-midi entière à discuter des politiques à adopter, du rythme de leur utilisation et de la réaction du marché pour ce qui est de répondre aux engagements qu'a pris le Canada pour les quatre prochaines années en matière de normes applicables aux carburants renouvelables et aux carburants utilisés pour le transport.
Mais permettez-moi de revenir aux quatre questions que vous avez posées au départ. Vous avez parlé du passage à de nouvelles variétés d'aliments pour animaux, du temps que cela prendrait. Vous connaissez sans doute le projet de créer une nouvelle classe de blé à des fins générales, qui visent à préserver la distinction visuelle des grains pour les deux grandes catégories de blé — le blé roux de printemps de l'Ouest canadien et le blé dur ambré de l'Ouest canadien — tout en écartant l'exigence de la distinction visuelle pour les autres classes de blé lorsqu'il s'agit d'enregistrer de nouvelles variétés. Cela est en train de se faire. Je pense que la CCG pense pouvoir mettre en oeuvre ces mesures d'ici environ un an.
Il existe déjà des variétés qui pourraient être très rapidement enregistrées et qui ont des caractéristiques différentes, et bien sûr, de nouvelles variétés vont apparaître avec l'adoption de cette politique. C'est le délai à prévoir. Vous m'avez demandé combien il durerait. C'est une réponse approximative.
Vous avez demandé quel serait l'impact de notre recommandation sur le financement de la recherche par le gouvernement. En termes généraux, le budget de la recherche représente environ 10 millions de dollars, et c'est la Commission canadienne des grains qui la gère. Nous avons recommandé de le multiplier par quatre, et donc de le faire passer à 40 millions de dollars, sur une période de sept à 10 ans. Nous avons également recommandé que ces fonds ne soient pas tous accordés à la Commission des grains, et que l'on crée un fonds distinct qui serait chargé d'attribuer des subventions aux universités et aux autres groupes de recherche privés; il s'agit donc d'un effort conjoint, et les fonds ne seront pas uniquement versés à la Commission des grains.
Nous visons l'ensemble de la recherche, et cette recherche est principalement axée sur le contrôle de la qualité et de la quantité des grains. Le budget consacré à la recherche en agriculture et, plus précisément, sur les céréales est considérable; c'est donc de cette recherche dont nous parlons.
Pour ce qui est du troisième point, à savoir veiller à ce que la réforme de l'agence ne cause aucune inquiétude à nos clients et ne compromettent pas notre réputation, c'est un aspect que nous avons examiné de façon très approfondie. Par exemple, pour ce qui est de l'inspection des céréales destinées à l'exportation, nous avons recommandé que l'inspection des céréales transportées au Canada vers les terminaux d'exportation soient facultatives, à la demande des expéditeurs, mais nous avons recommandé que l'inspection et la pesée des céréales sortant du pays demeurent obligatoires. C'est exactement pour cette raison que nous l'avons demandée. Nous étions convaincus que nos clients s'attendaient à obtenir des garanties pour ce qui est de la qualité et de la quantité des céréales qui soient fournies par un organisme indépendant et impartial. Le Canada a une réputation qui lui donne un avantage compétitif et il est évident qu'il faut protéger et préserver cette réputation. C'était la raison fondamentale qui nous a poussées à recommander que l'inspection de sortie soit toujours obligatoire.
Enfin, très brièvement — je ne veux pas prendre trop de temps — au sujet de votre question portant sur les autres pays, oui, il y a d'autres pays qui ont des agences semblables à la Commission canadienne des grains. Bien sûr, le contexte de chaque pays est très différent, mais prenons, par exemple, le classement numérique, qui fait partie du système canadien. Les États-Unis, la France, l'Australie, l'Ukraine — vous pouvez continuer la liste — tous ces pays utilisent pour les céréales un classement numérique qui est prévu par des règlements et des normes gouvernementales.
Il existe un certain nombre d'agences. Je ne vais pas vous en parler de façon détaillée maintenant, mais nous pourrions approfondir cette question.
Au sujet de la dernière question, non, nous n'avons jamais dit que nous avions reçu des commentaires; ce sont des personnes que nous avons invitées à nous transmettre leurs commentaires. Il y a d'autres personnes dont nous avons reçu les commentaires, mais dont nous n'avons pas mentionné le nom, parce qu'elles avaient parlé en tant qu'individus et ne voulaient pas que leurs opinions soient associées à leurs organisations. Il y a peut-être un quart de ces personnes qui nous ont donné des commentaires suivis. Peut-être davantage.
Vous avez posé deux bonnes questions: dans quelle mesure cela reflète-t-il la population et quelles sont les faiblesses? Vous n'avez peut-être pas encore eu la possibilité de lire le rapport, mais vous constaterez qu'il est surtout axé sur les processus, parce que nous pensons pas qu'il soit possible de prédire avec précision dans quelle direction va évoluer notre économie. Pour ce qui est d'essayer de refléter la position des divers intéressés, nous nous sommes constamment plaints du fait que nous ne disposions pas d'information objective ni de sondages.
Une de nos nombreuses recommandations demande à Agriculture Canada de faire lui-même un sondage auprès des producteurs. Cela est très important. Les sociétés céréalières nous ont dit… Elles sont tellement compétitives que certains dirigeants nous ont même dit qu'ils contournaient presque les règles pour donner un bon prix aux producteurs. Il y a des agriculteurs qui nous ont dit qu'on n'avait rien fait depuis 85 ans et que ces sociétés étaient encore des voleurs de grand chemin.
Comment savoir ce qu'il en est? Nous ne sommes pas en mesure de le savoir. Il faut donc faire des enquêtes auprès des agriculteurs.
Une question clé, par exemple, est de savoir, comment, compte tenu de la diminution du nombre des silos et par conséquent, de l'allongement de la distance à couvrir pour s'y rendre, ces changements touchent la compétitivité des agriculteurs individuels. Nous ne disposons d'aucune donnée objective; tout ce que nous avons, ce sont des ouï-dire, des commentaires de personnes qui ont assisté à nos réunions ou nous ont envoyé des courriels? Il y a un manque d'information.
Nous avons abordé cet aspect dans un domaine, par exemple: la recommandation qui concerne les commissaires adjoints, qui sont nommés par le gouvernement. Leur rôle demeure vague, parce qu'ils sont parfois simplement nommés en raison de leurs relations politiques, ce sont parfois des défenseurs acharnés des producteurs, qui ne savent pas toujours très bien ce que la loi les autorise à faire ou à ne pas faire pour les producteurs.
Certains producteurs affirment qu'ils sont essentiels, mais nous ne disposons d'aucune information objective. Au cours de nos forums, des participants nous ont dit qu'ils n'en avaient jamais entendu parler. Il y en a même qui vivaient dans la même ville qu'un commissaire adjoint et qui n'avaient jamais entendu parler de lui. Il y a d'autres commissaires qui nous ont semblé très actifs, très énergiques et qui faisaient très bien leur travail. Nous avons donc indiqué que nous n'avions pas de données objectives à ce sujet mais qu'il fallait les supprimer.
Il est vraiment absurde d'avoir, dans une organisation bureaucratique, des personnes nommées pour des raisons politiques et qui se trouvent finalement en position d'insubordination et dont le mandat ou la mission n'est pas claire. Il y a quand même des producteurs qui soutiennent qu'ils sont nécessaires, c'est la raison pour laquelle nous avons recommandé la création, sur une base temporaire, d'un bureau de défense des droits des producteurs de grain, en attendant de savoir, grâce à des enquêtes successives, quelle devrait être la mission de cet organisme et quels sont les besoins réels des agriculteurs dans ce domaine. Les sociétés céréalières sont-elles des mères Térèsa déguisées en drag ou de véritables profiteuses? Là encore, nous n'avons aucune information objective sur ce point et nous en aurions besoin.
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Ce n'est pas moi qui vais critiquer cette proposition, à savoir accorder à la commission davantage de pouvoir en matière de contrôle des sociétés céréalières. Il serait nouveau et merveilleux qu'elle soit partiale et favorise les producteurs. Cela ne me gênerait absolument pas.
J'aimerais faire deux brèves remarques.
Le but général, et je dirais que la plupart de ceux qui sont assis autour de la tâche en conviendraient, est qu'il va être nécessaire d'introduire d'autres cultures, que ce soit pour l'éthanol ou le biodiesel. Mais il est extrêmement important de ne pas compromettre la qualité de nos céréales. Nous avons une réputation mondiale et il ne faudrait rien faire qui la ternisse.
Avez-vous des idées sur la façon dont nous pourrions concilier le souci de préserver la qualité des céréales et la nécessité d'envisager d'autres cultures? Nous allons convoquer d'autres témoins qui nous parlerons de cet aspect.
Sur la question du budget, la Commission canadienne des grains demande toujours au gouvernement un budget supplémentaire. Vous proposez de sous-traiter certaines activités. Pensez-vous qu'elle pourrait faire des économies grâce à la sous-traitance? Chaque fois que nous avons eu recours à la sous-traitance, nous avons perdu le contrôle de l'activité en question, et cela nous a finalement coûté plus cher.
Je ne pense pas que cela puisse réduire les dépenses, et il est absolument impensable que les propositions définitives que nous formulerons ici imposent des coûts supplémentaires aux producteurs. Nous devrions réduire leurs coûts, même si cela obligera les contribuables canadiens à en assumer une partie, parce qu'il s'agit là du contrôle de la qualité; il s'agit de profiter d'autres possibilités; il s'agit de ramener au Canada des dollars étrangers.
J'aimerais avoir vos commentaires au sujet du budget et de la sous-traitance.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à vous remercier tous les deux ainsi que votre entreprise d'avoir effectué cette étude. C'est une excellente chose que d'avoir cet ensemble de recommandations et de lancer un grand dialogue et un grand débat au sujet de l'avenir de la Commission des grains.
Il y a quelque chose qui me préoccupe, et dont vous avez parlé dans votre rapport, c'est la prise en compte de l'ensemble du système. Nous en avons déjà parlé, et Wayne a déjà mentionné qu'il fallait favoriser les agriculteurs et non pas les sociétés céréalières. À mon avis, cela dépend en partie de notre système de classement — le DVG, la façon dont s'effectue la recherche, les variétés qui ne peuvent pas être cultivées à cause des règlements de la CCG.
Lorsqu'on examine la situation, on constate que pour l'agriculteur, la seule façon de gagner un peu plus d'argent est de ne pas se contenter de cultiver des céréales et de les exporter mais de rajouter de la valeur — c'est l'éthanol, les biocarburants, les aliments pour animaux. J'aimerais beaucoup savoir si vous pensez qu'il est possible de progresser dans cette direction et d'introduire plus de souplesse dans le système. Vous avez mentionné qu'il y a des groupes qui s'y opposent et que cela suscite une certaine animosité. Est-il possible de régler ces problèmes en modifiant le mandat de la CCG et sa façon de fonctionner pour qu'elle soit en mesure de régler ce problème, d'introduire de nouvelles variétés, d'autoriser plus rapidement ces variétés — ce qui répondrait aux besoins de tous les secteurs de l'industrie de sorte que tous les intéressés, y compris les agriculteurs, y gagneraient.
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Dans le même sens, en particulier sur la question de la DVG, pour être très précis, je dirais que les principales questions touchant le classement concerne le blé et la DVG. Les autres commentaires et préoccupations qui ont été exprimés représentent vraiment très peu de choses comparé à ces deux questions. C'est de là que vient tout ce mécontentement ainsi que les pressions qui s'exercent, comme vous l'avez très bien saisi.
Cela dit, il est également généralement reconnu que nous ne pouvons pas compromettre la qualité des variétés existantes et qui résulte de la ségrégation très efficace que permet la DVG pour ces classes essentielles, à savoir le blé roux de printemps de l'Ouest canadien et le blé dur ambré de l'Ouest canadien. Pour pouvoir recommander cette nouvelle classe, la Commission des grains a procédé, je crois, à des consultations très approfondies, d'après ce qu'on nous a dit, et c'est ce qu'elle devra continuer à faire pour passer à l 'étape suivante en adoptant une approche axée sur l'industrie.
Il y a peut-être des changements technologiques qui nous aideraient à en arriver plus rapidement à un équilibre entre l'innovation, qui est en fait ce dont nous parlons, comment favoriser l'innovation tout en préservant et protégeant la réputation que nous avons actuellement pour les variétés existantes et le processus utilisé pour les enregistrer.
Pour ce qui est des tests génétiques, la mise au point de tests rapides et efficaces, les recherches sont en cours. Si l'on découvrait quelque chose et que l'on créait un test rapide et peu coûteux, la situation pourrait évoluer très rapidement.
Quant aux méthodes qui permettent de préserver l'identité variétale, les protocoles sont en place. En fait, le Canada est sans doute, à mon avis, le pays au monde qui réussit le mieux à concilier ces deux choses à l'heure actuelle. La Commission canadienne du blé vend chaque année plus d'un million de tonnes dans le cadre des programmes de préservation de l'identité ou particuliers à une variété. Le processus utilisé pour l'orge de premier choix garantit une pureté variétale qui atteint 95 à 99 p. 100.
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Merci, monsieur le président.
Mes questions s'adressent à M. Winn. Auparavant, je voudrais vous faire part de mon opinion.
Je viens d'un secteur où on a effectivement tenté d'avoir recours à la sous-traitance; je parle de Pêches et Océans. D'ailleurs, je pense que Wayne doit s'en souvenir. Je vais donc vous dire à quoi cela à mené.
La sous-traitance a mené inévitablement à une augmentation des coûts et à une déresponsabilisation gouvernementale. C'est clair et net: lorsque vous confiez à des sous-traitants une responsabilité et que vous leur donnez un contrat d'un an, vous commencez à avoir des problèmes. Or, le gouvernement répond que c'est un sous-traitant, qu'on a un contrat avec lui, mais que lorsque le contrat sera terminé, il essaiera de régler les problèmes avec un autre. Je sais que mon opinion n'apparaîtra pas dans votre rapport, parce que vous ne m'avez pas consulté. Mais cela a effectivement mené à une déresponsabilisation de la part du gouvernement.
Il y a des mots qui reviennent régulièrement dans votre discours. D'abord, vous avez parlé d'un rapport impartial. Je ne pense pas que vos opinions soient impartiales. J'ai de la difficulté à voir l'impartialité dans vos opinions.
Ensuite, vous nous avez dit que votre mandat était la concrétisation des opinions qui circulaient au sujet de la commission. Avez-vous entendu des opinions positives relativement à la commission, ou avez-vous entendu uniquement des opinions négatives? Si vous voulez concrétiser les opinions, il ne faut pas uniquement entendre des opinions négatives, mais celles qui sont positives également. En avez-vous entendu? Je n'ai rien entendu dans votre discours aujourd'hui qui me laisse croire que vous avez entendu une quelconque opinion positive sur la commission.
Ensuite, vous nous parlez d'un concept de transparence. Vous nous avez dit que personne n'était responsable. Je ne pense pas que ce soit impartial que de dire une chose semblable. Vous nous parlez constamment du concept de transparence. Selon moi, le concept de transparence est un mot fourre-tout. Je pourrais vous dire cela pour n'importe quoi. Quand je serai mal informé, je vais regarder mon voisin et lui dire que c'est parce qu'il n'est pas assez transparent ou bien parce qu'il ne m'en a pas assez dit. Alors, un concept de transparence ne veut rien dire.
Dites-moi ce que vous voulez dire, en rapport avec la commission, lorsque vous parlez du concept de non-transparence.
Colleen vous a exposé notre mandat, nos critères et la raison d'être de notre organisation. Ce mandat est essentiel et fondamental et c'est lui qui inspire nos objectifs, notre action et les analyses que nous effectuons.
Le mandat est un élément essentiel du fonctionnement de toute institution, des lois du Parlement et même du ton et de la nature des rapports préparés par les consultants privés, comme le rapport COMPAS qui porte sur l'examen de la Loi sur les grains du Canada et de la Commission canadienne des grains.
Le rapport recommande de modifier le mandat de la Commission canadienne des grains et influence de ce fait toutes les autres recommandations qui suivent, quelles soient positives ou négatives.
L'article 13 de la Loi sur les grains du Canada actuelle se lit ainsi: le mandat de la Commission canadienne des grains est précisé sous la rubrique « mission »:
Sous réserve des autres dispositions de la présente loi et des instructions que peuvent lui donner le gouverneur en conseil ou le ministre, la Commission a pour mission de fixer et de faire respecter, au profit des producteurs de grain, des normes de qualité pour le grain canadien et de régir la manutention des grains au pays afin d'en assurer la fiabilité sur les marchés intérieurs et extérieurs.
« au profit des producteurs de grain » — et je vais le répéter « au profit des producteurs de grain » — ce n'est pas une expression superflue. Elle est fondamentale.
Elle s'explique par la domination qu'exerçaient sur les agriculteurs les sociétés céréalières et les chemins de fer il y a un siècle, et elle reflète les abus qui en ont découlé. Les agriculteurs étaient obligés d'accepter le prix et la classe fixés par les sociétés céréalières, quelle que soit la qualité des céréales qu'ils essayaient de vendre. Ils étaient trompés sur le poids et même sur les frais de livraison de leurs produits.
Avec la concentration croissante des sociétés céréalières, ce genre de comportement et la menace qu'il représente risquent de s'aggraver. Aujourd'hui, un petit nombre de sociétés occupent une position dominante dans le commerce mondial des céréales. L'absence d'un organisme de réglementation qui serait chargé de défendre les intérêts des producteurs de céréale aurait des conséquences très graves pour les agriculteurs. Ces sociétés céréalières savent qu'elles pourront augmenter leurs bénéfices au détriment des agriculteurs, si le mandat de la Commission est modifié. Ce sera un processus progressif mais inexorable.
Le rapport COMPAS supprime cette expression essentielle « au profit des producteurs de grain » qui ne figure plus dans le mandat général de la commission et réduit ce mandat à la défense de droits précis. C'est sur ce point que porte l'essentiel de notre critique du rapport.
Le texte proposé se lirait ainsi:
Sous réserve des autres dispositions de la présente loi et des instructions que peut lui donner le gouverneur en conseil ou le ministre, la Commission est mandatée: 1) d'établir et de maintenir des normes de qualité du grain canadien et de réglementer la manutention du grain au Canada, et ce, afin de garantir la commercialisation d'un produit fiable sur le marché canadien et les marchés étrangers.
Ce texte est très semblable au texte original, sauf que l'expression « au profit des producteurs de grain » n'y figure pas.
Les auteurs du rapport ont prévu une deuxième partie à cette définition:
2) dans l'intérêt des producteurs, d'accorder aux producteurs de grain le droit d'accès pour la livraison à l'installation de manutention agréée, de permettre à une tierce partie d'effectuer la vérification du classement et du taux d'impuretés, d'habiliter les producteurs de grain à accéder aux wagons de producteurs pour l'expédition des grains et de faire peser et inspecter le grain déchargé par une tierce partie, et de garantir aux producteurs de grain que leurs transactions commerciales sur les grains avec les titulaires de licence, aux termes de la présente Loi, sont protégés.
La deuxième partie de ce texte réduit l'expression « au profit des producteurs de grain » à des droits très précis mais également importants pour les agriculteurs. Le problème vient du fait que le rôle de la CCG, selon cette recommandation, se réduirait à assurer des normes de qualité des grains canadiens et à réglementer leur manutention pour garantir la fiabilité de ces produits; il n'est plus axé sur les intérêts des producteurs de grain et ouvre la porte à toutes sortes d'interprétation. Des normes de qualité favorables aux sociétés céréalières pourraient avoir de graves conséquences économiques pour les producteurs de grain.
Le libellé de ce texte ne fait aucune distinction entre les sociétés céréalières, les agriculteurs et les autres acteurs. Le déséquilibre qui existe sur le plan du pouvoir économique est manifestement à l'origine des divergences entre les intérêts de ces acteurs économiques. La divergence d'intérêts est moins évidente mais elle est néanmoins importante.
La réglementation de la manutention des céréales peut fort bien assurer un produit sûr au marché intérieur et d'exportation, comme l'exige la loi, mais rien n'empêcherait le secteur des céréales d'imposer aux producteurs de grain des conditions très lourdes: soit progressivement, en imposant des demandes excessives en matière de qualité, ce qui entraînerait des déplacements et des réductions de prix, soit en imposant des conditions et des tarifs de manutention excessifs qui permettraient toujours de respecter le mandat consistant à assurer la sécurité et la qualité des céréales mais qui laisserait les producteurs dans une situation économique encore pire.
Il est tout à fait illusoire de vouloir placer sur le même pied les intérêts des sociétés céréalières et ceux des agriculteurs parce que cela ne tient pas compte des graves déséquilibres de pouvoir qui existent entre les deux. Il nous paraît vraiment essentiel de préserver les termes de la loi actuelle, qui comprend l'expression « au profit des producteurs de grain » pour décrire la raison d'être de la Commission canadienne des grains et des normes de qualité dans les règlements relatifs à la manutention des grains au Canada.
Nous ne nous opposons pas à l'autre partie de la définition, telle que rédigée par COMPAS et qui figure au paragraphe deux de leur texte, qui utilise l'expression « dans l'intérêt des producteurs », mais nous nous opposons vivement à ce que cette expression se limite aux droits précis inclus dans cette disposition.
Le mandat est, à mon avis, un élément essentiel. J'aimerais également parler de certaines recommandations contenues dans le rapport. Ce rapport comporte des aspects positifs et négatifs.
Nous avons parlé, il y a quelque temps, avec des représentants de COMPAS de la question de la gouvernance et des commissaires adjoints et de ce qui semblaient être des rapports ambigus avec le commissaire en chef. La création de ces postes résultait d'un choix réfléchi et ne visait pas à créer un paradis du népotisme, comme cela est mentionné dans le rapport. Les commissaires adjoints ont le pouvoir, lorsque cela est nécessaire, d'agir dans l'intérêt des producteurs, ce qui les place parfois en situation de conflit avec le commissaire en chef, qui est nommé par le gouvernement.
C'est un pouvoir qui a joué un rôle absolument fondamental lorsque les tarifs de manutention du grain ont augmenté et que les producteurs ont tenté de remédier à ce problème en construisant leurs propres installations de chargement des wagons là où ils le pouvaient, le long des voies. Le commissaire en chef de l'époque a exigé que ces installations soient visées par une licence d'exploitation d'un silo primaire, ce qui interdisait, aux termes de la loi, qu'elles puissent charger les wagons des producteurs.
Il a fallu qu'un commissaire adjoint en particulier, agissant pour le compte des producteurs, fasse remarquer que le commissaire en chef allait à l'encontre de l'objet de la loi. Les sociétés céréalières ont exercé de vives pressions pour faire renvoyer ou faire taire le commissaire adjoint en question.
Finalement, la Commission des grains a décidé qu'étant donné que cette méthode ne donnait lieu à aucune transaction financière — il s'agissait d'un service comprenant le chargement des wagons à l'installation de chargement du producteur, le trajet vers le terminal et le déchargement des wagons, la Commission du blé payait le producteur, la gestion de l'opération et la pesée relevaient de la Commission des grains — les producteurs n'étaient pas obligés de posséder à une licence d'exploitation d'un silo primaire. Cela a permis aux producteurs de conserver un droit fondamental, acquis depuis la fin du siècle dernier, à savoir la possibilité d'expédier leurs grains au port sans utiliser le service des sociétés de silos. Ce droit permettait de contrôler et de plafonner les tarifs et les frais que l'on pouvait demander à un producteur pour la manutention de ses céréales.
Il serait peut-être approprié de définir les attributions des commissaires adjoints mais il est difficile de savoir quel serait le rôle du Bureau de la défense des droits des producteurs de grain, proposé dans le rapport. Ce bureau serait-il indépendant de la Commission des grains? Comment aurait-il accès aux dossiers en cas de discute au sujet des classements, etc.? Seraient-ce des organismes distincts? Auraient-ils accès à tous ces documents? Il nous paraît très inquiétant que les auteurs du rapport envisagent la possibilité de supprimer ce bureau après trois ans. Premièrement, nous voyons là une sorte d'ombudsman qui n'aurait aucun pouvoir ou des pouvoirs mal définis. Deuxièmement, quelles seraient les conséquences de ce changement pour les producteurs, en particulier avec la modification du mandat de la commission que propose COMPAS?
Pour ce qui est des inspections à l'arrivage, COMPAS recommande qu'elles soient facultatives. Les inspections à l'arrivage consistent à peser et à classer le grain au moment où le wagon ou le camion arrive aux silos terminaux ou de transbordement. La Commission des grains offre des services indépendants de classement et de pesée. C'est un service qu'il est important de préserver parce qu'il empêche que de gros chargements soient contaminés par des grains d'un autre type, etc. Cela peut également servir de processus de vérification qui assure que les volumes d'arrivée et de sortie sont équivalents et qu'il n'y a pas eu de pertes pendant le transfert, ce qui serait préjudiciable pour les producteurs.
Au sujet de la sous-traitance, on a parlé de coût et de responsabilité. L'autre question est que le rapport COMPAS suggère que le recours à la sous-traitance suppose qu'il y ait concurrence, mais la réalité est que ces services très spécialisés tendent à être offerts par une seule société privée lorsqu'on a recours à cette méthode. Nous avons vu cela à Industrie Canada avec les poids. Il arrive en outre souvent que ces entrepreneurs privés entretiennent des liens étroits avec les sociétés céréalières, auxquelles nous nous opposons à l'heure actuelle et qui sont très peu nombreuses.
Pour ce qui est de la récupération des coûts et des subventions gouvernementales, nous approuvons que le gouvernement finance la Commission des grains et assume ses déficits. Nous n'approuvons pas la recommandation du rapport COMPAS visant à ce que le gouvernement finance non seulement l'infrastructure, mais également les services fournis par la Commission des grains. Nous pensons que les contribuables devraient également participer à ces dépenses. Lorsqu'il y a des déficits, les producteurs en assument une grosse partie.
J'aimerais dire quelques mots — et Colleen le fera très rapidement — du modèle de consultation proposé par les auteurs du rapport COMPAS. Ils proposent que l'on procède à des consultations entre ce qu'ils appellent les intéressés en s'inspirant du modèle de consultation qu'utilise l'Agence canadienne d'inspection des aliments, dans le but de régler un certain nombre de questions. Je connais très bien un de ces modèles en particulier, puisque je participe au Forum national sur les semences. Ce genre de forum pose des problèmes particuliers comme mécanisme de consultation destiné aux producteurs.
L'autre modèle, dont Colleen va parler, est l'idée d'effectuer des sondages en ligne.
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Le processus est mauvais. Le modèle de l'ACIA n'est pas un modèle dont nous devrions nous inspirer. Il est tout à fait impossible aux agriculteurs d'utiliser le modèle ACIA, que le gouvernement a utilisé très souvent dans ses différents ministères, à savoir la consultation en ligne.
D'abord, les agriculteurs ne visitent pas le site Web de l'ACIA et ils n'iraient pas non plus voir le site de COMPAS. Il est très rare qu'ils se rendent sur le site Web d'Agriculture et Agroalimentaire.
Avec la complexité des questions... offrir la possibilité, sous forme de consultation en ligne de la population, de donner des commentaires n'est pas vraiment consulter la population. Même dans le cas du Forum national sur les semences, le forum national sur les fertilisants... Vous avez des forums nationaux qui constituent une consultation publique sur invitation seulement. Ces modèles sont très déficients.
Pour les agriculteurs, qui ne sont ni financés par le gouvernement, ni financés par des organismes privés, mais qui se financent eux-mêmes, il est littéralement impossible de participer à ces forums nationaux. Cela leur est très difficile. La consultation en ligne est une solution ridicule. Ce n'est pas quelque chose que l'on voudrait copier.
Par exemple, l'ACIA réglemente certains OGM. Cette agence a récemment réglementé le maïs à haute teneur en lysine, et cela aurait été le moment de parler de la question du maïs à haute teneur en lysine. Elle a décidé de réglementer ce maïs en se fondant sur les équivalences en substances, mais les autres pays ne réglementent pas le maïs à haute teneur en lysine parce que la science ne le permet pas encore.
Mais elle ne l'a pas fait sur une base scientifique. L'ACIA affirme se baser sur la science mais elle a en fait réglementé ce maïs en se fondant sur les équivalences en substances. C'est un exemple qui montre que ce processus est mal conçu. Il faut comprendre la science et le processus pour pouvoir aborder cette question très complexe.
Les consultations effectuées en ligne ou par le biais de forums publics ou nationaux sont inefficaces et la population n'est pas en mesure d'y participer.
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Merci, monsieur le président. Je dois vous mentionner dès le début que Cam et moi pensons que nous ne sommes pas habillés comme il faut, si l'on se base sur les commentaires présentés un peu plus tôt selon lesquels les sociétés céréalières étaient des Mère Teresa déguisées en travestis, de sorte que la prochaine fois que nous serons invités à comparaître devant le comité, nous veillerons à nous habiller correctement.
Merci d'avoir invité la Western Grain Elevator Association à donner son point de vue sur l'étude de la Loi sur les grains du Canada et de la Commission canadienne des grains effectuée par la société COMPAS. Le WGEA est une association de huit entreprises de grain publiques et privées appartenant aux fermiers qui, ensemble, manutentionnent plus de 90 p. 100 des exportations de grain en vrac de l'Ouest. Les membres de la WGEA possèdent des installations de manutention du grain partout au pays ainsi que dans les ports de Prince Rupert, Vancouver et Thunder Bay.
Nous n'approuvons pas en totalité le rapport COMPAS, mais nous croyons que les recommandations qu'il contient permettraient de réformer le système en y introduisant la souplesse rendue nécessaire par l'évolution du marché. Nous félicitons le comité pour avoir pris l'initiative de réviser la législation, qui a abouti au rapport COMPAS.
L'un des aspects très positifs de ce rapport, que nous aimerions souligner, est la prémisse selon laquelle toutes les parties intéressées, y compris la CCG, doivent rendre compte de leurs erreurs ou de leurs déclarations inexactes. Il s'agit d'un important changement de politique, et nous l'appuyons.
Pour ce qui est du mandat, le rapport le divise en deux parties, ce que vous savez. L'établissement de normes de qualité pour le grain canadien et une réglementation de la manutention du grain au Canada pour les marchés seraient dans l'intérêt du Canada et, par conséquent, dans celui de l'industrie dans son ensemble. Le rôle de la CCG consiste à protéger les intérêts des producteurs et concerne le droit d'utiliser pour la livraison certaines installations, etc.; cet ajout préserve le rôle de défenseur des producteurs qui appartient à la CCG. La modification proposée élimine toutefois l'ambiguïté de son mandat.
Nous croyons que la recommandation faite par COMPAS aiderait à résoudre certains conflits internes, tout en maintenant le mandat qu'a la commission d'agir dans l'intérêt des producteurs. La WGEA croit que le rapport comporte des suggestions de changements équilibrés, qu'il devrait être soutenu par le comité permanent et le gouvernement du Canada et qu'on devrait y donner suite en modifiant la loi.
Pour ce qui est de la gouvernance, le passage d'une structure comportant trois commissaires nommés à une autre dans laquelle un président-directeur général serait secondé par des vice-présidents et d'autres cadres supérieurs est positive. Cette mesure aurait pour effet d'éliminer une bonne partie de la politisation qu'a entraîné la structure actuelle. Ce modèle permettrait d'établir des chaînes de reddition de comptes et de responsabilité claires, l'autorité ultime étant, comme il se doit, entre les mains du ministre.
La WGEA appuie énergiquement les modifications que le rapport recommande d'apporter à la structure de gouvernance. Nous demandons au comité permanent d'appuyer cette recommandation et nous recommandons que les modifications soient rapidement intégrées à un texte législatif qui puisse être soumis à la Chambre des communes.
Pour ce qui est de l'ombudsman des producteurs de grain, l'abolition des postes de commissaire adjoint est une amélioration, pour les motifs que Conrad a mentionnés plus tôt et pour les motifs qui figurent dans le rapport. La création d'un poste d'ombudsman est une suggestion positive qui permettrait, mieux que la structure actuelle, de répondre aux préoccupations des producteurs.
La création d'un poste d'ombudsman indépendant de la CCG pourrait aussi aider à dépolitiser les décisions de principe prises par cet organisme. Les ombudsman sont monnaie courante tant au gouvernement fédéral que dans les organismes de compétence provinciale et l'on pourrait s'inspirer des modèles existants pour élaborer une telle structure.
Pour ce qui est du financement, nous aimerions, en guise de préface à nos commentaires, faire état de nos préoccupations à l'égard du financement actuel des activités de la CCG, qui risque de nuire aux exportations canadiennes. Par exemple, certains se préoccupent du fait que les politiques de la CCG concernant l'inspection des navires chargés durant le quart de nuit ou la fin de semaine peuvent empêcher que s'effectuent des inspections, faute de personnel. Le rapport COMPAS reconnaît ces préoccupations et recommande justement que le coût des heures supplémentaires associé aux services d'inspection soit absorbé par le gouvernement fédéral. Nous suggérons que cette recommandation soit mise en application immédiatement, avant le début de la période de pointe des expéditions de cette année.
Les recommandations du rapport COMPAS touchant le financement sont nécessaires et la WGEA les appuie sans réserve. Nous sommes profondément convaincus que le coût des activités entreprises par la CCG pour le bien du pays et celui de l'industrie des grains en général doit être absorbé par le gouvernement, et que l'élément de récupération des coûts doit se limiter aux coûts différentiels associés aux services individuels nécessaires pour les transactions commerciales. Un financement stable devrait aider à assurer l'existence à long terme d'un système canadien d'assurance de la qualité.
Au sujet de l'assurance de la qualité, nous appuyons la recommandation selon laquelle la CCG doit collaborer avec des fournisseurs indépendants pour offrir des services d'inspection personnalisés.
Un des points positifs, peu nombreux, qui est ressorti du document de travail de COMPAS publié en mai était la recommandation d'harmoniser les normes primaires et d'exportation. Cette recommandation ne figure pas dans le document final et nous demandons respectueusement qu'on envisage de conserver cette modification.
Le rapport recommande de rendre facultative la pesée et l'inspection à l'arrivage et de maintenir à même les fonds publics la capacité de la CCG de mener des activités de pesée et d'inspection à l'arrivage afin de fournir ce service aux petits producteurs et manutentionnaires. Nous ne croyons pas que la mise en application de cette recommandation nécessite des modifications législatives et nous recommandons que les règlements soient revus immédiatement. La modification immédiate de cet aspect permettrait de soulager à brève échéance les pressions budgétaires que subit la CCG.
Le rapport COMPAS recommande qu'on maintienne les activités de pesée et d'inspection à la sortie. À notre avis, dans les cas où la CCG n'est pas en mesure d'offrir ces services, les entreprises devraient pouvoir recourir aux services de tiers. Par exemple, nous sommes actuellement devant une situation dans laquelle la CCG n'est pas toujours en mesure de fournir les services d'inspection à la sortie qui l'obligeraient à verser des heures supplémentaires, mais refuse d'autoriser les terminaux céréaliers à utiliser les services de tiers.
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J'aimerais dire quelques mots au sujet de la responsabilité, des fausses déclarations et du certificat final.
La recommandation voulant que la CCG soit tenue responsable de 33 p. 100 des dommages causés par une révision du certificat final est à la fois positive et une source de préoccupation. Avec cette recommandation, le gouvernement, par l'entremise de la CCG, assumerait la responsabilité de l'intégrité du résultat final, idée qui nous satisfait et que nous appuyons.
Il est cependant inacceptable de vouloir limiter la responsabilité de la CCG à 33 p. 100 des pertes subies quand cet organisme adopte une ligne de conduite qui cause des dommages économiques au producteur. Si la CCG cause des pertes à un tiers, que ce soit volontairement ou à la suite d'une négligence, elle devrait assumer la totalité des coûts qui en résultent. Le principe de la reddition de comptes voudrait que les personnes responsables des dommages assument la responsabilité financière qui découle de leurs décisions.
De plus, la recommandation tient pour acquis que le certificat final peut être modifié alors que, justement, les certificats finaux sont « finaux ». Une telle pratique irait à l'encontre des principes généraux en matière de commerce.
Nous recommandons que la réglementation qui régit la Commission canadienne des grains soit modifiée afin de mieux garantir l'intégrité du certificat final et de faire en sorte qu'il ne soit pas permis d'y apporter des modifications une fois le certificat délivré.
La notion de responsabilité de la CCG proposée dans le rapport COMPAS devrait également être étendue aux situations où la CCG modifie son interprétation des normes de classement des grains au cours d'une campagne agricole. Il est arrivé à trois reprises au cours des deux dernières années que la CCG précise son interprétation des normes de classement, ce qui a entraîné des pertes financières pour l'industrie. ELle ne peut nous demander d'acheter du grain selon une norme et nous obliger ensuite à l'expédier selon une norme différente et plus rigoureuse.
Je veux dire quelques mots des licences et des garanties. Il est positif que le rapport reprenne l'idée d'une reddition de comptes de la part de la CCG lorsqu'elle manque à ses responsabilités envers les agriculteurs, mais on laisse de côté le fait que les faillites récentes sont simplement la dernière preuve que ce système coûteux ne fonctionne pas comme on le prétend. Les rédacteurs du rapport COMPAS comprennent que le système actuel ne donne pas aux producteurs la protection qu'ils croient avoir et connaissent ces cas de faillite. Ils ne proposent toutefois pas de réformer cet aspect.
De même, pour ce qui est des licences, COMPAS a entendu les préoccupations des nouveaux transformateurs, notamment au sujet des installations de chargement situées le long des voies, au sujet du coût d'obtention des licences. On ne recommandait pas de modifier de fond en comble le système de licence mais plutôt d'exempter certaines installations.
COMPAS recommande que la CCG entreprenne des consultations pour déterminer si certaines installations devraient être exemptées ou placées dans une catégorie distincte. Nous serions heureux qu'une telle consultation ait lieu.
Je vais essayer d'aborder rapidement le règlement des différends. Les recommandations présentées dans le rapport COMPAS sont positives et aménageraient une protection structurée et prévisible à tous les membres de la chaîne de valeur, depuis les producteurs jusqu'aux expéditeurs. La mise sur pied d'un processus structuré de règlement des différends auquel la CCG serait tenue de participer aiderait à assurer l'application impartiale de la réglementation et la résolution rapide des problèmes.
Du côté de la recherche — là encore, je ne vais pas vous exposer en détail notre point de vue, faute de temps —, nous estimons que c'est une activité essentielle et qu'il est également essentiel que le gouvernement la finance; c'est pourquoi nous pensons que le rapport COMPAS contient quelques recommandations très positives sur ce point.
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Monsieur le président, permettez-moi de parler brièvement d'un thème que l'on retrouve dans l'ensemble du rapport. C'est celui d'un conflit qui semble opposer les sociétés et les producteurs. Il nous paraît important de soulever directement cette question particulière parce que le rapport semble être fondé sur l'idée qu'il existe un conflit entre les producteurs et les sociétés céréalières.
Selon nous, ceci est très préoccupant et nous prenons cette observation très au sérieux. Il est pourtant évident que la rentabilité des sociétés céréalières est directement reliée à la viabilité des producteurs canadiens. Nous admettons que l'expert-conseil n'a pas inventé cet état d'esprit et qu'il est exact que certains producteurs ayant participé au processus de consultation sont de cet avis.
Cette croyance provient entre autres de l'idée selon laquelle la concurrence entre les diverses sociétés céréalières est insuffisante. Cependant, les études objectives portant sur la concurrence entre les manutentionnaires canadiens donnent une image différente de la réalité, qui est celle d'une industrie dans laquelle la concurrence exerce une pression à la baisse sur les coûts des producteurs. Par exemple, Quorum Corporation est un organisme de surveillance indépendant et impartial chargé de mesurer comment le système transmet les économies aux producteurs. La citation suivante est tirée de son dernier rapport. J'aimerais vous la lire intégralement :
... ce résultat peut s'expliquer en partie par l'accroissement de la concurrence entre les compagnies céréalières, que ce soit du point de vue des rabais plus importants qu'elles proposent dans leurs soumissions en vue du transport de grain soumissionné ou du point de vue des primes de camionnage plus élevées qu'elles acceptent de payer aux producteurs afin d'accroître le volume de grain dans leurs [nouvelles] installations.
Nous demandons au comité et au gouvernement du Canada de prendre en considération cette preuve objective de comportement concurrentiel lorsqu'ils apporteront des changements à la Loi sur les grains du Canada. Nous reconnaissons également qu'il faut continuer de faire des efforts afin de rapprocher producteurs et manutentionnaires de grain. Le rapport COMPAS tente de régler ce problème en recommandant l'organisation de tables rondes dans le but d'améliorer la capacité de chacune des parties à collaborer et en créant un ombudsman des producteurs indépendants. Nous sommes d'avis que ces recommandations aideraient à atténuer, en partie au moins, les préoccupations qui ont été soulevées. Les améliorations sur ce point seraient un résultat utile des réformes apportées à la Loi sur les grains du Canada.
Pour terminer, j'aimerais dire qu'à notre avis, le rapport COMPAS constitue un bon point de départ pour la réforme que pourrait introduire le gouvernement et le comité. Certaines suggestions des auteurs du rapport appellent uniquement des changements réglementaires. Nous demandons qu'elles soient adoptées très rapidement. D'autres exigent des modifications législatives, et nous vous demandons d'agir également rapidement à cet égard. Par exemple, nous ne voyons rien qui puisse empêcher le gouvernement de présenter des mesures législatives avant le prochain cycle budgétaire. Nous serons heureux de travailler avec vous dans le cadre de ce processus.
Je vous remercie.
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Premièrement, pour ce qui est de la consultation, je dirais que j'ai rencontré M. Winn et M. Halpenny. J'ai également assisté à un forum public à Saskatoon. Notre président, Stuart Wells, a assisté à un forum public à Regina. D'autres membres du SNC ont participé à d'autres forums publics.
Le rapport mentionne au début qu'il a consulté le Syndicat national des cultivateurs mais nous comprenons mal que le nom des membres individuels du syndicat ne figure pas sur la liste, alors que le nom des personnes qui ont été invitées à présenter des commentaires mais qui ne l'ont pas fait figure sur cette liste. Et pour le reste, à propos des consultations, je dois dire que les commentaires de M. Winn selon lesquels il n'a pas vraiment entendu d'opinion positive concernant la Commission des grains m'ont inquiété. Je le paraphrase et je n'ai sans doute pas utilisé ses mots exacts.
J'ai assisté à ce forum et j'ai des raisons de croire que les renseignements que j'ai obtenus concernant d'autres forums étaient exacts; les producteurs ont déclaré les uns après les autres qu'il ne fallait pas toucher à la Commission canadienne des grains; elle fonctionne bien. Elle fonctionne pour les producteurs. Les commissaires adjoints font du bon travail. Nous ne voulons pas que l'on apporte des changements importants à la Commission canadienne des grains, en particulier à son mandat. Et nous constatons maintenant qu'on a supprimé un point essentiel de la première phrase de la définition de son mandat, et cela change tout pour nous.
À la réunion à laquelle j'ai assisté à Saskatoon, un grand nombre de producteurs ont déclaré avoir eu des expériences très positives dans leurs rapports avec la Commission canadienne des grains.
Le rapport COMPAS recommande, par exemple, que les échantillons soient conservés pendant au moins 24 heures après que le producteur ou son mandataire ait déchargé son grain au silo. Eh bien, je pense en fait que l'échantillon devrait être conservé jusqu'au règlement, parce qu'il arrive bien souvent que le producteur charge une semi-remorque avec son grain, le livre, le fasse classer par l'agent à ce moment-là, et qu'il n'apprenne ce qui s'est passé qu'au moment du règlement et lorsqu'il obtient son chèque. En cas de litige, il n'y a plus d'échantillon. Cela m'est arrivé; on m'a dit qu'on l'avait jeté et que c'était dommage. C'est pourquoi je pense que le rapport COMPAS recommande que l'échantillon soit conservé pendant 24 heures pour tenir compte du fait que les agriculteurs n'effectuent plus eux-mêmes la livraison mais la confient à des agents. Cela est positif, mais cela ne vas pas assez loin et de beaucoup; ces échantillons devraient être obligatoires et officiels, et conservés jusqu'au règlement. Cela donnerait au producteur la possibilité d'exercer les droits que lui accorde la loi.
Il y a un autre élément positif dans le rapport COMPAS, c'est qu'il suggère d'insérer une note dans tous les contrats et tous les documents que signent les producteurs indiquant quels sont les droits que la loi leur accorde. C'est un élément positif; cela devrait être mentionné.