[Français]
Je voudrais d'abord remercier le comité de nous avoir invités à parler des efforts du gouvernement du Canada dans la lutte contre la traite des personnes. Il ne fait aucun doute que la traite des personnes est un acte criminel qui viole les droits les plus fondamentaux de l'être humain, le droit à la vie, à la liberté et à la sécurité.
Je vais d'abord vous présenter un aperçu de la situation, puis mentionner le Groupe de travail interministériel et dire quelques mots sur nos activités internationales et notre coopération bilatérale avec les États-Unis.
[Traduction]
La collaboration est essentielle pour combattre ce fléau mondial. Le Canada continue de soutenir les efforts d'autres pays et organisations pour éradiquer la traite des personnes, tant à l'échelon régional que mondial.
En même temps, nous reconnaissons que nous pouvons faire davantage pour résoudre ce problème qui a des conséquences disproportionnées sur les membres les plus vulnérables de nos sociétés, principalement les femmes et les enfants, et plus particulièrement les jeunes filles.
La nature clandestine de la traite des personnes fait en sorte qu'il est difficile d'en déterminer la véritable ampleur. Nous savons qu'aucun pays dans le monde n'est à l'abri de ce crime. Les Nations Unies estiment que plus de 700 000 personnes font l'objet de trafic dans le monde et que la traite des personnes constitue maintenant le troisième commerce illicite le plus rentable, après le trafic de drogues et le trafic d'armes.
Nous nous débattons pour obtenir des données fiables sur l'ampleur de ce trafic à l'intérieur de nos propres frontières, mais nous savons que le Canada est le principal pays de destination des victimes de ce trafic et qu'il est utilisé comme pays de transit vers les États-Unis.
L'Asie, l'Afrique et l'Europe de l'Est sont les principaux pays d'origine des personnes faisant l'objet de ce trafic à destination du Canada.
En mai 2002, nous avons ratifié le protocole des Nations Unies contre la traite des personnes qui jette les base d'une collaboration internationale contre ce fléau et qui donne une définition internationale de ce trafic. Le Canada a joué un rôle de chef de file dans l'élaboration de ce protocole qui est encore assez récent. Ses objectifs en matière de lutte contre la traite des personnes s'appuient sur une réponse à plusieurs volets communément appelée l'approche des trois P pour prévention du trafic, protection des victimes et poursuite des délinquants.
Le Canada a également ratifié d'autres outils pertinents, dont la Convention sur les droits des enfants en 1991 et, plus récemment, le protocole optionnel à la Convention relative aux droits de l'enfant qui s'attaque aux problèmes liés à la vente d'enfants, à la prostitution et à la pornographie enfantine.
Je vais dire quelques mots au sujet du groupe de travail interministériel fédéral. Un problème complexe et à volets multiples comme celui-ci requiert une réponse multisectorielle. Le groupe de travail interministériel sur la traite des personnes a été créé en 1999, dans le but de coordonner les positions du Canada dans les discussions entourant le texte des protocoles sur le trafic des personnes et la contrebande. En 2004, le mandat du groupe de travail a été élargi afin qu'il puisse servir de point de ralliement au sein du gouvernement fédéral et ainsi coordonner les efforts déployés pour combattre la traite des personnes.
Le groupe de travail regroupe soixante-dix ministères et organismes à une même table. Mme Morency et moi-même le coprésidons. Nos partenaires clés sont notamment le ministère de la citoyenneté et de l'immigration, Développement des ressources humaines Canada, la GRC, l'Agence des services frontaliers du Canada, Sécurité publique et Protection civile, Condition féminine et l'ACDI.
Le groupe de travail offre un forum pour l'échange d'informations entre les ministères et les agences, il favorise une approche pangouvernementale et s'assure que le gouvernement du Canada a une approche nationale et internationale coordonnée du problème. Le groupe s'engage également à collaborer avec les provinces, les territoires et la société civile.
Je vais rapidement vous donner quelques exemples.
En mai 2005, le gouvernement du Canada a organisé une Conférence du Nord-Ouest du Pacifique sur la traite des humains à Vancouver, qui a réuni des organisations policières, des centres de services aux victimes, des hauts fonctionnaires des gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux et des ONG, dans le but de parler des solutions possibles. Une conférence similaire est prévue du 6 au 8 novembre, à Halifax, dans le Canada atlantique.
Je dois également mentionner qu'un représentant du gouvernement de la Colombie-Britannique a réuni une délégation fédérale au Venezuela, en mars 2006, afin de partager des expériences et des pratiques exemplaires en matière de lutte contre la traite des humains dans les États membres de l'Organisation des États américains (OEA).
Quant aux activités à l'échelle internationale, le Canada, en reconnaissant l'importance des actions collectives mondiales, encourage activement les pays à ratifier la convention que j'ai mentionnée plus tôt, la convention des Nations Unies contre le crime organisé transnational et son protocole sur la traite des personnes, et le protocole optionnel à la Convention relative aux droits de l'enfant que j'ai déjà mentionnée, en rapport avec la vente des enfants, la prostitution et la pornographie enfantine.
Nous participons également à des forums régionaux et multilatéraux, comme l'OEA, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), la conférence régionale sur la migration, les Nations Unies et le G-8, bien-sûr, afin de négocier des résolutions qui renforceront les engagements internationaux. Nous travaillons également au sein de ces groupes à l'élaboration de questionnaires sur les activités visant à lutter contre la traite des humains et à la mise en oeuvre de lignes directrices, avec comme objectif d'améliorer la coopération régionale et d'aider à mieux comprendre la portée du problème.
J'aimerais aussi mentionner que depuis 1996, le Canada est également bailleur de fonds pour le programme de l'Organisation internationale du Travail visant à éliminer le travail des enfants. Ce programme est mis en oeuvre dans plus de 75 pays.
Nous déployons des efforts pour sensibiliser les pays qui sont à la source du problème, dans un effort pour prévenir la traite des enfants d'abord. À cet égard, mon propre ministère offre un programme de soutien pour combattre la traite internationale, par le biais du Programme de consolidation de la paix et de la sécurité humaine, de même que par une entente de contribution annuelle de deux millions de dollars, de concert avec l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime situé à Vienne. Ils apportent un soutien à la mise en oeuvre d'instruments juridiques internationaux qui tiennent compte de ce genre de crimes. Ils fournissent également beaucoup d'efforts pour sensibiliser les gens à ce problème.
Voici quelques exemples additionnels.
Nous avons établi un partenariat avec l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui présente un film d'animation dramatique intitulé Shattered Dreams, dont l'objectif est de sensibiliser les adolescents les plus vulnérables qui risquent d'être associés à la traite des personnes. Ce vidéo est utilisé dans les collectivités de la Thaïlande, du Laos, du Vietnam et du Cambodge.
Nous avons également financé des ateliers de lutte contre la traite des humains par le biais de l'OEA, en Haïti. Nos collègues de la GRC ont présenté un exposé aux forces policières haïtiennes sur les techniques d'enquête.
Nous avons apporté notre soutien à l'OIM qui a organisé un atelier pour nos partenaires de la fonction publique et les médias privés, dans le but de sensibiliser les médias et de les inciter à faire des reportages sur la réalité de la traite des personnes en Amérique centrale et au Mexique.
Nos ambassades canadiennes à l'étranger participent également activement à la lutte contre ce trafic. Par exemple, je tiens à mentionner qu'au cours des dernières années, notre ambassade en Ukraine a été l'hôte de deux séminaires de formation sur la traite des humains et elle a fourni un soutien logistique et financier à cet égard. Elle a fait cela de concert avec l'OSCE, les ONG et les hauts fonctionnaires de l'Ukraine.
Notre ambassade a également apporté son soutien à des programmes de formation offerts par les nouveaux centres de consultation pour les migrants de l'OIM. Cette formation s'adressait aux opérateurs de centre d'appels de l'Ukraine, afin qu'ils puissent répondre aux demandes de personnes qui souhaitent immigrer et travailler légalement au Canada; là encore, ces interventions favorisent l'acquisition de connaissances, la sensibilisation et la prévention de la traite des personnes au Canada.
L'ACDI appuie la prévention de la traite des personnes en s'attaquant aux facteurs qui contribuent à la vulnérabilité des personnes susceptibles de faire l'objet de trafic ou qui sont exploitées à des fins sexuelles. Ces facteurs sont notamment la pauvreté; les inégalités entre les sexes; le non-respect des droits des enfants; la discrimination, et d'autres facteurs, comme la piètre gouvernance.
Au cours de la dernière décennie, l'ACDI a financé et soutenu d'importantes initiatives de lutte contre la traite des personnes par le biais de mécanismes locaux, bilatéraux et multilatéraux dans toutes les régions du monde, de l'Europe de l'Est jusqu'à l'Asie, en passant par l'Afrique et les deux Amériques.
Enfin, j'aimerais dire quelques mots sur la coopération bilatérale avec les États-Unis.
Les hauts fonctionnaires travaillent en étroite collaboration avec nos homologues américains et nous procédons actuellement à une évaluation conjointe, afin de mieux comprendre la nature de la traite des personnes outre-frontière et de déterminer les domaines éventuels de collaboration.
Cette évaluation devrait être présentée à l'occasion d'un forum sur la criminalité transfrontalière qui se tiendra en novembre de cette année — le mois prochain — en Caroline du Nord. Cette initiative est également une composante du partenariat sur la sécurité et la prospérité entre les États-Unis, le Mexique et le Canada et elle fait appel au déploiement d'efforts supplémentaires pour lutter contre la contrebande et la traite des personnes.
Je pense que je vais m'arrêter ici et donner la parole à ma collègue du ministère de la Justice, qui vous entretiendra des accomplissements du Canada dans une perspective nationale.
Merci.
La traite des personnes a souvent été décrite comme la forme moderne de l'esclavage. Pour bien comprendre cela, nous devons bien comprendre le genre de conduite que cette forme d'esclavage sous-tend.
La traite des personnes comporte trois éléments clés.
Premièrement, elle sous-tend une action physique, notamment le recrutement, le transport ou l'hébergement d'une personne à l'intérieur ou à l'extérieur des frontières d'un pays.
Deuxièmement, elle sous-tend l'utilisation de moyens comme les menaces, la force, la contrainte ou la tromperie. Même si ces moyens ne sont pas pertinents à l'égard des enfants, la traite de ces derniers implique souvent l'abus de pouvoir ou d'une position d'autorité sur l'enfant ou encore des dons ou de la considération en vue d'obtenir le consentement de la personne qui a autorité sur l'enfant.
Le troisième élément est que ces démarches sont effectuées dans le but bien précis d'exploiter la victime, généralement à des fins sexuelles ou de travail forcé.
Ce sont les moyens — surtout la contrainte — et la volonté d'exploiter qui distingue le trafic des autres crimes similaires, comme le passage de clandestins, et c'est ce qui rend ces crimes si abominables; le fait de les forcer à travailler dans des manufactures de vêtements, sur une ferme, comme domestiques ou de les obliger à offrir des services de nature sexuelle. Peu importe la forme que peut prendre la traite des personnes, c'est toujours un affront à la dignité humaine et une violation fondamentale aux droits de la personne.
La traite des personnes sous-tend de nombreuses formes d'exploitation, si bien qu'elle a été assimilée à d'autres problèmes, comme par exemple, à la prostitution. Bien qu'il existe certains liens entre la traite des personnes et la prostitution, plus particulièrement lorsqu'il s'agit de prostitution enfantine, les différences sont telles qu'il faut aborder ces problèmes séparément.
Adèle a déjà souligné l'ampleur de la traite des personnes, telle que nous la concevons à l'échelle nationale et internationale, et c'est ce qui nous fait réaliser à quel point il est important de prendre des mesures énergiques et coordonnées à l'échelle nationale.
Le Canada a récemment renforcé son approche en matière de justice pénale à l'égard de la traite des personnes. En novembre 2005, le Parlement a adopté le projet de loi C-49 modifiant le Code criminel. De nouvelles infractions ont été inscrites au Code, marquant un important pas vers le renforcement de notre capacité à protéger les victimes de la traite des personnes, en garantissant un cadre juridique canadien qui reconnaît clairement, qui dénonce énergiquement et qui cherche à dissuader les auteurs de ce crime terrible.
[Français]
Pour ce faire, il met en place trois nouvelles infractions criminelles afin de mieux lutter contre la traite des personnes, peu importe sa forme.
Premièrement, en vertu de l'infraction principale, la traite des personnes, il est interdit à quiconque de participer à des actes précis tels le recrutement, le transport, l'hébergement ou le contrôle des déplacements d'une autre personne afin d'exploiter une personne ou de faciliter son exploitation. Cette infraction serait passible d'une peine maximale d'emprisonnement à perpétuité qui tiendrait compte de sa gravité et des conséquences préjudiciables pour ses victimes et la société canadienne.
[Traduction]
Deuxièmement, le projet de loi a un effet dissuasif sur les personnes qui cherchent à tirer profit de l'exploitation par des tiers, en érigeant en infraction le fait de recevoir un avantage matériel ou financier, sachant qu'il provient de la traite des personnes. Cette infraction est passible d'une peine pouvant aller jusqu'à dix ans d'emprisonnement.
[Français]
Troisièmement, le projet de loi C-49 interdit à quiconque de retenir ou de détruire des documents comme les documents de voyage ou les pièces d'identité de la victime, pour commettre ou faciliter une infraction de traite des personnes. Cette infraction entraînerait une peine maximale de cinq ans d'emprisonnement.
[Traduction]
Les amendements au projet de loi renforceront les dispositions qui existent déjà aux termes du Code criminel à l'égard des infractions liées à la traite des personnes, comme la séquestration, l'enlèvement, l'agression sexuelle et l'agression sexuelle grave, et ces réformes s'ajoutent à l'infraction précisément liée à la traite des personnes qui est inscrite dans la Loi sur l'Immigration et la protection des réfugiés. Les nouvelles infractions criminelles aux termes du projet de loi C-49, couplées aux infractions existantes, offrent un cadre plus large pour tout le personnel du système de justice pénale, et qui permet d'imposer une peine qui correspond davantage aux offenses commises dans chacun des cas.
Le gouvernement fédéral s'attaque également à la traite des personnes par le biais de mesures non législatives qui rendent compte de la réalité, à savoir que la solution à ce problème réside non seulement dans un cadre juridique solide, mais également dans la collaboration de nombreux secteurs, afin d'assurer la protection des victimes, de sensibiliser et de mieux comprendre le problème.
Ainsi, en 2006, le ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration a introduit des mesures visant à renforcer la réponse du Canada aux besoins particuliers des victimes de ce trafic, et qui se retrouvent au Canada, mais en tant que ressortissants étrangers. Ces mesures comprennent notamment des lignes directrices qui aideront les fonctionnaires de l'immigration à émettre des permis de résidence temporaire aux victimes de trafic pour une période de réflexion pouvant aller jusqu'à 120 jours, et qui peuvent être renouvelés. Les victimes sont également exemptées des coûts liés au traitement des demandes de permis de résidence temporaire et ils ont accès au programme de santé provisoire du gouvernement fédéral, ce qui leur permettra de recevoir l'attention médicale dont ils ont besoin, et qui peut comprendre des services de santé d'urgence et des séances de consultation après traumatisme.
Le gouvernement a également pris de nombreuses mesures visant à sensibiliser la population canadienne. Par exemple, un site Web sur la traite des personnes est accessible par le biais du site du ministère de la Justice. Il fournit des renseignements utiles pour le public, y compris une description du problème, et des liens à d'autres sites connexes.
[Français]
L'éducation et la sensibilisation du public sont favorisées par le développement et la diffusion massive, dans l'ensemble du Canada et dans les ambassades canadiennes, d'une affiche disponible en 17 langues et d'une brochure de renseignements offerte en 14 langues pour aider à empêcher que la traite des personnes ne continue à faire des victimes.
[Traduction]
Nous avons apporté des copies de documents que nous laisserons au comité. Ces documents ont été distribués à grande échelle et ils servent de matériel de base aux organisateurs de conférences.
Nous avons entrepris de donner de la formation professionnelle sur la traite des personnes et l'application de la loi s'y rapportant. Un séminaire a par ailleurs été offert conjointement en mars 2004 par le ministère de la Justice et l'Organisation internationale pour les migrations. Un séminaire semblable a également été offert en mai 2005, à Vancouver, par la GRC, et un autre aura lieu en novembre 2006, en Nouvelle-Écosse.
Ainsi qu'Adèle vous l'a déjà dit, nous soutenons des efforts de prévention et de sensibilisation dans les pays à l'origine de ce trafic, et nous poursuivons nos efforts en vue d'établir des partenariats ici même et à l'étranger. Le groupe de travail interministériel sur la traite des personnes participe à la réalisation de notre mandat qui consiste à coordonner toutes les mesures fédérales de lutte contre la traite des personnes, et nous continuons de travailler avec nos collègues du gouvernement provincial et de la société civile, afin de lutter efficacement et globalement contre ce terrible crime.
Ceci met donc fin à mes remarques et il nous fera plaisir de répondre aux questions du comité.
:
Je vous remercie de votre présence ici aujourd'hui. Nous en sommes ravis.
Je suis très heureuse de constater que le Comité de la condition féminine aborde la question du trafic des personnes. Je pense que c'était attendu depuis longtemps.
L'élément important qui caractérise le trafic des personnes, c'est le manque de connaissances à ce sujet de la part de la population, de la police, de tout le monde. Il semble maintenant qu'il y a une prise de conscience. Une résolution a été déposée aux Nations Unies, en 2004, dans le cadre du Congrès des femmes ukrainiennes, visant à mettre un terme à ce trafic des personnes.
La semaine dernière, au centre des sans-abri de Toronto, j'ai parlé à une jeune femme qui m'a dit que la police ne l'avait pas cru lorsqu'elle leur a dit qu'elle avait fait l'objet d'un trafic. Le proxénète a dit qu'elle avait agi de son plein gré. Elle venait d'avoir 18 ans.
Nous sommes confrontés à toutes ces difficultés en tant que société.
Ceci dit, l'autre point que j'aimerais souligner, c'est que les personnes victimes d'un trafic des personnes à l'échelle internationale ne parlent généralement ni l'anglais ni le français. Elles sont généralement menacées et, selon leur pays d'origine, elles ne font guère confiance à la police.
Vous travaillez de concert avec de nombreuses autres organisations. Selon vous, que faudrait-il faire pour régler le problème? Peut-être faudrait-il une combinaison d'approches? La solution réside peut-être dans l'éducation ou dans l'augmentation des ressources policières. À votre avis, que faudrait-il faire dans la rue aujourd'hui pour mettre un terme à cet horrible crime?
Une troisième question a trait à la cueillette des données. Des fonds ont été alloués au cours de la dernière décennie à la cueillette de données sur cet horrible problème, mais nous savons par les ONG, les agents de police et par bien d'autres organisations qui travaillent sur le terrain que cela se produit plus souvent que nous ne voulons bien l'admettre.
Pourriez-vous faire des commentaires sur ces trois points?
:
Je vous remercie de me poser la question.
Pour ce qui est des efforts déployés à l'échelle internationale, l'un des plus importants aspects dont il faut tenir compte est, d'une part, la nécessité de sensibiliser davantage, de transmettre le message aux plus vulnérables, les enfants et les jeunes filles, afin qu'ils soient plus vigilants et qu'ils se méfient davantage, et, d'autre part, la nécessité de faire connaître leurs droits et les services qui leur sont offerts pour les protéger et leur venir en aide.
C'est la raison pour laquelle nous travaillons, par exemple, au niveau international, en étroite collaboration avec l'Organisation internationale pour les migrations. Elle a accompli du très bon travail avec les organisations de la base et les ONG dans les pays comme l'Ukraine, ainsi que je l'ai mentionné plus tôt, pour soutenir la société civile dans ses interventions auprès des victimes vulnérables et dans ses activités de sensibilisation. Donc, l'approche au niveau international doit certainement être privilégiée, et dans notre propre hémisphère également, ici même, dans les Amériques.
Quant à la cueillette des données, je vais demander à ma collègue de parler de la situation au Canada, mais je peux vous dire qu'au niveau international, le défi est grand. Ici, au Canada, nous avons nos propres problèmes, mais ils existent certainement partout ailleurs dans le monde. Nous ne sommes pas les seuls. Nos partenaires du G-8 sont confrontés aux mêmes difficultés et aux mêmes défis, en raison de la nature même du problème, de la ligne de démarcation très ténue, ainsi que je l'ai mentionné plus tôt, entre la prostitution et le trafic des personnes, et du fait qu'il est difficile de trouver le bon moyen d'identifier le problème et de le résoudre.
:
Sur le plan national, simplement pour faire écho aux propos d'Adèle, la prévention nous pose un problème de taille. Nous avons consacré beaucoup de nos efforts préliminaires au fédéral à faire passer le message à l'échelle locale. Nous devons faire davantage, c'est certain, et nous poursuivrons nos efforts avec nos partenaires sur le terrain. Nous continuons à travailler là-dessus.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, l'approche des trois P, soit la protection des victimes, la prévention et la poursuite des contrevenants, est réellement une approche internationale standard. Elle demeure notre grande priorité à l'échelle nationale également. La protection des victimes, donc, avec l'annonce que le ministre de la Citoyenneté et de l'immigration a faite sur les lignes directrices, en mai 2006, a marqué un immense pas en avant pour nous tous.
Encore une fois, il est clair qu'il reste encore beaucoup à faire. Dans le secteur de la justice pénale, nous continuons de travailler par l'entremise de divers forums aux niveaux fédéral, provincial et territorial, afin de maintenir la question sur la table avec les responsables de la poursuite et les dirigeants des services aux victimes. Il y a beaucoup à faire au niveau fédéral pour maintenir la question à l'ordre du jour, mais il est également très important que nous travaillions en partenariat avec les provinces et les ONG, afin de marquer d'autres points.
Quant à la cueillette des données, ce qu'Adèle a dit au sujet du problème à l'échelle internationale est vrai pour nous. La nature clandestine des agissements en question fait en sorte qu'il est incroyablement difficile pour quiconque d'obtenir des données réelles sur la question. Si nous examinons la situation dans d'autres secteurs où nous avons acquis de l'expérience ici au Canada, au chapitre des agressions sexuelles, par exemple, et de la violence conjugale, nous avons des données statistiques, mais tous ceux qui travaillent dans ce secteur vous diront que ces données sont bien en deçà du nombre réel de victimes.
Les infractions commises aux termes du , et de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, et celles qui touchent plus précisément la traite des personnes nous aideront un peu à mettre la main au collet des auteurs des crimes de cette nature. Nous continuerons d'analyser les comportements de nature similaires; une cause peut de prime abord ne pas être considérée comme étant liée à la traite des personnes, mais se révéler de cette nature, une fois les faits examinés de plus près.
Pour ce qui est de l'application de la loi, vous avez entendu les témoignages de la GRC. Je pense que des responsables de l'Agence des services frontaliers du Canada viendront également témoigner et ils pourront vous faire part des efforts qu'ils peuvent fournir — et qu'ils fournissent — au pays pour améliorer leur capacité à conserver les données sur cette question.
Donc il y a beaucoup plus que nous devons faire, mais il y a des obstacles énormes en termes d'essayer d'obtenir les vrais nombres que nous voudrions tous avoir.
:
Nous sommes à court de temps maintenant. J'aimerais remercier madame Dion et madame Morency de toutes les informations que vous nous avez fournies ce matin.
Nous regarderons le vidéo dont vous nous avez parlé, soit en groupe, soit individuellement. J'ai bien hâte de le voir.
Je vous remercie beaucoup de votre aide. Nous continuerons de travailler sur cette importante question.
Nous avons différentes petites choses que j'aimerais maintenant porter à l'attention des membres du comité. Lorsque nous nous sommes prononcés sur les crédits 110 et 115, j'aurais également dû présenter une motion demandant si la présidente doit faire rapport du budget principal des dépenses à la Chambre.
Est-ce que tout le monde est d'accord?
Des voix: D'accord.
La présidente: Très bien.
J'aimerais vous faire part de l'horaire des réunions à venir. Jeudi, nous avons M. Richard Poulin, de l'Université d'Ottawa, et Mme Leslie Ann Jeffrey, de l'Université du Nouveau-Brunswick.
Une troisième personne devait témoigner. Il s'agit de M. Victor Malarek, qui devait être ici ce matin, mais il a dû se rendre en Colombie-Britannique, alors nous ne l'aurons pas comme témoin.
J'aimerais porter à votre attention la réunion spéciale sur l'analyse différenciée selon les sexes qui aura lieu lundi, à 15 h 30. C'est la réunion supplémentaire que nous avons convenu de tenir sur l'analyse différenciée selon les sexes et à laquelle nous avons convié des sous-ministres de différents ministères. Nous en avions déjà convenu. Elle aura donc lieu le 6 novembre, à 15 h 30.
Nous distribuerons l'horaire de ces rencontres à ceux qui ne l'ont pas.
Lorsque nous commencerons, jeudi, nous nous assurerons d'avoir en main tous les documents nécessaires dès le début, le lundi 6 novembre, à 15 h 30, afin de discuter de l'analyse différenciée selon les sexes.
Y a-t-il autre chose?
Madame Smith.