Tout d'abord je voudrais remercier le comité de me donner l'occasion de présenter ce document ce matin. Le rapport Femmes au Canada est le résultat d'une somme d'effort et de travail considérable, si bien que le personnel qui a participé au projet est toujours heureux de constater qu'il sert à de bonnes fins, particulièrement dans une tribune comme celle-ci.
Pour mémoire, je voudrais préciser qu'il s'agit en fait de la cinquième édition de Femmes au Canada, rapport publié tous les cinq ans depuis 1985. Je peux dire avec beaucoup de fierté que j'ai été le rédacteur de la série dès le début.
Lorsque nous étions en train d'assembler nos notes d'information pour l'édition de 2005, en mars, j'ai consulté certaines des éditions antérieures et relu ce que nous avions écrit auparavant, et notamment au contenu de l'introduction de la toute première version du rapport, l'édition de 1985. Or j'ai été frappé par une chose : les conclusions générales, le consensus auquel nous étions arrivés pour la version de 1985 étaient très similaires à nos conclusions pour la version actuelle.
D'une part, il est manifeste que la qualité de vie des Canadiennes s'est améliorée au cours du dernier quart de siècle. Toutefois, il subsiste des lacunes importantes dans la condition statut socio-économique des Canadiennes, ainsi qu'en attestent les indicateurs sociaux de base. De plus, nous avons été frappés, en préparant la dernière édition, par le ralentissement de certains progrès. La vitesse à laquelle l'écart se comble a ralenti; dans certains cas il est même resté stationnaire.
L'une des tendances très encourageantes qui s'est dégagée de femmes au Canada cette fois-ci est indubitablement que les femmes continuent à faire de grands progrès sur le plan de la scolarité. Comme vous pouvez le constater en examinant le graphique 1, les femmes sont aujourd'hui tout aussi susceptibles que les hommes d'être titulaires d'un diplôme universitaire, alors qu'au début des années 1970, voire au début des années 1980, elles étaient à peu près deux fois moins nombreuses que les hommes à avoir terminé des études universitaires. En fait, il est fort probable que les femmes dépasseront bientôt les hommes sur le plan de la scolarité, étant plus nombreuses à obtenir des diplômes universitaires. Les femmes représentent d'ailleurs d'ores et déjà une importante majorité --57 p. 100 selon les données les plus récentes-- de la population universitaire.
Le taux de faible revenu chez les femmes âgées, et notamment chez celles qui vivent seules, a lui aussi reculé de façon spectaculaire. Comme le montre le graphique 2, environ une femme sur cinq, parmi celles ayant 65 ans et plus, dispose d'un revenu après impôt qui se situe en deçà du seuil de faible revenu de Statistique Canada; toutefois, ce pourcentage est de beaucoup inférieur au pourcentage de près de 60 p. 100 qui existait aussi récemment qu'au début des années 1980. Les femmes âgées qui vivent seules sont encore un peu plus susceptibles que leurs homologues masculins d'être classées dans les catégories de personnes à faible revenu que les femmes de moins de 65 ans vivant seules.
Il y a donc eu un déclin marqué du pourcentage de femmes âgées ayant un faible revenu, notamment des femmes âgées vivant seules, d'autres groupes de femmes dans la population risquent encore de disposer d'un faible revenu, notamment les femmes responsables de familles monoparentales. Comme l'indique le graphique 3, près de 40 p. 100 de toutes les familles dirigées par une mère seule ont un revenu après impôt inférieur au seuil de faible revenu. Cela représente un certain recul par rapport au milieu des années 1990, où ce taux était de 50 p. 100. Toutefois, comme l'indique le graphique, le taux actuel pour ces familles se situe encore bien au-dessous des taux pour les autres familles avec des enfants. À l'heure actuelle, seulement 7 p. 100 des familles biparentales ayant des enfants sont aujourd'hui considérées comme ayant un faible revenu.
Cette situation est d'autant plus inquiétante que les familles monoparentales dirigées par des femmes continuent à représenter une proportion croissante de toutes les familles avec des enfants. À l'heure actuelle, on dénombre au Canada plus d'un million de familles monoparentales dont le chef est une femme, et comme on peut le voir sur le graphique 4, ces familles monoparentales représentent environ une famille sur cinq avec enfants. Il s'agit donc d'une hausse par rapport à 16 p. 100 en 1991. C'est une hausse importante pour une période aussi courte, et cela représente le double du pourcentage dans les années 1960 et 1970 alors que les familles monoparentales dont le chef était une femme ne représentaient qu'environ 10 p. 100 de toutes les familles avec des enfants au Canada.
L'une des tendances les plus importantes, ou peut-être la tendance la plus importante qui a eu un impact pour les femmes au cours du dernier quart de siècle — et en fait c'est peut-être la tendance sociale la plus significative au Canada au cours du dernier quart de siècle — est le grand nombre de femmes qui se sont jointes à la population active rémunérée. Comme le montre le graphique 5, près de 60 p. 100 de toutes les femmes âgées de 15 ans et plus font partie de la population active rémunérée, une augmentation par rapport à environ 40 p. 100 dans le milieu de années 1970. Alors que nous avons eu cette croissance continue du taux de participation des femmes dans la population active rémunérée, il y a eu une diminution du pourcentage d'hommes qui occupaient un emploi au cours de la même période. Par conséquent, les femmes représentent actuellement près de la moitié — soit 47 p. 100 — de toute la population active rémunérée au Canada.
Cette croissance de l'activité des femmes sur le marché du travail a été en grande partie enregistrée chez les femmes avec des enfants, comme l'indique le graphique 6, surtout celles qui ont de jeunes enfants. Environ les deux tiers de toutes les femmes qui ont au moins un enfant de moins de six ans font aujourd'hui partie de la population active rémunérée au Canada, soit plus du double du chiffre consigné au milieu des années 1970. Et les trois quarts de ces mères qui travaillent ont un emploi à temps plein. La proportion de mères seules occupant un emploi a aussi progressé; en fait, cette proportion s'est accrue beaucoup plus que la proportion chez les autres mères pendant la dernière décennie ou à peu près. Comme le montre le graphique 7, environ deux mères seules sur trois font partie de la population active rémunérée. Encore une fois, environ les trois quarts travaillent à plein temps. C'est donc une hausse par rapport à moins de 50 p. 100 au début des années 1990.
Toutefois, même s'il y a eu une croissance significative du taux de participation des femmes dans le main-d'oeuvre rémunérée, le genre d'emplois qu'occupent les femmes n'a pas changé aussi rapidement. Par exemple, la majorité des femmes continuent à travailler dans des professions où les femmes ont traditionnellement été concentrées. À l'heure actuelle, plus de la moitié, soit 53 p. 100 des femmes qui occupent un emploi travaillent dans des postes de commis de bureau ou d'autres emplois administratifs, des emplois dans les secteurs de la vente et des services qui sont souvent caractérisés comme des emplois relativement peu rémunérés et offrant des possibilités d'avancement limitées. Par ailleurs, les femmes continuent à représenter un pourcentage disproportionné des emplois à temps partiel au Canada. Elles risquent beaucoup plus que les travailleurs à modifier leur horaire de travail en fonction de la famille et des besoins des enfants, et même si elles détiennent un emploi, elles assument toujours la majeure partie des responsabilités qui concernent la famille et les soins des enfants à la maison.
Enfin, les femmes continuent de gagner beaucoup moins que leurs collègues masculins. Comme l'indique le graphique 8, le dernier, les femmes travaillant à plein temps toute l'année touchent actuellement environ 0,71 $ pour chaque dollar gagné par leurs homologues masculins. Après deux décennies de croissance assez constante, cet écart n'a pas changé de façon significative pendant la dernière décennie, ce qui a été l'une des conclusions les plus surprenantes de notre étude.
En fait, je pourrais sans doute consacrer tout le temps qui a été réservé pour la séance de ce matin à vous parler du rapport Femmes au Canada. Mais les grandes lignes que je vous ai tracées représentent certes celles qui nous ont le plus frappées et comme étant les plus importantes. Nous n'avons cependant qu'à peine abordé les questions liées à la famille. Nous n'avons pas mentionné la santé et nous n'avons pas parlé des questions de diversité en ce qui a trait aux femmes.
Il y a un domaine dont je n'ai pas parlé, quoi qu'il soit très important, et c'est celui de la violence envers les femmes dans le contexte familial... par un conjoint et ce genre de chose. Je vais passer le micro à ma collègue Karen Mihorean qui a rédigé notre chapitre sur les éléments concernant la justice pénale, et elle va vous donner quelques détails au sujet de cette forme de violence.
Comme mon temps est compté, j'ai décidé d'axer mon propos sur la violence conjugale à caractère létal et non létal. Comme le disait Colin, je pourrais probablement passer une heure à vous parler des différents éléments associés à la violence envers les femmes, mais je vais me limiter à ces éléments-là.
Avant de passer aux données, je voudrais vous décrire brièvement la façon dont Statistique Canada mesure la violence envers les femmes.
Il est difficile de chiffrer la prévalence de la violence envers les femmes en raison du caractère très privé de ce genre d'incident. Nous nous fondons sur plusieurs sources, et notamment les statistiques des cas signalés à la police, des renseignements à caractère national que nous tirons de notre enquête sur les maisons d'hébergement pour femmes battues et de notre étude sur les services aux victimes, mais également notre étude nationale quinquennale sur la victimisation pour laquelle nous sélectionnons de façon aléatoire un segment de la population dont nous interrogeons individuellement les membres sur ce qu'ils ont vécu en matière de crime et de violence.
En revanche, les renseignements d'origine policière sont limités. Nous savons qu'un tiers seulement environ des cas de violence familiale sont signalés à la police, de sorte qu'il y a énormément de cas qui ne le sont pas. En ce qui concerne l'information que nous tirons des refuges et des services aux victimes, nous savons que les femmes qui y ont recours sont souvent celles qui tentent d'échapper à des formes très graves de violence et que, par conséquent, ces femmes ne sont peut-être pas représentatives de toutes les femmes maltraitées. Par conséquent, les enquêtes sur la victimisation sont devenues un peu la norme qui nous permet de faire une estimation de la nature et de l'ampleur de la violence envers les femmes au Canada.
Pour commencer par le premier tableau, celui qui porte le numéro 2 sur la diapositive, les données concernant la victimisation nous montrent une diminution du nombre des agressions à l'endroit des épouses depuis 1993, date à laquelle nous avons pour la première fois commencé à mesurer la violence conjugale dans la population en général. Sept pour cent des femmes vivant dans une relation conjugale ou de concubinage avaient signalé en 2004 avoir été physiquement ou sexuellement agressées par un conjoint pendant les cinq années précédentes. Il s'agit d'une diminution faible certes, mais statistiquement importante par rapport aux 8 p. 100 qui avaient été signalés en 1999. Ces chiffres représenteraient 653 000 femmes en 2004 et 690 000 en 1999.
Le changement le plus important que nous avons constaté en ce qui concerne les pourcentages de violence conjugale entre 1999 et 2004 concernait les relations qui, au moment de l'entrevue, étaient terminées. Même si les femmes signalent davantage de cas de violence de la part d'anciens conjoints que de la part de conjoints actuels, le pourcentage des femmes qui, dans les cinq années précédentes, ont été victimes d'actes de violence de la part d'un ancien conjoint est passé de 28 p. 100 en 1999 à 21 p. 100 en 2004.
Si vous regardez le tableau qui montre les différences entre les deux sexes, vous constatez qu'en 2004, 7 p. 100 des femmes ont signalé un acte de violence et 6 p. 100 des hommes ont signalé un cas de violence conjugale. Même si ces chiffres paraissent similaires, il existe une différence statistique entre les deux, de sorte que nous pouvons affirmer que, statistiquement parlant, les femmes sont plus susceptibles que les hommes d'être victimes d'actes de violence conjugale.
Pour passer au tableau suivant, vous pouvez voir que malgré la similitude des pourcentages globaux de cas de violence conjugale, les femmes sont davantage susceptibles que les hommes de signaler les formes les plus graves de violence. Ainsi, lorsque nous nous sommes penchés sur les types d'actes de violence les plus graves, nous avons constaté que les femmes étaient deux fois et demie plus susceptibles que les hommes de dire qu'elles avaient été battues, étranglées, menacées d'une arme, arme à feu ou couteau, ou encore agressées sexuellement.
Étant donné les formes plus graves de violence que risquent les femmes, nous constatons que ces dernières sont également plus susceptibles de subir des conséquences physiques beaucoup plus graves. Par exemple, les femmes risquent deux fois plus d'être blessées, six fois plus de devoir recevoir des soins médicaux, cinq fois plus d'être hospitalisées en raison d'une blessure découlant d'un acte de violence, plus de trois fois plus susceptibles de dire à un moment donné qu'elles craignent pour leur vie à cause des actes de violence, et deux fois plus susceptibles de signaler ce que nous considérons être des cas de violence permanente ou chronique, définie par 10 épisodes violents ou plus.
Sur le tableau suivant, nous voyons qu'il existe plusieurs facteurs qui aggravent le risque, pour une femme, d'être victime d'un acte de violence conjugale. La prévalence de la violence demeure la plus élevée chez les jeunes femmes de 15 à 24 ans. Cette prévalence est également trois fois plus élevée pour les femmes qui vivent en concubinage. Nous savons également que la jeunesse et la vie en concubinage sont souvent associées.
Nous constatons que les femmes sont sept fois plus susceptibles de signaler un acte de violence de la part d'un ex-partenaire que de la part d'un partenaire actuel, et nous savons qu'une séparation est un moment particulièrement risqué pour les femmes. La moitié des femmes qui signalent une agression de la part d'un ex-partenaire disent que l'acte violent s'est produit après la séparation du couple et, dans un tiers des cas d'agression qui suivent une séparation, la violence commence ou s'aggrave au moment de la séparation.
Nous savons également que la violence psychologique accroît considérablement le risque de violence conjugale. Une femme qui vit en couple dans un climat de violence psychologique sera 25 fois plus susceptible de signaler également des actes de violence qu'une femme qui, vivant en couple, ne fait pas l'objet de violence psychologique.
Par ailleurs, selon l'enquête de 2004 sur les victimes, nous avons constaté que les pourcentages de violence conjugale étaient de loin les plus élevés pour les femmes autochtones. Les femmes autochtones sont trois fois et demie plus susceptibles que leurs homologues non-autochtones d'être victimes de violence conjugale.
Il est clair également que l'alcool joue un rôle dans la violence conjugale. Un peu moins de la moitié des femmes victimes de violence conjugale ont déclaré que leurs conjoints avaient bu au moment de la violence. Nous savons par ailleurs que lorsqu'il y a consommation d'alcool, la violence est généralement plus grave, plus fréquente et risque davantage de causer des blessures. On a également constaté dans le cas des femmes dont les partenaires étaient considérés comme de gros buveurs — en d'autres termes des consommateurs occasionnels excessifs d'alcool — la violence dont elles étaient victimes était plus grave et occasionnait davantage de blessures que dans le cas des femmes dont les partenaires étaient peut-être des buveurs plus modérés ou buvaient plus rarement.
Les femmes sont particulièrement vulnérables lorsqu'elles sont enceintes. En 1993, lorsque nous avons fait notre enquête nationale sur la violence faite aux femmes, nous avons constaté que 21 p. 100 des femmes maltraitées ont dit qu'elles avaient été agressées alors qu'elles étaient enceintes, et dans 40 p. 100 de ces cas, c'est à ce moment-là que la violence a commencé.
Si on regarde maintenant la diapo suivante, le taux d'affaires de violence conjugale signalées à la police, nous constatons qu'entre l'enquête de 1993 et l'enquête de 1999, il y a eu une augmentation marquée du pourcentage de violence conjugale signalée à la police, pourcentage qui est passé de 29 p. 100 à 37 p. 100, mais ce pourcentage s'est stabilisé au cours de la période de 1999 et de 2000.
Un certain nombre de facteurs influent sur la décision de signaler une affaire de violence à la police. La principale raison que donnent les femmes lorsque nous leur demandons directement pourquoi elles ont choisi de signaler une affaire à la police était qu'elles voulaient mettre fin à la violence et être protégées. Moins de femmes ont dit qu'elles avaient signalé l'affaire à la police parce qu'elles voulaient que leurs partenaires soient arrêtés ou punis.
Lorsque nous faisons une comparaison statistique entre les femmes qui choisissent de s'adresser au système judiciaire et celles qui ne le font pas, nous constatons que le facteur le plus important est la gravité de la violence; c'est-à-dire s'il y avait une blessure, si la victime a dû recevoir des soins médicaux, si à un moment donné elle craignait pour sa vie, ou si elle était exposée à des incidents multiples de violence. Par ailleurs, nous avons constaté que selon les statistiques, lorsque les enfants ont été témoins de la violence, c'est-à-dire s'ils l'ont entendu ou vue, et s'il y a présence d'alcool, une femme risque davantage de choisir de le signaler à la police.
Si on regarde la diapositive suivante, ce sont là nos statistiques officielles des cas signalés à la police. Nous savons qu'environ 84 p. 100 des incidents de violence conjugale consignés ont été commis contre des femmes et 16 p. 100 contre des hommes. Lorsque la police est appelée, nous savons qu'un pourcentage plus élevé de cas d'agression contre la conjointe se traduit par l'arrestation ou des accusations qui sont portées contre l'agresseur par la police que dans les cas où c'est le conjoint qui est agressé.
De tous les incidents consignés par la police en ce qui a trait à la violence conjugale, les conjoints actuels et les ex-conjoints représentaient le nombre le plus important d'agressions de la part d'un partenaire intime. Cependant, nous constatons également que ce nombre a diminué depuis 2001, ce qui correspond aux données résultant de notre enquête sur les victimes. Le nombre de cas d'agressions par un partenaire intime signalés à la police, lorsqu'il s'agit d'un petit ami actuel ou d'un ex-petit ami, a augmenté depuis 1998 et constitue maintenant la deuxième catégorie la plus élevée de violence de la part d'un partenaire intime,dépassant le nombre d'agressions commises par des conjointes.
Sur la diapo suivante, nous voyons le taux d'homicides entre conjoints ou de violence conjugale mortelle. Nous savons qu'un homicide sur cinq au Canada est commis par un partenaire intime. Il y a quatre fois plus de femmes qui sont tuées par un conjoint que d'hommes tués par une conjointe.
Nous savons que depuis 1974, le taux d'homicides entre conjoints pour les hommes et les femmes a reculé de moitié, et la diminution du taux d'homicides entre conjoints au cours des dernières années est peut-être attribuable, entre autres, à un soutien accru dans la collectivité. Nous savons qu'au début des année 1970 il n'y avait qu'environ 20 abris pour les femmes maltraitées au Canada. Il y en a aujourd'hui plus de 550.
Les politiques de mise en accusation obligatoire et une meilleure formation des policiers pourraient par ailleurs contribuer à ce recul. La recherche révèle par ailleurs que le recul est lié aux améliorations de la condition socioéconomique des femmes, dont Colin a parlé tout à l'heure.
Les statistiques de la police laissent entendre qu'un pourcentage important des femmes accusées d'homicide conjugal avaient agi dans une situation de légitime défense. Dans 41 p. 100 des cas d'homicide conjugal dont les hommes étaient victimes et pour lesquels la police avait l'information nécessaire, la police a déterminé que la victime était la première à avoir menacé ou utilisé la force physique lors de l'incident. C'était le cas pour 5 p. 100 des homicides conjugaux dont les femmes étaient victimes.
Dans un nombre important d'homicide conjugal, la violence familiale est habituelle. Par exemple, dans 55 p. 100 des homicides contre les femmes et 72 p. 100 des homicides contre les hommes, il y avait la violence familiale était courante entre le couple. Ce que les statistiques policières ne nous permettent pas de savoir, c'est qui était l'auteur des incidents précédents.
La dernière diapositive montre le risque d'homicide entre conjoints. On voit que selon l'enquête sur les homicides nous savons que le risque d'homicide entre conjoints est le plus élevé pour les jeunes femmes, et que le risque d'être assassiné par le conjoint diminue avec l'âge. Les femmes sont particulièrement à risque pendant la séparation, particulièrement les jeunes femmes. Alors que les femmes séparées représentent 4 p. 100 des femmes dans la population générale, elles représentent 26 p. 100 des femmes tuées par leur conjoint. Si on regarde les données pour voir s'il y a des différences selon la durée de la séparation, nous constatons que les femmes risquent particulièrement d'être tuées par leur conjoint au cours des deux premiers mois de la séparation.
Enfin, ceux qui vivent en union libre risquent davantage d'être tués, encore une fois, plus particulièrement s'ils sont jeunes et s'ils vivent en union libre. Par exemple, 13 p. 100 des Canadiens vivent en union libre, mais les unions libres représentent 40 p. 100 des homicides entre conjoints.
Comme Colin, j'aimerais remercier le comité de m'avoir donné l'occasion de comparaître. Merci.
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Bonjour, monsieur Lindsay.
Je voudrais d'abord vous sensibiliser à certains propos que j'ai entendus. Vous dites que les femmes font une grande percée dans le marché du travail, que les femmes sont de plus en plus scolarisées et que c'est très positif. Cela donne une image comme quoi tout va bien. Toutefois, parallèlement, lorsqu'on examine la situation de manière plus pointue, on se rend compte que c'est vrai qu'elles font une percée dans le marché du travail, mais que c'est dans des emplois précaires, atypiques, des emplois que vous avez vous-même qualifiés de traditionnellement féminins. Donc, le fait de qualifier certains emplois de traditionnellement féminins infère indirectement qu'il y a des emplois pour les hommes seulement. Vous comprenez?
D'une part, est-ce que vous pensez que le langage qu'on peut avoir dans la société peut contribuer à accentuer des écarts entre les femmes et les hommes? Je pense au langage employé lorsqu'on dit que des emplois sont traditionnellement pour les femmes et que c'est normal que madame soit secrétaire, réceptionniste ou vendeuse, et que les hommes doivent être des PDG, des gestionnaires, etc., et toucher des gros salaires.
D'autre part, je suis très surprise que vous nous disiez que dans une société comme la nôtre, à scolarité égale, on ne semble pas voir dans les statistiques — et vous me le direz si je me trompe — des emplois égaux. Donc, les femmes sont scolarisées comme il se doit, mais parallèlement, il ne semble pas y avoir dans les statistiques une montée forte des bons emplois, des emplois bien rémunérés, etc.
Cependant, il se peut que je n'aie pas très bien compris ce que vous m'avez dit.
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Oui, en fait, mon exposé devait faire état des données que vous avez demandées, et je ne sais trop pourquoi, mais j'ai oublié de le faire.
Oui, le noeud du problème, c'est que les familles monoparentales ayant une femme à leur tête représentent une proportion très élevée de tous les enfants. À l'heure actuelle, 43 p. 100 des enfants vivant dans des familles à faible revenu font partie de familles monoparentales dirigées par une femme, alors que ces familles ne représentent pourtant que 13 p. 100 de tous les enfants. Il y a donc une nette surreprésentation de ce groupe.
Pour ce qui est de votre question au sujet des garderies et de la pauvreté, nous n'avons pas étudié les deux phénomènes ensemble. En fait, nous avons effectué assez peu de recherche sur les familles monoparentales à faible revenu et ayant une femme chef de famille, mais j'ai moi-même déjà étudié la question dans le passé. Nous avons publié un travail intégralement consacré aux femmes chefs de famille monoparentale il y a quelques années. Les données sont un peu périmées, mais je crois me souvenir qu'on avait observé une corrélation très nette entre l'incidence de faibles revenus et l'absence d'un soutien de famille. Par conséquent, si dans une famille monoparentale ayant à sa tête une femme, il n'y a pas de soutien de famille, il va presque de soi que dans 95 ou 96 p. 100 des cas, elle aura de faibles revenus.
D'ailleurs, si vous vous reportez à nos deux tableaux sur les femmes chefs de famille monoparentale, le pourcentage d'entre elles ayant de faibles revenus...et si vous inversez celui illustrant le taux d'emploi, vous verrez un parallèle très évident. Quant à savoir s'il faut en tirer une conclusion statistique...mais enfin, compter dans la famille quelqu'un qui a un emploi rémunéré a une incidence importante sur le niveau du revenu.
Nous ne sommes pas allés plus loin afin de voir pourquoi les 35 p. 100 de femmes monoparentales sont sans emploi. C'est certainement une question qui en découle.
L'absence de services de garderies est-elle un facteur? C'est possible, mais pour le moment, nous l'ignorons. Quoi qu'il en soit, le rapport entre ces familles et l'emploi est absolument essentiel au rapport avec un faible revenu, cela ne fait aucun doute.
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Merci, madame la présidente.
Mesdames et messieurs, c'est extrêmement intéressant de vous recevoir ici ce matin. Je crois que vos études sont très complémentaires.
D'une part, monsieur Lindsay, vous nous avez dit avoir contribué à toutes les publications concernant les femmes au Canada. Je les ai pratiquement toutes lues et je suis très heureuse de constater avec vous que les conditions de vie des femmes se sont un peu améliorées. Et je crois qu'elles se sont améliorées, entre autres, grâce au travail incessant des groupes de femmes et également grâce à toutes les mesures sociales qui ont été mises en oeuvre afin d'aider à améliorer leurs conditions de vie.
Quant à Mme Mihorean, je trouve également intéressant de voir qu'il y a quand même une diminution assez notable de la violence. Encore là, je crois que des mesures pour contrer cette violence ont été mises sur pied.
J'essaie de combiner les deux et je ne sais pas lequel ou laquelle d'entre vous répondra à mes questions.
On a de plus en plus de femmes qui vivent en union libre. D'ailleurs, monsieur Lindsay, je crois que vous avez fait ressortir le fait qu'il y a de plus en plus de femmes qui sont divorcées et qu'il y a de plus en plus de familles qui dépendent d'une femme monoparentale. En fait, les deux tiers des femmes chef d'une famille monoparentales travaillent, dites-vous, et en général, les deux tiers des femmes qui ont des enfants travaillent. Donc, je garde en tête le mot « travail », l'importance pour les femmes de travailler.
En matière de violence faite aux femmes, on dit qu'il y a une diminution de 50 p. 100 qui est attribuable, premièrement, au soutien accru de la communauté et, deuxièmement, à l'amélioration des conditions socio-économiques des femmes. Donc, les femmes travaillent, sont plus en mesure d'être autonomes et indépendantes financièrement et acceptent moins la violence, qu'elles soient jeunes, qu'elles aient entre 30 et 50 ans ou qu'elles soient âgées. Les femmes âgées qui ont travaillé, qui ont eu un salaire, qui ont eu leurs rentes, qui ont une pension de retraite sont moins en mesure d'accepter la violence.
Les femmes canadiennes — je ne parlerai pas du Québec, parce qu'on a déjà ce système — ont demandé un système de garderies.
Madame Mihorean, est-ce que vous croyez que cela pourrait être un des moyens pouvant aider les femmes dans leur lutte contre la violence ou de les aider à être plus autonomes?
Monsieur Lindsay, je vous adresse ma deuxième question. On va essayer de procéder rapidement. Est-ce que vos données sont ventilées? Peut-on les distinguer selon les provinces? Dans votre rapport, il y a des données générales pour le Canada. Est-ce que vous voyez qu'il y a une différence entre le Québec et le reste du Canada?
Ce sont mes deux questions. Merci.
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Je vous avais demandé de rester jusqu'à 10 h 45 afin que nous puissions consacrer nos 15 dernières minutes aux travaux du comité. De ce fait, il ne reste malheureusement plus assez de temps pour poser des questions, mais vous avez certainement constaté l'intérêt que porte le comité à cette question, et nous souhaiterons peut-être vous faire revenir plus tard concernant des parties bien précises du rapport.
Merci beaucoup d'être venue. Si vous pouviez transmettre au greffier, qui les remettra à tous les membres du comité, les précédents rapports de Statistique Canada que vous avez mentionnés, et sur lesquels Mme Mathyssen vous a posé des questions, cela nous serait utile.
Merci beaucoup.
Chers collègues, nous avons différents points à traiter en peu de temps.
Je vous signale qu'on vous a remis notre plan de travail et qu'il est possible de le modifier.
J'ai essayé d'obtenir confirmation d'une réunion conjointe avec les Affaires autochtones. À notre prochaine réunion, nous recevrons les fonctionnaires de Condition féminine Canada. Si nous ne pouvons obtenir la réunion conjointe avec les Affaires autochtones le 6 juin, je proposerais que nous invitions des représentants du ministère des Affaires indiennes et du Nord ou de l'Association des femmes autochtones.
Je vais proposer certains changements à notre calendrier des travaux. Nous essayons d'organiser des réunions conjointes. Si nous avons du mal à organiser cette séance commune avec le Comité des affaires autochtones, c'est que nos deux comités se réunissent presque en même temps et nous n'avons pas pu obtenir l'accord de tout le monde.
Lors de cette séance commune avec le Comité des affaires autochtones, nous voulons parler des droits fonciers matrimoniaux. Je vais le confirmer de manière à pouvoir élaguer l'ordre du jour.
Quant au Comité de la justice, il nous a demandé quels étaient les sujets dont nous souhaitions précisément discuter avec lui. Si je ne m'abuse, madame Mourani, vous souhaitiez une réunion conjointe sur la violence envers les femmes.
Même si nous n'avons pas encore pu confirmer la date de nos séances communes avec ces comités, nous continuerons nos démarches dans ce sens. Il faudra peut-être tenir une réunion supplémentaire qui viendra s'ajouter à ces deux réunions, pour trouver le moment de tenir ces séances conjointes.
La ministre Oda a fait savoir qu'elle souhaite vivement assister à une de nos réunions. Nous avons fixé provisoirement la date du 22 juin pour la comparution de la ministre. Si cela s'avère nécessaire, nous devrons peut-être trouver un autre moment qui convienne à la ministre, parce qu'il est très important à mon avis qu'elle nous rencontre avant que la Chambre ne suspende ses travaux pour l'été. Si vous êtes d'accord, nous vous ferons parvenir les changements apportés au calendrier des travaux.
Nous sommes saisis de plusieurs motions dont on vous a remis le texte la semaine dernière. Nous avons également deux demandes de budgets de fonctionnement liées à l'étude sur les droits fonciers matrimoniaux et à l'étude sur la sécurité financière des femmes, que le comité devra approuver. Nous pourrons le faire la semaine prochaine ou jeudi, si vous le souhaitez. Nous pourrons en débattre jeudi quand vous aurez eu le temps de les lire un peu plus.
Nous avons également trois motions, proposées par Mme Mourani, par Mme Minna et Mme Mathyssen. Mais avant de les étudier, nous devrons régler une dernière question de régie interne.
Je crois qu'on vous a distribué toutes ces motions usuelles. Il y en a une qui porte sur le quorum nécessaire pour que le comité puisse étudier et publier des témoignages; il s'agit d'ajouter « et le gouvernement ». Il faudra qu'au moins trois membres du comité soient présents, dont un député de l'opposition et l'un du gouvernement.
Qui propose cette motion?
Monsieur Stanton.