Bonjour. Je n'ai pas encore repris mon souffle.
La présidente: Respirez bien profondément et vous vous sentirez mieux.
Mme Beverly Jacobs: J'aimerais tout d'abord vous remercier de l'occasion qui m'est ici donnée de comparaître devant vous aujourd'hui pour vous entretenir de la question de la sécurité économique des femmes âgées.
J'aimerais vous faire un petit survol de l'Association des femmes autochtones du Canada, de qui nous représentons, de nos membres et de certaines des difficultés que nous posent vos questions.
Pour commencer, l'Association des femmes autochtones du Canada regroupe quelque 13 associations membres provinciales et territoriales dans le pays, et nous avons donc un groupe affilié dans chaque province et dans chaque territoire. Nos membres appartiennent déjà à l'une ou l'autre de ces organisations provinciales ou territoriales. Nous avons un conseil d'administration composé de 22 personnes. Les présidentes de ces associations membres provinciales et territoriales, ainsi que quatre jeunes et quatre aînés, siègent à notre conseil. Cela fait quelque temps déjà que nous essayons de coordonner un conseil des anciens par le biais de l'Association des femmes autochtones du Canada, ce afin d'obtenir une rétroaction des anciens, pour que nous puissions offrir les conseils de nos anciens, de nos femmes, de ceux que nous appelons les « gardiens de la connaissance » au sein de nos communautés, conseils dont nous avons tant besoin.
L'une des difficultés que nous avons eues, et à laquelle a toujours été confrontée l'Association des femmes autochtones du Canada, est celle de notre capacité. Il s'agit là d'une question qui revient sans cesse sur le tapis. Nous voulons, et moi je veux, en tant que dirigeante nationale de l'Association des femmes autochtones du Canada, être en mesure de porter à votre attention des faits qui rejoignent vos préoccupations particulières.
L'obtention de ces genres de renseignements, dans le cas non seulement de l'organisation nationale et du siège social mais également de chacun des groupes affiliés provinciaux et territoriaux,et la communication de ces informations à notre organisation, pour ensuite vous les transmettre, afin de vous offrir les conseils et les recommandations que vous recherchez, posent d'énormes défis.
Cela fait longtemps que les membres de notre conseil d'administration travaillent bénévolement du fait que nous n'ayons pas la capacité voulue. Et étant donné que l'organisation elle-même repose sur le volontariat, beaucoup des informations que j'essaie d'obtenir auprès de ces membres nous parviennent difficilement, faute de capacité.
Lorsque nous parlons de la sécurité économique des femmes âgées, nous voulons également parler des femmes autochtones de façon générale. Nous nous efforçons de prendre des décisions, d'élaborer les stratégies nécessaires et de vous fournir des réponses aux questions précises que vous posez.
C'est une très dure lutte. Nous avons maintes fois demandé un financement de base à long terme pour notre organisation ainsi que pour les associations membres provinciales et territoriales, ce afin qu'elles soient en mesure de fonctionner et d'assurer le travail de recherche qui est nécessaire, les analyses politiques qui sont nécessaires. Mais cela n'aboutit souvent pas.
D'autre part, en ce qui concerne les dates du comité, lorsqu'on nous demande de nous préparer avec un préavis d'une semaine, il nous est impossible de réunir les renseignements nécessaires auprès des provinces et des territoires afin de pouvoir faire le genre de recherches qui s'imposent pour pouvoir vous fournir une réponse éclairée.
Je peux vous livrer des données anecdotiques, des données tirées de mon expérience et de ce que les gens me disent, mais cela m'est difficile lorsque j'ai un conseil d'administration auquel je suis redevable et auquel je dois rendre des comptes, étant donné que ses membres ne sont pas forcément d'accord avec moi sur ce que je vais dire. Si je vous dis quelque chose qui ne correspond pas à ce que le conseil d'administration ou les femmes dans les localités aimeraient que je dise, alors cela me pose un problème et c'est pourquoi j'ai de la difficulté à vous livrer un message.
J'ai saisi l'occasion qui m'a été offerte car vous posez une question bien précise au sujet de la sécurité économique et des femmes âgées. Nous avons des aînées dans nos collectivités. Nous vivons d'énormes problèmes dont j'aimerais pouvoir vous entretenir, mais je ne le peux pas. Je ne le peux pas, car je n'ai pas dans mon bureau un personnel suffisant pour que nous puissions compiler ces renseignements, car nous sommes une organisation qui fonctionne par projet. Il intervient des critères bien précis lorsque nous avons un projet, un accord de contribution. Il y a des programmes de travail; il y a des résultats à livrer. Ainsi, lorsque nous faisons appel à des employés qui sont censés oeuvrer à ces produits à livrer dans le cadre d'une entente de contribution et leur demandons de prendre de leur temps pour commencer à répondre aux questions que vous nous posez... Et nous voulons y répondre. Nous voulons pouvoir vous fournir ces renseignements, mais cela les arrache à ce qu'ils sont tenus de faire. Voilà donc quelles ont été les réactions de notre personnel.
Comparaître devant vous pour vous entretenir de ces questions bien précises est une chose fort complexe. Il y a de la recherche qui doit se faire, et nous pourrions nous rendre dans chacune des provinces et dans chacun des territoires pour demander aux gens renseignements et réponses. Encore une fois, donc, il y a un effet en cascade. Si les gens dans les provinces et les territoires n'ont pas la capacité de nous fournir de réponses, et si nous, nous n'avons pas le personnel nécessaire pour pouvoir nous consacrer à ce travail, alors, encore une fois, il y a tout un effet en cascade qui est enclenché du fait de vouloir vous fournir ces réponses.
Je tenais à vous dire cela car notre défi, bien des fois, est tout simplement d'essayer de suivre le rythme. Bien des fois, nombre des questions dont il nous faut traiter... nous devons sans cesse réagir à des questions qui méritent des réponses ou fournir des conseils ou des analyses de situations diverses. C'est là la difficulté à laquelle nous nous trouvons confrontées. Suite à Kelowna, nous avons soumis au gouvernement fédéral toute une proposition de financement, car nous pensions à l'époque qu'il allait être possible pour nous d'avoir la capacité de répondre à ces questions. Étant donné l'absence de financement à l'heure actuelle, par suite de Kelowna, cela a affecté la capacité de notre organisation et n'est plus un sujet de discussion. Il nous faut nous efforcer d'être inventives pour essayer de créer du financement de projet, encore une fois, pour une organisation nationale qui représente des femmes de partout au pays. Nombre des besoins économiques et fiscaux de notre organisation ne sont pas pris en compte.
J'estime donc que cela est vraiment très important. Je tenais à aborder ces défis avec vous car il y a beaucoup de travail que nous essayons de faire et de maintenir.
Nous comptons à l'heure actuelle un personnel d'environ 30, et, encore une fois, ces employés sont très liés aux projets que nous avons en cours au sein de l'organisation.
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Je comprends que cela fera l'objet d'une discussion future. Les questions posées aux témoins ne devraient pas être limitées à la pauvreté des personnes âgées. La question est véritablement très vaste.
Je voulais en vérité aller tout de suite au coeur même du sujet, et je sais que ce n'est pas la question qui vous a été posée et que vous ne l'avez pas abordée, mais je devine, madame Jacobs, que vous possédez certaines des réponses. La principale raison de la pauvreté chez les femmes âgées en général, mais également chez les femmes autochtones vivant dans des communautés autochtones, a à voir avec les coûts économiques encourus par les femmes qui réduisent leur participation à la population active pour jouer un plus grand rôle dans le travail non rémunéré de l'éducation des enfants.
Dans quelle mesure les femmes des communautés autochtones sont-elles touchées par le phénomène du travail non régulier, à temps partiel par opposition à à temps plein? Ou bien est-ce le manque d'accès à de la formation ou aux études, qui leur fournirait les genres d'outils ou les genres d'emploi... selon l'endroit où elles vivent?
Ce qui m'intéresse, ce sont les raisons fondamentales pour lesquelles les femmes ont de la difficulté à participer de façon régulière à la population active, ce qui, en bout de ligne, a une incidence sur leur niveau de pauvreté dans la vieillesse.
Pourriez-vous nous donner une petite idée des éléments qui sont selon vous déterminants? J'ai parlé de travail non régulier et d'éducation, mais je suis certaine qu'il y a d'autres éléments dont vous pourriez nous entretenir.
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Il n'y a eu aucune discussion avec l'actuel gouvernement, sauf avec le ministre Prentice, sur la façon d'améliorer l'organisation. Nous avons parlé de financement de base, mais, encore une fois, ce ne sont que des paroles. Étant donné qu'ils ont parlé de financement de projets, nous pouvons soumettre tout ce que nous voulons en matière de projets.
Nous avons, au sein de l'organisation, un noyau de personnes qui sont visées par le financement, mais nous ne recevons que 300 000 $. Tous ces projets arrivent et nous grossissons de plus en plus, mais le noyau reste le même. Cela a une incidence sur la façon dont le travail se fait à l'interne et sur la quantité de travail que nous pouvons assumer.
En l'absence d'un noyau qui augmente parallèlement aux projets, cela a une incidence sur la capacité et sur les gens oeuvrant dans ce noyau. Il leur faut faire des heures supplémentaires pour rester à jour par rapport à tout ce qui est exigé pour des projets qui vont en augmentant. Le maintien de ce qui est nécessaire cause ainsi beaucoup de frustrations internes.
Après Kelowna, nous avons eu des discussions et le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien nous a dit qu'il se penchait sur le financement de base, mais nous n'avons eu aucune nouvelle depuis.
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Il existe peut-être des programmes dans les réserves. Je n'ai pas de renseignements détaillés là-dessus.
L'Association des femmes autochtones du Canada fait du travail relevant de l'EDRHA pour des femmes autochtones vivant hors réserve, quel que soit leur statut ou leur lieu de résidence. L'une des difficultés, avons-nous constaté, est l'accent particulier mis sur les jeunes femmes autochtones. Nous oeuvrons à l'heure actuelle à la nécessité pour les jeunes femmes autochtones de faire des études postsecondaires, nous efforçant de les amener à envisager de faire des études postsecondaires.
Je peux vous citer l'exemple précis de ma propre fille. Nous vivons à l'intérieur du territoire de la bande Six Nations de Grand River. J'ai fait des études de droit et ai obtenu ma maîtrise en droit. Ma fille avait huit ans lorsque j'ai commencé, et j'étais chef de famille monoparentale. Après la crise d'Oka, et parce que je suis Mohawk, j'avais pensé que je devrais peut-être me renseigner au sujet de la loi de mon ennemi, et me renseigner au sujet de la loi du colonisateur. C'est ainsi que j'ai décidé de faire le nécessaire pour comprendre ces lois. Ma fille est aujourd'hui âgée de 23 ans et elle a deux bébés. Elle a décidé de devenir médecin. Elle essaie donc de terminer ses études postsecondaires et de se débrouiller toute seule avec ses deux jeunes enfants.
Son cas n'est qu'une illustration des difficultés auxquelles sont confrontées les jeunes femmes autochtones. Il y a un grand nombre de jeunes femmes autochtones avec de jeunes familles qui essaient de terminer leurs études postsecondaires. Il y a des obstacles à surmonter, non seulement au niveau institutionnel, pour essayer de terminer les études requises, mais également du côté des programmes et des services qui sont nécessaires afin que ces jeunes femmes n'aient plus à s'inquiéter de savoir si elles parviendront à nourrir leurs enfants...
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C'est tout un honneur de vous accueillir ici devant le comité et un honneur de discuter avec vous et de bénéficier, à cette table, de votre intelligence et de votre expertise. En tant que comité, nous vous en remercions.
Aujourd'hui, nous avons constaté la très troublante situation des jeunes et du commerce du sexe à Winnipeg, des enfants d'à peine huit ans étant utilisés et exploités par des hommes, 70 p. 100 d'entre eux étant des enfants autochtones.
Comme vous le savez, madame Jacobs, le comité de la condition féminine examine la question de la traite de personnes. Nous vous avons demandé de venir aujourd'hui nous parler des préoccupations économiques des femmes autochtones. À vous entendre ici aujourd'hui, je pense que nous en sommes arrivés à un point dans notre histoire canadienne où il nous faut réfléchir autrement que par le passé.
Nombre des choses dont vous nous parlez, je les connais personnellement, mais seulement parce que notre fils a épousé une fille Ojibwa. Elle me parle de toutes sortes de choses. Sa soeur travaille aux services sociaux et familiaux, et elle nous rapporte quantités d'histoires et de témoignages.
Nous autres, membres du comité, voulions discuter de ce que nous pourrions faire pour nous attaquer aux problèmes auxquels sont confrontées les femmes. Lorsque je lis les reportages et lorsque je constate ce qui arrive à ces jeunes enfants, qui viennent de foyers où ils n'ont pas assez à manger, je constate qu'il s'agit parfois de ce que l'on pourrait appeler du sexe de survie, et ce ne sont pas que des trafiquants d'êtres humains qui les exploitent, mais également de leurs pairs, qui les encouragent à faire ces passes pour survivre.
Nous parlons programmation. Je crois moi aussi fermement que l'éducation est une fenêtre qui aide beaucoup de gens. Je songe à votre témoignage ici aujourd'hui, au fait que vous ayez fait des études et que vous soyez devenue avocate, et à votre fille qui veut se lancer en médecine. Pourriez-vous nous expliquer un petit peu votre perspective pour ce qui est de l'aspect éducation?
Quels genres de choses devraient être mises en place pour aider les jeunes familles et les enfants? Il y a de nombreuses jeunes mamans qui élèvent des enfants. J'en ai rencontré beaucoup de ces jeunes mamans, et elles aiment leurs enfants comme moi j'aime les miens. Elles veulent ce qu'il y a de mieux pour eux, mais les soucis et le stress qu'elles subissent dans leur quotidien, qu'il s'agisse d'abus de substances, de trahison ou d'autres choses qui leur arrivent, ont sur elle une incidence très négative. Pourriez-vous, s'il vous plaît, nous expliquer un petit peu comment vous voyez les choses du côté de l'éducation, s'agissant d'ouvrir la porte à la stabilité économique pour ces jeunes mères? Nous discutons ici de plus que du sort des femmes âgées, comme l'a expliqué ma collègue, Mme Minna. Pour les jeunes mamans, ainsi que pour les personnes âgées et les jeunes gens, je sais que c'est une grosse question, mais pourriez-vous nous éclairer un petit peu?
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Il y a tant d'éléments dont je pourrais parler. Les choses doivent en effet changer — la façon de penser dans le contexte des institutions et la façon dont celles-ci sont créées. Il y a beaucoup d'idées holistiques, et c'est en partie ce qui est selon moi nécessaire, au lieu de mettre les choses dans des boîtes et de dire: voici une chose et en voici encore une autre. Lorsque vous parlez d'éléments particuliers, par exemple le système éducatif, cela est placé dans une petite boîte et l'on se dit, encore une fois, voyons ce que l'on peut échanger.
En réalité, il y a tout un tas d'autres questions. Pour ce qui est des jeunes femmes autochtones désireuses de faire des études, avant même de prendre une telle décision, elles doivent savoir qui elles sont, ce qu'elles veulent dans la vie et ce qu'elles veulent y changer. Il y a deux côtés à l'éducation. L'éducation, c'est aussi savoir qui vous êtes en tant qu'Autochtone, que vous avez une histoire et une communauté.
Il y a beaucoup d'oppression dans nos communautés. Un grand nombre de jeunes femmes commencent tout juste d'en sortir. Vous constaterez qu'il y a un pourcentage élevé de filles et de femmes autochtones qui commencent à faire des études plus poussées. Grâce à cela et à ce qui se passe au sein de nos collectivités, l'on constate beaucoup de guérison personnelle et beaucoup de reconnaissance de l'importance du système éducatif.
C'est une question de prise de risques. Vous partez loin de chez vous. Si vous décidez d'aller à l'Université en Saskatchewan, par exemple, votre chez-vous est là où vous le créez, mais vous décidez de déménager et de prendre vos enfants avec vous. Il vous faut déterminer une fois rendue sur place ce qu'il vous faut. Le logement est donc un autre aspect.
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Merci, madame la présidente.
Merci, madame Jacobs. C'est un privilège que de vous ravoir parmi nous.
Je trouve plutôt ironique que nous soyons de nouveau ici en train de vous demander conseil relativement à des décisions d'orientation et aux choses qu'il nous faut faire en tant que gouvernement. Il est très clair que nous ne vous fournissons pas le financement de base dont vous avez besoin pour faire le travail. De fait, le financement de base pour des choses comme la défense des intérêts et la recherche qui, comme vous l'avez souligné, sont si essentielles, a été retranché à Condition féminine Canada.
Quoi qu'il en soit, vous êtes ici, et j'ai quelques questions. J'aimerais faire un petit peu marche arrière. Comme vous vous en souviendrez, j'en suis sûre, la dernière fois que nous nous sommes rencontrées nous examinions les droits en matière de biens matrimoniaux des femmes des Premières nations. Il y a eu quelques inquiétudes au sujet du processus. Pourriez-vous nous faire une mise à jour en la matière? Êtes-vous satisfaite de ce qui a été fait? Nous avons entendu dire que le processus a été trop rapide et pas aussi approfondi qu'il aurait dû l'être. Pourriez-vous nous éclairer là-dessus et nous dire ce que nous devrions faire pour corriger la situation?
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L'Association des femmes autochtones du Canada a comparu devant des comités sénatoriaux et des comités permanents de la Chambre des communes au sujet des biens immobiliers matrimoniaux. Lors de notre dernière comparution devant un de ces comités permanents, l'une des recommandations que nous avons faites était qu'il y ait une année complète de consultations, une année entière, pour pouvoir en arriver à quelque chose. Nous savions qu'il y avait également un aspect éducation et sensibilisation pour les collectivités et pour les femmes, dont beaucoup n'étaient même pas au courant du fait que ceci était à l'étude. Cela est très clairement ressorti dans le courant des trois mois de consultations que nous avons eus.
Lors de ces consultations, les femmes qui ont pris la parole ont pris un risque. Nous avions demandé que les femmes qui étaient directement touchées par la question des biens immobiliers matrimoniaux puissent se rendre dans l'endroit sûr que nous leur proposions afin que nous puissions en arriver à des solutions.
Lorsqu'elles s'y sont présentées, dans bien des cas, c'était la première fois qu'elles avaient ne serait-ce que l'occasion d'en parler, alors cela a rouvert de vieilles blessures. Certaines de ces femmes s'étaient séparées de leur conjoint ou avaient divorcé 15 ou 20 ans au préalable, et c'était la première fois qu'elles se retrouvaient pour en parler, et c'était toujours une question très chargée d'émotion, et la plaie était à vif. Dans la plupart des cas, il y avait eu violence et abus. Dans la plupart des cas, ces femmes avaient perdu leur maison; elles avaient dû se forcer à quitter leur foyer et à prendre leurs enfants avec elles. Il leur avait fallu se trouver un endroit où vivre. Dans bien des cas, c'est ainsi que les choses se sont déroulées.
Il nous a fallu passer par ce processus, et c'est le ministère des Affaires indiennes qui avait dit qu'il voulait que tout cela soit réglé d'ici aujourd'hui, d'ici février, et c'est ainsi qu'en bout de ligne il n'y a en fin de compte eu que trois mois de consultations. On n'a cessé de nous dire que ce n'était pas suffisant, et on nous a critiqué tout au long du processus, alors que nous avions su dès le départ que tel allait être le cas.
Nous sommes malgré tout allées de l'avant avec cela car nous savions que c'était ce qui était nécessaire et que cela allait être une occasion pour les femmes de présenter leurs solutions.
C'est ainsi que nous en sommes maintenant au stade de l'établissement d'un consensus. Encore une fois, cela va très vite. Nous disposons de deux semaines pour que le MAINC, l'APN et l'AFAC en arrivent à une solution ou à un consensus découlant de toutes les positions mises de l'avant. Nous sommes censés boucler ce travail d'ici vendredi.
Encore une fois, il m'a fallu quitter mon bureau. Nous avions une conférence téléphonique avec notre conseil. Cela nous ramène encore une fois à la question de la capacité, car nous essayons de conseiller notre conseil à la toute dernière minute, alors que tout cela est en cours depuis tout ce temps. Il faut que le conseil donne son aval pour que nous puissions fournir aux autres les renseignements, l'ébauche de loi que nous sommes en train de préparer nous-mêmes, sur la base des consultations et de ce que nous ont dit les femmes. Il nous faut reprendre à nouveau tout le processus et essayer de créer quelque chose ou de mettre en oeuvre très rapidement quelque chose.
Bien que nous ayons dit vouloir que quelque chose se fasse rapidement, dès le départ, encore une fois, cela ne voulait pas dire que nous voulions que cela se fasse sans entendre les voix des femmes dans les communautés. Il y a donc à l'heure actuelle une très réelle frustration, et je me sens moi-même frustrée dans mes efforts visant à trouver ce consensus qu'ils demandent.
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Eh bien, je vais vous dire simplement que chacun de ces programmes a une incidence sur les communautés autochtones, et sur nous, plus particulièrement, en tant qu'association de femmes autochtones.
J'ai déjà parlé de Kelowna.
Quant à la question des langues autochtones, c'est un dossier énorme. Je peux tout de suite vous dire que les programmes linguistiques chez nous connaissent déjà de sérieuses difficultés, et c'est une grave erreur que d'éliminer complètement ce programme, car il vise nos générations futures. Les programmes linguistiques habilitaient nos jeunes gens et habilitaient nos aînés dans leur travail, car cela fait partie de notre culture, de nos traditions et de notre système éducatif que nos aînés puissent enseigner à nos jeunes, à nos jeunes gens. Et c'est ce qui se passait dans nos communautés: nos aînés enseignaient la langue à nos jeunes. On me rapporte dans ma propre communauté qu'avec l'élimination de ce programme de langues, qui va donc prendre fin en mars, les gens se débattent pour trouver un moyen de le maintenir. Beaucoup d'entre eux sont en train de dire: « Eh bien, nous allons le maintenir de toute façon », mais voilà que surgit à nouveau la question de la pauvreté.
Pour ce qui est de l'alphabétisation, nous avons déjà les statistiques au sujet de l'alphabétisme et de son incidence.
En ce qui concerne Condition féminine Canada, il y a beaucoup de questions, beaucoup d'inquiétudes relativement à l'aspect intervention. Ce que je veux dire par là est que l'objet même de l'Association des femmes autochtones est de défendre les intérêts des femmes autochtones partout au pays, d'où nos travaux de recherche et l'élaboration de politiques et la fourniture de conseils stratégiques.
Nous commencions tout juste à oeuvrer à un protocole d'entente avec la Commission du droit du Canada, à travailler sur les traditions juridiques indigènes, avec la participation de femmes autochtones et le leadership des femmes autochtones dans les communautés.
Pour ce qui est du programme de contestation judiciaire, nous utilisons quotidiennement le mécanisme de contestation judiciaire pour présenter et défendre des arguments inspirés de l'article 15 en faveur des droits à l'égalité pour les femmes autochtones. Ces compressions auront donc elles aussi une incidence sur les moyens à notre disposition pour défendre les femmes autochtones dans les communautés.
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Je suis heureuse que vous posiez cette question.
L'Association des femmes autochtones du Canada a adopté un plan en mai 2006. Nous avions formulé une proposition que nous avons soumise à la Commission du droit du Canada, au ministère de la Justice et à celui des Affaires indiennes. Nous avons eu ces discussions car nous avions adopté un plan pour la mise en oeuvre de mesures dans les collectivités en vue de combattre les violations des droits de la personne dans les collectivités.
Malheureusement, nous ne sommes pas favorables à une abrogation immédiate. Nous sommes pour une abrogation, mais il faut mettre en place au préalable un plan de mise en oeuvre. Il se pose des problèmes dans la collectivité qui n'ont pas encore de solution, tel que le projet de loi C-31, et il y a déjà un conflit dans les collectivités. Cela ouvrirait les vannes à des contentieux en matière de droits de la personne.
Il est positif que les femmes y aient accès, mais les femmes dans les collectivités parlent de toutes sortes de problèmes. Elles veulent pouvoir aborder cela d'une manière saine plutôt que conflictuelle. Que pouvons-nous mettre en place dans les collectivités avant que cela intervienne?
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La santé et le logement sont des problèmes très spécifiques qui devaient faire l'objet d'une action après l'accord de Kelowna. Le logement, dans le cadre d'une stratégie nationale du logement, était l'un des sujets abordés dans notre énoncé de principe sur les biens immobiliers matrimoniaux.
Le lien entre la pauvreté et le logement était l'un des messages qui revenait constamment au sujet de la crise du logement dans les réserves. Même si une femme voulait quitter sa collectivité ou trouver un endroit où vivre dans la collectivité, elle ne trouvait rien. Il ne s'agit pas seulement d'avoir une maison, encore faut-il qu'elle soit abordable et sûre, deux autres considérations prioritaires, à mon avis.
En ce qui concerne la santé des Premières nations et des Inuits, les problèmes dans ce domaine sont dus à la bureaucratie. Les droits issus des traités — le droit à la santé — pensions-nous, signifiaient que nous avions le droit aux services dont nous avions besoin. Aujourd'hui, lorsqu'on nous prescrit des médicaments, nous devons payer pour les obtenir. Si un médecin nous ordonne un certain médicament, lorsque nous allons à la pharmacie, on nous dit que le ministère des Affaires indiennes ne couvre pas ce médicament. On finit par nous donner un médicament secondaire, générique.
Cela nous ramène à nos anciens. J'ai appris cela de la bouche de nos anciens tout récemment. Pourquoi devons-nous payer pour cela? On nous avait dit que cela n'arriverait jamais. Les médicaments sur ordonnance sont un réel problème en ce moment.
Je voulais juste vous remercier encore une fois de l'invitation à comparaître aujourd'hui. Je ne pensais pas en dire autant que tout ce que j'ai dit.
Pour ce qui est de tous les enjeux dont nous avons parlé, il y a ce que j'ai dit au sujet des niveaux de pauvreté. De quelle définition de la pauvreté parlons-nous?
La sécurité économique des générations futures nous ramène aussi à ce que nous disions au sujet d'une conception holistique du développement économique. Nombre des problèmes de développement économique se répercutent aussi sur les générations futures.
Si nous ne commençons pas à réfléchir à la façon de préserver le monde naturel pour nous tous, cela va se répercuter sur nous, en tant qu'êtres humains, et sur notre façon de vivre sur cette terre. Nous devons commencer à réfléchir à ces choses, car elles ont un impact énorme sur les générations futures.
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Merci beaucoup d'être venue nous rencontrer et de partager avec nous vos connaissances.
Je sais que ce n'est pas votre première comparution ici, mais c'est la première fois que je suis là pour vous écouter et j'ai été réellement impressionnée. Merci beaucoup de ces paroles de sagesse.
Mesdames et messieurs, j'ai quatre points sur lesquels j'ai besoin de vos instructions.
Vous avez reçu dans votre documentation des mémoires présentés par divers groupes traitant de l'impact potentiel des coupures budgétaires sur Condition féminine Canada. Ils vous ont été envoyés.
Mardi prochain, notre analyste aimerait avoir vos instructions aux fins de la rédaction du rapport et des recommandations que vous aimeriez y voir figurer. Je recommande aux membres du comité de se familiariser avec tout ce qui a été dit jusqu'à présent.
Madame, souhaitez-vous prendre la parole?
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Voulez-vous dire que vous allez les gâter de cette façon? Bon, c'est très bien.
Cette séance de mardi pourrait être très intense. C'est ce qu'il faut, n'est-ce pas?
Le deuxième point est notre rapport sur le trafic, c'est ainsi que j'ai failli l'appeler, mais ce n'est pas son titre. Quel est déjà le titre que nous avons donné à ce rapport?
Le voici. Je vous le lis. Le titre est « De l'indignation à l'action pour contrer la traite à des fins d'exploitation sexuelle au Canada ». C'est vous qui avez choisi ce titre. Le rapport devrait être prêt d'ici lundi ou mardi.
Mme Smith préconise que nous soyons tous là lorsque le rapport sera présenté. Vous tous serez à la Chambre mardi, et nous allons donc le faire mardi.
J'ai lu une ébauche de communiqué de presse et je l'ai trouvé parfait. Si vous souhaitez en avoir une copie, je vous le ferai distribuer. Il n'est pas encore traduit, je l'ai uniquement en anglais.
Je reviens à la dernière discussion que nous avons eue. Nous avons eu plusieurs discussions sur ces enjeux et nous avions envisagé différentes choses. Lors de la toute dernière discussion, nous avons décidé de commencer avec la sécurité économique des femmes.
Il me semble que nous nous étions mises d'accord pour dire que oui, nous allions certes nous pencher plus particulièrement sur les femmes âgées, mais en partant du fait que ce qui se passe au cours de la vie active de ces femmes détermine directement le niveau de pauvreté qu'elles connaissent dans leurs vieux jours. C'est ce que nous allions examiner.
J'avais cru comprendre — et je n'étais pas présente à cette réunion — que nous étions censés avoir une séance pour discuter des déterminants que nous voulions prendre en considération, afin de guider les chargés de recherche quant aux facteurs de causalité que nous voulions examiner, des aspects tels que le travail à temps partiel, le travail indépendant, l'éducation des enfants, les congés pour charge familiale, la « privation de temps » telle que définie par le Conseil du bien-être social — il s'agissait donc d'identifier les indicateurs, en quelque sorte, en invitant les témoins à les compléter.
Les questions posées aux témoins seraient de portée plus large et nous étudierions tous ces facteurs, mais de façon à voir la progression naturelle que vivent les femmes jusqu'au troisième âge, étant donné que leur capacité à...
C'est ce que je pensais que nous allions faire. Je ne suis pas sûre que le comité ait vraiment eu cette réunion pour discuter... Peut-être pas. Je pensais que nous avions convenu de le faire, car c'était la seule façon de vraiment donner une orientation et pouvoir avancer.
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Madame la présidente, j'aimerais dire autre chose avant de continuer. Cela n'a rien à voir avec ce qu'on vient de dire.
Je siège à ce comité que depuis quelques semaines, et j'ai un malaise face aux témoins qui viennent nous rencontrer. Je voudrais l'exprimer maintenant, pendant qu'il n'y a pas de témoins.
Le comité paie les témoins. Je pense que nous devons les respecter en les écoutant et en étant attentifs à ce qu'ils ou elles nous disent. Ces dernières semaines, je me suis rendu compte que plusieurs utilisent leur BlackBerry en présence des témoins, et ce, de façon vraiment abusive.
Quand les témoins ne sont pas ici, si nous ne voulons pas nous écouter mutuellement, cela ne me dérange pas. Pour ma part, j'écoute ce qu'on se dit. Cependant, en présence de témoins, pourrions-nous au moins ne pas utiliser les BlackBerry? Je trouve cela très méprisant envers les témoins. C'est un manque de professionnalisme de notre part que de ne pas écouter les témoins et d'utiliser notre BlackBerry pendant qu'ils témoignent.
C'est ce que je voulais dire, mais je ne veux pas en faire une histoire. J'explique seulement comment je me sentais.
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Je comprends la préoccupation de Mme Demers vis-à-vis des témoins qui comparaissent et des apparences. Nous pourrions certainement essayer de moins nous afficher.
Il y a des façons discrètes d'utiliser le BlackBerry, s'il nous faut vérifier si nous avons un message urgent ou quelque chose du genre, et nous pourrions faire davantage attention. Je pense que nous sommes tous des professionnels et que nous devrions être capables de fonctionner.
La seule autre chose que j'aimerais dire, madame la présidente, nous ramène à ce que Mme Smith disait sur la portée de l'étude, l'étude économique d'ensemble. Je crois qu'elle a mentionné les travailleuses migrantes et les femmes handicapées.
Les travailleuses migrantes sont un vaste sujet qui mérite une étude propre. Je ne suis pas sûre qu'il faille l'amalgamer avec la sécurité économique des femmes car nous parlons là de femmes canadiennes et de la sécurité économique des femmes canadiennes. Les femmes migrantes représentent un sujet tout à fait différent. Il ne s'agit pas là de citoyennes canadiennes qui vivent ici les problèmes quotidiens. Leur cas est complètement différent et je pense qu'il devrait faire l'objet d'une étude différente.