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Mesdames et Messieurs, bonjour. Merci de nous avoir invitées. Je m’appelle Melanie Omeniho, et je suis l’une des représentantes nationales du Conseil national des femmes métisses. Je vous transmets également les salutations de notre porte-parole, Rosemarie McPherson, qui ne pouvait pas être ici aujourd’hui, et des autres membres de notre conseil d’administration national.
Merci de nous donner la possibilité de nous adresser à vous aujourd’hui. C’est grâce aux occasions de ce genre que nous pouvons présenter des recommandations et aider à trouver des solutions susceptibles d’améliorer la vie des femmes métisses du Canada.
Nous croyons que l’accroissement de l’autonomie des femmes métisses renforce notre nation et dynamise la mosaïque canadienne elle-même.
Permettez-nous d’abord de nous présenter brièvement. Le Conseil national des femmes métisses est un groupe qui défend les intérêts des femmes métisses représentées par les membres dirigeants du Ralliement national des Métis. Le gouvernement de la nation métisse l’a chargé officiellement de faire connaître et de représenter le programme et les points de vue des femmes métisses à l’échelle nationale.
Le Conseil national des femmes métisses fait fonction d’organisme consultatif dans le cadre de la structure de gouvernance du Ralliement national des Métis et dans le territoire métis. Il occupe un siège au conseil d’administration et au cabinet de la nation métisse. Il est le seul groupe représentatif reconnu qui se consacre expressément aux besoins des femmes métisses.
Le Conseil national des femmes métisses travaille en partenariat avec les organisations provinciales de femmes métisses en Colombie-Britannique, en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba et en Ontario, où se situe le territoire métis, et nous croyons que, grâce à cette collaboration, nous sommes en mesure de donner suite aux priorités avancées par les femmes métisses de partout dans ce territoire.
Le Conseil national des femmes métisses s’efforce d’accroître ses capacités en misant sur le travail à l’échelle communautaire. Nous traitons chaque question par consensus. Nous avons élaboré un ensemble de principes et de protocoles qui guident nos efforts relativement aux enjeux qui touchent les femmes métisses, et nous puisons notre force dans le travail collectif et dans nos valeurs culturelles et traditionnelles. De cette façon, nous produisons des changements importants pour les femmes métisses et l’ensemble de la nation métisse.
Dans le passé, la société métisse a été matriarcale. Les femmes ont été des partenaires égales dans le développement de leurs collectivités, que ce soit politiquement, socialement ou économiquement. À l’époque de la traite des fourrures, avant la colonisation, les femmes travaillaient côte-à-côte avec les hommes pour construire des enclos à bisons, jouer le rôle d’éclaireurs lors de la chasse, interpréter et enseigner, transporter et dépouiller les carcasses d’animaux. En même temps, elles préparaient les cuirs, fabriquaient des produits, élevaient les enfants et voyaient au bien-être économique et social de leurs familles.
Au cours des nombreuses périodes difficiles traversées par les Métis, les femmes ont joué un rôle essentiel dans le renforcement des liens communautaires et la survie des collectivités. Nos grands-mères nous ont transmis oralement le sentiment de fierté, le sens de la réalisation et la détermination nécessaires pour aller de l’avant en dépit des problèmes environnementaux et économiques que nous avons parfois rencontrés.
On nous a enseigné que les femmes métisses étaient l’inspiration et le cœur de notre nation, et qu’elles avaient ainsi permis à nos dirigeants d’avancer. Or, la réalité que l’économie d’aujourd’hui impose aux femmes métisses, c’est de se buter à de multiples barrières qui nuisent à la sécurité et au progrès économiques de notre nation. L’amélioration de notre sécurité économique exige d’aborder plusieurs questions.
Les femmes métisses font face à divers problèmes en matière d’emploi, dont le sous-emploi. Mais d’autres facteurs sont facilement reconnaissables, tels que le racisme, la marginalisation de nos priorités, la pauvreté, les carences en matière de soins de santé, de services d’aide à l’enfance et à la famille, de logement, d’éducation et de formation et de sécurité, la difficulté d’accéder aux possibilités d’entreprise et le manque d’autonomie politique pour changer les politiques qui touchent notre bien-être dans son ensemble.
Le Conseil national des femmes métisses se consacre à accroître la sensibilisation aux problèmes que rencontrent les femmes métisses ainsi qu’à encourager et à appuyer la participation de ces dernières au développement social, culturel et économique des collectivités, et ce, à l’échelle régionale, provinciale et nationale.
Nous savons que notre sécurité économique dépendra de notre capacité à reconnaître les obstacles, à définir nos forces et à relever nos défis. Parmi les priorités sur lesquelles nous nous penchons actuellement, mentionnons la violence familiale, l’éducation, la préservation de la culture et du savoir traditionnels métis, ainsi que la santé et le bien-être des femmes métisses.
Nous savons que la majorité des femmes métisses vivent en milieu urbain, dans une proportion de 69 p. 100. Parmi elles, 42 p. 100 des femmes qui ont des enfants sont des mères monoparentales. Notons également que les femmes métisses sont souvent des travailleuses à faible revenu et qu’elles doivent assurer un toit à leur famille, en dépit de l’inflation et des différents coûts et taxes qui s’ajoutent au logement.
En 2001, 56 p. 100 des femmes métisses de 15 ans et plus ont déclaré occuper un emploi payant; toutefois, 30 p. 100 de ces femmes gagnent un salaire qui se situe sous le seuil de faible revenu. La population canadienne croit à tort que nous avons accès gratuitement à l’éducation, aux soins de santé et à des logements, mais la gratuité n’est pas de ce monde.
Les Métis paient des impôts, donc financent l’éducation et le logement, comme tous les autres citoyens canadiens. Pour que les femmes métisses acquièrent une sécurité économique, nous devons remédier à l’absence de mesures sociales destinées aux travailleurs à faible revenu. Ces femmes travaillent souvent dans des secteurs où leur contribution est sous-estimée.
Dans la société contemporaine, les femmes métisses n’ont pas toujours été appelées à trouver des solutions permettant d’accroître notre niveau de vie ou d’améliorer les conditions dans lesquelles nous vivons en raison de notre marginalisation. Par conséquent, nous manquons de données statistiques sur les problèmes qu’éprouvent les femmes métisses.
La recherche qui a été réalisée se penchait sur les obstacles auxquels se heurtent les femmes des premières nations. L’oppression subie par les femmes métisses n’est pas seulement attribuable à un manque de ressources de la part du gouvernement, mais souvent à un manque de données statistiques.
Nous devons, pour régler les nombreux problèmes avec lesquels les femmes métisses sont aux prises, travailler en partenariat avec le gouvernement et combler le manque de données sur les femmes métisses. Pour ces dernières, il est prioritaire de trouver les ressources nécessaires afin de travailler à partir des statistiques existantes; ainsi, nous cesserons d’être les grandes oubliées de la société, et nos problèmes seront mieux compris.
Les Métis ont une culture de fierté et d’indépendance qui nous pousse à trouver des façons d’améliorer notre façon de vivre en s’inspirant de nos forces. Comme femmes métisses, nous reconnaissons que pour atteindre la sécurité économique, il nous faudra notamment créer des mécanismes qui outilleront les femmes métisses et qui leur permettront de recouvrer leur rôle traditionnel dans la société. Parmi nos priorités, nous souhaitons réunir les femmes métisses — jeunes et moins jeunes — et mettre en place des moyens qui permettront aux aînées de transmettre leurs connaissances traditionnelles aux plus jeunes.
Ce genre de stratégie pourra, encore une fois, renforcer le rôle des femmes pour les générations à venir. Pour atteindre cet objectif, nous avons entrepris récemment la réalisation de petits projets pour aider les femmes à créer des liens entre elles grâce à l’enseignement des différentes formes d’artisanat traditionnel. Ce sont les échanges culturels qui réunissent les femmes des différentes générations et qui permettent ainsi aux aînées de transmettre leurs récits et leurs enseignements. Nous pouvons également aider les jeunes femmes métisses à acquérir un savoir-faire traditionnel et à profiter des occasions d’entreprenariat de façon à ce qu’elles puissent devenir autosuffisantes.
Nous sommes d’avis qu’en misant sur le savoir traditionnel, nos jeunes femmes pourront devenir des leaders actives. Nous voulons qu’elles travaillent côte-à-côte avec les leaders d’aujourd’hui pour que demain, elles soient les solides leaders dont nous avons besoin.
Pour terminer, je souhaite remercier les membres du comité d’avoir donné aux femmes métisses la possibilité de se faire entendre. Je conclurai sur ce proverbe des Cheyennes : [Traduction]« Ce n’est que lorsque les femmes d’une nation s’avouent vaincues que celle-ci est conquise. Toute bataille est alors perdue, en dépit des meilleures armes et de toute la bravoure des guerriers. »
Merci.
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Merci, madame Yasmin Ratansi, présidente du comité, d'avoir laissé les femmes inuites du Canada faire entendre leurs voix aux délibérations du Comité permanent de la condition féminine d'aujourd'hui. Nous sommes ravies d'être parmi vous.
Votre programme de discussion sur la sécurité économique des Canadiennes est cher au cœur des femmes inuites, de leurs familles et de leurs collectivités. Il est pertinent et opportun pour tous les habitants du Nord, et particulièrement pour les personnes qui sont représentées par Pauktuutit — soit les femmes inuites du Canada.
Le message que je tiens à faire passer aujourd'hui, et que cette présentation veut graver dans votre mémoire, est que la réussite des entreprises, des activités environnementales et des investissements dans le Nord du Canada repose sur le bien-être social et économique des habitants des collectivités nordiques du Canada. La participation pleine et entière des femmes inuites à l'économie du Nord est d'importance capitale; cette participation engendre des collectivités viables et en santé, et elle en dépend en même temps. La meilleure garantie de la réussite du Nord canadien est la volonté de faire participer les femmes inuites à toutes les stratégies opérationnelles et politiques.
Pauktuutit a la ferme volonté, et elle en a pris l'engagement, d'assurer le développement économique des femmes inuites sur plusieurs fronts. Cet après-midi, j'aborderai le savoir traditionnel et les droits de propriété intellectuelle, de même que nos efforts pour améliorer l'autosuffisance économique des femmes inuites — deux projets qui démontrent le lien entre la cohésion sociale et la réussite économique dans le Nord canadien.
Pour commencer, au cas où ce serait la première fois que vous entendez parler de Pauktuutit, permettez-moi de vous décrire un peu notre travail. Les femmes inuites sont les dépositaires de la culture, de la santé, de la langue, des traditions, de l'enseignement, des soins et de l'élevage des enfants, facteurs qui forment l'assise de la culture inuite; à ce titre, elles font partie intégrante de la vie économique des collectivités et de la société du Nord.
Pauktuutit est la voix nationale des femmes inuites au Canada. Sous la direction d'un conseil d'administration très motivé, composé de femmes inuites élues à partir de dix groupements de collectivités dans tout l'Arctique canadien et de représentants des jeunes et du milieu urbain, Pauktuutit fait connaître les femmes inuites, encourage leur participation à la vie nationale du Canada et cherche à obtenir l'égalité et diverses améliorations sociales.
Pauktuutit dirige et appuie les femmes inuites du Canada à l'égard de l'élaboration de politiques sur les projets communautaires dans tous les domaines qui les intéressent. Quant à notre mandat... le document en dit plus long sur ce sujet aussi, mais je vais faire vite parce qu'on m'informe que la parole me sera retirée après dix minutes.
Quel est le rapport entre conditions sociales et réussite économique? En fait, tout les unit. Prenons un exemple: depuis plus de 20 ans, Pauktuutit prend les devants et brise le silence sur deux sujets difficiles — la violence familiale et l'abus sexuel d'enfants dans les collectivités inuites. Une diapositive de cette présentation, tirée d'un récent rapport de Statistique Canada, fait état de chiffres inquiétants.
Au Nunavut, la proportion de femmes contraintes de trouver refuge dans un foyer d'accueil pour cause de sévices est dix fois plus élevé que partout ailleurs au Canada. Les infractions sexuelles sont tout aussi fréquentes, tandis que la violence au foyer est au moins deux fois plus prévalente au Nunavut qu'ailleurs. C'est là une illustration frappante de l'ampleur de la violence à laquelle sont exposées beaucoup de femmes inuites aujourd’hui.
La violence contribue au nombre élevé de sans-abri dans les collectivités inuites. Il existe peu de foyers sûrs et moins encore de logements subventionnés; les femmes inuites qui fuient la violence doivent souvent trouver refuge à court terme chez des parents ou des amis. En conséquence, la situation des sans-abri est largement escamotée dans le Nord. On observe des maisons où l'entassement est tel que les gens couchent à tour de rôle sur les sofas.
Une proportion importante de maisons inuites abritent plus d'une famille. Nous ne disposons pas d'estimations sûres du nombre de sans-abri dans le Nord, mais nous savons en revanche que cette situation touche un grand nombre de femmes et d’enfants. Nous avons un besoin urgent de nouveaux foyers pour sans-abri, de même que d'un plus grand nombre de travailleurs socio-communautaires inuits en santé mentale, auxquels il faut offrir un meilleur soutien.
Cet entassement est un grave problème dans le Nord. On nous répète souvent que les engagements et les investissements dans la construction de nouvelles maisons abordables suivront le rythme de la croissance, mais la population inuite est jeune et grandit vite, facteurs qui mettent de la pression sur le parc de logements actuel.
En 2001 — soit il y a près de huit ans — on considérait que près de 70 p. 100 des maisons dans le Nord du Québec, et environ 55 p. 100 de celles au Nunavut, étaient extrêmement surpeuplées. En outre, le quart environ de tous les Inuits occupent des logements qui nécessitent des réparations importantes.
Sur les questions de l'éducation, du revenu et de l'emploi, les chiffres sont à la fois décourageants et encourageants. Ainsi, il ressort du recensement de 2001 que près de 58 p. 100 des Inuits adultes n'ont pas achevé leurs études secondaires, contre 31 p. 100 dans la population adulte canadienne. On estime aujourd'hui que seuls 25 p 100 des enfants qui commencent l'école maternelle au Nunavut finiront leur 12e année.
Je pourrais poursuivre indéfiniment. Les taux de chômage sont élevés et le coût de la vie est parfois insupportable. Au Nunavik, la région inuite du Nord du Québec, les aliments et les articles de base peuvent coûter de 44 p. 100 à 100 p. 100 de plus qu'à Montréal. L'hiver dernier à Pond Inlet, au Nunavut, le jus d'orange coûtait 22 $ le litre et le cocktail de canneberge Ocean Spray se vendait 42 $.
Les aliments de qualité coûtent parfois très cher. Les aliments-camelotes sont moins coûteux, parce qu'ils sont souvent plus légers et que leur expédition est moins onéreuse. La durée de conservation des aliments transformés est plus longue. Dans une petite collectivité de l'ouest de l'Arctique, on a calculé que le prix de la nourriture est plus élevé de 470 p. 100 qu'à Ottawa.
Ces coûts sont associés à une mauvaise alimentation, qui contribue elle-même aux maladies du cœur, au diabète et aux caries. Les femmes et les enfants inuits sont souvent les plus touchés par la pauvreté et par les problèmes sociaux et de santé auxquels elle donne lieu. Pauktuutit est fermement convaincue qu'encourager les femmes inuites à travailler à leur compte améliorera non seulement leur vie, mais aussi celle de leurs familles et de leurs collectivités.
Quelle est la contribution que peut apporter le développement économique, et dans quels domaines? Comment le gouvernement et le monde des affaires peuvent-ils assurer un leadership de nature à véritablement améliorer le tissu social et, du coup, la stabilité économique si importante pour leurs intérêts commerciaux dans le Nord?
Les femmes inuites possèdent toutes les idées, la créativité, l'engagement et la ténacité voulus pour réussir en affaires; seuls leur font défaut les compétences en affaires, les informations techniques et les contacts commerciaux. Dans tous ces domaines, l'établissement de réseaux, le mentorat, les partenariats commerciaux et l'accès à des possibilités de financement se révéleraient utiles.
Les droits de propriété intellectuelle sont l'un des obstacles possibles à l'autosuffisance économique des femmes inuites; ce problème a atteint des proportions de crise en 1999, lorsque Donna Karan, dessinatrice de mode à New York, a dépêché dans l'ouest de l'Arctique un acheteur chargé de recueillir d'anciens vêtements traditionnels des Inuits afin de les examiner en vue de sa nouvelle collection de mode. Pauktuutit craignait que l'amauti... Est-ce que tout le monde connaît l'amauti? C'est une espèce de parka qu'on passe sur la tête et qui est muni en arrière d'un grand capuchon pour le bébé; vous observez des femmes inuites portant leur amauti particulier. Toutes les femmes dans le Nord les fabriquent de leur propre façon: quand vous voyez une femme inuite portant un amauti, qui est un vêtement auquel on attache une grande valeur, vous savez tout de suite d'où elle vient. Passez donc à nos bureaux sur la rue Sparks et nous vous en montrerons.
Pauktuutit craignait donc que l'amauti finisse par être détourné, comme tant d'autres articles du patrimoine inuit. En l'absence d'une protection juridique, la production en série dans le sud étranglerait l'activité économique à petite échelle des couturières inuites dans des collectivités isolées; l'amauti risquait de subir le sort du kayak, du parka et du kamik.
Il est malaisé de protéger la propriété intellectuelle des peuples autochtones. Les régimes juridiques actuels sont orientés vers les droits commerciaux ou économiques plutôt que vers les biens économiques détenus par des individus: si vous êtes propriétaire du bien, vous pouvez le protéger, mais cela est quasiment impossible si le bien appartient à votre collectivité.
Pauktuutit est parfaitement consciente de la difficulté, particulièrement pour les femmes inuites, de lancer une entreprise dans les collectivités éloignées de l'Arctique. Dans le Nord, tout se conjugue pour compliquer les choses: frais de transport élevés, petits marchés et coûts d'exploitation importants. Les femmes inuites doivent faire face à d'autres difficultés encore, parce que bon nombre des programmes et services offerts ne correspondent pas à leurs besoins et à leurs priorités.
Pauktuutit a préparé, en collaboration avec AINC, un manuel et un atelier de trois jours qui guide les femmes inuites à travers chaque étape du processus de planification d'une entreprise. Je pourrais m'attarder sur ce sujet et vous l'expliquer davantage, mais je veux passer directement à l'essentiel.
L'immense potentiel économique du Nord ne peut être réalisé qu'en tenant compte des points forts, sur le plan social et économique, des habitants inuits. La réussite de la mise en valeur industrielle du Nord, depuis l'exploitation des ressources jusqu'aux mégaprojets d'installation de pipelines, sera jugée à l'aune de sa contribution au bien-être social et économique des collectivités inuites sur son chemin.
Je suis convaincue qu'ensemble, nous pouvons faire preuve de créativité et rechercher des solutions innovatrices aux problèmes que je viens de décrire aujourd'hui.
L'accès pratique à des services bancaires et au crédit peut se révéler un obstacle pour un petit entrepreneur dans une collectivité isolée; le microcrédit est un outil qui convient tout particulièrement aux minuscules entreprises lancées par une personne, surtout par une femme. À l'heure actuelle, nous en voyons des exemples partout au monde — à la seule exception du Canada. Le microcrédit, sur lequel se porte l'attention du monde entier, vaudrait la peine d'être mis à l'essai dans le contexte du Nord. Une autre possibilité à étudier serait une coopérative de crédit.
Je suis très heureuse aussi de constater la présence aujourd'hui d'un représentant du ministère de la Justice. Il est impératif de trouver une solution au problème des droits de propriété intellectuelle. Comme je l'ai déjà dit, Pauktuutit attache une grande importance à la question. Pour l'instant, toutefois, nous travaillons à titre bénévole à ce projet: les ressources font défaut pour lui accorder toute l'attention qu'il mérite à l'échelle nationale et internationale. Pour savoir où nous en sommes, nous avons consulté l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), qui se réunit trois fois par an à Genève et nous lance à chaque fois une invitation. Mais soit nous sommes empêchés d'y aller, soit elle nous envoie un billet à la dernière minute et nous n’avons pas le temps de nous préparer. Tout cela est ridicule.
À deux ou trois importantes exceptions près, le soutien jusqu'ici nous a été fourni au cas par cas par différents ministères du gouvernement du Canada. Nous félicitons et remercions ces bailleurs de fonds. À eux seuls, toutefois, ces partenariats ne peuvent pas suffire, et ne suffiront pas, pour remédier à l'urgence des crises avec lesquelles les Inuits des collectivités nordiques éloignées sont aux prises. Le soutien doit aller au-delà des sources gouvernementales: l'heure est venue pour le secteur privé de s'engager lui aussi.
Les femmes inuites sont les principaux vecteurs du changement dans le Nord canadien. Pauktuutit est engagée dans un vaste éventail d'activités et au de projets d'importance capitale, qui sont axés sur le bien-être communautaire; elle joue un rôle important à l'égard de la traduction du savoir, qui consiste à transformer les connaissances techniques, cliniques et scientifiques en des informations susceptibles d'être mises en application au niveau communautaire.
Mais Pauktuutit est aussi une petite organisation possédant une capacité réduite. Elle a réalisé des choses extraordinaires avec un budget remarquablement limité; néanmoins, nous devons trop souvent refuser une occasion parce que la capacité de base nous fait défaut pour la soutenir.
Vu les nombreuses difficultés à relever, il est indispensable que le gouvernement national et l'industrie privée du Canada s'engagent beaucoup plus sérieusement dans la santé et le bien-être des collectivités inuites.
Pour conclure, je propose les services de Pauktuutit à titre de partenaire du gouvernement et du milieu des affaires, et je rappelle à tous qu'il est dans le meilleur intérêt du secteur privé de veiller à la stabilité sociale et économique des collectivités locales.
Pauktuutit compte 23 années de représentation communautaire directe et démocratique, ainsi que d'engagement courageux dans des dossiers délicats. Elle a noué de solides relations avec des représentants clés des gouvernements, des organismes, du monde universitaire, des dirigeants communautaires et du secteur privé.
Je pourrais m'étendre sans fin sur le sujet de Pauktuutit; je me bornerai donc à dire qujannamiik.
Merci.