:
Non, je veux bien commencer.
[Français]
Merci de m'avoir invitée ici. Je vais parler des femmes dont le travail est non payé ou peu payé.
[Traduction]
Je tiens à aborder en premier la question des travailleuses qui sont soit mal rémunérées soit pas payées du tout.
Les gouvernements qui se penchent sur la situation économique des femmes, constatent que pendant leur vie adulte et leur retraite les femmes ont un revenu inférieur à celui des hommes et beaucoup plus de chances d’être démunies.
Vous vous demandez comment assurer la sécurité économique des femmes. Vous n’êtes pas sans savoir que la sécurité économique ne se limite pas au revenu perçu à une époque donnée mais s’entend de la régularité des ressources tout au long d’une vie. Par le passé, les économistes estimaient donc en général qu’il convenait, par l’équité salariale et l’action positive, aider les femmes à accroître leurs revenus en leur ouvrant la voie à des emplois mieux rémunérés. Beaucoup des mesures prises en ce sens ont donné de bons résultats et la discrimination fondée sur le sexe, que ce soit en matière d’embauchage ou d’avancement est maintenant reconnue comme une violation des droits de la personne.
Une seconde approche du problème que nous évoquons a consisté à atténuer la vulnérabilité des femmes, essentiellement en faisant en sorte qu’elles n’aient pas à dépendre d’une autre source de revenu ou d’un autre soutien économique sur lesquels elles ne peuvent pas nécessairement compter. Cet argument continue à être avancé par certains groupes de défense des droits de la femme. Kathleen Lahey, professeure de droit à l’Université Queen’s, fait notamment valoir, que pour assurer leur sécurité économique, chaque femme devrait avoir un emploi hors de son domicile. Selon cette thèse, la femme doit, dans son propre intérêt, assurer sa sécurité économique et son indépendance financière.
Les gouvernements ont réagi à cela et réduit, petit à petit, le soutien financier de la femme au foyer en mettant de côté toute notion de salaire familial et en supprimant la déduction pour enfant à charge ainsi que l’allocation familiale. Petit à petit, on a vu mettre en place des mesures incitatives destinées à récompenser les femmes qui trouvaient un emploi rémunéré à l’extérieur du foyer, en leur offrant non seulement un salaire, mais également des prestations pour soins dentaires et soins de santé, des prestations de retraite, des congés de maladie et des congés payés, autant de choses auxquelles n’avaient pas accès les femmes n’occupant pas un emploi rémunéré. Nous avons beaucoup progressé et nous tendons au but.
Pour de nombreuses femmes, l’équité salariale est presque acquise. Mais nous ne sommes pas parvenues à faire reconnaître le rôle joué par les aidantes. Étant donné l’impossibilité de se trouver en deux lieux à la fois, les femmes, même lorsqu’elles sont capables de danser à reculons en talons aiguilles, se trouvent en porte à faux. Leur dilemme n’a rien à voir avec leur sexe mais bien avec les soins qu’on attend d’elles.
Il s’agit là d’un rôle qui, traditionnellement, est étroitement associé à la femme. Au niveau du droit, il y a, entre les femmes et le rôle qu’elles jouent au sein de la société, une très grande identité car c’est la femme qui porte les enfants, les met au monde et les allaite. Lorsque la fiscalité rabaisse le rôle d’aidante, il rabaisse la femme.
Jadis, la femme entretenait le feu, nourrissait les enfants, préparait les repas, cultivait la terre et s’occupait des malades. Les hommes, eux, se chargeaient de la chasse et de la cueillette. Les deux sexes étaient alors interdépendants. Or, chose étrange, lorsqu’on a commencé à accorder une rétribution pécuniaire à certains rôles, seuls les hommes en ont bénéficié. Le mot même de « travail » en est venu à désigner exclusivement les activités du sexe masculin. Ce changement a été le premier à entraîner une dévalorisation des rôles joués par la femme.
Vue sous cet angle, la libération des femmes afin de leur permettre d’occuper un emploi rémunéré, de ne pas dépendre d’un homme et d’acquérir une autonomie financière est très incomplète. Outre cela, il faut en effet insister pour que soit reconnue la valeur de notre rôle d’aidante.
Les gouvernements ont sollicité l’avis d’économistes tels que Cleveland et Krashinsky, selon qui seules les femmes qui gagnent de l’argent contribuent à la société. En tant que militante des droits de la femme, je constate que la lutte des femmes pour l’égalité a récemment pris une nouvelle orientation qui consiste à chercher des solutions à l’impasse dans laquelle se trouve actuellement toute la question du rôle de personne au foyer. Certains estiment qu’il faut accorder aux femmes des allégements fiscaux pour qu’elles puissent travailler à l’extérieur. Leurs arguments sont valables, mais le sont également ceux des personnes qui s’occupent des enfants et du foyer. Tous conviennent toutefois que les femmes ont le droit de choisir la contribution qu’elles veulent faire à la société, et que l’État doit aider à faire respecter ce choix.
Si les femmes se voient accorder un soutien financier pour la garde d’un enfant, qu’elles partagent ou non leur foyer avec un homme, indépendamment des ressources financières de celui ci, elles deviennent moins vulnérables. Si nous avons vraiment la volonté de mettre fin à la pauvreté des enfants, le meilleur moyen est de subventionner le rôle d’aidante. Accordez une aide à l’enfant, peu importe où il se trouve, et indépendamment de la situation de famille du parent ou du fait qu’il occupe un emploi. Si nous souhaitons vraiment apporter à ce problème une solution moderne et créative, nous devons valoriser les soins apportés par le parent et accorder à ceux qui s’occupent des enfants une aide pécuniaire. Les femmes n’éprouveront un sentiment de sécurité économique que lorsqu’elles sauront que les choses se font ainsi.
La valeur que le gouvernement accorde actuellement aux soins prodigués aux enfants apparaît le plus clairement dans la manière dont on traite la femme chef de famille. Le gouvernement considère avec mépris la femme qui, sans revenu et sans compagnon, s’occupe d’un petit enfant.
C’est comme cela que les autorités considèrent les mères monoparentales. C’est la plus grosse injure faite au rôle d’aidante.
La législation sur les pensions de retraite ne tient pas compte des années consacrées aux enfants — mais nous ne vous le reprochons pas. Vous avez décidé de passer quelques années chez vous pour vous occuper de votre enfant, nous ne vous en faisons pas le reproche. C’est une législation de condescendance envers les femmes car de tels textes se voudraient généreux. Ce n’est pas ce que nous entendons par valorisation du rôle d’aidante. En Italie, les années consacrées à la famille ouvrent droit à pension.
Il est bon que les personnes âgées aient maintenant droit au fractionnement du revenu de pension. La réduction d’impôt qui en résulte reconnaît la contribution de celles qui n’ont pas gagné d’argent ou qui dans le ménage avaient les revenus les moins importants. Cela dit, il n’y a actuellement aucune reconnaissance, avant la retraite, du rôle de la personne qui s’occupe des enfants et qui en conséquence a eu les revenus les moins élevés. Or, cette reconnaissance, il faut y aboutir.
Nous avons instauré des avantages fiscaux pour l’aide aux proches — comme si nous nous en soucions vraiment — par des mesures qui, paradoxalement, semblent expressément exclure les personnes qui s’occupent de ceux qui ont besoin de leurs soins. En effet, nous lions les congés de maternité, le congé parental et le congé pour s’occuper d’un mourant au montant gagné. La valeur que nous attribuons ainsi à ces rôles non rémunérés est ainsi fonction de la rémunération professionnelle de l’intéressé. Or, ce sont là, bien sûr, deux choses entièrement différentes, et cette manière de faire entraîne une dévalorisation du rôle d’aidante. Nous admettons ainsi que le gouvernement évalue notre rôle d’aidante non en fonction des soins dispensés mais en fonction de ce que nous gagnons à l’extérieur. En cela, nous avons toléré quelque chose qui n’est pas tolérable.
Les femmes doivent non seulement défendre leur droit à l’égalité en vue de l’obtention d’un travail rémunéré, ce que nous sommes parfaitement confiantes de pouvoir faire, mais également de faire reconnaître la valeur de notre travail non rémunéré. Nous pouvons demander l’instauration d’un programme de garde d’enfants, mais une telle mesure ne réglerait pas vraiment le problème. En effet, cela ne ferait que continuer à reconnaître la valeur du seul travail rémunéré. Or, il faut que soit dorénavant reconnue la valeur des soins prodigués aux enfants, que ce soit dans une garderie, par une bonne d’enfants, à la maison, par le père ou par la mère qui exerce une activité professionnelle à domicile.
La Cour suprême a récemment reconnu, dans des arrêts rendus en matière de divorce, que la personne au foyer avait apporté une contribution essentielle à l’économie du ménage, estimant qu’à ce titre la femme avait droit à la moitié des biens.
De plus en plus de femmes créent, chez elles, leur propre entreprise, ce qui leur permet de travailler à distance. C’est l’avenir. En faisant preuve de créativité, elles évitent d’avoir à aller chaque jour travailler à l’extérieur de neuf à cinq. Il convient, je pense, d’en prendre note.
En outre, beaucoup sont maintenant appelées à s’occuper d’un parent âgé. Nombreuses en effet sont les femmes d’âge moyen qui s’occupent de leurs parents et qui considèrent que le mouvement de défense de l’égalité des droits doit reconnaître l’importance de ce nouveau rôle.
En 1995, à Beijing, le Canada et les autres pays membres des Nations Unies se sont engagés à valoriser les fonctions d’aide non rémunérée qui avaient jusque là été tenues pour acquises. Nous sommes, en tant que pays, engagés à prendre dorénavant ces fonctions en compte. Or, cet engagement est resté lettre morte.
Les premières militantes des droits de la femme ne souhaitaient pas que l’on oblige les femmes à sortir du foyer. Le droit de vote a en effet été acquis pour toutes, pour les femmes au foyer comme pour les autres. Pour Nellie McClung, la fonction maternelle est, pour la société, une fonction importante qu’il convient de défendre. En 1970, la Commission royale d’enquête sur la situation de la femme a conclu qu’il conviendrait d’accorder aux femmes un soutien financier pour les soins qu’elles donnent aux enfants.
Les féministes de la troisième vague demandent depuis de nombreuses années que le rôle de celles qui s’occupent des enfants soit davantage valorisé et je vous propose ici, très rapidement, quelques idées à cet égard. Il faut, d’abord, une véritable révolution qui passe par une redéfinition du travail. En effet, il faut arrêter de traiter comme quantité négligeable tout travail qui n’est pas rémunéré. Deuxièmement, il convient d’admettre le partage du revenu qui peut ainsi être réparti sur plusieurs personnes. Troisièmement, il conviendrait d’accorder des prestations de retraite aux aidants. Quatrièmement, nous devrons accorder des prestations de maternité à toutes les mères. Cinquièmement, il faudrait prévoir des prestations universelles pour les personnes qui s’occupent d’un enfant. Ces prestations suivraient l’enfant et iraient là où il se trouve. Sixièmement, il conviendrait de prévoir des allégements fiscaux pour les personnes qui ont recours à une garderie, comme pour les personnes qui s’y prennent autrement. Et septièmement, il conviendrait de prévoir le financement durable des actions de lutte pour l’égalité des femmes telles que celles qui sont menées par le Comité de la condition féminine et les divers autres groupes de défense des droits oeuvrant en faveur de l’égalité de la femme.
En tant que femmes, nous devons faire preuve de courage. Je ne suis aucunement hostile aux hommes. Je les trouve même admirables, mais nous nous sommes laissées aspirer par une notion de l’économie traditionnellement masculine qui veut que l’on ne tienne compte que du travail donnant droit à salaire. Or, il nous faut défendre l’idée que le travail non rémunéré doit lui aussi être pris en compte.
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Ms. Michelle Harris Genge: Voulez vous que je recommence? Non? Bon.
Quand ma fille est née, j’occupais un emploi qui m’a procuré un revenu confortable pendant tout mon congé de maternité. L’année de naissance de ma fille a été une année formidable. J’ai pu l’allaiter sans me faire de souci, et je n’ai pas éprouvé de grosses inquiétudes financières qui auraient nui au bonheur que j’éprouvais chaque jour auprès d’elle. J’ai ainsi pu l’observer lorsqu’elle a commencé à ramper, puis lorsqu’elle a commencé à marcher. J’étais là lorsqu’elle a pris sa première bouchée, lorsqu’elle a prononcé un mot pour la première fois.
Le nouveau congé de maternité prolongé a été pour moi quelque chose de formidable. Je n’ai jamais eu, après une nuit blanche, à me lever tôt pour aller travailler ou conduire mon enfant à la garderie. Je n’ai pas eu à renoncer à allaiter mon enfant en raison de longues absences. Je ne touchais qu’environ la moitié de mon salaire normal, mais je ne me suis jamais sentie stressée, lasse ou anxieuse parce que je ne voyais pas comment faire face aux factures qui continuaient à s’accumuler.
Je ne me rendais pas compte qu’en cela j’étais très privilégiée. J’imaginais que tout le monde avait droit à de telles prestations et je ne me souciais guère de voir plus loin. Une année de congé avec sa nouveau née — de quoi pourrait on se plaindre? Cette possibilité de me consacrer à mon bébé a été pour moi une expérience exceptionnelle.
Beaucoup de gens, lorsqu’ils envisagent l’idée de soins, pensent tout de suite à une mère s’occupant de son bébé. Pour un nouveau né, les soins revêtent effectivement une importance vitale. C’est, en effet, une question de survie. Le programme de prestations de maternité et de congé parental a été porté à un an afin que les bébés nés au Canada, leur mère et leur père puissent bénéficier, au départ de leur nouvelle vie, des meilleures conditions possibles. C’est une bonne chose pour l’avenir de notre société, mais uniquement pour ceux et celles qui sont en mesure d’en profiter. Hélas, au Canada, de nombreuses femmes n’ont pas accès à ce précieux avantage. On constate en effet que la politique instaurée ne profite pas également à toutes les femmes, cela étant particulièrement vrai de celles dont le travail ne correspond pas aux normes habituelles.
Au début de 2001, l’une des membres du conseil d’administration du Women’s Network attendait un enfant. Nous étions toutes emballées par les nouvelles dispositions renforçant la législation sur le congé de maternité, car nous pensions qu’elle pourrait passer toute une année chez elle avec son nouveau bébé. Elle nous a tout de suite détrompées. En effet, en tant que travailleuse autonome contractuelle, elle n’était pas admissible aux prestations prévues.
J’insiste sur le fait que les membres du conseil d’administration du Women’s Network, comme de nombreuses autres Canadiennes, supposaient à l’époque que toute personne donnant naissance aurait droit à une année de congé payé. Nous ne connaissions pas les conditions auxquelles les prestations en question étaient subordonnées. Vu la situation dans laquelle se trouvait notre collègue, le conseil d’administration s’est dit qu’il devait y avoir de nombreuses femmes qui ne seraient, comme elle, pas considérées comme admissibles. Le Women’s Network P.E.I., de concert avec les parents de la région de l’Atlantique et les organisations féminines revendiquant l’égalité ont engagé un travail de recherche et de concertation. Il s’agissait de savoir si la politique appliquée à l’époque par RHDSC s’appliquait de manière impartiale à toutes les femmes.
Nous avons tendance, nous les Canadiens, à prendre un certain nombre de choses pour acquis. Nous prenons pour acquis, par exemple, qu’en matière de prestations sociales, les femmes sont traitées sur un pied d’égalité alors que, par exemple, l’accès au congé parental est en fait plus largement ouvert aux hommes qu’aux femmes. Les statistiques démontrent que ce sont plutôt les femmes qui s’absentent de leur travail afin de s’occuper d’un nouveau né et, de manière générale, des enfants, mais les hommes sont néanmoins plus nombreux à êtres admissibles à un congé parental.
Nous avons tendance à supposer que les mères jugées admissibles pourront bénéficier des prestations prévues pendant toute une année. Tout le monde pense qu’il s’agit d’une année entière de prestations alors qu’en fait il y a, au cours de l’année en question, deux semaines sans prestations. Le Canada est l’un des seuls pays qui ait instauré, pour le congé de maternité, un délai de carence. Nous voudrions croire que chaque femme au travail a droit aux prestations mais, au Canada, les travailleuses autonomes ne bénéficient ni des prestations de maternité ni des congés parentaux.
Quelles sont, donc, les femmes qui ne sont pas admissibles à ces prestations? Les femmes dont le travail ne correspond pas aux normes habituelles ne sont pas admissibles ou, du moins, peuvent avoir beaucoup de peine à être jugées admissibles aux prestations de maternité et aux congés parentaux. En 2003, au moins 35 p. 100 des femmes qui ont eu un enfant n’étaient pas admissibles aux prestations de maternité et au congé parental.
Vu la somme de travail non rémunéré qu’elles accomplissent au sein de la famille par les soins qu’elles assurent, les femmes subissent un désavantage sur le plan de leur sécurité économique en raison des modalités du programme d’assurance emploi. Les prestations de maternité et les congés parentaux ne sont pas adaptés au travail accompli par la mère au sein de la famille et une mère a, par conséquent, moins de chances que les autres d’être admissibles aux prestations en question. À chaque fois qu’une femme donne naissance, elle réduit d’autant ses chances d’être admissible aux prestations.
Je rappelle, enfin, que les travailleuses autonomes ne sont pas admissibles à ces prestations.
En 2001, environ une femme sur quatre n’était pas comptée comme faisant partie de la population active dans les 12 mois précédant la naissance de son enfant. À cause de cela, une femme sur quatre n’était pas admissible aux prestations. Certaines femmes admissibles à l’assurance emploi se trouvaient à nouveau enceinte alors qu’elles bénéficiaient d’un congé et ne pouvaient donc que difficilement accumuler suffisamment d’heures de travail pour être admissibles à l’AE. Cela réduisait sensiblement les chances qu’elles avaient d’être admissibles aux prestations de maternité après la naissance de ce deuxième enfant.
En prévoyant la possibilité d’une réadmission, comme celle qu’autorise le programme d’assurance emploi, on accroîtra les chances d’admissibilité des femmes qui ont dû interrompre un travail rémunéré. On pourrait aussi, par ce biais, intégrer une partie des travailleuses autonomes.
Il faudrait que le Canada offre un soutien aux nouveaux parents et que pour cela il prenne en compte l’évolution du marché du travail et contribue à équilibrer les responsabilités professionnelles et familiales. Les entreprises appartenant à des femmes forment, au sein de l’économie canadienne, le secteur commercial en plus forte croissance. En effet, les femmes créent des entreprises à un rythme qui est le double de celui des nouvelles entreprises créées par les hommes. La majorité de ces femmes, soit 59 p. 100, ont entre 20 et 45 ans, c’est à dire l’âge de fécondité. Aux termes du programme actuellement en vigueur, hormis les pêcheuses autonomes, les travailleuses autonomes ne sont pas admissibles à l’assurance emploi. Cette condition leur ferme l’accès aux prestations de maternité et au congé parental.
Une travailleuse autonome sur trois reprend le travail dans les deux mois suivant la naissance de son enfant. Ce taux est à comparer au chiffre de 5 p. 100 pour les employées. Le Canada est un des seuls pays ayant instauré un délai de carence de deux semaines pour les prestations de maternité et le congé parental. Le fait d’avoir à attendre deux semaines avant de toucher, pour le restant de l’année, seulement 55 p. 100 de votre revenu habituel impose à de nombreuses femmes un énorme fardeau financier. La logique qui sous tend cette politique et qui vise à éviter les prestations d’assurance emploi pour les semaines de travail écourtées ne convient pas du tout aux prestations de maternité. Le délai de carence de deux semaines doit être éliminé afin d’améliorer la sécurité économique des femmes.
Le Canada applique l’un des plus faibles taux de remplacement du revenu gagné au monde, tous pays confondus, et il en résulte une détresse financière pour les Canadiennes, quel que soit leur niveau de vie. Comme le salaire des femmes est en général inférieur à celui des hommes, leurs prestations sont moins élevées. Afin que les prestations prévues deviennent, pour de nombreuses mères, une réelle solution, le taux de remplacement, actuellement de 55 p. 100, doit être augmenté.
Les prestations de maternité et le congé parental sont un facteur à la fois de sécurité économique et de capacité à prodiguer des soins. Les recherches que nous avons menées sur les prestations de maternité et les congés parentaux en vigueur dans d’autres pays montrent qu’il y a beaucoup de politiques progressistes pourraient être prises comme modèles par les décideurs canadiens. De nombreux pays reconnaissent que la vie familiale est essentielle au bien être des enfants et ont, pour cela, mis en place des politiques familiales adaptées. Ces politiques consistent en général à équilibrer les frais engagés pour élever un enfant, à fournir aux personnes qui veulent avoir des enfants les moyens nécessaires, à assurer une redistribution des revenus afin d’assurer à chacun un niveau de vie suffisant et à concilier le travail et la vie familiale. Les politiques familiales en vigueur dans les pays en question fonctionnent en tandem avec des politiques en faveur de l’égalité des sexes dans la vie professionnelle. Certaines de ces politiques visent à renforcer un taux de natalité jugé trop faible et, au cours de nos recherches, nous avons constaté que certains pays ont augmenté les prestations parentales et de maternité justement afin de compenser une baisse de la natalité.
Je tiens à dire, pour terminer, qu’il est absolument essentiel à l’avenir du Canada que nous passions à une société de l’entraide attachée à la sécurité économique des femmes. Il ne s’agit pas du tout de deux choses distinctes. Cela nous permettra en outre de parvenir à une société plus juste. Merci.
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Dans ce pays, les femmes sont appelées à jouer des rôles multiples. Souvent, en effet, elles sont à la fois mère, conjointe et, aussi, travailleuse. De bons services de garde d’enfants les aident à assumer ces rôles divers. Ce genre de service soutient les efforts des 72 p. 100 de femmes qui occupent un emploi rémunéré, qui poursuivent leurs études ou suivent une formation, ainsi que les femmes qui oeuvrent à la maison et qui souhaitent que leurs enfants puissent s’engager sans tarder sur la voie de l’instruction.
De bons services de garde d’enfants sont essentiels à la sécurité économique des femmes et les aident notamment à équilibrer leur vie professionnelle et leur vie familiale.
Un écart subsiste entre les sexes au niveau de la rémunération. Les femmes ne gagnent en effet qu’environ 73 p. 100 de ce que gagnent les hommes. Cela est en partie dû au fait que les responsabilités familiales obligent les femmes à demander un congé beaucoup plus souvent que les hommes.
De bons services de garde d’enfants contribuent à la lutte contre la pauvreté des femmes et de leurs enfants car ils améliorent leurs perspectives professionnelles et les occasions qu’elles ont d’entreprendre une formation. Cela est particulièrement vrai du plus de 50 p. 100 des femmes monoparentales qui sont démunies ou des femmes et des enfants qui, pour des raisons d’ordre économique, sont pris au piège d’une relation abusive. De bons services de garde d’enfants renforcent l’indépendance économique des femmes dans leur l’ensemble.
Nous devons, au Canada, nous interroger quant à l’importance que nous attachons aux enfants, quant à la valeur que nous attribuons à leur maternage et aux rôles traditionnellement exercés par les femmes. Nous devons également nous demander quelle importance nous attachons à l’égalité de la femme. En moyenne, les travailleurs des services à l’enfance gagnent 45 p. 100 de moins que ceux qui exercent un autre métier.
Ce chiffre montre que l’on continue manifestement, au Canada, à sous évaluer les tâches traditionnellement accomplies par la femme, notamment au niveau de l’éducation des enfants. Ce chiffre, et d’autres encore, permettent de constater les retards accumulés par le Canada par rapport aux autres pays. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques, de 14 pays, le Canada arrive en dernière position pour ce qui est du financement public des programmes de garde d’enfants calculé en pourcentage du produit national brut, et en dernière position aussi, cette fois parmi 20 pays, pour ce qui est de l’accès des enfants de trois à six ans à de bons programmes de garde.
On peut même dire que dans la plupart des régions du Canada, et à l’exception du Québec, la garde d’enfants n’est qu’un amas de services, chichement financés pour la plupart, mais néanmoins hors de portée et d’accès de la plupart des Canadiens. Ajoutons qu’en général les travailleurs pédiatriques sont mal rémunérés. Il n’y a pas assez de places dans les garderies pour tous les enfants qui en auraient besoin, les prix sont élevés et la qualité incertaine.
À cet égard, le Québec fait figure d’exception. En effet, son système de garderies qui ne coûtent que 7 $ par jour et par enfant, compte 43 p. 100 des places de garderie officielles au Canada bien que la province n’abrite que 23 p. 100 des enfants de moins de 13 ans habitant le pays. Ajoutons que depuis l’adoption, en 1997, d’une politique familiale qui assure l’universalité des services de garde d’enfants, le Québec est la seule province à pouvoir faire état d’une baisse du taux de pauvreté des enfants.
Le cas du Québec démontre que les services de garde d’enfants peuvent être rentables puisque les recherches menées en ce domaine permettent de constater qu’au cours de la première année les investissements en services de garde d’enfants ont donné un rendement de 40 p. 100.
Hélas, l’annulation des accords de principe conclus en matière d’apprentissage et de garde d’enfants, les ententes bilatérales, montrent que le gouvernement fédéral a renoncé à instaurer dans les provinces et territoires un système de garde d’enfants. Pour remplacer ces ententes, on a prévu de transférer chaque année aux provinces et territoires 250 millions de dollars en crédits fédéraux, sans cependant accompagner ces transferts de directives précises quant à la manière dont les fonds devraient être dépensés. Cela représente une baisse de 950 millions de dollars, soit de presque 80 p. 100 par rapport aux engagements que le gouvernement fédéral précédent avait pris à l’horizon 2007.
L’actuel gouvernement fédéral a, à la place, adopté en faveur des familles, de modestes mesures de soutien du revenu, mais cela ne répond guère à la situation car, dans la plupart des régions du Canada, les bons services de garde d’enfants sont soit excessivement coûteux soit inexistants.
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Merci, madame la présidente.
J'aimerais tout d'abord vous remercier d'être présentes aujourd'hui. Je vous remercie aussi de vos présentations, qui vont sûrement nous éclairer davantage.
Pour ma part, j'aimerais revenir sur la question du régime d'assurance-emploi. À mon avis, celui-ci, dans son état actuel, est un régime discriminatoire, surtout à l'égard des femmes. De plus, le régime n'est financé que par les employés et les employeurs, et le gouvernement n'y verse pas un sou.
J'ai eu la chance, durant la présente législature, de déposer un projet de loi qui vise à bonifier le régime d'assurance-emploi. Il en est à l'étape de la troisième lecture et il serait très souhaitable qu'il puisse recevoir l'aval de l'ensemble des députés de la Chambre afin que ce régime soit bonifié et qu'il réponde davantage aux besoins et à la réalité des travailleurs d'aujourd'hui.
Tout dépend de la volonté du gouvernement. Je suis d'une région située au nord de Montréal où beaucoup de femmes sont à la merci du travail saisonnier. Ce n'est souvent pas par choix ou, si ça l'est, c'est parce qu'il n'y a que ce type d'emploi qu'elles peuvent accomplir.
J'aimerais vous parler des modifications qui se trouvent actuellement dans le projet de loi , entre autres parce qu'elles font suite aux recommandations que l'on retrouve dans votre mémoire, madame Harris.
Par exemple, on recommande de réduire la période de qualification à 360 heures de travail; d'augmenter la durée de la période de prestations, qui est en général d'une durée de 45 semaines, à 50 semaines; d'augmenter le taux des prestations hebdomadaires à 60 p. 100, ce qui fait partie de vos recommandations; d'abroger le délai de carence de deux semaines; d'éliminer les distinctions entre les personnes qui deviennent membres de la population active et celles qui le redeviennent; d'augmenter le maximum de la rémunération annuelle assurable; de calculer la prestation à partir de la moyenne des 12 semaines travaillées les mieux payées au cours de l'année et, dernièrement, de permettre aux travailleurs autonomes d'accéder au régime d'assurance-emploi sur une base volontaire.
J'aimerais vous entendre au sujet de l'importance d'adopter ce projet de loi au cours de cette législature. À mon avis, cela répondrait aux attentes et aux réalités des femmes, des jeunes et aussi des hommes.
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Bon. J’hérite donc de ce qui reste de son temps de parole.
Je tiens, d’abord, à remercier chacune d’entre vous des exposés que vous nous avez présentés. J’y ai pris grand intérêt et nous avons pu recueillir d’excellentes propositions. Je vous remercie, en effet, d’avoir proposé des solutions et de ne pas avoir simplement insisté sur les problèmes.
Avant de passer à ma première question, je tiens à vous dire ceci.
S’agissant de la garde d’enfants et du rôle qui revient en ce domaine au gouvernement fédéral, vous vous êtes, Monica et Emily, penchées sur la question et vous considérez que le gouvernement fédéral cherche à se défausser.
Ma municipalité a été le lieu d’un des projets pilotes en matière de garde d’enfants en zone rurale dans le cadre du programme Meilleur départ instauré en Ontario, programme qui, soit dit en passant, a donné d’excellents résultats. J’ai pris la peine de m’entretenir avec le directeur de programme responsable de deux comtés et il m’a fait part de sa grande satisfaction au vu des résultats obtenus.
Je craignais qu’il soit mis fin à ce projet pilote et que les choses s’arrêtent là. Or, ils ont pris l’initiative de contacter à ce sujet les autorités provinciales, sachant que le gouvernement fédéral continuait à transférer aux provinces des crédits pour cela. Ils ont remporté un franc succès. Le projet a été maintenu comme prévu au départ.
Il m’a ensuite assuré que, compte tenu des crédits inscrits au budget fédéral de 2007, il ne devrait y avoir aucune difficulté à assurer la mise en oeuvre intégrale du programme.
Je tenais donc à préciser que tout n’est pas noir dans ce tableau. Il y a des gens qui ont su faire avancer les choses dans le bon sens. Ils ont conclu des partenariats et sont allés de l’avant.
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Merci, madame la présidente, et merci aussi à toutes celles qui nous ont présenté un exposé.
Ma question s’adresse à Mme Smith.
Dans l’exposé que vous nous avez remis, vous affirmez qu’en 1995, à Beijing, nous nous sommes engagés avec tous les pays membres des Nations Unies, à prendre en compte dorénavant la valeur des soins prodigués par des personnes non rémunérées. Puis, vous avez rappelé l’action de Nellie McClung en 1915. Cela montre bien que tous ces problèmes ont déjà été évoqués et que depuis des années nous manifestons l’intention de les régler. Or, nous n’y sommes pas encore parvenus. Nous ne sommes pas encore parvenus à une solution.
Je nourris l’espoir que, cette fois ci, au sein du comité, nous allons pouvoir aboutir. Nous nous sommes toutes penchées sur la question. Ma collègue a décrit la concertation avec divers groupes et évoqué le cas des entrepreneuses. Tout cela me paraît important. Il faut, effectivement, recueillir des données sur lesquelles nous puissions nous baser pour tenter de parvenir à certaines conclusions. Encore une fois, je tiens à vous remercier des résultats dont nous vous avez fait part et des solutions que vous nous avez proposées. Il y a là une quantité de renseignements très utiles.
Puis, vous rappelez que, depuis plus de 10 ans, les féministes réclament une amélioration de la situation des aidants, insistant sur l’importance essentielle d’assurer, en matière de soins, la liberté de choix et la dignité. Je suis entièrement d’accord avec vous. Tout cela est essentiel. Vous nous avez également rappelé que c’est un non-sens de parler d’une mère qui ne travaille pas, et cela, toutes les femmes le savent. J’ai personnellement eu la chance de pouvoir rester chez moi et d’élever mon enfant sans avoir à le confier à une garderie. Je n’entends aucunement critiquer les garderies, mais c’est le choix que j’ai fait et il me semble important d’offrir aux parents la possibilité de choisir.
Je passe maintenant à la recommandation 7, là où vous évoquez la question des déductions fiscales pour les personnes qui optent pour une garderie ainsi que pour celles qui décident de s’organiser autrement. Or, j’ai l’impression que nous avons un peu négligé cet aspect de la question. Nous avons insisté sur les services de garde d’enfants, mais nous n’avons pas beaucoup parlé de ceux qui préfèrent assurer eux mêmes ce service. Je constate à cet égard l’existence d’opinions divergentes. Certaines d’entre nous préféreraient, si nous en avons la possibilité, élever nous mêmes nos enfants. Ce n’est pas le cas de tout le monde et, disons le franchement, dans certains cas, il peut être préférable de recourir à une garderie.
Vous avez également évoqué la question du financement des places de garderie et, pour commencer, la mise en place des infrastructures nécessaires. Il ne faut pas, selon vous, s’insurger contre les garderies, mais subventionner aussi bien les garderies que les soins apportés aux enfants dans un autre cadre. Comment envisagez vous les solutions à cet égard? Vous avez rapidement évoqué les déductions fiscales et une allocation spécifique pour chaque enfant. Pourriez vous nous en dire un peu plus au sujet des moyens permettant d’accomplir tout ceci?
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Merci beaucoup, madame la présidente.
J’aurais une ou deux questions à poser. J’espérais interroger chacune de nos témoins, mais cela ne va pas être possible.
Madame Smith, dans votre exposé, vous évoquez la question du partage du revenu et les travaux que vous avez menés sur la question. Vous évoquez également le fractionnement du revenu de pension. Ce qui me préoccupe dans tout cela c’est que, d’après votre exposé, cela ne procurera pas aux personnes riches un avantage indu.
Je me suis documentée sur la question. Une des inquiétudes que j’éprouve à cet égard découle de données réunies par le Congrès du travail du Canada. Leurs recherchistes ont cherché à préciser le nombre de foyers canadiens ne disposant que d’un seul revenu. Il semblerait qu’il y ait, au Canada, 2,8 millions de personnes vivant au sein d’une famille à revenu unique. Ce sont elles qui auraient le plus de chances de profiter de ce fractionnement du revenu. Mais, de ces 2,8 millions de personnes, la plupart ont un revenu familial ne dépassant pas 36 000 $. La possibilité d’effectuer un partage du revenu familial n’épargnerait à ces ménages qu’environ 200 $ — c’est à dire une différence de 200 $ entre l’avantage que confère cette mesure et le crédit d’impôt pour conjoint — alors qu’une famille à revenu unique dont le revenu s’élève à 230 000 $ économiserait 9 000 $.
Parmi les groupes avec lesquels nous nous sommes entretenues, il y en a un qui est venu nous parler de fractionnement du revenu de pension et qui avait même préparé un tableau. Ce tableau, je l’ai ici. On peut constater qu’un couple qui touche environ 21 000 $ par an ne tirerait aucun avantage du fractionnement de son revenu de pension alors qu’un couple qui touche 121 000 $ par an économiserait presque 9 000 $.
Je trouve cela gênant car le fractionnement du revenu coûtera au gouvernement fédéral environ 5 milliards de dollars par an, selon les calculs effectués. Ce que je trouve gênant dans tout cela c’est que ça réduira d’autant les ressource fédérales affectées au financement de services profitant à tous les Canadiens.
Je m’interroge donc au sujet de cette disparité et j’aimerais savoir comment vous pouvez considérer le fractionnement du revenu comme une bonne chose étant donné cette contradiction.
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La question est pertinente.
En matière de partage du revenu, il y a bien des modalités possibles. Aux États Unis, en raison des tranches de revenu, les riches payent plus que les pauvres. Cela répond en partie à l’inquiétude que vous éprouvez à l’idée qu’une telle mesure procurerait aux riches un avantage indu. Une autre solution consisterait à fixer un seuil d’admissibilité et de prévoir que cette mesure ne s’appliquerait qu’aux personnes ou aux foyers dont le revenu ne dépasse pas un certain montant. Une autre idée serait de rendre cette mesure facultative, ce qui réglerait peut être une partie du problème.
Les gens, me semble t il, ont tendance à penser que le partage du revenu serait réservé aux familles à revenu unique. Or, cette mesure s’appliquerait à toutes les familles, la plupart ayant en effet deux revenus. Si vous ne gagnez pas grand chose et que la personne avec qui vous habitez gagne beaucoup plus, étant donné que vous partagez un logement, vous bénéficiez probablement du même niveau de vie que l’autre. Il est donc absurde de ne pas vous considérer comme un partenaire. La législation fiscale actuellement en vigueur vous considère comme un soutien économique et comme une bouche inutile si vous n’avez pas de revenu ou comme un soutien économique et quelqu’un de piètre mérite. Or, la signification psychologique de ce partage du revenu est que vous êtes à égalité, vous partagez à titre de partenaire. Il ne s’agit donc pas de dépendance mais d’interdépendance. C’est, pour les femmes, un message très important. Ça, c’est une première chose.
J’estime, en outre, que si vous envisagez cette mesure sous l’angle de ce qu’elle peut coûter au gouvernement, vous analysez d’un point de vue purement financier quelque chose qui est en fait, comme l’a souligné Mme Lysack, un investissement. Si vous accordez cette reconnaissance aux aidants — et cette mesure est une manière de le faire — vous épargnez des milliards de dollars au système de santé. Cette mesure permet en effet à un certain nombre de personnes handicapées de demeurer chez elles tout en bénéficiant de soins affectueux et, par exemple, d’éviter aussi à certains jeunes une vie d’errance, ce qui, dans certains cas, permettra de réduire les coûts de la justice pénale.
J’estime qu’on ne peut donc pas insister uniquement sur les coûts d’une telle mesure.
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Merci, madame la présidente, et merci aussi aux témoins pour les déclarations qu'ils ont faites cet après-midi.
J'ai une remarque d'ordre général à faire au sujet de la plupart de vos déclarations. Je n'ai pas d'objection à faire à ce que je considère comme des remarques tout à fait pertinentes, en particulier en ce qui concerne la possibilité d'une meilleure rémunération des prestataires de soins et des personnes qui assument des responsabilités importantes au foyer mais je voudrais en venir à la question de l'égalité sur le plan des revenus, étant donné que, comme vous le savez, nous la considérons spécifiquement sous l'angle de la sécurité économique.
En écoutant vos déclarations, j'ai cependant été frappé par l'idée qu'en fin de compte — je prends, par exemple, le plan en huit points de Mme Smith — le coût, la charge, sur le plan fiscal, que représentent ces propositions, seraient considérables. J'en viens donc à demander comment nous pourrions payer la facture.
Je le répète, je ne me place pas là au plan philosophique. Je ne suis pas contre ce que vous essayez d'obtenir, mais dans un pays où nous sommes obligés d'établir un équilibre entre la charge pour le trésor public, si vous voulez, que ce soit sur le plan provincial ou fédéral — dans le cas présent, c'est à peu près partagé — et à une époque où notre pays est confronté à toute une série de priorités, dont la moindre n'est pas de devoir faire face au problème de la réduction des gaz à effet de serre et à une foule d'initiatives en matière de politique publique.
Comment aborder la question du paiement pour tout cela? Cela représente des milliards de dollars, peut-être 15 à 30 milliards de dollars par an. Au niveau fédéral, l'impôt sur le revenu au Canada rapporte environ 75 milliards de dollars par ans. Il faudrait donc envisager une augmentation substantielle des impôts ou sinon, supprimer d'autres programmes. Pourriez-vous — chacun des trois témoins présents pourrait répondre — peut-être pourriez-vous me dire comment vous envisagez une prise en charge par le trésor public, ou alors nous dire si vous avez examiné un modèle qui rendrait cela fiscalement réalisable?
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Merci, madame la présidente.
On a dit beaucoup de choses aujourd'hui, dont certaines fort intéressantes. De mon point de vue, nous parlons de la sécurité économique des femmes. Nous parlons donc de la manière d'assurer leur sécurité financière, pendant leur jeunesse, pendant leur vie active, et lorsqu'elles prennent leur retraite. Nous visons donc un programme d'aide familiale national qui prendrait en compte le travail non rémunéré au foyer, qu'il s'agisse de s'occuper d'un membre de la famille malade ou d'un enfant, comme nous essayons de le faire grâce aux congés parentaux et aux soins dispensés par des professionnels. Aucune des deux formules n'est très efficace; elles ne fonctionnent pas très bien.
En ce qui concerne les soins dispensés par des professionnels, la suspension des versements au titre du RPC affecte directement l'accumulation de la pension. Les emplois... les femmes entrent et sortent constamment de la population active, et point n'est besoin de vous décrire tous les scénarios qui influent sur la sécurité du revenu des femmes et en fin de compte sur le revenu de retraite.
Je voudrais revenir à ce dont nous avons parlé, ce que j'appelle l'apprentissage et la garde des jeunes enfants. Le programme Meilleur Départ mentionné plus tôt par Mme Davidson, a été établi par le gouvernement de l'Ontario. Il faisait partie du programme national de garde d'enfants de cinq milliards de dollars, mais l'Ontario avait préféré baptiser programme Meilleur Départ. Ce programme devait, en grande partie, être négocié et dispensé par l'intermédiaire des écoles élémentaires, car il avait la flexibilité nécessaire pour fonctionner dans les collectivités rurales qui avaient décidé d'utiliser des mécanismes de prestation différents. Bien entendu, la province avait mené de nombreuses consultations.
Mes questions s'adressent à Mme Harris, à Monica ou encore à ... À mon avis, les meilleurs atouts du Canada sont ses habitants, c'est cela le point de départ. Donner à chaque enfant le meilleur départ possible dès sa naissance... Dites-moi, le programme national d'apprentissage et de garde des jeunes enfants tel que nous l'avons dans nos écoles élémentaires, est-il la meilleure façon de procéder? L'enseignement élémentaire est universellement accessible dans tout le pays. Certains préfèrent utiliser les écoles privées, mais ils ont l'argent nécessaire pour cela. De toute façon, tous les enfants vont à l'école élémentaire. Nous n'avons pas dit qu'on allait vous remettre un bon de 100 $; nous avons dit que c'est quelque chose d'une importance fondamentale pour notre société.
Il me semble que ce serait la même approche en ce qui concerne l'éducation et le développement des jeunes enfants. J'ai simplement besoin d'un éclaircissement. Fais-je fausse route?