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Merci beaucoup, Joy. Je voudrais remercier les membres du comité de nous avoir donné la possibilité de comparaître.
Je représente l'Ontario Council of Agencies Serving Immigrants. L'OCASI est l'organisme-cadre qui chapeaute les organismes dans l'ensemble de la province et se trouve à Toronto. Je suis ici aujourd'hui pour vous présenter nos idées concernant la sécurité économique des immigrantes et réfugiées âgées au Canada. Mais auparavant, je vous parlerai brièvement de l'OCASI.
L'OCASI a été créée en 1978, lorsqu'on s'est rendu compte que les immigrants qui venaient dans notre pays avaient besoin de services. Deux ou trois organismes se sont alors regroupés pour former ce qui s'appelle aujourd'hui l'OCASI.
L’OCASI regroupe plus de 180 organisations autonomes en Ontario. Sa mission consiste à assurer l'égalité, l'accès et la pleine participation des immigrantes et des réfugiés au sein de la société canadienne. Ses membres offrent une multitude de services aux immigrantes et aux réfugiés qui viennent en Ontario.
On nous a demandé, comme vous le savez, de vous parler de la sécurité économique des immigrantes et réfugiées âgées. Mais avant de commencer, j’aimerais brosser un tableau de la situation des immigrantes et réfugiées âgées et des femmes réfugiées au Canada, afin de bien placer dans leur contexte nos préoccupations concernant leur sécurité économique.
Premièrement, j'évoquerai très brièvement la politique d'immigration et des contraintes de celle-ci.
Je pense que tout le monde sait qu'au Canada nous avons une population vieillissante. Cela ne comprend pas seulement les « Canadiens », mais aussi les immigrants, et particulièrement les immigrantes. En 2004, plus de la moitié de la population des 65 ans et plus, était des femmes. De ce total, 19 p. 100 sont des femmes nées à l'étranger. Nous savons qu'au Canada, les femmes représentent plus de la moitié de la population. L'immigration contribue depuis un certain temps déjà, à la croissance démographique de la population du Canada.
Statistique Canada nous apprend que le tiers des immigrantes ont entre 45 et 65 ans. Les femmes nées à l’étranger sont plus susceptibles que les autres femmes d’être âgées. En 2001, 20 p. 100 des immigrantes avaient 65 ans ou plus comparativement à 12 p. 100 des femmes nées au pays.
Nous avons donc une population vieillissante de plus en plus importante de femmes immigrantes dans notre pays. Je vais vous donner quelques statistiques supplémentaires. Elles montrent que 14 p. 100 de la population féminine appartient à des communautés racialisées et vit surtout à Toronto et à Vancouver, ce qui ne vous surprendra sans doute pas. La plupart des femmes racialisées au Canada sont nées à l'étranger, et la plupart d'entre elles sont arrivées récemment. Nous avons constaté que 55 p. 100 des personnes âgées sont des femmes racialisées.
Deux pour cent de toutes les femmes nées à l’étranger ne parlent ni anglais ni français, un taux disproportionné par rapport aux hommes. Ce sont surtout des femmes âgées : en effet, 18 p. 100 des femmes nées à l’étranger ne parlent ni l’anglais ni le français. La plupart des femmes qui ont immigré au Canada étaient des immigrantes parrainées ou étaient parrainées par leur conjoint. C’est le cas d’environ 72 p. 100 des immigrantes.
La législation et la politique d’immigration actuelles, en particulier le système de points appliqué aux immigrants indépendants, privilégient les immigrants ayant fait des études postsecondaires et possédant une expérience de travail dans leurs domaines. Victimes des conditions générales d’inégalité, de nombreuses femmes dans le monde ont peu de possibilités de faire des études postsecondaires et de travailler dans leurs domaines.
À cause de cette inégalité, ces femmes sont dans une situation de forte dépendance vis-à-vis de leurs conjoints, ce qui a pour conséquence regrettable que lorsque des problèmes éclatent dans la famille, ces femmes sont réduites à l'impuissance parce qu'elles ont toujours été sous la dépendance de leurs partenaires.
Permettez-moi d'évoquer brièvement l'exemple d'une femme qui vit avec son conjoint depuis 25 ou 30 ans et qui, lorsqu'on lui a demandé de quitter son foyer, ne savait même pas comment aller à la banque. Elle ne savait pas remplir un chèque parce qu'elle n'avait jamais fait ça de sa vie.
Le Conseil canadien pour les réfugiés (CCR) dont l’OCASI est membre a demandé à plusieurs reprises au ministère de la Citoyenneté et de l’Immigration de corriger ces inégalités, mais rien n’a changé. Nous avons une population croissance d'immigrantes et de femmes racialisées qui vivent dans la pauvreté. C'est ce que nous appelons la racialisation de la pauvreté.
Des changements importants ont marqué l’immigration. Aujourd’hui, un nombre croissant d’immigrants vient d’Asie, du Moyen-Orient, d’Afrique, des Antilles ainsi que d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud. Ce phénomène entraîne une augmentation du nombre d’immigrants racialisés qui viennent au Canada, la plupart arrivant de Chine. Au cours des 10 dernières années, ce nombre s'est considérablement accru. Près de la moitié de la population féminine canadienne, soit environ 49 p. 100 de toutes les immigrantes, provient de collectivités racialisées.
Selon le recensement de 2001, le revenu moyen en Ontario était de 35 185 $ et le revenu médian était de 28 027 $, ce qui indique que la majorité des résidents de l’Ontario touchaient moins que le revenu moyen de la province. En revanche, le revenu moyen des immigrants arrivés au Canada entre 1995 et 1999 était de 29 398 $ tandis que leur revenu médian était de 20 006 $. Le revenu moyen des résidents de l’Ontario provenant d’une collectivité racialisée était de 28 978 $ et leur revenu médian était de 23 990 $. Cela vous montre bien quel est le sort des immigrantes racialisées dans notre pays. Ces femmes vivent dans la pauvreté, et cela préoccupe beaucoup notre organisation.
Nous nous demandons ce qui a changé. Un certain nombre de rapports ont été rédigés sur la question. Je vous en cite deux. Le premier, intitulé Canada's Economic Apartheid: the Social Exclusion of Racialized Groups in the New Century a été écrit par Grace-Edward Galabuzi. Un autre, du Conseil canadien du développement social, intitulé Nowhere to Turn?, a été rédigé par le Dr Ekuwa Smith. Ces rapports portent sur la racialisation de la pauvreté des immigrantes au Canada.
Nous savons que le racisme systémique, la discrimination et l’inégalité, surtout sur le marché du travail, continuent d’être un facteur puissant de pauvreté chez les immigrantes de ce pays. Il faut donc faire quelque chose. Il est vrai que l'on n'a pas beaucoup étudié la question des immigrantes âgées. Nous pensons donc que des recherches devraient être axées sur ce groupe particulier. Ce que nous savons, c'est que les immigrantes récentes au Canada sont plus susceptibles d'être employées dans des emplois accessoires, ou des emplois atypiques, ou du travail à la pièce, du travail temporaire, du travail sous contrat ou encore du travail saisonnier. Nous savons également que les femmes venant de collectivités racialisées sont relativement bien instruites en comparaison des autres; et pourtant, elles occupent des emplois mal rémunérés dans notre collectivité.
Les femmes des collectivités racialisées gagnent moins et ont un revenu total comparativement plus faible. Cela concorde avec l’expérience de tous les résidents canadiens racialisés. Quatre pour cent des femmes de plus de 65 ans avaient un emploi rémunéré. Beaucoup n’avaient jamais travaillé, mais cela va changer car la population augmente et vieillit, si bien que les jeunes femmes trouvent maintenant du travail. Nous espérons donc que leur situation s'améliorera par rapport à celles des personnes âgées d'aujourd'hui.
Lorsque nous considérons la situation sur notre marché du travail, de plus en plus d'immigrantes, comme je l'ai dit plus tôt, sombrent dans la pauvreté. Dans son rapport d'octobre 2005, Vieillir pauvre au Canada, le Conseil consultatif national sur le troisième âge (CCNTA) signale ce qui suit : près de la moitié des immigrants de 45 à 59 ans qui sont arrivés au Canada après 1980 disent qu’ils se sentent mal préparés à la retraite. Quarante-sept pour cent d’entre eux ne savent pas quand ils pourront prendre leur retraite ou n’ont pas l’intention de la prendre.
En général, les immigrants âgés arrivés récemment ont plus de difficulté à entrer sur le marché du travail que les aux anciens immigrants.
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Premièrement, j'aimerais remercier le comité de son invitation.
Comme ma soeur Lucya l'a dit, la pauvreté dans notre pays est racialisée. Elle a également un caractère rural. Je suis membre élue du Syndicat national des cultivateurs, et je ne représente que 2 p. 100 de la population canadienne actuelle; j'exploite ma ferme et en été, je travaille à plein temps à l'extérieur pour pouvoir soutenir financièrement notre exploitation agricole. Je travaille également pour aider nos cinq enfants, dont trois sont à l'université. Lorsqu'ils en sortiront avec un diplôme, ils seront lourdement endettés; néanmoins, comme la ferme que mon mari et moi-même exploitons...
Notre famille l'exploite depuis cinq générations — comme je l'ai dit à Joy, la maison a été construite en 1829 — mais je crains que nous ne soyons les derniers à cultiver ces terres, en à en juger d'après la situation économique et le climat politique actuels.
Je ne parle pas toujours seulement au nom des exploitants agricoles, je le fais aussi pour toutes les agricultrices. Les fermes se trouvent manifestement dans les zones rurales du Canada, et nous nous étudions les questions telles que la viabilité économique des familles d'agriculteurs canadiens ainsi que le renforcement et l'enrichissement de ces zones rurales.
J'ai été très impressionnée par le fait que le comité sénatorial permanent a sillonné tout le pays pour obtenir des avis et des conseils sur ce qui se passe dans nos zones rurales en ce moment et sur les raisons pour lesquelles les Canadiens de ces zones ont l'impression d'être traités comme des citoyens de deuxième classe dans une nation qu'ils ont contribué à édifier. Sans les femmes et les hommes des zones rurales, et sans les politiques socialement progressistes que nous avons conçues, en particulier nos consoeurs au Québec et dans le Canada atlantique, où en serait aujourd'hui notre pays? Je vous laisse le soin de répondre à cette question. La situation ne serait pas très reluisante.
Les agricultrices considèrent que les gouvernements et leurs divers ministères ont un rôle central fort à jouer. Cela inclut le Bureau des agricultrices pour lequel j'ai travaillé pendant de nombreuses années. J'en suis à mon second mandat comme membre élue du Syndicat national des cultivateurs. J'étais la présidente du groupe des femmes du début des années 1990 au milieu des années 1990. C'était un poste rémunéré. Aujourd'hui, j'occupe le poste de vice-présidente des femmes à titre purement bénévole. Il y a une semaine que je suis en voyage. Mon entreprise agricole est gérée par mon mari et par les deux enfants qui vivent chez nous. Je fais ce travail bénévolement, parce que je suis très liée au milieu agricole, ainsi qu'aux femmes, aux hommes et aux jeunes du milieu rural de notre pays.
Comme je viens de le dire, les agricultrices considèrent que les gouvernements et leurs divers ministères ont un rôle central important de promotion à jouer, qu'il s'agisse du Bureau des agricultrices ou du RHDSC — ou du soutien aux organismes de mise en marché collective que les familles d'agriculteurs ont créés dans notre pays.
Je vous avouerai que je trouve scandaleuses les attaques portées par le gouvernement actuel contre la Commission canadienne du blé. Ces attaques et le sabotage du système de gestion de l'offre au Canada — deux institutions créées par les agriculteurs, contrôlées par eux, pour permettre aux milieux agricoles de s'enrichir et de s'améliorer — sont absolument honteuses.
Nous sommes partisans d'une participation du gouvernement qui prendrait deux formes — premièrement, une réorientation de son approche à l'égard de l'inclusion des deux sexes, et deuxièmement, un appui aux organisations agricoles pour qu'elles deviennent plus inclusives.
Je ne sais pas combien d'entre vous, qui êtes ici actuellement viennent d'une zone agricole. Je sais que c'est le cas de Joy et de l'honorable membre. Notre collectivité agricole est actuellement dans une situation catastrophique. Nous avons de nombreuses questions à régler, non seulement des questions de nature agricole mais également des questions de caractère rural. C'est dans ce contexte que nous vivons. C'est notre culture et notre identité.
Un atelier d'une journée suffirait à peine pour aborder le sujet de la crise financière que connaissent les collectivités agricoles. Je prendrai donc pour acquis que vous comprenez ce qu'est cette crise et je vais examiner certaines des crises de nature plus sociale et culturelle que nous vivons également.
Une de ces crise tient au fait que des femmes plus âgées vivent et travaillent aujourd'hui dans ces fermes. Heureusement, je n'ai pas tout à fait l'âge de ma belle-mère. Elle a vécu et travaillé sur cette ferme toute sa vie, parce qu'elle n'a jamais travaillé à l'extérieur, elle n'a jamais eu de revenu ouvrant droit à pension. Elle mourra pauvre, comme je le ferai probablement — à cela près que je travaille ailleurs qu'à la ferme en été, uniquement pour pouvoir contribuer au Régime de pensions du Canada.
Le fractionnement du revenu ne résoudra pas le problème pour les familles d'agriculteurs, parce que celles-ci ne gagnent même pas assez d'argent pour qu'un tel fractionnement soit une option viable.
Je crois que mon mémoire sera distribué, Joy.
Agriculture et Agroalimentaire Canada ont des statistiques qui prouvent qu'au cours des 20 dernières années, le revenu que les agriculteurs ont tiré du marché a été nul et même au-dessous de zéro. L'argent qui permet aux familles d'agriculteurs de survivre provient de l'emploi hors ferme ou des programmes d'appui du gouvernement. Ce n'est pas de cette manière que les familles veulent gagner leur vie. Ce n'est pas une façon de reconnaître ce que nous faisons alors que 2 p. 100 de la population du pays nourrit les 98 autres pour cent et parvient en plus à exporter.
J'ai dit aux sénateurs du comité qui étudiait la pauvreté en milieu rural que nous n'avons pas de politique agricole; nous avons une politique commerciale. Les politiques commerciales néolibérales vous réduisent au plus petit dénominateur commun des activités commerciales, alors que mon produit doit être vendu sur le marché au plus bas prix possible. À supposer même que j'en tire le moindre revenu, je ne suis certainement jamais payée pour mon travail ou pour mon investissement.
Cela dit, je ne veux pas vous donner l'impression qu'il n'y a rien à faire. Le travail du Syndicat national des cultivateurs consiste aussi à toujours offrir des solutions. Certes, nous nous trouvons actuellement dans un sale pétrin, aux prises avec une foule de problèmes complexes, mais il y a des solutions.
Les agricultrices produisent de la richesse; contribuent au développement de la prochaine génération, et à la protection de l'environnement. Une des solutions consiste donc pour elles à avoir leur propre régime de pensions du même type que celui des infirmières et infirmiers, des enseignants, des avocats et de tous ceux qui sont considérés comme des professionnels.
Mon rôle de porte-parole des agricultrices et des femmes des milieux ruraux est de faire comprendre à des personnes telles que vous — mais aussi aux groupes avec lesquels nous travaillons — que nous sommes des professionnels par choix. Nous avons un intérêt direct investi dans l'agriculture. Nous avons fréquenté des collèges agricoles. Toute notre vie, nous sommes en apprentissage. Nous réagissons aux tendances du marché. Nous sommes des professionnels, nous ne nous contentons pas de rester chez nous pour faire des gâteaux, encore que nous ne nous privions pas de le faire.
Je comprendrais que vous vous sentiez un peu dépassés par les problèmes auxquels nous faisons face. Nous le sommes aussi, et par le manque de politiques et de programmes de soutien du gouvernement qui soient clairement définis et structurés.
Il y a toute une gamme de problèmes. Le revenu en fait partie, la question des pensions aussi. Il y a le fait que les programmes de formation et d'enseignement sont étroitement liés à l'assurance-emploi, à laquelle de nombreuses agricultrices ne pourront jamais prétendre parce qu'elles ne travaillent pas hors ferme. C'est aussi là une question qui mériterait d'être examinée.
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Merci, madame la présidente.
Merci, Mme Tittley, de nous permettre de comparaître devant ce comité. Notre dernière visite remonte à bien longtemps. Je tiens à remercier Mme Minna et M. Stanton, qui, chacun de leur côté, ont veillé à ce que nous puissions témoigner.
[Français]
On nous a demandé aujourd'hui de parler davantage de la sécurité du revenu des femmes immigrantes. C'est en soi un vaste sujet. En conséquence, nous concentrerons nos observations sur les nouvelles arrivantes, c'est-à-dire les femmes qui vivent au Canada depuis 10 ans ou moins.
Au risque de sembler irritante, l'Organisation nationale des femmes immigrantes et des femmes appartenant à une minorité visible au Canada maintient que les nouvelles arrivantes et leur famille vivent un problème d'insécurité en matière de revenu, et d'appauvrissement. Elles souffrent de devoir s'intégrer à un marché du travail flexible et de n'obtenir que des emplois non conventionnels. Les femmes immigrantes font, de façon disproportionnée, les frais de cet état de choses.
Les immigrants un phénomène urbain au Canada, Toronto étant la destination de choix de la majorité d'entre eux, suivie de Vancouver, puis de Montréal. Les nouveaux arrivants gonflent les rangs des travailleurs et des travailleuses pauvres.
[Traduction]
Que représente l'insécurité du revenu pour les nouveaux arrivants. De l'avis de l'Organisation nationale des femmes immigrantes et des femmes appartenant à une minorité visible au Canada, dont je suis la directrice exécutive, les immigrantes et leurs conjoints arrivent ici avec des titres et qualités supérieurs à ceux de leurs homologues canadiens mais sont condamnés à accepter ce que nous appelons des « McJobs », c'est-à-dire des emplois mal rémunérés, sans avenir et ne requérant aucune compétence.
Les familles d'immigrants arrivant ici sont composées de professionnels de la classe moyenne serrant bien fort contre elles toutes leurs économies, qui ne tardent pas à être dévorées pour couvrir leurs besoins de première nécessité, avec bien peu de chances de requalification et de perfectionnement. Peu de temps après avoir débarqué, ces familles rejoignent les rangs des travailleurs à faible salaire, avec bien peu d'espoir d'en ressortir dans moins de dix ans.
Si, dans une famille, une personne est obligée de se requalifier, c'est habituellement l'homme, qui détient en général le visa pour toute la famille. Même alors, ces personnes hésitent à assumer une dette de cette importance, sachant que le jour viendra où leurs enfants seront obligés de s'endetter pour pouvoir faire leurs études.
Certaines immigrantes ont la chance de trouver un emploi dans divers organismes d'aide aux immigrants de petite ou moyenne taille, et naviguent alors de contrat en contrat. Une grande partie du travail d'établissement au Canada est effectuée par des travailleurs mal rémunérés, travaillant souvent à temps partiel, et souvent aussi, sans avantages sociaux.
Habituellement, les hommes ne veulent pas de tels emplois et préfèrent devenir chauffeurs de taxi. Cela leur permet au moins de sortir de chez eux.
Dans une famille de ma connaissance, des immigrants à l'origine, les enfants d'âge universitaire appellent, en plaisantant, leur père ingénieur, « ce subventionneur », pas seulement pour eux, mais aussi pour leur mère qui travaille dans des services d'établissement.
En 1996, Chen, Hg et ont étudié l'effet de l'immigration sur la santé des immigrants. Ceux-ci arrivent ici en bonne santé, mais perdent cet avantage par rapport aux Canadiens de naissance au bout d'un certain temps. À notre avis, on peut, en grande partie, attribuer cela à l'érosion de leur niveau de vie et de leur qualité de vie. Les immigrants sont des travailleurs pauvres et sous-employés, alors qu'ils sont surqualifiés, prisonniers de « McJobs » saisonniers et à temps partiel, sans avantages sociaux, sans assurance-santé et assurance-vie offertes par l'employeur, sans régime d'assurance dentaire ou d'assurance-médicaments. Les familles d'immigrants vivent dans la crainte constante d'accidents liés au travail ou à d'autres causes, de maladie provoquée par les tensions et le stress dus à l'obligation de parvenir à joindre les deux bouts et aux soucis que leur inspire l'avenir de leurs enfants.
La sécurité du revenu signifie pour eux qu'ils n'ont pas d'argent à placer dans des REEE pour l'éducation de leurs enfants, si bien qu'ils ne peuvent pas bénéficier des changements aux contributions au REEE introduits dans le dernier budget fédéral. Cela signifie également que les parents doivent se priver et prendre deux ou trois autres emplois supplémentaires pour s'assurer que leurs enfants pourront faire des études et améliorer leur situation.
[Français]
L'instabilité du revenu signifie pour ces personnes des possibilités très limitées, ou absentes, d'épargner pour leurs vieux jours en investissant dans les REER pour leur éventuelle retraite. À moyen et à long terme, ce segment de la population constituera éventuellement un lourd fardeau pour la société canadienne.
Les travailleurs du secteur s'attendent à ce que la frustration engendrée par le sous-emploi et le stress d'occuper plus d'un emploi ou celui des quarts de travail constituent une pression énorme sur la vie familiale, entraînant des conflits entre les conjoints et entre les parents et les enfants qui conduisent souvent à la violence conjugale et à la rupture des relations.
Par ailleurs, nous désirons souligner que la violence contre les femmes et les enfants, surtout les filles, est inacceptable en toutes circonstances, et que la culture et la tradition ne peuvent en aucun cas justifier de tels actes.
[Traduction]
Sous sa forme actuelle, l'assurance-emploi ne permet pas à la majorité des immigrants d'avoir accès aux prestations d'AE. L'assurance-emploi ne reconnaît pas les exigences d'un marché du travail flexible. Elle date d'une époque d'emplois stables garantis à vie.
Une étude non datée du CTC montre que 20 p. 100 des hommes immigrants qui ont eu au moins deux semaines de chômage ont bénéficié de prestations d'AE en 2000, comparativement à 32 p. 100 des hommes non immigrants. Au cours de la même période, 19 p. 100 seulement des immigrantes ont touché des prestations d'AE, comparativement à 30 p. 100 des femmes non immigrantes.
Il est probable que ces femmes ne sont pas admissibles à cause du travail qu'elles font et parce que leurs responsabilités relatives à l'éducation et aux soins des enfants les obligent à quitter la population active pendant des périodes prolongées. Habituellement, elles n'ont pas le capital social ni le réseau leur permettant de tenir leurs rôles de soutien. L'isolement est le fléau des nouvelles arrivantes.
Le fractionnement du revenu n'est pas une solution pour la population des nouveaux arrivants. L'ONFIFAMVC croit que les coûts sociaux de l'insécurité du revenu chez les femmes immigrantes et leurs familles n'ont jamais vraiment été calculés. Une telle étude, l'ONFIFAMVC en est convaincue, devrait faire l'objet d'une réunion conjointe des comités permanents sur la condition féminine et sur la citoyenneté et l'immigration. Il faudrait que ces deux comités recommandent une étude sur les coûts sociaux de la sécurité de l'emploi pour les familles d'immigrants.
Je vous remercie de votre indulgence.
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Merci. Je n'étais pas en train de bavarder. Ma collègue et moi échangions des informations; je n'avais nullement l'intention d'insulter les témoins.
Quoi qu'il en soit, j'ai beaucoup de questions à poser, et je comprends qu'une bonne partie de l'information concernant les immigrantes et les femmes des minorités visibles... Je connais naturellement fort bien les deux organisations depuis de nombreuses années.
Commençons par Mme Lucya.
Il y a de nombreux aspects de la situation que je voudrais examiner, un en particulier. Vous avez parlé tout à l'heure des revenus moyens et médians des familles d'immigrants. Vous avez dit, je crois, que le revenu médian était de 28 000 $, mais que, pour certaines familles d'immigrants, il était de 23 000 $, soit beaucoup moins. Cela m'amène à demander quels moyens nous utilisons pour essayer d'aider ces familles.
Selon les plus récentes dispositions du crédit d'impôts pour enfants, par exemple, si vous gagnez 35 000 $ et plus, vous obtenez le crédit de 310 $, mais au-dessous, vous n'obtenez rien; ce n'est vraiment pas grand-chose. Et lorsque vous descendez encore plus bas, vous n'obtenez rien. Voulez-vous donc dire aujourd'hui qu'essentiellement, la majorité des familles d'immigrants, en tout cas un très grand nombre d'entre elles, ne va pas bénéficier de ce crédit?
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Je parle du crédit d'impôt pour enfants, pour commencer, qui ne joue pas du tout pour ces familles. Elles sont donc perdantes sur le plan de l'emploi et maintenant, elles le seront également en ce qui concerne les prestations, ce qui crée un énorme problème. Je tenais à le souligner car c'est un point très important à examiner.
J'essaie depuis longtemps de faire accepter une perspective selon le sexe lorsque nous établissons une politique, et aussi une perspective selon le sexe et la race, ou une perspective en fonction des immigrants. Appelez cela la perspective multiculturelle, si vous voulez. Lorsqu'on ne le fait pas, on laisse passer bien des choses. Le cas de ces familles nous en donne manifestement un bon exemple.
L'autre question est celle du fractionnement du revenu, qui a été mentionné par vous, Mme Bose et en fait aussi, par Mme Fyfe. En réalité, c'est la même chose en ce qui concerne les agriculteurs. Le fractionnement du revenu n'aide pas vraiment, car il n'y a pas beaucoup d'argent à fractionner. Le partage du revenu aux fins de l'impôt sur le revenu est en fait le fractionnement du revenu de pension. Selon l'analyse du Caledon Institute que j'ai étudiée, si vous avez des gains de 100 000 $, ouvrant droit à pension, vous économisez 7 000 $. Lorsque les gains ne sont plus que de 30 000 $, vous vous retrouvez à un taux plus bas, et cela continue à diminuer jusqu'à ce qu'il ne vous reste plus rien.
La plupart des familles viennent au Canada, à cause du petit nombre d'années qu'elles ont passées ici, bénéficient donc très peu de ces dispositions.
À propos du secteur agricole, vous avez encore dit, Mme Fyfe, qu'il faudrait qu'il y ait une pension de personnes au foyer ou une pension pour les agricultrices. En fait, de nombreux pays européens versent une telle pension aux femmes et celles-ci peuvent cotiser.
Lorsque l'on parle de sécurité économique, je voudrais vous poser cependant la question suivante à toutes les trois: bénéficiez-vous d'une pension de personne au foyer ou de ce que l'on pourrait appeler plus strictement une pension pour les femmes?
Dans votre cas, vous travaillez dans une entreprise agricole. Comment structureriez-vous cela? C'est ma première question.
Mme Bose et Mme Spencer, pourriez-vous indiquer dans votre réponse comment vous réagiriez au fait que la plupart des immigrantes arrivant ici ont déjà un certain âge, sont des adultes, et ne peuvent donc pas faire une carrière complète pour contribuer à ce genre de programme.
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Je dois reconnaître que l'étude des pensions pour les agricultrices est quelque chose de relativement nouveau pour le Syndicat national des cultivateurs.
Étant donné que nous sommes si peu nombreuses et si éparpillées dans notre vaste pays, nous faisons beaucoup de réseautage et travaillons beaucoup avec des groupes d'intérêt. Le Farm Women's Network de la Colombie-Britannique s'est chargé d'étudier la forme qui pourrait être donnée aux pensions pour les agricultrices. C'est le groupe de femmes qui analyse cette question et qui commence à proposer des solutions pratiques.
Comme je l'ai dit, c'est la seconde fois que je suis représentante élue du Syndicat national des agriculteurs. Entre le début et le milieu des années 1990, j'ai travaillé avec des femmes comme Linde Cherry, de l'intérieur de la Colombie-Britannique, ainsi que Carolyn Van Dine au Nouveau-Brunswick. Nous avons lutté, tout d'abord, pour obtenir que les agricultrices soient reconnues comme des professionnelles au même titre que les membres de n'importe quelle autre profession féminine, et nous méritons d'avoir notre propre régime de pension.
Beaucoup d'entre nous ont trois emplois. Nous élevons nos enfants, nous sommes donc des mères au foyer; nous travaillons à la ferme; et nous travaillons hors ferme. En plus de tout cela, nous travaillons comme bénévoles pour maintenir à flot les petites collectivités rurales qui restent.
S'il y a donc une façon quelconque d'obtenir que tout cela soit évalué sous la forme d'une contribution monétaire ou financière, et de trouver un moyen de constituer une pension correspondant à toute l'activité économique et à toute la richesse que nous avons générées, je suis prête à entreprendre un projet du type de celui que ces femmes de la Colombie-Britannique étudient.
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Le poste de présidente vous va bien, madame.
Mesdames, je vous remercie beaucoup d'être ici aujourd'hui. Je vous remercie beaucoup pour le courage que vous démontrez de continuer encore à croire que vous pouvez vraiment changer la façon dont les politiques sont élaborées pour les femmes. Merci de croire en nous, merci de croire que votre présentation a de l'importance pour nous.
Madame Spencer, j'aurais une question pour vous qui peut aussi s'adresser à Mme Bose et à Mme Fyfe. Vous nous avez parlé, madame Spencer, des femmes immigrantes de tous les âges, mais on sait que lorsqu'on avance en âge, c'est encore plus difficile parce qu'on a moins de moyens, moins de pensions, etc. Il y a un projet de loi à l'étude présentement, le projet de loi , qui limite, pour les femmes immigrantes qui sont encore parrainées, l'accès au Supplément de revenu garanti. Jusqu'à maintenant, la loi permettait à ces femmes d'avoir accès au Supplément de revenu garanti.
Croyez-vous que ce changement soit positif? Croyez-vous que cela peut aider les femmes immigrantes, si un projet de loi limite davantage leur accès? Personnellement, cela me semble contradictoire, mais on nous dit que c'est mieux pour les femmes immigrantes. J'aimerais avoir votre avis à ce sujet.
Madame Fyfe, je reconnais d'autant plus votre courage. Je sais ce que c'est: mon père a été élevé en Saskatchewan, à Shaunavon, sur une ferme, et aujourd'hui, dans toute la région, il n'y a plus de fermes ni de village. C'est très petit, il n'y a presque plus personne, il reste les personnes âgées et c'est tout.
Vous nous avez beaucoup parlé des avancées que vous avez faites. Vous nous avez parlé d'un fonds de pension dont vous pourriez, vous les fermières, les agricultrices, les femmes de fermier aussi, profiter ensemble. C'est vrai que c'est grâce à vous si nous mangeons tous les jours. J'aime manger, alors je veux que vous continuiez à exister, c'est important pour moi.
Mais vous nous avez dit des choses que je ne comprends pas. La semaine dernière, quand la Commission du blé a été transformée, 62 p. 100 des fermiers ont voté en faveur de cette transformation. Vous, vous nous dites que ce n'est pas une bonne chose, que ce n'est pas correct qu'elle ait été transformée. Alors, je ne comprends pas. Hier, il y avait des questions à ce sujet à la Chambre, et on nous disait qu'il n'y avait pas de fermiers qui en parlaient. Hier soir, j'ai écouté un débat du Parti libéral sur ce sujet. On disait que le Parti libéral ne mettait pas de fermiers...
Vous êtes fermière. Pouvez-vous nous dire en quoi cela modifie votre situation? Comment le fait que la Commission du blé ait été modifiée rend-il la situation plus difficile?
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Je vous remercie vivement de votre question.
Je ne veux pas utiliser de termes trop compliqués ou essayer de me montrer trop critique, mais je crois qu'il est parfois bon de l'être. Cette situation ne fera qu'aggraver la pauvreté des zones rurales au Manitoba et en Saskatchewan ainsi que celle des zones céréalières du nord de l'Alberta où les producteurs sont assez éloignés de la frontière canado-américaine pour que cela contribue à augmenter leurs coûts de transport.
On dit souvent que quel que soit l'ensemble de chiffres considérés, vous pouvez les interpréter comme bon vous semble. Si vous me le permettez, madame Demers, je voudrais vous remettre un article que notre président, Stewart Wells, a écrit à M. Strahl à propos de la campagne contre la Commission canadienne du blé qui n'était qu'un moyen de jeter de la poudre aux yeux.
Le bulletin de vote remis aux céréaliers comportait trois questions pertinentes.
La première, voulez-vous que la Commission canadienne du blé continue à être l'acheteur et le vendeur de l'orge produit au Canada? Cela signifie que toutes les variétés d'orge, à l'exception de l'orge fourragère continueraient à passer par la Commission.
Deuxièmement, voulez-vous être votre propre acheteur et vendeur? Au lieu que ce soit la Commission qui s'en charge, tous les agriculteurs de l'Ouest devront se trouver un marché pour vendre leurs produits.
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Merci, madame la présidente.
Nous pourrions peut-être maintenant aller plus vite.
Ces réponses doivent être liées à des points précis touchant à la sécurité économique des femmes, et nous commencions à nous écarte un peu du sujet.
Je suis moi-même issu du milieu de la petite entreprise et je partage les mêmes sentiments, madame Fyfe, que ceux que vous avez exprimés au sujet des pensions et de tous les obstacles que rencontrent les personnes qui sont essentiellement des travailleurs indépendants et qui n'ont pas le même accès à ces avantages. Habituellement, les familles d'agriculteurs, ou les familles qui ont elles-mêmes créé de petites entreprises finissent par être obligées d'utiliser l'actif que représentent leurs biens.
Je me demande si le SNC a réagi à certains des éléments positifs du budget 2007, en particulier en ce qui concerne l'augmentation de l'exemption à vie pour gains en capital qui est passée de 500 à 750 $. Dans la pratique, cela permet aux familles agricoles de conserver plus d'argent lors d'un roulement, et j'espère que cela les aidera lorsqu'ils seront à la retraite.
Cela a-t-il provoqué une réaction?
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Merci, madame la présidente
Merci à toutes d'avoir bien voulu comparaître devant le comité aujourd'hui. Aux fins de ce comité permanent, cela représente un retour à un lieu familier.
Je voudrais commencer par Mme Fyfe.
Nous parlons de sécurité économique. Ma circonscription à Nanaimo-Cowichan est un de ces curieux mélanges de circonscriptions rurales-urbaines. Nous avons un nombre important de fermes, bien qu'elles soient beaucoup plus petites que les exploitations agricoles des prairies.
Les femmes de ma collectivité me disent que, particulièrement en cas d'échec de leur mariage, elles ont des difficultés à trouver un logement. Lorsqu'elles ont besoin de services supplémentaires, il est très difficile d'en trouver dans les collectivités rurales. La plupart de celles-ci n'ont pas de transport en commun. L'accès à des cliniques de soins de santé et autres établissements du même genre est rarement aisé.
J'ai noté que l'excellent rapport intitulé « La politique agricole canadienne sous le regard des agricultrices », contient de très bonnes recommandations. Pourriez-vous nous donner des précisions sur certains des autres problèmes, la garde des enfants par exemple, auxquels font face les agricultrices et les femmes des zones rurales?
Jean, il s'agit du sommaire d'un document beaucoup plus important.
La viabilité d'une ferme et celle du Canada des zones rurales reposent sur quatre piliers. Le premier est la stabilité financière; le second, une politique alimentaire nationale, une politique conçue au Canada pour les familles agricoles canadiennes qui soit une véritable politique agricole et non une politique commerciale; le troisième pilier est constitué par une nourriture saine et l'environnement qui revêtent une extrême importance pour nous parce que c'est dans ce cadre que nous vivons; le quatrième est le renforcement de l'infrastructure sociale et communautaire.
Vous avez absolument raison, Jean, lorsque vous parlez des infrastructures publiques dont nous considérons que l'existence va de soi en milieu urbain. La question de l'accès est une toute autre affaire. Ces infrastructures n'existent pas dans les zones rurales du Canada.
En fait, l'Île-du-Prince-Édouard, qui est ma province d'origine, a beaucoup changé au cours des 20 dernières années. Lorsque j'ai eu mes enfants, nous avions deux garderies d'enfants dans un petit village de 100 habitants. C'étaient des établissements saisonniers parce que nos industries étaient l'exploitation agricole, la pêche et l'extraction des ressources. Ces garderies existaient, nous pouvions y avoir accès, et nous étions subventionnés à cause de la faiblesse de notre situation économique. Aujourd'hui, elles ont disparu.
Il est vraiment ridicule de dire que l'on peut avoir accès à des services de garde d'enfants lorsque ceux-ci sont inexistants. S'il n'y a pas de places de garderie, vous ne pouvez pas y avoir accès, que vous en ayez besoin en juillet ou en janvier.
Dans l'Île-du-Prince-Édouard, Charlottetown est la seule ville à avoir un service de transport en commun. Si vous vivez loin de l'agglomération proprement dite, il n'y a pas de transport en commun. Vous êtes presque à la merci de vos amis et de vos voisins. Si vous voulez échapper à une situation de violence, vous êtes obligée d'utiliser le téléphone de la manière la plus discrète possible pour demander que l'on vienne vous chercher pour vous amener à un centre d'hébergement pour femmes ou à l'hôpital.
L'accès aux services, c'est-à-dire l'infrastructure publique, que la plupart d'entre vous considéreriez comme allant de soi, n'existe pas.
Je tiens à vous remercier toutes les trois de vos excellentes présentations.
Je connais très bien la situation des agricultrices et les problèmes auxquels elles font face. J'ai été secrétaire d'État chargée de la condition féminine en 1996 et j'ai eu de nombreux entretiens avec des agricultrices. Cela a permis aux agricultrices de parler de la réalité économique et sociale dans laquelle elles vivent, de l'isolement qui les menace et de ce qui arrive lorsqu'elles prennent de l'âge.
Je trouve très regrettable que ce document, qui était extraordinairement important pour nous aider à comprendre la complexité de la vie des immigrantes, des agricultrices, ou des femmes vivant en zone rurale, soit maintenant supprimé. Ce fond de recherche en matière de politique ne sera plus disponible. Cela me paraît absolument désastreux pour les femmes de notre pays, car, pour la première fois, il avait permis de conjuguer la recherche universitaire avec la recherche concrète. Les deux ont collaboré pour présenter quelques bonnes solutions et quelques réponses valables.
J'allais vous demander s'il vous était possible d'avoir accès à des services de garde d'enfants de qualité et à des services d'éducation des jeunes enfants, mais je crois que Jean vous a déjà répondu. Mais je voudrais vraiment parler de l'accès lui-même.
Dans l'Île-du-Prince-Édouard, vous aviez deux garderies d'enfants qui n'existent plus, et pourtant, il s'agissait d'une petite collectivité. En Saskatchewan et dans certaines fermes des Prairies où les distances à parcourir sont énormes, je crois qu'il faudrait trouver une façon vraiment nouvelle de ménager un accès à des services d'éducation de la petite enfance et de garde des enfants.
Je sais que le problème pour les agricultrices est qu'elles sont assises entre deux chaises et l'ont toujours été. Vous n'êtes pas considérées comme faisant partie de la population active rémunérée. Vous êtes considérées comme des mères au foyer, alors que ce n'est pas vraiment le cas. Vous ne restez pas chez vous. Quelqu'un est obligé de s'occuper des enfants pendant que vous allez travailler aux champs. C'est un réel problème réel, et je souhaiterais que nous examinions.
La question des pensions pour les personnes âgées m'a toujours préoccupée, non seulement en ce qui concerne les agricultrices, mais aussi les immigrantes âgées, qui sont souvent venues dans notre pays — comme Lucya le sait fort bien — qui gardent les enfants dans leurs familles, sans être rémunérées, ce qu'elles sont obligées de faire mais qui n'est absolument pas reconnu.
Ce que je voudrais vraiment, c'est que vous me disiez ce que vous pensez d'une forme quelconque de crédit ouvrant droit à pension qui prendrait en compte le travail non rémunéré effectué par les femmes au Canada — les agricultrices, les immigrantes qui assurent la garde de leurs enfants; j'aimerais aussi savoir comment nous pourrions structurer cela. Cela pourrait s'appliquer en partie aux agricultrices et je souhaiterais donc entendre ce que vous avez à dire à ce sujet.
Deuxièmement, je voudrais vous poser une question au sujet de la Commission du blé.
Je note, Karen, que vous avez essayé d'en parler. J'aimerais que vous finissiez vos remarques, car cela a d'énormes répercussions pour votre viabilité économique.
Merci.
J'aimerais d'abord vous saluer et vous remercier d'être ici aujourd'hui.
Compte tenu du fait que je représente une circonscription plutôt rurale, j'ai été très sensible à votre témoignage, madame Fyfe. Au cours des dernières années, nous avons vu disparaître beaucoup, beaucoup de fermes et de fermettes, surtout dans nos régions. Ce que j'ai apprécié ou ce qui m'a paru remarquable, c'est lorsque vous nous avez dit que le monde rural est celui où, selon vous, on retrouve son identité. Cela me touche vraiment beaucoup.
De plus, vous avez dit avoir cinq enfants.
Un peu plus tôt, vous nous avez montré un rapport. Peut-être n'étais-je pas attentive. Est-ce le rapport sur la politique agricole canadienne, que vous nous avez montré tout à l'heure et que vous avez en votre possession?
Le Syndicat national des cultivateurs, je crois, a mené un projet de recherche axé sur la politique agricole canadienne intitulé « La politique agricole canadienne sous le regard des agricultrices ». Dans ce rapport, retrouve-t-on des recommandations pour favoriser la relève agricole? Quand je dis favoriser, je veux dire trouver des encouragements pour donner le goût à des jeunes de prendre cette relève.
Vous avez cinq enfants. Est-ce que l'un de vos cinq enfants veut prendre la relève?
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Merci, madame Deschamps.
Oui, j'ai cinq enfants, dont un de 20 ans et un autre de 10 ans qui vivent chez moi. Ma fille, qui a 20 ans, est celle qui voudrait prendre la relève.
De ces cinq enfants, je dois avouer que je pensais qu'elle aurait été la dernière à revenir à la ferme et à vouloir la reprendre, mais elle connaît les réalités financières et sait qu'elle doit poursuivre ses études; elle sait aussi qu'elle devra travailler hors ferme.
En ce moment, elle travaille avec moi en été et en automne, ce qui lui permet de faire des économies. Et ces économies servent parfois à nous aider à payer la facture d'électricité.
Nous sommes propriétaires d'une exploitation de naissage. La crise de l'EBS nous a pratiquement mis sur la paille, comme le reste de l'industrie de l'élevage bovin.
Je voudrais bien pouvoir dire quelque chose de positif à propos de la prochaine génération d'agriculteurs, mais tout, dans nos analyses et nos recherches, nous amène à conclure que s'il n'y a pas de dialogue public, s'il n'y a pas d'engagement entre les producteurs d'aliments et les consommateurs pour faire fonctionner une politique alimentaire publique et une politique de sécurité alimentaire dans notre pays...
Je me fais beaucoup de souci pour la prochaine génération d'agriculteurs et je me demande d'où viendront les aliments. Les nouvelles ne sont pas bonnes.
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Voilà qui est fait. Bien. Cela répond à une partie de ma question.
J'ai aussi proposé un amendement et j'ai suggéré que ces deux premiers points soient exclus.
Je voudrais que le comité revienne à nos discussions à ce sujet. Mme Mathyssen a présenté une première motion à cause de la correspondance qu'elle avait reçue. N'ayant pas obtenu de réponse du ministre, elle a présenté cette motion pour obliger le comité à suivre le processus normal, pour présenter un rapport, et forcer la production de ces rapports.
Nous en avons discuté. Si je me souviens bien, nous nous sommes engagés à obtenir réponse à ces mêmes questions. Here we are, nous les avons. Nous avons un rapport du ministère indiquant à quel point en sont les rapports en question. En fait, deux des rapports au sujet desquels Mme Mathyssen a apporté des précisions dans la motion, étaient là.
Je dirais simplement... et je sais pertinemment qu'un des rapports fait partie de ceux que l'on n'a pas intention de publier. Bien. Mais nous avons aussi, de bonne foi, le rapport dans lequel le ministère nous dit que ces études sont en cours. Je ne vois pas le besoin... et c'est la raison pour laquelle je présente l'amendement.
À mon avis, madame la présidente, vous devriez poser la question au comité si vous voulez que l'on puisse continuer. Je mets l'amendement aux voix. Votons.
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Merci, madame la présidente.
J'ai quelques questions à poser au sujet de la motion.
Il s'agit du programme de contestation judiciaire. Je sais que de nombreux groupes d'intérêt nous ont parlé de ce programme. Outre les groupes qui ont comparu devant ce comité, des particuliers m'en ont aussi parlé.
Je crois qu'il conviendrait de noter que ce programme a encouragé certains groupes à court-circuiter le processus politique. Ils ont utilisé les tribunaux au lieu du processus établi qu'ils auraient dû suivre.
Je crois qu'il importe également de dire que certains groupes pro-vie et des groupes défenseurs des valeurs familiales traditionnelles se sont vu régulièrement refuser les fonds disponibles au titre de ce programme.
Je trouve très curieux que le gouvernement finance certaines causes et pas d'autres. Je trouve encore plus curieux que le gouvernement paie des groupes pour contester ces lois et ces programmes.
Je voudrais vraiment savoir pourquoi nous devrions offrir une aide financière utiliser les deniers publics pour encourager le recours aux revendications devant les tribunaux. Je ne pense pas que ce soit juste, et je ne pense pas que les Canadiens veuillent que l'argent gagné à la sueur de leur front aide seulement certains groupes, ou qu'ils aient besoin que cela se fasse.
Madame la présidente, c'est probablement un des programmes historiquement les plus importants à avoir jamais été lancé au Canada. Pratiquement toute la jurisprudence relative au sexe est en fait issue de ce programme. Il a habituellement tendu à défendre les droits des personnes vulnérables et défavorisées qui n'ont absolument pas d'argent pour se défendre.
C'est un programme de protection des droits des minorités qui a permis de défendre les femmes autochtones, les immigrantes, les lesbiennes, et les femmes qui vivent en marge de notre société et qui ont été victimes de la pauvreté et de la discrimination. Ces femmes n'ont aucun moyen de se faire entendre. Elles n'ont pas d'argent, en général, pour engager les services d'un avocat et porter les cas de discrimination devant les tribunaux.
Le programme de contestation judiciaire a été établi par le gouvernement fédéral pour appuyer la Charte des droits et libertés et les dispositions relatives à l'égalité des sexes qu'elle contient. Donc, supprimer le seul instrument permettant aux femmes appartenant à des minorités et aux femmes confrontées à des problèmes d'égalité des sexes d'avoir accès aux tribunaux et à la protection conférée par les droits de la personne consiste en fait à faire échec aux objectifs de la Charte.
Cela a, pour le moins un effet destructeur. Cette décision a un caractère discriminatoire, et j'estime que le programme doit être rétabli pour que les femmes voient leurs droits reconnus dans notre pays et aient accès à la justice. Sans un tel accès, elles deviennent les victimes d'un déni de justice.
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Mme Fry dit que c'est le programme le plus important de notre pays; pourtant, en 2000, il était impossible de dire qui bénéficiait effectivement de l'argent dégagé en faveur du programme de contestation judiciaire. Si ce programme est si important et s'il l'est tant pour les femmes canadiennes, pourquoi exclut-il en fait certaines d'entre elles, d'une part, et pourquoi — et je sais que vous étiez au gouvernement à l'époque, Mme Fry, ce qui vous permettra peut-être de mieux l'expliquer — ce programme ne comportait-il aucun dispositif de responsabilisation? Personne au Canada n'avait la moindre idée de l'identité des bénéficiaires effectifs du programme de contestation judiciaire.
Après 2000, le programme n'a pas publié les noms des groupes qu'il aidait financièrement. Les dossiers ne sont plus disponibles en vertu de l'accès à l'information, et les particuliers et entreprises impliqués dans des contestations n'avaient aucun moyen de découvrir ce qui avait été fait de cet argent.
Il est permis de s'interroger sur le bien-fondé des opinions favorables ou défavorables à l'égard du programme, mais il demeure qu'il n'y avait absolument aucun dispositif de responsabilisation dans ce programme, absolument aucun.
Je suppose que vous pouvez être fière d'un programme mis en place par un gouvernement libéral qui n'assume aucune responsabilité, ne rend compte à quiconque, et exclut les femmes, et maintenant vous voulez rétablir cette situation. Eh bien, je me réjouis de voir que vous êtes fier de quelque chose qui ne fonctionnait pas, qui ne fonctionne pas, qui n'a jamais fonctionné, et qui est un des meilleurs instruments d'exclusion des femmes. Bravo, pourquoi ne pas voter tout de suite pour?
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Premièrement, dire que ce programme poursuit des intérêts spéciaux est une façon erronée de le caractériser, tant sur le plan juridique que dans la pratique. Son objectif et son application visaient la promotion de l'égalité et la protection de celle-ci, ce qui n'a rien à voir avec un intérêt particulier mais est dans l'intérêt de tous les Canadiens et à celui d'une société fondée sur la justice.
Il était destiné à promouvoir et à protéger les droits des minorités, en particulier les droits linguistiques de celles-ci. Aucun intérêt personnel ne s'attache au fait que nous nous préoccupons des droits des minorités, qui, comme il était exposé dans le renvoi relatif à la sécession, est un des principes fondamentaux de notre Constitution. Donc, notre pays illustre le souci de la promotion et de la protection de l'égalité ainsi que celui de la promotion et de la protection des droits des minorités. Traiter cela comme des intérêts particuliers est une façon erronée de caractériser et de représenter la constitution de notre pays.
Deuxièmement, ce programme a pour objet de promouvoir l'accès à la justice pour les membres les plus vulnérables et les plus défavorisés de notre société qui, sans lui, n'auraient pas eu les qualités et capacités nécessaires pour comparaître devant les tribunaux. Le programme avait donc pour objet de rendre la justice égale pour tous.
Enfin, c'est un groupe indépendant qui décidait des subventions. Ces décisions n'étaient pas prises par le gouvernement. Elles ne l'étaient pas non plus par des groupes d'intérêt ou au service d'intérêts particuliers. Dire cela trahit un manque de compréhension du programme, de son fonctionnement, de ses principes et de ses objectifs.
Dire que c'est une question qui n'a pas été discutée... Elle l'a été devant la Chambre des communes. Elle l'a été devant le comité de la justice et des droits de la personne. Je m'en suis occupé lorsque j'étais ministre de la Justice et procureur général du Canada.
Peu m'importe la position que les gens veulent prendre sur une question, mais ils devraient être informés des faits, des principes et des objectifs d'un programme avant de faire des déclarations aussi trompeuses devant un comité parlementaire.