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Je voudrais m'excuser. J'ai voyagé pendant trois semaines. J'ai donc dû préparer cette présentation un peu rapidement. Le document qui est devant vous est en français ou en anglais. J'aimerais commencer par quelques constats qui vont un peu donner le ton de ma présentation.
Premièrement, on observe au fil du temps un rétrécissement des écarts qui séparent les femmes et les hommes, à la fois en ce qui a trait à la participation au marché du travail et en ce qui a trait aux revenus. Il n'empêche que l'égalité est loin d'être atteinte. Les femmes continuent d'assumer la plus grande part du travail ménager et en particulier le soin des personnes, c'est-à-dire les enfants et les personnes qui sont en perte d'autonomie. Par conséquent, elles accusent encore un retard au chapitre de la participation au marché du travail. Elles interrompent davantage leur carrière et elles travaillent en grande partie à temps partiel. C'est une des raisons pour lesquelles elles gagnent moins que les hommes, mais la discrimination salariale persiste.
Leur taux de pauvreté est encore plus élevé pendant la vie active et, par conséquent, à la retraite également. Pour toutes ces raisons, l'existence de l'État, des services publics et des transferts gouvernementaux sont plus importants pour leur sécurité économique. À part chez les jeunes, elles sont plus bénéficiaires de l'aide sociale. Elles assument la responsabilité des enfants. Par conséquent, les prestations pour enfants sont plus importantes pour elles. Parce qu'elles font plus souvent partie de familles pauvres, les prestations complètent plus souvent leurs revenus. Les prestations de maternité, évidemment, leur reviennent puisqu'il s'agit de la plus grande différence biologique entre les femmes et les hommes: elles portent les enfants, elles accouchent et elles allaitent. En ce qui a trait aux prestations parentales, on encourage les hommes à assumer aussi leur part des responsabilités parentales, mais ce sont encore les femmes qui ont le plus besoin des prestations et des congés.
Parlons de la retraite et des programmes publics, les programmes universels et ceux qui visent les personnes à faible revenu, comme la Sécurité de la vieillesse et le Supplément de revenu garanti. Parce que leurs salaires sont plus faibles, les programmes qui ont pour rôle de remplacer le revenu du travail leur accordent moins qu'aux hommes. Finalement, les services publics, notamment les services de santé, d'éducation et de garde, sont plus importants pour elles parce qu'étant donné leur situation, elles ont moins facilement accès aux régimes privés.
Pour appuyer mes dires, j'ai fait quelques graphiques. Je les ai choisis, d'une part, parce que je les avais, mais aussi parce qu'ils illustrent à la fois les retards au niveau de la participation au marché du travail et au niveau des revenus, et les conséquences que cela entraîne en ce qui a trait à la retraite. Je crois comprendre que vous êtes particulièrement intéressés par la question de la sécurité économique à la retraite, c'est-à-dire la question des femmes âgées.
Le premier graphique indique le pourcentage des gens qui reçoivent une rente de retraite, selon le sexe. La ligne en haut, celle qui se rapproche du 100 p. 100, c'est-à-dire 95 p. 100, est celle des hommes. Cela est relativement stable depuis déjà une dizaine d'années. La ligne du bas, avec les petits ronds, commence à 19 p. 100 en 1980 et s'approche de 67 p. 100 en 2005. Il y a donc eu un rétrécissement de l'écart, mais on ne peut pas dire que celui-ci a été comblé. Plus le Régime de rentes du Québec a gagné en maturité et plus des femmes ont eu droit à une rente en leur propre nom. Il y a quand même un écart de 28 p. 100 chez les gens qui reçoivent une rente de retraite. Je suis certaine que les données auraient été très semblables pour le Régime de pensions du Canada.
Le deuxième graphique montre le montant que reçoivent les femmes en termes de pourcentage de ce que reçoivent les hommes. Là encore, on voit que les femmes sont loin d'avoir comblé l'écart. En 2005, l'ensemble des femmes bénéficiaires recevaient 61 p. 100 de ce que reçoivent les hommes et même les nouvelles bénéficiaires sont encore à 64 p. 100. Ce qui est paradoxal, c'est qu'à mesure que le régime est parvenu à maturité, le pourcentage a diminué parce que de plus en plus de femmes avaient droit à une rente, mais avaient des carrières interrompues. Donc, jusqu'en 1992 environ, ce ratio a baissé. Il augmente maintenant, mais très lentement. Il y a encore un grand écart.
Peut-on espérer que cet écart se corrigera dans un prochain avenir? C'est ce que démontre le troisième graphique. Là encore, on observe les écarts. Ici, ce sont encore des cotisants, des personnes qui sont actives sur le marché du travail, donc qui cotisent au Régime de rentes du Québec. On voit que chez les femmes, c'était 50 p. 100 en 1980 et c'est maintenant 55 p. 100. Alors, il n'y a pas vraiment d'augmentation, mais le pourcentage d'hommes a baissé. Les hommes ont aussi un rétrécissement de leur vie active, d'une part, parce qu'il y a prolongation des études, mais aussi des retraites de plus en plus hâtives. La dernière ligne, c'est-à-dire celle qui a des petits losanges vides, la ligne la plus en haut, montre le ratio des cotisations des femmes et des hommes. On voit encore qu'après une première baisse, on a passé à un autre montant, mais qu'on est encore à 82 p. 100. Il y a déjà 20 p. 100 d'écart qui continue à se manifester.
Le dernier graphique, le quatrième, montre les chiffres qu'on vient de voir, mais selon l'âge. La question est la suivante: peut-on espérer que les jeunes d'aujourd'hui, parvenus à la retraite, auront rattrapé l'écart? La réponse est non. Chez les moins de 25 ans, les 18 à 24 ans, qui se trouvent aux deux premières lignes, il n'y a pas un grand écart entre les hommes et les femmes en termes du nombre qui cotisent, mais les femmes cotisent encore 80 p. 100 de ce que cotisent les hommes. Entre 25 et 55 ans, les femmes ont encore augmenté leur taux de cotisation. Elles sont rendues à 76, 75 p. 100, mais les hommes sont à 85 p. 100. Donc, il y a encore un écart. Lorsque les personnes qui sont jeunes aujourd'hui arriveront à leur retraite, dans 40 ou 50 ans, l'écart sera encore là. Il sera moindre que pour les générations actuelles, mais il sera encore là. Cela m'amène à la conclusion que les femmes ont fait des progrès, qu'elles ont rétréci l'écart, mais qu'on est loin d'atteindre l'égalité.
Je reviendrai à la première page, aux options politiques, à quelques recommandations que je vous fais. Premièrement, je recommande des mesures de conciliation emploi-études-famille, c'est-à-dire que la meilleure façon d'aider les femmes à sortir de la pauvreté, c'est de les aider à participer au marché du travail. Pour ce faire, il faut tenir compte du fait qu'elles ont des familles et qu'il faut des mesures qui leur permettent de faire les deux et aussi d'aider les hommes à le faire. Plus il y a de ces mesures, plus on peut s'attendre à ce que les hommes aussi assument leur part, ce qui est bon pour les familles, bon pour les enfants, mais nous mènera aussi davantage vers l'égalité. En passant, ce sera bon pour l'environnement aussi.
Parmi ces mesures, les plus importantes sont les prestations de maternité et parentales. Je vous recommande une prestation universelle et aussi, au chapitre de l'assurance-emploi, une amélioration du taux de remplacement. Le reste du Canada pourrait apprendre beaucoup de ce qui se passe au Québec. Il faudrait des services de garde de bonne qualité, universellement accessibles et abordables, et des mesures pour aider les entreprises à adopter, par exemple, des horaires flexibles. Il faudrait aussi des programmes d'équité salariale, d'accès à l'égalité en emploi et, surtout, la création de bons emplois, particulièrement dans les régions comme les Maritimes, où les femmes participent moins au marché du travail, non pas parce qu'elles sont paresseuses, mais parce qu'il n'y a pas d'emplois.
On a fait beaucoup pour les prestations pour enfants; on pourrait faire encore davantage. Les programmes d'aide sociale se sont énormément détériorés ces dernières années. Je pense que le fédéral pourrait soutenir cela. Il y a aussi l'amélioration des régimes publics de retraite et d'assurance-emploi. Il faudrait surtout améliorer l'accessibilité pour les femmes. Ce sont elles qui ont le plus souffert des coupes de 1996.
Il faudrait des crédits pour reconnaître le travail non rémunéré auprès des enfants et des personnes âgées, dans le cadre du Régime de pensions du Canada ou du Régime de rentes du Québec.
Finalement, il faudrait un renforcement du régime public de santé, qui pourrait étendre sa couverture pour inclure, notamment, les services optométriques et dentaires, les médicaments et les services de maintien à domicile.
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Je m'excuse si j'ai laissé croire que j'étais le seul; j'ai bien vu que je n'étais pas le seul homme, mais un des rares hommes.
La raison pour laquelle mon organisme m'a choisi pour venir ici n'est pas seulement parce qu'il sait que je comprends les femmes aussi bien qu'un homme peut les comprendre, mais aussi parce que comme madame ici, je suis assez au courant des régimes de retraite, publics et privés. J'étais l'actuaire en chef du Régime de pensions du Canada et des régimes de la fonction publique. Donc, tout ce qu'elle a dit me fait abonder dans le même sens qu'elle. Sur le plan des régimes de retraite de la fonction publique, le gouvernement est en mesure, en tant qu'employeur — c'est plus facile pour lui —, de tenir compte des différences entre les hommes et les femmes, parce que ce n'est pas un programme social. Une des choses qui ont été faites, comme vous le savez probablement, touche l'équité salariale. Beaucoup a été fait dans ce domaine et, comme Mme Rose l'a dit, les écarts existent encore, mais ils ont été amenuisés.
Le principal aspect que je voudrais porter à votre attention aujourd'hui est que la nature a, d'une certaine façon, récompensé les femmes pour tout ce qu'elles font de plus que les hommes dans la vie, par exemple le fait de porter des enfants et de les élever. Il n'y a pas de prix à cela. La nature les a remerciées en faisant en sorte qu'elles vivent plus longtemps que les hommes. Vous êtes probablement au courant de cela, mais c'est un phénomène que l'on ne maîtrise pas. Malgré tout ce que peuvent dire certaines analyses, c'est un phénomène qui va toujours exister parce que dès la naissance, le taux de mortalité des femmes est plus bas. Donc, on ne leur enlèvera jamais cela. La nature est bien gentille de remercier les femmes en leur permettant de vivre plus longtemps, mais cela amène un problème parce que le taux de pauvreté chez les femmes augmente avec l'âge, et c'est reflété très clairement.
J'ai tous les chiffres ici; je pourrais vous faire un rapport par la suite. Je m'excuse, je n'ai pas eu le temps de le préparer. Le programme de Supplément de revenu garanti montre clairement que non seulement, d'un point de vue démographique, il y a beaucoup plus de femmes d'âge avancé, mais elles deviennent de plus en plus pauvres. Même en faisant des projections jusqu'en 2050 et en tenant compte des améliorations qu'on aurait apportées au programme, le taux de pauvreté des femmes continue d'exister. Il diminue un peu jusqu'en 2050, mais il y aura quand même à ce moment-là, si tout se passe comme prévu, 40 p. 100 des femmes âgées qui vivront sous le seuil de la pauvreté. Cette situation est causée, comme vous le savez, par le fait que les femmes ont encore des salaires moins élevés et par le fait qu'elles vont toujours être, en grande majorité, responsables d'élever des enfants. Elles n'auront pas une carrière aussi longue, et ce phénomène va toujours durer.
Non seulement elles n'ont pas de revenu ou de pension aussi important que les hommes, mais quand le mari décède — généralement, il meurt le premier, car les hommes vivent moins longtemps —, elles perdent leur accès au régime d'assurance-santé. Leurs besoins financiers sont extrêmes, et en ce qui concerne la santé, c'est un domaine où on pourrait probablement remettre l'accent parce que c'est ce qui est le plus important dans la vie. Avoir la santé signifie avoir une qualité de vie.
Ce sont les principales remarques que je voulais vous présenter. J'espère que cela va vous apporter une certaine lumière et susciter des questions auxquelles je me ferai plaisir de répondre.
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Pour les jeunes femmes, je dirais que nous devrions cibler celles qui ont des enfants. Il y a de nombreuses façons d'aider les familles au moyen d'allocations familiales ou de mesures fiscales. De façon générale, je crois que ce sont ces femmes qu'il faudrait cibler, parce que ce sont elles qui doivent temporairement se retirer du marché du travail en raison des enfants.
J'ai trois autres mesures à proposer qui toucheraient davantage les personnes âgées. Je vous parlerai de la plus importante en dernier lieu. Pour ceux qui ont un régime de pension, soit en leur nom ou grâce à une prestation de survivant d'un conjoint qui a travaillé dans le secteur privé ou public, normalement, cette prestation est de l'ordre de 50 p. 100. Il semble que ces 50 p. 100 ne soient pas suffisants, il faudrait donc apporter des améliorations à cet égard. C'est cher, mais voilà une façon d'améliorer la situation économique des femmes.
Ma deuxième proposition, qui est de moindre importance, concerne les régimes de retraite du secteur public. La plupart des dispositions de ces régimes sont équitables pour les hommes et les femmes, sauf pour une restriction qui touche surtout les femmes. Il s'agit de la restriction concernant les mariages après la retraite, ou les mariages après l'âge de 60 ans. Ceux qui se marient après la retraite perdent le droit à la pension de survivant.
Cette restriction n'existe pas dans le cadre du RPC, ni dans le cadre du RRQ. L'Association nationale des retraités fédéraux a demandé au gouvernement de retirer cette limite. Nous espérons que ce sera le cas un jour.
Je soulève mon dernier point à titre personnel. La NRF a en fait adopté une position différente. Je me suis joint à l'association il n'y a que trois ans, et jusqu'à maintenant je n'ai pas réussi à la convaincre.
En 1996, le gouvernement a proposé une prestation aux aînés, qui visait surtout le transfert d'une partie de la Sécurité de la vieillesse au Supplément de revenu garanti. Je suis très favorable à cette approche, au point où si la décision relevait seulement de moi, je convertirais tout l'argent versé dans le cadre de la Sécurité de la vieillesse au Supplément de revenu garanti.
Mme Rose a dit que, bien que le Supplément de revenu garanti soit un très bon programme, le niveau de pauvreté est fixé à un tel niveau que, même si vous touchez ce montant vous vivez toujours dans la pauvreté. Votre mode de vie peut facilement être qualifié de misérable.
C'était le principal point que je voulais soulever. S'il y avait moyen de présenter à nouveau ce concept de prestations aux aînés à la Chambre et même de le renforcer, je l'appuierais à 100 p. 100.
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Merci, madame la présidente.
Tout d'abord, j'aimerais vous saluer et vous remercier d'être ici aujourd'hui.
J'ai eu l'occasion de faire deux tournées au Québec. La première avait pour but de présenter le projet de loi actuellement à l'étude au comité et qui vise à bonifier le régime d'assurance-emploi. Cette tournée nous a permis de consulter différents groupes et de constater très clairement que les femmes étaient extrêmement touchées par le régime actuel d'assurance-emploi. Il s'agissait entre autres de femmes monoparentales et de femmes sur le point d'être admissibles à un régime de pension, mais qui restaient encore sur le marché du travail dans l'espoir de voir ce régime grossir quelque peu.
Dans le cadre de l'étude sur la condition féminine, moi et ma collègue avons également rencontré plusieurs groupes de femmes. Elles nous ont dit vivre de la discrimination par rapport aux mesures mises de l'avant par le gouvernement. Souvent, ce n'est pas par choix qu'elles restent chez elles. Par exemple, quand on choisit d'avoir des enfants, on s'exclut du marché du travail et, par conséquent, de certaines mesures visant à s'assurer une sécurité future.
Madame Rose, dans le document qu'on nous a transmis et qui porte sur le régime de retraite, vous prévoyez que l'écart entre les hommes et les femmes ne sera pas comblé dans les 40 prochaines années. Pouvez-vous apporter des précisions? À votre avis, quelles pistes de solution pourrait-on prendre pour tenter de réduire le fossé entre les hommes et les femmes?
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C'est une grande exigence. On pourrait augmenter l'ensemble des revenus à la retraite, plus particulièrement pour les femmes, en améliorant les régimes publics. Les femmes ont moins accès aux régimes privés, sauf quand elles travaillent dans le secteur public, car dans l'ensemble, il y a de moins en moins de régimes de retraite privés.
Je serais donc favorable à une amélioration et même à ce qu'on double le Régime de rentes du Québec et le Régime de pensions du Canada. Je serais aussi en faveur de mesures reconnaissant le travail que les femmes ont fait auprès des enfants, que ce soit au moyen de la Sécurité de la vieillesse, du Régime de rentes du Québec ou du Régime de pensions du Canada.
J'aimerais d'ailleurs m'inscrire en faux contre ce que M. Dussault a dit. Je n'ai pas dit que j'étais en faveur du Supplément de revenu garanti, pas plus que de la Prestation aux aînés qu'avait proposé le gouvernement Mulroney, précisément parce que cela aurait assujetti les familles à très faible revenu à un taux d'imposition de 80 p. 100. Tous les gens qui auraient investi dans des REER auraient perdu cet argent dès leur retraite. C'est d'ailleurs pour cette raison que ce programme a été abandonné.
Il faut investir dans des programmes universels parce que les femmes peuvent compter sur eux. Le Supplément de revenu garanti et les programmes qui sont en fonction du revenu font en sorte que dès que vous avez un peu plus de revenus, vous n'y avez plus droit, et c'est très difficile. Ça devient un piège de la pauvreté: il faut être ici ou là, mais entre les deux, on est toujours vers le bas.
La seule façon d'aider les femmes à la retraite, dans les circonstances, est d'avoir différentes formes de reconnaissance du travail qu'elles font auprès des enfants et, de plus en plus, auprès de leurs parents vieillissants. Il y a encore beaucoup de femmes qui se retirent du marché du travail ou qui réduisent leurs heures de travail pour s'occuper de parents vieillissants.
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Vous soulevez là un autre problème qui a trait aux programmes visant les personnes à faible revenu. Ces programmes sont fondés sur le revenu familial. Aussi, quand on a deux revenus, on perd une part très importante de l'aide financière.
Pour atténuer le problème, on pourrait notamment abaisser les taux de récupération fiscale. Un des problèmes qui se pose dans le cas de la prestation fiscale pour enfants est que, quand on a trois enfants ou plus, pour chaque tranche de 1 000 $ de revenus gagnés, on perd 330 $ de sa prestation fiscale pour enfants, plus 5 p. 100 de la TPS, sans compter les impôts qu'on a à payer. Les personnes qui se trouvent dans cette catégorie de revenus ont souvent des taux d'imposition de 80 p. 100 à 90 p. 100. Il y a une solution que le gouvernement fédéral pourrait très facilement mettre en oeuvre et qui profiterait à presque toutes les familles de la classe moyenne, et ce serait d'abaisser les taux de récupération fiscale qui s'appliquent à la prestation fiscale pour enfants.
Il en va de même pour le SRG. Comme je l'ai dit, le taux de récupération fiscal de 50 p. 100 qui s'applique aux suppléments, qui fait grimper les taux d'imposition, et c'est là le principal problème qui se pose dans le cas de cette mesure conçue pour lutter contre la pauvreté.
Sur le plan pratique, il n'y a pas de solution facile. Bien sûr, ce sont surtout les provinces qui sont aux prises avec le problème de déterminer s'il y a, oui ou non, cohabitation. Je sais que le Québec a instauré la règle d'un an: les conjoints doivent avoir cohabiter pendant 12 mois consécutifs. Ainsi, on n'est pas pénalisé s'il s'agit d'une relation de très courte durée.
Bien sûr, s'il y avait un ombudsman ou un mécanisme quelconque pour aider les femmes qui se retrouvent dans cette situation, ce serait utile.
Permettez-moi tout d'abord de vous présenter mes excuses. Je suis arrivée un peu tard parce que j'étais à une autre réunion.
J'aimerais faire suite à la question de Mme Mathyssen sur le fractionnement du revenu. Madame Rose, vous venez de proposer une solution, mais je suis très inquiète.
Prenons le cas hypothétique de deux conjoints qui ont plus de 80 ans et qui ont un revenu total de 65 000 $ ou 70 000 $. Un des deux décède, et c'est généralement l'homme qui meurt plus tôt, et la femme se retrouve seule. Quand les deux vivaient ensemble, ils partageaient le revenu qu'ils tiraient de leurs retraites et leur taux d'imposition était plus bas. L'homme décède — comme cela arrive souvent —, puisque les hommes meurent avant les femmes — et la femme reste seule, son revenu baisse, mais son taux d'imposition augmente.
Avez-vous des suggestions à nous faire quant à la façon dont nous pourrions orienter l'action gouvernementale afin d'essayer de remédier à ce que je considère comme une énorme injustice pour les femmes âgées? Nous sommes là pour parler de la sécurité économique des femmes. Or, il s'agit là d'une situation qui pourrait gravement compromettre la sécurité économique des femmes âgées, qui s'habituent à un certain style de vie qu'elles perdent lorsque leur époux décède.
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Merci, madame la présidente.
Merci beaucoup, madame Rose et monsieur Dussault, d'être parmi nous. J'ai beaucoup d'admiration pour le travail que vous faites, madame Rose; je connais davantage vos travaux. Monsieur Dussault, je ne vous connais pas.
Je me demande souvent ce qu'on fait, en tant que politiciens, pour vraiment améliorer la condition des personnes. Quand j'étais petite, mon père me disait toujours que faire des erreurs n'était pas la fin du monde, qu'il s'agissait de se relever et de continuer à avancer. Pour lui, il était important d'assumer et de reconnaître ses erreurs. J'ai toujours gardé ça en tête.
Je me demande souvent pourquoi, en tant que gouvernement, on n'a pas cette attitude. Certaines politiques ont été adoptées en toute bonne foi, mais n'ont pas donné lieu aux résultats escomptés, parce que ce n'était pas ce qu'il fallait pour améliorer la condition des gens. Je me demande pourquoi, quand on est au pouvoir — et je peux en parler sans aucune arrière-pensée puisque le Bloc québécois n'y sera jamais —, peu importe le gouvernement, on ne peut pas dire qu'on a fait une erreur, qu'on va éliminer la politique en question et qu'on va en adopter une qui va mieux fonctionner. Je pense que pour les femmes, la sécurité économique commence quand elles sont jeunes, et non à 60 ou 75 ans.
Deux politiques faisaient partie du budget d'hier, et je voudrais savoir si à votre avis, elles vont éventuellement aider les femmes à connaître une meilleure sécurité économique. Une des mesures présentées consiste en un supplément du revenu pour les gens qui gagnent plus de 3 000 $ mais moins de 21 167 $ par année. Une autre mesure consiste en un crédit d'impôt pour enfants de 2 000 $.
Pensez-vous que de telles mesures pourront réellement permettre aux femmes chefs d'une famille monoparentale et à toutes les autres femmes de connaître une meilleure situation économique quand elles seront plus vieilles?
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J'ai une observation et deux questions pour vous deux.
Je sais qu'on accepte le fractionnement du revenu et que l'Association nationale des retraités fédéraux et d'autres estiment que c'est avantageux et équitable, même si une femme seule qui a une pension de retraite de 50 000 $ paiera davantage d'impôt que le couple qui en reçoit autant. Pour ma part, je juge que ce n'est pas une mesure fiscale très équitable. Pourriez-vous me dire ce que vous en pensez. C'était plutôt une remarque qu'une question.
J'ai deux questions précises à vous poser. Vous avez tous les deux parlé de partage de la pension de retraite, d'une façon ou d'une autre. Que pensez-vous de son fractionnement? Je ne parle du fractionnement du revenu, mais bien du fractionnement de la pension du RPC, du Régime d'épargne retraite ou de tout autre régime subventionné par le gouvernement, et ce, dès qu'on commence à toucher sa pension. Bien sûr, on le fait déjà dans le cas d'un divorce, mais... Il y aurait donc un partage équitable des prestations entre l'homme et la femme. Ainsi, à tout le moins, la femme recevrait plus d'argent dès le départ plutôt qu'au fil des ans. J'aimerais savoir ce que vous en pensez.
Madame Rose, les deux derniers paragraphes de votre mémoire démontrent que les couples s'en tirent mieux que les hommes ou les femmes âgés et que les familles biparentales. À plusieurs reprises aujourd'hui vous avez indiqué que les services de garde, d'éducation de la petite enfance — car les garderies ne suffisent pas pour les jeunes enfants — sont un facteur important qui contribue à accroître la présence des femmes sur le marché du travail.
Certains préconisent plutôt le contraire, encourager les femmes à rester à la maison sous prétexte que c'est là qu'elles doivent être si elles ont des enfants. Pourriez-vous nous dire pourquoi vous n'êtes pas d'accord avec cette philosophie qui, tout comme certaines mesures du gouvernement, avantagent les mères qui restent à la maison plutôt que celles qui vont travailler à l'extérieur du foyer.
Ce sont là mes deux questions. J'attends vos réponses.