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Mesdames et messieurs les membres du comité, la séance est ouverte.
Nous poursuivons notre étude sur la sécurité économique des femmes.
Nous accueillons aujourd'hui la Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec, représentée par Mmes Sylvie Lévesque et Lorraine Desjardins, et Neighbourhood Link/Senior Link, représenté par sa directrice générale, Mme Mary McGowan.
Comme l'a dit la greffière, vous aurez dix minutes pour présenter vos exposés.
Madame Lévesque et madame Desjardins, vous représentez un groupe, voulez-vous chacune dix minutes ou voulez-vous partager ces dix minutes?
La greffière du comité: Généralement, on partage.
La présidente: On partage, d'accord. Merci.
Je n'ai jamais eu l'occasion de présenter un mémoire devant un comité de ce genre. Je considère votre invitation comme un grand honneur.
Pour vous situer un peu, Neighbourhood Link est un organisme de services sociaux qui dessert principalement l'est de Toronto. Nous aidons environ 20 000 clients chaque année, dont 2 600 personnes âgées.
Nous n'avons que 80 unités de logement supervisé, et 80 personnes y vivent. Les 2 515 clients restants vivent chez eux, dans des maisons ou des appartements dans la collectivité. Nous ne sommes pas une institution.
Nos clients sont les personnes les plus âgées, les plus seules, les plus malades et les plus pauvres. Commençons par les plus âgées. 50 p. 100 de nos personnes âgées ont plus de 75 ans et 20 p. 100, plus de 85 ans. Nous avons 64 clients qui ont plus de 95 et dix qui ont plus de 100 ans. La moyenne d'âge des résidents des centres d'hébergement est d'environ 79 ans. Celle de nos clients est de 80 ans.
Passons maintenant aux plus seules. Ce sont des personnes sans famille. Quatre-vingt-dix pour cent des résidents de nos unités supervisée vivent seuls, et 70 p. 100 de nos clients vivent seuls ou sans famille mais avec des colocataires, des compagnons de chambre, etc. La plupart sont simplement seuls.
Ce sont les plus pauvres. Le tiers de nos clients ont des revenus inférieurs à 12 000 $, un autre tiers touchent moins de 25 000 $.
Ce sont les plus malades : 75 p. 100 ont au moins deux problèmes médicaux qui minent leur indépendance et leur mobilité, et pourtant ces personnes vivent en autonomie dans la collectivité.
Évidemment, les personnes âgées sont en majorité des femmes. Nous avons une représentation classique : 75 p. 100 de nos clients sont des femmes. Cette statistique est tirée d'une étude américaine qui démontrait que les femmes sont presque trois fois plus susceptibles que les hommes d'être placées dans des centres d'hébergement. Les auteurs de l'étude n'ont pas expliqué pourquoi, mais je peux très bien m'imaginer les raisons pour lesquelles les femmes sont plus susceptibles de vivre en centre d'hébergement : c'est parce qu'elles n'ont pas la sécurité financière voulue pour acheter les services dont on a besoin pour rester à domicile.
En Ontario, comme en général au pays je pense, le type de soutien communautaire le plus courant vient d'un centre d'accès aux soins communautaires ou d'une organisation du genre, qui gère des heures de soins professionnels et semi-professionnels, par exemple des services d'ergothérapie, des soins infirmiers, des mesures d'aide personnelle, etc. Généralement, le centre commande des heures pour les personnes qui sortent d'hôpital. Les personnes âgées et les malades chroniques doivent déclarer qu'elles ont besoin de mesures de soutien personnel pour obtenir des services. Le soutien personnel, cela peut être de l'aide pour prendre un bain, pour l'hygiène personnelle ou les repas, etc.
Pour prendre la décision, un inconnu va voir la personne avec une liste de contrôle et pose des questions très délicates au sujet du fonctionnement des intestins, par exemple. Très souvent, la personne est trop fière pour admettre qu'elle a vraiment besoin d'aide.
Si un client obtient un service par l'entremise du CASC, s'il est admissible, il a droit en moyenne à 1,4 heure par semaine, ce qui signifie que la majorité n'ont qu'une heure par semaine. Que peut-on faire en une heure? Vous pouvez prendre un bain, peut-être. Je ne suis pas certaine que ma mère, qui a 93 ans, pourrait être baignée et rhabillée en une heure.
Si vous n'avez qu'une heure par semaine, votre maison se salit. Vous faites vos courses au magasin du coin, où c'est plus cher, ou alors vous payez la livraison de l'épicerie. Vous n'êtes peut-être pas en mesure d'aller consulter votre médecin. Vous ne pouvez pas aller à la pharmacie faire remplir vos ordonnances, vous ne suivez pas les conseils de votre médecin et vous retournez à l'hôpital, sans doute en ambulance. Vous n'invitez personne parce que votre logement est mal entretenu, vous êtes de plus en plus isolé.
Si vous achetez des aliments, vous devez cuisiner. Qui veut manger seul? Vous commencez à vous nourrir de thé et de pain grillé, et votre santé se détériore rapidement, vous revoilà à l'hôpital.
Quelqu'un finit par vous dire que vous seriez mieux d'aller en centre d'hébergement, et lorsque vous constatez que vous ne pouvez pas obtenir plus de services et que vous ne pouvez plus rester chez vous, vous faites le saut.
Un organisme de soutien communautaire, c'est un organisme qui intervient pour offrir tous ces services terre-à-terre qui ne sont généralement pas considérés comme des soins de santé. Il peut s'agir d'amener la personne à des rendez-vous importants ou à des activités sociales ou récréatives, de remplacer les ampoules, de nettoyer, de faire la lessive. Il y a un million de choses — tout se fait à la demande du client.
Si un client est en établissement, le coût humain est incalculable. Les établissements sont souvent très bien pour les personnes qui y vont volontairement ou qui ne peuvent faire ce choix — des personnes qui souffrent de démence avancée et qui ne peuvent pas décider par elles-mêmes. Mais si votre seule infirmité est la dégénérescence maculaire, qui vous rend aveugle, ou l'arthrite, alors que 42 p. 100 des résidents des centres d'hébergement souffrent de démence et que 33 p. 100 ont récemment vécu un épisode de dépression, ce milieu ne vous convient pas. Vous savez que vous êtes coincé. Vous ne pouvez pas sortir parce que vous n'avez plus de maison, et si vous en aviez une, vous ne pourriez pas prendre soin de vous. Vous savez que vous êtes là pour attendre la mort.
Le meilleur centre d'hébergement au monde demeure un établissement, et nous savons que les établissements ne sont pas bons pour les gens. Comme vous le voyez, je ne suis pas en faveur de cette solution.
À mesure que les coûts des soins de santé augmentent, les budgets sont de plus en plus axés sur les soins actifs. Le coût d'un séjour en centre d'hébergement est d'environ 700 $ par semaine. Il est difficile de déterminer le coût des services de soutien communautaire. Dans notre organisation, nous consacrons trois millions de dollars par année aux services aux personnes âgées et nous avons 2 600 clients. Si vous divisez cela par 52 semaines, vous obtenez 22 $ par semaine, plutôt que 700 $ par semaine.
Le problème, c'est de déterminer qui doit payer. De quelle source devraient venir les fonds nécessaires? Est-ce qu'il faudrait utiliser le budget du logement? Celui des services sociaux et communautaires? Celui des services de santé? S'agit-il d'un problème fédéral ou provincial? Et comme personne ne le sait vraiment, on nous envoie promener.
En Ontario, je sais qu'il y a de très bons services communautaires à Ottawa et à Toronto. Ailleurs, ces services sont limités, sinon existants.
Il me paraît nécessaire de lancer une initiative nationale pour appuyer les personnes âgées et en particulier les femmes. Il faut créer des organismes locaux pour offrir des services aux aînés. Vous pourriez faire appel à des organismes établis comme Neighbourhood Link pour encadrer les organismes qui n'ont pas d'expérience dans le domaine. Les organismes existants ont aussi besoin de financement pour améliorer les services qu'ils offrent déjà.
Il ne devrait pas s'agir d'une vaste entreprise bureaucratique. Nous n'avons pas besoin d'autres courtiers comme les CASC. Si les organismes communautaires parviennent à conserver leur souplesse et à s'adapter aux besoins, c'est par leur entremise qu'il faut procéder.
Merci beaucoup.
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Bonjour. Merci de nous avoir invitées.
Nous avons envoyé notre document, mais il est en cours de traduction. Il ne sera disponible pour les membres du comité que demain.
Notre fédération existe depuis plus de 30 ans. Au fil des ans, nous avons travaillé particulièrement pour assurer le mieux-être des familles monoparentales et recomposées. Les dossiers majeurs de la fédération concernent évidemment la lutte contre la pauvreté, la perception automatique des pensions alimentaires, les allocations familiales et tous les dossiers concernant les études pour les responsables de famille monoparentale.
Aujourd'hui, nous n'avons pas la prétention de présenter un portrait représentatif de l'ensemble des familles monoparentales canadiennes, puisque la fédération se rapporte davantage au contexte québécois. Nous travaillons beaucoup plus avec les politiques du Québec. Par contre, nous allons tenter de faire des liens avec les politiques sociales fédérales.
Les points majeurs sur lesquels nous voulons entretenir en particulier les membres du comité sont les cinq aspects suivants : l'aide sociale, les mesures de soutien aux familles et le salaire minimum, l'accessibilité aux études, le logement social et les mesures de conciliation famille-emploi-études. Toutes ces problématiques touchent plus particulièrement les femmes monoparentales.
Selon des données du Conseil national du bien-être social, ou CNBES, le taux de pauvreté des familles monoparentales constituées de la mère — puisque, encore aujourd'hui, ce sont majoritairement des femmes qui sont chefs de famille monoparentale —, demeure en moyenne entre cinq et six fois plus élevé que le taux de pauvreté des couples avec ou sans enfants.
Selon Statistique Canada, en 2001, le taux de pauvreté chez les mères seules de moins de 65 ans était de 42,4 p. 100, comparativement à 19,3 p. 100 pour les pères seuls, à 9,5 p. 100 pour les couples avec enfants et à 8,1 p. 100 pour les couples sans enfants.
En 2001, il y avait 1 260 000 familles au Québec. De ce nombre, 27 p. 100 étaient des familles monoparentales, dont la très forte majorité, soit 80 p. 100, étaient dirigées par une femme. En 2003, le taux de faible revenu avant impôt pour les familles biparentales était de 9,5 p. 100, alors qu'il grimpait à 40,9 p. 100 pour les familles monoparentales et à près de 50 p. 100 pour les familles monoparentales dirigées par une femme.
Les prestations d'aide sociale insuffisantes est un volet important qui touche les familles monoparentales. En août 2006, près de 50 000 familles monoparentales québécoises comptaient sur des prestations d'aide sociale pour vivre.
Toujours selon un rapport du CNBES publié à l'été 2006, l'estimation des revenus annuels d'aide sociale pour l'année 2005, pour une famille monoparentale avec un enfant, incluant les prestations supplémentaires et les crédits provinciaux et fédéraux, fluctuait entre 13 000 $ pour l'Alberta, alors qu'il s'agit de la province canadienne la plus riche en principe, et près de 23 000 $ pour les Territoires du Nord-Ouest. À cet égard, le Québec se classait un peu sous la moyenne nationale, avec des revenus de près de 16 000 $.
Ces montants, nettement insuffisants, sont loin de permettre à ces familles de couvrir leurs besoins essentiels. De plus, au Québec, la pension alimentaire pour enfant continue d'être déduite des prestations d'aide sociale, à l'exception des premiers 100 $ par mois, même si ces montants sont défiscalisés depuis 1997. Certains d'entre vous connaissez peut-être l'affaire Suzanne Thibaudeau qui a eu lieu en 1997. Cette décision a fait en sorte que dans l'ensemble du Canada, la pension alimentaire pour enfant n'est plus reconnue comme un revenu, alors qu'elle l'est encore quand on bénéficie de l'aide sociale ou de programmes sociaux.
Diverses hausses tarifaires sont aussi venues affecter les revenus des personnes au cours des dernières années : les frais d'électricité, qui ont grimpé de 11 p. 100, les frais de garderie, de 40 p. 100, les frais de transport en commun, de 18 p. 100, et l'essence, de 35 p. 100. Pendant ce temps, les prestations d'aide sociale n'ont été indexées qu'à moitié en janvier 2007, après plusieurs années de non-indexation.
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Évidemment, tout cela a un impact majeur sur la capacité de consommer des familles monoparentales.
Au cours des dernières années, des gains importants en matière de fiscalité ont été réalisés au Québec au chapitre des politiques sociales et familiales. Entre autres, le paiement de Soutien aux enfants est une mesure beaucoup plus généreuse que l'ancien régime d'allocations familiales qui avait cours au Québec. De plus, cette mesure a un caractère universel, ce qui est très apprécié.
Il y a également un crédit d'impôt, la prime au travail, qui permet une bonification des revenus des personnes à faible salaire. Cela aussi est très intéressant. Malheureusement, cette mesure a un effet pervers : elle permet aux entreprises de garder le salaire minimum au plus bas. Selon nous, une augmentation du salaire minimum devrait être envisagée à court terme, surtout si on considère que la grande majorité des travailleurs à petit salaire sont des femmes.
Au Québec, le salaire minimum sera établi à 8 $ l'heure le 1er mai 2007. Une personne qui travaille 40 heures par semaine à ce taux réussit à accumuler seulement 16 600 $ par année, ce qui est nettement sous le seuil de la pauvreté.
En juillet 2006, le gouvernement fédéral a accordé une allocation de 1 200 $ par année aux familles ayant un enfant de moins de six ans. Cette mesure a été plus ou moins bien accueillie par notre fédération, d'une part parce que l'imposition des montants au palier fédéral et au palier provincial venait sabrer dans les bénéfices réels des familles et, d'autre part, parce que les familles monoparentales étaient désavantagées par cette mesure, puisqu'elles ne peuvent transférer les revenus à quelqu'un d'autre : étant la seule personne à avoir un revenu au sein de la famille, cela la désavantageait le chef de famille monoparentale. On pourra peut-être revenir sur cette question au moment de la période des questions. À notre avis, un crédit d'impôt remboursable aurait été beaucoup plus équitable pour l'ensemble des familles canadiennes.
De plus, le respect de l'entente sur les garderies signée par le précédent gouvernement fédéral, qui allouait 1,2 milliard de dollars pour développer des services de garde, aurait permis au Québec de consolider son réseau de services de garde. Les effets du non-respect de cette entente se font encore plus durement sentir dans le reste du Canada, où les autres provinces n'ont pas de système de services de garde à contribution réduite.
Un autre moyen d'améliorer ses revenus est d'avoir accès aux études. Considérant que 80 p. 100 des nouveaux emplois créés aujourd'hui exigent des études postsecondaires, on reconnaît rapidement l'importance de faciliter le plus possible l'accès aux études. Le problème, lorsqu'on est une femme monoparentale, est que cet accès est réduit, surtout quand on a de jeunes enfants. Au Québec, la situation est assez difficile. Certaines femmes monoparentales reçoivent des prêts et bourses inférieurs à ce qu'elles recevraient si elles bénéficiaient de l'aide sociale. Tout comme pour l'aide sociale, la pension alimentaire est prise en compte dans le calcul de l'aide financière aux études, ce qui enlève des points.
La fédération croit qu'une majoration du Transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux serait une façon plus efficace d'aider les provinces à soutenir les étudiants canadiens. Une restitution financière équitable du transfert aux provinces permettrait aussi aux gouvernements des provinces de bonifier leur régime de prêts et bourses.
Un autre problème très important pour les familles à faible revenu, notamment les familles monoparentales dirigées par des femmes, est celui du logement. On devrait consacrer davantage d'efforts, notamment au palier fédéral, au financement du logement social. Au Québec, les femmes locataires sont les plus susceptibles d'avoir des problèmes à payer leur loyer. Étant donné qu'elles sont plus pauvres que la moyenne des autres ménages, les familles monoparentales sont plus nombreuses à consacrer plus de 30 p. 100 de leur revenu à leur logement, surtout quand elles sont dirigées par des femmes. Au dernier recensement, en 2001, près de 40 p. 100 des familles monoparentales dirigées par une femme se retrouvaient en situation précaire au chapitre du logement.
Le dernier aspect qu'on aimerait aborder est celui de la conciliation famille-emploi-études. Cette conciliation est déjà difficile pour les familles biparentales. On peut donc imaginer ce qu'elle représente pour une famille monoparentale. Les transformations du marché du travail qui ont eu lieu ces dernières années rendent la vie encore plus dure. Il y a de plus en plus d'emplois temporaires ou sur appel. Il est difficile d'établir un horaire à l'avance, et les journées de travail s'allongent de plus en plus.
Au Québec, on doit cependant souligner l'avènement du nouveau Régime québécois d'assurance parentale, qui est beaucoup plus avantageux et généreux que le régime d'assurance-emploi du Canada. On doit aussi souligner l'avantage d'avoir un réseau public de services de garde à contribution réduite, lequel joue un rôle essentiel en permettant aux femmes qui ont de jeunes enfants d'accéder au marché du travail.
En guise de conclusion, j'aimerais vous rappeler que selon des données publiées récemment par le Centre canadien de politiques alternatives, en 1976, au Canada, le dixième des personnes ayant les revenus les plus élevés avaient des revenus 31 fois supérieurs au dixième des personnes les plus pauvres. En 2007, les revenus des plus riches sont 82 fois supérieurs aux revenus des plus pauvres. Ces chiffres indiquent qu'au lieu de s'améliorer, les choses se détériorent.
Comme on l'a déjà mentionné et comme le Comité permanent de la condition féminine l'a lui-même constaté, les familles monoparentales dirigées par une femme sont parmi les plus vulnérables au Canada et les plus susceptibles d'être touchées par la pauvreté. Il est donc impératif que des mesures soient prises rapidement afin de remédier à cette situation et d'assurer à toutes les familles canadiennes une véritable couverture de leurs besoins essentiels.
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Merci, madame la présidente.
Je souhaite la bienvenue à toutes et je vous remercie, en particulier madame McGowan, qui vient de ma circonscription et qui oeuvre au sein d'une organisation qui a 30 ans, je crois, et qui est bien connue et respectée dans la collectivité.
Je vais commencer par vous, car j'ai toujours pensé... lorsque j'allais dans les centres d'hébergement et que je visitais la maison de santé où mon père était soigné, il me semblait que les femmes constituaient nettement le gros des retraités, mais vous nous présentez des chiffres étonnants : 75 p. 100. Les femmes sont non seulement beaucoup plus nombreuses à survivre, elles sont aussi plus pauvres. En général, lorsque le mari meurt, le revenu diminue et certaines femmes doivent renoncer à leur logement ou du moins s'isoler dans leur logement et, comme vous l'avez dit, elles sont plutôt —
Je sais que ce que vous dites est vrai. Je l'accepte et je le comprends. J'aimerais toutefois vous poser une question. Dans le dernier budget, par exemple, le fractionnement des pensions est prévu, mais si vous vivez en couple aujourd'hui et sans fractionnement des pensions, je sais que les couples peuvent vivre beaucoup plus confortablement ou un peu mieux même si leur revenu n'est pas très élevé, parce qu'ils partagent. Une personne seule, un homme ou une femme — et dans la plupart des cas ce sont des femmes — vit moins bien avec une modeste pension.
Avez-vous autre chose à nous suggérer outre, bien sûr, ce que vous avez mentionné, notamment le logement et les soins de longue durée? Actuellement, nous n'avons pas de programme national de soins de longue durée, et je pensais que vous pourriez nous dire s'il conviendrait d'établir des normes ou des principes.
En matière de soutien du revenu, j'ai notamment suggéré de fractionner non pas tant le revenu que les pensions, de sorte que lorsque le couple est prêt à prendre sa retraite, les pensions sont partagées et la femme touche 50 p. 100 de la pension du ménage dès le départ, plutôt que de la perdre au moment du décès du mari.
Pourriez-vous me dire ce que vous pensez de cette façon d'aider les femmes?
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Je pense qu'à tout le moins, il devrait y avoir une mesure d'exception dans le Régime de pensions du Canada pour celles qui travaillent.
Il y a sans doute d'autres structures de pension qui pourraient les aider à se constituer une pension en prévision de la vieillesse. Il y a cela, et le fractionnement des pensions. Je pense qu'il faut examiner un certain nombre de choses pour que les femmes d'aujourd'hui ne deviennent pas les pauvres de demain — comme ces personnes âgées dont vous nous avez parlé.
Je passe maintenant à Mmes Lévesque et Desjardins.
Si nous pouvions constituer une solide infrastructure sociale, je crois que l'augmentation du salaire minimum, les logements sociaux, les services d'éducation, les services de garde d'enfants, la formation supplémentaire, tout cela aiderait beaucoup les femmes en termes de stabilité et de sécurité du revenu. À cet égard — j'imagine que l'éducation est un élément, et vous pourriez sans doute en nommer d'autres —, qu'est-ce qui les aiderait non seulement à assurer leur stabilité financière aujourd'hui, mais aussi à se constituer une pension adéquate pour la retraite? Nous ne pensons pas seulement à la sécurité économique pendant la période active, mais aussi pendant la vieillesse, pour que les femmes ne soient pas dans la même situation que celles dont nous venons de parler.
Outre des logements abordables, des services de garde, etc., je me demande si vous voyez d'autres aspects à intégrer pour aider les femmes — en particulier les femmes célibataires ou chefs de famille monoparentale — qui travaillent aujourd'hui.
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Il est certain que nous avons été invités ici à la demande de membres du comité parce que vous vous étiez rendu compte, au comité, que le présent des jeunes femmes influençait beaucoup leur avenir. On a lu vos documents. On a fait nos devoirs.
Alors, il est certain que c'est dans ce sens qu'on parle d'avoir des conditions de vie meilleures, une meilleure accessibilité aux études, une meilleure accessibilité à l'emploi aussi. Donc, il faut des mesures de conciliation famille-travail et aussi des programmes adéquats de soutien de la famille. Bien sûr, tous ces éléments vont faire en sorte que les femmes monoparentales qui auront eu les moyens d'accéder au travail plus tard vont voir leur situation s'améliorer. Cependant, je pense qu'il ne faut pas non plus laisser tomber les femmes qui n'auraient pas eu cette chance, les femmes qui auraient été longtemps des assistées sociales. Je pense qu'il faut aussi ajuster les pensions, les prestations des pensions de vieillesse et le Supplément de revenu garanti, entre autres.
Il faut aussi prévoir des mesures pour les femmes qui n'auraient pas eu la chance de se trouver un emploi bien rémunéré. Les emplois de qualité bien rémunérés ne courent pas nécessairement les rues. Particulièrement, quand on a de jeunes enfants, on passe souvent d'un emploi à un autre, car les employeurs sont réticents à nous donner des postes parce que, justement, on a des difficultés. Si l'enfant est malade, c'est nous qui sommes les premières répondantes.
Veux-tu ajouter quelque chose?
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Merci, madame la présidente.
Merci beaucoup de votre présence ici aujourd'hui. C'est très important.
On voit les deux extrémités de la courbe: les jeunes femmes, mères de famille, chefs de famille monoparentale, et les femmes âgées qui arrivent à la fin de leur vie. On voit qu'il n'y a pas beaucoup de différence entre les deux situations. La pauvreté est la même. La pauvreté subsiste et continue d'exister, même jusqu'à un âge très avancé.
Madame McGowan, j'ai eu le privilège de codiriger une coopérative de services de soutien à domicile durant une dizaine d'années et je connais très bien ce dont vous parlez. Ce que vous faites est très important, et je vous remercie de le faire. Cependant, je crois qu'il n'y a pas assez d'agences comme la vôtre pour pouvoir répondre aux nombreux besoins qui sont exprimés, car la population vieillit beaucoup.
J'aimerais vous poser une question. Que faudrait-il pour qu'il y ait plus d'agences aptes à répondre aux besoins? Comment pourrait-on profiter d'un nombre d'agences supplémentaires? Croyez-vous que ce soit vraiment nécessaire? Croyez-vous que la population y gagnerait, tant sur le plan monétaire — parce que les gouvernements s'inquiètent toujours de cet aspect — que social? Croyez-vous que les femmes et les hommes âgés pourraient en profiter?
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Tout à fait. C'est une question merveilleuse, et j'ai un plan, mais il me faudra plus que dix minutes pour l'expliquer.
Je crois sincèrement qu'il devrait y avoir des services de soutien communautaires universels dans tout le pays. Cela permettrait d'éliminer certains des cloisonnements actuels. Sur le plan financier, cela serait excellent. Regardez le système, tout cet argent que les contribuables versent dans le même compte et qui est redistribué, les deux tiers de nos clients qui vivent chez eux auraient droit à un lit subventionné dans un centre d'hébergement, à 700 $ par semaine. Pourtant nous les gardons à la maison pour 22 $ par semaine. Il y a donc cet immense écart, et cet argent pourrait être beaucoup mieux utilisé que pour payer des places dans les centres d'hébergement. Si l'on investissait dans le soutien communautaire, moins de personnes devraient se tourner vers les établissements de santé et de soins de longue durée, plus coûteux.
J'ai apporté une étude réalisée par Neighbourhood Link en collaboration avec l'Université de Toronto et Ryerson. Malheureusement, elle est uniquement en anglais, mais je crois que le sommaire sera traduit et distribué aux membres du comité. Cette étude porte spécifiquement sur le logement supervisé, mais on peut certainement l'élargir aux services offerts dans la collectivité.
Je ne sais pas si j'ai fait le tour de la question. Si quelqu'un était jugé admissible à une place dans un foyer entièrement subventionné, à 700 $ par semaine, et que l'on disait à l'organisme communautaire que le gouvernement le financera jusqu'à concurrence de 60 p. 100 de ce montant pour garder cette personne à domicile, quels que soient ses besoins — Dans un cas, ce sera des services de transport et des mesures d'aide personnelle, dans un autre, des soins de santé et des services ménagers, etc. Vous pouvez consacrer jusqu'à 60 p. 100 aux besoins que le client a exprimés et pour lesquels le travailleur prend des dispositions, par exemple. En l'absence d'organismes communautaires comme le mien et les nombreux organismes de la région d'Ottawa, il y a déjà de bons organismes communautaires qui aident les nouveaux arrivants, les jeunes ou les familles, quel que soit le problème, et ce sont eux qui sont le plus à même de fournir également des services aux personnes âgées.
L'absence de services pour les personnes âgées à Hamilton ne signifie pas qu'il n'y a pas de bons organismes communautaires. Il est préférable de se tourner vers un organisme qui existe déjà et qui est enraciné dans la collectivité que d'essayer d'en créer de nouveaux, parce qu'alors on continuera de cloisonner le domaine.
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Merci, madame la présidente.
Merci d'être venues. Il est utile d'entendre les conseils de spécialistes.
Je veux poser des questions à toutes, mais je commencerai par Mme McGowan.
En juin 2006, le porte-parole du NPD dans les dossiers des personnes âgées a proposé ce que nous avons appelé la charte des citoyens aînés. Cette charte comprend entre autres éléments la sécurité du revenu, la protection des pensions, l'indexation du revenu public, l'accès à des logements abordables, l'accès à des services de santé universels, y compris les soins primaires, les soins à domicile, les soins palliatifs, les soins gériatriques, l'assurance-médicaments, les services pharmaceutiques et dentaires gratuits en plus de l'accès à des activités récréatives abordables, à l'éducation, à la formation, aux programmes et services gouvernementaux et à des services de réunification des familles pour les immigrantes.
Que pensez-vous de cette idée? Adopteriez-vous cette charte des aînés pour aider les femmes âgées? Y aurait-il des avantages à le faire?
Madame Desjardins, madame Lévesque, j'ai deux ou trois questions pour vous.
J'ai bien aimé ce que vous disiez au sujet d'aider les familles, surtout les familles monoparentales, en matière d'éducation et, bien sûr, pour qu'elles aient des salaires, des traitements... un revenu suffisant. Je me demande si vous avez aussi envisagé les obstacles pour les femmes, l'accès à l'assurance-emploi et certains problèmes propres aux femmes en milieu de travail, notamment le harcèlement et certaines formes de violence.
Deuxièmement, vous avez parlé de la nécessité d'un salaire minimum. Pensez-vous que le gouvernement fédéral devrait relever le salaire minimum fédéral pour donner l'exemple aux provinces et faire preuve de leadership?
Êtes-vous favorables à une équité salariale proactive, pour que les femmes aient accès à un revenu suffisant?
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En ce qui concerne les familles recomposées, il faut qu'elles soient recomposées pendant longtemps. Plusieurs familles se recomposent, mais elles se décomposent parce que plus il y a d'enfants, plus les facteurs sont difficiles, selon l'état de la relation, de la rupture, etc.
Mais sur le plan économique, c'est certain qu'une première rupture, en général, dans 90 p. 100 des cas, appauvrit surtout la femme. Il y a des hommes qui s'appauvrissent aussi, mais comme on sait qu'il n'y a pas d'équité salariale, ce sont les femmes, en majorité, qui se retrouvent dans la pauvreté.
S'il survient une deuxième union, cela mène à des situations particulières. Par exemple, on peut perdre les allocations familiales, si la famille est recomposée. Souvent, les allocations familiales sont basées sur le revenu de la famille. Alors, lorsque les femmes se remarient ou ont une deuxième union, elles perdent effectivement de l'argent. Il y a une économie d'échelle parce qu'elles habitent avec quelqu'un, mais en même temps, elles perdent sur le plan du revenu, c'est évident. Il y a des choses à revoir en ce qui concerne la fiscalité, parce qu'une famille recomposée, c'est différent, bien que ce soit une famille.
Dans les cas où il a une deuxième, troisième ou quatrième union et qu'on doit payer des pensions alimentaires après chacune de ces unions, évidemment, cela appauvrit l'ensemble des couples, c'est certain, plus particulièrement les femmes. Ce n'est pas parce que qu'on en est à une deuxième union qu'on ne doit plus avoir une pension alimentaire pour les enfants. Parfois, les pères vont essayer de retourner devant la cour pour faire diminuer le montant de la pension alimentaire, ce qui fait que ces femmes subissent effectivement une baisse de revenu. Il y a donc différentes situations, et les familles recomposées, en général, ne sont pas très riches non plus.
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Merci beaucoup. J'essayais de poser une question.
Permettez-moi de demander à madame Lévesque et à madame Desjardins, en fait à tous nos témoins, ce qu'elles pensent de la réforme des pensions. La réforme des pensions doit se faire, même si nous offrons de l'éducation, des logements sociaux et tous ces autres services aux femmes aujourd'hui.
Je propose six éléments. Vous pourriez peut-être me dire lesquels vous jugez intéressants.
Les REER ne sont pas utiles au Canadien moyen. Je pensais élargir le Régime de pensions du Canada ou le fusionner d'une façon quelconque. Il pourrait y avoir une mesure d'exception pour les années passées à élever les enfants ou à prendre soin de quelqu'un; nous offrons certains avantages aux femmes qui élèvent des enfants, mais pas à celles qui dispensent des soins. Nous pourrions fractionner les pensions au moment du départ à la retraite, relever le seuil du SRG, verser le SRG au conjoint qui gagne le moins, s'il n'y a pas de fractionnement, et s'il y a fractionnement, alors cela n'a pas d'importance. Nous voulons permettre aux mères qui restent à la maison de souscrire au RPC ou à un autre régime de retraite.
Quelle combinaison de ces éléments — un ou deux — selon vous —? Y avez-vous réfléchi —? Cela est important. Nous parlons de —
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Merci, madame la présidente.
Je tiens à remercier nos témoins pour les exposés fort bien structurés qu'ils ont présentés cet après-midi.
Une de mes questions est un peu un leitmotiv; et elle s'adresse tout d'abord à nos témoins du Québec.
Je me réjouis de vous voir ici. Vous avez beaucoup parlé de questions qui, à mon avis, relèvent en grande partie des compétences provinciales, essentiellement les soins à domicile et les services sociaux. Je crois que lorsque madame Desjardins parlait de l'éducation en particulier, elle a fait remarquer que la meilleure façon de procéder était de recourir à des transferts. Même l'exposé de madame McGowan m'a donné l'impression qu'un besoin pressant se faisait sentir dans ce domaine. Je n'en disconviens pas. Il est effectivement indispensable que ce genre de programmes sociaux existe afin d'aider les membres les plus vulnérables de notre société. Je souhaiterais que vous fassiez l'une et l'autre un commentaire de caractère général à ce sujet.
Ne serait-il pas préférable que le gouvernement fédéral s'assure que les provinces disposent de l'argent dont elles ont besoin et qu'il leur laisse le soin de gérer ces programmes? Elles sont en prise plus directe avec la situation. Je m'inquiète lorsque l'on commence à parler d'un programme national. Croyez-moi — il y a 14 mois que je suis ici, et sans vouloir faire de critiques, je dirais qu'il est indiscutable que les programmes nationaux peuvent devenir très coûteux sur le plan administratif. À cela s'ajoute le fait qu'une trop grande distance les sépare de la prestation proprement dite de ces programmes aux citoyens.
Un des thèmes les plus importants du budget de cette semaine était le souci d'assurer une meilleure répartition de ces transferts et la mise de cet argent à la disposition des provinces de manière à ce qu'elles puissent faire elles-mêmes ce travail. Comme la présentation du budget ne date que de lundi, je me demande si vous pensez que cela facilitera les choses dans ce domaine, en particulier pour le Québec. Je crois que le nouveau transfert était de l'ordre de 3,5 milliards de dollars.
Madame.
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Merci, madame la présidente.
Merci, mesdames, d'être ici. Je suis heureuse de rencontrer à nouveau celles d'entre vous que je connaissais bien dans une autre vie.
Bonjour, madame McGowan. Vous avez dit que les institutions n'étaient pas bonnes pour les personnes. Pouvez-vous nuancer votre propos? À mon avis, les institutions ne sont pas bonnes si les gens n'y ont recours qu'en dernier ressort. Mais quand une personne est rendue à un point où elle a vraiment besoin de l'aide de l'institution, il est important qu'elle l'obtienne. Il est évident que votre organisation, en permettant aux gens de rester chez eux beaucoup plus longtemps, amène un regard beaucoup plus intéressant et peut être importante pour les gens qui désirent demeurer à la maison. Il faut tenir compte du désir d'une personne de demeurer dans son milieu d'origine pour son bien-être. J'aimerais entendre vos commentaires là-dessus.
Madame Lévesque et madame Desjardins, depuis le temps qu'on parle de lutte contre la pauvreté, on voit que rien ne bouge, finalement. Des mesures sont prises à droite et à gauche et quand on bouge à gauche, ça bifurque à droite.
Est-ce parce qu'on n'a pas encore réussi, en tant que femmes, à faire prendre conscience de la situation de pauvreté dans laquelle on se trouve collectivement et à faire en sorte que des mesures viennent réellement corriger la situation? On a vraiment l'impression que tout ce qu'on fait, c'est d'aider les gens à mieux vivre la pauvreté, alors que le but de toutes ces luttes était de faire sortir les gens de la pauvreté et qu'ils n'y retournent pas.
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J'aimerais parler davantage du salaire minimum. Nous vous avons présenté aujourd'hui la version courte de notre mémoire, puisqu'on avait seulement 10 minutes pour ce faire. Bientôt, vous aurez la version intégrale et traduite dans votre langue.
À l'automne 2006, M. Harry W. Arthurs, de la Commission sur l'examen des normes du travail fédérales, a déposé un rapport qui traitait entre autres du salaire minimum. Ce rapport recommandait qu'en 2006, le salaire minimum au Canada soit de 10,22 $ l'heure. Pourtant, ce n'est pas un groupe de gauche. Cette commission s'est penchée sur la question et a déterminé qu'il était plus rentable sur le plan social d'augmenter le salaire minimum. C'est un argument très fort. Je ne pourrais pas parler de l'étude en détail, parce que je ne l'ai pas lue de la première page à la page 203.
L'augmentation du salaire minimum est certes un élément clé. Il faut faire le lien entre les augmentations des prestations d'aide sociale et l'augmentation du salaire minimum. Souvent, on entend l'argument à l'effet que si on augmente trop les prestations d'aide sociale, celles-ci seront trop proches du salaire minimum et que, par conséquent, cela n'incitera pas les gens à cesser de toucher de l'aide sociale et à participer au marché du travail. C'est du moins ce qu'on entend au Québec. Cela vient renforcer notre argument en faveur de l'augmentation du salaire minimum.
Au Québec, le fait de gagner le salaire minimum et de travailler 40 heures par semaine ne permet même pas de sortir de la pauvreté. Il faut se poser de sérieuses questions.
Il y a une assez large gamme de services complets aux personnes âgées. Il existe des services sociaux récréatifs pour la personne âgée en bonne santé. Vous savez, le genre d'endroit où l'on va faire du tai chi, jouer au cribbage, etc. Il y a aussi toutes sortes de types et de variétés de repas collectifs. Le terme repas collectif paraît bien froid, mais nous avons des programmes de petits-déjeuners, de dîners et de soupers et aussi des clubs de dîner. Ce sont des formules appréciées, car partager ses repas avec d'autres personnes est quelque chose de fondamental, et l'on a tendance à ne pas très bien manger lorsqu'on est toujours seul. On mange peu, et les repas n'offrent jamais beaucoup de variété.
À un niveau plus élevé, il y a l'aide personnelle. Vous avez besoin d'une aide personnelle pour faire votre lessive, faire vos courses et pour assurer votre transport. Le transport est extrêmement important car c'est un besoin fondamental. Si vous ne pouvez pas vous rendre chez votre médecin, vous êtes obligé d'appeler l'ambulance et vous vous retrouvez au service d'urgence. Vous savez, c'est comme ça que ça se passe. Si vous ne rendez pas régulièrement visite à votre docteur, si vous ne pouvez pas faire exécuter une ordonnance à la pharmacie, vous retombez malade. Il faut alors vous rabattre sur les transports en commun.
Ce qu'il faudrait, c'est une formule de logement avec des services de soutien, où l'unité est désignée et où des préposés aux soins personnels viennent régulièrement, ou bien des programmes de jour pour adultes à l'intention des personnes souffrant de démence. Vous ne devriez pas être placé dans un foyer de soins infirmiers dès que la maladie d'Alzheimer a été diagnostiquée chez vous. C'est une maladie évolutive et en tout cas, aux premiers stades de celle-ci, les malades sont parfaitement capables de demeurer dans la collectivité. Il y a aussi, bien entendu, les services de repas à domicile.
Le plus important c'est ce que nous appelons le service d'intervention et d'aide aux clients. Dans ce service, un travailleur communautaire regroupe tous les éléments, collabore avec le client afin de déterminer les besoins de celui-ci, trouve où le service est disponible si l'agence ne le fournit pas, et coordonne le tout.
Et parfois, vous savez, comme je le dis, il ne s'agit pas, à strictement parler, de soins de santé. Nous avons un client qui vendait autrefois de la crème glacée à Maple Leaf Gardens, et son seul désir était d'y retourner pour y voir un match de hockey. Croyez-moi, il n'a pas été difficile de trouver des volontaires pour l'accompagner et, soit-dit en passant, les billets ont été offerts par Maple Leaf Gardens. Cela a fait le bonheur de ce client.
Cela explique-t-il les choses? Vous avez besoin d'un groupe de services et vous avez besoin du travailleur communautaire pour les coordonner.