Monsieur le président, distingués membres du comité, permettez-nous d'abord de nous présenter.
Je suis le docteur Pierre Maurice et je suis expert en prévention des traumatismes de l'unité scientifique, Sécurité et prévention des traumatismes, de l'Institut national de santé publique du Québec. Je suis accompagné de M. Étienne Blais, qui est criminologue au sein de mon équipe et professeur adjoint à l'École de criminologie de l'Université de Montréal. M. Blais a développé au cours des dernières années un programme de recherche sur la prévention des traumatismes par arme à feu.
Nous vous remercions de nous offrir l'occasion de présenter notre analyse du projet de loi . C'est après avoir constaté que le débat entourant le Registre canadien des armes à feu était presque uniquement axé sur les enjeux de la criminalité que nous avons voulu être entendus auprès de ce comité. En effet, l'enjeu entourant le projet de loi C-391 dépasse largement la problématique de la criminalité, et c'est pourquoi il nous apparaît essentiel aujourd'hui de situer le débat également dans une perspective de santé publique. Cette dernière nous amène à considérer les conséquences possibles de ce projet de loi sur l'ensemble des décès et blessures liés aux armes à feu et non pas uniquement ceux relatifs à la criminalité.
À ce chapitre, précisons d'entrée de jeu que les suicides sont de loin la première cause de décès par arme à feu au Canada, lesquels représentent plus de 75 p. 100 du total des décès liés à ce type d'armes. La plupart de ces décès impliquent des armes à feu sans restriction. Globalement, les données démontrent que la problématique des décès liés aux armes à feu concerne surtout les personnes aux prises avec des problèmes personnels, conjugaux, ou des problèmes de santé mentale, plutôt que le milieu criminel. Il ressort également que le domicile est le principal lieu où surviennent ces décès, ce qui en fait un lieu d'intervention important dans une perspective de prévention.
De nombreuses études ont démontré que l'accessibilité aux armes à feu constituait un facteur de risque important de suicide, d'homicide et de décès accidentel. C'est pour cette raison que le Programme national de santé publique du Québec comprend une mesure spécifique pour soutenir l'élaboration et l'application de mesures législatives et réglementaires visant à rendre les armes à feu moins accessibles aux personnes susceptibles d'en faire un mauvais usage.
Au cours des 30 dernières années, plusieurs mesures ont été mises en oeuvre par le Parlement canadien pour contrôler les problèmes associés aux armes à feu. La plupart de ces mesures portent sur le contrôle des armes à feu sans restriction, c'est-à-dire les carabines et les fusils de chasse. C'est depuis 1998, à la suite de l'adoption du projet de loi C-68, que tous les propriétaires de ce type d'armes sont obligés de détenir un permis de possession d'armes à feu et d'enregistrer chacune des armes qui sont en leur possession.
Dans une perspective de santé publique, il faut se poser la question suivante: est-ce que les mesures mises en vigueur à la suite de la mise en vigueur du projet de loi C-68 ont permis de réduire le nombre de décès liés aux armes à feu? Une étude récente a permis d'évaluer cet effet en tenant compte de la tendance à la baisse observée depuis 1974 en ce qui concerne les taux d'homicide et de suicide, ainsi que de l'effet concomitant d'autres facteurs associés aux décès par arme à feu.
Les résultats observés démontrent que l'entrée en vigueur du projet de loi C-68 est associée à une diminution de 250 suicides et de 50 homicides par arme à feu en moyenne chaque année au Canada. Les résultats de cette étude démontrent également qu'aucun effet de substitution n'a été observé à la suite de la mise en oeuvre du projet de loi C-68, c'est-à-dire que la baisse du nombre de suicides et d'homicides par arme à feu n'a pas été compensée par une augmentation du nombre de suicides et d'homicides commis par d'autres moyens.
En se fondant sur les données disponibles concernant les coûts directs et indirects associés aux décès par arme à feu, on estime à plus de 400 millions de dollars par année les coûts épargnés qui sont reliés à la diminution de 300 décès associée à l'entrée en vigueur du projet de loi C-68. Il importe de rappeler que les deux principales mesures mises en oeuvre à la suite de la mise en oeuvre du projet de loi C-68 sont l'obligation pour tous les propriétaires d'armes à feu sans restriction de détenir un permis de possession d'arme et l'obligation d'enregistrer chacune des armes qui sont en leur possession. L'efficacité de la loi est liée à l'interaction de ces deux mesures. De façon plus spécifique, le permis et l'enregistrement permettent de lier chaque arme à son propriétaire, ce qui a pour effet d'inciter les propriétaires d'armes à feu sans restriction à respecter les règlements en vigueur concernant l'entreposage, la vente, le prêt ou le don d'une arme à feu.
Cette possibilité de lier chaque arme à son propriétaire permet également de soutenir les policiers dans l'exercice de leurs fonctions, par exemple lors de l'exécution d'une ordonnance d'interdiction de possession d'arme à feu. Ces effets sur les propriétaires et les policiers ont pour résultats de diminuer le nombre d'armes à feu sans restriction mal entreposées, perdues ou égarées et, ce faisant, de rendre ce type d'arme moins facilement accessible aux personnes susceptibles d'en faire une mauvaise utilisation. Cela est important, sachant que l'accès à une arme à feu est reconnu depuis longtemps dans la documentation scientifique comme un facteur de risque important de suicide et d'homicide par arme à feu, l'arme étant un facteur qui facilite le passage à l'acte chez ceux enclins à commettre un suicide ou un homicide.
L'efficacité de ces deux mesures, le permis et l'enregistrement, est également due au fait qu'elle vise tous les propriétaires d'arme à feu sans restriction, ce qui permet d'agir sur toutes les armes appartenant à cette catégorie.
En conclusion, considérant que: la grande majorité des décès liés aux armes à feu sont des suicides et n'impliquent pas le milieu criminel; que l'entrée en vigueur du projet de loi C-68 est associée, en moyenne, à une diminution de 300 décès par arme à feu, chaque année, au Canada, dont 250 suicides; que l'enregistrement obligatoire des armes à feu sans restriction est une des principales mesures implantées à la suite de l'adoption du projet de loi; que le système canadien d'enregistrement des armes à feu sans restriction est maintenant bien implanté et fonctionnel; que la plupart des armes à feu sans restriction présentement en circulation au Canada ont déjà été enregistrées; que le coût actuel de fonctionnement du système d'enregistrement est relativement faible — on parle de 9 millions de dollars, au regard des 300 vies sauvées et de coûts ainsi évités, d'environ 400 millions de dollars chaque année depuis l'entrée en vigueur du projet de loi C-68 —; que le fait d'enregistrer une arme à feu sans restriction n'empêche pas l'utilisation légitime de cette arme par son propriétaire pour la chasse ou le tir, mais vise plutôt à rendre les armes à feu sans restriction moins accessibles aux personnes susceptibles d'en faire un mauvais usage, l'Institut national de santé publique du Québec formule la recommandation suivante: maintenir intégralement les mesures de contrôle des armes à feu implantées à la suite de l'adoption du projet de loi C-68, incluant l'obligation pour tous les propriétaires d'armes à feu sans restriction d'enregistrer chacune des armes possédées.
En résumé, d'un point de vue de santé publique, c'est comme si la société canadienne disposait d'un médicament permettant d'éviter 300 décès par année. Deux ingrédients importants entrent dans la composition de ce médicament. Dans le cas présent, il s'agit du permis et de l'enregistrement. Il nous semble périlleux de changer la composition de ce médicament en l'amputant d'un de ses ingrédients importants, d'autant plus que les effets secondaires associés à l'enregistrement des armes à feu sont minimes.
Merci de votre attention.
Je m'appelle William Blair et je suis le chef du service de police de Toronto.
Tout comme les autres chefs au Canada, j'ai été policier sur le terrain pendant des dizaines d'années. Je fais partie du service de police de Toronto depuis le 1er novembre 1976, et au cours des 33 dernières années, j'ai occupé pratiquement toutes les fonctions policières possibles. J'ai travaillé dans certains des quartiers les plus durs des grandes villes du pays. J'ai passé des années comme agent d'infiltration au sein de l'escouade antidrogue. J'ai aussi fait partie de la brigade des attaques à main armée et j'ai mis sur pied des unités de lutte contre la narcocriminalité, de même que notre escouade contre les armes à feu et les gangs.
Pendant trois ans, j'ai été commandant de toutes les unités de détectives à Toronto, dont la brigade des homicides, l'unité sur les crimes sexuels, l'escouade antidrogue de Toronto et nos services du renseignement. En 2005, j'ai été nommé chef du service de police de Toronto; du coup, j'ai accepté la responsabilité législative d'assurer la sécurité des 2,7 millions de Torontois et de mes 5 600 agents. C'est une responsabilité que je prends très au sérieux.
Cette responsabilité consiste en partie à fournir aux agents tous les outils, toute la formation et toutes les ressources dont ils ont besoin pour faire leur travail de manière efficace et en toute sécurité. Le Registre canadien des armes à feu est l'un de ces outils.
Depuis ma nomination, le service de police de Toronto a mis en place l'une des plus grandes escouades intégrées contre les armes à feu et les gangs en Amérique du Nord, parmi les premières sur le continent. Nous travaillons dans un milieu d'enquête intégré en partenariat avec, entre autres, l'Équipe nationale de soutien à l'application de la Loi sur les armes à feu de la GRC, l'Unité provinciale de contrôle des armes de la Police provinciale de l'Ontario et tous les services de police régionaux de la région du Grand Toronto. L'escouade est l'une des unités d'enquête les plus efficaces dans le domaine de la violence armée au Canada. Elle a mené quelques-unes des plus importantes enquêtes sur les gangs en Amérique du Nord et a l'un des taux de succès les plus élevés. Son expertise est reconnue à l'échelle internationale. Elle se sert du registre des armes à feu chaque jour.
L'escouade me dit qu'elle a besoin de l'information que contient le registre pour faire son travail, pour élucider des crimes et poursuivre des délinquants en justice. Elle s'en sert pour contrôler l'offre d'armes à feu légales et pour retracer l'origine de toutes les armes ayant servi à commettre un crime.
Les enquêteurs chargés du dossier de la violence familiale consultent régulièrement le registre pour déterminer la quantité et le type d'armes enregistrées au nom d'une personne impliquée dans une dispute susceptible de devenir violente; dans un tel cas, ils pourront obtenir un mandat relatif à la sécurité publique en vue de retirer ces armes de la circulation. Ils savent que ce genre d'effort a déjà sauvé des vies et permis d'éviter des tragédies. La diminution des cas de violence familiale armée prouve qu'ils ont raison.
Les enquêteurs criminels vérifient régulièrement le registre pour déterminer l'origine des armes qui sont saisies et le nom du propriétaire. Ils l'utilisent pour obtenir des preuves en vue de poursuites au criminel, pour identifier une arme volée et la remettre à son véritable propriétaire, pour résoudre des crimes graves. Ils l'utilisent chaque jour.
Dans mon service, les agents me disent qu'ils ont besoin des renseignements que contient le registre pour faire leur travail. Les répartiteurs vérifient régulièrement les adresses pour donner aux premiers intervenants des renseignements qui les garderont du danger. Les agents de première ligne demandent à ce que le registre soit vérifié dans une situation qui pourrait s'avérer dangereuse. Les agents des unités tactiques consultent le registre pour déterminer la quantité et le type d'armes auxquelles ils ont des chances d'être confrontés lorsqu'ils doivent forcer la résidence d'une personne qui s'est barricadée ou lorsqu'ils doivent exécuter un mandat de perquisition.
Ces vérifications ne sont pas faites, comme on l'a suggéré, par ordinateur. Elles sont demandées par des policiers qui tiennent à avoir des renseignements précis et fiables pour accomplir leur travail. Ils savent que le registre des armes à feu est un outil qui les aide à faire leur travail de manière efficace et en toute sécurité.
Ils m'ont demandé de les représenter devant vous et de vous demander en leur nom de ne pas leur enlever l'accès aux renseignements que contient le registre. Le syndicat de la police de Toronto, qui représente leurs intérêts, est lui aussi un grand défenseur du registre. Il sait que les renseignements qu'il contient permettent de protéger ses membres du danger. Nous connaissons tous sa valeur et nous tenons à ce que vous le sachiez aussi.
Nous connaissons également les limites de tout système d'information à l'appui du travail des policiers. Les renseignements doivent être vérifiés. Le renseignement criminel est à l'image de sa source, ni meilleur ni pire, et on doit toujours le mettre en contexte. La base de données du registre des armes à feu est un des outils qui existent. Elle ne permet pas de prévenir ni d'élucider tous les crimes, non plus qu'elle peut garantir la sécurité de chaque policier. Personne ne s'attend à ça. Mais nous nous attendons à avoir accès aux meilleurs renseignements, et aux plus précis. Nous demandons l'accès aux renseignements contenus dans le registre des armes à feu.
Comme tous les outils que nous utilisons, le registre des armes à feu n'est ni parfait, ni efficace dans toutes les situations. Ce ne sont pas tous les criminels qui enregistrent leurs armes. Il y aura des infractions à la loi. Le registre ne permettra pas de dissuader tous les criminels ni d'élucider tous les crimes. La police n'a jamais prétendu que c'était le cas. Ce que nous prétendons, forts de l'autorité que nous confère l'utilisation quotidienne des renseignements contenus dans le registre, c'est que c'est un outil qui nous aide à faire notre travail. Les criminels n'enregistrent pas tous leurs armes, c'est bien d'accord, mais grâce au registre, nous pouvons déterminer l'origine de l'arme d'un criminel. Nous pouvons les tenir responsables, eux et les personnes qui leur ont fourni ces armes.
Le registre nous fournit des renseignements, des preuves. Il rend les propriétaires d'armes responsables et il les encourage à s'occuper de leurs armes de manière responsable. C'est un outil précieux qui reste malgré tout faillible. Ce n'est évidemment pas le seul outil dont nous avons besoin, et personne ne prétend que c'est une panacée. C'est néanmoins un outil important.
De même, aucune loi, aussi détaillée et bien rédigée soit-elle, ne peut prévenir tous les crimes. Aucune peine minimale, aussi sévère et certaine soit-elle, ne peut dissuader tous les criminels à l'esprit violent. Aucun investissement dans la collecte de renseignements criminels ne garantira notre sécurité. Même la certitude absolue d'être arrêté et envoyé en prison ne dissuade pas tous les criminels. Je le répète, aucune personne sensée ne ferait une telle suggestion.
En 2009, j'ai été élu président de l'Association canadienne des chefs de police. Parmi nos membres, on compte des chefs de police et des membres supérieurs des services de police de toutes les tailles et de toutes les régions du Canada, comme les commissaires de la GRC, de la Police provinciale de l'Ontario et de la Sûreté du Québec, de même que des chefs des services policiers des grandes villes comme des petites.
Depuis 1905, les chefs de police du Canada entier rassemblent leurs forces au sein de l'Association canadienne des chefs de police pour promouvoir la sécurité publique. Depuis plus d'un siècle, nos contributions et notre appui ont été prisés et recherchés par les gouvernements successifs du pays.
La légitimité de l'ACCP en tant que voix nationale et rassurante en matière de leadership policier au Canada n'a jamais été remise en question auparavant. L'intégrité de nos membres et notre engagement à assurer la sécurité de leurs communautés et des agents qui y travaillent sont acceptés et reconnus dans les villes et les municipalités d'un bout à l'autre du Canada.
En tant que président de l'ACCP, il en va de ma responsabilité de faire valoir les positions adoptées collectivement par nos membres. Depuis 1974, l'ACCP plaide en faveur des outils qui nous permettront d'enrayer efficacement la violence armée.
En 1994, l'ACCP a adopté une résolution demandant au gouvernement du Canada de promulguer des lois exigeant l'enregistrement de toutes les armes à feu, y compris des armes d'épaule. L'ACCP n'a jamais dérogé à cette position. Cela ne veut pas dire que nous sommes en faveur des dépenses inutiles; nous ne le sommes pas. L'ACCP reconnaît que la Loi sur les armes à feu n'a pas été mise en oeuvre efficacement.
Avant 2005, nos membres s'étaient également dit irrités du coût du programme des armes à feu et de son manque d'efficacité apparent. Par exemple, en janvier 2003, le commissaire Fantino a exprimé sa frustration à l'égard du système. C'était il y a plus de sept ans. Aujourd'hui, la Police provinciale de l'Ontario qu'il dirige se sert du registre plus de 1 500 fois par jour. Elle le fait de façon très efficace. Elle s'en sert pour rendre la province plus sûre pour tous les Ontariens.
Le fonctionnement du registre des armes d'épaule s'est nettement amélioré depuis que cette responsabilité a été transférée à la GRC en 2006. Celle-ci s'est tout de suite attaquée à la création d'un système plus efficace et économique. Le registre des armes d'épaule coûte aujourd'hui 4,1 millions de dollars par année. La GRC a simplifié le processus d'enregistrement des armes pour les Canadiens. L'information consignée au registre est maintenant plus accessible et plus fiable. Les enquêteurs et les agents de première ligne ont maintenant accès à une meilleure formation en ce qui a trait à l'information figurant au registre. La GRC a élaboré des outils d'établissement de rapports dont se servent les services policiers pour encourager l'utilisation responsable des armes à feu par leurs propriétaires. Elle a rendu possible l'application des ordonnances d'interdiction et la révocation des permis en fournissant des renseignements précis et fiables quant au nombre, au type, au calibre et aux numéros de série d'armes en possession de personnes réputées dangereuses. Sans cette information du registre, les policiers n'auraient aucun moyen de déterminer quelles armes ont véritablement été enregistrées par une personne à qui il est interdit d'en posséder. La loi nous permet de saisir ces armes à feu mais, en l'absence du registre, nous n'aurions aucun moyen de déterminer qu'elles existent.
Ce n'est pas un hasard si les quelques détracteurs au sein des forces de l'ordre — sur lesquels s'appuie d'ailleurs le lobby des armes à feu — sont des gens qui ont pris leur retraite il y a au moins cinq ans ou qui n'ont pas d'expérience récente de l'utilisation de la base de données du registre des armes à feu. Ils ne savent pas comment fonctionne le registre. Ils ne l'ont jamais utilisé, mais ils savent qu'ils le réprouvent. Personne ne devrait se leurrer au point de penser se faire la voix de la majorité silencieuse des policiers en service au Canada.
Les policiers sont parfaitement capables d'exprimer leurs propres opinions. Nous le faisons individuellement et nous sommes nombreux à le faire, en dépit de déclarations clairement erronées comme quoi les chefs ont muselé tous ceux parmi leurs rangs qui ont des opinions divergentes. Quiconque oserait avancer l'idée voulant que les syndicats policiers sont complices de la suppression des préoccupations légitimes des policiers ne connaît pas grand-chose à propos des policiers ou espère du moins avoir affaire à quelqu'un qui en sait peu.
Le plus souvent, nous élisons des représentants qui s'expriment en notre nom. Les chefs de police ont formé des associations pour représenter leurs intérêts nationaux ou régionaux. Les policiers deviennent membres d'associations ou de syndicats qui s'expriment en leur nom. Cette façon de faire fonctionne de façon optimale lorsqu'une majorité écrasante voit d'un même oeil une question considérablement importante liée à la sécurité du public et des policiers.
Le maintien du registre des armes d'épaule est une de ces questions. C'est un enjeu qui a rassemblé peut-être plus que tout autre l'ensemble des dirigeants de services policiers au Canada. C'est un enjeu qui a rassemblé les chefs de services policiers, les associations de policiers et les commissions de police du Canada entier. Nous sommes tous d'avis que l'enregistrement de toutes les armes à feu, y compris des armes d'épaule, est important pour assurer la sécurité des Canadiens et des agents de police.
Nous estimons que le projet de loi C-391 est malavisé et qu'il se fonde sur une incompréhension révolue du système actuel. Nous estimons que l'abolition du registre des armes à feu rendra nos collectivités moins sûres. Nos policiers ne pourront pas lutter aussi efficacement contre les crimes violents. Cette situation fera en sorte d'augmenter le niveau déjà élevé de difficulté et de danger qui caractérise le travail des policiers.
J'ai avec moi aujourd'hui des résolutions et des lettres produites par les associations de chefs de police de toutes les provinces du Canada au sujet du registre des armes à feu. Je vous implore de lire ces résolutions. Elles abondent toutes dans le même sens. De la Colombie-Britannique jusqu'à Terre-Neuve-et-Labrador, les dirigeants et les chefs de police indiquent au Parlement qu'ils appuient le maintien du registre.
Certains sont allés plus loin encore, non seulement en reconnaissant la valeur du registre actuel, mais également en demandant au gouvernement d'en faire davantage. Ils veulent une amélioration du registre. Ils aimeraient que le registre soit encore plus efficace. Ils veulent tenir compte des préoccupations légitimes des propriétaires d'arme à feu respectueux des lois, en éliminant la menace de sanctions criminelles et en établissant un mécanisme de contraventions pour encourager la conformité; l'ACCP appuie cette mesure. Ils veulent de nouveaux outils de recherche et de saisie, des peines plus strictes pour les auteurs de crimes violents perpétrés au moyen d'armes à feu et un meilleur contrôle des armes qui traversent leurs frontières. Ils ne sont pas en faveur du retrait de renseignements utiles auxquels ils avaient auparavant accès.
En plus des résolutions de chacune des associations provinciales des chefs de police, je vous ai fourni des lettres écrites par des chefs de police oeuvrant dans de plus petites collectivités ou dans des collectivités rurales et nordiques. Ils ont manifesté leur appui quant au maintien du registre des armes d'épaule. Ils ont fait connaître leurs opinions auprès de leurs députés. Comme les autres chefs du Canada, ils expliqueront au cours des prochaines semaines aux citoyens qu'ils se sont engagés à appuyer le maintien du registre des armes d'épaule et à s'opposer au projet de loi C-391.
Lorsque les Canadiens entendront leurs chefs de police parler de l'importance du registre pour assurer la sécurité du public, je crois qu'ils en appuieront le maintien.
Je sais aussi que la GRC a mené une vérification interne du programme des armes à feu et qu'elle a évalué son efficacité. Si je ne m'abuse, les rapports indiquent tous deux que le programme des armes à feu offre un excellent rapport coût-efficacité et qu'il est géré de façon efficace. Lorsque les Canadiens auront accès à ce rapport, je crois qu'ils trouveront la réponse à bon nombre des questions qui demeurent en suspens.
Merci beaucoup de m'avoir invitée ici aujourd'hui. Mon nom est Priscilla de Villiers et je travaille depuis 19 ans auprès des victimes d'actes criminels. Mon exposé d'aujourd'hui s'intitule « Coûts liés à la violence commise par arme à feu et répercussions sur les victimes ».
Ces dernières années, dans le cadre des nombreux débats au sujet du registre des armes à feu, nous avons très peu abordé le sujet de l'innommable douleur humaine découlant de l'utilisation criminelle, accidentelle ou auto-infligée des armes à feu. On présente les décès et les traumatismes comme des statistiques, et ce sans tenter d'évaluer l'énormité des pertes causées à notre société, à nos communautés et à nos familles. Il est temps de mettre l'accent du débat non plus sur les « droits » des propriétaires d'armes à feu, mais sur le droit de la population à la sécurité. En particulier, il faudrait reconnaître le rôle des armes à feu acquises légalement dans la violence familiale perpétrée à l'endroit des femmes et des enfants.
Depuis le début, les victimes ont été à l'avant-scène de la lutte visant à renforcer les lois canadiennes sur le contrôle des armes à feu, et nous avons applaudi l'adoption de la Loi sur les armes à feu en 1995. Les mesures adoptées avaient pour objectif de prévenir des tragédies et de prendre en compte les droits des Canadiens à la sécurité. En 1993, nous avons présenté au gouvernement la pétition de Villiers, signée par 2,5 millions de Canadiens. On faisait observer que les crimes violents contre la personne étaient répugnants et que certaines personnes y étaient particulièrement vulnérables, c'est-à-dire les enfants, les femmes et les personnes handicapées.
Bien que nombre de modifications aient été apportées et que des lacunes soient en voie d'être corrigées, il faut en faire encore davantage pour protéger les Canadiens. Nous nous sommes présentés devant un certain nombre de comités, avons parlé aux médias et avons écrit aux élus. Nous avons lutté jusqu'en Cour suprême du Canada afin de défendre nos lois sur les armes à feu et ce n'est pas maintenant que nous allons abandonner.
Bien que nous soyons d'accord avec la proposition d'améliorer certains aspects du système, permettez-moi de vous rappeler que ces améliorations ne doivent pas être apportées aux dépens de la vie de gens. La violence armée constitue un problème social complexe qui nécessite un ensemble complet de solutions. Un contrôle strict des armes à feu fait partie de cette solution. Peu importe le soutien, les services ou les bons mots offerts aux victimes, nous sommes convaincus qu'aucune vie ne devrait être sacrifiée, qu'aucune blessure ne devrait être tolérée et qu'aucune personne vulnérable ne devrait être prise en otage au Canada alors que ces situations pourraient être évitées dans une grande mesure.
Ceux qui comme moi ont souffert veulent éviter que d'autres personnes subissent le même sort. Dans leur forme actuelle, les lois canadiennes sur le contrôle des armes à feu sont le résultat d'au moins six enquêtes publiques ayant souligné l'importance d'obtenir un permis et d'enregistrer les armes comme moyen d'empêcher que des tragédies se produisent dans l'avenir. Les mesures prévues dans la Loi sur les armes à feu constituent d'importants moyens de prévenir la violence.
Je vais aborder certains des faits et des mythes à propos du contrôle des armes à feu au Canada. On dit que les fusils de chasse ne sont pas dangereux. C'est un mythe. Ma fille a été tuée au moyen d'un fusil de chasse, tout comme un nombre trop élevé d'autres victimes. J'ai ici quelques données que vous pouvez consulter.
En 1991, Karen Marquis et ma fille, Nina de Villiers, se sont fait tirer et tuer par un prédateur sexuel qui possédait sa propre carabine, qu'il avait utilisée peu avant pour terroriser et menacer sa victime lors d'une agression sexuelle violente. Il a par la suite retourné son arme contre lui. L'enquête au sujet de sa mort et de celle de cinq autres personnes commandait la création d'un registre des armes à feu. Voici un message clair du coroner au sujet des terribles tragédies de nature criminelle, accidentelle ou auto-infligée: « Ce que nous apprenons dans un cas peut contribuer à sauver la vie de nombreuses personnes. »
Les carabines et les fusils de chasse sont les armes à feu les plus souvent utilisées dans les cas de violence familiale, de suicide, d'accidents et de meurtres d'agents de la paix. Il y a trois mécanismes par lesquels l'accessibilité des armes à feu augmente la violence. Les armes à feu incitent à la violence. Les armes à feu facilitent la violence. Les armes à feu intensifient la violence.
Le fait que les armes puissent être utilisées dans les sports, constituer des objets de collection ou remplir d'autres objectifs ne change en rien leur dangerosité inhérente. Les armes à feu présentes dans les domiciles continuent d'être la principale cause de suicide chez les jeunes hommes, deviennent des armes mortelles dans les cas de violence familiale, servent à intimider et à terroriser les enfants et sont la cause de blessures accidentelles et de décès. Beaucoup de ces cas ne sont jamais signalés publiquement.
Bien qu'il y ait plus de fusils dans les régions rurales et dans l'ouest du pays et que l'opposition au contrôle des armes à feu y soit plus forte, c'est aussi là que les taux de décès et de blessures par armes à feu sont les plus élevés et qu'ils mettent en cause des carabines et des fusils de chasse. Les carabines et les fusils de chasse constituent de puissantes armes qui peuvent se révéler mortelles ou causer de graves blessures lorsqu'elles sont mal utilisées.
Par exemple, un seul fusil semi-automatique, un Ruger Mini-14, a été utilisé pour assassiner 14 jeunes femmes et en blesser 27 autres en 22 minutes à l'École Polytechnique de Montréal. Ce fusil est toujours vendu comme un fusil de chasse sans restriction.
Le deuxième mythe, c'est que le registre ne fonctionne pas; les permis octroyés aux propriétaires de fusils suffisent. Les faits sont les suivants: de fois en fois, des recommandations sont formulées dans le cadre d'enquêtes publiques aux fins de l'obtention de permis et de l'enregistrement des armes. Les responsables de six enquêtes distinctes ont réclamé ces mesures et ont formulé de nombreuses recommandations pour renforcer les processus de sélection et réduire la période de renouvellement. Vous trouverez la liste des enquêtes dans le document.
Les victimes ont mené leur combat jusqu'en Cour suprême du Canada afin de défendre la loi qui a été forgée dans la mort et la misère. En juin 2000, dans une décision rendue à l'unanimité, les neuf juges de la Cour suprême ont indiqué ce qui suit:
Les dispositions relatives à l'enregistrement ne peuvent être retranchées de la Loi. [...] Ces catégories de dispositions de la Loi sur les armes à feu sont étroitement liées au but visé par le Parlement, la promotion de la sécurité par la réduction de l'usage abusif de toutes les armes à feu. Ces deux catégories sont partie intégrante et nécessaire du régime.
La rapporteure spéciale des Nations Unies sur la violence envers les femmes et le rapporteur spécial sur les droits de la personne et les armes légères ont souligné que les États qui ne réglementent pas adéquatement les armes à feu ne remplissent pas leurs engagements en vertu du droit international.
Au Canada, la cour a statué à maintes reprises que posséder une arme à feu est un privilège et non un droit. Nos proches ont aussi des droits. En effet, l'article 7 de la Charte affirme que tout un chacun a le droit à la sécurité de sa personne. Les propriétaires de fusil ont un privilège et ce privilège s'accompagne de responsabilités et d'une obligation de rendre compte.
Il est impossible de contrôler efficacement les armes à feu sans disposer de renseignements sur leurs propriétaires. L'enregistrement des armes à feu responsabilise les propriétaires par rapport à leurs fusils et réduit les risques que des pistolets acquis légalement soient détournés vers des propriétaires sans permis. L'enregistrement fait également en sorte de réduire les risques que des personnes dangereuses aient accès à des armes.
Nous avons entendu parler de tous les avantages pour les policiers. Sans enregistrement, il est impossible pour la police de s'assurer que toutes les armes à feu sont retirées d'un propriétaire non détenteur de permis.
Le troisième mythe, c'est que l'enregistrement est un cauchemar bureaucratique onéreux qui n'a pas sauvé une seule vie canadienne. Quels sont les coûts de la vie humaine? La violence armée coûte 6,6 milliards de dollars aux Canadiens. Selon le ministère de la Justice, ce sont les victimes qui assument 47 p. 100 de ces coûts. Il n'existe aucune police d'assurance qui indemnise les victimes de violence. Celles-ci assument non seulement les coûts financiers, mais aussi les effets continus sur leur santé mentale, leurs capacités physiques, leurs relations personnelles et leur emploi. En 2004, l'Institut canadien d'information sur la santé a estimé qu'il coûte en moyenne 7 000 $ pour chaque patient qui doit passer une nuit à l'hôpital. Cela ne comprend pas les soins d'urgence, les chirurgies d'un jour, les soins à long terme, les cliniques d'hôpital ou les paiements à l'acte versés aux médecins.
Il faudrait aussi prendre en compte les coûts indirects de la violence armée ainsi que de l'intimidation et du harcèlement au moyen d'une arme à feu. Les effets sur la victime peuvent être profondément invalidants.
C'est bien beau d'examiner le passé, mais je suis également d'avis qu'il faut toujours regarder vers l'avenir. Compte tenu des données et des faits mentionnés dans le présent document, nous recommandons au comité de voter contre le projet de loi C-391. Le registre des armes d'épaule est une composante essentielle de la loi canadienne sur le contrôle des armes à feu. Nous sommes disposés à faire quelques compromis pourvu que ceux-ci ne mettent pas en danger la sécurité publique. Les propositions visant à abolir de manière permanente les frais d'enregistrement des armes à feu tout en retirant des ressources financières du programme constituent un compromis raisonnable avec les propriétaires d'armes à feu. La création d'une infraction non criminelle supplémentaire pour tout manquement à enregistrer une arme à feu l'est également.
Enfin, nous demandons aussi la mise sur pied d'une campagne nationale d'information visant à renseigner les Canadiens sur toutes les questions importantes mentionnées dans ce document, dans le cadre d'une stratégie nationale de santé publique et d'une stratégie de prévention de la violence. Aucun programme d'enregistrement ne peut fonctionner efficacement sans que des renseignements éclairés, précis et à jour soient transmis de façon constante à la population.
Nos vies et notre sécurité méritent bien mieux.
Merci.
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Bon après-midi, monsieur le président, membres du comité et collègues panélistes.
Au nom de l'Ontario Federation of Anglers and Hunters, organisation qui compte 100 000 membres et 670 clubs membres répartis dans tout l'Ontario, je vous remercie de l'occasion qui m'est donnée de témoigner devant vous aujourd'hui pour présenter des commentaires sur le projet de loi C-391 déposé par Mme Hoeppner.
Si on remonte de quelques années dans le temps, le projet de loi C-68 a été conçu au lendemain d'un événement tragique et il est né des préoccupations du public après l'effroyable assassinat de 14 femmes à l'École polytechnique, à Montréal. Aucune personne sensée ne saurait sous-estimer l'impact d'un tel événement sur les familles des victimes, et personne ne peut dire en toute certitude, à moins d'en avoir fait directement l'expérience, le coût émotionnel que doivent supporter les membres des familles d'autres victimes d'armes à feu, dont certains panélistes ici présents, ni les conséquences pour leur vie.
L'OFAH est en faveur d'un contrôle efficace des armes à feu, un peu comme l'ancien système d'autorisation d'acquisition d'armes à feu, qui ne ciblait pas injustement ou inutilement les propriétaires légaux d'armes à feu qui respectent les lois; mais je dois dire que c'est faire fausse route que d'établir une politique publique basée sur l'émotion, plutôt que sur les faits. À la suite de la fusillade de Marc Lépine, la Coalition canadienne pour le contrôle des armes a convaincu le gouvernement qu'un contrôle plus rigoureux des armes renforcerait notre sécurité. Au fil des ans, malheureusement, d'autres incidents — les fusillades au Collège Dawson et à Mayerthorpe, entre autres — ont démontré l'absence de fondement de l'argument initial voulant que le registre des armes d'épaule préviendrait la criminalité et améliorerait la sécurité du public.
Le projet de loi C-68 prévoyait un système d'attribution de permis et l'imposition de sentences obligatoires pour l'utilisation d'une arme à feu à des fins criminelles, un élément qui a été ignoré, qui a fait l'objet de marchandage et dont on a abusé de façon générale en négociant les peines des contrevenants, notamment en prenant en considération le temps déjà passé derrière les barreaux et les ententes « deux pour un ». Il a aussi établi une nouvelle procédure d'attribution des permis aux propriétaires d'armes à feu qui reposait sur une série de mesures de contrôle telles qu'une période d'attente obligatoire, une vérification des antécédents criminels et de santé mentale, ainsi que la consultation du conjoint qui, si elles étaient appliquées de manière appropriée, donneraient au public une assurance raisonnable que le demandeur peut posséder et utiliser une arme à feu de façon légale et sécuritaire. Malheureusement, ces mesures de vérification ne sont pas toujours appliquées.
Au départ, de nombreux spécialistes, au gouvernement et à l'extérieur, ont affirmé qu'un registre des armes d'épaule serait beaucoup trop coûteux et ne serait rien d'autre qu'un symbole politique vide de sens. En fait, selon M. John Dixon, qui à l'époque était conseiller principal du ministre de la Justice, toutes les études portant sur l'opportunité de créer un registre universel des armes à feu au ministère de la Justice en arrivaient essentiellement à la même conclusion: une telle mesure serait prohibitive et pourrait même avoir une incidence négative sur la sécurité publique. À l'époque, la présidente de la coalition pour le contrôle des armes a déclaré à la CBC que l'argument en faveur du contrôle des armes n'a jamais reposé sur des cas individuels. Il a toujours reposé sur le principe qu'un contrôle adéquat de l'ensemble des armes contribuerait à réduire les risques que des personnes dangereuses y aient accès. Mais elles ne disparaîtront pas. Dans la meilleure des hypothèses, cette position est malhonnête.
Le débat sur le contrôle des armes et la création d'un registre des armes d'épaule en vertu du projet de loi C-68 découlaient directement des gestes insensés d'une seule personne. Avant cet incident, le contrôle des armes n'était aucunement un enjeu de politique publique, et la création d'un régime visant à réglementer les armes à feu légales, dans le cas présent les armes d'épaule, comme moyen de protéger le public contre des personnes éprouvant de la rancoeur était une mauvaise idée dès le départ. Les arguments actuellement invoqués pour prétendre qu'en apportant simplement des ajustements au registre pour qu'il fonctionne mieux et que la création du registre serait ainsi justifiée sont tout aussi erronés. Même un registre bien administré ne préviendra pas les crimes de violence imprévisibles. Croire cela ne tient pas compte du fait évident que les criminels n'enregistrent pas leurs armes à feu et que, pire encore, le projet de loi C-68 ne comportait aucune disposition découlant de la Loi sur les armes à feu pour garder la traces des délinquants frappés d'une interdiction, qui sont les plus susceptibles de commettre des crimes avec une arme à feu.
Au fil des années, on a beaucoup parlé du coût du registre des armes d'épaule; certains ont affirmé qu'il en avait coûté aux contribuables plus d'un milliard de dollars. En fait, la vérificatrice générale a abondamment commenté cet aspect du régime et je n'ai pas l'intention de m'y attarder longuement aujourd'hui. Toutefois, si alarmants que soient ces coûts énormes, le commentaire le plus accablant, peut-être, qu'a fait la vérificatrice générale tant dans son rapport de 2002 que dans celui de 2006 est que le Centre des armes à feu Canada a été incapable ou a refusé de remettre à son ministère des renseignements qui auraient permis d'étayer le besoin d'un registre des armes d'épaule en tant que mesure de sécurité publique. Je la cite:
Le Centre ne démontre pas comment ces activités contribuent à réduire au minimum les risques pour la sécurité publique avec des résultats reposant sur des faits, par exemple une diminution du nombre de décès, de blessures et de menaces attribuables aux armes à feu.
Dans les débats récents et les déclarations publiques sur le projet de loi C-391, les défenseurs du registre des armes d'épaule ont exprimé l'avis que, bien que les coûts avec les années se soient révélés exorbitants, ils se situent maintenant entre quatre et huit millions de dollars par année, montant qu'ils jugent acceptable. À titre de contribuable et de propriétaire d'arme d'épaule, j'estime qu'une telle hypothèse est d'une arrogance inqualifiable. Nous avons tous en tête des exemples de situations où une enquête publique a été réclamée après que le gouvernement ait gaspillé des sommes moins importantes. Pourtant, dans le cas du registre des armes d'épaule, dont les dépassements budgétaires ont atteint des proportions monumentales, certains défenseurs du système passent sous silence la mauvaise gestion financière qui a caractérisé celui-ci dès le départ, en faisant valoir que les dépenses sont aujourd'hui sous contrôle.
Cette vision étroite ne fait aucun cas du principe fondamental que lorsqu'un système ne fonctionne pas, aucune dépense qui lui est consacrée ne peut être acceptable. Elle ignore aussi le fait qu'à deux occasions, l'ancien gouvernement a réalisé une analyse avantages-coûts du registre: la première est due à l'ancien député Shaughnessy Cohen, et la seconde, à l'actuelle députée et alors ministre Albina Guarnieri. Ces examens n'ont jamais été rendus publics. Pour cette raison, nous sommes incités à penser que si ces études avaient démontré que le système offrait un bon rendement sur l'investissement, elles auraient été diffusées à grand renfort de publicité plutôt que de rester cachées derrière le voile de la confidentialité des délibérations du cabinet. Dans le cas du rapport de Mme Guarnieri, commandé par l'ancien premier ministre Martin après qu'il ait admis que le système faisait fausse route et placé l'ensemble du programme sous observation, les recommandations de l'étude ont été rejetées sans autre forme de procès par ses collègues du cabinet.
Une lacune fondamentale du registre est que le nombre d'armes à feu et de propriétaires d'armes à feu au Canada ne fait pas l'unanimité et qu'il n'existe aucune évaluation précise du nombre d'armes en circulation. Si on ignore si une grande majorité des armes à feu a été enregistrée, comment peut-on affirmer que le système fonctionne puisqu'il y a un aussi grand nombre d'armes à feu non recensées? Étant donné que toutes les dépenses prévues du programme sont estimées sur la base du nombre possible d'armes à feu au pays, si ce chiffre est erroné, les coûts peuvent fluctuer à l'avenant.
À mon avis, le commentaire le plus intéressant est celui qui a été formulé par l'ancien commissaire, M. Bill Baker, devant le Comité de la justice de la Chambre des communes, qui affirmait, le 23 octobre 2003: « Je pense que personne au pays ne sait combien il y a d'armes à feu ».
Pendant des années, le registre des armes d'épaule a été une source de préoccupation sous l'angle de la protection de la vie privée. L'ancien commissaire à la protection de la vie privée a exprimé des inquiétudes au sujet du manque de sécurité des renseignements et de mesures de protection intégrées au système. Tant la vérificatrice générale que la GRC ont reconnu que la vitesse de compilation et la précision des renseignements contenus dans le registre soulevaient des doutes. La Coalition canadienne pour le contrôle des armes a rejeté du revers de la main l'idée selon laquelle le système n'est pas sécuritaire, en faisant valoir qu'il est aussi sécuritaire que le CIPC, la principale base de données utilisée par les policiers au Canada pour l'application des lois. Cependant, selon l'information fournie par la GRC en réponse à une demande d'accès à l'information déposée en 2003, il y avait eu à l'époque 1 495 intrusions dans le système du CIPC, dont 427 ont été confirmées. Devant de tels faits, les assurances données au sujet de l'efficacité du système perdent du poids.
Ces dernières années, le soutien du public pour le registre a diminué. Les Canadiens et les Canadiennes se sont inquiétés de plus en plus des coûts excessifs du système et commencent à douter de la capacité du système de prévenir la criminalité et de protéger la sécurité publique.
Pour ne pas dépasser le temps alloué et par souci de brièveté, je vais abréger mes commentaires, monsieur le président. Je parlerai de quelques-unes des recommandations que nous présentons dans notre rapport. Nous en faisons huit au total, mais je ne reviendrai que sur deux d'entre elles aujourd'hui. J'espère que vous aurez l'occasion de lire la totalité de la présentation.
Première recommandation, il faut supprimer le registre pour toutes les armes à feu sans restrictions. L'adoption du projet de loi C-391 sans modification et l'abrogation subséquente du registre des armes d'épaule réduiraient le fardeau qui pèse sur le système. L'adoption du projet de loi C-391 ne toucherait pas l'enregistrement des armes à feu interdites et à autorisation restreinte, qui se poursuivrait. Le système d'attribution de permis serait aussi maintenu, tout comme la vérification obligatoire des antécédents. L'entreposage et le transport sécuritaires et la formation obligatoire sur l'utilisation des armes à feu se poursuivraient. L'adoption du projet de loi C-391 n'aurait d'incidence que sur le registre des armes d'épaule — rien de plus, rien de moins.
La deuxième recommandation concerne la création d'un registre des délinquants visés par une interdiction afin de pouvoir surveiller ceux qui ont été condamnés auparavant pour des crimes commis avec une arme à feu. Nous ne devons pas avoir au Canada un registre de personnes autorisées à posséder des armes à feu, mais plutôt un registre des personnes jugées trop dangereuses pour posséder une arme à feu. Cela ressemblerait aux systèmes utilisés par les corps policiers de New York, de Baltimore et de Virginie, qui se sont révélés non seulement très efficaces, mais ont entraîné une baisse du nombre de crimes commis au moyen d'armes à feu. Les délinquants sont obligés de s'enregistrer auprès de l'État, un peu à la manière du registre des délinquants sexuels. Comme l'a indiqué David Kennedy, directeur du Center for Crime Prevention and Control, au John Jay College of Criminal Justice de New York, mettre l'accent sur un nombre restreint d'individus dangereux plutôt que de courir après une foule de gens pour des peccadilles insensées relève du bon sens.
C'est sur ces mots que je conclurai ma présentation. Je vous remercie encore au nom de l'OFAH de m'avoir donné l'occasion de témoigner devant vous aujourd'hui.
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Monsieur le président, honorables membres du comité, mesdames et messieurs les témoins, c'est un honneur et un privilège pour moi de témoigner devant vous aujourd'hui afin de vous apporter mon aide dans vos travaux sur le projet de loi C-391.
Comme vous le savez déjà, je m'appelle Murray Grismer. Ce que certains d'entre vous ignorent peut-être, c'est que je suis membre du service de police de Saskatoon où, au cours de mes 23 années de service, j'ai assuré la protection des citoyens de Saskatoon et de la Saskatchewan. J'ai actuellement le grade de sergent-détective affecté à l'unité des crimes majeurs et des crimes graves.
Les tribunaux de la Saskatchewan m'ont reconnu le statut de témoin expert, apte à donner une opinion éclairée sur les armes à feu. J'ai apporté mon aide aux autorités fédérales et provinciales dans des cas de poursuites consécutives à des crimes faisant intervenir des armes à feu. Je suis instructeur en sécurité dans le maniement des armes à feu au Canada et je suis vérificateur autorisé reconnu par le directeur de l'enregistrement au Registre canadien des armes à feu.
Je veux établir clairement dès le départ que les commentaires que je formulerai devant le comité aujourd'hui n'engagent que moi-même. Ils ne représentent en rien l'opinion de mon employeur, du chef ou du service de police.
Cela dit, j'ai été élu porte-parole de la Saskatoon Police Association pour les questions reliées aux armes à feu, et plus particulièrement la Loi sur les armes à feu et le registre des armes à feu. J'ai également été porte-parole de la Saskatchewan Federation of Police Officers pour les questions reliées à la Loi sur les armes à feu et le registre des armes à feu jusqu'à l'automne 2002. Au cours de mon mandat, j'ai été membre du comité consultatif de l'honorable John Neilson, ministre de la Justice et procureur général de la province de la Saskatchewan; c'est ce comité qui a élaboré la position de la Saskatchewan consistant à se soustraire à l'administration et à l'application de la Loi sur les armes à feu.
Je sais que votre auguste comité a eu l'occasion d'entendre un certain nombre de policiers à la retraite qui partagent ma conviction selon laquelle il y a lieu de mettre fin à l'existence du registre des carabines et fusils sans restrictions, ce qu'on appelle communément les armes d'épaule. Je crois également comprendre que je suis le seul policier en exercice partageant ce point de vue à être appelé à témoigner.
Par conséquent, je transmets du même coup l'opinion de milliers de policiers au Canada qui forment, à mon avis, la majorité silencieuse et, dans certains cas, la majorité réduite au silence: pas seulement les policiers auxquels on a ordonné de ne pas exprimer leur opposition au registre des armes d'épaule, mais également ceux qui craignent pour leur carrière s'ils expriment publiquement leur opposition au maintien du registre ou leur divergence avec le point de vue adopté par l'Association canadienne des chefs de police, leur propre chef ou leur commandant.
Dire que les avis sont partagés au sein de la collectivité des policiers quant au soutien à apporter ou non au registre des armes d'épaule est un euphémisme. Le comité a entendu le témoignage de M. Charles Momy, président de l'Association canadienne des policiers, qui a prétendu exprimer l'opinion de 41 000 policiers au Canada. L'ACP se prononce en faveur du maintien du registre, mais à la vérité, elle adopte cette position sans avoir sondé ses membres.
La position de l'ACP n'est pas celle de la Saskatchewan Federation of Police Officers, ni celle de la Saskatoon Police Association. La Saskatchewan Federation est la seule fédération ou association provinciale à avoir sondé tous ses membres sur la question du registre des armes à feu. À 99,46 p. 100, les membres de la Saskatoon Police Association se sont prononcés contre le registre des armes d'épaule, tandis que nombre de nos compatriotes en Saskatchewan étaient à 100 p. 100 opposés au registre.
Certains peuvent choisir de considérer, par arrogance ou égarement, le point de vue des opposants au registre comme étant le produit d'un manque d'information ou de sensibilisation. Rien ne peut être moins vrai; c'est faux dans les deux cas. Nous sommes plutôt d'avis que la pierre angulaire de la sécurité publique est la formation et le filtrage de sécurité des propriétaires d'armes à feu et la délivrance de permis, et non pas l'enregistrement de carabines et de fusils sans restrictions.
L'ancien gouvernement en exercice et l'ACCP répétaient toujours la même rengaine, à savoir que contrôler les armes à feu, c'est contrôler la criminalité. Le registre est à côté de la plaque quand il s'agit de l'utilisation criminelle d'armes à feu. Il cible les millions de propriétaires légitimes d'armes à feu au nom de la répression de la criminalité. Le fait est que le registre ne permet aucunement de prévenir l'utilisation criminelle d'armes à feu ou l'obtention par des criminels d'armes à feu, pas plus que l'enregistrement des véhicules n'empêche les vols d'auto ou la conduite avec les facultés affaiblies.
Mme de Villiers, de CAVEAT, défend le point de vue des Canadiens contre la violence. Cette cause louable bénéficie, je crois, du soutien de tous les Canadiens, parce que la violence fait de nous tous des victimes. Madame de Villiers, je vous offre mes plus sincères condoléances pour la perte de votre fille, Nina de Villiers. Mais l'existence d'un registre des armes d'épaule n'aurait pas empêché un événement si tragique de survenir, ni compensé les lacunes du système de justice, et le maintien du registre ne contribuera aucunement à prévenir d'autres actes de ce genre. La formation, un processus plus serré de filtrage de sécurité et le processus de délivrance d'un permis aux propriétaires d'armes à feu auraient pu dès le départ, comme on peut le voir rétrospectivement, empêcher Jonathan Yeo de se procurer une arme à feu. Toutefois, ni le strict régime de délivrance de permis ni le registre des armes à feu du Canada ne peuvent empêcher les actes de violence arbitraires. J'en veux pour preuve la fusillade meurtrière à laquelle s'est livré Kimveer Gill au Collège Dawson.
M. Blair, de l'Association canadienne des chefs de police, soutient que les Canadiens maintiennent leur appui à un registre qui coûte aux contribuables plus de deux milliards de dollars et dont il ne peut être démontré après une dizaine d'années d'existence qu'il a contribué à sauver une seule vie. De plus, il passe sous silence le fait qu'il n'y a pas unanimité chez les membres de l'ACCP en ce qui concerne le soutien au registre et qu'il n'y en a jamais eu. Le fait est que l'ACCP a publiquement exprimé son soutien à Allan Rock relativement à la mise sur pied du registre au début et qu'elle lui a conservé son soutien au cours des 15 années suivantes, niant les vertigineux dépassements de coûts alors même que le véritable coût que doivent assumer les Canadiennes et les Canadiens devenait de plus en plus évident. Les groupes d'utilisateurs d'armes à feu de partout au Canada l'avaient prédit dès le départ.
La complicité entre l'ACCP et les gouvernements libéraux successifs au sujet de l'établissement et du maintien du registre relève de la duplicité. Aujourd'hui, l'ACCP préconise devant vous que les Canadiennes et les Canadiens ferment les yeux sur les deux milliards de dollars qui ont échappé aux prédictions, soutenant que l'argent est déjà dépensé. Elle dit qu'il faut tourner la page, que l'administration du registre n'en coûte plus maintenant que quatre millions de dollars par année. En passant, ce chiffre tend à changer selon le chef ou le cadre de la GRC qui parle.
À première vue, on pourrait croire qu'il s'agit d'un miracle de gestion d'entreprise plutôt que du produit d'un exercice de créativité comptable attribuable au regroupement avec la GRC. Les anciens budgets annuels du Centre des armes à feu du Canada dépassaient les 92,8 millions de dollars.
M. Blair tentera de vous convaincre que le maintien du registre est un enjeu de sécurité des policiers. Pour quiconque n'a aucune connaissance personnelle des armes à feu ou du registre, ce point de vue peut sembler raisonnable. Toutefois, dès que l'on connaît et comprend les lacunes du registre, l'enjeu de la sécurité des policiers prend une coloration beaucoup plus sombre. Le policier qui consulte le registre et qui s'en remet à l'information inexacte et non vérifiée qui y figure court à la catastrophe.
Sachant ce que je sais, je ne peux baser une demande de mandat de perquisition sur l'information qui figure au registre. Agir autrement constituerait un acte criminel. Je ne peux en toute conscience dire à un policier, subalterne ou principal, qu'il peut se fier aux résultats d'une recherche en ligne dans le registre canadien des armes à feu.
Pour illustrer mon propos, il est bien connu dans les milieux policiers et chez les propriétaires d'armes à feu destinées à des activités sportives qu'il y a au minimum plus d'un million d'armes à feu au Canada qui n'ont jamais été enregistrées. Le registre n'indique ni où les armes à feu sont entreposées, ni qui est à même d'exercer le contrôle sur elles, ni qui est le propriétaire réel de l'arme. Des dizaines de milliers d'armes à feu sont incorrectement enregistrées à l'aide de numéros de brevet ou de catalogue au lieu de numéros de série ou de modèle. Beaucoup d'armes à feu font l'objet d'enregistrements multiples dans le registre.
Ce n'est là que la pointe de l'iceberg. D'après des projections réalisées à l'interne au Centre canadien des armes à feu, il faudra plus de 70 ans pour éliminer graduellement toutes les erreurs et pour enregistrer toutes les armes actuellement en circulation au Canada.
Un tel degré d'inexactitude est inacceptable dans quelque secteur d'activités que ce soit, et en particulier en matière d'application de la loi. Les policiers méritent mieux; le public et les tribunaux exigent mieux. S'il y avait un risque d'erreur de même ampleur à la Banque nationale de données génétiques ou dans le Système informatisé de dactyloscopie, le public et les tribunaux seraient indignés, et avec raison. Chaque entrée dans ces bases de données est empirique — un degré d'exactitude que le registre n'atteint pas et ne peut pas atteindre.
Dans l'exercice de mes fonctions à titre de chef d'équipe du service de sécurité des Jeux olympiques, j'ai eu l'occasion de m'entretenir avec des policiers de partout au Canada. L'immense majorité de ceux avec qui j'ai parlé n'étaient pas favorables au maintien du registre. Ils n'ont pas confiance dans l'information qu'ils y trouvent et ils y voient un gaspillage de temps et d'argent. Certains de ceux avec qui j'ai parlé et qui étaient favorables au registre ont été stupéfaits d'apprendre à quel point le registre était truffé d'inexactitudes et mettait potentiellement à risque la sécurité des policiers.
Je reviens sur la question de la sécurité des policiers. Les policiers canadiens ne peuvent pas et ne doivent pas mettre leur confiance dans l'information inexacte et non vérifiée que renferme le registre ni exposer leur vie sur la foi de ce dernier. Pour moi, si l'abandon du registre des armes d'épaule devait sauver la vie ne serait-ce que d'un agent de police de première ligne au Canada, cela vaudrait la peine. Conserver le registre au risque qu'un seul policier perde la vie est un prix trop élevé à payer.
M. Ignatieff a proposé de traiter une première omission d'enregistrer une arme d'épaule comme une simple contravention plutôt que comme un acte criminel, comme c'est le cas actuellement. Cette révélation a été accueillie favorablement par nombre de membres de l'ACCP. Toutefois, elle est, au mieux, fallacieuse et n'est rien d'autre qu'un écran de fumée visant à calmer les inquiétudes du public et des propriétaires d'armes à feu canadiens.
La vérité, c'est que l'ACCP a exigé qu'Allan Rock et le gouvernement libéral de l'époque se plient à cette condition pour bénéficier de son soutien au projet de loi C-68, la Loi sur les armes à feu. C'est dans cette optique qu'a été rédigé l'article 112 de la Loi sur les armes à feu, qui rend coupable d'une infraction punissable par procédure sommaire tout propriétaire d'une arme à feu dont l'arme n'a pas été enregistrée au départ. La seule différence réside dans le fait que la proposition de M. Ignatieff n'en fait qu'une infraction analogue à une contravention. Le problème est qu'il n'existe pas de mécanisme fédéral analogue à la Summary Offences Procedure Act qui autoriserait une telle approche. Les propriétaires d'armes à feu seraient toujours obligés, sur citation à comparaître, de se présenter devant le tribunal et s'exposeraient, en cas de prononcé de culpabilité, à une amende ne dépassant pas 2 000 $ ou à une peine d'emprisonnement de six mois, ou aux deux.
En terminant, je voudrais vous remercier pour votre attention en espérant que vous trouverez matière à réflexion dans mes propos.
Les sondages indiquent que la majorité des Canadiens veulent que le registre des carabines et des fusils de chasse sans restriction soit aboli. Cette position est appuyée par la majorité des policiers au Canada.
Le projet de loi C-391 est digne de votre considération et de votre appui, car il vient mettre un terme à un registre qui représente la plus importante et la plus litigieuse perte d'argent des contribuables. Il s'agit d'un registre truffé d'erreurs et de données erronées. Encore plus important, ce registre nuit à la sécurité des policiers de première ligne de l'ensemble du Canada.
Merci.
:
Je crois fermement qu'il est hautement improbable qu'un policier se soit vu interdire d'exprimer son opinion. Je crois qu'il est tout à fait inimaginable que les syndicats des policiers soient complices de telles choses. Ce sont des sornettes, si je puis dire.
Lorsque j'ai parlé aux dirigeants des services de police de l'ensemble du pays, j'ai également parlé à des représentants de chaque association de chefs de police provinciale. Bon nombre des chefs de police ne participent pas aux activités de l'organisation nationale, mais les dirigeants des services de police participent aux activités des organisations régionales et des associations provinciales. Chacun d'entre eux s'est dit tout à fait d'accord avec le maintien du registre des armes.
Nous avons parlé à l'Association canadienne des policiers, mais également aux dirigeants syndicaux des services de police de l'ensemble du Canada. Dans mon service, j'ai parlé à Mike McCormack, le président de notre association de policiers. Il est un grand défenseur de ses membres, de la sécurité de ses membres et du maintien de ce registre. Nous avons reçu des lettres rédigées à titre personnel de chefs de police et de policiers des quatre coins du pays. Aucun ordre n'a été donné, comme on l'a laissé sous-entendre, pour empêcher les policiers d'exprimer leur opinion.
Nous avons constaté dans presque tous les cas que, lorsque nous donnons des informations précises aux policiers et même aux associations de policiers, ils constatent rapidement la valeur du registre. Lorsqu'ils reçoivent une formation, l'utilisation de ce registre augmente de manière exponentielle.
Même aujourd'hui, un membre de mon service, le chef de mon unité des armes et des gangs, s'est rendu à Estevan, en Saskatchewan, où il a rencontré l'association des policiers de la Saskatchewan. Des responsables de cette association nous ont écrit pour nous demander de venir leur expliquer le fonctionnement du registre des armes afin qu'ils puissent prendre une décision éclairée à cet égard. Cette réunion s'est déroulée à Estevan ce matin.
Je crois que les gens veulent réellement connaître les faits, même ceux qui ont entendu des informations erronées concernant le registre. Dès qu'ils connaissent les faits, ils appuient le maintien de ce registre.